Morsmordre

Il y a longtemps, à l’école de sorciers de Poudlard.

Se trémoussant dans tous les sens pour essayer de faire une bonne impression, c’était un jeune Jasper Clockwork qui était guidé par ce qui semblait être un autre sorcier vêtu d’une longue cape noire similaire à la sienne. Au détail près que le grand sorcier savait dans quelle direction il voulait aller dans les couloirs de ce grand château.

Jasper contemplait chaque détail de chaque pierre qui avait l’air de regorger d’histoire. Quand les deux sorciers passaient à côté d’autres semblables, Jasper ne pouvait s’empêcher de baisser légèrement la tête en couvrant son épaisse mèche blanche qu’il avait depuis sa naissance. Il en avait un peu honte. Malgré les autres élèves de l’école qui s’amusaient à changer de couleur de cheveux ou certains qui les avaient d’un blond éclatant, c’était pour lui quelque chose d’inhabituel.

Ils montèrent des escaliers, pour arriver à destination devant une grosse gargouille ailée. Jasper s’inquiétait un peu quant à l’endroit où il avait été emmené. À peine arrivé qu’il sentait déjà les problèmes ?

Le grand sorcier se retourna face au jeune Jasper, lui décrochant un sourire rapide, tout en reculant de quelques pas pour laisser place au petit sorcier. Celui-ci contemplait la gargouille avec curiosité, s’approchant légèrement pour mieux l’inspecter.

Mais son attitude fit faire un bond à l’esprit de Jasper, il ne voulait pas paraître étrange pour les autres. Sauf que, quand il se retourna, personne ne se trouvait avec lui, personne dans les couloirs. Le guide l’avait abandonné. Jasper pensa que c’était une mauvaise blague avant de prendre un coup de frayeur à cause du bruit de la pierre qui s’était mise à bouger dans son dos.

La gargouille tournait sur elle-même, s’élevant dans les airs et laissant apparaître un escalier aux larges marches de pierre. Jasper regardait avec amusement la magie en action en repositionnant sa longue cape.

Quand l’escalier de pierre s’arrêta de tourner, ce fut le bruit des pas de quelqu’un qui descendait qui remplaça le bruit assourdissant. Le jeune sorcier se redressa alors aussitôt, ne sachant pas à quoi s’attendre, il voulait faire bonne figure pour son premier jour d’école.

Jasper remarqua en premier les chaussures à talonnettes couvertes de terre, le bas du pantalon était lui aussi un peu sali, puis un épais gilet en laine couleur moutarde laissant sortir du col le haut d’une chemise blanche. La personne tenait sous son bras un gros livre, dont certaines pages commençaient à tomber. C’était un homme, un peu marqué par le temps, à la barbe discrète de trois jours et qui avait le sourire, jusqu’à ce qu’il redresse son regard pour croiser celui de Jasper qui attendait patiemment de mieux découvrir qui était l’étranger qui venait d’en haut.

L’homme ralentit son pas. Regardant le jeune garçon d’un air intrigué, il se rapprocha de lui gentiment en posant discrètement son regard sur l’épaisse mèche blanche du jeune sorcier. Ils se regardèrent tous deux, sans rien dire, un léger instant. Jasper ferma ses poings, par peur qu’on lui reproche quelque chose. Puis, l’homme se remit à sourire.

– Bonjour ? dit l’inconnu en remontant son livre contre lui. Te voilà donc à Poudlard. Bien en avance comparé aux autres de ton année qui arrivent ce soir. Tu as rendez-vous avec la directrice, c’est ça ?

Jasper acquiesça aussitôt sans émettre le moindre son. Il était si intimidé de voir une personne sans tenue comme les autres qu’il avait croisés à son arrivé. Peut-être que c’était un professeur ? Ou quelqu’un de plus important dans l’école ?

– Ne t’inquiète pas. Au début, tu auras l’impression qu’elle est très sévère dans son regard. Mais, après toutes mes années dans cette école, elle est une personne très importante et très gentille. Au moindre souci, il ne faut pas que tu hésites à te confier à elle. Fais-lui confiance.

Le jeune sorcier acquiesça de nouveau en émettant cette fois un sourire. Il regarda l’inconnu avec une certaine contemplation secrète. L’homme lui semblait gentil et bien intentionné. Mais alors que l’étranger s’apprêta à dire quelque chose d’autre, le livre émit de légers bruits comme un monstre qui reniflait sa proie. L’homme empoigna fermement le livre en le serrant tant bien que mal sous son bras.

– Désolé, il faut que je le nourrisse. Sinon je ne pourrais pas assurer les cours pour cette année. Heureux… de t’avoir rencontré…

– Jasper, Clockwork, monsieur, dit enfin le jeune sorcier en essayant de se pencher pour mieux regarder l’étrange livre qui s’était mis à remuer de nervosité.

– Oui… Jasper… Eh bien, bienvenue à Poudlard, et… passe une bonne année. Concentre-toi sur les cours surtout !

L’homme se mit à courir à reculons, continuant de regarder Jasper avant de disparaître dans un coin de couloir en retenant le livre qu’il avait attrapé avec les deux mains pour le coller contre son torse. Le jeune sorcier sourit devant l’étrange personnage qu’il venait de rencontrer.

Sans attendre, le garçon commença à monter les escaliers en regardant les quelques traces de terre qu’avait laissé l’inconnu sur son passage. Une fois en haut, il repassa sa main une dernière fois dans ses cheveux avant de s’apprêter à toquer à une porte qui était déjà légèrement entreouverte.

– Entrez, dit la voix d’une femme au loin qui surprit le jeune sorcier.

Il hésita un instant. Puis, il poussa la porte en regardant aux alentours à la recherche de quelqu’un pour savoir si c’était une bonne chose d’entrer. Jasper ne regretta pas son action au final.

Il était entré dans une grande pièce circulaire avec de nombreux tableaux qui recouvraient les murs. Certains des portraits se déplaçaient dans leur case, d’autres restaient sagement en position. Devant le jeune sorcier se trouvait une seconde salle beaucoup moins imposante, mais énormément remplie de livres dont certains se déplaçaient par leur propre conscience entre les étagères tout en traversant la salle. Au centre de la pièce, une table de bureau laissait paraître divers bibelots et parchemins enroulés. Au fond, deux escaliers qui montaient tout deux vers un grand puits de lumière, qui à elle seule, éclairait entièrement les deux salles sans l’aide de quelques bougies.

Jasper était conquis. Tournant et regardant autour de lui toute cette magie, la couleur chaude de la lumière ne pouvait que le rassurer. Il s’arrêta de tourner quand il remarqua que certains portraits commençaient à lui faire un signe de la main pour l’accueillir. Le jeune sorcier, étouffa son rire avant de s’incliner devant eux. Suivant le regard de certains, Jasper remarqua l’un des portraits qui dormait.

C’était un grand homme, mince, les cheveux d’un gris argenté qui était aussi longs que sa barbe qui, elle, tombait jusqu’au niveau de la taille. Il avait tout de même l’air joyeux sous ses traits un peu durs. À côté du portrait, Jasper remarqua un second homme qui, lui, se tenait droit, portant une longue cape sombre et noire comme les cheveux. Regardant à nouveau la salle, les deux tableaux que Jasper inspectait étaient les seuls proches l’un de l’autre. Le jeune sorcier sentit un respect qui liait les deux portraits.

– Pour avoir son portrait parmi eux, il va falloir travailler dur, monsieur Clockwork, dit la voix féminine qu’avait entendue Jasper avant qu’il n’entre dans la salle. Se retournant par peur, Jasper s’inclina rapidement en retenant sa respiration.

C’était une femme, les cheveux noirs grisant, des lunettes carrées, un visage sévère, portant une longue robe entre le noir et le vert émeraude.C’était Minerva McGonagall, la directrice de l’école, se rappela Jasper en reconnaissant son expression qu’il avait vue dans un livre d’histoire de sorciers racontant des événements autour de Poudlard lors d’un grand incident qui toucha le monde magique.

– Pardonnez-moi madame, je suis rentré et j’étais juste… Je regardais les tableaux sans que… Je suis désolé, dit Jasper en bégayant.

– Oh, ne vous inquiétez pas pour ça, tout le monde à cette même impression en voyant tous les anciens directeurs de Poudlard, dit-elle en regardant le portrait du vieux sorcier qui dormait toujours. Soit, reprit-elle, monsieur Clockwork, je voulais m’entretenir avec vous avant que vous ne commenciez votre première année dans notre école. Pour commencer, avez-vous des questions ?

– Non, madame. Mais je tenais à vous remercier de m’accueillir dans votre école. Mon père, ou plutôt, mon père adoptif, m’a tellement raconté d’histoires sur cette école par rapport à… la guerre des sorciers et « vous savez qui » …

Les mots du garçon surprirent la grande dame. Elle lâcha un sourire discret avant de rejoindre la seconde salle pour s’approcher du bureau, suivie de Jasper.

– Monsieur Clockwork, votre père adoptif a énormément insisté pour que vous rejoigniez cette école. Selon votre localisation, vous auriez dû rejoindre l’académie de Beauxbâtons. Après longue discussion avec votre père adoptif, nous avons trouvé un accord pour que vous étudiez ici. Mais, au moindre faux pas, nous vous renverrons aussitôt. Est-ce bien clair, monsieur Clockwork ?

– D’accord madame, tout à fait d’accord. Entièrement d’accord. Plus que d’accord, dit Jasper, les yeux grands ouverts en remuant sa tête de haut en bas tout en gardant son attention sur la femme pour ne rater aucune information.

– Ce soir, vous allez être choisi pour intégrer une maison dans notre école. Cette maison sera votre maison. Les élèves de cette classe seront votre famille. Vous avez acheté vos fournitures pour cette année ?

– Heu oui, madame, tout arrive ce soir par le train que j’irais chercher.

– Très bien. Alors dans ce cas, je vous souhaite la bienvenue à Poudlard, monsieur Jasper… Clockwork.

Le jeune sorcier était émerveillé aux mots de la directrice. Il allait enfin étudier et vivre une nouvelle vie. Mais il s’arrêta un instant, décrochant légèrement son sourire pour le remplacer par la gêne.

– Il y a un souci monsieur Clockwork ? dit la directrice McGonagall en regardant l’air abattu de l’enfant.

– Madame… Et si je ne suis pas accepté ? dit Jasper, l’air gêné.

– Qu’entendez-vous par là ? dit la femme d’un air étonné.

– Je ne sais pas comment le dire madame. Quand j’étais plus petit, Andoche, mon père adoptif, m’a surpris un jour en train de voler sur un balai alors que je n’avais pas le droit. C’est là, où il m’a raconté que je n’étais pas son fils. Alors, je me dis, est-ce que le fait que je n’ai pas… De famille… Même si j’en ai une… Même si ce n’est pas la vraie… Mais l’enfant ne pouvait finir sa phrase sans lâcher une larme. Il se contenta de frotter son visage un instant avant de se mettre à sourire comme si de rien n’était.

– Je vous arrête tout de suite, Clockwork, personne ne vous sortira hors des rangs, dit la directrice McGonagall en surprenant le jeune homme par son ton de voix calme, sincère mais chaleureux. L’école a connu de grandes histoires, et dans ces grandes histoires sont nés des héros. J’ai eu la chance de connaître un de ces héros, un petit garçon qui avait peur tout comme vous de l’inconnu. Peut-être que vous, vous avez grandi dans la sorcellerie, ou autres sortilèges, mais ce garçon est parti de rien. Quand il est arrivé dans cette école, tout le monde ne voyait que son nom. Et pourtant, il a créé sa propre famille avec ses camarades et certains professeurs. Il y a des exemples qui naissent, avec un destin déjà tracé, monsieur Clockwork, il suffit d’être vous-même. Vous ne risquez rien. Dites-vous que plus vous vous enfermerez et plus vous vous rapprocherez de la tension des ténèbres. Et je sais que vous n’êtes pas quelqu’un comme cela monsieur Clockwork.

– Merci… répondit timidement l’enfant. Madame McGonagall, j’ai encore une question.

– Je vous écoute.

– Quand est-ce que les cours de balais commenceront ?

Avec joie, la directrice décrocha un large sourire pour le partager au jeune sorcier qui à son tour ne pouvait s’empêcher de l’accompagner dans cette joie.

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Merci à BakApple pour la correction et de me soutenir dans cette aventure !

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