Morsmordre
Chapitre 3 : Celui qui dormait le jour (corrigé)
2506 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 15/11/2020 10:29
Pour accéder à l’appartement de Jasper, il fallait s’y connaître en architecture. L’entrée du bâtiment se situait dans une petite cour à l’arrière, qui donnait accès aux bâtiments qui étaient collés entre eux. Soit, comme un non-magique, on prenait la clef de la porte principale, soit comme le jeune sorcier, il fallait se laisser tomber par une des fenêtres qui menaient à l’escalier en colimaçon. Une fois à l’intérieur, il fallait juste monter jusqu’au dernier étage. La porte y était condamnée, comme son appartement.
Les raisons étaient un peu obscures. Sur le papier, il était indiqué que le chauffage ne montait pas jusqu’au dernier étage. D’après les voisins de l’immeuble, c’est parce que le plancher était fragile, ou parce que ça servait juste pour aménager un bureau. Mais pour certains, c’est parce que l’appartement était hanté.
On pouvait y entendre des bruits de pas, ou alors, en regardant bien dans un certain angle les fenêtres du dernier étage, de la lumière. Pourtant, les premières fois, les concierges des immeubles sont allés chacun leur tour pour y faire un tour. Mais rien. L’appartement était bel et bien vide. Nul besoin de l’explorer plus car une fois la porte ouverte, on pouvait vite y faire le tour d’un simple coup d’œil, n’apercevant que de la poussière ou les faibles rayons de lumière qui essayaient de traverser les fenêtres calfeutrées.
Cette histoire de fantôme faisait rire Jasper et Judith. L’un car il était amusant de faire peur aux non-magiques, et pour l’autre, parce qu’il trouvait que ça collait bien à son personnage.
Jasper se faufila dans les escaliers pour accéder à cette fameuse porte verrouillée. Son emplacement était si discret que personne ne pouvait voir la porte sauf en montant jusqu’aux dernières marches. Le sorcier sortit sa baguette, et en posant seulement le bout de celle-ci, la porte s’ouvrit d’une simple pression dans un silence total. Une fois à l’intérieur, Jasper referma aussitôt derrière lui. Quand il se retourna, l’appartement était encore plus sombre à la nuit tombée. Il se redressa en soupirant de soulagement d’être rentré chez lui.
Il prononça un Exoscia, dessinant une forme triangulaire dans le vide avec sa baguette. Devant lui, une brèche dans le vide se présenta. Sans vraiment réfléchir, Jasper s’y faufila en prenant soin de vérifier si la porte était bien fermée. De la lumière enveloppa tout l’appartement en un instant. Le jeune sorcier avait installé un sortilège qui lui permettait de faire disparaître tout un lieu en une image. Il s’était inspiré du sort des repousse-moldus qu’il avait appris pendant ses cours de magie.
Le sol poussiéreux était devenu un parquet brun, les fenêtres étaient toujours fermées mais elles étaient décorées par de simples rideaux, les quelques meubles donnaient un semblant de vie dans cet appartement. On pouvait y trouver un canapé légèrement déchiré sur les côtés, des meubles avec des accessoires de cuisine dans un coin, non loin un lit de fortune qui était surélevé par des palettes. Et sur les draps proprement pliés, une masse noire.
Jasper ne fit aucun bruit. Cachant sa baguette dans son dos, il s’était mis accroupi pour pianoter sur le plancher. Les petits bruits étaient irréguliers mais faisait sourire le sorcier qui continuait à faire ce geste tout en gardant son regard fixe sur son lit. En un éclair, la forme noire se jeta hors du lit, bondissant sur le bord du canapé, pour prendre appui sur le sol et s’élança en direction du sorcier avec dangerosité.
En remontrant sa baguette en avant, Jasper décrocha un Wingardium Leviosa spontané en se projetant d’un bon en arrière. La forme mystérieuse se figea dans les airs. C’était un animal qui avait l’apparence d’un félin, mais à la différence que celui-ci avait trois yeux et une queue comme celle d’un lézard. L’animal reconnut Jasper. Ses yeux devinrent aussi ronds que des billes. Son pelage passa du noir à un teint violet clair. Rangeant sa baguette, attrapant l’animal encore dans les airs, un regard attendrit se créa sur son visage en regardant l’étrange créature.
– Papa t’a manqué hein, je présume que tu as fini tout ce que je t’avais mis de côté non ?
Jasper commençant à caresser le haut de la tête de l’animal.
Ils s’étaient rencontrés un soir alors que Jasper se trouvait en mauvaise posture lors d’un de ses cambriolages. La créature s’était présentée sur son chemin, alors qu’elle était à la recherche de nourriture depuis déjà quelques jours. Pris de peine, Jasper l’attrapa sur sa route pour lui apporter de l’aide. Depuis, l’animal vivait en tranquillité, tenant partiellement compagnie au sorcier.
En se rappelant de ses cours sur les créatures magiques, pour Jasper l’animal semblait se rapprocher d’un bakeneko. Ce chat, pouvait changer de couleur selon son humeur. Il était inoffensif, même quand il s’agissait d’alimentation. Il était capable de manger de la viande, comme des légumes ou bien même des fruits, et plus particulièrement, des kiwis, ses préférés.
Jasper laissa l’animal grimper sur son épaule. Ils se dirigeaient vers ses placards. L’animal se tenait à la fois assis et prêt à bondir en plantant soigneusement ses griffes dans la peau de son maître. Le sorcier tira une mauvaise tête sous la douleur, jusqu’à ce qu’il n’aperçoive une silhouette se reflétant dans une des casseroles qui était attachées contre le mur.
Le sorcier continua de grimacer en attrapant le bakeneko. Il le posa sur son meuble en continuant de fixer la casserole. De ce qu’il pouvait apercevoir, l’individu se tenait debout face à une fenêtre. Comment est-ce que le sorcier avait pu ne pas s’en apercevoir en rentrant chez lui ? Depuis quand était-il là ? Jasper se mit à gratter son animal qui prenait un malin plaisir en fermant ses trois yeux. Mais le sorcier avait l’intention de faire un revirement de situation en surprenant l’intrus.
Prendre sa baguette serait beaucoup trop long, et il ne savait pas à qui s’attendre. Pourtant il était sûr que son sortilège d’anti non-magiques fonctionnait normalement. Jasper se contenta d’attraper la casserole, se retourna brusquement et la lança de toute ses forces en direction de l’inconnu.
L’ustensile de cuisine se déchira en deux comme une simple feuille de papier, s’ensuivit un rayon frénétique qui toucha Jasper en plein torse. La puissance de ce projectile bloqua tout mouvement du sorcier. Il ne sentait plus son corps qui tomba tel une poupée de chiffon. L’animal prit la fuite en se cachant sous le canapé, passant son pelage violet à un vert gazon.
Impossible pour Jasper de faire le moindre mouvement. Mais il pouvait s’apercevoir que son corps se souleva dans les airs par son pied droit. Laissant ses bras ballants qui effleuraient le sol. Le corps se redressa en s’écartant comme une étoile de mer dans les airs. Doucement, le garçon se retrouva à nouveau à l’endroit et face à celui qui l’avait attaqué.
L’inconnu portait un long manteau noir à capuche, fermé par des boutons ornés d’un symbole en forme de feuille dorée. Il avait à ses mains des gants en cuir sombre. Dans l’une d’entre elles, il tenait fermement une canne chromée d’un bleu nuit. Et surtout, il avait un masque en cuivre. Le moulage du masque avait un visage humain. Il possédait une sorte d’incrustation qui partait du bas de ses yeux jusqu’à son menton, comme si le visage pleurait. Les quelques impacts sur le masque renforçaient son côté ancien de ce que pouvait voir Jasper.
Le jeune sorcier se rappela soudainement où il avait aperçu un masque semblable à celui-ci. Un lointain souvenir qui résonna comme un écho de douleur dans son esprit. Si Jasper pouvait décrocher une expression de visage, ça serait celle de la frayeur. Sa respiration était forte et rapide. Son regard exprimait une grande frayeur. L’inconnu attrapa sa canne à deux mains, tout en continuant à regarder son prisonnier avec un air hautain.
Le jeune homme tomba brusquement, reprenant au passage le contrôle de son corps. Un peu engourdi, Jasper se retenait de gémir de douleur en voulant vite reprendre pied pour faire face à son ennemi.
– Écoutez-moi, je ne veux aucun problème, supplia-t-il en prenant appui contre le dossier du canapé. Je ne veux plus être mêlé à vos histoires ou quoi que ce soit, je veux être en paix ! J’étais très bien tout seul !
Il était impossible pour le jeune sorcier de percevoir les yeux de l’inconnu avec son masque. Il était effrayant de voir une personne sans expression. Il y eut un grincement sur le parquet. Par chance, les voisins d’en dessous ne pourront pas entendre, pensa Jasper. Mais il n’eut le temps de se retourner pour anticiper ce qui s’approchait, il se retrouva aussitôt assis sur chaise. Tétanisé, Jasper ne pouvait que se plier à la volonté de se son agresseur.
– Cela fait maintenant dix ans que je te surveille. Et avec tes dons, tu te retrouves dans un appartement de moldus. Comme c’est pathétique, dit une voix étouffée qui semblait être celle d’un homme, et qui provenait du masque.
– Écoutez-moi encore, je n’ai pas fui Poudlard et recommencé une vie pour retomber dans vos magouilles. C’est bien clair ? dit Jasper en gardant le peu de courage qu’il lui restait dans son esprit.
– Parce que faire du cambriolage pour des gens dont tu ne prends pas conscience des intérêts est plus intéressant ? Allons, Jasper, tu as agi en notre nom pour une bonne chose. C’est toi qui es tombé dans l’oubli en fuyant cette école.
– Vous avez menacé la seule famille que j’avais dans ces deux mondes, il est normal que j’agisse ! Mais moi au moins, dans mon travail, je ne laisse pas de sang ni de morts derrière moi !
À ces mots, Jasper s’élança vers son agresseur en récupérant sa baguette. Mais il n’eut le temps d’attraper le manche, son corps se bloqua par une force invisible, le forçant à se rasseoir. Il essayait tant bien que mal de lutter. L’inconnu se rapprocha, se penchant en avant pour que le sorcier l’entende plus clairement alors que celui-ci continuait de s’efforcer à bouger pour contre-attaquer.
– Tu oses remettre la faute sur ceux qui ont essayé de te donner l’espoir d’avoir une vie parmi les plus grands. Tu es d’une tristesse incroyable.
– Les plus grands ? Ah bon ? Parce que les Mangemorts ont encore un semblant d’intérêt malgré la mort de Voldemort ? répondit Jasper en lâchant un ricanement discret.
En réponse, l’inconnu frappa en plein visage le jeune sorcier qui était en chemin pour tomber sur le côté. Mais la chaise revint aussitôt sur ses quatre pieds. Jasper était secoué d’un tel coup. Il cligna des yeux, bougeant sa mâchoire dans quelques sens pour s’apercevoir qu’elle était encore opérationnelle.
– Crache encore sur le nom du seigneur des ténèbres, et je te jure que tu regretteras ton existence, dit l’inconnu, menaçant Jasper en pointant la paume de sa canne chromée en direction du visage du jeune sorcier qui se contenta de se taire. Tu as vraiment, une chance incroyable, Jasper Clockwork, parce que j’ai quelque chose à demander au Corbeau.
– Vous auriez pu le faire par hibou, sauf que je ne suis pas trop près de vous répondre. Je n’aime pas trop les princesses qui foutent la merde parce que Papa est parti sans laisser de quoi vous protéger.
Un second coup tomba sur l’autre joue de Jasper. La chaise ne bougeait plus. Du sang commençait à couler le long du visage du jeune sorcier.
– Crois-moi, Jasper, je me retiens de te tuer depuis dix longues années. Ton arrogance nous fait tellement honte. Mais malheureusement, nous avons besoin de tes services. Et en échange, nous effacerons ta présence, dit l’inconnu en se redressant.
Jasper se mit à sourire. La violence des coups, mélangée à la peur, lui procurait une grande dose de courage qu’il ne pouvait s’empêcher d’exposer aux yeux de son ennemi.
– Vous êtes en train de me dire que je pourrai enfin vivre normalement ? Mais, pour info l’ami, je vis déjà normalement. Et je suis même très heureux comme ça. Alors, vous pouvez me proposer tout ce que vous voulez, plus jamais je ne marcherai dans votre sens.
– Vivre dans le mensonge est alors pour toi un plaisir. Alors il vaudrait mieux révéler la vérité, dit l’étranger en agrippant le bras gauche de Jasper, relevant au passage la manche de sa chemise.
Le jeune sorcier fit disparaître son sourire pour faire place à un visage terrifié. Une douleur intense se propagea dans tout le bras du garçon. Celui-ci se braqua en arrière en se retenant de hurler. La sensation était telle une pince de feu qui lui brûlait la chair. Il arriva de justesse à libérer son autre main de l’emprise magique pour agripper le bras de son ennemi pour le forcer à arrêter. Mais la douleur était insupportable. Un court instant, mais une éternité pour Jasper. L’inconnu masqué relâcha le bras de sa victime en le contemplant.
– Vois, qui tu es vraiment, Clockwork. Accepte, ce que tu as toujours été.
Les mots de l’étranger étaient un écho lointain pour Jasper qui se contentait d’expirer toute sa colère et souffrance. Il regarda son bras avec peine. Avec haine, il regardait le résultat de cette torture. Son bras portait une marque, qui autrefois, était un symbole de frayeur dans le monde des sorciers. Une marque, qui symbolisait le mal, la mort, la souffrance. Un crâne, laissant sortir de sa bouche un serpent qui se remuait. Jasper portait la marque des ténèbres.
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Un merci à BakApple pour la correction et à son soutien pour la suite de l'aventure !