Bêtes

Chapitre 19 : Révélations

5101 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 07/11/2020 09:00

Coucou ! Me revoilà ENFIN avec le chapitre 19 !

Encore une fois, un énorme merci à la merveilleuse Amelia-Queen-Black pour son super travail. Vraiment, sans elle, le chapitre ne serait pas de cette qualité !

Ensuite, merci beaucoup beaucoup à Iavellan toujours fidèle au rendez-vous !


Disclaimer : Tous les persos appartiennent à JKR !

Rating M : Pour mention de violences physiques et mentales ;

Bonne lecture à tous !

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Hermione était ahurie, elle ne pouvait pas le contrôler ! Quelque chose clochait. Avait-elle déjà atteint sa limite ? C'était impossible pourtant !

- Merlin… fit-elle en voyant le démon s'approcher d'elle dangereusement.

Il allait se jeter sur elle quand une voix masculine se fit entendre derrière eux :

- Mais que se passe-t-il ici ?

Théodore et Hermione se tournèrent d'un seul mouvement vers la personne qui avait parlé. Des yeux bruns cernés, une peau brune chocolatée, des cheveux bouclés et beaucoup trop longs qui mériteraient bien une nouvelle coupe…

Hermione ne put s'empêcher de s'écrier :

- Blaise !

Chapitre 19 : Révélations

« Née des plantes et de l'eau, Terisza la première femme, était d'une grande beauté. Ses yeux et ses cheveux resplendissaient autant que la Lumière.

Eprouvant un grand intérêt pour cette nouvelle enfant de la Terre, la Lumière se mit à observer attentivement Terisza. Elle aimait particulièrement ce qui lui ressemblait le plus : les cheveux et les yeux d'or de la jeune femme.

Un jour, alors que Terisza se baignait, la Lumière prit la forme du premier Homme afin de la séduire. La forme charnelle de la Lumière était magnifique et la première Femme tomba très vite sous son charme. De leur union naquirent cent enfants. Après la naissance du centième enfant, la Lumière se désintéressa de Terisza.

On donna le nom d'Azarus à leur dernière fille. »

Troisième psaume du livre des origines, partie 2


357 : année du Conseil des Tribus ; Forêt d'Eucalius

Dans la nuit noire, Vincent Crabbe fuyait. Ses pattes étaient lourdes et il sursautait au moindre bruit.

Ces foutus Malfoy avaient mis une trentaine de familles de loups-garous sur ses trousses ! Il devait absolument trouver un endroit où se cacher… Mais aucun de ses ex-alliés n'avait voulu l'héberger. Quels ingrats… Tous autant qu'ils étaient ! Ils lui léchaient tous les bottes lorsqu'il était Ministre de la Justice… Mais maintenant que cet enfoiré de Malfoy était revenu, c'était une autre affaire !

Il devait se venger. Ça ne se passerait pas comme ça. Les Malfoy étaient peut-être en position de supériorité aujourd'hui, mais il avait de la suite dans les idées ! Et un plan. Il ne fallait jamais sous-estimer un Crabbe.

Même s'il avait dû abandonner sa famille, ce n'était que pour le bien commun de tous. Ses parents n'étaient d'ailleurs plus que l'ombre d'eux-mêmes, jamais ils n'auraient pu le suivre dans sa fuite. Après avoir mis le feu au manoir Malfoy, lorsqu'il était rentré chez lui, il avait trouvé sa mère en pleurs et son père complètement avachi sur la table comme si tous les malheurs du monde s'accumulaient sur ses épaules.

- Mais qu'est-ce qui se passe ici ? avait-il demandé.

- Nous sommes au bord de la faillite ! C'en est fini de nous !

- De quoi tu parles père ? Au contraire ! Tout commence ! Les Malfoy vont à nouveau perdre leur Manoir ! Haha !

- Espèce d'imbécile ! Ils ont réussi à contenir le feu… L'héritier Malfoy avait placé plusieurs démons afin de surveiller leur territoire. Ils t'ont vu ! Et les familles de loups-garous ne nous soutiennent plus… Qu'as-tu donc fait en tant que Ministre pour qu'ils se retournent tous contre nous !?

- Mais enfin…

- Ils nous accusent de trahison ! Et pour toi c'est pire ! Ils auraient trouvé un enfant humain dont tu serais le père… et qui aurait soi-disant vécu toute sa vie chez nous ! Tu as bien vu ce qui est arrivé aux Nott… Nous sommes finis…

A ces mots, Vincent avait été envahi de désespoir. En ce qui concernait les fausses accusations, les Malfoy étaient les maîtres… Cela allait être très difficile de démêler le vrai du faux, voire complètement impossible. Il aurait dû voir le coup venir… Mais il ne fallait pas se laisser abattre. Pas sans avoir lutté de toutes ses forces !

Avant que la brigade des démons n'arrive pour les enfermer, Vincent avait pris ses jambes à son cou, laissant tout derrière lui… ou presque.

Cet enfoiré de Malfoy l'avait peut-être acculé au fond du gouffre mais ce n'était pas fini. Il n'avait pas dit son dernier mot. Sa position de Ministre lui avait même permis de mettre la main sur ce qui allait peut-être faire tout basculer dans son sens…

Il ferait tomber Draco Malfoy. Mais pour cela, il allait avoir besoin d'aide.


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357 : année du Conseil des Tribus ; Manoir Nott

- Blaise ! s'écria Théodore à la suite d'Hermione alors qu'il reprenait rapidement apparence humaine.

A l'entente de la voix de son frère, Blaise eut l'air de se rétracter tout à coup dans sa coquille. Déjà qu'il tenait à peine debout, là on avait l'impression que la moindre brise pouvait le faire tomber. Remarquant tout de suite son apparente fragilité, Hermione se précipita vers son ami pour lui porter appui.

- Salut Hermione, lui murmura Blaise d'une voix faible alors qu'elle glissait son bras au-dessus de ses épaules.

Blaise leva ensuite les yeux quelques secondes vers son frère avant de les rabaisser brusquement, comme si sa vue l'avait brûlé.

- Bonjour Théo… laissa-t-il échapper.

Théodore qui était toujours sous le choc de voir son petit frère bien vivant et debout devant lui n'avait pas bougé d'un pouce. Mais soudain, un détail le fit tiquer et il reprit la raison.

- Attendez… vous vous connaissez ?!

La grimace que fit Hermione répondit très vite à sa question et alors qu'il allait protester, elle le devança :

- L'heure n'est pas aux questions Nott. Pour l'instant il faut absolument ramener Blaise dans son lit.

Théodore ne répondit pas, elle n'avait pas tort, il fallait s'occuper de Blaise : c'était lui le plus important. Il s'approcha à grands pas des deux humains avec la ferme idée de soutenir Blaise lui aussi. Un bref recul de son frère le fit s'arrêter net.

- Qu'est-ce que…

Blaise évitait son regard comme la peste. Théodore eut l'impression qu'on lui transperçait le cœur. Pourquoi son frère le rejetait-il ? Parce qu'il ne l'avait pas sauvé plus tôt ? Parce qu'il n'avait même pas essayé… ? Mais ce n'était pas sa faute ! Il n'était qu'un enfant autrefois… Blaise n'avait pas le droit de le rejeter ! Théodore se mit une claque mentale. Non. Il ne devait pas s'apitoyer sur son sort. Blaise avait besoin de son aide, et même s'il n'en voulait pas, il allait la lui donner. Ses propres états d'âme attendraient.

Théodore se reprit très vite. Il appela ses elfes de maison qui purent soutenir Blaise et Hermione à sa place.

Alors qu'il les regardait s'éloigner, le démon avait le cœur lourd. Il se souvenait des grands sourires de son frère et de sa joie de vivre presque agaçante. Mais là, il ne voyait que de la souffrance sur son beau visage. Comment allait-il pouvoir ramener son Blaise ? Est-ce que c'était même possible ?

Théodore avait bien tenté par tous les moyens possibles de soudoyer Rodolphus pour lui racheter son frère… Mais celui-ci n'avait jamais cédé. Alors il avait envoyé de l'argent chaque année, afin de s'assurer que son frère était bien traité et ne manquait de rien… Jusqu'à il y a trois ans. Par la suite, son argent revenait chez lui à chaque fois. Il avait tenté de contacter les Lestrange, mais il n'y avait plus aucune trace d'eux. Ils n'habitaient même plus à leur adresse habituelle. Il avait cru perdre son frère pour toujours…

Mais Hermione avait eu raison sur ce point. L'heure n'était pas aux questions… Ni aux réponses.


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357 : année du Conseil des Tribus ; Manoir Nott

Assise près du lit de Blaise, Hermione regardait avec affection son ami qui mangeait goulument la bonne soupe chaude qu'elle avait préparée avec les elfes de maison. Le pauvre chéri n'avait pas mangé d'aliments tout ce temps où il était dans le coma, ne se contentant que du sang d'Hermione directement injecté dans ses veines. Maintenant qu'il s'était réveillé, il était tout à fait capable de digérer de la vraie nourriture.

- Alors Blaise ? C'est bon ?

- Oui, merci, fit-il doucement.

Il lui fit un petit clin d'œil tout en avalant sa dernière cuillère et Théodore qui s'était posé dans un coin de la chambre leva les yeux au ciel.

Cela ne faisait à peine qu'une journée que Blaise s'était réveillé et il était encore fragile. Hermione et Théodore essayaient le plus possible de ne pas créer de remous magiques qu'il ne serait pas capable de supporter. C'était d'ailleurs probablement la raison pour laquelle il s'était réveillé de son coma. Blaise avait expliqué que c'était comme s'il avait été dans un nuage de douceur et que tout à coup on l'avait frappé avec un marteau de colère sur le nez.

- Alors, explique-moi Blaise, que s'est-il passé ? commença Théodore alors que Blaise se tapotait le ventre de contentement. Comment es-tu arrivé devant chez moi ? On t'a déposé ? Et qui t'a déposé ?

Sous cet afflux de questions, le demi-humain baissa la tête, comme s'il se rappelait soudainement la présence de son frère. A nouveau, il se faisait tout petit et on aurait presque cru qu'il s'était mis à trembler.

- Nott, je ne pense pas que ce soit le moment… commença Hermione.

- Ça va aller Hermione, ne t'inquiète pas, l'arrêta Blaise.

Il ne se tourna pas vers son frère, gardant un air évasif presque craintif, mais il répondit doucement :

- C'est un ami qui m'a conduit ici…

- Un ami ?

- Oui… Un ami, répéta Blaise.

Théodore haussa la voix ce qui attira tout à coup tous les regards vers lui :

- Blaise ! Je sais que tu as aidé les esclaves à s'enfuir, tu n'as rien besoin de me cacher ! Et je t'ai sauvé la vie bon diable, ce n'est pas pour la reprendre, arrête d'avoir peur de moi !

L'expression qu'eut alors Blaise finit d'achever Théodore. Son frère se recroquevilla à nouveau sur lui-même comme s'il voulait se protéger. Hermione s'empressa de passer ses bras autour du corps tremblotant de Blaise tout en fusillant Théodore du regard.

- Excuse-moi Blaise… Je… Je ne voulais pas…

Théodore avait la voix rauque. Il s'empêchait presque de pleurer.

- Je… Je suis désolé… fit-il en commençant à se diriger vers la porte. Je… je vais vous laisser…

- Non attends ! s'écria Blaise. Reste… S'il te plait.

Théodore se figea. La voix de son frère était si plaintive, si triste. Il eut envie d'accourir vers lui pour le prendre dans ses bras et le consoler comme il le faisait avant. Mais Hermione se tenait entre eux.

- C'est moi qui vais vous laisser, soupira alors la jeune femme en se relevant. Il semble que vous ayez beaucoup de choses à vous dire.

Avant de quitter la pièce cependant, elle attrapa Théodore par le col et rapprocha son visage du sien.

- Je ne vous fais pas confiance mais Blaise a besoin de vous. Si je me rends compte que vous lui avez fait du mal, je vous charcute, assena-t-elle.

Théodore grogna mais ne releva pas. Elle finit par le relâcher avant de fermer tout doucement la porte.

Théodore était pris entre deux griffes. Il ne savait pas quoi dire à ce frère si blessé et si tremblotant. Si celui-ci avait souffert, finalement, c'était bien de sa faute. Il aurait pu faire bien plus pour lui, il en était sûr. Il aurait pu lui éviter toute peine…

- Ce n'est pas ta faute… murmura Blaise comme s'il lisait dans ses pensées. Je le sais. Ce n'est pas toi que je déteste et dont j'ai peur…

- Alors pourquoi… ?

- Tu ne m'as rien fait de mal, c'est vrai. Mais d'autres, qui te ressemblent… m'ont brisé. Et je ne peux pas m'empêcher de les voir en toi.

Théodore avait le cœur qui battait à tout rompre. Qu'est-ce qu'on avait pu faire à son frère ? Il avait tout fait pour le garder en sécurité. Rodolphus lui avait assuré qu'il était bien traité… Il aurait dû vérifier. Il aurait dû arracher son frère à ses griffes. Mais il avait eu peur… De voir que son frère souffrait. De voir la vérité telle qu'elle l'était et pas comme il l'imaginait. Et là tout lui était renvoyé en pleine face. Toute la douleur de Blaise se voyait sur son visage, sur son corps...

- Théo… J'ai été violé. Des centaines de fois.

- Ce satané Rodolphus… Il m'avait pourtant assuré qu'il ne te toucherait jamais ! Qui c'étaient ? Quand c'était ? Lors de ton élevage ? Ce sont ces enfoirés d'humains, c'est ça ?

- Arrête Théo… Je suis sûr que tu connais la vérité.

Théodore se tût. Il ne voulait rien imaginer.

- Mes geôliers se sont amusés avec mon corps, continua Blaise. Ils me nourrissaient de poison pour me soutirer des informations. Mes geôliers ce n'étaient pas des humains Théo. C'étaient des démons. Comme toi.

Théodore fut soudain pris de nausées. Il ne tenait plus sur ses jambes. Il ne voulait plus écouter et pourtant la réalité était là sous ses yeux. Il comprit que les larmes coulaient quand il posa une main sur son visage.

Non… Il n'avait pas le droit de pleurer. Ce n'était pas lui qui avait souffert toutes ces années.

Théodore s'agenouilla, la tête baissée. Il n'osait plus regarder son frère. Il voulait implorer son pardon. Mais il ne le méritait pas.

- Relève-toi Théo… Ce n'est pas toi qui m'as fait du mal…

- C'est tout comme ! Je t'ai laissé aux mains de ses enfoirés… tout ce temps… J'aurais dû te protéger.

Ses propres sanglots le dégoutaient et aux siens résonnaient ceux de son frère…

Ceux de son frère ?

- Tu es là maintenant... fit Blaise la voix entrecoupée de spasmes déchirants.

Théodore releva la tête vers son frère. Il le regardait avec des yeux remplis de larmes.

- Ne pleure pas Blaise… gémit Théodore. Ça me fend le cœur…

Blaise ouvrit ses bras en grand et Théodore se releva d'un geste pour répondre à son invitation. Les deux frères s'enlacèrent en pleurant.

De l'autre côté de la porte, Hermione avait tout entendu. Son cœur battait à tout rompre. Elle était restée pour être sûre que Théodore ne ferait rien à son frère et finalement elle aussi avait été touchée par leur douleur. Ses yeux s'étaient embués de larmes. Quand ils tombèrent dans les bras l'un de l'autre, Hermione décida qu'il était temps qu'elle les laisse réellement seuls.


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357 : année du Conseil des Tribus ; Manoir Nott

De longues heures passèrent avant qu'Hermione ne décide de toquer à la porte de la chambre de Blaise à nouveau. Elle attendit la permission d'entrer avant d'ouvrir.

- Je suis désolée… fit-elle en voyant les deux hommes assis l'un à côté de l'autre les yeux encore rougis. Je dois m'occuper de Blaise à présent. Il est temps pour lui de recevoir sa dose de sang…

- Nous étions justement en train de parler de toi, fit Blaise avec son habituel sourire charmeur qui ne manqua pas de faire rater un battement de cœur à Hermione.

La jeune femme lui sourit en retour avant de s'installer sur une chaise près d'eux.

- Comment tu te sens ? lui demanda-t-elle.

- Mieux. Beaucoup mieux, déclara Blaise en jetant un œil du côté de son frère. D'ailleurs Théo avait quelque chose à te dire…

Hermione dirigea son regard vers le concerné qui semblait soudain mal à l'aise. Il se racla la gorge.

- Hum… Miss Granger… Je tenais à m'excuser pour mon comportement d'aujourd'hui… Et surtout j'aimerais vous remercier de m'avoir permis de retrouver mon frère.

Hermione fronça les sourcils. Elle ne savait pas comment réagir face à son élan de sincérité. Et ce n'était pas des excuses, ni des remerciements qui allaient lui faire trouver grâce à ses yeux. Cela dû se lire sur son visage car Théodore se releva tout de suite, comme piqué.

- Je t'avais dit qu'elle ne voudrait rien entendre ! fit-il avec de grands gestes.

- Parce que tu crois peut-être que de simples excuses effaceront toutes ces années de guerre et de douleur ? répondit Hermione du tac au tac.

Théodore eu un air contrit.

- Bien sûr que non… Mais vous pourriez faire un effort… pour Blaise !

Hermione croisa les bras devant elle et fusilla Théodore du regard.

- Ne mêlez pas Blaise à cette histoire. C'est entre vous et moi. Vous m'avez tout de même enfermée dans une cellule durant plusieurs mois !

- Mais c'était différent !

- En quoi ? Vous m'avez fait sortir seulement lorsque vous avez eu besoin de moi.

- C'est vrai… Mais depuis, j'ai appris à vous connaître… Et je…

Théodore marqua un temps de pause puis reprit :

- Enfin tout ce que je veux dire… C'est que jamais je ne reviendrai sous la coupe du Maître. Pas après ce qu'ils ont fait à ma famille et à Blaise... Vous pouvez me faire confiance maintenant.

Hermione ricana.

- Autant qu'on peut faire confiance à un démon, effectivement.

Furieux, Théodore partit au quart de tour.

- Mais si vous vouliez bien arrêter de toujours vouloir me provoquer Miss Granger ! On pourrait faire avancer la situation un peu !

- C'est ça, je ne vous laisserai pas me manipuler ni moi ni ce pauvre Blaise sans rien faire !

- Ça suffit tous les deux ! s'énerva Blaise en forçant sur sa voix. Vos incessantes chamailleries me font un mal de crâne pas possible… !

Hermione se mordit la lèvre inférieure en signe de culpabilité, alors que Théodore croisait les bras sur son torse en faisant la moue. Blaise avait l'impression de s'adresser à deux enfants… Alors qu'ils étaient tous les deux plus âgés que lui ! Dans quel merdier s'était-il fourré à nouveau ?

- Ecoutez…

Il observa attentivement Théodore. Il avait l'air énervé mais vraiment sincère dans ses gestes et ses paroles. Il prit soudain une décision.

- Je fais confiance à Théo, Hermione. En plus on a besoin de lui… Et tu sais très bien que les démons ne sont pas tous mauvais…

Hermione grimaça. Blaise n'avait pas tort…

- Enfin… je commence à être fatigué… si vous avez des questions, posez-les moi maintenant… Mais à la seule condition que vous arrêtiez de vous comporter comme des enfants l'un avec l'autre.

Théodore et Hermione se regardèrent de travers mais finirent par hocher la tête.

- Alors vas-y Hermione, tu peux commencer.

- Et pourquoi elle en premier ? râla Théodore.

Le regard agacé de Blaise le fit se taire tout de suite.

- Comment vont… nos amis ?

Hermione ne voulait pas évoquer les noms de Luna et Hagrid. Il fallait mieux être prudent et elle savait qu'il comprendrait sans mal de qui elle parlait.

Blaise esquissa un sourire doux avant de répondre :

- Ils vont très bien. De ce que je sais, ils ont trouvé refuge dans un village caché d'humains et attendent les prochaines directives…

Cela arracha un soupir de soulagement à la jeune femme.

- Un village caché ? Le Maître ne les avait pas tous éradiqués ? demanda Théodore, surpris.

- Non, la missive que l'héritier Malfoy a rapportée n'était pas complète. Et puis lorsqu'il s'est enfui, on m'a dit qu'il était déjà bien amoché, c'est déjà un miracle que les informations vous soient parvenues. Heureusement que cela lui a coûté la vie !

Théodore avala sa salive de travers. Est-ce que Blaise savait que c'était lui qui avait ramené la lettre ?

- En fait… Draco est réapparu il y a environ une semaine, annonça Théodore, pas très à l'aise.

- Vraiment ?

Hermione grimaça. Encore une information qu'elle n'avait pas eue.

- Bon, à mon tour à nouveau ! fit-elle, impatiente.

- Quoi ? s'étonna Théodore. Mais non, c'est à moi !

- Vous avez déjà posé votre question.

- Mais…

- A-t-on retrouvé le vieux fou ? le coupa-t-elle.

Blaise ricana. Il était évident qu'elle parlait de Dumbledore.

- Toujours pas… fit-il le sourire aux lèvres. On ne sait pas où il a bien pu partir. Apparemment, il serait à la recherche des derniers descendants de la famille royale.

- Ah… Les Potter, fit Théodore exaspéré des manigances d'Hermione pour l'écarter de la confidence. Impossible, le Maître les a tous exterminés.

- Et pourtant il est probable que certains membres de leur famille aient survécu, éluda Blaise.

- Bon sang. Tant de secrets ! Et qui est-ce qui t'a amené devant chez moi ?

- Il s'agit de Severus Snape… La seule personne capable de me sauver était une mage de sang. Il n'y avait qu'Hermione qui pouvait le faire… Et il était certain que tu prendrais la bonne décision.

- Snape ! Je n'y crois pas…

Théodore avait bien compris que Severus n'était pas aussi soumis à la cause du Maître autant qu'il le montrait. Mais de là à fricoter avec les humains !

- Mais pourquoi ferait-il ça ? Le Maître a toujours été bon avec lui !

- Je n'en sais pas plus que toi… Enfin si vous voulez bien m'excuser, votre petit interrogatoire m'a vraiment fatigué. Je voudrais me reposer.

- Oui… Bien sûr…

Alors qu'Hermione aidait Blaise à mieux s'installer dans son lit, les deux démons se figèrent tout à coup. Une odeur nauséabonde de loup venait d'atteindre leurs narines. Un démon avait annoncé sa présence en relâchant dans l'air ses effluves corporels.

- On a de la compagnie, fit Blaise la mine sombre.

- Cachez-vous tous les deux et faites attention à bien couvrir votre odeur, intima Théodore. Je crois savoir de qui il s'agit.

Alors qu'Hermione et Blaise se dépêchaient de s'enfermer dans la chambre, Théodore descendait les escaliers à vive allure pour aller à la rencontre de l'intru qui s'approchait de son manoir.

Théodore grimaça en reconnaissant de plus en plus l'odeur caractéristique de Vincent Crabbe. Que venait-il faire ici ?

- Mon cher Théo ! fit Vincent en apercevant Théodore sur le pas de sa grande porte. Je suis ravi de…

- Que fais-tu ici ? le coupa Théodore.

Crabbe était complètement débraillé et sale. Il semblait avoir couru toute la journée. Il ne fallait absolument pas qu'il découvre ce qu'il se tramait dans son manoir. Il en valait de la vie de son frère.

- On a un gros problème… répondit Vincent sombrement. Draco veut se venger ! Il a déjà fait tomber ma famille… Il ne se passera pas longtemps avant qu'il ne s'en prenne à toi aussi.

Théodore tiqua. Vincent faisait sonner ça comme une menace… Mais il avait raison. Et Théodore n'était pas sûr de gagner dans un jeu de pouvoir avec Draco. Malgré son rapprochement avec le Maître, il n'était pas encore son favori.

- Arrête de tourner autour du pot et dis-moi ce que tu veux Vincent.

- Cache-moi chez toi ! Les autres familles de loups-garous sont à mes trousses… Je dois absolument leur échapper !

- Non, pas question ! déclama Théodore, complètement ahuri. Tu es malade ! Pas question que je t'héberge chez moi après ta tentative de brûler le manoir des Malfoy ! Et tu es accusé de trahison, tu sais bien que je ne peux rien pour toi. Je me suis retiré de la course au pouvoir, tu le sais !

- N'importe quoi. Je sais que tu t'es rapproché du Maître ces derniers temps… Et regarde ce que j'ai apporté…

Crabbe sortit de sa poche une petite fiole remplie d'un liquide clair et miroitant.

- C'est un exhausteur de force Théo ! Et j'en ai même la formule. Avec ça, plus personne ne se dressera sur notre chemin.

Théodore regardait Crabbe avec un air dégouté.

- Vincent, ce n'est pas suffisant pour te dresser contre les Malfoy… Il suffit qu'ils aient le soutien du Maître et ils en auront autant qu'ils voudront de ce liquide !

- Alors synthétisons-le nous aussi ! Ton manoir est grand et la forêt qui l'entoure renferme des centaines de plantes magiques. En plus… Tu as une mage du sang sous la main. Il y a tout ce qu'il faut ! Les armées du Maître ne pourront rien contre nous.

- Quoi ? Tu es en train de me dire que tu veux renverser le Maître !? Mais qui te suivra ? Nous ne sommes que deux !

- Ne t'inquiète pas, le Maître a de nombreux détracteurs, on pourrait même s'allier avec les humains !

Théodore fronça les sourcils. Vincent était vraiment un abruti.

- Et tu crois vraiment qu'ils accepteront après toutes les horreurs qu'on a commis ? Tu délires.

Théodore avait l'impression de se parler à lui-même. Il avait honte de comprendre que son propre plan ne valait pas mieux que celui de Crabbe. Jamais ni Hermione ni Blaise ne voudraient réellement lui accorder leur confiance. Il était un démon, c'était normal.

- Allez, arrête de faire ton rabat-joie, se moqua Crabbe. Conduis-moi jusqu'à ta mage que je me remplisse un peu ! J'ai couru jusqu'ici, tu me dois au moins ça. Et puis je te dis pas à quel point j'ai besoin de me soulager… Avec tout ce stress, j'ai une de ces triques !

Théodore eut presque envie de vomir. Comment avait-il pu supporter Vincent toutes ces années ? C'était un être horriblement vicieux et dégoûtant. Jamais il ne le laisserait toucher Hermione.

- Pas question Vincent, gronda-t-il. Dehors !

- Allez, on est amis !

Vincent n'écoutait plus et s'engouffrait dans le manoir comme s'il était chez lui. Il se mit à farfouiller un peu partout en reniflant.

- Où est-ce que tu la caches… ? Dans les cachots ? Ou dans ta chambre ?

- Arrête ça tout de suite Vincent. Et sors de chez moi.

L'air s'était fait lourd mais Vincent n'avait pas l'impression de se rendre compte de la furie de Théodore.

- Sûrement dans ta chambre, n'est-ce pas ? Ne t'inquiète pas je connais le chemin.

Alors que Crabbe s'apprêtait à monter les escaliers, Théodore entama une semi-transformation et le retint par le bras. Celui-ci se retourna, surpris, avant de lui jeter un sourire narquois.

- Je te préviens Vincent, tu oses monter et je te détruis.

Celui-ci partit d'un grand rire.

- Quoi ? Tu ne veux pas partager ? Je ne l'abimerais pas trop ne t'inquiète pas ! Et quelle odeur… Je commence à la sentir, elle devait être vraiment puissante avant qu'on ne la prive à tout jamais de ses pouvoirs n'est-ce pas ?

Théodore marqua un temps d'arrêt. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Hermione avait bien récupéré toute sa magie, il en était certain.

- De quoi tu parles ? ne put il s'empêcher de demander malgré sa colère grandissante.

- Tu ne le savais pas ? Je l'ai appris en farfouillant dans les dossiers du Ministère. Il n'existe pas de réel remède pour les mages du sang à qui l'on a enlevé les pouvoirs.

- Et l'antidote ?

- L'antidote n'en est pas vraiment un, il ne leur permet que de retirer le poison. Plus le temps a passé et plus leur magie s'est abîmée. Et on ne peut rien faire pour la restaurer ! Tu comprends ?

- Quoi ?

- Enfin bref, pousse-toi, je mérite au moins de me reposer après cette folle course-poursuite.

Alors que Théodore se remettait de sa découverte, un énorme craquement retentit et Hermione surgit de la chambre où elle s'était cachée avec Blaise.

- Tu vas me le payer sale démon, rugit-elle à l'encontre de Vincent, le visage rouge de colère.

- Mais que…?! fit Crabbe ahuri.

Hermione se jeta sur le loup en hurlant.


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Et voilà ! Verdict ?

Bon. Un chapitre un peu plus long, j'espère que ça me pardonne mon énorme retard ! Je ne sais pas quand je pourrais reprendre un rythme normal, mais le confinement devrait aider... En plus le chapitre était déjà terminé depuis un moment déjà. Encore une fois, s'il n'y avait pas eu la meilleure béta du monde sur laquelle j'ai eu la chance de tomber, vous auriez pu attendre encore ^^'

Avec ce chapitre, beaucoup de révélations : Severus est bien dans le camp des esclaves ! Et c'était Crabbe qui avait mis le feu au manoir. Les Potter sont les derniers descendants de l'ancienne famille royale des humains... Est-ce que c'est pour ça que Dumbledore les cherche ? Et que le Maître a voulu tous les éradiquer ?

Et pauvre Hermione qui ne pourra peut-être jamais retrouver l'entièreté de ses pouvoirs... En tout cas, sa rage va peut-être mettre tous les habitants du manoir Nott en danger...

Je vous mets le prochain chapitre directement.

Je vous remercie de me suivre et de me lire !

A bientôt :)

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