Bêtes

Chapitre 16 : Rêve et réalité

2966 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/09/2020 10:46

Coucou ! Voici le chapitre 16 :)

Tout d'abord, merci beaucoup à Amelia-Queen-Black pour ses supers corrections alors même qu'elle a très peu de temps libre !

Ensuite, un énorme merci à Iavellan, Radimir, Maczin03 et Yoshifiri pour leurs gentils commentaires !

Et aussi je tiens à m'excuser pour mon retard et mon absence, je suis super occupée en ce moment... Mais ça devrait se régulariser au fil des semaines.


Disclaimer : Tous les persos appartiennent à JKR !

Rating M : Pour mention de violences physiques et mentales

Bonne lecture à tous !


Chapitre 16 : Rêve et réalité

357 : année du Conseil des Tribus

C'était une belle nuit de printemps. L'air était frais et le village était agité d'une joie contagieuse. Les enfants tournaient en dansant autour d'un grand feu et les chants des adultes égayaient la soirée. Partout où l'on regardait, l'ambiance était à la fête.

Pourtant à l'abri de l'effervescence et des regards indiscrets, dans une chambre fermée à double tour, un garçon se tortillait dans les draps en gémissant.

Des plaintes étouffées sortaient de ce petit corps mais personne ne pouvait imaginer les douleurs qu'il pouvait ressentir. A côté de lui, une vieille femme se retenait de pleurer tout en lui changeant ses bandages.

- Calme, mon chéri, calme… murmurait-elle doucement alors que le corps de l'enfant se contorsionnait dans tous les sens.

La vieille Euphemia avait raison de s'inquiéter. L'enfant qu'elle soignait était si brûlant de fièvre qu'il hallucinait. Parfois, elle le voyait lever la main au-dessus de lui, comme pour attraper quelque chose…

- Mon pauvre Harry, mon pauvre bébé… fit-elle en nettoyant la putréfaction de ses blessures.

Harry avait désobéi et on l'avait puni de la plus horrible des façons. Son père l'avait battu, fouetté. Devant tous, comme on bat un traître et un paria. Et pour l'empêcher de guérir facilement, il lui avait administré du poison… Déjà blessé, le garçon n'avait rien pu faire pour se défendre…

Euphemia ferma les yeux, empêchant les douloureux souvenirs de remonter à la surface… mais c'était trop tard.

Elle avait pourtant tout tenté pour calmer son fils ! Il n'avait rien voulu entendre. Même si elle comprenait sa haine envers les démons et sa rage de voir son fils succomber lui aussi aux charmes de l'un de ces monstres comme l'avait fait Fleamont… elle ne pouvait cautionner toute cette violence. James se trompait. Rien n'était la faute d'Harry. Ils avaient tous vu comment le démon acculé avait voulu lui dévorer l'épaule…

Harry s'était tout simplement fait manipuler. Comme Fleamont avant lui. Les hommes Potter étaient tous si naïfs…

Euphemia sécha très vite les larmes qui perlaient au coin de ses yeux quand elle entendit qu'on tournait la clef dans la serrure.

Une jeune fille rousse entra, une bassine remplie d'un liquide vert dans les bras.

- Voilà de quoi rincer ses blessures et calmer sa douleur, dit-elle. Ce sont les prêtresses qui me l'ont donné.

- Merci Ginny…

Ginny laissa la porte ouverte afin d'aérer l'odeur de mort qui stagnait dans la chambre.

Avec son aide, Euphemia appliqua la mixture sur le corps chevrotant d'Harry. Il sembla que cela lui fit du bien car son visage s'apaisa et ses tremblements se calmèrent.

La vielle dame put enfin s'accorder du repos. Elle s'assit plus confortablement sur sa chaise et prit le temps d'observer la jeune fille qui s'occupait de son petit-fils.

Ginny était gentille, une mage de la terre très douée et elle avait même réussi l'épreuve des apprenties prêtresses. C'était pour toutes ces raisons qu'Euphemia avait été ravie qu'elle devienne la fiancée d'Harry.

Mais tout ça c'est du passé.

En effet, Euphemia doutait que la famille Weasley accepte d'unir l'une de leurs seuls mages à un « traître ».

Au moins, si personne ne voulait d'Harry, il aurait peut-être la liberté de choisir son épouse.

Elle secoua la tête, dépitée. Son pauvre Harry… Lui qui était destiné à de grandes choses et qui devait reprendre la succession de James après sa mort… Son avenir était compromis à présent. Peut-être allait-il même devoir quitter la montagne ? Le cœur d'Euphemia se serra. La stupidité de ses enfants était si énervante.

Alors qu'elle était perdue dans ses pensées, une petite voix fluette se fit entendre près de la porte.

- Comment va-t-il ?

Euphemia reconnut tout de suite la voix de Ron. Le soi-disant meilleur ami d'Harry. Elle ne prit même pas la peine de se retourner avant de gronder :

- Que fais-tu ici, Weasley ? J'accepte la présence de ta sœur, mais toi, tu n'es pas le bienvenu.

Euphemia savait que cela ne servait à rien d'avoir du ressentiment envers le garçon. Mais elle n'en avait rien à faire. Toute cette violence était le résultat de la trahison de Ron. Et elle ne lui pardonnerait pas facilement.

Ron recula sous l'hostilité explicitement froide de la vieille femme. Pourquoi lui en voulait-elle tant ? Parce qu'il avait révélé la présence du démon sur leur montagne ? C'était pourtant la bonne chose à faire…

C'était la réaction de leur chef qu'il n'avait pas anticipée. S'il avait su ce qu'il ferait subir à Harry lorsqu'il le découvrirait… peut-être qu'il n'aurait pas aussi hâtivement donné les informations aux adultes… Ron secoua la tête. Non, il ne devait pas regretter son choix. M. Potter n'avait juste rien compris. C'était Harry la victime dans tout ça.

Ron tenta d'ignorer le regard courroucé d'Euphemia pour observer à la volée son ami dans son lit. Il semblait si pâle, si malade, si souffrant… Et soudain la culpabilité l'envahit. Tout ça, c'était très probablement sa faute...

Il se remémora la peur qu'il avait ressentie quand le père d'Harry avait plongé dans le lac afin de sauver le garçon qui se noyait… Le soulagement quand il s'était réveillé ! Puis il se souvint de la colère, de la rage qui l'avaient habité alors que ce même père frappait son fils devant tous les villageois, pour le punir d'une faute imaginaire. Il se rappela les cris d'Euphemia, l'exultation des villageois qui grondaient… Ginny qui tentait désespérément de protéger Harry contre la fureur des autres. Les claquements des fouets qui s'abattaient ! Et enfin son meilleur ami, le regard vide et le corps ensanglanté sur le sol.

Ron comprit. S'il avait prévenu Harry ou s'il en avait parlé à Ginny avant de faire quoique ce soit… Ils auraient pu éviter tout ça.

Qu'avait-il fait ? Quel genre d'ami était-il ? Un lâche, un traître ! Voilà ce qu'il était. Une soudaine nausée le prit et il eut l'impression de suffoquer.

Paniqué, Ron chercha le réconfort dans le regard de sa sœur. Peut-être imaginait-il tout ça ? Peut-être n'était-il pas vraiment coupable ? Mais elle le fixait avec des yeux durs, accusateurs…

Ron ne put en supporter davantage. Il détourna le regard et s'enfuit, les larmes menaçant de couler.


357 : année du Conseil des Tribus temple des prêtresses du village d'Ao

Harry était à peine guéri que les prêtresses étaient tout de suite venues le chercher afin de le placer en détention dans leur temple sous les ordres de James. Il fallait absolument le garder isolé, avait-il dit. Mais surtout, il fallait le redresser.

On plaça Harry dans une sorte de chambre sans fenêtre, éclairée seulement par une vieille lampe à huile accrochée en hauteur. A part la lampe, il n'y avait aucune source de chaleur. Le tapis qui semblait servir de lit était aussi noir que les murs de la chambre. Harry frissonna.

Depuis qu'il s'était réveillé, Harry avait l'impression que plus rien n'avait d'importance. Il se sentait comme une coquille vide sans émotions. Enfin si. Une sensation surpassait toutes les autres… La fatigue. Une grosse fatigue… qui s'insinuait dans son cœur, son corps, son esprit… Son lui tout entier. Malgré les sourires de ses sœurs, de Ginny ou d'Euphemia, Harry ne réagissait pas et son rire enfantin ne se fit plus jamais entendre.

Combien de temps son isolement durerait-il ? Son père lui avait dit qu'il resterait ici autant de temps qu'il le faudrait. Combien cela faisait-il ? Ne voyait-il pas qu'il n'en pouvait plus ? Qu'il avait abandonné ? Il n'y avait plus de raison de le malmener, il se laisserait faire sans broncher.

Il n'avait goût à rien… Il se sentait brisé. Il avait perdu tant de choses en si peu de temps…

Draco…

Le premier jour qu'il passa dans la chambre ne fut pas si éprouvant. Finalement, il n'en avait rien à faire d'être seul. Il préférait même être ici, sans personne s'inquiétant pour lui ou essayant de lui parler alors qu'il ne voulait rien entendre.

Vers midi, on lui avait apporté à manger. En regardant la nourriture, comme à chaque fois depuis qu'il s'était réveillé Harry eut envie de vomir. Il y avait comme une boule dans son estomac qui empêchait n'importe quelle nourriture de passer.

Jusqu'ici, il s'était forcé à avaler pour soulager un peu ceux qui l'aimaient. Il savait qu'il était un poids, il ne voulait pas qu'ils se sentent à nouveau mal à cause de lui… encore une fois.

Mais là, il n'y avait personne. Alors Harry ne mangea pas. Ni au diner, ni le lendemain. Harry était coincé dans ses pensées. Et ses pensées étaient coincées dans un recoin sombre et vide de sa tête. Elles ne voulaient plus bouger et se terraient comme des animaux effrayés…

Au fond de lui, Harry espérait que tout se terminerait ainsi. Qu'il quitterait ce monde comme ça, sans bruit… Qu'il quitterait ce monde lui aussi.

Mais les prêtresses en décidèrent autrement. Le second jour au soir, Harry vit entrer dans sa chambre cinq prêtresses qu'il connaissait bien. C'étaient celles qu'il aimait le moins. Elles étaient sévères, aigries et disaient souvent qu'il ne méritait pas les pouvoirs qu'il avait reçu. Elles étaient venues avec un bol de bouillie jaune… et un entonnoir.

Harry se laissa faire alors qu'elles accrochaient ses bras et ses jambes à une chaise. Il se laissa faire quand elles ouvrirent sa bouche pour y glisser l'entonnoir. Il se laissa aussi étouffer alors que la nourriture descendait peu à peu dans sa gorge… Pourquoi ne se débattait-il pas ?

Il n'osa pas s'avouer qu'il connaissait la raison. Des larmes silencieuses se mirent à couler d'elles-mêmes de ses yeux, de son nez, de sa bouche peut-être aussi…

Je dois souffrir…

Tout était arrivé par sa faute. S'il n'avait pas demandé à Draco de rester la première fois, il serait peut-être… encore… vivant.

Harry ferma les yeux douloureusement. Il ne voulait plus penser à rien.

Lorsque les prêtresses eurent fini de lui administrer la bouillie, l'une d'entre elles – Dolores Ombrage – déclara :

- Tu t'es assez reposé comme ça. Demain nous commencerons les choses sérieuses.

Harry n'avait pas compris ce que cela voulait dire. Il avait juste senti qu'on le détachait et il s'était allongé sur le sol, comme chaque soir.

Le lendemain cependant, on le réveilla aux aurores à coup de grands seaux d'eau froide.

- Debout déviant ! s'écria Dolores.

À la suite de ça, on installa Harry comme la veille : attaché sur sa chaise.

Trempé, Harry grelottait. Dolores lui pinça la joue et éclata de rire en remarquant qu'il n'avait toujours pas de réaction.

- Le plus drôle cher Harry, commença-t-elle, c'est que tu as pactisé avec le fils de celui qui a tué ton grand-père !

Harry releva la tête, comme brûlé. Il la fixa avec haine.

Comment osait-elle parler de Draco !

- Quoi ? fit-elle étonnée par sa première réaction depuis des jours. Tu ne pensais pas qu'on découvrirait son identité ? Ha ! On a trouvé votre petite cachette de déviance ! Je ne sais quel péché du diable vous y avez commis tous les deux, mais on y a vu les traces de ton sang ! Enfin ne t'inquiète pas… à la fin de ton séjour, la discipline te sera inculquée jusqu'au plus profond de ton être !

A nouveau l'entonnoir, à nouveau la bouille jaune dans la gorge… Mais cette fois un goût acide s'était mélangé à la fadaise de la purée.

Qu'avaient-elles mis dans sa mixture ? Que voulaient-elles lui faire avaler ? Sous un regain d'énergie enragée, Harry voulut se dégager. Mais il était bloqué. Des mains, des pieds. Et les prêtresses lui tenaient la tête pour l'empêcher de bouger.

A regrets, Harry dut ingurgiter toute la bouillie. Une fois fait, il sentit sa tête tourner et un froid dérangeant s'insinua dans ses veines. C'était comme si… son corps avait été envahi par la glace.

Tout à coup, un grognement sourd le fit sursauter. Harry tourna la tête de tous les côtés pour trouver d'où cela venait. Mais l'impensable c'était produit. Il découvrit avec sidération qu'il n'était plus dans sa chambre noire… mais dans une forêt enneigée !

Les prêtresses n'étaient plus là, il n'y avait plus personne… Excepté un loup gris qui le fixait avec haine… juste devant lui ! La bave coulant à flot de sa gueule…

Harry hurla. Le loup s'était jeté sur lui et l'attaquait, le lacérait, lui éclatait les os. La douleur était terrible et le loup gris ressemblait trop à Draco… Son Draco… Qui était mort !

Alors pourquoi était-il là ? A lui ouvrir les boyaux ? A se repaitre sur son corps ?! Pourquoi était-ce lui qui lui faisait du mal ?

Harry ne comprenait pas. Il avait mal partout. Et sa tête tournait tant… Des couleurs, des couleurs partout ! Du rouge ! Du blanc ! Du sang… Et Draco qui lui labourait le ventre.

Draco…

Harry sombra dans la folie.

Il ne sut combien de temps passa avant qu'il ne reprenne ses esprits. Il eut l'impression de se réveiller d'un long rêve. Ou plutôt d'un cauchemar. Il était exténué.

- Ça y est déviant ? Tu as atterri ? fit Dolores de sa voix suffisante. Ce que tu as vu, c'était la vérité la plus brute, la plus pure… Les souvenirs de ton défunt de grand-père !

Harry ouvrit faiblement les yeux et aperçut Dolores qui mettait les mains sur ses hanches avant de le fixer avec mépris.

- Maintenant laisse-moi te raconter une histoire… commença-t-elle sournoisement. Sais-tu pourquoi ton père a dû quitter son village natal ? Sais-tu pourquoi tous les villages cachés l'ont rejeté au point de le condamner à mourir sous les crocs des démons ? Sais-tu pourquoi son premier fils, ton frère est mort ?

Elle se tût un moment, comme jubilant le suspense qu'elle pensait créer. Harry n'avait cependant plus la force de la haïr.

- Tout ça, c'était à cause des Malfoy, lâcha-t-elle avec un grand sourire victorieux. De ton soi-disant ami. Sa famille de démons a pourchassé ton père. Ils l'ont traqué ! Il serait mort s'il n'avait pas découvert la montagne. Et tu serais mort si on ne t'avait pas secouru ! Les démons ont tué la moitié des membres de ta famille, et toi tu as sauvé l'un d'eux !

Dolores éclata d'un rire sonore.

- Mais ne t'inquiète pas mon pauvre ! Nous allons te guérir de ta déviance.

Le jour suivant, Harry tenta par tous les moyens de fuir, d'empêcher les prêtresses de l'attacher. Mais il était trop faible, il n'avait pas assez mangé. Pas assez emmagasiné d'énergie… Et elles étaient de plus en plus nombreuses.

Le jour d'après, il les avait suppliées, il avait pleuré, crié… Mais rien ne changea. Les prêtresses savaient comment le contenir. Elles savaient le maîtriser, le contrôler… Et plus il se débattait, plus elles le faisaient se sentir plus bas que terre. Et Draco rattaquait, lui déchirait à nouveau les entrailles. La douleur était toujours aussi insupportable, toujours aussi désespérément intolérable…

Et les histoires… Toutes plus horribles les unes que les autres… Toutes toujours plus réelles qu'avant… Tous ces souvenirs qu'il revivait… Il ne savait plus qui il était et s'il était encore en vie.

Les démons sont des abjections cruelles.

Quelle pensée était la sienne ? Quelle vie vivait-il ?

Les Malfoy sont des monstres manipulateurs et sans cœur

Un mois plus tard, alors qu'Harry se faisait à nouveau déchiqueter par les crocs de Draco, quelque chose se brisa en lui. Tout s'était mélangé dans sa tête… mais il était sûr d'une chose.

Il haïssait les démons.


xxxOOOxxx


Et voilà... Verdict ?

Ce chapitre a été dur à écrire pour moi, je n'aime pas trop faire du mal à mon pauvre petit chéri d'Harry. Mais il faut comprendre que pour leur survie, leur village se doit de faire respecter les règles... En tout cas James en est persuadé...

Ayant repris les cours, il est possible que parfois, je sois un peu en retard dans mes chapitres :) J'essaierai de garder le rythme et de ne jamais espacer chaque sortie de plus de 10j. Désolée d'avance !

J'espère que ça vous a plus quand même :)

Merci de me lire, et à bientôt !

Laisser un commentaire ?