Pour l'amour du volley-ball

Chapitre 5 : Nouveau départ

1517 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 01/05/2020 19:47

Dans le gymnase du lycée Karasuno, les bruits de ballons frappant le sol empêchaient les occupants de s’entendre clairement. Le coach Ukai fit répéter plusieurs fois sa demande à Lia.

-Excuse-moi, tu aimerais quoi ? 

-J’aimerais que vous m’embauchiez comme observatrice et aide coach jusqu’à la fin du tournoi de printemps. Je ne reprends mes études que l’année prochaine, et je veux gagner en expérience sur la vision extérieure du volley-ball. 

Le coach hésite. Il y a déjà tellement de choses à gérer avec l’équipe, il ne veut pas s’encombrer d’un tâche dont il ne pourra pas s’occuper…

Comme si elle avait lu dans ses pensées, Lia s’empresse d’ajouter :

-Je ne serai pas un poids, promis. Je connais le monde du volley-ball sur le bout des doigts, je connais du monde, je pourrais même trouver des matchs amicaux si vous voulez. Et surtout, je pense qu’un regard féminin pourrait aider : on a une technique bien différente que celle des garçons.

Elle avait le regard ferme et décidé de quelqu’un qui n’accepterait jamais une autre réponse que oui. Ukai sourit. Il aimait cet état d’esprit, et il aimait de plus en plus la jeune fille. 

-Bon. C’est d’accord ! C’est vrai qu’un avis extérieur est toujours utile, et puis tu connais déjà quelques garçons. 

Il ajoute, avec un clin d’œil :

-Le libero aurait bien besoin qu’on le redresse un peu !

Lia éclate de rire, tandis qu’en arrière-plan les cheveux de son frère se dressent sur sa tête, furieux. Elle sourit au coach Ukai, puis regarde les garçon qui s’entraînent. 

« C’est bien, pense-t-elle, je me remet doucement dans le bain. Chaque chose en son temps. »

-Les garçons, écoutez ! Posez une seconde les ballons et venez ici !

L’équipe se rassemble, intriguée, face au coach. 

-La plupart d’entre vous connaissent déjà Lia. Puisqu’elle ne reprend les cours que l’année prochaine, elle va intégrer l’équipe comme conseillère. Autant se donner un maximum de chances pour arriver jusqu’à Tokyo !

Les garçons semblent plutôt contents. Enfin, sauf Tsukishima, mais Lia ne s’offusque pas : elle a plutôt bien cerné le grand blond. 

Hinata lui saute tout autour, telle une petite boule de flammes. 

-Trop chouette ! Tu me referas des passes, hein, dis ? Kageyama fait des supers passes, mais parfois il est si méchant… aaaaaah non laisse-moi, laisse-moi, me tape pas !!!

-Eh vous deux, ça suffit les âneries ! Allez, match 4 contre 4, plus vite que ça !

-Oui coach !! 


Lia vient se placer à côté du terrain avec Kiyoko. Elle la connaît bien, elles ont été dans le même club de théâtre au collège. Elles ont longtemps été très bonnes amies, jusqu’à ce que… Les deux filles échangent un regard un peu gêné, mais restent néanmoins l’une à côté de l’autre. 

-…Je suis contente que tu sois revenue. 

Lia sursaute, et jette un regard étonné à Kiyoko. La jeune fille d’habitude si réservée a parlé d’une voix forte et claire. Lia sourit. 

-Moi aussi. Vraiment. 

-Tu vas rejouer ? 

Kiyoko la regarde avec des yeux perçants, et Lia sent son cœur se serrer. Son amie n’est pas stupide, elle a immédiatement perçu le débat intérieur qui se déroulait en elle. Elle serre les poings. 

-Je… 

-Eh Lia ! Je peux te parler une seconde ? 


La jeune fille prend cet échappatoire au vol et court rejoindre son frère. Les deux jumeaux s’asseyent contre un mur du gymnase et Yû, en sueur, avale une demi-bouteille d’eau. Lia regarde son frère. Il a les bras couverts de bleus, comme d’habitude, et le front en sueur. Il n’a pas grandi, ça c’est peine perdue même si elle ne lui dira jamais, mais il y a quelque chose dans son regard qui a bien changé. Lia a entendu parler de la performance de Karasuno au premier tournoi, et de leur défaite en demi-finale contre Seijô. Elle est persuadée que cette aventure a fait grandir tous les joueurs, collectivement mais aussi individuellement. Aujorud’hui, alors qu’elle est assise à côté de lui, elle se sent fière de son frère, mais elle a aussi honte. Honte car, alors qu’il était occupé à vivre des moments primordiaux dans sa vie de lycéen, des moments qui visiblement ont contribué à le construire tel qu’il est aujourd’hui, elle n’était pas là. Elle n’était pas là, et elle ne faisait rien de gratifiant non plus. 

-Yû… 

-Hm ? 

Lia hésite. Qu’est-ce qu’elle pourrait bien lui dire ? Des excuses ne semblent pas suffire. 

-…Non rien. De quoi est-ce que tu voulais me parler ? 

-Ah oui !

Yû reprend une longue gorgée d’eau, puis regarde face à lui l’équipe qui s’entraîne. 

-Je suis content que tu passes un peu de temps avec nous. 

Lia s’étonne. Elle ne s’attendait pas à une remarque aussi affectueuse. Après tout, elle l’a bel et bien abandonné…

Mais son frère n’a pas fini. 

-Je sais à quoi tu penses. Je te connais par cœur, tu es une partie de moi-même, je sais qu’à ce moment précis tu es rongée de culpabilité envers moi, et que tu ne sais pas quoi faire pour t’excuser. Je veux que tu saches que je ne suis pas en colère contre toi. Je comprends pourquoi tu es partie, et je ne t’en veux pas parce que tu m’as tenu au courant régulièrement de ce que tu faisais. 

Lia sourit. Visiblement, elle ne connaît pas si bien que ça cette nouvelle personne qui est son frère. Malgré son sourire, les yeux de ce dernier s’assombrissent. 

-Mais il n’en va pas de même pour les autres. Tu le sais, ça, n’est-ce pas ? 

Lia baisse la tête. Cette conversation, qu’elle s’était jusque-là refusé d’avoir, son frère la lui jetait à la figure comme une seau d’eau glacé. Tant pis, il fallait qu’elle l’entende. 

-Les autres étaient dévastés par ton départ. Comme moi. Sauf que moi, j’ai eu des nouvelles. Je savais où tu étais en temps réel. Les autres, rien. Tu as simplement disparu. Tu sais à quel point Bokuto s’en est voulu, ce jour-là, aux Nationales ? Il a couru jusqu’à l’aéroport pour venir te chercher. Il est resté à Tokyo bien après les Nationales au cas où tu reviendrais. Il n’est pas le seul à avoir été blessé, et il n’est surtout pas le seul que tu seras amené à revoir. Tu le sais ça, n’est-ce pas ? Ce à quoi tu t’exposes en venant travailler auprès de nous ? 

-Je sais. 

La jeune fille relève la tête. Ses yeux brillent, mais ce ne sont pas des larmes. C’est de la détermination. 

-Je sais bien que j’ai des choses à me faire pardonner. Je sais bien que ce ne sera pas facile. Mais je sais aussi que vous m’avez terriblement manquée. Que le volley-ball m’a manqué. Alors cette fois, je ne fuis plus. Et je retrouve la place que j’ai laissée vide. 

Les lèvres de Yû s’étirent en un immense sourire blanc. 

-Eh ben voilà ma petite sœur !!

-Yû, on est jumeaux…

-Taratata ma petite sœur ! Je suis fier de toi ! Sérieusement. Vraiment fier de toi. 

Il se lève, et tend la main à Lia pour l’aider à se relever.

Les jumeaux se regardent et esquissent un sourire complice. 


-Tiens, capitaine, de quoi parlent Nishinoya et Lia à ton avis ? 

Daichi tourne la tête vers Hinata. Un sourire pointe le bout de son nez. 

-Je ne sais pas Hinata… mais je pense bien que les jumeaux maléfiques du volley-ball sont revenus ! 

Hinata en devient écarlate. 

-Les…les…jumeaux…maléfiques ? C’est trop claaaaaaasse comme surnom !!!!!

Daichi éclate de rire. 

-Hahahhaa ça c’est clair ! 

Un sourire narquois se dessine sur son visage alors qu’Hinata a un mouvement de recul. Le capitaine peut être maléfique lui aussi !! 

-...Et ça sent surtout très bon pour Tokyo. 


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