Pour l'amour du volley-ball

Chapitre 4 : Bras de fer à Seijô

1547 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 19/03/2020 16:56


-Mademoiselle Nishinoya ! C’est une joie de vous revoir. 

Le directeur d’Aoba Josai est un homme relativement jeune. Il a repris la direction après le départ en retraite de son prédécesseur, et s’est donné comme objectif de dorer encore plus l’image déjà plus que luisante de son école. Grand amateur de sport, il a octroyé une augmentation de budget aux clubs de l’école mais a également, en contrepartie, fait peser encore plus de pression sur les joueurs. Lia ne l’aime pas beaucoup et, malgré son air doucereux, elle sait bien que c’est réciproque. 

-Bonjour monsieur Hanobi. Merci beaucoup de me recevoir. 


Le directeur lui indique un fauteuil face à son bureau. Lia s’y assoit. Elle se crispe un peu, elle sait parfaitement la tournure que va prendre la discussions. Ca n’y manque pas. 


-Mademoiselle Nishinoya, vous savez, je le crois, que notre institution se réclame l’une des plus prestigieuses du pays et que, bien qu’étant publique, elle brille depuis des années de par le succès de ses étudiants et le prestige des exploits réalisés. 


Et bla, bla, bla. Si elle ne sentait pas la partie désagréable arriver, Lia aurait déjà décroché. 


-Vous êtes dans cet établissement depuis le collège et, bien que je sois arrivé après vous, je sais de source sûre que vous avez toujours été une excellente élève, relativement irréprochable. Et puis, il y a bien sûr votre carrière en sport. 


Voilà, on y arrive. 


-…Je ne vais pas vous mentir, arrêter d’un coup l’année scolaire et s’enfuir je ne sais où pendant plusieurs mois est passible d’exclusion. Cette école n’a pas besoin d’étudiants qui ne veulent pas s’y consacrer pleinement. Cependant, les circonstances exceptionnelles de votre départ font que-…


-Mon accident. 


-Je vous demande pardon ? 

Le directeur avait sursauté à l’entente de la voix de Lia. La jeune fille, les yeux baissés et les mains serrées sur ses genoux, avait parlé d’une voix basse, presqu’un chuchotement. Elle relève la tête. 


-Ces « circonstances exceptionnelles » dont vous parlez… vous voulez dire mon accident, n’est-ce pas ? 


-Oui… c’est cela. Croyez-moi, j’ai été navré de l’apprendre. Mais comme je le disais, ces circonstances font que je suis prêt à vous accorder une seconde chance, la dernière, et à vous faire réintégrer l’établissement sans vous faire redoubler, et sans devoir repasser par le processus de sélection. Qui plus est, je pense que vous pourriez postuler au programme des bourses pour athlètes blessés, que l’école a mis en place récemment. 


Ah ! C’est donc ça ! Lia sourit amèrement. Elle savait qu’il y avait un piège quelque part ! 

Hanobi est comme un loup qui flaire sa proie, et il ne recule devant rien pour avoir ce qu’il veut. La réinsertion d’un pauvre petit espoir du sport, aux frais de l’école et sous sa direction lui ferait gagner des milliers de points de prestige, et ferait de Seijo une excellente candidate pour le prix de l’altruisme de l’année. Bien qu’elle déteste être utilisée de cette façon, Lia se fait violence. Elle sait très bien qu’Hanobi a autant à gagner qu’elle dans cette histoire : elle va donc devoir se la jouer fine. 


-C’est…extrêmement généreux de votre part monsieur Hanobi. Ce serait un honneur pour moi de pouvoir bénéficier de cette bourse. 


Hanobi sourit de ses dents pointues. Tout semble se dérouler selon son plan. Mais le pauvre directeur n’est là que depuis deux ans, et il était avant tout un homme d’affaires. S’il est excellent pour flairer le gros lot, il n’a pas l’habitude d’affronter d’autres formes de motivations que l’argent et le pouvoir. Manque de chance pour lui, Lia est l’exact opposé. 


-…à deux conditions. 

-Pardon ? 


Le directeur n’en croit pas ses oreilles. Il offre à cette sale gosse une bourse pour pouvoir revenir étudier dans son établissement, et elle ose imposer des conditions ? Bon allez Testuo, ce n’est pas grave, ça ne peut pas être tragique, ce sont des petits caprices, écoutons-la. 


-Je vous écoute, mademoiselle. 

-Merci. Le garçon responsable de mon accident…

-Oui ? 

-Il a été exclu ? 

-Mais bien sûr voyons, pour quo me prenez vous ? Je ne peux tolérer aucune violence dans mon établissement, encore moins de la part d’un garçon colérique et capricieux envers un jeune espoir du sport ! Non, bien évidemment, il a été immédiatement exclu et il n’est pas prêt de-…

-Je veux qu’il soit réintégré. 

-Pardon ? 


Lia sourit. Elle aimerait avoir un appareil photo à portée de main pour immortaliser la tête de Hanobi à ce moment précis. Iwa payerait cher pour la voir ! 


-Vous m’avez entendue. Ma première condition est qu’il soit rappelé à étudier dans cette école. 

-Pardon ? Hors de question. Cet élève sert et servira d’exemple à tous ses camarades. 

Lia tremble un peu, elle déteste hausser la voix. Mais elle sait aussi que, si elle veut éviter trop de questions et surtout arriver à ses fins, il faut qu’elle soit rapide, incisive, et ferme. 

Bon, c’est parti. Chantage activé. 


-Ecoutez monsieur Hanobi, je suis venue vers vous car Seijo a été mon école pendant longtemps, et que je me trouve bien ici. Cependant, d’autres écoles ont d’excellent programmes, et offrent même de meilleurs outils de réhabilitation qu’ici. Shiratori Zawa, entre autres…, elle sent avec joie le corps du directeur se raidir,… m’a contactée afin de savoir si je désirais finir l’année scolaire avec eux. Donc…


Elle se lève. Elle voit dans le regard de Hanobi qu’elle peut gagne,r qu’elle peut le faire. Dernière ligne droite. 


-…Si vous voulez que j’intègre votre programme d’aide aux sportifs blessés, et surtout si vous voulez que je raconte partout à quel point vous êtes un directeur génial et à quel point cet établissement se préoccupe du bien-être de ses élèves, j’aimerais, beaucoup, que l’élève exclu soit réintégré. Tout de suite. 


Hanobi déglutit. Il ne s’attendait pas à ce revirement. Il sent poindre en lui l’envie de foutre dehors cette sale gosse, et de ne plus jamais la revoir. Mais la retrouver l’année prochaine à Siratori Zawa lui reste ne travers de la gorge… Il se force à sourire. 


-Très bien, mademoiselle Nishinoya. Après tout, s’il n’y a aucun problème entre vous deux, je peux bien le réintégrer. Puis-je vous demander quelle sera la deuxième condition ? 


Lia sourit. Elle sait que celle-là ne sera pas une mince affaire, qu’Hanobi risque de lui rire au nez, et qu’il acceptera même de lui accorder dans l’espoir de la voir se ridiculiser. Mais il le faut. Il faut qu’elle le fasse. Hors de question qu’elle lâche. 

Elle se lève, ramasse ses affaires, ouvre la porte pour partir. 


-Je veux réintégrer l’équipe de volley-ball. 


***


Une fois dehors, Lia respire enfin l'air frais. Elle se sent débarrassée d'un poids, et semble prête à s'envoler!

-Eh, tu vas direct au gymnase? Attends moi je vais chercher des ballons!

Elle se fige à l'entente de ces voix. Merde, quel timing pourri!

Elle regarde à droite et à gauche, et aperçoit une petite cabane de jardinage. Ni une, ni deux, elle se faufile derrière, faisant fuir le chat mécontent qui y avait établi sa petite maison. Elle jette un oeil dehors.

-Oikawa, tu te dépêches ou quoi? J'te jure, toujours le même qu'on attend...

Les deux joueurs passent devant la cabane sans s'arrêter. Lia, le coeur battant, attend qu'ils s'éloignent, avant de s'écrouler dos à la palissade en bois. Elle regarde autour d'elle, le sol boueux de la cabane derrière laquelle elle s'est cachée et éclate de rire. C'est pathétique... Iwa a raison, il faudra bien qu'elle se montre un jour.

Ouiiiiii, mais pas tout de suite!

Pour l'instant, il faut qu'elle trouve un endroit où elle pourrait passer son temps en attendant de réintégrer l'école. Un endroit avec du volley-ball, si possible.

Elle sourit. Elle sait exactement où aller.

Alors qu'elle se dépoussière un peu, la pensée d'aller jeter un oeil au gymnase lui traverse l'esprit, mais elle la chasse bien vite.

Plus tard. Un jour, ce sera le bon moment.


***

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