Pour l'amour du volley-ball
L’entraîneur Ukai marche dans le couloir en sifflotant. Cette journée s’annonce radieuse, les gamins sont motivés comme jamais à s’améliorer, ils vont bientôt partir en camp d’entraînement avec les meilleures équipes de Tokyo, que demander de plus ??
Alors qu’il s’approche du gymnase, il est surpris par le silence inhabituel qui y règne. Pas de cris, pas de blagues, pas de Hinata-qui-hurle-comme-un-poulet-qu’on-égorge, rien. Seulement quelques sages bruits de ballon et une atmosphère de… concentration ?
Ukai a des frissons rien que d’y penser !
D’une main un peu tremblante, il pousse la porte du gymnase et entre.
Devant ses yeux, les joueurs sont en rang, et attendent patiemment leur tour. Juché sur un tabouret, Daichi envoie des attaques qu’ils doivent réceptionner. De l’autre côté du filet, aussi sur un tabouret, une fille qu’Ukai n’a jamais vue, qui elle lance des petites balles qu’ils doivent venir récupérer en plongeant. Jamais les exercices n’avaient été si bien organisés.
-Hm-Hm-hm !!
Les joueurs se retournent vers leur entraîneur qui se racle la gorge.
-Ce n’est pas que ça me déplaît de vous voir travailler comme ça…mais je peux savoir ce qu’il se passe ?
-Excusez-moi monsieur, je leur montrais juste un exercice que j’avais l’habitude de faire avant.
La jeune fille est descendue du tabouret et s’est approchée de Ukai. En la voyant de plus près, celui-ci est surpris par son visage. Mais bon sang, où l’a-t-il déjà croisée ? Ses yeux sont alors attirés par Nishinoya qui, d’un air narquois, lui fait un grand sourire et un signe de la main. Mais… mais…mais ???
-Je m’appelle Nishinoya Lia, enchantée de faire votre connaissance.
-Tu es… la sœur de Yû ?
-Oui ! Sa sœur jumelle !
Ukai soupire. Il aurait pu s’en douter, au vu de la ressemblance. Il n’y a qu’à espérer que la sœur n’ait pas hérité du patrimoine génétique du frère parce que 1 Nishinoya c’est déjà compliqué, alors 2 !
Mais quelque chose ne tourne pas rond. Bien qu’elle ressemble énormément à son frère, il est persuadé de l’avoir déjà vue ailleurs. Mais où… ?
-Tu étudies à Karasuno ?
Le visage de Lia se renferme. Il fallait bien qu’un moment arrive où on lui poserait la question. Allez, respire, ça va aller. Il n’est pas obligé de tout savoir.
-Je ne suis pas élève ici. Après le collège, nos parents se sont dits qu’il valait mieux qu’on aille dans deux écoles séparée avec Yû. Je me suis absentée quelques mois pour…, sa voix déraille, raisons personnelles, et j’ai rendez-vous cet après-midi avec le directeur d’un établissement pour parler de ma réinsertion.
Un coup de klaxon retentit dehors, devant le gymnase, faisant sursauter tout le monde. Hinata va à la fenêtre et s’exclame :
-Oh ! Y a un motard dehors ! Il a l’air d’attendre quelqu’un… ah mais attendez, je le connais !
Il n’a pas le temps d’en dire plus que déjà Lia a ramassé toutes ses affaires, dont un casque de moto, et s’est précipitée dehors. En courant pour rejoindre le motard, elle lance par-dessus son épaule :
-J’ai été enchantée de vous rencontrer monsieur Ukai, j’espère vous revoir vite ! Yû, je ne rentre pas à la maison ce soir mais je reviendrai sûrement demain ! Bisous !
-Eh, comment ça tu rentres pas ce soir ?! Tu vas voir qui ??? C’est un garçon ??
Mais Lia est déjà montée derrière le motard, enfilé son casque, et le voilà partis au loin.
Le silence se fait dans le gymnase, jusqu’à ce que Ukai prenne la parole.
-Dis-moi Nishinoya, si ta sœur joue aussi au volley-ball elle pourrait être un super ajout pour le club féminin de Karasuno…tu sais dans quel établissement elle va là ?
Nishnoya et quelques autres joueurs ricanent. Face à l’interlocution de Ukai, de Hinata, de Tsukishima et de Yamaguchi, des nouveaux quoi !, ils expliquent :
-Vous savez, je pense que Karasuno n’intéresse pas vraiment Lia. Elle a une autre école en tête.
Sugawara et Daichi regardent Nishinoya en souriant.
-Oh, je me demande bien quelle école cela peut bien être !
-Et pour quelle raison elle veut tant y retourner !
-Oui, oui, quel mystère eh eh eh eh eh …
***
Les bras autour de la taille de son conducteur, Lia vagabonde dans ses pensées. Quel bonheur de voir Yû en aussi bonne forme et aussi bien entouré, et quelle surprise de voir que Tobio a rejoint Karasuno ! L’équipe est sûrement bien plus forte depuis la dernière fois qu’elle les a vus jouer. Elle l’a senti, d’ailleurs, durant le peu d’entraînement auquel elle a pu assister. Il y a quelque chose… une ambiance… une motivation, plutôt, qui n’était pas là avant. Elle sourit. Voilà de quoi mettre en difficulté plusieurs équipes qui ont un peu trop pris le melon !
-Eh, on arrive, prépare-toi à descendre.
Sortie de ses pensées, Lia regarde le bâtiment blanc et bleu qui se dessine devant elle. Sur l’immeuble central, en lettres dorées, l’inscription AOBA JOSAI, LYCEE, projette son ombre sur les murs. Elle sent son estomac se tordre. La dernière fois qu’elle est venue ici, c’était quand…
Elle secoue la tête. Hors de question d’y penser ! Si elle est revenue, c’est bien pour pouvoir enfin passer à autre chose, et pour reprendre une vie normale ! C’est fini, la fuite.
La moto s’arrête devant le lycée, et Lia descend. Elle enlève son casque, qu’elle tend au conducteur.
-Merci, Iwa-kun.
Le champion de Aoba Josai soulève sa visière et sourit.
-Je t’en prie. Mais franchement, tu aurais pu me laisser dire bonjour à Karasuno ! J’aurai adoré voir la tête de ton frère à ma vue !
-Arrête, c’est pas drôle ! Je suis déjà contente qu’il ne soit pas trop fâché quant à mon retour soudain et sans prévenir, alors imagine si je lui apprends que je suis rentrée depuis plus d’une semaine, et que tu es le seul à être au courant…
Iwa arrête de rire, et prend un air affectueux.
-Allez, te bile pas, ça va aller. Mais tu sais, viendra un moment où il faudra que tu le dises à tout le monde. Et je dis bien tout le monde. Comment tu comptes faire sinon ? Réintégrer l’école sans "lui" en parler ?
Lia soupire. Ca risque d’être compliqué en effet.
-Je verrai le moment venu. Merci encore, on se voit à la maison !
-Yep, bon courage !
Lia se tourne vers le bâtiment et inspire un bon coup. C’est parti.
***