Sea, Six and Sun - Ineffable summer 2024

Chapitre 7 : Summer dress - robe d'été (prompt n°15)

797 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/08/2024 15:03

Leurs journées étaient rythmées par les grasses matinées, les après-midi à la mer, les restaurants, les pique-niques, les cocktails et les glaces. Ils estimaient que ce temps rien qu'à eux - ces heures volées au Paradis, à l'Enfer et à leurs devoirs respectifs - était largement mérité, rien que par le haut fait d'avoir empêché la Fin du Monde. Bien sûr, quelques escapades dans la Bentley les sortaient parfois de cette routine, de même que d'innombrables frasques entre les draps du lit king size, pratiquement le seul meuble de leur chambre. Autant de divines occupations...


Ce jour-là, Crowley, volontiers enclin à se plaindre, ne dérogea pas à son penchant ronchon :

- Cette serviette de plage finit immanquablement trempée en fin de journée, à force de se sécher dessus en sortant de la baignade. Ça garde bien la flotte cette saloperie d'éponge. Encore plus l'eau de mer.

- Un petit miracle, mon cher ? proposa gentiment Aziraphale, toujours indulgent face aux accès de mauvaise humeur du démon, tel un parent prompt à se laisser attendrir par les caprices de sa progéniture.

- Nah. Pas besoin de se faire remarquer par des mini-miracles domestiques. ILS nous foutent la paix pour le moment, faisons en sorte que ça dure...


Ils firent donc halte en rentant le soir à la boutique « Fashion Style », devant la plage, où Crowley fourragea de longues minutes parmi les serviettes, maillots de bain, paréos, chaises pliantes, lunettes de soleil, chapeaux, crèmes solaires, et un vaste assortiment de pelles, seaux et autres jouets de plage. Il choisit finalement un superbe paréo en viscose, de dimensions généreuses, dans un magnifique imprimé de pommes stylisées dans des tons rouges et verts.

- Vous verrez, ça sèche très vite ! lui assura la vendeuse.

- Qu'est-ce que t'en penses ? fit-il à l'ange. C'est léger, ça m'a l'air confortable, et si ça sèche vite...


Depuis, il ne quittait plus son paréo. Il le posait sur le sable pour s'y allonger, sur le sol au cours de leurs pique-niques pour garder nourriture et boissons à l'abri des brins d'herbe et des grains de sable, dans le hamac où il appréciait la sensation de fraîcheur sur sa peau un peu malmenée par le soleil. Il le lavait soigneusement tous les soirs, une heure après il était sec.


Un beau jour, il entreprit de l'installer en voile d'ombrage entre les arbres pour ses longues siestes. Le résultat fut concluant : sans masquer la lumière, le fluide rectangle de tissu réduisait l'éblouissement visuel, de sorte qu'il pouvait se passer de ses éternelles lunettes de soleil. Voletant sous le souffle de la brise, la multitude de pommes semblait tomber de l'arbre.

Il arrivait même que l'étoffe soyeuse serve de drap pour les nuits trop chaudes, quand la couverture était superflue.



Aussi, la surprise de l'ange fut intense lorsque le démon sortit de la chambre ce matin-là. Occupé à leur préparer un copieux petit-déjeuner, il se retourna en l'accueillant d'un "Bonjour, mon cher. Bien dorm... ?"

Crowley se tenait appuyé contre la porte, des mèches fauves s'échappant par vagues d'un approximatif chignon. Il avait enroulé le paréo autour de sa silhouette gracile, nouant sommairement deux extrémités sur une épaule, ceinturant sa taille fine de l'un des pans, et exposant par l'échancrure une jambe gracieuse dotée d'un bronzage appétissant. Il semblait vêtu d'une toge élégante, dont le drapé aurait fait pâlir de jalousie les Marbres d'Elgin. Aziraphale pâlit d'ailleurs, mais de stupéfaction, l'étudia de haut en bas, puis vira du blanc au rouge sous l'effet d'une toute autre pensée. Il tenta de faire bonne figure mais sa voix le trahit alors qu'il bafouillait d'une voix rocailleuse :

- Ma parole, tu... tu reprends du service ?

- Quoi ? fit Crowley d'un air qu'il s'efforçait - manifestement sans succès - de rendre angélique.

- Essaierais-tu de me tenter, très cher ? Ces pommes... ronronna l'ange en s'approchant. C'est doux, murmura-il en caressant du bout des doigts l'étoffe soyeuse. C'est souple, jaugea-t-il en glissant sa main dans les plis du vêtement improvisé. Regarde-toi, tu es magnifique, souffla-t-il alors que ses lèvres effleuraient l'épaule dénudée, plus attirante qu'un aimant.

- Ton petit-déjeuner va refroidir, mon ange, avertit Crowley en réprimant à grand-peine un sourire victorieux.

- C'est égal, gronda Aziraphale en repoussant le démon vers la chambre, d'une main tendre mais décidée. Et ne t'inquiète pas : je te referai six expressos dans un grand mug...



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