Un monde d'Arcs-en -ciel

Chapitre 11 : Officieusement amies

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Dernière mise à jour 09/11/2016 20:15

Chapitre 11 : Officieusement amies

 
             Afin qu’elles en sachent plus l’une sur l’autre, Ayumi donna rendez-vous à Maya le lendemain dans le salon de thé face au théâtre Daito. En quittant la salle, elle aperçut Rei qui avait accompagné Maya à la cérémonie. Cette fille l’intriguait et l’attirait tout à la fois. Elle aurait aimé savoir jusqu’à quel point elle était androgyne.
Laissons cela pour l’instant. D’abord, devenir l’amie de Maya. Ensuite, nous verrons bien…
Rei avait également vu Ayumi et elle avait senti son cœur battre plus vite.
Non, encore ! Mais avec toutes les filles qui me tournent autour, pourquoi est-elle la seule à me faire cet effet. Pourtant je ne suis pas… enfin, je crois…
Après la remise des prix, un bal fut donné. Maya, qui ne savait pas danser, se tenait seule près du mur. Masumi se dirigea vers elle.
-M’accorderez-vous cette danse, Ojô-san ?
-Mais… Euh… C’est que je ne sais pas…
-Ne t’en fais pas. Je te guiderai. Un prix du meilleur second rôle féminin ne peut pas faire tapisserie !
Il lui indique où placer ses mains puis commence à la faire tourner au son de la valse.
-Tu vois, tu te débrouilles plutôt bien.
Le cœur de Maya bat de plus en plus vite. Tout le monde dans la salle les regarde danser.
-Hayami-san, je suis gênée. Tout le monde nous regarde…
-Laisse-les faire. Cela fera une bonne publicité.
À ce moment-là, une femme fit involontairement un croche-pied à Maya, qui bascula vers l’arrière. Pour l’empêcher de tomber, Masumi l’attrape et la presse contre lui. Dans ses bras, Maya ressent une curieuse impression.
C’est… C’est comme cet été dans le pavillon de mon inconnu aux roses pourpres. Mais… Non, ça ne peut pas être lui ! Cet homme cruel, sans cœur et sans scrupules…
Elle s’éloigne rapidement de lui et Masumi voit dans son regard qu’elle est troublée. L’aurait-elle identifié comme son fan anonyme ?
-Décidément, Chibi-chan, tu n’es pas prête pour les scènes d’amour !
Et il se dirige vers la porte où l’attendait Mizuki. Celle-ci avait assisté à la scène et souriait d’un air narquois.
-Tu viens de faire exploser la côte de cette fille, Masumi ! Bien joué !
En effet, un tas de personnes entourait Maya pour la féliciter et lui demander des autographes.
-Mais prends garde que personne ne te la chipe !
-Que veux-tu dire par là, Saeko ?
-Tu n’as pas encore compris ? Tu es amoureux d’elle, mon pauvre. Et à un  point dont tu n’as pas idée.
-Arrête de délirer ! Ce n’est qu’une gamine, je ne suis pas ce genre de type.
-Tu vas utiliser encore longtemps ce faux prétexte ? Elle a seize ans, ce n’est plus une enfant. Elle est en âge de faire l’amour, tu peux me croire. Tiens, et si tu lui envoyais des roses pourpres, pour la féliciter ?
Masumi n’en revenait pas. Comment a-t-elle compris ? Il la savait intelligente, mais pas aussi intuitive et perspicace.
Décidément, on ne peut rien te cacher, Saeko. Je dois avouer que tu as vu juste. Et je dois arrêter de me voiler la face. Oui, je t’aime, Maya, à un point qui me surprend moi-même et me fait peur. Mais qu’est-ce que cela change ? Tu me détestes tant que je ne peux que t’aimer dans l’ombre.
         Le lendemain, Maya et Ayumi se retrouvèrent au salon de thé. Maya était intimidée et ne savait quelle contenance prendre. Ayumi s’en aperçut et se confia la première. Elle raconta son enfance solitaire et son combat pour sortir de l’ombre de ses parents. En l’écoutant, Maya découvrit qu’elle était en réalité tout le contraire de ce qu’elle semblait être. Chaleureuse, sensible et simple. Alors, pourquoi ce masque de froideur et de fierté ?
-Je n’y peux rien, Maya. Les gens m’admirent, mais personne n’a vraiment recherché mon amitié. Et je ne trouvais personne que j’aurais voulu avoir comme amie. Jusqu’à ce que je te rencontre. J’ai vu chez toi quelque chose qu’aucune autre fille de ma troupe ne possède : une passion pour le théâtre aussi intense que la mienne.
-C’est vrai. Le théâtre est devenu ma seule raison de vivre.
À son tour, Maya raconta son enfance ennuyeuse, ses nombreuses maladresses, le fait que tout le monde la traitait de bonne à rien, mais aussi son goût pour tout ce qui était spectacle et son don d’imitation. Ce n’est qu’après sa rencontre avec Chigusa qu’elle s’était aperçue que ce don recouvrait quelque chose de bien plus profond. Ayumi découvrit en Maya une fille douce, généreuse, aimable et à laquelle il était très difficile de résister. Elle comprit pourquoi Maya avait autant d’amis.
-Maya, tu veux bien être mon amie ? Notre rivalité n’est pas un empêchement, n’est-ce pas ?
-Bien sûr que non, Ayumi-san ! Je serais ravie d’être ton amie. Je t’admire tant !
-Moi aussi, figure toi. Je t’admire et je suis un peu jalouse de ton talent. Mais je t’en prie, appelle-moi seulement Ayumi, comme moi je t’appelle Maya. D’accord ?
-Avec plaisir, Ayumi.
-Tu sais, je dois te remercier.
-Me remercier ? Pourquoi donc ?
-Parce que, avec toi, et toi seulement, je peux me montrer telle que je suis vraiment. Et ça me fait un bien fou. Merci, mon amie.
         Maya avait obtenu un rôle dans un drame à la télévision intitulé Lumière céleste. De son côté,  Ayumi avait obtenu un rôle dans un autre drame intitulé Les Souvenirs de l'Arc-en-ciel. Ces deux séries allaient être tournées un mois plus tard, par la même chaîne et les studios se trouvaient dans le même bâtiment. En attendant le début du tournage, Maya et Ayumi se rencontraient presque tous les jours. Leur amitié, née le lendemain de la remise des prix, s’était considérablement approfondie, et, de simples rivales, elles étaient devenues amies intimes, sans que personne, mis à part Rei, ne fut au courant. Un soir, en raccompagnant Maya à la pension, Ayumi vit Rei qui attendait devant la porte, le nécessaire de bain à la main. Ayumi rougit légèrement et son cœur se mit à battre plus vite. Au même moment, la même chose se produisait chez Rei. Prenant son courage à deux mains, Rei dit à Ayumi :
-Maya et moi allons prendre un bain. Ça te dirait de nous accompagner ?
La perspective de découvrir les corps nus de Maya, et surtout de Rei, n’était pas pour lui déplaire.
-Ce serait avec plaisir, mais je n’ai pas le matériel…
-Ne t’en fait pas pour ça. Je vais te prêter ce qu’il te faut.
-Bon, dans ces conditions, ce sera avec plaisir. Tu es d’accord, Maya ?
-Bien sûr, Ayumi. Rien ne me ferait plus plaisir.
Ayumi renvoya sa voiture et accompagna les filles au bain public du quartier. Une fois dévêtues dans le vestiaire, Ayumi retint un cri de surprise. Elle avait elle-même un corps parfait, mais ne s’attendait pas à ce que celui de Maya n’ait rien à lui envier. Quand au corps de Rei…
Des petits seins, mais si beaux. Tiens, ses hanches sont plus larges que je ne le pensais. Ce sont ses vêtements et sa coiffure qui lui donnent cet air de jeune homme. En réalité, elle est très féminine.
Après s’être lavées et douchées, elles allèrent toutes trois dans le bassin. Là, Ayumi et Rei s’amusèrent à détailler et à commenter toutes les parties du corps magnifique de Maya, y compris la plus intime. La pauvre ne savait plus où se mettre et passait par toutes les nuances de rouge.
-Arrêtez, les filles, vous me gênez terriblement ! Vous n’êtes vraiment pas sympas !
-Mais c’est parce qu’on t’adore, Maya chérie. N’est-ce pas, Rei ?
-Bien sûr, je serais si malheureuse sans ma petite sœur adorée.
-En tout cas, c’est fini ! Je ne prendrai plus jamais le bain avec vous deux !
Elles retournèrent à la pension, de bonne humeur et riant en chemin. Arrivées devant la porte, Ayumi prit congé en serrant longuement la main de Rei.
-Le courant a l’air de bien passer entre vous deux, non ?
-Oui, mais il y a autre chose. Je… Oh non, c’est trop bizarre !
-Dis toujours. Qu’est-ce qui est bizarre ?
-Eh ben… Ne ris pas ! Elle m’attire. C’est fou, non ? Je ne te choque pas, au moins ?
-Non, tu sais, il y avait des filles comme ça dans la troupe.
-Mais justement, je ne suis pas comme ça. Enfin, je crois… Si tu savais, j’étais si excitée dans le bain…
-Je m’en doute. Ça m’arrive à moi aussi, et c’est encore plus bizarre que pour toi !
-Tu rigoles, plus bizarre, tu meurs ! Alors, raconte. Qui t’excite tant ? Ne me dis pas que c’est Sakurakouji-kun ! Impossible, n’est-ce pas ?
-Oh, il y a bien eu une époque où il me troublait, mais c’est fini.
-Alors ? Oh, ne me dis pas que c’est… Hayami-san ?
-Si… Tu vois, c’est encore plus bizarre que toi, car je le déteste !
-Tu sais, ça ne m’étonne pas trop. J’ai toujours pensé qu’il y a une sorte d’alchimie entre vous. Mais bon. Dis-moi… Euh… tu ne veux pas essayer de savoir si Ayumi-san de son côté… Euh…
Maya sursaute et rougit jusqu’aux oreilles.
-Tu te rends compte de ce que tu me demandes ? Et si elle se fâche ? Je tiens à son amitié, moi !
-Je suis sûre qu’elle t’aime trop pour se fâcher avec toi. Allez, ma petite sœur chérie, fais ça pour ton onee-chan préférée !
-Bon, je vais essayer. Mais ne viens pas pleurer après si la réponse ne te convient pas.
Maya n’eut pas à chercher. C’est Ayumi qui dès le lendemain lui passa un coup de fil pour lui fixer un rendez-vous.  Pour une fois, Ayumi avait l’air mal à l’aise.
-Tu sais, Maya, ton amie Rei… Euh, comment dire… Elle m’attire, je ne comprends pas pourquoi, mais c’est un fait. J’étais si excitée dans le bain hier !
-Peut-être es-tu lesbienne sans le savoir, non ?
-Non ! Enfin, je ne le crois pas. Les filles ne m’ont jamais attirée. Mais Rei… Dis, tu ne voudrais pas essayer de savoir si…
-Si tu lui produis le même effet ? Inutile, elle me l’a déjà dit. On dirait que vous avez eu le coup de foudre, toutes les deux !
-Dans ce cas, est-ce que tu pourrais lui dire…
-Ah non, ma grande. Prenez vos responsabilités toutes les deux ! Tiens, propose-lui un rendez-vous. Je suis sûre qu’elle l’accepterait avec joie.
Ce qui fut fait le soir même, lorsqu’Ayumi raccompagna Maya à la pension. En attendant que Rei se prépare, Ayumi dit à Maya :
-Ne l’attends pas cette nuit. Il se peut qu’elle ne rentre pas.
-Chic alors ! Je n’entendrai pas ses ronflements.
Voyant la tête que fait Ayumi, elle éclate de rire et ajoute :
-Je plaisante, voyons. C’est moi qui ronfle !

 

À suivre...
 

 

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