Ennemi ou ami, imaginaire ou réel? Ou Jakyll et Hyde à la Ghost Whisperer
15 juillet 2006, en après-midi, dans la bijouterie Gold and Cie.
Delia et moi sommes près du comptoir, en train de regarder les bagues. Mon associée veut choisir son alliance pour son mariage avec son fiancé, Timothy. J’ai accepté de l’accompagner pour la conseiller. Au bout de je ne sais combien de temps, car je n’ai pas amené de montre, elle se décide pour une bague en or sans chaton. Delia indique au bijoutier l’anneau qui l’intéresse, et celui-ci le sort du présentoir. Elle achète la bague, qui est rangée dans une boîte à bijoux. Mon associée la prend et nous sortons de la bijouterie. Nous faisons quelques pas à l’extérieur lorsque nous voyions un homme vêtu de noir, avec une cagoule noire sur sa tête, entrer dans l’édifice.
Je pense, effrayée : « On dirait un voleur… Ah, mon Dieu ! »
Je me signe par automatisme.
Delia m’interroge :
– Madame Gordon, je trouve cet homme vraiment bizarre… Qu’en…
Elle ne termine pas sa phrase, interrompue par un bruit de détonation à l’intérieur de la bijouterie. Nous nous éloignons rapidement de l’endroit. Depuis une distance sécuritaire, Delia et moi nous nous retournons, pour voir les clients de la bijouterie sortir en trombe, fuyant précipitamment l’endroit. Des sirènes se font entendre. Des voitures de police accourent devant le petit magasin. Je pense malgré moi : « En espérant que ce n’est pas encore un coup sordide de Carl Neely ! »
Mon associée commente d’une voix tremblante : – On dirait…
Je termine sa phrase d’une voix chevrotante : – … qu’il a eu… un… vol… vol armé…
Elle confirme mes propos en bougeant sa tête de haut en bas.
Je remarque alors qu’un esprit errant se promène dans la rue. C’est celui du bijoutier. Je le reconnaîs à sa stature et à ses vêtements, à savoir un pantalon jeans large, un chandail noir par-dessus une veste de denim. Je l’observe discrètement. Il marmonne lorsqu’il passe près de moi :
– Madame, pourquoi tout le monde m’ignore ? Pourquoi tout le monde regarde à travers moi ? Pourquoi personne n’interagit avec moi ?
Je lui réponds mentalement : « Parce que la plupart des gens ne peuvent pas vous voir… Ils n’ont pas un don comme moi, qui fait en sorte qu’ils communiquent avec les esprits… »
Les sourcils levés, il balbutie :
– Madame, êtes-vous certaine de ce que vous avancez ?
Je réplique mentalement, tout en marchant : « D’accord… Vous semblez incrédule… C’est correct… Je peux très bien comprendre… »
Je fais une courte pause puis je continue par la pensée ma réponse à l’entité, mais en la regardant discrètement : « Je sais très bien que peu de gens croient en mon don… Mais êtes-vous certain de ne pas vous souvenir de quelque chose ? »
L’esprit du bijoutier balbutie :
– Un homme… en… noir, avec une cagoule noire… entre… d.. dans ma… dans mon petit magasin, peu après que vous soyez sorties…
Je l’interromps mentalement : « Je le sais, car nous… euh… Madame Delia Banks et moi… l’avons vu… »
Il continue : – Au moins, vous savez qui est cet homme…
Je le corrige : « J’ai compris que vous parlez de cet homme-là, mais j’ignore son nom… Le savez-vous ? »
Mon interlocuteur proteste : – Non ! Je ne sais même pas pourquoi il est entré !
Une fois rendues devant ma boutique, je salue mon associée, qui me salue en retour et qui continue sa route. Moi, je rentre dans ma boutique, suivi par l’esprit errant.
Une fois à l’intérieur, j’aborde l’entité d’un ton chaleureux : – Monsieur, quel est votre nom ?...
En déposant ma main droite sur ma poitrine, je dis : – Moi, c’est Melinda Gordon…
En faisant un geste vers l’esprit, je demande : – Et vous ?
Il répond d’un ton neutre : – Je m’appelle Randy Cooper.
Je le remercie d’un signe de tête discret puis j’enchaîne d’une voix neutre :
– Monsieur Cooper, vous me dites que vous ne savez pas ce que…
Je termine ma phrase d’une voix tremblante: – ce que… voulait… l’homme armé…
Il demeure silencieux, mine pensive, pendant un certain temps avant de répondre d’une voix tremblante :
– Il… Il… veut… voulait… prendre… une bague avec un chaton en diamant…
Je demande en un souffle : – L’a-t-il pris ?
– Oui…
Randy se tait et reprend au bout d’un certain temps d’une voix tremblante :
– Malgré… que je… lui ai donné… la bague… qu’il voulait prendre… Il a pointé son arme à feu sur ma poitrine…
Je murmure, sans doute avec une moue de dégoût : – Merci, mais inutile de préciser davantage…
– D’accord… Le fait… L’homme en noir a visé sur moi…
Il hausse la voix :
– C’est ce qui me révolte le plus ! Si au moins, c’était pour obtenir ce qu’il voulait !
Il termine sur un ton courroucé : – C’est injuste !
Malgré les larmes qui me montent aux yeux, je réplique d'une voix tremblante :
– Je comprends… Votre réaction…
L’esprit murmure d’un ton bourru : – Merci !
Il parle ainsi puis il s’évapore dans les airs jusqu’à ce qu’il disparaisse complètement de ma vue. Je soupire, ne comprenant pas grand-chose à son histoire.
Je me dirige vers l’arrière-boutique lorsqu’un esprit apparaît dans le cadre de la porte, me faisant sursauter. C’est l’Observateur français. Lorsque je note sa mine sérieuse, je me dis à moi-même que son arrivée n'annonce rien qui vaille.
Comme s’il a lu mes pensées, il me sourit gentiment pendant quelques secondes puis il commente d’un ton neutre :
– En effet, Madame Gordon, vous avez bien compris que ce que j’ai à vous dire au sujet de Monsieur Randy Cooper n’est pas du tout léger… Mais je vous rassure immédiatement que ce n’est pas le pire…
Je pense, en me signant par automatisme « Dieu soit Loué ! »
Jean Bude de Guébriant reprend d’un ton neutre :
– Surtout que Monsieur tait une partie de son histoire… Il ne vous a pas tout dit…
Je soupire en pensant : « Comme c’est toujours le cas avec les esprits errants ! Dieu merci qu’aucun secret n’est éternel… Et qu’il y a toujours un moyen de connaître la vérité… Ne serait-ce que de la bouche des Observateurs comme vous… »
Il réplique d’un ton neutre : – Vous avez tout à fait raison…
Il fait une courte pause silencieuse puis reprend, le visage aussi inexpressif :
– Que je revienne à Monsieur Randy Cooper… Je vais vous dire, moi, la raison de sa triste fin tragique…
Par automatisme, je fais un geste rotatif de la main.
Jean Bude de Guébriant poursuit : – Il était un complice du Federal Bureau of Investigation, plus précisément de l’agent Matthew Mallinson…
Je pense, perplexe : « Il me semble que j’ai déjà entendu plusieurs fois ce nom… C’était l’homme que j’ai rencontré après l’écrasement de l’avion, n’est-ce pas ? »
Comme si mon interlocuteur a lu mes pensées, il les confirme en secouant sa tête de haut en bas.
L’Observateur continue son explication d’un ton neutre :
– Eh bien, vous devez savoir que la bague que l’homme masqué a voulu prétendûment prendre a été en réalité une manière pour le bijoutier de l’amadouer…
Je l’interromps, révoltée en mon for intérieur, en pensant : « Le menteur ! »
Comme s’il ignorait mes pensées, mon interlocuteur ne sourit même pas :
– … car il a compris que l’homme en noir est venu pour le tuer. Je dois préciser que cet homme est un criminel payé par Carl Neely…
J’interviens, complètement dépassée par ce que je viens d’entendre : – Pourquoi ?
– Parce que Monsieur Cooper est un complice de l’agent Matthew Mallinson, il était au courant du réseau policier qui collabore avec le Federal Bureau of Investigation…
Perplexe, je pense, en agitant mes mains par automatisme : « Comment a-t-il pu le savoir ? »
Il répond, comme s’il a lu mes pensées : – Si Monsieur Cooper soupçonne le réseau policier, c’est en raison du fait que Carl Neely l’avait contacté une fois en 2000 afin qu’il vende une bague à un habitant de Grandview qui a été alors suivi par le Federal Bureau of Investigation…
Je pense, trop gênée pour l’interrompre : « Quelle histoire sordide ! Mais pourquoi des simples habitants de la ville sont suivis par des espions ? »
Comme si mon interlocuteur ignore mes pensées, il continue sans sourciller :
– Sauf que la manière que Monsieur Carl Neely a exprimé sa demande, qui a été plutôt un ordre, semblait bizarre à Monsieur Randy Cooper. Il a l’impression d’entendre un homme qui venait de temps en temps dans sa bijouterie pour lui proposer des offres bizarres, telles que vendre telle ou telle bague à untel ou unetelle… Ou encore de ne jamais vendre un collier particulier à un autre… Là, je vous épargne les détails…
Je fronce des sourcils, encore plus perplexe. Je reste sans mots. Je n’arrive même pas à formuler une pensée claire dans ma tête. J’ai l’impression que tout ce que je viens d’entendre se bouscule dans ma tête.
Jean Bude de Guébriant :
– De sorte qu’une telle attitude lui a mis la puce à l’oreille. S’il a des doutes sérieux, c’est parce que l’esprit errant de l’une des victimes de Carl Neely a possédé temporairement le bijoutier, afin qu’il le surprend en pleine conversation téléphonique avec son supérieur, comme le message était codé, et qu’il connaît le code, il a alors immédiatement compris qu’il travaille aussi pour le Federal Bureau of Investigation. Sauf qu’il n’était pas du tout d’accord avec les meurtres des innocents… Maintenant que Monsieur Cooper savait ce secret, il a voulu les dénoncer aux autres habitants de la ville. Du coup, il a sincèrement regretté d’avoir été leur complice. Comme il l’a dit à sa femme, qui n’a pas tenu sa langue… Et voilà que Matthew Mallinson a cherché par tous les moyens à le faire périr avant que tous les habitants de votre ville soient au courant de son réseau de policiers complices.
Je me signe par automatisme en pensant : « Que le Seigneur nous protège de ces salauds ! »
Le Français poursuit sans sourciller, d’un ton toujours neutre :
– Évidemment, en tant que complice, le bijoutier recevait une prime qu’il a caché dans un vieux berceau dans le sous-sol de sa maison…
Je pense, fâchée contre l’esprit errant : « Pourquoi ne me l’a-t-il pas dit ? »
Comme s’il ignore ma pensée, il continue :
– S’il a accepté ce deuxième salaire, si je le dire ainsi, c’est pour être certain de ne pas manquer d’argent afin de soigner sa petite fille, prénommée Rose, qui est malade. Sauf que la pauvre enfant n’est que plus malade depuis qu’il a vendu son âme au Diable, en acceptant cet argent et en devenant complice du Federal Bureau of Investigation…
Je pense, attristée par la condition de la fille du bijoutier : « Ah mon Dieu ! Prends cette enfant en pitié ! »
Mon interlocuteur continue :
– Si Monsieur Cooper vous aurait dit sa dernière volonté et ses sincères regrets, il aurait omis intentionnellement de souligner la source de cet argent. Ceci vous aurait mis en danger, Madame Gordon, c’est pourquoi je suis content en un sens, que j’ai réussi à vous influencer pour que vous oubliez cette question…
Perplexe, je murmure :
– J’ignorais que les esprits pouvaient ainsi agir sur les vivants… Dois-je m’en inquiéter ?
Mon interlocuteur me sourit furtivement puis dit d’une voix douce : – Maintenant, vous le savez. Mais vous ne devez pas vous en inquiéter, c’est normal… Les esprits peuvent agir sur les pensées des vivants…
Le sourire s’efface de son visage et il reprend d’un ton sérieux : – Que je revienne à ce que je disais… Le bijoutier de Gold and Cie veut jouer sur la carte de l’innocence pour vous piéger dans son sous-sol.
Les larmes me montent aux yeux. Je bégaye d’une petite voix : – Pour… Pourquoi ?
– Parce qu’il a peur que vous aurez alors compris qu’il était un complice du Federal Bureau of Investigation… Si vous l’aurez même deviné, il aurait possédé son beau-frère, le mari de sa sœur aînée… Leurs noms n’ont pas d’importance pour vous…
Je cligne des yeux pour réprimer mes larmes. Juste à imaginer ce danger, j’ai très peur… Mes mains tremblent malgré moi. Surtout lorsque je sais ce dont Carl Neely est capable… Je ne peux pas m’attendre à ce que ses complices soient différents. Je pense : « Que le Seigneur soit loué de m’avoir éviter d’être en danger… C’est Jim qui aurait été alors inquiet... Je préfère ne pas imaginer une telle situation… »
Mon interlocuteur confirme mes pensées :
– En effet, Madame Gordon, vous avez raison… L’important n’est-ce pas d’être en sécurité ?
Je sèche rapidement la larme qui apparaît timidement dans le coin de mes yeux puis je balbutie :
– Si je comprends… je comprends bien… ce que vous voulez me dire… je serais en danger si j’aurais voulu aider Monsieur Cooper à réaliser… sa dernière volonté… C’est-à-dire d’informer sa femme qu’elle doit récupérer l’argent…
– Exactement ! De sorte que je m’occuperai personnellement de le faire passer dans la Lumière… Et je vous en informerai dès que c’est fait.
Je murmure d’un ton neutre : – Comme si je n’aurais pas été capable de régler son cas…
Un petit sourire au coin des lèvres, Jean Bude de Guébriant réplique :
– Ce n’est pas du tout une question d’être capable ou non… C’est une question de sécurité et de prudence, Madame Gordon… Je ne peux point vous laisser l’aider sans vous avertir du danger… Sinon, je ne fais pas mon travail comme il faut…
Je pense ironiquement : « Moi qui pensait que les Observateurs ne faisaient que regarder ce qui se passe ! Aider des esprits, c’est le travail des passeurs d’âmes, pas des Observateurs… À moins que votre rôle ait changé et que vous êtes davantage actif ? »
Sans doute que le Français a lu mes pensées, étant donné le petit sourire qui apparaît furtivement. Il réplique d’une voix chaleureuse :
– Ne vous inquiétez pas, nous, les Observateurs, pouvons agir sur les vivants comme nous l’entendons… Nous avons quand même un champ d’action qui nous est permis…
Je proteste : – En tout cas, cette possibilité d’action comme vous le dites ne permet pas de justifier le fait que vous aidez à ma place un esprit errant à partir dans la Lumière…
En croisant mes bras sous ma poitrine, je poursuis d’un ton un peu courroucé :
– C’est déjà le deuxième esprit qui a été réglé par un Observateur…
Sans se départir de son calme, l’Observateur dit en agitant un peu ses mains vers ma direction : – Madame Gordon, ne vous fâchez pas… Surtout quand il est question de votre sécurité… Vous devez, au contraire, être contente que ma collègue Laurie et moi utilisons notre pouvoir discrétionnaire pour alléger votre tâche de passeuse d’âmes… À votre place, vous devriez être reconnaissante d’une telle aide…
Je décroise mes bras et je murmure d’un ton bourru :
– Alors, merci beaucoup…
Peu de temps après, l’Observateur français disparaît en passant à travers le mur de l’arrière-boutique. Je reviens derrière le comptoir, les jambes et les mains tremblantes malgré moi, surtout à la pensée que le beau-frère de Randy Cooper m’aurait peut-être tué… Pour me calmer, je récite mentalement trois fois de suite une prière à la Vierge. Une fois calmée, je m’occupe à ranger quelques objets sur les rayons des étagères de la boutique. Le reste de l’après-midi est tranquille. Seuls quelques clients sont entrés et ont acheté différents objets. Au moins, j’ai du travail en tant qu'antiquaire ! Et les objets se vendent… Ainsi, le chiffre d'affaires pour le mois sera bon.
Vers 17 h 00, je ferme ma boutique et je reviens chez moi, où l’Observatrice me salue, car elle veille sur mes fils. J’ai complètement oublié que Jim a cours en après-midi et qu’il ne reviendra que dans quelques minutes. Lorsqu’il est devant la porte, je la lui ouvre pour le laisser entrer. Une fois le souper consommé et la vaisselle propre, lorsque nos fils sont envoyés au lit, je lui résume les principaux événements de la journée, sans cacher ni mon inquiétude quant au scénario voulu par l’esprit errant du bijoutier, ni mon soulagement quant à la solution proposée par l’Observateur. Mon époux me rassure en me câlinant doucement. Il commente simplement que l’essentiel n’est-il essentiel que je sois saine et sauve et qu’une solution puisse exister, Dieu merci. Apparemment, je suis vraiment née sous une bonne étoile pour être si bien protégée, ajoute-t-il. Je confirme ses propos d’un mouvement de tête positif.
J’ajoute dans un murmure : – Dans tous les cas, Jim, je te tiendrai au courant de la fin de cette histoire… Je dois t’avouer que j’espère tellement savoir la suite… je suis assez intriguée par la capacité des Observateurs à convaincre les autres esprits de partir dans la lumière…
Mon mari réplique d’une voix chaleureuse :
– C’est vrai que ça m’intrigue… Au moins, Mel, vois ça comme un allégement de ta tâche…
– C’est vrai… Tu as raison…
Nous nous endormons enlacés, après avoir récité la prière du soir. Mon sommeil n’a pas été troublé, Dieu merci, par un cauchemar.
Le lendemain, après le petit-déjeuner, mon époux a cours le matin. De sorte qu’il ne reviendra qu’au midi. Moi, je reste à la maison avec nos fils. La boutique, elle, est gérée par Delia. Je ne passerai qu’en après-midi pour m'assurer que tout va bien. D’ailleurs, s’il y a une urgence, elle a mon numéro de maison pour m’appeler.
Comme il fait soleil, Christopher me demande de sa petite voix fluette si lui et Jack peuvent aller jouer au parc. J’accepte. Nous nous rendons à l’endroit en peu de temps. Je regarde mes fils jouer dans le module à jeux lorsque l’Observateur français apparaît devant moi.
Étonnée, je pense, en tournant mon regard vers lui : « Avez-vous déjà réglé le cas de Randy Cooper ? »
Il confirme en secouant sa tête de haut en bas. Il ajoute aussitôt :
– Oui… Je vais vous expliquer comment Monsieur est parti dans la Lumière…
Je soupire de joie.
Jean Bude de Guébriant continue : – Je lui ai suggéré, après une âpre discussion, de posséder sa femme, Lynn Cooper, afin qu’elle trouve aussitôt la cachette convoitée. Ramassant l’argent, elle et sa fille sont en route vers une autre ville présentement… Très loin de Grandview…
Je pense, en me signant et en levant les yeux au ciel par automatisme : « Que le Seigneur soit Loué ! »
Il me sourit gentiment puis ajoute :
– Quant à Monsieur Cooper, je suis parvenu à le convaincre de partir dans la Lumière en lui disant que ses regrets ne l’aident point à quitter le monde des vivants. Je lui ai expliqué certains faits de sa vie et il a fait la paix avec lui-même. Il est parti dans la Lumière il y a quelques minutes.
Je réplique mentalement, émue : « Merci beaucoup ! »
Il dit : – Il n’y a de quoi ! Je ne fais que mon travail…
L’Observateur s’évapore dans les airs jusqu’à ce qu’il disparaisse de ma vue. Je suis contente qu’il ait un esprit errant de moins dans la ville. Seulement, ce qui m’attriste dans cette histoire, c’est encore une fois l’implication de Carl Neely et de son sordide réseau. D’un geste de la main droite, je chasse mes sombres pensées pour me concentrer sur mes enfants qui jouent joyeusement sur le toboggan du parc.
Lorsque la faim se fait sentir, j’appelle Christopher et Jack pour leur dire de cesser leur jeu pour pouvoir revenir à la maison. Aussitôt dit, aussitôt fait, je cours à la cuisine pour réchauffer le repas du midi, à savoir des pierogis au chou blanc et à la viande. Lorsque tout le monde est servi, voilà Jim qui est à la porte.
Je crie : « Tu arrives à temps ! Les pierogis sont réchauffées ! »
Mon époux entre et nous nous attablons. Après le repas, Jim et moi faisons la vaisselle. Je profite de ce moment pour lui expliquer en résumé les propos de l’Observateur. Il m’embrasse sur les lèvres en signe d’encouragement ; je lui rends son bisou.