Ennemi ou ami, imaginaire ou réel? Ou Jakyll et Hyde à la Ghost Whisperer

Chapitre 36 : Suite des histoires de Carl Neely

1166 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a environ 1 mois


7 mai 2006, 14 h 00.


Je suis au salon, en train de tricoter une écharpe. Jim est sorti avec nos fils au parc, question de profiter de la journée ensoleillée.

Tout à coup, sans aucun avertissement, voilà que l’Observateur est devant moi. 

Je sursaute malgré moi en pensant : « Que voulez-vous encore me dire ? »

Il affiche une mine sévère et répond : 

– Des informations au sujet de Carl Neely…

Je lâche mon tricot, que je dépose sur le canapé à ma droite puis je l’enjoins d’un geste rotatif de ma main à développer.

Jean Bude de Guébriant poursuit d’un ton glacial : 

– Est-ce que vous vous êtes demandé pourquoi Carl Neely s’était intéressé à Mademoiselle Stacy Chase en septembre 1998 ?

Je réponds dans un murmure : 

– Non…

– Et bien, je vous l’explique à l’instant… Il voulait faire d’elle son amante occasionnelle…

Je l'interromps en levant ma main droite comme une écolière gênée.

Mon interlocuteur fait un geste de tête pour m’inviter à poser ma question.

Je m'éclaircis la gorge puis je commente d’une petite voix : 

– Pourtant, il me semble que Carl Neely était alors plus vieux et déjà un homme marié…

– En effet… Pour être plus précis, Mademoiselle avait 18 ans, Monsieur avait 25 ans et était marié depuis quatre ans à Katia Farah…

Je pense, les yeux agrandis par l’étonnement : « Comment sa femme n’avait-elle rien remarqué ? »

L’Observateur répond sans hésiter : 

– Parce que Madame Katia Farah-Neely était trop naïve et ne pouvait pas imaginer à quel homme elle s’était mariée, aveuglée comme elle était dans son amour pour lui… Mais revenons à Carl Neely et à Stacy Chase…

Il continue d’un ton neutre : 

– Je disais que Monsieur voulait faire de Mademoiselle son amante occasionnelle… Il ne faut pas oublier qu’elle est blonde…

Je pense : « Et alors ? Quelle importance ? »

Comme s’il ignore ma pensée, il poursuit : 

– Elle est donc une sorte d’ange… C’est vrai que ses intentions sont pures… Mademoiselle Stacy Chase ne veut de mal à personne… Au contraire de Monsieur Carl Neely, qui était déjà corrompu… sali… je ne sais plus quel adjectif utiliser pour désigner ce triste personnage… Et donc, il voulait profiter de la pureté de Mademoiselle pour se laver de ses différents crimes, que ce soit son amour frustré pour Mademoiselle Maryann Blair ou encore des dix innocents qu’il avait tué jusqu’alors…

Je me signe par automatisme.

Le Français continue : 

– Heureusement qu’il n’en était qu’à ses débuts… Pour éviter que ces crimes ne tombent sur lui, il voulait détourner les conséquences sur un être pur… afin de pouvoir continuer à perpétrer d’autres crimes…

Effrayée en mon for intérieur, je me signe à nouveau en pensant : « Comment est-ce possible de se laver de futurs crimes non-commis ? »

La réponse arrive aussitôt : 

– Pour ne pas avoir à payer après… Monsieur Carl Neely avait calculé qu’il vaut mieux faire payer un innocent, car il veut fuir ses propres œuvres, qu’il ne considère jamais comme mauvaises…

Perplexe, je fronce des sourcils en pensant : « Comme s’il n’avait aucun sentiment moral en lui ? »

Mon interlocuteur poursuit : 

– En un sens, vous avez raison… Je me demande même s’il en avait eu même petit… Je peux vous garantir qu’il est pourri et méchant jusqu’à la moelle de l’os… Mais laissons ces réflexions pour plus tard… Que je revienne à ce que je disais… Carl Neely s’était intéressé à Stacy Chase afin de pouvoir se laver de ses crimes. Ensuite, il comptait bien se débarrasser d’elle lorsqu’il n’en aurait plus besoin. Il avait essayé de la courtiser, sauf qu’elle n’avait manifesté aucun intérêt à son égard. Pour se venger de cet affront, il avait planifié plusieurs manières de la tuer, sauf que Todd Darger avait averti Stacy à la suite de plusieurs cauchemars sur la thématique…

Je l'interromps d’une voix douce : 

– Merci, Monsieur, mais je connais la suite…

– D’accord, alors je ne répéterai pas une autre fois. Maintenant, vous connaissez tout ce qui concerne Stacy Chase…

Il lève les yeux vers le plafond et ajoute d’un ton ému : 

– Heureusement pour Mademoiselle Chase que le Seigneur lui avait été Clément… Gloire au Seigneur et à son Fils pour des siècles et des siècles ! Amen !

Je murmure après l’Observateur : 

– Que le Seigneur soit Loué ! Amin !

Nous nous signons, lui, à la catholique, moi, à l’orthodoxe, puis mon interlocuteur s’évapore dans les airs jusqu’à disparaître complètement de ma vue. 

Je fixe pendant un certain temps la direction vers laquelle se trouvait auparavant Jean Bude de Guébriant. Je soupire en pensant : « Ah mon Dieu ! Comment un homme peut être aussi mauvais ? Tout homme n’est-il pas avant tout une créature de Dieu ? Pourquoi l’homme se laisse-t-il tenter par le Mal ? Comme s’il était si compliqué de respecter les Dix Commandements ! » 

Je reviens à mon tricot pour chasser mes pensées.



Lorsque mon mari et mes fils reviennent de leur promenade, j’accours au-devant d’eux pour les embrasser maternellement, puis je me relève pour serrer les mains de Jim entre les miennes. Une fois rendus au salon, je lui résume en russe d’une voix tremblante ma conversation avec l’Observateur français. Mon époux, pour toute réponse, m’encourage et m’enlace tendrement. Il ajoute que je ne devrais être ni inquiète ni surprise de cette conversation, car il s’agit de faits passés et que l’immoralité de Carl Neely ne devrait pas nous préoccuper, car c’est avant tout son problème et non le nôtre. Rassurée, je me rends à son avis et je l’embrasse sur les lèvres. De plus, Jim me propose de communiquer l’information à Todd Darger et à son épouse, puisqu’ils étaient concernés à l’époque. C’est ce que je fais aussitôt. Le jeune couple m’écoute attentivement, comme de bons amis.



À l’approche du souper, Jim et moi nous rendons dans la cuisine, pour préparer des vareniki au chou blanc et à la viande. Le reste du soir est comme d’habitude : la prière avant le repas, le repas, la vaisselle, un peu de tricot, envoyer Jack et Christopher dormir dans leurs lits, la prière du soir puis le sommeil tant mérité aux côtés de mon mari. 



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