Ennemi ou ami, imaginaire ou réel? Ou Jakyll et Hyde à la Ghost Whisperer
Chapitre 7 : Rencontre d'un chuchoteur d'esprits
3681 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 04/02/2024 13:19
11 mars 2001, The Antique Shop of Grandview, 13h.
Je suis dans l'arrière-boutique, en train de ranger quelques objets récemment acquis. Andrea est à la caisse. Tout à coup, à ma droite, un esprit familier apparaît : l'Esprit Observateur Jean Bude de Guébriant. D'un air inquiet, il dépose une feuille de papier, se signe puis dit : « Que Dieu vous éclaire afin que vous démasquez le Bohémien avant qu'il soit trop tard ! »
À peine a-t-il terminé de parler qu'il disparaît de ma vue avant que je puisse dire quoi que ce soit. Ébahie, je prends la feuille de papier et je lis la fine écriture. Voici le message: « Seule laideur est de pechier du quel touttefois on parle un chascun jour par son droit nom, comme du murtre, de larrecin, de fraudes et de rapines. »1
Je soupire en pensant : « Ah ! Pourquoi ne voulez-vous pas écrire en anglais, en russe ou en polonais... »
Je téléphone aussitôt au professeur Payne, en précisant que l'ami Esprit Observateur vient de laisser un message urgent. Il accepte de me rencontrer la journée même. Je dis : « J'arrive dans une dizaine de minutes ! À bientôt ! » Puis nous raccrochons nos téléphones respectifs.
Je dis à mon associée que j'ai une histoire à régler et que s'il y a de quoi, qu'elle attend mon retour. Elle hoche de la tête pour toute réponse, ayant compris le sous-entendu : « Une petite histoire d'esprit errant... »
Je prends ma veste et mes clés et je file chez mon ami le professeur. Ce dernier me reçoit à bras ouverts. Je lui explique la situation et il me livre la traduction du message. La voici : « Seule la laideur est de pécher en en parlant à chaque jour en son propre nom, tel le meurtre, le sacrilège, les fraudes et les rapines. » Et Richard Payne dit pour simple commentaire : « J'ai l'impression que le danger est imminent... Soyez prudente ! Et que Dieu vous protège ! »
Je le remercie de son aide et je reviens dans ma boutique, où mon associée, Andrea Moreno m'attend, impatiente. En face d'elle, un homme vers la quarantaine. Un objet est sur le comptoir, visiblement une petite figurine. Mon associée dit au client : « Monsieur, je ne peux pas vous aider... Heureusement, voilà la propriétaire de la boutique qui arrive comme sur commande ! »
L'homme se retourne vers moi; sa mine sérieuse se transforme en un sourire. Je remarque à sa droite un esprit errant, celui d'une femme vers la trentaine, aux cheveux brun châtain clair et aux yeux noisette, vêtue d'une longue robe blanche jusqu'aux chevilles mais serrée à la taille. L'esprit errant féminin le possède temporairement. Et l'esprit errant, par la voix du client, dit : « Faites très attention au policier en gris ! » Et la possession cesse. L'âme perdue sort du corps puis disparaît de ma vue. Je feins n'avoir rien compris. Mais je suis perplexe et je pense : « Qui est cet esprit et de qui veut-il m'avertir ? Est-ce du mystérieux Tchèque en gris ? Ceci signifierait donc que la police de Grandview cache un meurtrier très adroit... J'espère que j'ai tort dans mon raisonnement... »
Je dis au client après m'être éclaircie la voix : – Que voulez-vous, Monsieur ?
L'homme, comme s'il n'est pas conscient de ce qu'il a dit lorsqu'il été possédé, répond d'un ton neutre et un peu sévère : – Je veux acheter cet objet...
Il brandit l'objet : une petite figurine en porcelaine, représentant une fillette avec un chapeau vert forêt. Un esprit se manifeste à la droite du client. Une fillette de sept ans vêtue d'une robe d'été jaune pâle. Elle dit : « C'est mon jouet ! » Je pense : « Petite Ana, j'ai essayé plusieurs fois de te convaincre de quitter ce monde-ci... Peux-tu comprendre que tu ne peux plus jouer avec cette poupée ? » L'esprit errant soupire et réplique : « Je le sais ! Ça fait plusieurs fois que vous me le répétez depuis que ma mère a amené ici ma poupée ! Ne suis-je pas assez claire dans mes intentions ? Je veux qu'elle soit brisée, car elle est maudite ! »
Ignorant les propos de l'esprit errant, je dis au client sans sourciller : – Le prix est indiqué sur l'étiquette...
– Je le sais, mais je voudrais qu'il baisse un peu, car je trouve que pour un si petit objet, son prix est trop élevé...
– Laissez-moi deux secondes, puis je vous reviens...
D'une mine renfrognée, l'homme maugrée : – D'accord... Comme si j'ai le choix...
Je me dirige vers l'arrière-boutique, question de valider l'inventaire et le registre des estimations des coûts des différents objets. L'esprit errant de la fillette apparaît devant moi, moue renfrognée.
Ana crie : « Combien de fois vais-je vous le répéter ? Vous détruisez cette poupée au lieu de la vendre et je pars dans l'Au-delà, rejoindre mamie. »
Je dis : – Peux-tu comprendre que je ne peux pas comme ça changer d'idée... Je peux seulement changer son prix, mais pas détruire le jouet...
– ARH ! Vous, les adultes ! Tellement sérieux ! Mais agissez vite si vous ne voulez pas le regretter ! Car les méchants vous ont repérés !
Puis Ana me fixe en silence. Je remarque que l'Esprit Observateur du Moyen Âge est à ses côtés. Il enlace la fillette. Il me dit d'un ton sérieux : « Ana vous dit la vérité... Des esprits maléfiques vous ont repéré et agissent sur l'homme en gris... »
Je réplique : – Mais...
Jean Bude de Guébriant complète ma phrase : – Quel est votre rapport avec cette poupée ? Il est direct !
Je balbutie : – Comment... est-ce... possible ?
Jean Bude de Guébriant : – Les choses ne sont pas simplement reliées de manières causales... Mais là, c'est un ordre : détruisez cette poupée !
Les deux esprits me regardent. Je remarque qu'un troisième se joint à eux : l'esprit errant féminin qui a possédé le client. Étonnée, je pense : « Qui êtes-vous ? »
L'esprit répond : – Je suis une Observatrice comme Jean. Je m'appelle Laurie Gibeau.
Et les trois esprits répètent à l'unisson : « Dépêchez-vous de détruire cette poupée si vous ne voulez pas être la prochaine victime de l'homme en gris ! »
Inquiète, les larmes se pointent à mes yeux, brouillant ma vue. Je sèche les rapidement. Devant l'air insistant des trois esprits, je me décide rapidement : je maintiendrai le prix élevé, afin que le client n'achète pas la poupée; ainsi, je la détruirai. Contente de mon idée, je reviens au comptoir et je dis au client : – Désolé, Monsieur, mais je maintiens ce prix.
Le client, déçu, dit : – Dans ce cas, gardez cet objet et passez une bonne journée !
– Bonne journée à vous !
Et l'homme sort de la boutique. Je dis à Andrea : « Je détruirai cette poupée... »
À la fin de la journée, je brise simplement la poupée avec un coup de marteau dans l'arrière-boutique puis je jette les débris dans la poubelle. Je reviens chez moi, contente. L'esprit de la fillette apparaît devant moi, le sourire aux lèvres. Il dit : « Que Dieu vous protège de vos ennemis ! Moi, je quitte définitivement le monde... » Comme l'esprit errant voit une lumière, son visage est empreint d'une sérénité irréelle, et il disparaît de ma vue. La fillette a cessé de hanter le monde des vivants. Moi, en pleurs tellement je suis émue, sèche rapidement mes larmes du revers de ma main droite. Je suis toujours touchée par les cas des esprits errants des enfants... Les pauvres, morts en bas âge... Il n'ont pas beaucoup profité de la vie...
Quelques minutes plus tard, je remarque les deux Esprits Observateurs qui apparaissent devant moi.
Jean Bude de Guébriant dit : « Les jeux sont faits... »
Laurie Gibeau murmure : « Que Dieu vous protège de l'homme en gris ! Il planifie de vous tuer froidement d'une balle dans le dos ! »
Interloquée, je balbutie : – Qui est-ce ?
Jean Bude de Guébriant : – Je vous ai donné beaucoup d'indices... À vous de le démasquer !
Les larmes aux yeux, je murmure d'une voix brisée : – L'homme en gris, c'est un policier tchèque ?
Les deux esprits à l'unisson : – Exactement !
Puis les deux Observateurs disparaissent de ma vue.
Il n'en demeure pas moins que je suis perplexe de leur avertissement. Pour calmer mes pensées qui s'agitent dans tous les sens, je récite mentalement la prière suivante :
« Absolve, remit, forgive, O God, my transgressions, voluntary and involuntary, in word and deed, known and unknown, in mind and in thought, by day and by night; forgive me all, for Thou art good and lovest mankind. »
Le soir, je m'endors dans le lit après ma prière du soir. Jim ne reviendra que tard, de sorte que je dors depuis un certain temps lorsqu'il revient du travail. J'ai un rêve bizarre : je me trouve dans une rue de Grandview. Tout à coup. je manque d'air et je tombe. Je me réveille en sueur.
12 mars 2001, 6h15.
Je me réveille. Je touche légèrement le bras droit de Jim, qui sort de son sommeil en maugréant. Je souris devant sa réaction. Je lui raconte mon cauchemar; il m'enlace et me berce doucement pour me rassurer. Nous récitons la prière matinale puis nous nous levons du lit. Quelques minutes plus tard, nous voilà prêts pour le petit-déjeuner. Après, nous discutons des avertissements des Esprits Observateurs, sauf que nous ne parvenons à rien conclure. Jim me conseille prudence puis il m'embrasse sur les joues et les lèvres ; je lui rends ses bisous.
Vers 9h, je reviens du marché avec mes commissions. En route jusqu'à ma maison, j'aperçois, un peu en retrait, sur une rue perpendiculaire tranquille, un homme d'à peu près de mon âge qui me dépasse d'une tête malgré mes talons hauts. Il se tient immobile. Je le détaille : vêtu d'une simple veste imperméable bleu marine, d'une chemise blanche et d'un pantalon bleu marine, aux cheveux et aux yeux sombres qui brillent d'une lueur bizarre. Je remarque qu'aucune bague n'orne ses doigts fins. « Il n'est pas encore fiancé ou marié », pensé-je. Cependant, un détail attire mon attention : il parle avec un... esprit errant, celui d'un homme vers la trentaine vêtu en tenue de jogging beige, ayant visiblement connu une mort violente, étant donné la trace de sang sur son vêtement à la hauteur de sa poitrine. Je fais de grands efforts pour ne pas faire une moue. Je pense : « Voilà un autre passeur d'âmes à Grandview... Youpi ! Je ne suis pas seule ! »
Voici ce que j'entends de leur conversation.
L'homme, en murmurant en anglais : – ... et ça vous permettra d'être tranquille. Acceptez-vous ma suggestion ?
L'esprit errant, d'une voix neutre : – Oui, votre suggestion est intéressante...
Et l'esprit errant disparaît de notre vue. Je feins de continuer ma route, mais le regard de l'homme me suit. Il se rapproche de moi.
Je l'apostrophe : – Êtes-vous un nouvel habitant de Grandview ?
D'une voix rauque, l'homme aux yeux sombres s'exclame : – Non ! Je suis un natif de la ville...
– Je ne vous ai pas remarqué...
– Normal, je suis un simple barman discret.
En murmurant, je dis : – Et vous voyez les âmes errantes ?
Il répond d'un mouvement affirmatif de la tête.
D'un ton neutre, je dis : – Et bien, qui est ce pauvre homme avec lequel vous étiez en conversation ?
– Il s'appelle Marcel Apostol. Un pauvre homme mort le 9 février 1997. Je n'ai pas fait une recherche sur son cas, mais la seule chose que je sais, c'est qu'il veut se venger de son meurtrier. C'est Monsieur Marcel Apostol lui-même qui me l'a dit au cours de l'une de nos conversations.
– Qui est ce meurtrier ?
– Il dit que c'est un homme en gris...
– Il serait bien de faire une recherche sur son cas... Un esprit en colère peut être terrible...
– Oui, je suis tout à fait d'accord avec vous...
– Bien de savoir que nous avons un don commun... Il serait bien de se présenter... Quel est votre nom, Monsieur ?
Mon interlocuteur me fixe intensément pendant quelques secondes puis répond brièvement : – Gabriel Lawrence. Et vous ?
– Melinda Gordon.
– Enchanté d'avoir fait votre connaissance !
– De même pour moi ! Passez une bonne journée !
– Pareillement pour vous !
Et je reviens chez moi, où je résume à Jim ma rencontre avec Gabriel Lawrence. Mon époux dit pour seul commentaire : « Ne juge pas rapidement ainsi les gens ! Ce n'est pas parce qu'un autre passeur d'âmes vit dans notre ville que tu dois immédiatement te lier d'amitié avec lui... Laissons le temps nous dévoiler ses intentions... »
Ce commentaire est comme une douche d'eau froide sur ma joie. Le sourire disparaît de mon visage.
Je réplique : – Jim, ne sois pas si cynique !
– Mel, je suis réaliste ! Mais tu sais que je t'aime quand même !
– Moi aussi !
Mon époux m'enlace tendrement. Je me laisse bercer par lui. Ces moments sont toujours apaisants pour moi.
Le soir, le même cauchemar se répète. Je me réveille en sueur. Jim, encore une fois, me rassure. Je l'embrasse sur les lèvres en retour.
15 mars 2001, 7h50.
Mon époux est au travail. Je suis en route vers le marché de Grandview, question de faire les commissions. Les deux Esprits Observateurs m'encadrent et disent à l'unisson : « L'homme en gris vous a repéré ! »
Le cœur battant la chamade, je marche d'un pas rapide. J'ai l'impression d'être suivie par plusieurs esprits errants... Je me retourne, mais ils disparaissent de ma vue. Encore plus inquiète, je regarde le feu de circulation pour pouvoir traverser. Je vois Homer, qui apparaît à ma droite. Il montre ses crocs aux autres esprits et grogne furieusement.
Je passe vers une rue un peu moins achalandée. Je continue ma route. Tout à coup, je ressens une balle se planter entre mes omoplates. Je suis sortie de mon corps. Je me retourne. Homer semble triste. Je vois clairement mon corps qui gît, inanimé et un peu en retrait l'homme en gris... C'est clairement Carl Neely, l'ami policier de Jim. Toujours les mêmes yeux gris froids, perçants et distants. Sauf que cette fois, une lueur malsaine brillait dans ce regard, comme si son âme n'est pas dans son corps. Il est vêtu d'un complet gris avec une chemise blanche et un nœud papillon gris clair. Le plus bizarre est de voir son âme à côté de son corps... Son âme me salue d'un air froid. Son corps, visiblement possédé, quitte rapidement les lieux du crime, comme si rien ne s'est passé. Il est toujours suivi par les trente âmes, dont ma sœur, mon beau-père et quelques autres que j'ai déjà remarqué. Je m'excuse auprès d'elles d'avoir été si incrédule... Je remarque Jean Bude de Guébriant à ma droite. Je le salue d'un mouvement de ma tête. Il me salue de la même manière. L'âme de Carl Neely nous regarde en silence.
Je pense : « D'accord, l'homme meurtrier en gris est Carl Neely... Mais pourquoi dites-vous qu'il est Tchèque ? » Je viens de réaliser que le policier n'est pas du tout innocent. Comment peut-il ainsi tué froidement des individus de Grandview ? Je me demande bien comment il n'a pas été découvert... En tout cas, il semble être très habile dans le camouflage de ses meurtres... Je commence à paniquer !
L'Esprit Observateur, au lieu de me répondre, se dépêche d'agir sur un passant, qui remarque mon corps sans vie et qui appelle les urgences. Une équipe d'ambulanciers accourt aussitôt. Je suis mon corps. Ma sœur me dit : « Je t'avais averti ! La prochaine fois, tu m'écoutes ! » Je regagne mon corps. Je ne veux pas abandonner Jim !
Je ne sais pas combien de temps je suis demeurée à l'hôpital. Je sais seulement qu'après l'opération, Jim est venu à mon chevet, très inquiet pour moi. Je suis encore une fois sortie de mon corps. Je regarde la chambre d'hôpital. Mon corps est allongé dans un lit, immobile, entouré d'appareils. Je vois mon époux, assis sur une chaise à ma droite, qui me serre la main droite. Il pense désespérément : « Mel, s'il te plaît, ne m'abandonne pas... Que puis-je faire sans toi ? » Je suis vraiment touchée de son amour sincère. Je m'approche de Jim. Je me ravise et je reviens à mon corps. Je reprends tranquillement conscience. J'ouvre mes yeux. Mon époux câline doucement ma main droite. Je serre sa main gauche.
Il murmure : « Dieu soit loué ! » Il me fait un baise-main.
Je murmure : – C'est Carl Neely qui est derrière cet accident...
Jim me regarde de ses jolis yeux bleus qui se sont assombris. Il dit d'un ton neutre : – Le policier aux yeux gris ?
– Oui...
Ses jolis yeux bleus lancent des éclairs. Sa mine s'est durcie, devenant sérieuse. Je pense : « Il est certain qu'après un tel attentat, Carl Neely n'est plus notre ami ! »
Je murmure : – Mon amour, quel jour sommes-nous aujourd'hui ?
Le bleu de ses yeux s'illumine. Les éclairs ont disparus. De sa voix chaleureuse, Jim répond : – Nous sommes le 17 mars. De sorte que tu es depuis deux jours à l'hôpital...
– Quand reviendrai-je à la maison ?
– Dès que le docteur te le permettra... Tu sais que je te fais confiance ! Tu es capable !
Nous nous serrons les mains pour se réconforter.
Je sors de l'hôpital Mercy une semaine plus tard, main dans la main avec Jim. Nous revenons dans notre maison. Elle m'a tellement manqué ! J'ai trouvé déprimant de regarder les murs blancs de l'hôpital; et j'ai trouvé écœurant l'odeur aseptisée et insipide la nourriture servie (que j'ai mangé à contrecœur). « Je me demande bien comment Jim peut travailler avec une telle odeur dans les narines ! » pensé-je avec un brin d'humour. « L'important, c'est d'être vivante ! »
Une fois rendus au salon, je dis à Jim : – Je peux te confirmer que le meurtrier qui sévit dans notre petite ville est Carl Neely... Dans ce cas, Katia Farah est sa première épouse qu'il a tué en cachant ce meurtre par un accident... Quelle cruauté ! Et ceci signifie donc qu'il a aussi tué ma sœur et ton père... Mais pourquoi ? Quel monstre ! Ça explique alors pourquoi le fait de lui soumettre l'enquête sur lui-même a attiré son attention sur moi !Que Dieu nous protège de lui ! Il semble qu'il est possédé lorsqu'il est un assassin, car j'ai vu son âme à côté de son corps... Cependant, je ne comprends pas son rapport avec la Tchéquie... Pourtant, Neely, ça sonne trop anglophone... Peut-être a-t-il vécu dans ce pays ? Peut-être que sa mère est originaire de ce pays ? Après tout. Dieu seul le sait ! Et les Observateurs !
Mon époux hausse des épaules pour dire : « Je partage ton avis. » Il dit d'un ton sévère : – Là, je ne sais pas alors comment agir envers Paul Eastman... Carl et lui ont fait ensemble leurs études en techniques policières... De sorte qu'il m'est aussi suspect d'être un criminel en uniforme... Je tenterai de me renseigner d'une manière ou d'une autre... Sinon, tes amis les Observateurs peuvent t'informer à son sujet ?
Et Jim me fait un clin d'œil complice. Ceci me fait sourire malgré moi.
D'un ton larmoyant, je dis : – Alors à qui nous confier ? Comment savoir quel policier n'est pas son complice ?
Jim m'embrasse pour faire cesser mes larmes; son contact me calme, comme toujours. Il répond d'un ton aimable : – Mel, as-tu pensé le dire à ton père ?
– Non...
– Il serait bien de l'informer...
– Je partage ton avis !
Dans tous les cas, à mi-mots, par le regard, nous nous sommes compris : nous devons être prudents envers le policier aux yeux gris, qui est un froid assassin lorsqu'il revêt un complet gris. Je n'ai quand même pas oublié que je devrai avoir des nouvelles de son enquête sur mon grand-père maternel, Jarosław Niewenglowski...
Contente de la suggestion de Jim, je téléphone à mes parents. Ma mère est à l'autre bout de l'appareil. Je lui dis que je voudrais dire quelque chose de très important à père et à elle. Intriguée, elle me confirme que père est libre demain. Nous convenons d'une rencontre en après-midi. C'est ainsi que Jim et moi les informons de nos dernières conclusions. C'est au cours de cette réunion que j'apprends que mon père a des sérieux doutes concernant la mort de son collègue Aiden Clancy. Il pense que c'est Carl Neely qui l'aurait tué. Il ne lui reste plus qu'à élucider la raison.
Après cette rencontre, Jim et moi revenons chez nous, encore plus perplexes.
–
1 Jean Gerson, Contre le Roman de la Rose, dans Œuvres complètes, volume VII, L'œuvre française (292-339), introduction, texte et notes par Mgr Glorieux, Paris, Desclée & Cie, 1966, p. 304.