Ennemi ou ami, imaginaire ou réel? Ou Jakyll et Hyde à la Ghost Whisperer

Chapitre 5 : Meine Russischen Freunde (Mes amis Russes) !

3486 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 21/01/2024 23:27


15 février 2001, 8h.


Je suis occupée à un projet de tricot, pour me reposer un peu de mes notes du cours de conduite. Tout à coup, un esprit errant, comme d'habitude, se manifeste devant moi. Comme Homer, qui est couché à mes pieds, ne réagit pas à la venue de l'esprit, je déduis qu'il n'est pas malveillant. Il est un homme vers la quarantaine, aux yeux bruns, vêtu d'une tenue militaire vert olive, un casque noir sur la tête et des bottes noires aux pieds. Une déchirure dans son vêtement à la hauteur de sa poitrine en disait sur sa triste fin. Il dit : – Siehst du mich [Vous me voyez] ?

Je dis : – I do not speak german... Я не говорю по-немецки... Nie mówię po niemiecku... [Je ne parle pas l'allemand]

Il continue en anglais avec un fort accent allemand : – Désolé ! Je pensais que je suis en Allemagne...

– Monsieur, vous êtes en Amérique du Nord, dans la petite ville de Grandview...

– Merci, Madame...

– Melinda Gordon. Et vous ?

– Gerhard Sonntag...

– Pouvez-vous m'épeler votre nom ?

– Gerhard, c'est G, E, R, H, A, R, D. Sonntag, c'est S, O, N, N, T, A, G.

– Merci, Monsieur, dis-je en griffonnant rapidement le nom sur une feuille vierge d'un calepin.

J'ajoute aussitôt : – Comment puis-je vous aider ?

– En retrouvant mes descendants...

Puis l'esprit militaire disparaît de ma vue. Je soupire. Laissant mon tricot sur le canapé, je file dans ma boutique d'antiquités. Je salue Andrea à la caisse et je dis : « Je te laisse et je prendrai la relève si tu veux une pause. Fais-moi signe, d'accord ? » Elle hoche de la tête. Je me rends dans l'arrière-boutique, où je cherche sur l'ordinateur au sujet de Gerhard Sonntag. Je trouve qu'il était un Allemand enrôlé dans l'armée de la terre de l'Allemagne (à cette époque, le Troisième Reich) en 1940. Il était un simple pompier né le 20 avril 1903, du couple Friedrich Maximilian Sonntag et de Claudia Frisch-Sonntag, à Lindau, une ville de la Bavière. Gerhard Sonntag était marié à Annika Sprink le 9 mai 1922. Le couple avait trois enfants, Jakob (né le 4 mars 1923), Otto (né le 20 mai 1924) et Sabina (née le 29 mai 1925). Je pense : « Peut-être que ses enfants sont encore vivants... » Je poursuis ma recherche sur ses enfants. Au fur et à mesure, je prends des notes sur des feuilles d'un calepin que j'utilise pour régler les cas des différents esprits errants. Ceci m'évite d'avoir à retenir tous les noms. Je trouve que Jakob Sonntag s'est marié à Gertrude Glende le 5 juin 1945 ; Otto Sonntag, à Hannah Adler le 3 septembre 1946 ; Sabina Sonntag, à Gundolf Birkenfeld le 7 mai 1945. Évidemment, chacun des couples a deux ou trois enfants. « De sorte que sa descendance est assurée », pensé-je d'un air joyeux. Gerhard Sonntag est mort le 20 avril 1945 à Berlin, au cours de la Bataille de Berlin. « Ceci explique son inquiétude par rapport à ses enfants, car tous se sont mariés après sa mort... » Je soupire. « Comment lui faire comprendre ? »

En face de moi, l'esprit militaire allemand apparaît. Il dit : – Madame, êtes-vous sûre de la vérité de ces informations ? Il est possible que mes compatriotes ont falsifiés les dates...

Je lui réplique : – Monsieur, ne soyez pas si méfiant...

– Si la vermine nazie était capable de propagande, elle est capable de tout !

Et l'esprit errant disparaît de ma vue. J'éteins l'ordinateur, je range mon calepin de notes dans mon sac à main et je rejoins Andrea Moreno derrière le comptoir. Mon associée termine son quart de travail à 12h30.

Vers 17h, je ferme la boutique et je reviens chez moi. Jim est au travail. Je sais qu'il ne reviendra que très tard le soir. De sorte que je mange seule mon souper. Enfin, je ne suis pas complètement seule, puisque les esprits errants que sont Homer, Gerhard Sonntag et Jean Bude de Guébriant me tiennent compagnie... J'écoute discrètement la conversation entre les deux hommes. Le chien esprit est couché sagement à mes pieds, comme toujours.

L'Esprit Observateur dit à l'Allemand : – Monsieur Sonntag, vous devez savoir que les informations que Madame Melinda Gordon a trouvé sont vraies...

D'un air méfiant, l'esprit militaire réplique : – D'où vous vient cette certitude ?

– Du fait que je suis un Esprit Observateur et que rien ne m'échappe.

Le militaire hoche de la tête.

Jean Bude de Guébriant ajoute : – Vous ne devez pas vous inquiéter pour vos enfants, vos petits-enfants et vos arrière-petits-enfants... Ils sont tous vivants et le régime nazi n'est plus au pouvoir. Après, c'est un détail s'il y a certains mouvements néo-nazis en Allemagne... Et bien, dans ce cas, conseillez par voie onirique vos descendants de quitter le pays... Étant le descendant de Russlanddeutschen (Allemands de Russie)...

Gerhard Sonntag, levant les sourcils d'étonnement, dit : – Que dites-vous ?

– Monsieur d'outre-Rhin du Saint-Empire romain germanique, ne soyez pas si méfiant ! Je ne vous dis que la vérité... Je ne suis pas responsable du fait que votre père vous a caché que votre grand-père avait vécu en Russie... Mais je le sais, un point, c'est tout !

– En tout cas, ça explique ma répulsion à la pensée de tuer des hommes... Ça doit être le côté noble de mes ascendants Russes.

– Exactement ! Ça explique aussi pourquoi vous ne vous êtes pas laissé emporter par le mouvement de l'époque... Félicitations !

– Alors là, je suis vraiment désolé des innocents que j'ai tué !

– Vous saviez ce qu'il vous reste à faire...

– Je le sais !

J'interviens, ébahie : – Désolé, Messieurs, de vous interrompre...

Jean Bude de Guébriant, le sourire aux lèvres : – Nous vous écoutons, Madame Gordon...

– Je ne comprends plus rien de la fin de Monsieur le militaire... Désolé, mais je ne veux pas écorcher votre nom...

Gerhard Sonntag réplique : – Aucun souci... Je comprends très bien que personne ne peut pas maîtriser toutes les langues de ce monde...

Un petit sourire coupable aux lèvres, je murmure : – Merci de votre compréhension. Mais si je comprends bien, vous êtes mort tué dans la bataille, et vous ne saviez pas que l'Allemagne nazie avait capitulé le 8 mai 1945 ?

Gerhard Sonntag : – Je l'ignore en effet...

Je dis : – Maintenant, vous le saviez !

Gerhard Sonntag : – Merci !

J'interviens : – Mais qui vous a tué ?

Gerhard Sonntag : – Un Russe de l'Armée Rouge... Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas fâché contre lui... Moi, c'est seulement contre mes compatriotes qui étaient nazis que je suis fâché... C'est une chose la guerre, c'est une autre chose la propagande pour leurrer le peuple... Vous comprenez alors pourquoi je crains que les nazis ont tué mes enfants...

Je dis d'une voix rassurante : – Je comprends...

– Et étant enrôlé de force, je rechignais contre les ordres de mes supérieurs, qui m'ont menacé à plusieurs reprises du tribunal militaire... Ainsi, vous êtes sérieux quand vous m'assurer que la canaille nazie a épargné mes enfants ?

Jean Bude de Guébriant et moi disons à l'unisson : – Oui !

L'Esprit Observateur ajoute aussitôt après : – Monsieur Sonntag, pour que vous soyez enfin en paix, suivez-moi. Nous irons voir vos descendants puis vous écouterez les sages conseils de Madame Melinda Gordon pour aller dans la Lumière... Ceci vous convient ?

L'esprit errant militaire hoche de la tête. Puis les deux esprits disparaissent de ma vue.

De sorte que je termine tranquillement mon repas. J'ai même eu le temps de faire la vaisselle et de continuer mon projet de tricot lorsque les deux esprits réapparaissent devant moi. Je les salue ; ils me saluent.

Le militaire Allemand, le sourire aux lèvres, me dit : – Merci, Madame Gordon, de votre aide. Merci à vous, Monsieur Jean Bude de Guébriant, de votre intervention. Maintenant que je sais avec certitude que mes descendants sont vivants et que j'ai fait mes derniers adieux avec eux, je suis prêt à partir dans la Lumière.

Je réplique d'un ton joyeux : – Très bien ! Maintenant que rien ne vous pèse sur l'âme, voyez-vous une Lumière surnaturelle ?

L'esprit errant demeure silencieux pendant quelques minutes. Puis, il me fait un salut militaire et répond, les yeux tournés vers sa droite : – En effet, je vois une lumière, dans laquelle ma femme, ma chère et bien-aimée Annika, qui me fait des grands signes des mains... Comme si elle me souhaite la bienvenue dans l'Autre Monde...

Je dis, émue jusqu'aux larmes : – C'est ça ! Allez-y ! Et bon voyage !

Et Gerhard Sonntag me fait un dernier salut militaire avant de disparaître dans la Lumière. Je sèche rapidement mes larmes avec mon mouchoir en pensant : « Que Dieu soit loué ! Un esprit errant de moins ! »

Je reviens à mon tricot, très contente que le cas de cet esprit errant a été si facile.




17 février 2001, parc de Grandview.

Par cet après-midi ensoleillé, Jim et moi nous promenons dans le parc de Grandview. Je remarque aussi Homer à mes côtés. Nous remarquons sur la rue près du parc un policier en uniforme avec des lunettes fumées sur le nez, ce qui lui donne un air décontracté. Nul autre que Carl Neely. Homer grogne furieusement. Je lui fais des signes discrets de se tenir tranquille; il m'obéit et semble regarder notre rencontre d'un œil sévère (si les animaux peuvent avoir une telle expression). Je note aussi la présence d'esprits errants aux côtés du policier : trente si je ne me suis pas trompée dans le décompte. Parmi eux, ma sœur, mon beau-père, Alfred Neely et quelques autres que j'ai déjà remarqué.

Jim et moi saluons Carl Neely ; il nous salue à son tour.

Prise de pitié pour le pauvre policier, je dis : – Monsieur Neely, il semble que des esprits errants vous suivent, dont certains que j'ai remarqué la dernière fois lorsque je suis venue dans votre bureau...

Carl Neely, mine de rien, pose sa main droite sur sa ceinture; sa main gauche dans la poche de pantalon de son uniforme, il joue avec des clés ou des pièces de monnaie, étant donné le bruit métallique.

L'esprit d'une jeune femme, une Arabe vers la vingtaine, vêtue d'un manteau d'hiver bleu et d'un voile de la même couleur, tous les deux barbouillés de sang, dit sur un ton ironique : « Il n'est pas indifférent à votre aveu... Des sueurs froides lui coulent dans le dos... Et il cache ses mains pour ne pas que vous voyez qu'elles tremblent... »

Ignorant les propos de l'esprit errant, je poursuis mon explication : – Et ces esprits semblent être confus et cyniques envers vous... Croyez-moi, car je les vois, les esprits errants ! C'est un don que j'ai depuis mon enfance. Je peux les aider à quitter définitivement le monde des vivants. C'est mon rôle, en tant que passeuse d'âmes, de les convaincre à passer dans la Lumière, l'Autre Monde ou l'Au-delà.

Carl Neely cesse de jouer avec ses clés. Il se racle la gorge et marmonne : – Sérieux ?

Je réplique : – Oui, je ne suis pas un charlatan...

Jim intervient : – Carl, ma femme ne ment pas... Je comprends que c'est difficile de la croire, mais elle sait de ce dont elle parle.

Carl Neely d'un ton sévère : – Merci !

La jeune Arabe commente ironiquement : – Carl, tu penses te débarrasser de nous ?

J'interviens : – Madame ou Mademoiselle...

D'un ton vexé, la jeune Arabe dit : – Madame Neely !

Je commente : – Monsieur Carl Neely, il semble qu'une jeune femme, une Arabe, vêtue d'un manteau d'hiver et d'un voile bleus est très cynique envers vous..

En m'adressant à l'esprit errant, dont la mine s'est renfrognée par mon commentaire : – Madame, quel est votre nom ?

L'esprit répond d'un ton sec : – Madame Katia Neely !

Je dis : – Elle se présente comme Katia Neely... Monsieur le policier, la connaissez-vous ?

Carl Neely répond d'un ton sûr : – Non !

Katia Neely, les yeux agrandis d'étonnement, crie : – Menteur ! C'est ainsi que tu parles de moi !

J'interviens : – Madame Neely, êtes-vous sûre de ne pas confondre un Neely avec un autre ?

L'esprit réplique : – Non, puisqu'une femme connaît son mari !

Étonnée, mon regard se promène de l'esprit errant à Carl Neely et inversement. Le policier me regarde d'un air bizarre.

Je commente simplement : – Madame Katia Neely prétend être votre épouse...

Le policier réplique sèchement : – Non ! Mon épouse, qui est vivante, s'appelle Marlène Lavigne, avec laquelle je suis marié depuis le 2 décembre dernier... Je n'ai plus le temps à perdre... Le travail m'appelle ! Sur ces belles paroles, passez une bonne journée !

Jim réplique : – À toi aussi !

Carl Neely s'éloigne de nous; il continue sa patrouille. Je le regarde jusqu'à le perdre de vue, en pensant : « Le pauvre, ainsi suivi par autant d'esprits qui le confondent peut-être avec un homonyme criminel ! » Jim et moi nous continuons notre promenade romantique. Chemin faisant, je lui résume les propos de Katia Neely, dont je prends le nom en note sur une feuille vierge de mon calepin. « Je chercherai plus d'informations à son sujet demain », pensé-je, « lorsque je reviendrai au travail ». Mais nous sommes perplexes des propos de l'esprit errant, car s'ils sont véridiques, Carl Neely a connu un premier mariage duquel il est resté veuf... « À moins que ce ne soit qu'un esprit errant confus », pensé-je sans aucun cynisme. « J'ai bien rencontré, au début de ma carrière non-officielle de passeuse d'âmes, un pauvre esprit qui me prenait pour ma mère... Heureusement qu'elle a vite réagi ! Peut-être que ces esprits sont aussi confus, car ils refusent en quelque sorte de reconnaître que la vie continue... » Je partage mes réflexions à voix basse en russe avec Jim, qui m'embrasse sur les joues en signe de soutien. Ceci me fait toujours sourire... Je peux seulement remercier le Seigneur de m'avoir prédestinée à un si bon mari !


Après notre promenade, nous revenons dans notre maison. Le reste de notre journée est tranquille. Le soir, après la prière, je m'endors enlacée dans les bras de Jim.



Le lendemain, je me rends à ma boutique, question de rechercher sur Katia Neely. Je trouve seulement un article d'archive indiquant que Madame Katia Neely était morte le 27 décembre 1997 dans un accident de la route. Elle était co-conductrice; son époux, un certain Carl Neely, était le conducteur. Je pense : « C'est bien triste que Madame soit morte ainsi dans un stupide accident... Et même si Carl Neely le policier était son mari, ceci ne signifie pas qu'il est coupable... Mais étant donné la réaction du policier, peut-être qu'il est question d'un homonyme ? Après tout, Carl est un prénom courant, tout comme le nom de famille Neely... » Pour confirmer mon hypothèse, j'inscris dans le moteur de recherche « Carl Neely » : plus de 1000 résultats. Je soupire devant la confusion des esprits... J'efface l'historique. Pour me changer les idées, je jette un coup d'œil rapide aux différents tableaux résumés des dépenses de ma boutique, puis j'éteins l'ordinateur. Je reviens derrière le comptoir. Je vois l'Esprit Observateur qui me montre une petite feuille de papier qu'il a laissé près de la caisse. Lorsque je saisis la feuille de papier, il disparaît de ma vue. Je vois que la feuille est couverte d'une fine écriture. Voici le message :


« Le premier degré d'umilité est auoir deuant les yeulx continuelment la paour de dieu sans le point oublier, et auoir memoire de toutes les choses que nostre seigneur Dieu a commandeez, comment le feu d'enfer est apparilliez aus mauuais et la vie pardurable aus bons, et ces choses continuellemment ruminer en so cuer en soy gardant de tous pechiez et vicez, garder sa langue, son cuer, ses pensees, ses regars, ses atouchemens et ses œuvres en tous temps et en toutes heures, en considerant aussy soy estre continuellement en la presence de Dieu et de ses anglez qui voyent quanqu'on fait et dit, et Dieu voit les pensees. »1


Je soupire en pensant : « Est-ce que Monsieur l'Observateur aura une fois la gentillesse de communiquer explicitement avec moi en anglais, en russe ou en polonais ? » Perplexe, je téléphone depuis l'arrière-boutique au professeur Richard Payne, qui, heureusement accepte de me rencontrer dès que possible. J'appelle aussitôt Andrea pour lui demander de veiller sur la boutique pendant mon absence; je prendrai la relève dès que je reviendrai. Et je me rends alors immédiatement au bureau du professeur à l'Université Rockland.


Le professeur m'accueille avec bienveillance. Il met ses lunettes de lecture sur son nez et note la traduction au fur et à mesure qu'il consulte ses deux dictionnaires d'ancien français. J'attends patiemment qu'il me livre la traduction du message de l'Esprit Observateur. Après une vingtaine de minutes, il me tend le papier sur lequel il écrit la traduction. La voici :

« Le premier degré d'humilité est d'avoir continuellement devant les yeux la peur de Dieu sans l'oublier, et d'avoir mémoire de toutes les choses que notre Seigneur Dieu a commandé, Lui qui agite le feu d'Enfer préparé pour les méchants, et la vie éternelle aux bons. Et l'homme doit continuellement ruminer en son cœur en se gardant de tous les péchés et vices, en gardant sa langue, son cœur, ses pensées, ses regards, ses gestes et ses actes en tout temps et en toutes heures, en considérant aussi qu'il est continuellement en la présence de Dieu et de ses anges qui voient autant ce qu'on fait et dit, et Dieu qui voit les pensées. »

Le professeur commente : – C'est un extrait des Douze degrés d'humilité de Jean Gerson... Votre esprit doit sans doute être un érudit... Mais que je reprenne mon sérieux ! On dirait que ce message s'adresse à un homme impie... À moins que je me trompe...

Je dis : – Je trouve que ça fait du sens, compte tenu que depuis ces derniers temps, je reçois des avertissements concernant un homme impie, probablement un Tchèque ou un homme d'origine tchèque... Le seul indice dont je dispose, c'est qu'il est vêtu de gris. Autrement dit, un homme ayant un rapport avec ce pays, qui est en gris.

Richard Payne commente, avec une moue : – Un homme vêtu de gris... Le gris étant la couleur des manipulateurs, couleur terne, entre le blanc et le noir... C'est cohérent... Et bien, bonne chance, Madame Gordon, pour trouver l'identité de cet ennemi !

Je termine de griffonner sur une feuille de mon calepin, puis je dis : – Merci, Monsieur le professeur, de votre aide.

– Merci à vous, Madame Gordon ! Et passez une bonne journée !

– À vous aussi !


Contente, je reviens d'un pas léger dans ma boutique d'antiquités. Andrea me salue et sort de la boutique. Quelques clients ont acheté certains objets. À la fin de ma journée, je reviens chez moi. Lorsque mon mari revient à la maison, je lui résume les résultats de mes recherches et de ma rencontre avec le professeur. Nous en discutons après le souper. Nous parvenons à la conclusion suivante : soit Katia Neely était vraiment la première épouse du policier Carl Neely; soit elle n'est que l'épouse d'un parfait homonyme ; et, nous avons toujours à découvrir qui est le mystérieux criminel Tchèque vêtu de gris qui a beaucoup de sang sur les mains... Je songe soumettre une enquête à ce sujet aux amis policiers de Jim. Dans tous les cas, je parviens à convaincre mon mari, pour se changer les idées, d'écrire sérieusement un livre qui intègrera des symboles égyptiens, question de moins mentir à notre ami le professeur. Il accepte et me propose même d'inventer une histoire d'un ambulancier qui fait un voyage dans le temps et qui arrive en Égypte ancienne. « Et voici, Mel, » me dit-il « une suggestion de titre : L'Égypte vue par un ambulancier... Ça fait super intéressant, non ? » Je ris à sa suggestion. Mais Jim s'est sérieusement attelé à la tâche... Je le trouve vraiment sympathique... Un grand garçon en uniforme d'ambulancier !





1 Jean Gerson, Douze degrés d'humilité, dans Œuvres complètes, volume VII, L'œuvre française (292-339), introduction, texte et notes par Mgr Glorieux, Paris, Desclée & Cie, 1966, p. 99-100.

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