Réinterprétation et autres histoires

Chapitre 17 : Deuxième partie, Enjeux importants, 1re partie. Les jeux sont-ils faits ?

9743 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 18 jours

17. Enjeux importants, Première partie
Les jeux sont-ils faits ?




27 novembre 2001, à la maison de Jim et Mélinda,

Il y a un peu plus de deux semaines que la chuchoteuse d’esprits a accouché d’un garçon qu’elle prénomme Alexis, depuis ce jour, la jeune mère demeure à la maison, bien occupée entre son petit nourrisson et quelques esprits errants lorsqu’elle va au marché. 

Alors qu’elle berce leur fils pour l’endormir, Jim fait les derniers préparatifs, incluant d'amener les derniers meubles nécessaires, pour assister au mariage d’une amie d’enfance, Tricia Rahmani et son fiancé, Christian Maillard qui est aujourd’hui à 15 h 00.

Depuis le cadre de la porte, petit sourire au visage, le grand homme s’avance à pas de loup pour murmurer à l’oreille de son épouse : 

— On-y-va, Mél ? Tout est prêt ! 

Il observe son fils dans les bras de Mélinda et commente, fier : 

— Alex dort bien ! Un vrai ange ! Comme moi, lorsque j’étais bébé, selon ce que mère m’avait dit.

Elle lui sourit, émue, et lui répond de sa douce voix : 

— Un vrai trésor ! Ce fils !

Elle se penche vers son mari pour lui déposer un chaste bisou sur la joue.

— En espérant qu’il n’y aurait pas d’esprit errant ! Mais je suis prête dans tous les cas, j’ai appelé hier maman pour qu’elle surveille notre petit garçon pendant la cérémonie. D’ailleurs, elle devrait venir sous peu.

Jim affiche une petite grimace de mécontentement, il n’apprécie pas sa belle-mère. Sa réaction arrache un sourire à Mélinda qui enlace de sa main libre le bras de son mari.

— Jim, si tu n’es pas content de la présence de ma mère, alors c’est toi qui devrait donner le biberon au petit et changer ses couches !

Une moue d’horreur se fige sur son visage délicat à ces mots. La brunette retient un fou rire.

— Non, non, Mél. Je ne veux pas m'en occuper ! proteste-t-il. C’est ton travail, ma chérie ! Pitié ! Je ne suis qu’un ambulancier, pas une nourrice ! C’est toi la mère, alors c’est à toi de t’en occuper ! Moi, plus tard, je ne pourrais que lui apprendre les principes de base en premiers soins et autres types d’intervention, mais pas ça ! Je t’en supplie.

— Alors ne sois pas si grognon à la venue de ma mère pour me seconder dans les soins autour de notre fils !

Il grommelle quelques phrases indistinctes et sort de la maison. Élisabeth Gordon les attend depuis peu devant la porte, souriant à sa fille, tellement ravie d’être grand-mère.


Dans une grande voiture louée pour l’occasion, Jim et sa famille avec sa belle-mère se dirigent vers leur destination, un chalet isolé près de la rivière Meaux. Sortant à peine du véhicule, une femme de trente-cinq ans élégamment vêtue d’un chandail blanc et de pantalon brun foncé les accueille, large sourire au visage, accompagnée d’un homme un peu plus âgé qu’elle et d’une fille de sept ans. La trentenaire, au teint naturellement hâlé, est une grande femme aux cheveux noirs et au traits réguliers. L’homme qui la suit est en complet, élégant et svelte avec un petit sourire imprimé sur son visage, marchant à petit pas, nullement pressé. La fillette, plus pâle de teint que sa mère impatiente, aux yeux aussi grands qu’elle, court jusqu'aux nouveaux venus, sautillant de joie.

Elle s’avance vers les nouveaux venus et affirme d’un ton chaleureux : 

— Salut, Jim, tu viens non seulement avec ta famille, mais avec du renfort.

— Salut, Tricia ! s’exclame, ravi, Jim. Et tu as raison…

Il s’approche d’elle et lui donne une accolade amicale avant d’enlacer son épouse. La dénommée Tricia, s’avançant vers les deux autres femmes, tend la main droite pour serrer la main d’Élisabeth.

— … Outre mon épouse, Mélinda, et mon fils, Alexis, le petit ange qui dort entre les bras de ma femme, il y a ma belle-mère.

Le mari de la chuchoteuse d’esprits se tourne vers Élisabeth et son amie avant d’informer d’une voix neutre :

— Tricia, Élisabeth Gordon et Élisabeth, mon amie, Tricia Rahmani.

— Enchantée, Madame Rahmani !

— Enchantée de même, madame Gordon ! Voici ma fille du premier mariage, Nathalie…

Elle fait un petit geste de la main droite vers la petite fillette aux yeux noirs et aux cheveux brun foncé. Vêtue dans un simple jeans et un chandail blanc, l’enfant a un air inoncent et adorable.

— … Et mon fiancé, Christian Maillard.

Elle désigne d’un signe de la main l’élégant homme aux yeux marron et aux cheveux noirs à ses côtés. Son visage rond sur lequel est imprimé un petit sourire narquois n’inspire guère confiance à Mélinda.

— Venez ! Entrez ! J’ai déjà préparé les chambres d’invités et un petit berceau pour votre fils, les informe la fiancée. 

Les femmes se dirigent à petits pas vers la demeure imposante en bois, échangeant des conseils divers pour s’occuper des bébés et des enfants. Jim et Christian les suivent un peu en retrait, portant les derniers meubles pour la cérémonie à leur place.


Aussitôt arrivés, traversant le seuil, Natalie court, telle une fusée, faisant onduler ses soyeux cheveux au vent qu’elle crée. Elle monte à l’étage où est sa chambre. Tricia, Mélinda et Élisabeth s’assoient sur les canapés beige clair, discutant de banalités jusqu’à l’arrivée de Jim et Christian. Le salon est une immense salle avec une grande fenêtre à l’est qui apporte les rayons solaires matinaux aux vivants, donnant une ambiance accueillante et agréable. Les canapés sont disposés en cercle autour d’une table basse en cerisier laquée.


Lorsque Christian, Jim et un autre homme arrivent dans la pièce, Nathalie est au pied des escaliers, chuchotant avec ce que Mélinda identifie comme un esprit errant. La médium, au son de la voix enfantine, tourne sa tête et détaille le garçon au côté de Nathalie qui disparaît furtivement lorsqu’il ressent le regard de la jeune mère sur lui, mais elle remarque la chemise rouge qu’il porte et un air mélancolique dans le regard. Elle lance un regard interrogateur à la fillette, mais celle-ci s’éclipse à l’étage, yeux agrandis d’étonnement.

La femme extraordinaire salue d’un geste de la tête les hommes et demanda au nouveau venu : 

— Monsieur, pouvez-vous déclinez votre nom et votre raison d’être en ce lieu ? Je ne vous ai jamais remarqué auparavant ?

Le petit homme aux yeux marron et aux cheveux brun foncé s’avance vers la jeune mère et répond d’une voix grave, petit sourire ravi.

— Je suis Hyacinthe Clos, le garçon d’honneur et ami de Christian, le fiancé. Je suis bien heureux pour lui qu’il a enfin trouvé femme ! Tout lui va bien cette année ! Sous de bonnes étoiles pour le travail et le mariage !

— Eh oui ! commente l’interpellé, absolument génial ! Le restaurant Axiom Steakhouse est mien… euh… nôtre devrais-je dire… depuis février… Bien que ce soit ton idée, Hyacinthe !

— Ne sois pas si humble, c’est toi qui a tout trouvé, le nom et le menu, je n’ai offert qu’un soutien financier à ton projet !

— Et aujourd’hui, j'ai mon mariage, termine-t-il sur une note joyeuse. Et en plus, avec quelle épouse, ma chère et douce Tricia !

Il se rapproche de la mariée et s’assit à ses côtés, l’enlaçant tendrement. Hyacinthe affiche un sourire ravi, voire forcé, selon Mélinda, tout en ajustant le bouton de sa chemise blanche. Le garçon d’honneur sort de la charmante pièce.

— Nathalie, l’appelle sa mère, où es-tu ? Nathalie, viens avec nous ! Nat, ne m’oblige pas à monter !

Des bruits de pas qui dévalent l’escalier signifient la présence de l’enfant. Cette dernière s’arrête devant sa mère et lui répond, mine attristée : 

— Maman, tu as fait peur à mon ami Oli… Olivier…

— Encore ton ami imaginaire !, soupire Tricia en levant les yeux, à l’instar de ses bras, au plafond d’exaspération.

— Non, il est réel ! Mais il n’aime pas que tu cries ! Il se sent mal, mon ami ! … Mais Olivier veut te donner ceci ! 

Elle sort de sa poche une petite boîte à bijoux qu’elle donne à sa mère. Celle-ci la prend, intriguée.

— Tricia, commente Christian d’une voix douce, c’est un cadeau pour aujourd’hui.

Petit sourire chaleureux dans le coin des lèvres, sa fiancée l’interroge, regard suppliant : 

— Puis-je l'ouvrir ?

— Oui, oui, s’empresse-t-il de lui répondre, large sourire au visage.

Dès qu’elle ouvre la petite boîte, elle sursaute de frayeur, moue de dégoût au visage, yeux encore plus grands qu’auparavant. Des fourmis sortent en nombre de plus en plus grandissant.

— Aaaaahhhhh ! hurle la fiancée en reculant de quelques pas et en fixant le sol avec crainte. J’ai horreur de ces insectes !

Se tournant vers sa fille, elle la gronde : 

— Ce n’est pas drôle, Nat ! Quelle blague de mauvais goût ! Va dans ta chambre et tu reviens au salon dans deux heures.

La fillette, tout aussi étonnée que sa mère de la présence des fourmis, murmure faiblement, tête baissée : 

— Maman, ce n’est pas moi ! Mon ami m’avait dit que c’est pour toi… Je n’ai même pas ouvert la boîte. 

— Ne joue pas l'innocente, Nat ! s’emporte-t-elle. Va dans ta chambre et c’est tout !

L’enfant fait demi-tour et monte jusqu’à sa chambre d’un pas traînant, très perplexe de ce qui vient de se passer. L’amie de Jim soupire et referme la boîte au fond de laquelle gît une bague en or surmontée d’un chaton en diamant. Elle la passe à son fiancé et se lève, s'éclipse à l’extérieur, dans la forêt, suivie par Christian. Mélinda berce doucement son fils contre elle, soucieuse de le rendormir après l’agitation.

— Mère, chuchote-t-elle à Élisabeth, veux-tu veiller sur Alex, le temps que j’essaie de comprendre cette histoire d’esprit errant.

— Je n’ai guère le choix, donc j’accepte !

La mère de Mélinda lui prend délicatement Alexis des bras et disparaît dans la chambre d’invité. Hyacinthe s’est levé pour aller se promener à l’extérieur.


Après quelques minutes de silence, la jeune mère commente à son mari : 

— Jim, il est évident que cet esprit est très fâché contre le fiancé, mais pourquoi ? Et qui est-il ?

Mine pensive, il plonge ses yeux bleus dans ceux noisettes de son épouse et commente : 

— Peut-être le père de la petite ? Je comprendrais bien que son premier mari ne se réjouisse pas du remariage de son épouse !

— Impossible qu’il soit son père. Il est gamin entre dix et douze ans. Impossible que cet esprit avec qui Nathalie chuchote soit son père, il devrait au moins avoir vingt ans !

— Tu as raison, Mél ! Alors qui est-il ?

Haussant les épaules, la médium répond.

— Je l’ignore, mais c’est avec cet esprit errant que Nathalie parlait à voix basse.

Yeux comme des soucoupes, son mari bredouille : 

— Ce veut dire que la petite voit les défunts ?

— En général, semble-t-il, les enfants en bas âge les voient.

— Intéressant ! Mais je suis surtout intrigué par le message qu’il veut transmettre… C’est assez perturbant de gâcher un mariage, non ?

— Je suis d’accord, ajoute Mélinda en serrant la main de son époux.

Le couple se lève et se dirige vers la sortie. En passant le cadre de porte en bois du salon qui donne sur un vestibule, Nathalie, à pas de loup, arrive dans la pièce et murmure à Olivier, l’esprit errant, à ses côtés : 

— Sérieux, Oli, tu veux que je demande à maman ! Je vais le faire.

— Oui, il le faut, Nat ! Pense à ta maman ! 

La femme extraodinaire se retourne et détaille enfin l’interlocuteur défunt de la fillette : un grand garçon de douze ans vêtu d’une chemise rouge et d’un pantalon bleu marine. Elle rencontre ses yeux marron dans lesquels une lueur de tristesse brille, lui donnant un air mélancolique. Elle remarque aussitôt que sa jambe gauche est dans une boîte métallique.

Le pauvre garçon doit être un malade, ayant un problème avec sa jambe, songe la médium, quelque peu attristée de l’état de l’esprit errant. 

Elle se racle la gorge et interroge de sa douce et mélodieuse voix : 

— Olivier, je suis Mélinda Gordon, je te vois et je peux t’aider…

Le garçon secoue sa petite tête brune et répond sèchement : 

— Ce n’est pas vous qui devez m’aider, c’est Tricia que je veux aider !

— Mais Tricia ne te voit pas !

Le garçon secoue énergiquement sa petite tête et s’évapore. La médium soupire sous le regard éberlué de Nathalie qui balbutie : 

— Vous… Vous… discernez mon ami…. Oli… Olivier ? Il n’est pas… imaginaire, non ?

Affichant un petit sourire au coin des lèvres, la jeune mère lui confirme : 

— Oui, Nathalie, je le vois ! Et il n’est pas imaginaire, il n’est qu’un défunt, un esprit… Raison pour laquelle ta mère ne le voit pas…

Regard pétillant de curiosité, elle sourit à la fillette et lui demande : 

— Et que veux ton ami ?

Haussant les épaules, moue renfrognée, elle murmure : 

— Il veut que maman joue à un jeu… Une énigme… C’est tout que je sais !

— Alors viens avec moi et dis à ta maman ce que ton ami veut, je te soutiendrais si elle ne te croit pas !

Large sourire au visage, illuminant son visage, la fillette sautille de joie et s’exclame : 

— Oui, oui, on va le dire à maman !

Et le trio sort de la maison, passant par la véranda avant d’aboutir à un sentier qui se perd dans la forêt. 


Après quelques mètres de marche, Mélinda remarque que l’esprit errant apparaît de-ci et delà entre les fourrés et les halliers pour disparaître aussitôt. Jim et Mélinda n’ont pas le temps de méditer sur la beauté naturelle du bois que Tricia apparaît dans leur champ de vision, étonnée.

— Jim, Mélinda et Nathalie, pourquoi me cherchez-vous ?

— Maman, mon ami, Oli, veut que tu joues ! Un jeu d’énigmes !

Elle soupire, levant les mains et les yeux aux cieux : 

— Nathalie ! Combien de fois vais-je te dire de cesser de me parler de cet ami imaginaire ! Oli n’existe pas ! Arrête avec tes affabulations !

Moue renfrognée, la petite, larmes au bord des yeux, se retourne vers Mélinda, cherchant un soutien. La chuchoteuse d’esprits prend son courage à deux mains et affirme posément, serrant la main droite de Jim : 

— Tricia, ta fille n’invente rien. L’ami Olivier de Nathalie est un esprit errant. Je l’ai vu ! J’ai un don depuis ma naissance, je peux entrer en contact avec les défunts et je les amène à réaliser leur dernière volonté. 

— Et, renchérit Jim, ma femme ne fait que te dire la vérité ! Mél… Euh… Mélinda sait de quoi elle parle ! Je l’ai bien vu m’aider, termine-t-il d’un ton ému, à régler le cas de mes défunts père et frère !

La fiancée opine du chef, baissant sa tête sur sa poitrine, réfléchissant. Elle relève sa tête, regard brillant et affirme d’un ton certain : 

— Si ce que vous dites est vrai, alors à quoi ressemble cet ami ? Est-il présent ?

Soudain, Olivier apparaît à la droite de Tricia, agitant des feuilles. Il trépigne et murmure, courroucé : 

— Ainsi, Tri, je suis imaginaire ! C’est gentil de penser ainsi à son ami !

— Tricia, Olivier est à ta droite !, s’écrient à l’unisson Mélinda et Nathalie.

— Et le garçon, continue l’épouse de Jim, est âgé entre dix et douze ans, porte une chemise rouge, des pantalons bleu marine et à la jambe gauche dans une boîte métallique…

— Probablement en raison d’une dystrophie musculaire, commente Jim.

Les yeux de la fiancée s’agrandissent, elle hésite. Puis elle bredouille d’une voix criarde : 

— La description d’Olivier correspond… à celle de mon ami d’enfance ! Olivier Garnier…. Pourtant, il est mort depuis longtemps… Comment peut-il être ici ?

— Il est un esprit errant, lui annonce posément la médium. Et il veut que tu joues à un jeu…

— Un jeu d’énigmes, précise la voix fluette de sa fille.

— Tri, viens ! lui ordonne, exaspéré le défunt garçon. Viens, enfin. Dépêche-toi ! Pourquoi tu ne veux pas venir ! On va jouer, non ?

— Maman, Oli veux que tu joues… Le jeu à énigmes de ton enfance…

Elle soupire et répond : 

— D’accord, allons-y ! Mais Nathalie, tu restes sous la surveillance de Jim ! Mélinda, tu viens avec moi ?

— Je n’ai pas le choix puisque moi seule peut communiquer avec Olivier…

— Oli pour les amis, ajoute le défunt avant de disparaître.

— Ah oui, pour la précision, les informe Tricia, si ma mémoire ne me fait pas défaut, le jeu d’énigmes consiste à retenir la première lettre de chaque objet pour former un mot… Un vrai casse-tête ! 

Le quatuor revient à la maison. Dans la véranda, les attendent Christian et Hyacinthe. Discernant Mélinda et Tricia s’éloignant d’eux, le fiancé les interpelle : 

— Mesdames, pourquoi ne restez-vous pas avec nous ?

Les deux femmes se retournent, Tricia promène son regard de son fiancé vers la chuchoteuse d’esprits, suppliant silencieusement celle-ci de l’aider à sortir de l’impasse. 

Mélinda le fixe et répond d’un assuré : 

— Christian, nous avons une petite surprise et une petite discussion entre femmes. Il y a bien des secrets féminins qui ne te concernent pas… Allons-y Tricia !

Le fiancé, guère heureux de l’explication, grommelle quelques paroles indistinctes avant de se diriger vers le salon.


Jim discute avec les deux hommes, tout en veillant du coin de l'œil sur la petite qui dessine, dans un coin de la salle, silencieuse.


Au même moment, dans la cuisine.

Mélinda informe Tricia : 

— Olivier veut que tu ouvres l’armoire à droite.

Intriguée, la fiancée obéit et se trouve mouillée par de l’eau d’un vase qui tombe, se brisant en mille morceaux.

Fâchée, elle dépêche de se sécher avec une serviette.

— C'est une blague ! Quel est l’indice ? gémit-elle. De l’eau ou le vase ? Contenu ou contenant ?

Tricia bredouille : — Dans tous les cas, je dois aller me changer…

Elle court jusqu’à sa chambre pour changer de chandail.

— Qu’est-ce qui est plus important entre l’un ou l’autre ?, interroge le garçon derrière le dos de la médium. Cette dernière fait volte-face.

— Le contenu, non ?, s’essaie, incertaine, la brunette.

Son interlocuteur invisible approuve d’un signe de tête, petit sourire aux lèvres, avant de s’éclipser.

Tricia revient à ce moment dans la cuisine.

Étonnée, en promenant son regard de Mélinda à la direction vers laquelle celle-ci regarde, elle demande, les sourcils levés : — Tu parlais avec le défunt…

Mélinda approuve d’un geste de la tête.

— Et l’indice, c’est l’eau…

— Donc, on retient la lettre « e ». 

L’antiquaire extraordinaire griffonne le nom de l’indice et la lettre retenue sur une page d’un papier que la fiancée lui a trouvé dans un tiroir.

Olivier s’arrête devant l’armoire près du réfrigérateur et dit : 

— Dans l’armoire…

— Le second indice se trouve dans l’armoire là-bas !

Elle fait un geste de sa main droite pour désigner l’emplacement. Tricia l’ouvre et trouve une brioche remplie de pavot. Confuse, elle s’exclame, sourcils relevés : 

— Une brioche dans un armoire ! Je m’étonne comment elle n’est pas pourrie ! Alors on retient la lettre « b ».

L’esprit errant, près de la fenêtre, tourne en signe de négation sa petite tête.

— Ton ami n’approuve pas ta conclusion, commente Mélinda. Peut-être que l’indice est dans le type de brioche, non ?

— Ouais, pourquoi pas ? Mais lequel, je ne m’y connais pas dans tous les desserts du monde !

— Je ne le sais pas… Je pourrais toujours demander à Jim, il se connaît mieux que moi en cuisine ! …

Elle énumère une liste fictive de ses doigts en soupirant.

— … Ma connaissance des desserts se limite aux croissants, aux chocolatines et aux tartes alsaciennes…

— Prends note de l’indice, puis nous y réfléchirons… Alors où va-t-on ?

Un grincement de la porte se fait entendre non loin d’elles. Les deux femmes reviennent au salon et montent à l’étage, ignorant les regards interrogateurs des hommes.

— Sérieux, commente Christian, je ne comprends rien aux femmes ! Des énigmes !

— D’ailleurs, renchérit Jim, haussant les épaules, même après un an de vie commune, je suis toujours perplexe et intriguée par mon épouse ! Donc, Christian, tu n’as pas à te soucier trop… Il faut accepter qu’une femme a ses secrets et son monde qui est inaccessible à nous, les hommes ! Si on jouait aux cartes pour passer le temps, messieurs ?

Les deux autres approuvent et jouent aux cartes tout en discutant de leur travail respectif.


Une fois à l’étage, Mélinda s’arrête devant la salle de bain et demande à Olivier : 

— Petit, que veux-tu nous indiquer ?

— À l’intérieur, deux indices ! 

Mine réfléchie, front plissé, il continue après un bref silence.

— Bon, je pense que je vais devoir vous aider un peu…

Et il passe à travers la porte, les attendant de l’autre côté.

Dès que Tricia entre dans la pièce, elle remarque deux vêtements qui flottent dans les airs, défiant les lois de la gravité. Se frottant les yeux d’incrédulité, elle lance un regard interrogateur à sa comparse. Celle-ci lui répond posément : 

— Tricia, tu ne dois pas t’inquiéter, c’est Olivier qui veut t’aider en tenant les deux prochains indices entre ses mains.

— Donc le vêtement qu’il tient à droite est un t-shirt rose de ma fille et l’autre est mon uniforme bleu marine de secrétaire. Ce qui veut dire que les mots à retenir sont t-shirt, lettre « t », et uniforme, lettre « u », ou jupe, lettre « j ».

À la mention de la jupe, le fantôme lâche les vêtements et s’évapore.

— Il semble que la première hypothèse avec l’uniforme est l’indice, commente la jeune mère qui griffonne sur la feuille de papier l’information. Nous avons quatre lettres, mais le jeu n’est pas encore terminé !

— Exactement !, approuve le défunt réapparu derrière le dos de la médium. Rendez-vous à la cave !

— Allons à la cave, le jeu continue !

Tricia, qui commence à ne plus trouver intéressant le jeu, soupire bruyamment. Elle agite ses mains dans les airs, moue au visage, jetant un coup d’oeil à la montre qu’elle porte : 

— Mon mariage est dans quatre heures et je dois jouer avec un défunt ! râle-t-elle. C’est cinglé ! Mais allons-y ! Je n’ai guère le choix !


Une fois devant la porte menant à la cave.

Les deux femmes marchent à pas de loup, observant les marches avec attention. Plus elles avancent, plus l’obscurité prend ses droits, laissant Mélinda sur le qui-vive. Soudain, Olivier se manifeste devant la porte, tournant son regard vers sa droite pour attirer l’attention de la médium.

Mélinda informe Tricia, lui murmurant : 

— Olivier nous pointe le coin droit, observons-le attentivement. 

Quelques secondes plus tard, un petit serpent sort du coin et flâne vers la porte, puis trouve une faille et s’y engouffre. Les yeux des deux vivantes s'agrandissant d’effroi, Mélinda balbutie mains tremblantes malgré elle : 

— Le mot est serpent et la lettre à retenir est « s », n’est-ce pas ?

— Apparemment, chouine la fiancée qui ne cesse de fouiller les moindres recoins du regard.

— Pas tout à fait, précise le défunt. Il faut tenir compte de l’espèce…

— Un cobra ? Donc la lettre « c ».

— Vous êtes sur la bonne voie, même si ce n'est pas tout à fait ça ! Bon, il reste encore deux indices. 

Le fantôme passe à travers la porte.

— Tricia, encore deux mots et c’est la recherche de l’énigme ! Et c’est derrière cette porte, dans la cave !

Une lueur de soulagement traverse le sombre regard de l’interpellée.

— On a bientôt fini avec ce jeu qui m’angoisse plus qu’autre chose !

— Le jeu tire à ses fins, mais il reste à trouver la mystérieuse énigme, le mot que forme chacune des premières lettres !


Mélinda ouvre avec précaution la porte. Cette dernière gémit sur ses gonds, s’ouvrant doucement vers l’intérieur. La noirceur de la pièce les surprend, essayant de repérer l’interrupteur. 

Lorsque la femme extraordinaire le remarque, deux ampoules s’allument soudainement, ébloussant la fiancée. Au centre de l’immense pièce trône un cellier aux compartiments les plus divers en bois gardent au frais bouteilles de vin, pommes de terre, oignons et carottes.

Tricia remarque qu’une ampoule éclaire un objet dans un coin de la cave et une autre dans l’autre coin.

— Nous avons réponse aux deux derniers mots. Voyons de plus près !

Prenant la droite, Mélinda et Tricia remarquent un petit escabeau en bois.

— Le mot est escabeau et la lettre à retenir est « e », affirme d’une voix certaine l’amie de Jim.

Mélinda et Olivier approuvent d’un signe de tête. La chuchoteuse d’esprits prend note immédiatement.


Puis, les deux femmes se dirigent vers l’autre ampoule. Elles ne cherchent pas longtemps, un seul couple d’objets est dans le coin. Une paire de raquettes.

— Donc le mot est raquette et la lettre à retenir est « r », commente Mélinda.


Et elles sortent immédiatement de la sombre pièce. Tricia, suivie de Mélinda, se rendent jusqu’à l’extérieur. Lisant les indices, sous le regard de son défunt ami, la fiancée, perplexe, constate : 

— Les indices sont l’eau pour la lettre « e », une brioche pour la lettre …

Soudain, Olivier possède le corps de son amie et lui fait dire : 

— La brioche en question est makowiec, donc la lettre est « m ».

L’âme de Tricia promène son regard étonnée de son corps possédé à Mélinda, incertaine de comprendre ce qui vient de se passer. La chuchoteuse d’esprits rectifie immédiatement l’indice sur le papier, yeux comme une assiette. Olivier cesse sa possession, laissant l’âme de son amie regagner son corps.

— Je suis bien dans un état de confusion… Que vient-il de se passer ?

— Ton défunt ami Olivier a possédé ton corps pour corriger le mot brioche et la lettre associée.

— Merci de l’information ! s’exclame-t-elle, petit sourire ravie. C’est réellement étrange ! …

Mine réfléchie, elle lit les indices et reprend son discours : 

— Les autres indices sont un t-shirt pour la lettre « t », une uniforme pour la lettre « u », un serpent pour …

Le gamin, secouant énergiquement la tête, soupire et murmure : 

— Non, non ! L’espèce de serpent…

— Un cobra ? demande la médium.

— Non…

En se tournant vers l’amie de Jim, la chuchoteuse d’esprits précise : — L’indice est dans l’espèce du serpent…

Mine pensive, Tricia fixe la petite brunette avant de répondre après plusieurs minutes de silence. Olivier à la droite de son amie lui chuchote : 

— Tri, c’est naja l’indice !

— Je propose le naja, et la lettre est donc « n » affirme avec assurance l’élégante fiancée.

Mélinda opine du chef et inscrit le mot et la lettre.

— Et les deux derniers indices, complète la femme extraordinaire, sont escabeau pour la lettre « e » et raquette pour la lettre « r ».

— Ainsi, les lettres du mot que nous devons trouvons sont e, m, t, u, n, e et r.

Olivier, mine inquiète, avise la médium : 

— Faites vite ! Encore un peu de temps !

Il s’en va.

— Tricia, s’alarme Mélinda, Olivier t’informe que tu as encore peu de temps pour résoudre l’énigme. Reste ici, je vais demander à Jim…

— Veux-tu que ma fille soit dans sa chambre ?

Mélinda opine du chef et accourt jusqu’au salon saluant le fiancé et le garçon d’honneur avant de murmurer à l’oreille de son mari : 

— Jim, veux-tu venir nous aider pour aider ton amie ! C’est urgent ! Et envoie la petite dans sa chambre !

Il cligne plusieurs fois des yeux et, enlaçant son épouse contre lui, se lève et informe Hyacinthe et Christian : 

— Messieurs, je vous laisse discuter entre vous, je veux bien faire une petite promenade avec ma femme. 

Les deux interpellés s’entr’observent avant de hausser les épaules. Se tournant vers l’enfant, toujours concentrée sur son dessin, il lui ordonne paternellement : 

— Nat, tu veux aller dans ta chambre ? Ce serait mieux plutôt que d’entendre des conversations qui ne sont pas pour toutes les oreilles !

L’élégant homme se lève et entraîne vigoureusement son épouse à l’extérieur. Nathalie monte dans sa chambre, rassurée que sa mère la croit, avec ses dessins. 


Accueilli par Tricia qui sourit à les voir si complices, l'ambulancier écoute attentivement les règles du jeu avant de réfléchir sur l’énigme. Le trio marche sur la sente empierrée en ne remarquant même pas la beauté naturelle du paysage tellement l’angoisse et le sérieux du jeu les préoccupait. Ce paysage où des arbres feuillus dressent fièrement leurs branches aux cieux, tels des bras qui désirent atteindre le sommet, et des oiseaux qui sifflent des doux chants au rythme d’un doux vent.

Front plissé dans un ultime effort de concentration, Jim soupire et dit de sa voix encore plus grave par l’inquiétude : 

— Je propose les verbes Meurent, Emurent et Remuent, mais je ne comprends pas le rapport avec ton fiancé, Tricia ? 

— Bonne question !

— Et si j’appelais notre ami l’inspecteur Carl Neely ? Il pourra nous informer sur Christian et son fameux doctorat en économie à la Harvard Business School et sur son restaurant à Reims dont je n’ai jamais entendu parler jusqu’à maintenant.

Il sort son cellulaire et appelle au numéro privé de son ami l’inspecteur : 

— Salut Carl, c’est Jim ! Je t’appelle pour que tu m’élucides les cas de Christian Maillard et de Hyacinthe Clos, propriétaires de l’Axiom Steakhouse à Reims. Aussi, peux-tu me confirmer l’obtention du diplôme en économie à la Harvard Business School pour Christian. Fais vite, c’est urgent ! Merci.

— Oui, mon ami, dans une heure, au plus tard je te rappelle, répond la voix de l’agent.

Chacun raccroche le téléphone. 


Le trio continue leur marche d’un pas empressé et arrive jusqu’au lac. Malgré la beauté de l’endroit, le calme et son appel au recueillement, ni Jim, ni Mélinda, ni Tricia n’y prêtent attention. Tension insoutenable en son cœur, ne cessant de réfléchir à l’énigme, la médium note la présence d’Olivier au bord du lac, près des pierres. 

Elle murmure aux deux autres : 

— Olivier est là-bas, je vais le rejoindre pour m’informer de ce qu’il veut !

— Sinon, il y a aussi le mot Menteur qui fonctionne avec les lettres, annonce Jim à mi-voix. Mais Christian serait un menteur en quel sens ?

— L'énigme est trop mystérieuse ! conclut la fiancée en serrant les mains en poings de rage.

— Mais on n’a pas le choix ! lui précise son ami.

— Ouais… Pas le choix !

Elle expire bruyamment l’air avant de se taire.


Mélinda demande à Olivier : 

— C’est là que tu es mort… Alors que veux-tu ? Je comprends que tu veux protéger Tricia, ton amie, mais l’énigme n’est pas facile ! Ne veux-tu pas nous aider ?

— J’ai trop aidé Tri ! Elle doit trouver la solution qui crève les yeux d’évidence ! Les deux se connaissent depuis qu’ils ont dix ans ! Et toujours aussi méchants !

Éberluée des paroles du défunt, elle le fixe, yeux aussi grands que des assiettes. 

Le défunt soupire, résigné, et murmure : 

— D’accord, je vais vous montrer un dernier indice qui pourrait aider Tricia ! Dites à mon amie d’ouvrir le dernier tiroir de la cuisine, c’est une photographie que Christian a amené avec lui !

Son interlocutrice lui confirme sa compréhension d’un signe de tête et informe la fiancée de la volonté d’Olivier.

L’amie de Jim exécute la demande et revient rapidement avec une photographie entre les mains. Jim l’analyse, fronçant des sourcils. Il hurle : 

— Mais cette photographie représente Filip Wojciechowski et Robert Langowski, deux méchants garçons de notre enfance, n’est-ce pas Tricia ? Je ne me souviens pas de leurs noms, mais de leurs visages ! Par contre, quel lien existe-t-il entre eux et ton fiancé ? … Sauf s’il a des affaires illégales avec eux !

Tricia promène son regard de l’un à l’autre du couple, perplexe.

— Je dois te préciser, ajoute le grand homme en jouant nerveusement avec le bouton de sa chemise, que Robert Langowski est un criminel responsable de la mort de mon frère, Dan, le 17 novembre 2000. Donc si ton fiancé est ami avec un tel type, je crains pour toi, Tricia ! Sans oublier que le père de Robert Langowski est responsable de la mort de mon père, Aiden. Reconnaissons que ton fiancé a de bien étranges amis !

— Je ne sais que conclure, bredouille son amie, promenant son regard, sauf si mon fiancé…


Soudain, le cellulaire sonne dans la poche de Jim. Ce dernier répond à l’appel, sous le regard angoissé des deux femmes. 

— Alors, Carl, quelles nouvelles m’apportes-tu au sujet de ton enquête sur Christian Maillard et Hyacinthe Clos ?

L’interpellé, au bout du téléphone, répond sur un ton sérieux : 

— Exactement, Jim ! Et tu seras assez étonné de mes résultats. Ces deux hommes semblent n’avoir jamais existé…

— Comment ? s’étonne-t-il.

— Ils n’ont aucun passé…

L’ambulancier fronce des sourcils à la réponse de son ami policier. Comment une telle chose puisse être possible, se demande-t-il en son for intérieur.

— Je soupçonne que ce sont des noms d’emprunt… Aussi, Christian n’a jamais étudié en économie et encore moins à la Harvard Business School, tout comme l’autre… Et dernier détail…

— Le Steakhouse ?

— Oui, … pour te dire que ce resto n’existe pas… Ni à Reims, ni dans les environs… Ni même en France, mais aux États-Unis et aucun d’eux n’en est propriétaire.

— Merci, mon ami, tu es formidable ! Sinon, une dernière requête… Si ça ne te dérange pas…

— Oui, vas-y, je t’écoute !

— Veux-tu enquêter sur le passé de Robert Langowski et de Filip Wojciechowski ?

— Oui, bien sûr ! Sans problème, Jim ! … Et je te rappellerai dès que j’aurai l’info, même l’un des noms ne m’est pas inconnu. Bon… Passe une bonne journée et à plus tard !

Après quelques minutes, une fois qu’il raccroche l’appareil, il informe, mine sérieuse, ses deux interlocutrices : 

— Carl… Carl Neely, mon ami policier, nous informe que Christian Maillard et Hyacinthe Clos n’existent pas, ils n’ont aucun passé ! Il pense que c’est des pseudonymes. Sans oublier qu’aucun des hommes n’a étudié à la Harvard Business School en économie. Et le restaurant est fictif ! Maintenant, je n’attends qu’un appel pour obtenir plus de détails concernant les deux hommes sur la photographie. Patientons !

Jim, Mélinda et Tricia continuent leur promenade dans les bois, mais personne n’observe la beauté de la nature, tous préoccupé en leur esprit de résoudre l’énigme d’Olivier, tout en trépignant d’impatience pour recevoir un appel de Carl Neely.


Quelques heures plus tard, même endroit.

Le téléphone sonne, l’appel tant attendu arrive. Jim répond immédiatement, sans la moindre hésitation.

— Carl, quel est le résultat de ton enquête ?

— Robert Langowski est le meurtrier de ton frère, Daniel. Ce qui veut dire qu’il est derrière les barreaux depuis novembre 2000. Il n’a qu’un certificat en évaluation des politiques publiques obtenu à l’Université de Rennes en 1998. Filip Wojciechowski a été maintes fois accusé de fraude, de vols et de malversations financières importantes. Il a un diplôme en économie et management publics avec une spécialisation en protection sociale obtenu en 1999 à l’Université Panthéon Assas, Paris 2. As-tu d’autres demandes ?

— Non, non ! Merci beaucoup et à la prochaine !

— Au revoir !

Et chacun raccroche. Jim informe son épouse et son amie d’un ton sérieux, regard glacial :  

— Robert Langowski est un criminel qui est derrière les barreaux, sans diplôme en économie, alors que Filip Wojciechowski a un lourd dossier de malversations financières et de fraudes.

— Donc, Christian Maillard et Hyacinthe Clos sont les pseudonymes de Robert Langowski et Filip Wojciechowski, conclut Mélinda, blême.

Olivier, à la droite de son amie d’enfance, approuve d’un signe de tête la conclusion de la médium. Celle-ci le fixe, bouche bée.

— Et, continue-t-elle, Olivier… confirme… ma phrase !

— Mais, interroge Tricia, qu’est-ce qui confirme que Christian Maillard et Hyacinthe Clos soient les pseudonymes de Robert Langowski et Filip Wojciechowski ? 

Elle darde un regard sévère au couple. Elle serre ses mains en poings, blanchissant ses jointures, avant d’exploser : 

— Je ne peux concevoir que mon fiancé puisse se présenter sous un pseudo, ni être quelqu’un d’aussi peu recommandable ! Ne serait-ce pas de la calomnie ?

Jim hausse les épaules, Mélinda désapprouve son propos d’un signe de tête.

— Tricia, c’est ton ami qui me l’a dit.

Yeux flamboyants de colère, elle lui demande.

— Mais comment peux-tu être si certaine qu’Olivier ne se soit pas trompé ?

Apparu à la droite de Mélinda, l’interpellé soupire et murmure : 

— Je le sais, Tri ! Je l’ai suivi depuis ma mort !

Soudain une forme se matérialise non loin du garçon, nul autre que l’Observateur russe. Ce dernier est un grand quarantenaire vêtu d'un complet bleu marine, d'une chemise blanche, aux cheveux blonds et aux yeux bleus. Ses traits délicats et nobles expriment une bonté naturelle et un regard qui inspire confiance, malgré la sévérité qui s’y lit.

— Je confirme les paroles du petit ! Hyacinthe Clos est le pseudonyme de Robert Langowski et Christian Maillard est le nom d’emprunt de Filip Wojciechowski… Paroles védiques des yeux et des oreilles incorruptibles d’un serviteur de Dieu !

Mélinda opine du chef, tremblant un peu malgré elle lorsque leurs yeux se rencontrent.

— Mes confrères et moi ne pouvons pas mentir !

— Et Tricia, non seulement, affirme-t-elle sur un ton alarmant, Olivier affirme l’équation entre chacun des hommes et leurs pseudonymes, mais surtout un Observateur, c’est-à-dire une entité invisible omniprésente et incorruptible approuve les propos de ton ami.

— Donc, conclut Jim, cela veut dire que le meurtrier de mon frère n’est pas en prison, …

Il serre les mains en poings de rage.

— … mais se promène librement sous un pseudo non loin de nous ! … Et que ton fiancé, Christian, est un salaud !

Son amie, yeux encore plus grands qu’auparavant, ouvre et referme la bouche à plusieurs reprises, sonnée par les révélations qu’elle refuse de croire.


Après quelques minutes de silence, Tricia dit d’un ton larmoyant : 

— Le mot de l’énigme… est « menteur »…

La fiancée énumère de ses doigts les lettres.

— Et le dessert polonais… est la piste de son nom, de son origine… Filip Wojciechowski… 

Elle analyse la photographie entre ses mains, soupirant.

— … Parce que, pour mieux analyser la photo, il y a une ressemblance frappante. Il a donc voulu me marier pour mon argent ! s’emporte-t-elle.

 Elle jette la photographie au sol de rage, faisant quelques pas pour s’éloigner du couple. Olivier, encore à la droite de Mélinda, approuve tristement.

— J’annule le mariage ! hurle-t-elle. Je sais que, dans deux heures, les célébrations ont lieu, mais je ne peux ! Je préfère annuler maintenant la cérémonie !

Elle court jusqu’au chalet, rouge de colère, regard brillant. Jim et Mélinda la suivent un peu en retrait. Elle rentre en trombe dans le salon où Christian, torse bombé, fier dans son complet, discute avec des invités et Hyacinthe Clos.

— Christian ! lui hurle-t-elle. 

L’interpellé, étonné, lui lance un regard interrogateur, de même que les invités autour d’eux.

— J’annule notre mariage. Escroc ! Salaud et menteur ! Quittez immédiatement les lieux avec votre ami !

— Tricia, quelle mouche t’a piquée ? Pourquoi un tel changement ?

— Filip Wojciechowski, quittez le plus rapidement possible !

Le fiancé soupire et lance un regard foudroyant à Jim et Mélinda avant de tourner le dos à Tricia et de sortir du chalet d’un pas traînant suivi de son garçon d’honneur. Ce dernier darde un regard meurtrier sur le couple, murmurant quelques menaces incompréhensibles.


Tout un désordre s'ensuit à la suite de l’annulation. Les invités quittent les lieux rapidement. Seul Jim, son épouse et quelques invités qui ont contribué à l’organisation rangent les différents meubles loués pour l’occasion. Autant de tables, de chaises, de fauteuils, de paravans, d’assiettes et de verres sont rangés dans les camions et les voitures.



Au même moment, au bureau du recteur de l'Université de Reims Champagne-Ardenne,

Josué Berthelot, assis à son bureau, vidant d'un trait son énième verre de vin, murmure aux Ombres qui l'accompagnent constamment :

— Mes chers amis, n'avez-vous pas un peu de pitié et de miséricorde pour moi ? Il faut être un peu patient pour que je trouve ce fameux livre... Et surtout que j'élimine ce célèbre homme, gardien potentiel du Livre...

— Oui, murmurent les Ombres d'une voix désincarnée à l'unisson, donnant un frisson au recteur. Nous savons bien qu'il faut un peu de patience, mais nous sommes fatigués de votre incapacité ! Nous sommes ennuyés de votre habitude à ne jamais se presser alors que le temps nous ait compté, comprenez-vous la situation ? Vous avez encore un peu de temps... Sinon vous encourez notre ire ! Et ce, très bientôt ! Gare à vous !

— Oui, très bien, mes amis.

Il se verse un verre de cointreau qu'il vide d'un trait et se lève de son siège pour sortir de son bureau. L'une des Ombres le possède. Il appelle son ami Roger.

— Est-ce que tout fonctionne comme prévu ?

— Oui, Robert Langowski est en position, attendant le moment propice pour éliminer cet ambulancier.

— Excellent, mon cher ! À bientôt !

Le recteur raccroche le téléphone, puis étire ses doigts, impatient de recevoir le coup de fil attendu.



Au chalet de Tricia, un peu plus tard, au coucher du soleil.

Jim range les dernières chaises alors que son épouse l’attend dans la voiture, ravie que tout se termine bien pour Tricia. L’ambulancier, discernant une lumière dans la petite cabane, rentre et s’exclame : 

— Qui est là ?

Un bruit étouffé lui parvient, puis un crissement d’un objet métallique sur le bois.

— Pourquoi tu viens ? l’interroge la voix avinée du fiancé.

— Tricia ne reviendra pas… Et déposez cette arme.

— Pourquoi ?

Le fiancé sert l’arme un peu plus près de son corps, tout en vidant son verre d’alcool.

— Tricia a annulé votre mariage… Et vous êtes responsable d’avoir menti à mon amie ! 

— Ne me dites pas qu’elle a annulé à cause d’un fantôme ? Un être qui n’existe même pas !

— Oui, parce que ce défunt se soucie plus d’elle que vous. Et il est plus réel que vous, il ne ment pas, il ne fait que la protéger, souhaitant à son amie un bon mari !

— Comment ? Je me soucie d’elle !, s’offusque Christian/Filip, levant les mains dans les airs, visage rougi.

Il dresse l’arme dans les airs et appuie sur la gâchette, logeant une balle dans le plafond. L’ambulancier s’approche pour la lui ôter des mains. L’ex-fiancé, enragé, vise encore une fois, brisant le miroir. Les deux hommes en viennent au corps-à-corps pour la possession de l’arme.


Élisabeth fait quelques pas à l’extérieur de la voiture, impatiente de revenir chez elle. La jeune mère, berçant Alexis entre ses bras, chante une comptine pour l’endormir. Soudain, sur le siège arrière apparaît Olivier, mine triste.

Étonnée, elle l’interroge : 

— Pourquoi ne pars-tu pas dans la Lumière, Olivier ?

— Tout n’est pas encore fini ! s’alarme-t-il. Ton mari est en danger ! Le fiancé a un étrange comportement ! Et le garçon d’honneur rôde trop près de ton mari ! Je crains le pire !

Elle devient blème, se rappelant soudainement de l’avertissement d’Élie James plusieurs mois plus tôt. Elle sort précipitamment du véhicule, cellulaire de son mari à la main. En courant sur le sentier faiblement éclairé, elle compose le numéro de leur ami inspecteur.

Olivier apparaît devant elle et l’informe : 

— Sois sans crainte, j’ai informé ton ami policier de venir ici ! Je suis étonné qu’il m’entende, mais au moins, je lui ai tout dit ! Il devrait bientôt arriver ! Je suis triste que ton mari soit en danger !

Elle le remercie d’un signe de tête, malgré son expression sérieuse et angoissée, jambes et bras tremblants, et arrive non loin de la cabane en bois. Elle constate que des chaises sont bien rangées en rang d’oignon, mais que son mari n’est pas dans les parages. Tournant sa tête vers la petite maisonnette, elle devient blême lorsqu'elle remarque, derrière un arbre, une ombre avec une arme, visant la fenêtre. Cette dernière, éclairée par l’ampoule, lui permet de noter la présence de deux hommes, son mari et le fiancé qui sont en lutte autour d’une arme. 

Soudain, deux coups de feu retentissent, l’un de l’intérieur et l'autre de l'extérieur, brisant la fenêtre et atteignant Jim à l'épaule gauche.

Soudain, apparaît Carl Neely, qui sort de sa voiture de fonction, à la droite de Mélinda. Il repère le tueur à gages caché derrière les arbres et s’avance silencieusement vers lui. Il lui somme : 

— Lâchez les armes, montrez vos papiers et mains dans les airs !

Robert se retourne, surpris, tire mais le rate, gêné par une branche. Le policier le désarme d’un coup de main et de pied, avant de lui passer les menottes. Il reconnaît immédiatement Robert Langowski, s’étonnant qu’il soit échappé de prison.

Puis, l’agent de l’ordre appelle du renfort de ses collègues et des ambulanciers avant d’arriver jusqu’à la cabine. Il ouvre d’un coup de pied sec la porte et hurle : 

— Déposez toute arme au sol ! Mains dans les airs, la police arrive !

Le fiancé s’avachit sur le sol dans l’espoir de récupérer l’arme, mais en vain. Le policier le maîtrise aisément. En balayant du regard la petite pièce en désordre à la suite de la bagarre, Carl demeure inquiet pour la blessure de Jim à l’épaule.

Mélinda, dès qu’elle voit les ambulanciers, ressent ses jambes vaciller. Est-ce que son mari est blessé ? Si il l’est, est-ce que sa vie est en danger ou non ? 

Suivant discrètement les ambulanciers, elle s'approche de Jim qui est allongé sur une civière alors qu’ils vérifient les signes vitaux.

— Votre mari est blessé à l’épaule gauche, l’informe l’un des ambulanciers, dépêchons-nous de l’amener aux urgences pour une opération ! 

Les sirènes s'activent et le véhicule roule rapidement, disparaissant rapidement de la vue de la brunette.


Prostrée, abasourdie, elle fixe le point où l’automobile a disparu, avant que son ami policier la sorte de sa rêverie en ces mots : 

— Mélinda, je m’excuse de ne pas être venu plus tôt ! Jim est blessé, j’espère rien de grave. Selon ses collègues, il est stable, mais une opération s’impose pour retirer la balle. Filip Wojciechowski et Robert Langowski passeront un certain temps derrière les barreaux, c’est certain ! 

Et le policier la salue respectueusement et s’éclipse. La médium regagne la voiture et explique les événements récents à sa mère. Les deux femmes arrivent rapidement à l'hôpital, angoissées par l’état de Jim. Se sentant fautive d’être responsable de l’état de son ami, Tricia arrive à l'hôpital avec sa fille.


Dans la salle d’attente de l'hôpital, quelques heures plus tard.

Laissant son bébé sous la surveillance de sa mère, Mélinda boit une tasse de thé, mains tremblantes. Une infirmière s’approche d’elle et l’informe : 

— Vous êtes Madame Clancy ?

— Oui ! répond-elle avec une tension dans la voix. Est-ce que mon mari va mieux ? Comment va-t-il ?

Un petit sourire apparaît sur l’austère visage de son interlocutrice, touchée par le souci qu’elle manifeste envers Jim.

— L’état de Jim Clancy est stable. L’opération s’est bien déroulée, mais il doit se reposer. Il dort depuis un certain temps. Le seul danger est l’embolie, raison pour laquelle un médecin sera présent ce soir pour veiller sur lui. Vous pouvez rendre visite à votre mari, il est dans la chambre 335, à votre droite.

— Merci, j’y vais à l’instant.

— Je vais venir avec toi, ajoute Tricia. Je me sens tellement mal d’être responsable de cette situation à Jim ! se lamente-elle. J’ose espérer que tout va bien ! Si seulement je vous aurais cru, jouant plus tôt au jeu de mon enfance avec Olivier !

— Tri, ajoute le défunt à la droite de son amie, ne te sent pas fautive ! Jim va mieux !

— Tricia, viens, nous irons visiter mon mari, mais il ne sert à rien de se culpabiliser ainsi, la rassure-t-elle. Olivier même te le dit de ne pas se sentir coupable ! Tu as joué au jeu et tu as compris que ton fiancé est un menteur… Pour le reste, ça te dépasse !

L’amie soupire et enlace maternellement sa fille. Les deux femmes et la fillette arrivent rapidement dans la chambre, parcourant les couloirs blancs à l’odeur de médicaments et de désinfectants si caractéristique du milieu.


À peine Mélinda est-elle entrée qu’Olivier la regarde avec tristesse, lui murmurant : 

— Je suis désolé… Je suis fautif qu’un mal soit arrivé à ton mari !

— Mais non ! le rassure la médium. Au contraire, tu as empêché ton amie Tricia d’être malheureuse en mariage. Et Jim va bien s’en sortir, un peu de repos et tout revient comme avant ! 

Le garçon affiche un faible sourire à la médium, yeux embués de larmes qu’il s’empresse d'essuyer. La mentionnée promène son regard terni de tristesse de la médium à son ami, tout en se tordant les mains l’une dans l’autre d’angoisse. Nathalie suit l’interaction entre Olivier et Mélinda.

— Mais je suis la plus fautive, s’exclame Tricia, j’aurai pu jouer plus tôt au jeu, être moins aveugle ! Mais j’aime trop ma fille pour l’avoir remarqué  !

— Non, s’insurge Mélinda. Moi-même j’ai un fils et il est la prunelle de mes yeux ! Vous avez, tous les deux, Olivier et Tricia, fait ce qui est en vos pouvoirs !

Elle se tourne légèrement vers l’esprit errant, continuant sur un ton maternel.

— Vois-tu une Lumière ?

Mine pensive, Olivier fixe d’un air absent la salle avant de constater, main droite sur le menton : 

— Tu as raison, j’ai fait tout ce que je pouvais ! Ton mari devrait survivre à l’opération, puisque rien de vital n’a été atteint… Et c’est vrai que je n’ai plus rien à faire sur Terre !

L’entité fantomatique tourne sa tête à droite et sourit. Un sourire radieux qui illumine son visage et efface la lueur de tristesse dans son regard, lui redonnant son insouciance enfantine.

— Oui, je la vois ! répond-il dans un souffle. Cette lumière est tellement divine, belle et agréable ! Je vois papie et mamie qui me font des grands signes de la main ! Est-ce pour moi ?

— Oui, petit ange gardien de son amie, c’est pour toi ! l’invite-elle entre des larmes.

Fixant la jeune mère avec des yeux agrandis, la bouche en o, il murmure : 

— Alors pourquoi pleures-tu ?

— Parce que cette paix sur ton visage est tellement touchante ! J’en suis toujours émue lorsque cette sérénité apparaît sur les visages des défunts ! Bon voyage !

Olivier se retourne vers la fille de Tricia et s’exclame : 

— Au revoir, Nat !

Il fait un geste de la main à l’enfant qui lui rend la pareille.

— Au revoir, Oli !

Et l’esprit se dirige vers la droite, disparaissant progressivement du champ de vision de la médium et de la fillette, enveloppé dans la Lumière.

Le sourire de Mélinda s’estompe au départ dans l’Au-delà d’Olivier Garnier pour laisser place à son inquiétude. 

Tricia, tenant fermement la main de sa fille, informe Mélinda : 

— Je vais te laisser seule auprès de ton mari. J’espère qu’il ira mieux, je prierais pour son prompt rétablissement.

La mère et sa fille quittent à pas de loup la chambre, laissant l’antiquaire extraordinaire seule.

Elle s'assoit sur la chaise que lui a laissé à sa disposition l'infirmière, rassurée de constater le rythme de la respiration régulière de son mari. Petit sourire, elle ferme les yeux, priant silencieusement le Ciel d’aider Jim.


La médium s’endort ainsi pendant quelques heures. Puis, au milieu de la nuit, elle ouvre les yeux. Encore dans les brumes du sommeil, elle sourit à son mari. Ce dernier est à ses côtés, l’observant depuis peu.

— Jim, tu es là ! Comment es-tu à mes côtés ? Ne veux-tu pas que…

L’interpellé s’approche un peu plus d’elle, lueur de douleur dans le regard. La médium remarque un changement imperceptible chez son mari, mais elle ne parvient pas encore à se l’expliquer.

— Mél, tu es tellement belle ! Quelle charmante femme ! …

— Pourquoi n’es-tu pas dans le lit ?

— C’est seulement une embolie.

Elle lui lance un regard interrogateur qui l’incite à préciser.

— Disons un terme médical qui explique ma présente situation, commente-t-il d’un ton amer.

Il se redresse un peu trop rapidement, cachant le lit à sa femme.

— Mais ne préfères-tu pas m’observer maintenant … Pour une dernière fois ?

Mélinda recule, effrayée de la réalisation qui la frappe, telle une foudre pour un arbre. Elle vient de comprendre qu’elle a vu l’âme de son mari. 

Sonnée, jambes tremblantes, elle bredouille : 

— Non… Impossible !

Le moniteur près du corps de Jim retentit bruyamment lorsqu’une ligne plate se présente sur l’écran. L’infirmière, alarmée, hurle dans l’interphone : 

— Code bleu, code bleu, chambre 335.

La médium éclate en sanglots, serrant les mains en poings, incapable de bouger malgré l’agitation des médecins et infirmières qui font tout pour réanimer son mari.

— Un, deux, trois… murmure l’infirmière.

— Encore… annonce la voix claire du médecin. On ne lâche pas !

— Non, non, pas toi ! Jim !

Son âme l’observe silencieusement, yeux remplis de larmes.




À suivre

Laisser un commentaire ?