Histoires entre vivants et esprits
Chapitre 11 : Suite des enquêtes de famille, celle de Jim, deuxième partie
4142 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 28/10/2023 21:02
Rappel de la généalogie du côté maternel de Jim Clancy (ce qu'il connait):
Dragan Radojčić (1920-1994) + Svetlana Milanović-Radojčić (1925-1989) = Filip Radojčić (1947-1978), Marija Radojčić (1948), Ivica Radojčić (1949) et Vera Radojčić-Clancy (1950)
Filip Radojčić (1947-1978) + Milena Nikolić (1952), mariés de 1972 à 1978 = Kristina (née en 1973)
Milena Nikolić (1952) + Andrej Popović (1950), mariés depuis 1980 = Vesna (née en 1982) et Zoran (né en 1984)
Marija Radojčić-Novaković (1948) + Kristian Novaković (1943) = Bogoljub (né en 1969) et Irina (née en 1970)
Ivica Radojčić (1949) + Sanja Šijaković-Radojčić (1959), mariés depuis 1980 = Milomir (né en 1981), Katarina (née en 1982) et Aleksandar (né en 1983)
5 novembre 2004.
Parc de Grandview, 9h50.
Jim a congé. Lui et sa famille sont dans l'un des parcs; les parents regardent leurs enfants jouer avec insouciance. Jim et Melinda Irène sont assis sur un banc. Tout à coup, derrière eux, un esprit errant se manifeste. Elle regarde discrètement vers sa direction : un septuagénaire vêtu sobrement avec une šajkača (couvre-chef national des Serbes) sur la tête et des petites lunettes sur le bout du nez. Il sourit au couple. L'esprit errant dit : « Moraš tražiti u vezi Milene [Tu dois chercher sur Milena] ! »
Melinda Irène, étonnée : – Gospodine, ko ste vi [Monsieur, qui êtes-vous] ?
– Dragane Radojčić, Džimov deda [Dragan Radojčić, le grand-père de Jim].
Puis l'esprit disparait de sa vue.
Jim Clancy, intrigué : – Srpski duh [Un esprit serbe] ?
– Da, tvoj deda Dragane. Hoće da tražiš u vezi Milene [Oui, ton grand-père Dragan. Il veut que tu cherches sur Milena].
Après quelques minutes de silence, car Jim essaie de se souvenir quelle Milena est dans sa famille maternelle, il répond: – Ako se ne varam, Milena mi je ujna [Si je ne me trompe pas, Milena est ma tante].
– Od koji ujak [De quel oncle] ?
– Od Filipe, koje je umro u 1978 [De Filip, qui est mort en 1978]...
– Dali onda Milena se ponovo udala [Est-ce qu'alors Milena s'est remariée] ?
– Da, ali se ne sećam više ime njenog drugog muža [Oui, seulement je ne me souviens plus du nom de son second mari].
– Najmanje, znamo na kome ćemu tražiti [Au moins, nous savons sur qui nous avons à chercher] !
Et Jim embrasse sa femme sur les joues; elle lui rend chastement son bisou. Ils savent que cette enquête obligera Paul Eastman à se rendre en Serbie, où la famille maternelle vit.
Une fois revenus chez eux, ils réchauffent le repas du midi (des sarme, des rouleaux de chou) et la famille s'attable. Après avoir fait la vaisselle, Jim téléphone au bureau de Paul Eastman pour l'informer de l'enquête sur Filip et Milena Radojčić, sans lui cacher un déplacement en Serbie, où Milena vit. C'est pourquoi il lui propose de l'aider en tant que traducteur. Le policier le remercie de son aide, prend en note les noms puis raccroche le téléphone.
Appartement de Carl Neely, 10h00.
Comme Maria, Sara et Samuel sont à l'école, Carl enlace Melody, assise sur ses genoux. Ils regardent discrètement Caitlin Mahoney jouer au salon avec ses poupées.
Il lui murmure à l'oreille droite : – Ma Melody, j'ai un cadeau pour toi...
La jeune femme le regarde, étonnée. Elle lui caresse le torse en passant sa main droite sous sa chemise. Il sort de la poche droite de son pantalon une petite boîte à bijou qu'il lui tend.
Melody l'ouvre : une bague de fiançailles ! Heureuse, elle l'embrasse sur les lèvres; il lui rend son bisou et dit : – Ma chérie, je propose que nous nous marions dans cinq mois...
– Oui ! Tu es vraiment génial, Carl !
Les esprits errants qui regardent la scène sont vraiment déconcertés : « La pire idée du siècle ! » pensent Ralph Mahoney, Hana Nasan-Neely, David Neely et Milena Vladikin-Neely à l'unisson.
Carl, ignorant l'exclamation des esprits, de joie, chatouille sa fiancée. Il est content, malgré sa paraplégie, il remarque qu'il ne souffre pas trop de dysfonctionnements sexuels, de sorte qu'il est apte à remplir ses devoirs conjugaux... La jeune femme se lève et pousse le fauteuil roulant et l'homme jusque dans leur chambre. Après quelques minutes de plaisirs intimes, ils reviennent au salon pour surveiller la fillette.
Vers 11h, Melody s'occupe du repas du midi. Après, Carl Neely se rend, en roulant rapidement sur son fauteuil, comme il ne l'a jamais fait depuis qu'il l'utilise, au travail. À croire que l'amour lui donne des ailes... Il apprécie son nouveau emploi d'agent de sécurité à la Bibliothèque et archives du Canada. Il consiste en des tournées routinières sur différents étages de la bibliothèque; il y accède grâce aux ascenseurs. À 20h30, Carl Neely est déjà de retour chez lui. Melody l'accueille à la porte. Maria, Sara et Samuel se sont enfermés dans leur chambre pour faire tranquillement leurs devoirs pour la semaine prochaine; Caitlin, elle, joue seule au salon avec ses poupées. Il remarque la présence olfactive du sombre esprit et Ralph Mahoney. Il pense : « Qui est cette âme errante à l'odeur désagréable ? » L'esprit, au lieu de répondre, disparait de son nez. Carl est perplexe, mais il préfère ne pas s'inquiéter. Il s'installe sur un canapé pour regarder Caitlin jouer.
La nuit est agitée pour Carl Neely, qui se trouve, dans son rêve, dans une sombre pièce. Il est complètement immobilisé, comme attaché par des liens invisibles... Tout à coup, un couteau s'agite devant ses yeux. Il se réveille en sueur. Carl serre la main droite de Melody pour se rassurer.
L'âme d'Hana se manifeste et dit, vexée : « Et moi ? Pourquoi changes-tu de femme ? Tu sais pourtant que seule moi sais te rassurer de tes cauchemars... »
Carl pense : « Hana, je comprends que tu sois jalouse de Melody, mais je ne suis quand même pas asexué, si toi, en tant qu'esprit, tu n'as aucune envie... »
– Très drôle !
Puis elle disparait de la chambre.
Melody se réveille à son contact; Carl lui raconte son cauchemar; elle tente de le rassurer du mieux qu'elle peut de sa voix la plus douce, qui finit par le bercer; et il s'endort à nouveau.
Le rêve se poursuit: Le couteau s'agite devant ses yeux et s'y rapproche dangereusement. Puis tout est noir. Il se réveille encore plus effrayé. Seulement, il garde son sang-froid. Carl remarque la présence d'une âme errante : Lorenzo Romano. Le sombre esprit passe à travers lui, le fixe pendant quelques secondes, éclate d'un rire diabolique puis disparaît de la chambre. Carl, lui, fixe le plafond de la chambre jusqu'au matin.
Le lendemain matin, Melody Spengler informe ses parents (Bartholomew Spengler, 49 ans, et Marie Lafortune-Spengler, 42 ans) et sa sœur aînée (prénommée Merry, âgée de vingt-deux ans) de son prochain mariage avec Carl Neely, qu'elle leur présenta par ailleurs, lorsqu'ils viennent dans l'appartement des fiancés. Et Carl en informe ses amis Paul Eastman, Melinda Irène Gordon-Clancy, Jim Clancy, Tricia Mizrahi et son frère Radoslav.
Paul Eastman, lorsqu'il apprend la nouvelle, il est simplement étonné, car il pensait bien que son ancien collègue ferait preuve de plus de jugement en matière amoureuse. Karl Pulluow apparaît devant lui. Il semblait attristé. L'esprit militaire dit : – Monsieur Carl Neely me déçoit ! Je pensais qu'il allait être plus vigilant pour se remarier... Preuve que sa sorcière l'a rendu fou amoureux d'elle... Selon ce que j'ai entendu du premier mari de sa sorcière, cette dernière est très terrible et tue à petits feux... Déjà, je trouve qu'il fait assez pitié... Inutile de vous dire mes inquiétudes... Mais j'espère qu'il ne s'illusionnera pas trop longtemps...
Paul Eastman, d'un ton neutre : – Je l'espère aussi...
Et l'esprit errant disparaît de sa vue après lui avoir fait un salut militaire.
Le policier rapporte les propos de son esprit protecteur à sa femme, qui lui caresse la main droite. Il a congé et il en profite pour aider sa Sara dans la cuisine.
Maison du juge Oswald Neely, 21h45.
Oswald Neely a tâté le terrain depuis le mois de mars par l'intermédiaire d'un habitant de la ville : il sait avec certitude que Melody Spengler est leur alliée la plus près de son neveu... Il en bave déjà, en l'imaginant comme un choux qui mijote lentement dans une grande marmite... Et il en informe Thomas Gordon et les frères Payne. Tous se frottent les mains de joie...
7 novembre 2004, Bibliothèque et archives du Canada, rez-de chaussée, 9h45.
Carl Neely fait sa tournée routinière en tant qu'agent de sécurité. Tout à coup, une âme errante se manifeste devant lui, l'agressant avec son odeur de tarte aux citrons. Il pense : « Madame Jane Lawrence-Gordon ! Ça fait longtemps que je ne vous ai pas vu... »
L'esprit errant répond : – Bonjour à vous, Monsieur Carl Neely ! Simplement pour vous avertir au sujet de votre fiancée... Car elle collabore indirectement avec votre oncle... Je suis sérieuse... Melody Spengler est en contact avec un homme qui lui donne des directives et qui est en contact avec votre salaud d'oncle. S'il vous plait, plus vite vous vous débarrassez de cette vipère, mieux ça sera pour vous. Surtout avec une arme à feu chez vous, ce n'est pas bon augure !
Carl Neely réplique, en faisant semblant de parler dans l'émetteur-récepteur portatif : – Mais Madame, je ne sais pas quoi faire avec cette arme... Je ne peux pas simplement m'en débarrasser en la jettant aux poubelles... Vous savez très bien que je ne peux pas rompre avec Melody... C'est mal vu que de rompre ses fiançailles deux jours plus tard !
– À vous de choisir ! Franchement, je vous croyais plus méfiant ! Mais après, que je ne vous entends pas regretter votre mariage !
Et Jane Lawrence-Gordon disparait. Carl soupire. Il a l'impression d'être pris entre deux feux... Il préfère ne pas y penser... Mais les avertissements de son frère lui reviennent à la mémoire... Ne pas marier une vipère...
À ce moment, des âmes errantes se manifestent et l'encadrent: Lorenzo Romano, Giovani Baldini, Andrew Lewis, Calvin Byrd et François Janet...
Carl Neely soupire. Il pense : « Qu'est-ce qu'ils me veulent, ceux-là ? Que le Diable les emporte enfin! » Mais une minute plus tard, sous l'influence sournoise des esprits psychiatres, il pense : « Melody, une douce vipère ? Sa voix est une harmonie à mes oreilles. Elle, collaboratrice avec le salopard ? Possible... Mais je garde espoir qu'elle pourrait bien changer, surtout si elle est mère... Par ailleurs, ce n'est pas reluisant de dire que j'abandonne ma fiancée... Je n'avais pas annulé mon mariage avec Hana. Je n'annulerai pas celui avec Melody ! »
Content d'avoir résolu son dilemme, il revient chez lui à la fin de son quart de travail. Évidemment, il ne lui mentionne pas l'intervention des âmes errantes.
Mais le soir, comme toutes les nuits depuis qu'ils sont fiancés, ne sont que des cauchemars qui le laissent perplexe le matin, mais surtout fatigué. Il s'agit principalement des menaces de mort et de danger imminent.
8 novembre 2004, Station de police de Grandview, bureau de Paul Eastman, 9h.
Paul Eastman réfléchit au premier pas à faire pour l'enquête sur Filip et Milena Radojčić. Il voudrait bien y parvenir sans impliquer Jim Clancy, mais il se rend à l'évidence : ne connaissant aucun mot du serbe (et il ne comprendra pas grand-chose, en raison des faux-amis avec le russe). Il doit avoir une aide pour la traduction. Tout à coup, un esprit se manifeste devant lui : une sexagénaire vêtue d'une robe traditionnelle des Slaves du Sud, avec un voile blanc sur la tête et des petites lunettes rondes au bout du nez.
Le policier dit : – Как вас зовут ? [Quel est votre nom ?]
L'esprit errant répond avec un fort accent slave : – Меня зовут [Je m'appelle] Svetlana Milanović-Radojčić.
– Вы не поможете мне ? [Voulez-vous m'aider ?]
L'esprit hoche de la tête. Puis il s'approche de Paul Eastman et lui touche l'épaule droite de sa main droite. Voilà le policier dans une vision ! Il voit dans une salle de bain, un homme vers la trentaine, avec une petite barbe de trois jours, allongé dans son bain. Son corps nu est recouvert par la mousse de bain. Peu de temps après, une femme vers la vingtaine fait irruption dans la salle de bain. Elle s'approche de l'homme. Fin de la vision.
Le policier est perplexe. Il pense immédiatement : « On dirait un meurtre prémédité... »
Svetlana Milanović-Radojčić dit : – Я видел это во сне, когда был жив [J'ai vu ça dans un rêve de mon vivant].
Paul Eastman : – Можете ли вы узнать двух молодых людей из вашего сна и моего видения ? [Pouvez-vous m'identifier les deux jeunes de votre rêve et de ma vision] ?
– Да, мой сын Филип и моя невестка Милена... И я предлагаю стать вашим переводчиком. Я знаю русский язык. [Oui, mon fils Filip et ma bru Milena... Et je vous propose d'être votre traductrice. Je sais le russe].
– Я принимаю вашу помощь. Большое спасибо, мадам ! [J'accepte votre aide. Merci beaucoup, Madame !]
– Спасибо ! [Merci à vous !]
Puis l'esprit errant disparaît de sa vue. Paul Eastman pense : « L'enquête s'annonce facile ! Pour faire changement des plus complexes ! Au moins, je peux compter sur mon traducteur invisible en faisant passer que je connais le serbe... Après, Dieu me pardonnera ce petit mensonge ! »
Il prie rapidement devant son icône portative de Saint Michel. Et il s'informe des prochains départs pour Belgrade. Il achète un billet pour lui seulement. La semaine prochaine, il débutera son enquête sur le terrain, en interrogeant les enfants de Filip et de Milena Radojčić – c'est Vera, la mère de Jim, qui fournit leurs noms au policier. « Au moins, » pense Paul Eastman, « je n'ai pas besoin ni d'un détecteur de mensonge ni d'un traducteur légalement qualifié avec un esprit errant si collaboratif... Ça fait de frais en moins ! » Et il s'achète aussi un billet de retour, en pensant bien régler en deux semaines son enquête. Évidemment, lorsqu'il revient chez lui, il informe sa femme de son prochain voyage pour l'enquête. Elle l'embrasse sur les lèvres en signe d'encouragement.
15 novembre 2004, Aéroport international d'Ottawa, 8h30.
Paul Eastman embarque dans l'avion à destination de Belgrade.
Lorsqu'il arrive dans la chambre de l'hôtel qu'il a loué pour les deux semaines d'enquête, il regarde sur sa montre, qu'il a ajusté à l'heure locale : 15h45. Svetlana Milanović-Radojčić se manifeste devant lui. C'est grâce à l'esprit errant qu'il s'oriente bien dans la ville, car elle lui traduit en russe les mots qu'il ne comprend pas. Elle lui indique l'adresse de sa petite-fille Kristina, la seule fille de Filip et de Milena. Le policier décide de l'interroger. Il frappe doucement à la porte de la maison de Kristina Radojčić. Cette dernière lui ouvre la porte. Elle est une femme élégante de trente-et-un ans, mariée et mère. Elle lui demande la raison de sa venue. Paul Eastman, après avoir entendu la traduction de Svetlana, répond à la vivante en anglais qu'il voudrait l'interroger au sujet de ses parents. Intriguée et effrayée de son uniforme, elle le laisse entrer au salon. La suite de la conversation se déroule alors en anglais lorsque le policier lui fait savoir qu'il ne maîtrise point le serbe, mais qu'il peut le comprendre. Et là, Paul Eastman pense : « Dieu me pardonnera ce petit mensonge, mais je ne peux quand même pas lui dire que l'esprit errant de sa mère traduit pour moi en russe ». Après la conversation, il la remercie de sa collaboration et sort discrètement de la maison de Kristina. Il revient dans sa chambre d'hôtel.
Au cours des journées suivantes, Paul Eastman, guidé par la grand-mère maternelle de Jim Clancy, parvient à mettre la main sur des nouvelles locales de Belgrade (des archives des avis de décès) ainsi que sur le dossier d'autopsie de Filip Radojčić et le dossier policier de sa femme Milena. Comme l'esprit errant lui traduisait les propos, il lui était assez facile de vérifier et de contre-vérifier les informations. En plus d'interroger Milena Nikolić, lorsque son second mari, Andrej Popović, est au travail. Il rapporte les différents éléments sur des feuilles. Et il formule ses conclusions sur une autre feuille. Évidemment, il entrecoupe ces moments d'enquête avec des visites touristiques du marché principal de Belgrade pour se changer les idées et pour acheter quelques souvenirs. Remarquant des belles Serbes, il pense à sa Sara, qui lui manque... Il a hâte de terminer cette enquête et de revenir à Grandview... La veille de son départ, Paul prépare ses bagages et formule ses dernières conclusions. « Finalement », pense-t-il, « cette enquête est l'une des plus simples de ma vie ! J'ai vu pire en matière d'histoires de famille... Celle-là est un enfant à la garderie, comparée à certaines plus entremêlées, et où même les esprits errants fournissaient des fausses pistes... »
30 novembre 2004, Aéroport international d'Ottawa, 21h15.
Paul Eastman est de retour de son enquête. Sa femme l'attend au quai de débarquement. Ils s'embrassent chastement sur les lèvres et reviennent bras dessus, bras dessous dans leur maison. Il lui annonce qu'il a terminé avec succès son enquête. « Par ailleurs, » ajoute-t-il alors qu'ils sont allongés dans leur lit une heure plus tard, « je n'ai jamais réglé aussi rapidement une enquête... Ce qui est bien... Ma chérie, je suis fatigué de mon voyage... Bonne nuit ! » Il éteint la lumière de la lampe qui se trouve sur le chevet, enlace son épouse et s'endort. La nuit est tranquille pour le policier.
Le lendemain, Paul Eastman rencontre Jim Clancy alors que tous les deux se rendent à leur travail. S'étant reconnus, ils se saluent et le policier remet à l'ambulancier les résultats de son enquête.
De retour chez lui, Jim lit les conclusions de l'enquête. Il en informe sa femme, qui lit discrètement par-dessus son épaule pour ainsi avoir à l'œil leurs enfants qui jouent au salon. Les voici : Milena Nikolić a tué son premier époux, Filip Radojčić, le 3 juin 1978 alors qu'il prenait son bain. Elle le tua avec un couteau dans la poitrine. Et elle camoufle le meurtre comme un suicide, pour ne pas encourir une peine de prison. Quand à savoir le motif : des dysfonctionnements sexuels du jeune homme. De plus, il a surpris la veille de sa mort sa femme avec son amant, Andrej Popović (alors leur voisin), dans leur lit, alors qu'il est revenu plus tôt du travail. Deux ans après la mort de Filip, Milena se marie à son amant, avec lequel elle devient mère de Vesna (née en 1982) et de Zoran (né en 1984). Chacun d'eux sont déjà mariés depuis quelques années.
Au moment où Jim Clancy termine de lire les résultats de l'enquête, Dragan Radojčić et Svetlana Milanović-Radojčić apparaissent devant lui; Melinda Irène signale leur présence. Les âmes errantes sont très contentes. Elles remercient la femme de leur petit-fils, saluent leur petit-fils et leurs arrière-petits-enfants, puis elles partent dans la Lumière.
Jim range les papiers et rejoint Melinda Irène. Main dans la main, assis sur un canapé, ils regardent leurs enfants jouer avec insouciance. « Nous sommes tranquilles avec nos histoires de famille ! » pensent-ils à l'unisson.
1er décembre 2004, appartement de Myriam Eastman et Zacharie Salama.
Les jeunes tourtereaux décident de se marier l'année prochaine, en novembre. Chacun en avertit leurs parents respectifs. Même le frère de Myriam, Samuel, qui est marié depuis deux ans à Annie Desrochers, est invité au mariage.
4 avril 2005, cabinet du Docteur Éli James, 13h.
Carl Neely vient au rendez-vous qu'il a exigé il y a une semaine chez le psychologue, fatigué de ses nuits sans sommeil ou avec des cauchemars qui le laissent très perplexe depuis ses fiançailles. Et demain, c'est son mariage ! Il veut donc au moins bien dormir...
Éli James l'interroge au sujet de ses rêves. Bien sûr, Jane Lawrence-Gordon, Hana Nasan-Neely et Ralph Mahoney, après s'être présentés au psychologue, expliquent leur version des faits... C'est le patient qui soupire.
Et le psychologue conclut que les rêves menaçants sont des rêves prémonitoires concernant la possibilité de son second mariage. Et que son inconscient l'avertit du danger.
Carl Neely sort du cabinet, encore plus perplexe que lorsqu'il y est entré. Mais les esprits errants que sont François Janet, Calvin Byrd et Andrew Lewis l'influencent à distance (en étant un peu éloigné de lui, pour qu'il ne détecte pas leurs odeurs) pour qu'il ne croit pas aux propos du psychologue... Se rendant à leur avis, et par peur de rester seul, il préfère ignorer de telles conclusions et de tels rêves. « Demain, je me marie, point c'est tout ! » pense-t-il en ouvrant la porte de son appartement. Évidemment, il dit à Melody que les conseils du psychologues sont vains. Il se procure des somnifères en vente libre, au cas où sa fiancée n'aura pas envie de l'endormir avec sa belle voix...
5 avril 2005, mairie de Grandview, 9h.
Carl Neely et Melody Spengler sont devenus mari et femme. Un seul détail qui inquiète le marié est le boudage de ses parents et de son grand-père maternel. Aucun esprit ne manifeste de la joie à l'événement. Il met ça sur le compte de leur désaccord de son second mariage. Mais il ne laisse pas pour autant gâcher sa journée ! Au moins, il aura quatre jours de congé ! Au cours de ces journées de congé, le nouveau marié ne faillit pas à ses devoirs conjugaux. Inutile de dire toutes les tentatives des esprits errants pour qu'ils paraissent maladroits, ce qu'ils ont déjà fait lors des fiançailles, pour gâcher leur vie de couple... Mais Carl et Melody ne se laissent pas pour autant déroutés... C'est même les esprits qui battent en retraite, vexés des propos un peu déplacés du passeur d'âmes... Au moins, le nouveau couple profitent bien ensemble des journées de congé. Et Melody est même enceinte, au grand désarroi de Ralph Mahoney et Hana Nasan-Neely... Malgré une petite complication lors de sa grossesse (provoquées par les deux esprits errants en panique), elle la mènera à terme, en passant le dernier trimestre à l'Hôpital Mercy.
7 novembre 2005, mairie de Grandview, 11h.
Zacharie Salama et Myriam Eastman se marient. Les parents des jeunes gens sont invités à la fête qui suit la cérémonie au cours de laquelle ils échangent les anneaux. L'amour est dans l'air. Paul Eastman et Sara Benamou-Eastman pensent avec nostalgie à leur propre mariage.
8 décembre 2005, Hôpital Mercy, unité de naissance, 7h15.
Melody Spengler-Neely accouche de son premier enfant avec son second mari. Elle en est contente : « Au moins, c'est sûr que Carl ne m'abandonnera pas... » Un garçon, prénommé Daniel.
Appartement de Carl Neely, 14h.
Carl Neely revient du travail. Sa femme l'attend, le nouveau-né dans ses bras. Il lui dit à la blague : « La postérité est assurée ! » Et il l'embrasse sur les lèvres; elle lui rend son bisou.
Hana apparaît devant le nouveau-né et dit : « C'est vrai qu'il est mignon, mais il serait encore plus adorable s'il était une fille, pour moins ressembler à sa mère de vipère ! »
Le bébé commence à pleurer; sa mère le berce doucement.
Carl réplique à l'esprit : « Ça va, Hana, j'ai compris que tu es jalouse de ma deuxième épouse, mais ne sois pas si méchante! Pars dans la Lumière pour plus que je t'entends avec tes commentaires déplacés ! »
Froissée, la Syrienne réplique : – C'est comme ça que tu me remercies ! Mari ingrat !
Puis elle disparaît de son nez. Un autre esprit apparaît : Karl Pulluow. Il regarde en silence le couple pendant quelques minutes, fait le tour de l'appartement plusieurs fois en sens horaire, puis disparaît sans mot dire.
À suivre.