Ghost Whisperers in Canada

Chapitre 3 : Enquête et trouble-fête

8880 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 16/07/2023 19:14



Résumé de la situation des personnages en décembre 2003.


Dušan Milošević (28 ans) et Zlata Eastman-Milošević (24 ans) vivent depuis un an à Brossard, un arrondissement de Longueuil, en banlieue de Montréal (Rive-Sud), avec leurs trois enfants (Stanislas, quatre ans; Vladimir, trois ans et Maria, deux ans), dans une maison unifamiliale qui comporte aussi un joli petit jardin bien entretenu. En bon père de famille, Dušan travaille beaucoup. Il travaille depuis quelques années pour la Corporation d'Urgences-santé à Montréal. Il maintient, par ailleurs, son contact avec son frère, sa soeur et leurs parents, afin de pouvoir aider sa femme à résoudre les cas de certains esprits errants. Christopher Eastman, 23 ans, est récemment marié à sa fiancée, Sofianne Kantorowski (18 ans), et est père d'un fils prénommé Radoslav, né en avril. Ils vivent dans un petit appartement dans l'arrondissement de Ville-Marie. Carl Neely (28 ans) et sa femme Daphné (23 ans) et leurs trois enfants (Anne-Marie, trois ans; François, deux et Sara, un an) vivent dans une maison unifamiliale à Montréal, dans l'arrondissement de Ville-Marie. Sa sœur, Maria, 27 ans, vit avec son époux, âgé de 28 ans, avec leurs enfants (Mery, sept ans, Julien, six) dans une petite maison unifamiliale dans l'arrondissement de Ville-Marie. Dušan Milošević, Carl Neely et Tricia Benhenia-Regragui conservent leur amitié, mais passent davantage de temps avec leur famille respective, s'invitant parfois une fois par an en bons amis lorsque leurs diverses occupations leur permettaient.

Son frère, Pierre Neely (26 ans), lui, vit aussi dans l'arrondissement de Ville-Marie, dans un petit appartement avec sa femme, Marie-Josette (24 ans) et leurs enfants (Francis, deux ans et Marianne, un an). Il travaille comme policier patrouilleur avec son frère aîné. Sa femme cesse de travailler pour s'occuper de leurs enfants. Cependant, Carl Neely se berce d'illusions par rapport à son frère, le tenant meilleur pour ce qu'il est. Il considère que l'amitié de Pierre avec Melinda n'affecte pas leur relation fraternelle... En ce qui concerne Melinda, il est un peu plus sur ses gardes, sauf qu'il ne lui refuse aucune requête lorsqu'elle vient à son bureau, puisque sa méchanceté ne le concerne pas tout à fait. Ces raisonnements seront des erreurs graves pour le policier.

Dans le poste de quartier 20, Christine Namer-Nietzsche, 41 ans, travaille encore comme policière patrouilleur et n'abandonne pas pour autant son projet de séduire Carl Neely, bien qu'il la refuse à chaque tentative de séduction...

Kenneth Neely, âgé de 53 ans, exerce encore ses fonctions d'avocat; sa femme, Danica, 49 ans, s'occupe avec diligence de la maisonnée. Mais ils s'inquiètent pour leur fils aîné...

Paul Eastman, policier patrouilleur de 53 ans, est encore au Poste de quartier 20; sa femme, 49 ans, ne s'ennuie pas à la maison, occupée entre les travaux ménagers et la cuisine. Ils vivent encore dans leur maison à Montréal, 1985, rue Parthenais. Dragan Milošević (66 ans) est depuis un an à la retraite. Il passe ses journées avec sa femme, Annick Smith-Milošević (46 ans) qui est une bonne femme au foyer. Ils passent leur journée dans leur maison (au 2017, rue Saint-Hubert) entre la cuisine, le salon, le jardin et les promenades lorsque le temps le permettait. Danijel Milošević (29 ans) et Mirjana Radosavljević-Milošević (23 ans) vivent dans un appartement dans l'arrondissement de Ville-Marie avec leurs deux enfants (Mila et Slavena, respectivement trois et deux ans). Belinda Milošević-Goldstein (26 ans), elle, s'occupe des enfants (Mery et Joshua, respectivement cinq et quatre ans) et de son mari, Arthur Goldstein (40 ans) dans leur appartement dans l'arrondissement de Ville-Marie. Miroslava Eastman-Milošević (54 ans) et son époux, Radovan Milošević (65 ans), qui a pris sa retraite en novembre, sont contents d'être grands-parents; leur fils aîné, Ivan (36 ans), s'est marié à Sophie Poulin (33 ans) en 1993 et ils sont parents de deux adorables enfants, prénommés Mathieu (neuf ans) et Marie-France (huit ans); David, lui, s'est marié en 1995 à Marie Prudhomme (30 ans), avec laquelle il a une fille, prénommée Charlotte (sept ans). Miroslava et Radovan Milošević vivent dans leur maison unifamiliale sur l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville à Montréal. Ana-Marija Milošević-Maisonneuve (63 ans) et Justin Maisonneuve (64 ans) vivent dans leur maison à Laval. Justin travaille encore comme bibliothécaire à la bibliothèque Sylvain-Garneau. Leur fils aîné, Jean, âgé de 43 ans, est déjà marié à Catherine Gagnon (42 ans) depuis vingt ans; ils sont parents de Samuel (18 ans), qui débute ses cours au Collège Montmorency dans le programme arts, lettres et communication. Philippe Maisonneuve, à 42 ans, est marié depuis cinq ans à Cynthia Beaulieu (32 ans) et sont parents d'une adorable fille prénommée Agnès, née en 2000.

Jean Dusoleil, 48 ans, travaille comme policier-enquêteur depuis dix ans. Sa femme est à la maison. Leur fille aînée, Marianne, âgée de 25 ans, vit dans un petit appartement avec son petit copain depuis un an. David Dusoleil, 24 ans, est avec une petite copine depuis deux ans. Daniel Dusoleil, lui, s'est marié en novembre à sa fiancée, Lydie Grafton.

Tricia Benhenia-Regragui (28 ans) est contente d'être femme au foyer. Son époux, Faris Regragui, 38 ans, travaille comme mécanicien. Leur fille Natalie, neuf ans, est à sa cinquième année du primaire, se montre une bonne élève. Ses parents, eux, vivent encore dans leur maison unifamiliale dans l'arrondissement Ahuntsic-Cartierville. Son frère, lui, est marié et père de deux adorables enfants (son fils Philippe a quatre ans, sa fille Danielle, trois), et il travaille comme manœuvre dans le Collège Ville-Marie pour entretenir sa famille.

Viktor Papachristopoulos, le beau-père de Carl Neely, âgé de 48 ans, apprécie beaucoup son travail au restaurant Le Pégase. Sa femme, Andromaque, âgée de 43 ans, est une bonne femme au foyer, occupée entre les travaux ménagers, la cuisine et ses différents projets de tricots pour les petits-enfants. Ils vivent dans leur maison unifamiliale dans l'arrondissement de Rosemont-La petite prairie. Leur fils, Pascal (24 ans), est marié depuis deux ans à Myriam Elmaleh (20 ans) et il est père de Sara (un an) et de Nathan (trois mois). La petite famille vit dans un appartement dans l'arrondissement Rosemont-La petite prairie.

Mélinda Gordon (23 ans) vit avec son époux (33 ans) et ses enfants (Mery, trois ans ; Oliver deux ans et Alexander, deux mois) dans la maison de son mari à Westmount. Les enfants sont sous la supervision d'une nourrice et d'un gouvernante; ainsi, elle a le temps de s'occuper de ses prochains projets pour séduire Carl Neely et surtout pour rencontrer ses amis les professeurs Élie James, Richard Payne et Joshua Bedford. D'ailleurs, lorsqu'elle rend visite au policier, elle cherche discrètement à la séduire, avec ses robes moulantes, ses décolletés et se jupes très courtes. Jusqu'ici, Carl résiste à ses avances, par ailleurs, averti par sa femme. Gabriel Lawrence travaille comme constable spécial de la STM. Et les deux méchants passeurs d'âmes poursuivent ensemble leur sinistre projet de manipuler les âmes errantes (Melinda, lorsqu'elle se promène à Montréal, Gabriel recrute les âmes errantes au métro) mais aussi celui d'avoir Carl Neely dans leurs rangs, comme son frère Pierre. Marie Lawrence-Demers, avec laquelle Gabriel garde encore contact, âgée de 32 ans, vit avec son mari, Luc Demers, dans une grande maison au Westmount, avec leurs trois enfants (Adrienne, treize ans, Charlotte, douze et Louis, onze); l'aînée est à sa deuxième année du secondaire, Charlotte à sa première année du secondaire et le benjamin à sa dernière année du primaire. Le beau-père de Mélinda, Arthur Lawrence, 53 ans, est encore agent pour le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), et réfléchit par tous les moyens possibles et imaginables de convaincre Carl Neely de rejoindre leurs rangs...

Thomas Gordon (68 ans) n'est pas encore parti à la retraite; il continue à exercer ses fonctions de juge. Sa femme, Elizabeth, à 63 ans, travaille encore comme fleuriste. Samuel Gordon (22 ans), lui, a terminé son Baccalauréat en enseignement secondaire et se cherche une épouse. Il attend le prochain concours pour poser sa candidature pour l'année scolaire 2004-2005.

Rebbeca Cahill, 18 ans, est fatiguée de prendre des médicaments et décide de se renseigner sur le fait qu'elle voit des individus que les autres ne voient pas. Sauf que la jeune femme ne sait pas comment aborder une question si délicate sans paraître folle.

Mitchell Marino (34 ans) et Andrea Marino (35 ans), participent activement aux activités de blanchiment d'argent de leur père (67 ans), qui garde contact avec sa famille de l'autre côté de l’océan Atlantique. Leur mère, Abigael, 56 ans, continue à les aider avec ses petits trucs occultes. Le frère s'est trouvé une copine, tandis que la sœur s'est trouvé un petit copain, mais elle pense secrètement à connaître Carl Neely.

Quant aux professeurs Richard Payne, Joshua Bedford et Élie James, ils sont professeurs réguliers à leurs universités respectives et sont toujours aussi intéressés depuis trois ans par les dons de Mélinda Gordon, de Gabriel Lawrence (qu'ils fréquentent lorsque nécessaire pour des conseils relatifs à leurs pratiques occultes), de Zlata Eastman-Milošević, de Carl et de Pierre Neely. Et bien sûr, il ne faut pas oublier la cohorte d'esprits errants qui suivent le pauvre policier insouciant qu'est Carl Neely. Certains sont malveillants, dont la plupart de ses ancêtres paternels et maternels, Alberico da Romano, Philippe Pinel, le Dr. Max Rinkel, le Dr. Donald Ewen Cameron, le Dr. Sidney Gottlieb, Hellmut Reinhardt et Richard Gronewald. D'autres esprits errants sont bienveillants à l'égard du policier, à savoir Vuk Branković, le vicomte des Limousins Hildegaire de Rochechouart, Breda Neely, Brian Neely, Edbert Neely, Darina Neely, April Murphy-Neely, Ana Vidović-Bogdanović, Bérénice de Bonnechose-De Frontenac et Gilbert de Boissieu, sans oublier Anđela Jakšić-Milošević, la grand-mère paternelle de Dušan Milošević.





4 décembre 2003, Poste du quartier 20, 10h.


Le policier-enquêteur Jean Dusoleil est penché sur des papiers de transactions de Mitchell Marino et Andrea Marino.

Sur son bureau, une photographie de sa famille, sur laquelle sont présents sa femme, leurs trois enfants et lui-même. Cette photographie permet de l'encourager dans ses enquêtes. Il revient aux papiers. Le policier pense : « Il doit y avoir des drôles d'activités dans cette famille... Mitchell Marino a acheté en 1989 une maison à étages au Westmount, 707 avenue Victoria, évaluée à 2 095 000 $. Il la vendit deux ans plus tard. Il acheta alors une autre maison située au 444 avenue Elm, évaluée à 2 495 000 $. C'est très bizarre... De même pour Andrea Marino, qui acheta en 1991 un appartement condominium au 86, avenue Somerville, Westmount, pour une valeur 545 000 $. Elle le vendit l'année suivante pour acheter une maison à étages située sur la Place Breaside, 16, pour une valeur 6 500 000 $... Et leur adresse actuelle est 3200 avenue de Trafalgar, maison qu'ils ont acheté pour une somme de 8 750 000 $. Apparemment, ils paient toutes leurs transactions en argent comptant... Mais quels métiers exercent-ils ? D'où viennent-ils ? »

Jean Dusoleil soupire, mais il fait une recherche sur l'ordinateur de bureau et dans les dossiers d'archives de la police pour trouver certaines informations. Il sait ainsi leur généalogie, leur lieu et date de naissance.

« Maintenant, », pense le policier, « est-ce que je trouve des informations sur leurs parents et sur eux-mêmes ? Et ensuite, je me déplacerais en personne chez les Marino, car il y a quelque chose qui sent mauvais dans ces transactions louches... » Content de son plan, il poursuit sa recherche sur des bases de données spécialisées. Il trouve suspect les différentes transactions que les Marino font avec l'Italie, en plus des grosses sommes d'argent... Voyant l'heure qu'il est, le policier-enquêteur termine de consigner certains détails qu'il range dans un tiroir, dans une chemise identifiée « M2003 ».

Quelqu'un frappe discrètement à la porte.

Jean Dusoleil dit : « Qui est-ce ? »

Une voix familière lui répond : « Votre collègue Paul Eastman. »

– Entrez, Monsieur Eastman ! Soyez le bienvenu !

Le policier entre dans le bureau. Il est vêtu de son uniforme. Il s'assied sur une chaise que lui désigne son collègue, qui ne cache pas son étonnement. Paul remarque la présence de l'esprit errant qui l'a conseillé de voir son collègue, ce qui le fait sourire. Cet esprit est son propre père, Frank Eastman, décédé il y a deux ans. Frank est un septuagénaire vêtu d'un complet bleu marin, d'une chemise blanche et de souliers beiges.

Paul dit à Jean Dusoleil : – Merci de votre patience, Monsieur Dusoleil.

– Il n'y a de quoi, mon ami.

– Et bien, je suis venu, car mon père, Frank Eastman, veut que vous réglez au plus vite votre enquête sur les Marino.

– Pourquoi ?

Frank Eastman répond : – Et faites preuve de prudence, car elle est dangereuse cette enquête... Dangereuse pour vous et pour votre ami Carl Neely.

Paul : – Mon père dit que vous devez faire preuve de prudence, car cette enquête est dangereuse non seulement pour vous, mais aussi pour Carl Neely.

Jean Dusoleil : – Ne vous inquiétez pas pour moi ! C'est plutôt pour notre collègue que je m'inquiète. Surtout que je ne comprends pas comment une enquête que je fais peut avoir des répercussions sur lui.... À moins qu'il soit question de mauvais esprits ! Et bien, que Dieu le protège de leur influence !

Frank Eastman commente : – Sa sincérité est touchante ! Mais, fiston, tu peux l'aider dans cette enquête. Quand à votre ami, il doit absolument éviter le pire, mais les méchants ne sont pas inactifs et il a plus d'ennemis que ce qu'il peut l'imaginer... Il ne me reste qu'à espérer qu'il ne s'aveugle pas devant son pire ennemi, sinon... C'est trop terrible!!! En bref, que Dieu le protège !

Et l'esprit errant se signe trois fois puis disparaît de la vue du passeur d'âmes.

Paul Eastman dit : – Mon père (et moi-même) apprécions votre sincérité envers notre collègue Carl Neely, qui est vraiment insouciant. D'ailleurs, mon père affirme que je peux vous aider dans votre enquête.

Jean Dusoleil : – Oui, je comprends très bien pourquoi : les esprits.

– Oui. Mais pour revenir à Carl, il doit sérieusement démasqué son ennemi juré, car plusieurs individus travaillent derrière son dos. Son problème est son insouciance... Et bien je dis alors comme mon vieux père : que Dieu le protège de leur influence !

– Si vous n'avez rien à ajouter, merci Paul, d'être venu.

– Merci de m'avoir écouter, Jean ! Passez une bonne journée !

– À vous aussi !

Et Paul Eastman et Jean Dusoleil se lèvent de leur chaise respective et le second ouvre la porte pour laisser sortir son collègue. Puis lui-même sort du bureau, qu'il ferme à clef.


Dusoleil est attendu dans sa maison par sa femme. Il l'embrasse chastement sur les joues. La nuit est tranquille; le couple dort enlacé.


Le lendemain, le policier-enquêteur profite de sa journée pour continuer son enquête sur les Marino. Dusoleil fait ses recherches pendant plusieurs jours. Il conclut après lecture de plusieurs documents que Rafael Marino, de métier investisseur, fait des détournements d'argent transféré d'Italie, argent que lui donne ses frères Aldo et Francesco, mais aussi son beau-frère, Bartolomeo Moretti. Cet argent provient d'une fraude organisée par les Marino... « Ils sont drôlement organisés pour un cas local de fraude », pense Jean Dusoleil. Entre-temps, cette information est confirmée par l'esprit errant qu'est Frank Eastman, dont son fils, Paul, rapporte les propos à son collègue. Ainsi, il apprend que les Marino sont les membres importants de la mafia italienne, qui ont leur fortune en raison de fraude financière (Aldo Marino est banquier) et de vente illégale de stupéfiants (dont l'une des têtes de l'hydre est Francesco Marino).



Le 11 décembre 2003, une fois qu'il a cherché parmi tous les documents possibles et imaginables, le policier-enquêteur du SPVM décide de débuter son enquête sur le terrain. Il fait appel au polygraphiste (spécialiste qui assiste les policiers-enquêteurs avec des instruments pour établir la vérité des propos des individus interrogés) Jasper Wüst, et les deux hommes se rendent dans une voiture de fonction à l'adresse des Marino, 3200 avenue de Trafalgar. Andrea, étonnée de voir une voiture de police devant leur maison, en avertit aussitôt son frère, qui accourt à la porte lorsque les deux policiers frappent à la porte. Il ouvre la porte et dit : – Messieurs, qui êtes-vous et qui cherchez-vous ?

Le policier-enquêteur lui montre sa carte d'identité et dit : – Je suis Jean Dusoleil, policier-enquêteur du poste de quartier 20, du SPVM.

Le polygraphiste : – Moi, c'est Jasper Wüst, polygraphiste du SPVM, attaché au poste de quartier 20.

Jean : – Et nous cherchons Monsieur Mitchell Marino et Madame Andrea Marino. Nous menons une enquête sur vous. Et nous procédons à une interrogatoire. Pouvons-nous entrer ?

Mitchell, d'un ton calme : – Oui, bien sûr.

Le frère et la sœur laissent entrer les agents de l'ordre.


Ils procèdent à une interrogatoire au sujet de leurs activités. Conclusion : ils mentent.

Une fois Jean Dusoleil et Jasper Wüst sortis, Andrea Marino dit : « Frère, il faut se venger ! Ça l'apprendra à fourrer son nez dans les choses des autres ! »


Mitchell approuve d'un mouvement de tête. Ils pensent le faire périr dans un accident de voiture avant qu'il ne creuse plus loin... Ils appellent leurs parents et tous les quatre, le soir même, font un sombre rituel sur Jean Dusoleil et Jasper Wüst. Heureusement, le policier-enquêteur est averti en rêve qu'il pourrait être victime d'un accident.

Le lendemain matin, il raconte son rêve à sa femme et décide simplement de ne pas se rendre chez les Marino. Il en avertit le polygraphiste. Dusoleil pense bien que ses rêves sont véridiques, car la seule fois où il n'a pas écouté son intuition, il a failli mourir. Le policier-enquêteur passe donc sa journée de travail dans son bureau avec une autre enquête. Il ne reprendra celle sur les Marino que quelques jours plus tard.



Simultanément à la visite des policiers chez les Marino, dans la maison des Milošević, à Brossard.

Dušan est au travail. Zlata, elle, regarde ses enfants jouer dans le jardin. L'hiver est leur saison préférée, car ils jouent dehors dans la neige pendant des heures. Elle les regarde, tout en tricotant un pull pour Maria. Tout à coup, un sombre esprit se manifeste devant elle : Alberico da Romano. Il sourit ironiquement et dit d'un air arrogant : « Carl, le non-chaste, ne peut plus vivre avec sa chaste épouse ! Ah! Ah! Ah! Ah! » Et il disparaît de sa vue.

Anđela Jakšić-Milošević apparaît à la droite de Zlata, se signe puis dit : – Votre ami Carl Neely ne doit pas se laisser séduire ! Il ne lui reste pas beaucoup de temps ! » (cf. Ibrica Jusić, les vers de Ne dajte da vas zavedu « Ne dajte da vas zavedu / Nemate mnogo vremena », qui se traduisent par « Ne les laissez pas vous induire en erreur / Il n'y a pas beaucoup de temps »).

Et l'esprit errant disparaît avant que Zlata n'ajoute un mot. Perplexe, elle rapporte les propos à son mari lorsqu'il revient du travail, le soir. Dušan, pour toute réponse dit : « Zlata moja, najbolje je da pitamo Danijelu u vezi šta je rekao taj zloduh. Priznajem da ne razumem od čemu on priča. [Ma Zlata, le meilleur est de demander à Danijel à propos de ce que veut dire ce mauvais esprit. Je reconnais ne pas comprendre de ce dont il parle.] » Rassurée, elle l'embrasse sur les lèvres; il lui rend son bisou.



Le lendemain, Zlata décide de rendre visite à son beau-frère, Danijel Milošević. Évidemment, elle l'informe de sa visite au préalable, en précisant que c'est pour un cas d'esprit. Elle se rend quinze minutes après son appel. La passeuse d'âmes est bien reçue par la femme de Danijel, Mirjana Radosavljević-Milošević, qui la salue et amène ses enfants jouer dans le parc le plus près. Ainsi, Zlata et Danijel discutent tranquillement dans le salon, assis sur des canapés face à face. Lorsque Zlata Eastman-Milošević lui explique les propos des esprits de la veille, elle remarque qu'Anđela Jakšić-Milošević est à la droite de Danijel. Celui-ci dit : « L'incompatibilité du chaste et du non-chaste sent une planification d'infidélité pour ton pauvre ami policier... Je me souviens d'avoir lu quelque chose à ce sujet... Si tu me le permets, laisses-moi regarder dans ma bibliothèque et j'espère revenir avec une réponse. »

Zlata : – Tu sais, Danijel, que je te fais confiance. Et en parlant d'aide, ta grand-mère, Anđela, est à ta droite. Je suis à peu près sûre qu'elle te guidera pour trouver le bon livre. Je la remercie d'avance de son aide.

Anđela Jakšić-Milošević fait un clin d'œil complice à Zlata et possède temporairement son petit-fils, qui trouve rapidement le livre en question : L'Amour vraiment conjugal d'Emmanuel Swedenborg. Il revient avec le livre et l'ouvre exactement au chapitre « Le chaste et le non-chaste ». En parcourant furtivement les pages, sa grand-mère cesse de le posséder et se tient à sa droite. Danijel dit : « Il est probablement question d'un atteinte au mariage chaste de ton ami. Il est question chez Swedenborg, un mystique contemporain au philosophe Immanuel Kant, que le non-chaste est celui qui pense en son cœur et qui commet adultère, car le vrai amour chaste est celui sacré entre un homme et une femme qui fuient l'adultère. Cet amour, c'est l'union de leurs âmes, faisant en sorte qu'ils vivent bien ensemble, d'une vie tranquille. Or, il n'y a rien de pire que de briser l'harmonie et la bonne entente d'un couple ! » Il ferme le livre puis le dépose sur la table. L'esprit errant regarde tristement Zlata et dit : « La sorcière ne démord pas de son idée ! » Et il disparaît ; la jeune femme comprend qu'il est question de Melinda. Elle soupire. Mais elle se ressaisit et remercie son beau-frère de son aide ; il la remercie de sa visite. Et avant de revenir chez elle, elle prend de ses nouvelles. Entre-temps, Mirjana et les enfants sont revenus. Mila, une adorable fillette de trois ans s'approche de Zlata et dit : « Ton ami doit s'accrocher à sa femme ! » Zlata sourit, car c'est sa pensée, mais au sens figuré... Elle caresse affectueusement la tête de sa nièce et salue Mirjana. Elle revient chez elle encore plus inquiète.

La jeune femme en parle à son époux lorsqu'ils sont dans la cuisine pour préparer le repas du midi, à savoir des pierogis. Le reste de la journée est tranquille : la famille profite du temps ensoleillé, bien que froid, pour une promenade, à la joie des enfants. Chaudement habillés, ils se promènent dans les rues de Brossard. Le service de déneigement est efficace, ce qui évite d'avoir de la neige dans les bottes. Au cours de cette promenade familiale, Zlata remarque des esprits errants, à savoir Anđela Jakšić-Milošević et son époux, Damir Milošević (un vieil homme de 95 ans aux cheveux gris et aux yeux bruns, vêtu d'une chemise blanche et de pantalon d'uniforme classique).

Anđela, étonnée, dit en serbe : – Damir ! Tu es encore ici ? 

Damir lui répond dans la même langue : – Oui, ma chérie ! Tu sais ce que nous avons à faire. 

Anđela : – Protéger l'ami de notre petit-fils !

Et le couple d'esprits, bras dessus, bras dessous, suivent la petite famille. Zlata rapporte à son mari les propos de ses grands-parents paternels, qui trouve ses grands-parents toujours aussi sympathiques.



12 décembre 2003, 3200 avenue de Trafalgar, Westmount, 7h30.

Le lendemain de la visite du policier-enquêteur du SPVM, Andrea Marino appelle Melinda, avec laquelle elle s'est liée d'amitié depuis quelques années, pour l'informer de l'intrusion du policier dans sa demeure. Melinda en parle à son époux (en langage codé, bien sûr, il n'est quand même pas fils d'espion pour rien), et décide aussi d'en informer Élie James, Richard Payne et Joshua Bedford. Elle exige une réunion d'urgence dans sa boutique d'antiquités. Pierre Neely aussi arrive, avertit par une vision à distance. Les professeurs ont aussi amené avec eux d'autres collègues, à savoir les professeurs Alain Saint-Germain (Université du Québec à Montréal, philosophie), Laetitia Leduc (Université de Montréal, philosophie), Rémi Marchildon (Université de Sherbrooke, philosophie), Katharina Fritsch (Université Concordia, philosophie) et Matthew Brinkerhoff (Université Concordia, philosophie). Le petit groupe est réuni vers 23h dans la boutique d'antiquités de Melinda, tous déguisés et masqués comme convenu. Pierre lève son pouce gauche en l'air : les autres comprennent qu'ils doivent profiter de l'occasion pour rendre le policier Carl Neely fou amoureux de Melinda.

Joshua Bedford dit : « Mes délicieux collègues... On commence avec notre cher ami... »

Richard Payne, d'une voix avinée, ajoute : – Pour qu'il puisse dire ensuite « délicieux messieurs » ? J'en suis déjà excité rien qu'à y penser !

Melinda, d'un air sévère : – Messieurs, svp ! Ne précipitons pas les choses ! Il faut aller doucement avec lui... Donc, il faut commencer par des adultères, pour favoriser une possession permanente et le tour est joué !

Tous les invités hochent de la tête et préparent tout ce qui est nécessaire au rituel sur une photographie du policier et l'exécutent. Melinda place les sorts sur une lettre à l'intention de Carl Neely et embrasse amoureusement sa photographie qu'elle garde dans son portefeuille à côté d'une photographie de son époux et de ses enfants. Pierre Neely aussi a une partie à donner à son frère; ils veulent être sûrs de ne pas rater le coup. Depuis trois ans qu'ils essaient, mais le policier ne montre pas d'intérêt envers elle. Cette fois, ils ont décidé de faire plusieurs rituels, et ce, pendant les nuits les plus favorables. Tous quittent la boutique d'antiquités vers 1h du matin, fatigués de leur rituel.


Pour un peu d'humour, voici une chanson thématique à ce petit cercle d'amis occultes : Bijelo Dugme, Ima neka tajna veza


Ima neka tajna veza

Za sve ljude zakon krut

Njome čovjek sebe veže

Kada bira neki put

Sidro koje lađu čuva

Da ne bude buri plijen

Tone skupa sa tom lađom

Jer je ono dio nje.


Ima neka tajna veza

Tajna veza za sve nas

Ima neka tajna veza

Tajna veza za sve nas (x2)

Ima neka tajna veza

Za sve ljude zakon krut

Njome čovjek sebe veže

Kada bira neki put.


Ima neka tajna veza

Tajna veza za sve nas

Ima neka tajna veza

Tajna veza za sve nas (x3).




Voici la traduction :


Il y a une relation secrète.

Pour tous, la loi est rigide.

L'homme s'y lie

Quand il choisit un chemin

L'ancre qui protège le navire

Pour ne pas être la proie de la tempête.

Il coule avec ce bateau

Parce qu'il est une partie de lui.


Il y a une relation secrète

Une relation secrète pour nous tous.

Il y une relation secrète

Une relation secrète pour nous tous (2 x).

Il y a une relation secrète.

Pour tous, la loi est rigide.

L'homme s'y lie

Quand il choisit un chemin.


Il y a une relation secrète

Une relation secrète pour nous tous.

Il y une relation secrète,

Une relation secrète pour nous tous (2 x).



Évidemment, la victime du rituel a vu la scène, ce qui le laisse perplexe... Carl, qui ne dormait pas, réveille sa femme et lui en parle; elle le rassure du mieux qu'elle peut. Il ne dort pas du reste de la nuit, très inquiet.




Le lendemain, Carl Neely, comme d'habitude, prend sa route habituelle pour patrouiller les rues du quartier 20 avec son frère, qui, en lui donnant une accolade fraternelle, lui jette sa partie des sorts de la nuit dernière. La suite des sorts est absorbée par le pauvre policier insouciant en lisant la lettre de Melinda. Ceci fait sourire son frère, qui écoute depuis son bureau grâce à sa caméra espion. Après son quart de travail, Pierre en informe Gabriel lorsqu'il le rencontra dans le métro, à la station Berri-UQAM. Le reste de la journée au travail est calme pour les policiers du SPVM. Le soir, par contre, n'est pas tranquille pour Daphné Papachristopoulos-Neely, qui comprend que son mari pourrait lui être infidèle. Le lendemain, elle en avertit Carl et lui recommande prudence; il l'embrasse sur les lèvres pour la rassurer.



Au cours des journées suivantes, Melinda Gordon, Pierre Neely et leur cercle d'amis universitaires se visitent plus souvent, pour faire des rituels sur notre policier, qui est toujours aussi perplexe quand à l'identité de ce mystérieux cercle d'ennemis... Inutile de préciser que le pauvre Carl ne dort pas beaucoup, hanté par ses visions à distance et par des pensées amoureuses sur Melinda Gordon... Par ailleurs, sa femme, avertit par des rêves répétitifs, comprend que ses ennemis veulent que son époux lui soit infidèle et qu'il la tue froidement. Réveillée en sursaut, Daphné enlace Carl, étonnée de le trouver aussi réveillé. Elle lui raconte ses cauchemars et lui recommande prudence; il embrasse et l'enlace pour la rassurer. Évidemment, il ne lui avoue pas ses sentiments pour Melinda, car il ne veut pas rendre sa femme jalouse. Aussi, le policier remarque qu'il reçoit plus souvent la visite de Melinda Gordon, qui arrive avec des décolletés généreux sous son manteau d'hiver. Il reconnaît qu'elle a de belles formes féminines. « Une Vénus de poche » pense-t-il. Il s'efforce de se concentrer sur les requêtes, mais il ne parvient pas à ôter ses yeux du décolleté... En plus qu'elle n'arrive pas les mains vides... Ceci fait enrager Vuk Branković, le vicomte des Limousins Hildegaire de Rochechouart, Breda Neely, Brian Neely, Edbert Neely, Darina Neely, April Murphy-Neely, Ana Vidović-Bogdanović, Bérénice de Bonnechose-De Frontenac, Gilbert de Boissieu, Damir Milošević et Anđela Jakšić-Milošević ; ils s'inquiètent pour leur protégé. Les méchants esprits (ses ancêtres paternels et maternels, Hellmut Reinhardt, Richard Gronewald, Alberico da Romano, Philippe Pinel, le Dr. Max Rinkel, le Dr. Donald Ewen Cameron et le Dr. Sidney Gottlieb), eux, se frottent les mains et attendent avec impatience la suite des événements, car ils espèrent qu'ils réaliseront enfin leurs projets machiavéliques... Vuk Branković, très inquiet pour leur protégé, s'exclame « Que Saint Jude vous soit clément ! » (Saint Jude est le saint patron des causes douloureuses et difficiles).




L'enquête de Jean Dusoleil, elle, avance très bien. Le 15 décembre, il débarque chez les Marino avec une équipe de policiers (parmi lesquels se trouve bien sûr Paul Eastman) et ils fouillent la maison d'Andrea et de Mitchell, mais aussi de leurs parents. La présence d'Eastman leur permet d'éviter la sombre pièce sans fenêtres hantée par des mauvais esprits, ce qui sauve la vie à plusieurs collègues. Quelques jours de fouille suffisent pour qu'ils trouvent des objets bizarres, confirmant les doutes du policier-enquêteur quant à leurs pratiques occultes et illégales. Jean Dusoleil revient à son bureau, content d'avoir réglé une enquête de plus; les Marino sont derrière les barreaux pour un certain temps...






Malheureusement, Carl Neely ne résiste pas à Melinda, qui, par ailleurs, lui suggère un contact sexuel d'une manière implicite. Et leur premier contact est le 23 décembre, alors que la mauvaise passeuse d'âmes vient sous prétexte d'une enquête sur un esprit errant, un certain Ronald Berlin. Lorsque le policier la caresse, elle lui dit d'ôter sa bague chevalière, pour ne pas lui égratigner la peau. Il la ôte immédiatement, fou d'amour pour elle, sans réfléchir, et la place dans le tiroir de son bureau. Il est content de s'assouvir de son désir pour elle. Une fois que Melinda est sortie de son bureau, Carl réalise, comme sorti d'une hypnose, qu'il a trompé sa chère épouse avec une autre femme... Il a honte de son emportement, et prend du temps à revenir à la maison, car il craint une dispute avec Daphné. Cette dernière doute bien que quelque chose s'est passé, ce qu'elle comprit en lui touchant la poitrine (il a quand même peur d'être découvert, dégoûté d'avoir oser désirer la femme d'un autre; nous pouvons deviner que ses sentiments ne passent pas inaperçus à son épouse). Elle lui en lance d'ailleurs une remarque au passage, sauf qu'elle ne veut point se disputer devant leurs enfants. Carl Neely, le soir, n'ose pas enlacer sa femme, rongé de culpabilité. Il ne veut pas la souiller, alors qu'il a jouit d'une autre. Il ne dort pas non plus, hanté par des pensées que lui suggère son grands-parents paternels, Adrian Neely et Brigit McDouglas-Neely. Il ne faut pas oublier qu'Adrian a tué, de son vivant, son épouse. Et voilà le pauvre policier pris avec de telles pensées ! Il retourne dans sa tête divers plans pour tuer sa femme : avec un couteau de cuisine, avec son arme de fonction, ou encore la maîtriser puis la tuer d'un coup de couteau dans le cœur, entre autres. Carl est simplement terrifié par ces pensées qu'il a malheureusement fait siennes... Les journées suivantes, il fréquente Melinda lorsqu'elle a envie de lui. Le policier remarque que depuis qu'il la connaît, ses visions à distance se font plus rares, tandis que les terribles pensées de meurtre sur sa femme se font plus oppressantes. Sauf qu'il ne peut pas se confier à personne (surtout pas à son épouse, qui remarque bien sa nervosité) : il a l'impression d'être seul avec sa folie... Il hésite à les partager avec sa amante, car il se méfie d'elle (jusqu'à un certain point). Lorsque Daphné l'interroge sur sa nervosité, il lui ment que c'est en raison de son travail. Par ailleurs, Melinda lui dit qu'il reste avec elle, sinon, il dira à sa femme ce qu'ils ont fait, car elle a filmé leur premier contact. Ceci attriste beaucoup le pauvre policier, qui est perdu entre Daphné et Melinda... Ses ancêtres, eux, en profitent pour l'influencer négativement, afin qu'ils puissent le posséder, mais c'est déjà un début que d'être réceptif à leurs pensées...



Évidemment, la rumeur de la relation de Carl Neely et de Melinda Gordon-Lawrence parvient aux oreilles de tous les policiers du poste de quartier 20 dès le lendemain (car son frère, qui l'espionne, est responsable des rumeurs) et de Daphné Papachristopoulos-Neely le 27 décembre... Lorsqu'il revient chez lui, il se fait sermonner par sa femme. Il essaie de la calmer et lui chante même désespérément d'un air grave Ne me quitte pas de Jacques Brel. Il s'est même jeté à ses pieds, lui promettant de lui être fidèle. Elle lui pardonne, touchée par sa sincérité. Cependant, Alberico da Romano, Adrian Neely et Elvin Neely, entre autres mauvais esprits qui suivent le policier, sourient ironiquement devant cette scène et Elvin dit : « On verra bien qui rira le dernier ! » Romano ajoute d'un air arrogant : « Ce n'est que la mi-temps ! » Ils s'adressent un clin d'œil complice et disparaissent. Vuk Branković se signe et murmure en serbe « Que le Diable vous emporte ! » pour toute réponse, très en colère. Le soir, le pauvre Carl Neely et très déprimé. D'ailleurs, il fait un cauchemar, et son âme ne parvient pas à regagner son corps au matin... C'est son grand-père paternel, Adrian, qui alors le possède. Ainsi possédé, il ôte le collier avec le pendentif en fer à cheval pour le laisser sur son chevet, de même pour son icône portative de Saint Michel, qu'habituellement, il amène partout avec lui...


Le lendemain, possédé par Adrian, Carl Neely se rend au travail. Son frère le salue et les deux font une tournée. Pierre remarque aussitôt l'absence de la bague chevalière, ce qui le réjouit, car il dispose d'une protection de moins. Au cours de la patrouille, ils rencontrent, en contre-sens, à leur étonnement, leur père, Kenneth Neely. L'avocat sursaute autant que ses fils, surpris de voir l'aîné possédé. D'ailleurs, il remarque aussitôt l'absence de la bague chevalière et du collier. Pour lui, ceci n'annonce rien de bon. Ses fils le saluent; il leur rend des formules de salutation et continue sa route. L'avocat se rend au bureau de Paul Eastman. Son ami policier s'y trouvait, avertit de sa venue par Bérénice de Bonnechose-De Frontenac. L'âme errante dit que Carl Neely est en très grand danger, surtout depuis qu'il a ôté toutes les protections... Il est à la merci de la malédiction familiale, ce qui annonce une folie... Le policier salue l'avocat, qui ne cache pas à son ami son inquiétude.

Kenneth Neely : – Tous mes respects, Paul, mais je dois t'avouer que je m'inquiète beaucoup pour mon fils Carl... Il ne se protège plus contre la malédiction de ma famille et de celle de ma femme, ce qui n'annonce rien de bon, surtout depuis qu'il fréquente Madame Melinda Gordon... J'ai compris hier, alors que j'écrivais un poème, que mon salaud de père (Adrian) et mon pseudo-grand-père (Elvin)... Que le Diable les emporte ! Qu'ils ont le projet de le rendre, en raison de possessions permanentes, homicide de sa Daphné et de leurs enfants, en plus ivrogne et bisexuel... C'est terrible ! Il faudrait faire de l'exorcisme avant qu'il soit trop tard, non ?

Paul Eastman remarque que Bérénice de Bonnechose-De Frontenac est encore dans la pièce. Elle hoche de la tête pour confirmer les propos de son ami. Le policier dit d'un ton calme : – Je ne me connais pas en matière d'exorcisme, mais je peux très bien l'observer au travail et te rapporter s'il y a vraiment quelque chose de grave.

Kenneth : – Sinon, il y a toujours des solutions plus extrêmes...Merci beaucoup !

Les deux hommes se saluent et l'avocat sort du bureau, pour revenir dans le sien. Paul Eastman prend son icône portative de Saint Michel pour prier afin de trouver la bonne solution.



Au cours des journées suivantes, Paul Eastman, décide de filer discrètement les deux frères policiers. En effet, il est très bizarre de voir l'aîné possédé, surtout quand cette possession le rend plus négligeant (il oublie ses billets de contravention, ou bien son stylo, davantage préoccupé aux visites de Melinda ou encore à boire de l'alcool, en passant dans un bar au cours d'une patrouille). Par ailleurs, Carl Neely, ainsi possédé, se montre très rude avec sa femme et ses enfants. Parfois, il s'enferme dans son bureau chez lui, pour siroter du vin. Comme l'alcool lui monte rapidement à la tête, il commence à chanter Loše vino de Zdravko Čolić :


Νe vjeruj mi noćas,

svakog časa nudiću ti više.

Ne vjeruj mi kad gitara svira

i padaju kiše iz zlatnih visina…

Sve je to od lošeg vina…


Ne ljubi me noćas,

bit’ će suza, stihovi će teći,

ne slušaj me mala jer ćeš čuti

što ne želim reći I nije istina…

Sve je to od lošeg vina…


Ne gledaj me tako,

dok se ludi snovi množe.

Prevariću sebe, srce nudi više

no što može i što mu je sudbina…

Sve je to od lošeg vina…




Voici la traduction:


Ne me crois pas ce soir,

à chaque heure je t'offrirai plus.

Ne me crois pas quand la guitare joue

et il pleut des hauteurs dorées...

C'est à cause du mauvais vin...


Ne m'embrasse pas ce soir,

il y aura des larmes, les paroles couleront,

ne m'écoute pas petite car tu vas entendre

ce que je ne veux pas dire et qui n'est pas la vérité...

Tout vient du mauvais vin...


Ne me regarde pas comme ça,

pendant que les rêves fous se multiplient.

Je vais me tromper, le cœur offre plus

que ce qu'il peut faire et que ce qui est son destin...

Tout ça à cause du mauvais vin...





Entre-temps, Paul Eastman, alors qu'il se promène en uniforme dans le quartier, remarque que son collègue Carl l'évite, préférant plutôt patrouiller avec son frère, ce qu'il voit d'un mauvais œil. De plus, il reçut la visite de Vuk Branković qui lui dit qu'au cas où Carl Neely divorcera, il serait préférable que son père s'occupe de régler son cas, pour ne pas exacerber son désespoir. Si jamais il voulait consulter un autre notaire, il serait plus probable qu'il s'agit d'un collègue et ami de Thomas Gordon, qui, comme on le sait, ne souhaite que sa déchéance... Paul remercie l'esprit errant de l'information et la communique à son ami avocat. Le pauvre père qui se ronge les sangs pour son fils aîné...




Inutile de dire les disputes de Carl Neely et de Daphné Papachristopoulos-Neely... Le 29 décembre 2003, c'est l'acmé. En après-midi, alors que les enfants, Anne-Marie, François et Sara, jouent innocemment dans leur chambre, Carl Neely, possédé par Adrian Neely, entraîne son épouse dans la cuisine, où ils se disputent, et finalement, il sort un couteau de cuisine bien aiguisé... La pauvre âme du policier décide d'agir sur sa femme pour qu'elle évite le coup fatal, en le faisant trébucher sur les chaises. Mais il parvient à la blesser au bras gauche. Heureusement, les enfants ne sont pas sortis de leur chambre, puisque Bérénice de Bonnechose-De Frontenac et Vuk Branković tiennent la poignée de la porte de leur chambre, pour être sûrs qu'ils ne voient pas l'horrible scène entre leurs parents. Les autres bons esprits essaient de chasser Adrian du corps de son petit-fils, afin que l'âme de ce dernier puisse revenir dans son corps, pour éviter de commettre l'irréparable... Ils parviennent à mettre en fuite le mauvais esprit (car il a vraiment peur de Vuk Branković et de Hildegaire de Rochechouart), à la joie de l'âme qui regagne aussitôt son corps. Carl Neely est très confus de la situation, gêné de se trouver avec un couteau dans la main droite. Réalisant la situation, il se jette aux pieds de sa femme pour lui demander pardon. Elle ne veut rien entendre. Il appelle alors les urgences, et la blessée est acheminée vers l'hôpital le plus près (l'Hôpital Notre-Dame). Heureusement, Dušan Milošević ne figure point parmi les intervenants, ce qui évite au policier une honte supplémentaire. Sa femme y restera jusqu'au 6 janvier 2004.



Au cours de sa période de repos à l'hôpital, Daphné s'inquiète beaucoup pour son mari et leurs enfants : personne ne vient la visiter, ce qu'elle voit d'un mauvais œil. Cependant, elle a compris dans un rêve que Carl, hors de lui, a tenté de tuer François... La jeune femme s'est décidée pour le divorce. Un divorce après quatre ans de mariage.... Elle est vraiment déçue de son époux. Elle se demande si ce n'est pas une crise de la quarantaine avant l'heure (il n'a que 28 ans), mais surtout pourquoi cette sorcière de Melinda Gordon s'intéresse tant à son mari. Elle soupire. Son état d'âme est comme dans les chansons de Severina, Šta to ona ima što ja nemam, Ja samo pjevam et Savršena žena. Elle attend avec impatience le retour à la maison...




Au cours de l'hospitalisation de sa femme, Carl Neely, possédé alternativement par Adrian Neely, Elvin Neely, Elizabeth Blair-Neely, Leo MacCrimmon et Brigit McDouglas-Neely, ne songe qu'à tuer Anne-Marie, François et Sara. Leur vue l'irrite au plus haut point. Sa pauvre âme est en panique totale, car elle ne voudrait pas commettre infanticide; un tel acte le blesse profondément en son amour paternel. « Mes anges ! Que Dieu vous protège d'un tel coup ! » L'âme de Carl essaie d'agir sur son corps propre pour le faire changer d'idée, mais rien n'y fait. Elle influence alors ses enfants afin qu'ils soient plus prudents. L'âme du pauvre policier pense tristement : « Qu'est-ce qui m'a pris pour subir leur influence ? Ne serais-je guère meilleur que mes ancêtres ? Vraiment, Carl, tu me déçois ! » Elle soupire. Cependant, son corps, possédé par Adrian, parvint presque à blesser François avec un grand couteau de cuisine, devant le regard terrifié des fillettes, qui regardent depuis le cadre de porte en pleurant à chaudes larmes. Cette scène brise le cœur de l'âme de Carl Neely. Il y échoue, car le gamin s'est jeté par terre et se cache sous la table de la cuisine. Il est quand même difficile pour son père de le rejoindre. Il lui dit en anglais : « François ! Sors tout de suite de ta cachette ! » Mais le garçon attend que son père s'éloigne pour se dégager de sous la table. De plus, Vuk Branković et Hildegaire de Rochechouart chassent en brandissant leurs armes après s'être signés, les mauvais esprits, qui déguerpissent. Carl Neely revient dans son corps. Étonné de sa position (brandir un couteau) et de la peur de ses propres enfants, il baisse son arme et la range à sa place, en un lieu inaccessible aux enfants. Il regarde ses trois enfants et leur bredouille des excuses. Carl ne peut pas croire qu'il voulait les tuer... Il comprend que ceci signifie immédiatement un divorce, puisque sa femme ne lui pardonnera pas de s'en prendre à leurs trois anges d'enfants... Désemparé, il s'assied sur une chaise dans la cuisine, la tête entre les mains. François rejoint ses sœurs dans le cadre de porte.

Les enfants, tremblant de peur, disent à l'unisson : « Où est maman ? »

Carl soupire pour toute réponse, gêné. Il s'éclaircit la voix et dit : – Mes enfants bien-aimés, ne vous inquiétez pas pour votre mère. Elle reviendra, c'est sûr ! 

Anne-Marie dit : – Mais papa, pourquoi des ustensiles sur nous ? Les ustensiles, c'est pour la table ? 

Il baisse son regard et répond : – Ce n'est rien, ma chouette. Vous ne voulez pas retourner à vos jeux ?

Les enfants répondent d'un signe affirmatif et courent au salon s'amuser. Leur père vient les regarder depuis le cadre de porte. Il est entouré de ses ancêtres, qui lui proposent de les tuer d'une manière perfide. Vuk Branković et Hildegaire de Rochechouart leur jettent un regard noir. Ils demeurent silencieux, observant la scène.



Lorsque Carl Neely n'est pas possédé par ses sinistres ancêtres, il regrette ses emportements. Il se sent coupable et honteux d'avoir désirer commettre infanticide. Son état d'âme : désespoir sans fin, horreur inimaginable. Pour se consoler, il chantonne à lui-même les chansons de Zdravko Čolić, Ne mogu biti tvoj, de Mate Bulić, Bog samo zna et d'Ibrica Jusić, U svakom slučaju te volim. Et il essaie de se tenir loin de l'alcool, mais il ne résiste pas longtemps, à son grand désespoir...




6 janvier 2004. Daphné Papachristopoulos-Neely revient rapidement chez elle. Les enfants sont contents de revoir leur mère. Son époux, possédé par Elvin Neely, l'accueille avec une joie feinte. Le soir, alors que les enfants dorment depuis une heure, Daphné lui annonce sa décision du divorce. « Mais le divorce sera après Noël, car il ne faut pas gâcher une réunion familiale, qui probablement serait notre dernière. » Il hoche de la tête pour lui faire comprendre qu'il a compris ses propos. Sa pauvre âme, elle, est désespérée et désemparée. À vrai dire, elle n'espère plus rien, elle n'a aucune attente envers son propre corps. Elle déplore qu'il soit un jouet, une marionnette, entre les mains de ses ancêtres. L'ambiance entre Carl Neely et Daphné est devenue, depuis son retour de l'hôpital, très tendue, comme celle de la chanson L'amour est mort de Jacques Brel (avec quelques modifications, bien sûr).


Ils n'ont plus rien à se maudire

Ils se perforent en silence

La haine est devenue leur science

Les cris sont devenus leurs rires

L'amour est mort, l'amour est vide

Il a rejoint les goélands

La grande maison est livide

Les portes claquent à tout moment.


Ils ont oublié qu'il y a peu

[Montréal] traversé en riant

Leur avait semblé bien moins grand

Qu'une grande place de banlieue

Ils ont oublié les sourires

Qu'ils déposaient tout autour d'eux

Quand je te parlais d'amoureux

C'est ceux-là que j'aimais décrire.


Vers midi s'ouvrent les soirées

Qu'ébrèchent quelques sonneries

C'est toujours la même bergerie

Mais les brebis sont enragées

Il rêve à d'anciennes maîtresses

Elle s'invente son prochain amant

Ils ne voient plus dans leurs enfants

Que les défauts que l'autre y laisse.


Ils ont oublié le beau temps

Où le petit jour souriait

Quand il lui récitait Hamlet

Nu comme un ver et en [serbe]

Ils ont oublié qu'ils vivaient

A deux, ils brûlaient mille vies

Quand je disais belle folie

C'est de ces deux que je parlais.


Le piano n'est plus qu'un meuble

La cuisine pleure quelques sandwichs

Et eux ressemblent à deux derviches

Qui toupient dans le même immeuble

Elle a oublié qu'elle chantait

Il a oublié qu'elle chantait

Ils assassinent leurs nuitées

En lisant des livres fermés


Ils ont oublié qu'autrefois

Ils naviguaient de fête en fête

Quitte à s'inventer à tue-tête

Des fêtes qui n'existaient pas

Ils ont oublié les vertus

De la famine et de la bise

Quand ils dormaient dans deux valises

Et, mais nous, ma belle

Comment vas-tu?

Comment vas-tu?




Cependant, cette ambiance était déjà présente lorsque le policier était possédé par l'un de ses ancêtres paternels ou maternels et qu'il était seul avec les enfants durant ses journées libres. On peut alors imaginer l'ambiance dans la maison des Neely au jour de Noël 2004 (puisque les orthodoxes le fêtent le 7 janvier) : la pire, une atmosphère de désunion, de méfiance et presque de haine, ce qui attriste beaucoup les enfants.


Le divorce est officiellement proclamé le 8 janvier 2004. Un notaire, nul autre que Kenneth Neely, s'occupe de la demande de divorce. Il essaie en vain de convaincre Carl de ne pas quitter sa maison et plutôt vivre dans des chambres séparées; possédé par Adrian, il refuse de l'écouter. Il fait ses valises et quitte la maison pour se trouver un appartement à bas pris dans le Centre-ville de Montréal. Son père et son épouse le supplie d'amener sa bague chevalière, son collier et son icône portative de Saint Michel; Adrian, par la bouche de son petit-fils, leur réplique une insulte. Il sort de la maison en trombe et en claquant violemment la porte d'entrée. Kenneth demande alors à sa ex-bru de garder les bijoux et l'icône portative et de les remettre à son fils lorsqu'il reprendra ses esprits. Elle les garde sur la table de chevet de son ex-époux.


Carl Neely, en sortant de sa maison, momentanément revenu à lui, mais très influencé par ses ancêtres, est simplement déprimé et déçu de lui-même... Il pleure en son for intérieur sur lui-même : il maudit le jour où il a connu Melinda, il maudit le jour de sa naissance. Une rage sans nom habite son cœur. Il ne peut pas se pardonner sa double, voire sa triple erreur... Il est un parjure, un débauché et un damné. Il flâne avec une valise qu'il traîne dans chaque main, jusqu'à l'appartement qu'il s'est trouvé. D'un geste sûr, Carl Neely ouvre la porte de l'appartement. Il dépose ses valises et s'y installe. À sa gauche, Romano, ses ancêtres, Philippe Pinel, le Dr. Max Rinkel, le Dr. Donald Ewen Cameron, le Dr. Sidney Gottlieb, Hellmut Reinhardt et Richard Gronewald sourient méchamment. Ses tribulations ne font que commencer...



À suivre.

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