L'histoire d'Éli James

Chapitre 2 : Un an plus tard

2020 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 28/06/2023 20:47


Janvier 2009, Département de Psychologie de l'Université Rockland, bureau B777, 8h15.


Éli James se prépare pour donner son cours d'Introduction à la Philosophie de la psychiatrie. qui débute à 9h00. Il vérifie qu'il n'a rien oublié. Tout à coup, il entend une voix masculine d'un septuagénaire dire en anglais avec un fort accent allemand : « Monsieur le Professeur, pouvez-vous m'aider, Lieber Kollege [cher collègue] ? »

Éli réplique : – Monsieur, qui êtes-vous et qu'attendez-vous de moi?

– Je suis le Professeur Docteur Gerd Hans Fischer. Ich möchte, dass Sie mir helfen, die Welt der Lebenden endgültig zu verlassen [Je voudrais que vous m'aidez à quitter définitivement le monde des vivants].

– Pourquoi errez-vous alors encore parmi les vivants?

– Secret professionnel!

Et l'esprit disparaît de son ouïe. Perplexe, Éli James débute une recherche sur son ordinateur de bureau au sujet du Pr. Gerd Hans Fischer. Il découvre qu'il fréquenta l'Université de Marburg de 1927 à 1936, diplômé d'un Baccalauréat en psychologie en 1930, puis d'un Doctorat en 1936. En 1949, le Pr. Fischer s'était proposé à la Clinique universitaire du Heidelberg (la clinique Ludolf-Krehl, aujourd'hui la Medical University Hospital (New Krehl Clinic)), avec d'autres collègues, parmi lesquels les Docteurs Wolf, Wüst, Dyes et Viktor von Weizsäcker, du 27 juillet au 7 août 1949, proposèrent de s'intéresser au cas du guérisseur allemand Bruno Gröning. Les docteurs amènent au guérisseur des malades et ils furent guéris. Le Professeur Fischer décide de publier les résultats spectaculaires des guérisons dans le journal Revue, pour le numéro 28, du 21 août 1949. Évidemment, deux journalistes rédigèrent l'article pour le journal, à savoir Heinz Bongartz et Helmut Laux.

Éli James, voyant l'heure qu'il est, efface l'historique de sa recherche, se déconnecte, ferme l'ordinateur de bureau et se dépêche de se rendre dans la salle de classe. Les étudiants l'attendent, impatients que le cours commence. Heureusement, le professeur arrive à temps. Il débute alors son cours. Éli James ignore les remarques que fait de temps en temps l'esprit errant qu'est le Professeur Gerd Hans Fischer.


Après le cours, le professeur James se rend chez lui, dans son petit appartement à Grandview; il s'allonge sur le canapé au salon et dit : – Herr Professor Fischer, wenn ich richtig verstehe, was Ihnen auf der Seele lastet, dann ist es die Tatsache, dass Sie von Herrn Bruno Gröning lernen wollten, wie man Patienten heilt [Monsieur le Professeur Fischer, si je comprends bien ce qui vous pèse sur l'âme, c'est le fait d'avoir voulu apprendre de Monsieur Bruno Gröning comment guérir des patients] ?

L'esprit errant, vexé, répond sèchement : – Ja [Oui].

Wie kann ich Ihnen helfen [Et alors, comment puis-je vous aider] ?

Ich weiß nicht [Je ne le sais pas].

Was denken Sie? Dass ich weiß, wie ich dir helfen kann? [Vous pensez quoi? Que je sais comment vous aider?]

Ja [Oui].

Ok, Sir, keine Problem [D'accord Monsieur, pas de problème].

Après une pause de quelques minutes, Élie James dit en anglais : – Dans les faits, Monsieur le Professeur Fischer, vous voulez me dire que vous regrettez d'avoir fourrer votre nez dans le domaine de la guérison, car vous êtes en quelque sorte jaloux des succès spontanés de Monsieur Bruno Gröning, qui, lui, n'est point formé en médecine. Ai-je bien compris?

Ja [Oui].

– Alors, vous voulez que je vous pardonne cette faute? Vous me prenez pour qui? Je ne suis pas un confesseur!

– D'accord, ça va, j'ai compris. Mais je veux vous aider.

– Pourquoi?

– Pour vous protéger de certains de vos collègues.

– Merci beaucoup, Professeur Fischer!

L'esprit errant disparaît de son ouïe.




Le lendemain, alors qu'Éli James enseigne pour le séminaire Problèmes d'histoire de la psychiatrie, séminaire de doctorat dans lequel il aborde les théories de Sigmund Freud et de Carl Gustav Jung, entre autres psychiatres, une étudiante attire son attention. C'est une jeune étudiante élégante, une brunette à la poitrine généreuse, mais qui ne laisse rien dévoiler, ce qui lui permet de l'imaginer nue. Il est question de Sophia Renard, une jeune femme de 28 ans, qui a débuté son doctorat en 2004. Elle est déjà diplômée d'un Baccalauréat en psychologie en 2004. Le professeur se concentre sur son séminaire.


Après son séminaire, Éli se surprend à avoir des pensées amoureuses sur Mademoiselle Sophia Renard. « C'est mieux que de penser aux remarques du Professeur Fischer », pense-t-il. Il garde pour lui ses sentiments, Tous les deux gardent leur sérieux, car il est mal vu qu'une étudiante se glisse dans le lit d'un professeur, puisque ceci est une forme de favoritisme.


Plusieurs jours plus tard, fin janvier 2009, un esprit, par la voix est un homme d'âge mûr, lui dit d'être prudent avec l'usage de l'ordinateur, car les esprits peuvent parfois utiliser ces machines pour communiquer avec les vivants. Le psychiatre pense alors « Non seulement les lieux et les personnes peuvent être hantés, mais aussi les objets. C'est très intéressant à savoir. Merci de l'information ! »




Éli James attend patiemment en mai, à la fin de la session d'hiver 2009, pour commencer à faire discrètement la cour à Sophia Renard. Il en profite surtout à la session d'été (qui débute en fin mai), alors qu'elle ne s'est pas inscrite à l'un de ses séminaires. Comme elle se montre intéressée, il décide de l'inviter chez lui pour un repas en juillet. Ensuite, leur histoire est plus sérieuse. Remarquant qu'Éli James parle avec lui-même (alors qu'il parle avec un esprit), elle lui en demande la raison; il lui explique qu'il peut entendre les esprits errants et qu'il doit les aider à accomplir leurs dernières volontés ou à résoudre leurs énigmes pour qu'ils partent dans la Lumière.

Sophia dit pour seul commentaire : « Intéressant... Je ne peux que te trouver plus charmant, Éli! » Elle s'assied sur ses genoux; il l'enlace et la berce doucement. Elle murmure : « Tu sais, Éli, ce don n'est pas inutile! Il complète à merveille ton intuition! Et n'oublie pas mon intuition féminine. Je pourrais alors bien t'aider avec tes esprits... D'ailleurs, n'oublie pas que ce qui est paranormal est plus ordinaire que l'ordinaire... » Sophia l'embrasse; il l'embrasse en retour.

Le psychiatre est content: il a enfin trouvé son âme sœur. Il n'a pas espéré pouvoir se remarier. Mais puisque le Destin lui sourit, autant mieux sauter sur l'occasion! Éli James et Sophia Renard sont officiellement fiancés en août et époux en septembre. Leur mariage est simplement à la mairie de Grandview, sans plus grande cérémonie. Sophia reprend ses études, lui, son travail de professeur. En novembre, bonne nouvelle: Sophia Renard-James est enceinte! Elle accouchera le 11 août 2010 d'un garçon, prénommé Daniel. Depuis les derniers mois de sa grossesse, elle a fait savoir à son directeur de thèse (un professeur du Département de Psychologie, mais qui n'est pas Andrew Blackwood) qu'elle se désiste de son projet pour des raison familiales. Ceci est noté dans son dossier en raison de la demande de désistement qu'elle adresse au Registrariat de l'Université Rockland en avril 2010. Par ailleurs, depuis qu'elle est mère, Sophia Renard-James ne songe point à reprendre son projet de thèse; elle s'en moque complètement de travailler comme psychologue. Elle préfère alors, lorsque leur fils aura grandit, de travailler à temps partiel comme animatrice de thérapie, pour seconder son époux dans son cabinet. Éli trouve sa femme simplement géniale.



Ainsi, en décembre 2009, Éli James reçoit la visite d'un esprit, un homme d'âge mûr prénommé Alfred Gagnon. Lorsqu'il l'interroge un peu plus, son cas est similaire à celui de Fiona Raine, la jeune femme de 25 ans, qui était en traitement dans sa clinique depuis deux mois pour des problèmes de relations avec ses amis. Le psychiatre pense : « Comment ai-je réglé le cas de Mademoiselle Fiona Raine? Ah! Il faut commencer par gagner sa confiance puis lui faire savoir le problème, en plus de discuter avec des proches qui sont encore vivants. » Ainsi, il prend contact avec les Gagnon, qui habitent à Longview. Il découvre des faits intéressants, entre autres une sorte d'antipathie sociale, une absence d'empathie de la part de ses parents (qui l'ignorent, puisqu'ils appréciaient plus leur fille, prénommée Christina). Éli James explique sa conclusion à Alfred Gagnon: ses parents ne le désiraient pas comme enfant, et il a subtilement, c'est-à-dire inconsciemment, compris cette disposition de ses parents. L'esprit errant, content que le psychologue a mis le doigt sur son problème, mais aussi convaincu de sa bonté, le remercie et part dans la Lumière. Éli James pense : « Un esprit errant de moins! »




Voici quelques événements survenus en 2009...

En ouvrant un livre sur l'une des étagères de sa bibliothèque, Éli James aperçoit la phrase suivante : « un vray payen » (en français moderne « un vrai païen »). En tournant plusieurs pages, des mots retiennent son attention. Il note sur une feuille de papier vierge la phrase : « Pourquoy les Sçavans sont toûjours Payens ? Parce qu'ils croyoient vrayment, d'une manière tres-vraye, aux Anciens Dieux-Demons. » (En français moderne: « Pourquoi les Savants sont toujours païens? Parce qu'ils croient vraiment, d'une manière très vraie, aux anciens Dieux-Démons. ») Surpris, le professeur dit à lui-même : « Ce message concerne l'un de mes collègues! Est-ce Andrew Blackwood? » Et il obtient la réponse en sortant de son bureau, car il rencontre le collègue en question. Les deux hommes se saluent et continuent leur route. Éli James remarque que Blackwood semble possédé, ce qui n'annonce rien de bon... D'ailleurs, Éli James n'apprécie pas Blackwood, voire même qu'il se méfie de lui. Il fait attention pour qu'il ne soit derrière lui...


Aussi, le professeur Éli James parvient à convaincre certains esprits errants qui recherchaient son aide de passer dans la Lumière, en passant parfois par une série de syllogismes, ou encore une table de vérité, afin de leur prouver qu'il est mieux pour eux et pour leurs proches qu'ils cessent d'errer dans le monde ici-bas. Il s'habitue à ignorer les répliques des esprits errants qui accompagnent certains étudiants lorsqu'il doit enseigner. Il leur dit mentalement de se taire afin qu'il puisse se concentrer sur son cours... Devant son ton sérieux, les esprits lui obéissent, sauf les plus méchants, causant de ce fait une cacophonie à ses oreilles, mais il fait mine de rien, pour pas que les étudiants le regardent bizarrement.


Quant à l'esprit errant qu'est le Professeur Fischer, il l'aida plusieurs fois pour régler certains cas d'autres esprits errants, en lui communiquant certaines informations à leurs propos (il n'est quand même pas psychiatre pour rien). De plus, il lui permet d'éviter un coup monté par Andrew Blackwood, qui planifiait de lui jeter un sort; Fischer l'avertit du danger; Éli James écoute son conseil, ce qui lui sauva la vie. Il remercie l'esprit errant. Ce n'est qu'en 2010 que l'esprit errant passe dans la Lumière, content de s'être racheté de sa faute de son vivant (bien qu'il sait qu'il n'échappera point à la justice dans l'Au-delà).



Sinon, routine du professeur Éli James entre des patients à son cabinet, ses cours à l'Université et certains cas d'esprits errants à convaincre à aller dans la Lumière. En ce qui concerne le cas de certains esprits errants, il se confie à sa femme, qui le seconde efficacement. Ainsi, il règle certains cas qu'il n'aurait pas réussi seul, car il lui manquait précisément cette intuition féminine... « Or, mon anima ne m'est d'aucun secours; c'est ma Sophia qui me faut! Comme quoi je ne peux pas prétendre tout régler par moi-même! » pense Éli James en embrassant sa femme.




Laisser un commentaire ?