Le détective Carl Neely

Chapitre 2 : Une enquête ou deux enquêtes ?

16113 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 18/02/2023 21:30

Une fois rendus chez eux, Carl Neely s'adresse à sa femme : – Marianne, sais-tu sérieusement ce qui est arrivé à Caitlin ?

Marianne bredouille : – À vrai dire, je ne l'ai pas revu à la maison depuis... le début d'octobre. Elle doit avoir fait une crise, comme n'importe quelle adolescente à son âge. Elle a fait une fugue.

– L'as-tu recherché ?

– Je n'ai pas trouvé le temps.

– Pourtant, elle n'est pas recherchée par la police. Si tel était le cas, mes collègues seront les premiers à venir me questionner à son sujet. Alors, qu'est-ce que tu fais ?

– Eh... Rien. J'espère seulement qu'elle reviendra bientôt.

– Et si elle ne revient pas ?

– Non ! Carl, ne sois pas si pessimiste ! Je comprends que ton métier te rend soupçonneux, mais quand même, je ne peux pas abandonner ma fille.

Marianne éclate en sanglots.

Le détective la regarde en face. Silence.

Pour briser ce silence, il dit doucement : – Pourtant, il me semble qu'elle n'est plus en ce monde. Et tu ne t'es pas occupé d'elle, c'est pourquoi tu ignores son trouble anorexique. J'ai essayé un certain temps de la protéger, mais comme elle était plus près de toi que de moi, je ne pouvais pas faire grand-chose. D'ailleurs, m'aurait-elle écouté, puisque je ne suis pas son père ? Pourtant, Marianne, je t'ai averti de sa situation, mais tu ne m'écoutes pas. Pourtant, tu le sais très bien, que je chéris ta fille comme si elle était la mienne.

En séchant ses larmes, sa femme dit : – Je ne le savais pas qu'elle souffrait d'anorexie. Je pensais simplement qu'elle se contentait de regarder des revues, mais je qu'elles agissent tellement sur Caitlin... J'aurais été plus prudente, mais, tu sais, avec mon travail à temps partiel, je ne trouve pas le temps de lui prêter attention.

– Et, moi, j'en trouve malgré que je travaille à temps plein. C'est une mauvaise excuse.

– En fait, comptes-tu vraiment enquêter sur son cas ? Ça ne sert à rien. Si elle revient, elle reviendra, car je garde l'espoir qu'elle soit encore en vie.

Carl regarde encore Marianne en face. Il pense : « Le fait que Marianne me cache ainsi le décès de sa fille n'annonce rien qui vaille. Je devrais donc faire preuve de prudence dans mon enquête. Ah ! J'espère seulement que ce second mariage ne terminera pas comme mon premier ! Je me demande si cette histoire de malédiction de famille est vraie, mais j'espère que tel ne sois pas mon cas. Bidan ja [Pauvre moi] ! »

À ce moment, Caitlin se tient à sa droite ; il sent son odeur. Il dit à sa femme : – Je pense qu'avant de faire quoi que ce soit, je prends deux semaines de congé pour aller voir un psychiatre, car il me semble que depuis l'événement dans la cabine dans laquelle mon ami ambulancier Jim était en danger, je suis un peu bouleversé. Simplement pour m'assurer de mon état mental, car...

– D'ailleurs, qu'est-ce s'est passé ?

– Un homme ivre et armé a voulu tiré sur lui, et nous étions tous les deux blessés. Au cours de mon rétablissement à l'hôpital, j'avais l'impression que Caitlin se trouvait parfois à mes côtés et que je sentait son odeur particulière, mais aussi d'autres odeurs désagréables. D'ailleurs, elle doit être présente, puisque je sens son odeur. Est-ce que tu la sens aussi ?

– Non. mon chéri. Mais, à mon avis, ça doit être une hypersensibilité ou une hallucination olfactive. Je suis d'avis que tu devrais un peu te reposer avant de revenir au travail et que tu devrais consulter un psychiatre.


Carl Neely cherche sur leur ordinateur de bureau les différents noms de cabinets de psychiatres. Au cours de la recherche, son âme sort de son corps, et il est temporairement possédé par Caitlin Mahoney. Ainsi, il prend un rendez-vous avec Éli James, professeur en psychiatrie et en philosophie à l'Université Rockland. Le psychiatre lui répond le lendemain, en lui suggérant un rendez-vous le 9 décembre à 8h30. Le policier accepte. Entre-temps, Carl Neely a un sommeil très agité, car son grand-père et son arrière-grand-père paternels le visitent, lui causant un cauchemar. Il se réveille en sueur et fatigué. De plus, leur odeur cadavérique empuantit ses narines, lui causant une nausée insupportable au matin.



Deux jours plus tard, Carl Neely se rend au cabinet du professeur Éli James à l'heure convenue. Avant d'entrer, il fait le signe de la croix avec trois doigts de sa main droite. Les deux hommes se saluent respectueusement en se serrant la main droite. Une fois assis sur une chaise en face du psychiatre, le détective décline son identité, sa profession et son statut marital, à savoir marier en secondes noces avec Marianne ; de son premier mariage, sa femme et ses trois enfants sont morts dans un accident routier provoqué par des collègues (il travaillait alors dans une autre ville). Éli prend des notes et écoute en silence.

Tout à coup, Caitlin se manifeste à la droite de son beau-père et dit : « Il doit enquêter sur mes parents et sur moi. »

Le policier dit : – Monsieur le professeur James, je me questionne sur mon état mental. Je veux dire que depuis un mois, j'ai des odeurs qui assaillent mes narines, avec l'impression d'une présence, mais sans voir personne. Lorsque je demande à ma femme si elle aussi, elle sent les mêmes odeurs que moi, sa réponse est négative. Je me demande ce qui m'arrive. Est-ce du choc en raison des événements dans une cabine au cours de laquelle j'ai dû me battre avec un homme ivre et armé pour protéger mon ami ambulancier ? D'ailleurs, j'étais atteint d'une balle au ventre, ce qui m'obligea à rester à l'hôpital, et c'est au cours de mon rétablissement que j'ai commencé à percevoir ces odeurs. D'ailleurs, en parlant d'odeur, je sens celle de ma belle-fille, Caitlin Mahoney. Pouvez-vous me confirmer que je n'hallucine pas ?

– En effet, je vous avoue que depuis mon expérience de mort imminente, j'entends les esprits errants. Je vous confirme avoir entendu la voix d'une jeune fille, probablement dans la puberté, dire que vous devez enquêter sur ses parents et sur son cas. Probablement que vous ne pouvez que les sentir, ce qui doit être assez désagréable.

– Merci de me rassurer. Mais parfois, les odeurs sont en effet très désagréables, surtout lorsqu'elles sont cadavériques, car elles m'occasionnent une nausée insupportable.

Après une courte pause, Carl Neely poursuit : – De plus, j'ai eu des rêves bizarres : la nuit précédente à cette intervention dans une cabine pour protéger mon ami ambulancier que vous connaissez sans doute, Jim Clancy, dont il semble que sa femme entend les âmes errantes. C'est pourquoi je l'ai appelé dans ma chambre d'hôpital, afin de me rassurer. Je la remercie.

– En effet, je connais ce couple. Nous sommes des bons amis. Je peux vous dire que Madame Mélinda Clancy est une femme honnête.

– Merci encore une fois de me rassurer. D'ailleurs, j'ai déjà aidé Madame Mélinda Clancy à propos d'une enquête sur son père, il y a quelques années. Mais que je revienne à mon récit. La nuit avant cet événement, j'ai eu un rêve bizarre, dans lequel mon arrière-grand-père et mon grand-père paternels me poursuivent, fermement décidé à me faire périr comme un chien d'un coup de fusil. C'est pourquoi le lendemain, quand Madame Mélinda Clancy m'a appelé et lorsque je me suis rendu près de la cabane, je ne pouvais m'empêcher de redoubler de vigilance, ayant reconnu le lieu du cauchemar. Je me demande s'il est normal d'avoir de tels rêves ou s'il s'agit de ma fantaisie folle ?

– Rassurez-vous, de tels rêves peuvent survenir à n'importe qui. Il n'y a rien d'anormal dans le fait de rêver des événements du passé ou du futur. Simplement, vous devez y accorder plus d'importance.

– Mais les rêves les plus bizarres étaient lors de mon rétablissement à l'hôpital et des deux dernières nuits. Ces deux mêmes esprits (que je ne connais pas très bien, mais qui sont des membres de la famille décédés depuis des siècles) sont venus et me menacent de plus en plus, disant m'attendre pour rejoindre le dieu de nos ancêtres, Wōden. Parfois, ils me griffent (dont au réveil, j'en garde encore des marques) et se nourrissent de mon énergie, ce qui me fatigue les matins. Parfois, je suffoquais sous l'effet de leurs actions. Désolé, mais je ne peux pas dormir avec une telle visite nocturne. Mais le plus étrange encore, c'est cette impression de dédoublement, de voir soi-même agir d'une façon sans en avoir conscience, ou encore à avoir certaine pensée soudaine. Je soupçonne que certains esprits peuvent agir temporairement sur moi. Mais, devrais-je m'inquiéter de ces possessions ? Que puis-je faire ? C'est ainsi que j'ai la certitude que je dois mener l'enquête sur ma belle-fille, que j'aime comme si elle était mienne. Et qu'après cette enquête, je termine ma carrière de policier.

Après quelques minutes de silence, Élie James dit : – À mon avis, vous ne devrez pas vous inquiéter de ces phénomènes, car d'ailleurs, les phénomènes de dédoublements sont connus depuis l'Antiquité, puisque mentionnés même dans l'Iliade. Simplement pour faire une parenthèse, le dieu de vos ancêtres est la variante en vieil anglais d'Odin ou de Wotan, le dieu des Allemands selon le psychiatre suisse Carl Gustav Jung. D'ailleurs, ses ancêtres le menaçaient lui-même au cours de ses visions de rejoindre leur dieu, Wotan, le cousin germanique de Dionysos. Tout pour vous dire que vous vous trouvez dans une situation dangereuse et que vous devez faire preuve de prudence. Je vous recommande plutôt de vivre avec et de régler le cas de vos ancêtres, qui ne sont pas très bienveillants à votre égard.

– Je le sais, comme dans toute famille. Je sais que mon arrière-grand-père est un Écossais des Highlands et que mon grand-père a immigré aux États-Unis en 1924. Sauf que je ne comprends pas ce qu'ils attendent de moi.

Après une courte pause, Carl Neely poursuit : – Au moins, vous me confirmez trois choses : premièrement, je ne suis pas fou comme je le pensais en entrant dans votre cabinet ; deuxièmement, je dois mener une enquête sur ma famille et ma belle-fille ; et, troisièmement, cette dernière n'est plus parmi... les vivants.

Il termine les derniers mots de sa phrase d'une voix émue malgré tout son sang-froid.

À ce moment, Caitlin Mahoney se manifeste ; son beau-père sourit. Elle dit : « Dites-lui qu'il règle ces enquêtes au plus vite, car il doit absolument tout comprendre ce qui lui est nécessaire avant qu'il ne soit trop tard. Dans les deux mondes, plusieurs individus et esprits n'aiment pas son honnêteté. »

Le psychiatre transmet les paroles au policier, qui s'est levé de la chaise sur laquelle il est assis.

L'âme errante continue : « Surtout, méfiez-vous de ma mère, c'est-à-dire de votre seconde femme ! » Et elle disparaît. Après que le psychiatre lui a transmis les paroles, Carl Neely est confus. Il lui semble que le ciel lui tombe sur la tête et que les apparences sont trompeuses.

Après quelques minutes de silence, Élie James entend deux voix masculines ; Carl Neely sent l'odeur cadavérique et soupire. L'un des esprits (l'arrière-grand-père) parle en gaélique écossais, l'autre (le grand-père) traduit ses propos et commente.

L'arrière-grand-père : – A bheil e a’ smaoineachadh gu bheil e a’ teicheadh ​​oirnn ?

Le grand-père : – Il pense nous échapper ? Il me semble que oui, sauf qu'il ne le peut pas. Il doit payer pour la famille, puisqu'il est une canaille.

L'arrière-grand-père : – Feumaidh sinn a dhol an gnìomh !

Le grand-père : – Il faut agir ! Oui, bien sûr !

Élie James intervient : – Excusez-moi messieurs, mais pouvez-vous décliner votre identité ?

Le grand-père : – Il sait nos noms. Nous n'avons pas à nous présenter devant un étranger. Laissez-nous régler avec Carl nos histoires de famille et tout sera dans l'ordre !

Les deux esprits tournent en sens antihoraire autour du policier, qui a la nausée. Il leur dit : – Pouvez-vous me laisser en paix ? Votre odeur me dégoûte !

Le grand-père réplique : – Non, pas tant que nous réglons pas nos comptes !

Et les esprits disparaissent.

Après une minute, le policier s'assied sur la chaise et demande au psychiatre ce que les esprits ont dit. Celui-ci lui résume les paroles de son grand-père et dit : – Pouvez-vous me dire leurs prénoms ?

– Oui, bien sûr. Mon grand-père paternel se prénomme Adrian, mon arrière-grand-père, Elvin.

Élie James ajoute, après une courte pause : – La seule chose que je peux vous dire est d'être vigilant et que Dieu vous protège ! Couvrez les miroirs, car ils permettent à vos ancêtres de venir ; ils servent de passage entre notre monde et l'au-delà dans différentes cultures. D'ailleurs, vous savez qu'il est néfaste de se regarder dans un miroir après le coucher du soleil. S'il y a de quoi, vous pouvez compter sur mon aide et celle de Madame Mélinda Clancy.

– Merci beaucoup, Monsieur le professeur James.

Les deux hommes se lèvent de leurs chaises, se saluent et se serrent la main droite.


Une fois sorti du cabinet d'Élie James, le policier revient chez lui. Sa femme est absente, car elle est à son travail, comme secrétaire dans une entreprise locale. Il en profite pour fouiller un peu la maison, en vue de trouver des indices confirmant ses soupçons relatifs à Caitlin Mahoney. Il trouve une boîte de Mysimba (des pilules amaigrissantes) à moitié vide dans le tiroir du chevet de sa belle-fille et des boîtes d'autres comprimés, généralement des calmants, dans celui de sa femme. Il poursuit sa recherche dans la cuisine, où il trouve, entre les épices, des boîtes contenant des comprimés. Il prend un comprimé de chacune des boîtes et les range dans un petit contenant en plastique qu'il camoufle dans l'une des poches intérieures de son uniforme. Il fouille aussi dans l'armoire à pharmacie avec miroir dans les toilettes et y trouve des produits suspects dont il amène aussi un échantillon qu'il dépose dans des petits contenants séparés qu'il range ensuite dans une autre poche intérieure de son uniforme. Carl Neely est très perplexe. Il ne sait pas que conclure. Il se souvient du conseil du psychiatre et couvre les miroirs d'un drap lorsque sa femme est au travail et le soir avant de dormir.

Lorsque Marianne revient vers 18h, le détective ne lui révèle rien au sujet de son enquête. Ils prennent leur repas (qu'il prépare). Après la vaisselle, Marianne s'assied sur le canapé au salon pour regarder une émission de télévision. Carl, lui, s'assied à la table dans la cuisine et réfléchit sur les indices qu'il a trouvé. Il ne sait pas que penser, sauf à un potentiel empoisonnement et à un meurtre prémédité de sa belle-fille.

Le soir, le couple dort dans leur lit. Il refuse de l'enlacer. Il fait un rêve bizarre. Il se trouve seul dans une rue, étendu par terre sur le trottoir, ne pouvant bouger, transi de froid. Il entend au loin une voix féminine, qu'il ne parvient point à distinguer tellement ses sens sont affaiblis, dire : « Laissons-la ici, et disons qu'elle est morte de froid ». Il entend des bruits de pas qui s'éloignent, puis silence. Tout autour de lui, il fait noir. La seule lumière est celle des lampadaires. Tout à coup, il flotte au-dessus de son corps. Étonné, Carl se réveille brusquement. Il pense : « Tels sont les derniers moments de Caitlin. Oh, quelle cruauté ! ».


Le lendemain (le 11 décembre 2008), Carl Neely ne parle pas de son rêve à sa femme. Il lui dit qu'il sera gentil avec elle et qu'il s'occuperait de préparer tous les repas et les desserts de la journée. Elle essaye de le dissuader, en disant que la cuisine, c'est son travail en tant que femme, mais le détective ne se laisse pas faire. Lorsqu'il hausse la voix, elle n'ose le fâcher ; elle se fait petite. Il comprend que quelque chose ne tourne pas rond dans l'attitude de Marianne, mais n'ajoute point de commentaire. Et sérieusement, il passe sa journée dans la cuisine. Elle l'assiste, bien sûr. Son mari la regarde à la dérobée lorsqu'elle se trouve près des épices. Lorsqu'elle s'y trouve près, il la demande gentiment de faire une autre tâche (telle que graisser les moules et les plaques à cuisson, par exemple). Ainsi, le couple a confectionné une tarte aux pommes, une quiche lorraine pour le repas du midi (le reste sera répartit pour les autres jours, simplement en réchauffant les portions), un strudel aux pommes et une quiche aux épinards pour le repas du soir. Au cours de la journée, le détective se souvient du papier sur lequel il a griffonné un numéro alors qu'il était à l'hôpital. Inquiet, il fouille dans toutes les poches de son manteau (car il pensait avoir perdu le papier), pour finalement le trouver dans une poche interne. Cette recherche est faite au moment où sa femme est occupée dans la cuisine. Content, il revient dans la cuisine.


Le soir, le pauvre détective comprend en rêve la fin tragique de sa belle-fille. Elle a été assommée par un mélange de médicaments, qui, combinés avec sa dose de Mysimba, sont responsables d'un arrêt cardiaque et, même si elle survécut à l'arrêt cardiaque, d'autres troubles sont occasionnés, entraînant la sortie de son âme de son corps. Elle était accompagnée de sa mère et de quatre policiers masqués. Une fois que la mort est effectivement constatée, ils abandonnèrent le corps de la jeune fille dans un cul-de-sac. L'âme de Caitlin, indignée, demande au détective d'être prudent pour retrouver son corps, car des collègues planifient un attentat sur lui. Carl Neely se réveille en sursaut. Il garde les yeux ouverts dans le noir, fixant le plafond de la chambre. Il ne parvient point à dormir du reste de la nuit. Il passe alors son temps à prier l'ange Michel, le protecteur de la police. Il sent l'odeur de sa belle-fille, le troublant de sentiments paternels.



Le lendemain matin (12 décembre 2008), le policier dit à sa femme : – Marianne, je pense que je consulterais le Professeur Élie James, car il saurait me régler de mes sommeils troublés depuis ces derniers temps.

– Ça doit être un trouble de stress post-traumatique depuis ton intervention dans la cabine.

– Peut-être, mais je confirmerais avec lui. Heureusement, je me laisse le temps de me rétablir pour revenir au travail, mais il me manque tellement. J'ai hâte de reprendre !

– Mais, enfin, Carl, laisses-toi le temps de reprendre un air normal. Tes cernes creux me font peur ! Simplement, tu dois plus dormir et être moins stressé. On dirait que ton hospitalisation t'a vieilli de quelques années.

– Je le sais, ma chérie, mais je n'ai pas le temps et je ne parviens pas m'endormir, puisque je suis très tendu depuis mon retour de l'hôpital. Désolé. Et c'est pourquoi je veux voir le Professeur James demain.


Sur ces paroles, Carl Neely s'empare du téléphone et compose le numéro du cabinet du psychiatre. À ce moment-là, sa belle-fille se manifeste à lui, lui arrachant un sourire au coin des lèvres. Mais lorsqu'il commence à parler au téléphone (il tombe sur la boîte vocale d'Élie James), l'odeur nauséabonde se manifeste, le gênant dans ses propos, qu'il bredouille entre deux grandes inspirations. Puis, il décroche le téléphone. Marianne le regarde bizarrement. Carl lui jette alors un regard interrogateur et lui explique sa réaction. Se contentant de cette réponse, elle le regarde avec méfiance ; lui de même. Ils se fixent ainsi pendant quelques minutes, jusqu'à ce que le téléphone sonne : c'est le numéro du Professeur James. Le détective, content d'entendre la réponse positive, en informe sa femme, qui feint de partager sa joie. La rencontre est fixée le lendemain, malgré qu'habituellement le psychiatre ne travaille pas un samedi, mais il décide de faire une exception pour lui. Le reste de la journée se déroule sans incident, car Carl s'occupe personnellement de la cuisine, ce qui inquiète un peu Marianne, sauf qu'elle ne laisse rien paraître. Elle est au travail au cours de l'après-midi, ce qui laisse le temps au détective de poursuivre ses réflexions. Tout à coup, Caitlin se manifeste à lui, qui, ainsi guidé par l'odeur, il trouve un autre indice, à savoir une dizaine de boîtes de midodrine (médicament augmentant la pression artérielle) et de carteolol (médicament hypotenseur bétabloquant qui diminue les effets cardiaques) dans un tiroir entre des tisanes. Il n'est que plus qu'impatient de reprendre son travail, afin de porter au laboratoire de l'hôpital Mercy les différents médicaments trouvés pour savoir leur nature.


Le soir est agité pour le pauvre détective (il a oublié de couvrir la psyché de sa Marianne dans leur chambre) : il est allongé sur un lit, encadré de ses parents. Il est immobilisé et comprend qu'ils l'affaiblissent psychiquement. De plus, les grands-parents maternels et paternels se joignent à eux, formant un cercle autour de lui. Il les supplie mentalement de le laisser en paix, mais ils ignorent ses supplications. Son âme parvient à grand-peine à rejoindre son corps le matin, le réveillant brutalement. Il est plus fatigué que lorsqu'il s'est allongé dans le lit pour dormir.



Le lendemain (13 décembre 2008), Carl Neely se rend au cabinet du Professeur James. Ils se saluent. Le psychiatre remarque son air fatigué. Carl dit : – J'ai des nuits très agitées depuis notre dernière rencontre. J'ai vécu en rêve les derniers moments de ma belle-fille, ce qui confirme mes soupçons d'empoisonnement... C'est terrible. Mais, est-ce normal de vivre de tels rêves, comme si j'étais à sa place ?

– Oui, soyez-en rassuré.

– Monsieur le Professeur, puisque vous entendez les esprits, quel message vous ont laissé mes grand-père et arrière-grand-père paternels ? Si je vous pose la question, c'est parce que j'ai senti hier leur odeur cadavérique, alors que je laissais un message sur votre boîte vocale.

– En effet, ils ont dit que je dois vous laisser seul régler votre histoire de famille. Sauf qu'à mon avis, vous ne devez pas suivre ce conseil, surtout lorsque vous vous méfiez de votre femme. Car dans ce cas, vous êtes seul. Or, vous savez que l'isolement est la pire chose qui peut vous arriver, surtout si ces esprits malveillants comptent vous jouer un mauvais tour. Mais ne vous inquiétez pas, monsieur, sachez que vous pouvez discuter avec moi de vos rêves ; je vous aiderai au mieux de mes connaissances pour les interpréter. D'ailleurs, c'est mon travail en tant que psychiatre. Et ce, en toute confidentialité ; je ne divulguera point une partie de ce que vous me dites à qui que ce soit.

– Je vous remercie de cette discrétion. Mais comment savez-vous que je me méfie de ma femme ?

– Mon instinct, monsieur.

– Au moins, vous me seriez une aide précise, car je suis désemparé... Et je... je ne suis pas certain... de vouloir mener deux enquêtes. Il me semble que ceci dépasse mes forces.

– Bon sang ! Reprenez courage ! C'est ça, votre métier de détective !

Carl Neely bredouille : – Oui... Vous avez raison. Mais il n'en demeure pas moins que je suis concerné personnellement dans les deux enquêtes, ce qui est techniquement, un conflit d'intérêt.

– Laissez de côté le fait que ce soit un conflit d'intérêt. Si c'est l'âme errante de votre belle-fille qui exige que vous menez les enquêtes, faites-les et soyez prudent.

– D'accord, je me rends à votre avis. Mais, monsieur le professeur, le plus bizarre est sans doute le rêve de hier soir, dans lequel j'étais immobilisé sur un lit, entouré de mes parents et de mes grands-parents, qui m'affaiblissent. Je leur échappe à grand-peine. Qu'est-ce que je dois comprendre de tout ça ? Entre ma belle-fille et ma famille, ces enquêtes me rendent fou, et je n'ai que commencé. À peine débutées, elles me fatiguent. J'ai presque envie de demander à un collègue de faire l'enquête sur Caitlin.

À ce moment, l'âme de sa belle-fille se manifeste ; intrigué, Carl Neely attend, car il voit que le psychiatre a l'oreille tendu, comme s'il écoute les propos de Caitlin. Le psychiatre dit : « Votre belle-fille vous dit de ne pas abandonner les enquêtes. Elles sont vôtres. Sinon, vous êtes en danger, car vos ancêtres et vos parents sont contre vous et ne souhaitent point que la vérité soit découverte. »

Carl Neely étonné : – Mais, Caitlin, si je peux te poser une question, pourquoi tu restes encore à mes côtés ?

L'âme errante : – Pour te protéger d'eux et t'avertir de certains dangers. L'important est de garder confiance en toi et en la protection dont tu bénéficies dans le monde des Esprits.

Lorsque le psychiatre lui transmet la réponse, le policier dit, étonné : – Moi, protégé ? Par qui ? De qui ? Et pourquoi ?

Caitlin : – Tu comprendras un jour.

Carl Neely : – Mais Caitlin, pourquoi es-tu si attachée à moi ? Tu sais très bien que je ne suis que ton beau-père, car il me semble qu'habituellement, personne n'aime ses beaux-parents.

Caitlin : – Je t'apprécie, car tu aurais dû être mon père, puisque tu l'as été dans plusieurs de nos vies passées. Mais ma mère, en se mariant à celui qui est dans cette présente vie mon père, à brouiller notre généalogie. D'ailleurs, je dois forcément l'avoir mérité ! Mais si tu souhaites avoir un enfant, ce ne sera point avec ma mère, car elle est un monstre et non une mère !

Puis elle disparaît.

Lorsque le psychiatre lui transmet la réponse de sa belle-fille, le policier est perplexe.

Élie James commente : – Vous comprendrez un jour pourquoi tous ces phénomènes du monde des Esprits surviennent à vous, car vous n'êtes pas n'importe qui, comme vous le pensez.

Carl Neely, étonné : – Comment vous pouvez conclure ainsi ? Tout ceci me dépasse.

– Non, il ne faut surtout pas vous sous-estimer ! Ce serait une grave erreur qui vous fera sombrer dans un désespoir et une mélancolie. C'est ce que veut votre chère famille, qui vous a choisi pour bouc émissaire. Pouvez-vous comprendre ce fait ?

– Euh... Oui.

– Alors vous saviez ce qui vous reste à faire.

Un silence lourd s'installe entre les deux hommes. Après quelques minutes, ils se saluent et Carl Neely, perplexe, revient chez lui.

Sa femme l'attend dans la cuisine ; elle s'apprête à réchauffer les portions de quiche aux épinards. À ce moment, l'odeur cadavérique de ses ancêtres envahit ses narines et la pensée suivante lui vient à l'esprit : « Marianne a saupoudré la quiche de médicaments. » En effet, elle a saupoudré la portion de son mari d'un médicament. Ceci lui coupe l'appétit. Il fait mine de prendre le repas, mais ne fait que jouer avec les ustensiles, s'excuse et se lève en prétendant avoir un malaise et file au salon s'allonger sur le canapé. Marianne lui demande doucement s'il est certain qu'il n'a pas faim, car le plat est excellent. À ce moment, Caitlin se manifeste et lance une fourchette en direction de sa mère, qui regarde vers la direction de laquelle provient l'objet. Carl se lève et s'assied sur le canapé. Marianne s'assied à ses côtés. Ils s'entr'observent, perplexes. Le policier sent encore l'odeur de sa belle-fille et celle cadavérique de ses ancêtres. Ce mélange d'odeurs n'annonce rien de bon. Il prend lentement la fourchette, qui est tombée sur le canapé, entre lui et sa femme. Mais Caitlin lance le couteau qui tombe exactement entre eux, pointé vers le détective, qui ne peut s'empêcher de tressaillir. Pendant une fraction de seconde, il voit dans le regard de sa femme, qui ne peut pas cacher ni son étonnement ni son sourire, quant à la position du couteau. Les ancêtres répliquent en lancent l'autre couteau qui se trouve sur la table, sauf que le détective se lève à temps pour ne pas le recevoir sur lui. Les esprits disparaissent. Un moment de silence tendu entre le couple. Marianne ramasse en vitesse les ustensiles et les remet sur la table. Ensuite, elle revient au salon pour convaincre Carl de manger avant que le plat ne refroidisse complètement. Il feint d'accepter et tous les deux s'assoient à table. Le policier avale timidement quelques bouchées, au désespoir de sa femme. En après-midi, il se plaint de douleurs au ventre puis s'endort sur le canapé. Il fait un cauchemar, au cours duquel Marianne, ses parents, ses grands-parents et ses arrières-grands-parents l'immobilisent et veulent le réduire à moins que rien. Au réveil, il sent l'odeur cadavérique qui l'étouffe. Sa femme, alertée par le bruit (puisqu'il tousse très fort et l'air lui manque), feint d'être effrayée et compose le 911.

Quelques minutes après, Jim Clancy, avertit quelques secondes avant par Caitlin Mahoney, avec Tim Flaherty, font irruption dans la maison du policier. Caitlin supplie Jim de faire quelque chose, car Carl ne doit pas quitter le monde des vivants tant qu'il ne règle pas certaines affaires. Jim jette un coup d'œil rapide au policier et comprend ce qui se passe : quatre sombres esprits l'attaquent à la gorge et à la poitrine, pour l'étouffer. Les ambulanciers agissent rapidement. Le policier, allongé sur le dos, est réanimé ; les mauvais esprits disparaissent lorsque Jim les fait fuir par des malédictions. Le policier reprend ses sens et remercie les ambulanciers de leur rapide intervention.


Une fois les ambulanciers sortis de la maison de Carl Neely, Marianne s'approche de lui et l'enlace tendrement, mais il lui échappe. Silence et regards méfiants réciproques. Carl s'éloigne d'elle, marchant à reculons, et s'enferme dans son bureau. Marianne, après avoir ajouté une autre couche de médicaments en miettes sur la portion de son mari, frappe doucement la porte de son bureau et dit d'une voix douce : – Est-ce que tu veux terminer ton assiette ? Tu dois avoir une faim de loup. S'il te plaît ! En plus un plat que tu as fait toi-même avant-hier.

– Laisses-moi tranquille !

Inquiète du ton rude, Marianne range la portion dans un plat séparé, sans oublier d'ajouter une autre couche de médicaments émiettés.

Le détective, dans son bureau, réfléchit sur son rêve ; il conclut que sa femme est avec ses ancêtres et qu'ils agissent à travers elle, sauf qu'il ne comprend pas pourquoi ils s'acharnent tant sur lui. Cette pensée le jette dans un désespoir inimaginable. À ce moment, Il sent une odeur virile à sa droite. L'âme de Carl sort de son corps, laissant la place à son hôte, un vieil policier à la mine sérieuse. Au cours de cette courte possession, il griffonne sur une feuille un numéro, puis un nom et l'âme du détective revient dans son corps. Perplexe, il conserve précieusement la feuille et remercie mentalement son hôte bienveillant, car il comprend qu'il s'agit d'un numéro de dossier d'archive concernant l'une de ses enquêtes.

Au cours du restant de la journée, le couple est à froid. Le détective refuse de manger ce que sa femme lui offre, préférant plutôt rester sur sa faim – mais, d'ailleurs, il n'a pas faim, étant donné l'horrible puanteur qui entoure Marianne, un mélange d'odeur cadavérique (l'odeur des ancêtres paternels) et excrémentielle (l'odeur des ancêtres maternels). Étonnée, elle essaie de le convaincre, mais en vain ; plus elle insiste, plus il est irrité. Il quitte la cuisine et s'allonge sur le canapé.


Le soir, Carl Neely reçoit encore la visite de ses ancêtres, qui le traquent sans pitié. Il leur demande ce qu'ils veulent de lui et pourquoi doit-il payer pour eux. Adrian, son grand-père paternel, lui répond qu'il doit payer pour tous les péchés de la famille ; il peut seul s'accuser lui-même de ne pas savoir comment y échapper. Le détective se réveille en sueur. Les âmes des ancêtres se trouvent dans la chambre, empoisonnant l'air de leur mauvaise odeur. Elles tentent encore une fois de l'étouffer. Sa femme, réveillée par la grosse toux, regarde son mari. Comprenant qu'il étouffe, elle appelle à nouveau les ambulanciers. Sauf que cette fois, ce sont deux collègues de Jim, possédés par Adrian et le grand-père maternel. Ils font semblant de se dépêcher, mais son cas ne fait qu'empirer. Carl, ne supportant ni les mauvaises odeurs de ses ancêtres, ni l'asphyxie, sort de son corps et supplie les mauvais esprits de laisser son corps tranquille. Il regarde son corps, sans connaissance, mais, en une fraction de seconde, il parvient à le regagner, car son protecteur policier est venu, faisant fuir les mauvais esprits et il possède le corps de l'un des ambulanciers pour le pousser à faire les bons gestes pour le secourir. Une fois revenu à lui, perplexe, le détective remercie mentalement son sauveur, puisqu'il se trouve à sa droite, afin de s'assurer que les mauvais esprits ne reviennent point le déranger. Puis, l'esprit-policier disparaît.



Le lendemain (14 décembre 2008), la journée est tranquille. Carl Neely rassure sa femme : son appétit est revenu, mais refuse de manger la quiche aux épinards saupoudrée de médicaments. Il prétend préférer la quiche lorraine et se sert lui-même sa portion. En après-midi, sa femme travaille, ce qui lui laisse le temps de commencer son enquête sur ses ancêtres.


Voici en résumé, sa généalogie, du moins, ce qu'il sait, afin de mieux comprendre la suite : son père se prénomme Karl Neely ; sa mère, Zora Neely, née Bogdanović ; ses grands-parents paternels sont Adrian Neely et Sarah Neely, née Benam ; ses arrières-grands-parents paternels, Elvin McNeilly (qu'il anglicisa en Neely) et Elizabeth Neely, née Blair ; ses grands-parents maternels, Milan Bogdanović et Mila Bogdanović, née Berstein ; ses arrières-grands-parents maternels Ante Bogdanović et Ana Bogdanović, née Vidović.


Le détective mène une recherche rapide sur un site de généalogie, pour savoir où trouver les documents d'archives. Il se demande s'il reprendrait contact avec ses parents, qui habitent dans une autre ville. La pensée suivante lui vient à l'esprit : « J'ai le choix : soit je parle à nouveau avec mes parents et ma sœur et je suis en danger; soit je m'arrange par un long détour pour comprendre cette histoire de famille, ce qui peut me mettre aussi indirectement en danger. » Il soupire. Désemparé, il murmure : « Ah ! Maudite famille ! Pour quelles fautes voulez-vous que je paie, alors que je ne sais pas les secrets de famille, puisque vous ne voulez pas que je les sache. » À ce moments, ses ancêtres se manifestent ; leur odeur nauséabonde lui cause un horrible mal de tête, qui cesse dès que l'esprit-policier, reconnaissable à son odeur virile, se manifeste, mettant en fuite les mauvais esprits.

Le détective, perplexe d'un tel protecteur invisible, dit : – Monsieur, puis-je vous poser une question ? D'accord, je ne vous entendrez peut-être pas, mais je la pose quand même : qui êtes-vous et pourquoi me protégez-vous ?

L'esprit lui répond mentalement, donnant l'impression au détective de penser : – Je suis Daniel Miloshevitch, un policier de mon vivant. Je dois vous protéger de vos ennemis dans l'autre monde, car vous n'êtes pas assez prudent. Vous avez encore à apprendre de ce côté-là. Nous appartenons à la même communauté d'Esprits, c'est pourquoi il est de mon devoir de vous aider et c'est pourquoi vous acceptez mes possessions temporaires.

Carl Neely, encore plus dérouté, remercie néanmoins l'esprit, qui disparaît. Quelques minutes après, il décide d'appeler Jim et Mélinda pour l'éclaircir sur le Monde des Esprits. Étonnés, les deux chuchoteurs d'âmes errantes se rendent chez lui. Ils ne l'ont pas revu depuis presqu'un mois, à vrai dire depuis l'événement dans la cabine. Après avoir discuté et pris les nouvelles les uns des autres, chacun content et inquiet pour l'autre (Jim et Mélinda essayent de régler le cas de Michael Strumpf). La nouvelle du don révélé à son ami ambulancier rassure le policier, lui permettant d'accepter le sien. Ensuite, Carl Neely leur expose sa double enquête ; Jim lui dit qu'il devrait commencer par régler le cas de ses ancêtres puis celui de sa belle-fille, simplement pour être le moins exposé au danger dans la mesure du possible. Le policier remercie Jim et Mélinda d'être venus ; ils le remercièrent d'avoir partager ses nouvelles. Ils sortent de la maison du détective. Ce dernier poursuit sa recherche généalogique. Il sait au moins où il doit se rendre pour mettre la main sur les documents d'archives ; il réalise que le numéro que Daniel Miloshevitch a écrit sur le papier est un numéro d'archive concernant son grand-père maternel ; même le nom est écrit sans aucune erreur. Carl Neely est étonné. Il commande une copie du document aux archives locales de Belgrade. Il donne pour adresse d'expédition son bureau au département de police de Grandview.

Vers 18h, sa femme revient du travail. Elle l'embrasse tendrement ; il la repousse, dégoûté par les âmes de ses ancêtres qui sont près d'elle. Il réchauffe les portions de quiche aux épinards, en prenant soin, lorsque Marianne ne le voit pas, de jeter aux poubelles celle qui était saupoudrée de médicaments.


Le soir, Carl Neely reçoit encore une fois la visite de ses parents et de ses ancêtres qui tentent de le dissuader de mener son enquête sur eux, sinon, il n'en sortira pas vivant. Son père lui dit : « Si tu veux vraiment savoir les fautes pour lesquelles tu dois payer, viens avec moi et je te montrerais tout. » Daniel Miloshevitch (un policier du siècle passé, d'une redingote et pantalon beiges, avec une ceinture brune) s'interpose entre le père et le fils, en ayant le fils derrière lui. Le détective, hésitant, décide de suivre les recommandations de son protecteur. Il refuse de suivre son père. Ses parents rejoignent les autres âmes dans une cuisine très basse. Daniel lui explique que ses parents ont voulu depuis son enfance le faire périr, parce qu'il ont compris qu'il n'était pas un des leurs (il n'appartient pas à la même communauté d'esprits, sauf qu'il doit provenir de cette famille, tel est son destin). Carl lui demande comment il sait ces informations; la réponse est : un observateur m'a communiqué cette information. Puis, le détective revient dans son corps.


Le lendemain, comme sa femme a congé, Carl Neely est obligé de passer la journée avec elle, malgré qu'il la dégoûte, car il comprend que Adrian agit sur elle. Il est alors méfiant et il s'occupe de la cuisine, afin d'être certain qu'elle ne l'empoisonne pas. Sans oublier qu'il ne peut pas poursuivre son enquête sur ses ancêtres.


Le soir, le pauvre détective n'a pas la nuit tranquille. Il est avec ses parents, qui l'entraînent chez Adrian et Sarah, qui lui donnent ses bonbons préférés lorsqu'il était enfant. Sauf que les bonbons semblent renfermer des mauvais génies, mais ils les prend quand même. Ensuite, ses parents l'amènent chez les grands-parents maternels, Milan et Mila, qui lui remettent un livre duquel se dégage une fumée noire. Il apporte ces cadeaux avec ses parents. Ces derniers lui remettent, pour ajouter la touche finale, un livre à la couverture verte forêt. Une fois seul dans sa chambre, en pensant naïvement profiter des cadeaux, Carl est poursuivi par des mauvais esprits, auxquels il essaye d'échapper, mais il réalise que la fenêtre et la porte de sa chambre dans la maison de ses parents sont fermées. Il reste seul avec ces esprits qui tournent autour de lui. Il leur échappe à grand-peine et son âme rejoint son corps. Le détective se réveille en sursaut. Il entend une voix dans sa tête lui dire : « Si tu ne comprends pas ce rêve, tu peux prendre ton revolver et le pointer sur ta tempe ! » En effet, il croît même entendre le cliquetis de l'arme, qui se trouve dans un tiroir sous clé. Carl ne ferme pas l'œil de la nuit, angoissé. Il jette un coup d'œil rapide sur Marianne : elle dort.


Le lendemain, le policier appelle Élie James pour lui demander s'il est possible de le rencontrer la journée même. Étonné, il accepte de le rencontrer en après-midi. Carl lui raconte son rêve de la veille et l'avertissement qui le suivit.

Le psychiatre commente : – Il s'agit techniquement d'une ecmnésie, c'est-à-dire le fait de vivre des événements de votre passé. C'est un phénomène plus courant que ce que vous le pensez. Il y a un message que vous devez comprendre dans ce rêve pour vous aidez vous-même. Et cette voix que vous avez entendue, c'est celle de votre inconscient, qui vous ramène à la conscience des faits de votre passé pour comprendre le présent. Pour commenter, si vous le permettez, votre inconscient est violent. Comme celui du psychiatre Carl Gustav Jung, sauf qu'un tel message est plus approprié dans votre cas, puisque vous avez une arme. Il vous dit directement l'importance de ce message. À mon avis, ce que vous avez vécu en rêve est réellement ce qui s'est passé, mais en découvrant le vrai sens des gestes poser par les membres de votre famille. Et bien, pour élucider le tout, pouvez-vous me dire à quand remonte votre dernier souvenir de vos grands-parents maternels et paternels ?

– Ma dernière visite à mes grands-parents maternels remonte à mes deux ans et demi, celle à mes grands-parents paternels, cinq ans.

– Ceci signifie donc qu'ils vous ont déjà repéré à cet âge-là pour être le bouc émissaire de la famille. Le rêve confirme que vous êtes victime de la malédiction de votre famille. Et que votre inconscient vous avertit avant qu'il ne soit trop tard.

– Comment est-ce possible ?

– À vous de le savoir. Mais, logiquement, c'est peut-être parce que votre famille est puissante et qu'elle veut qu'une bonne âme paie pour tous les péchés.

– Mais, devrais-je enquêter sur ce lourd passé ? À y penser, je suis désespéré.

Tout à coup, Caitlin se manifeste ; le détective sourit, le psychiatre écoute ce qu'elle dit. La jeune fille dit : « Pourtant, vous saviez très bien que devez savoir qui vous êtes, afin de ne pas être si fataliste, et surtout pour vous libérez de leur emprise avant que votre femme ne devienne une menace sérieuse. Il ne vous reste pas beaucoup de temps ! »

Puis elle disparaît. Lorsque le psychiatre lui transmet les paroles de sa belle-fille, Carl est perplexe. Il ne sait que penser de tout cela. Il remercie néanmoins Élie James et sort de son bureau, content, mais inquiet. Il ne révèle rien à sa femme.

De retour chez lui, il la salue et s'enferme dans son bureau. Il comprend qu'elle a contaminé sa portion du souper, ce qui lui coupe l'appétit. De plus, le policier sent l'odeur de ses ancêtres, ce qui confirme sa pensée. Une fois dans son bureau, il est surpris par Daniel Miloshevitch, qui s'y trouve. Carl lui demande mentalement : « Si vous êtes là, est-ce pour m'aider dans mon enquête ? » La réponse est « Oui. » Intrigué, Carl regarde furtivement les papiers sur son bureau. Il retrouve le papier sur lequel il a inscrit les numéros des dossiers d'archives qu'il a repéré en cherchant il y a deux jours sur des sites internet de généalogie. Cependant, le détective aide sa femme à faire la vaisselle. Marianne lui demande d'un air naïf s'il ne veut pas manger son souper. Devant son refus sec, elle n'ose point insister.


La nuit, Carl Neely rêve qu'il est poursuivi par ses parents et ses grands-parents maternels et paternels. Il court pour leur échapper, sauf qu'il se trouve à un moment au-dessus d'un gouffre, l'obligeant à courir sur un fil. Il fait attention pour ne pas tomber, mais il est pris de vertige. Il voit de l'autre côté du gouffre Marianne qui lui sourit ironiquement, tenant des ciseaux à la main, prête à couper le fil. Angoissé, Carl la supplie de ne pas faire le geste fatal. Sauf qu'elle rapproche dangereusement les ciseaux du fil. Il se réveille en sueur. Il sait que Daniel Miloshevitch est près de lui. Il sourit, et s'endort profondément, sans aucun cauchemar.



Le lendemain, réveillé par Marianne, le détective demeure silencieux sur son rêve. Heureusement pour lui, sa femme travaille en après-midi. Il décide donc de se rendre dans une ville voisine afin de trouver un dossier concernant son père. Une fois rendu dans la salle des archives de la ville, le détective, sans révéler son identité, repère le numéro du dossier qui l'intéresse. Il demande à l'archiviste s'il est possible de faire une photocopie. Celui-ci le lui permet. Sauf qu'au moment où il commence à photocopier les pages du dossiers de son père, les âmes de ses grands-parents paternels se manifestent, lui causant une nausée et causant un dérèglement de l'imprimante. L'archiviste, alerté par le bruit (puisque l'imprimante sonne lorsqu'elle a un problème), arrive et dit : « Monsieur, je pense que l'imprimante est hors-fonction. Aucune impression n'est possible, mais je ne peux pas vous laisser partir avec les documents. »

Carl Neely réplique : – Dans ce cas, je prendrais des notes.

– D'accord. Installez-vous alors à la table à côté de l'imprimante.

Le détective s'installe à la table et commence à recopier les pages du documents, en ignorant la mauvaise odeur de ses grands-parents paternels. Il découvre ainsi que son père, un policier, est impliqué dans un crime alors qu'il avait 2 ans. Il a tué accidentellement un homme lors d'une intervention importante, sauf qu'il n'a pas été jugé coupable. Le détective trouve aussi dans un autre document que son père est un membre d'un trafic de stupéfiants, et qu'il échappe à la justice. Carl Neely retranscrit calmement les pages puis remet les documents à leur place dans les étagères.

Une fois revenu chez lui, il est assaillit par l'odeur de son père. Étonné, il pense : « Pourquoi te manifestes-tu ? Il me semble que tu es encore parmi les vivants. »

Son père lui répond (en donnant l'impression au fils de penser) : « Tu sais que ces phénomènes ne te sont pas étrangers. Tu comprendras un jour ! » Puis l'âme disparaît.

Carl Neely range avec soin ses notes et revient à l'ordinateur. En cherchant sur les différentes données de bases, il repère un article dans les archives en ligne de la ville où habite ses parents mentionnant que son père a affronté des jeunes distributeurs de stupéfiants.

Avant que sa femme revient le soir, le détective prépare le repas, à savoir une soupe aux légumes. Il comprend qu'il n'est pas seul dans la cuisine ; l'âme de sa première épouse (Sara Blumenfeld de son nom de jeune fille) est présente, puisqu'il la reconnaît à son odeur particulière, à savoir un parfum de fleurs des champs. Ceci lui arrache un doux sourire douloureux et presque des larmes dans ses yeux, car l'odeur lui ravive le terrible souvenir de l'accident, car il était le conducteur et a vu sa femme et ses enfants (David, Daniel et Jeanne) mourir sous ses yeux, malgré ses tentatives de réanimation en attendant les ambulanciers. Il dit : « Shalom Sara. Pourquoi raviver des souvenirs ? Je sais que je ne suis pas responsable de l'accident, mais mes collègues. Avec le temps, j'ai cessé de me culpabiliser. Je me suis même remarié à une vipère. Ta douceur me manque tellement ! »

L'âme se déplace dans la salle. Carl Neely intrigué, pense : « À moins que mes anciens collègues m'ont repéré alors que je suis allé dans la salle d'archive aujourd'hui ? »

Sara Neely lui répond affirmativement par la pensée puis disparaît. Le pauvre détective déduit qu'il est leur prochaine cible. Il soupire. Daniel Miloshevitch se manifeste. Carl Neely pense : « Au moins, avec mon protecteur, j'ai un garde du corps invisible. Que voulez-vous de moi, alors que je suis coincé ? »

L'âme errante lui répond, donnant l'impression au policier de penser : « Vous devez absolument régler votre histoire avec votre famille. Jim vous l'a bien dit. Ne nous obligez pas à vous le répéter une dizaine de fois alors que vous savez que vous êtes menacé à tout instant. Agissez avant qu'il ne soit trop tard pour vous, sinon vous allez regretter de ne pas avoir écouter nos conseils ! » Étonné d'une telle réponse, Carl Neely se remet à ses recherches généalogiques en attendant que la soupe mijote. Il découvre un indice suspect : son père, Karl Neely, n'est pas le fils d'Adrian Neely, mais de Friedrich Neumann, un industriel allemand possédant plusieurs usines de verrerie, de couteaux et de produits textiles. En cherchant un peu plus sur Friedrich Neumann, il apprend que cet homme était de passage aux États-Unis d'Amérique, dans la région où son grand-père s'est installé avec sa famille (sa femme et trois enfants déjà) depuis 1924. L'industriel allemand était dans la même ville que ses grands-parents paternels entre 1930 et 1935. Or, Karl Neely, le dernier de la fratrie, est né en 1934. Le policier pense : « Il est alors tout à fait possible que mon père soit un bâtard, ce qui expliquerait l'orthographie un peu allemande de son prénom. Ah ! Maudite soit ma grand-mère ! » À ce moment-là, l'âme de la grand-mère paternelle, Sarah, se manifeste. Le pauvre détective a une nausée insupportable. Il la supplie mentalement de s'en aller, mais comme elle ne l'écoute pas ; il la maudit, ce qui la fait déguerpir. Carl Neely, en reprenant son calme, poursuit ses recherches. Tout à coup, des coups forts à la porte le sort de sa recherche. Il regarde par la fenêtre. Il reconnaît quatre de ses anciens collègues en civil et masqués. Ils ne semblent point venir avec de bonnes intentions. Il préfère tirer les rideaux pour ne pas avoir à les affronter. Il revient à pas de loup dans la cuisine pour voir sa soupe. Les anciens collègues frappent à nouveau. Comme Carl ne répond pas, ils essayent de forcer la serrure. À ce moment-là, le détective sort de son corps et Daniel Miloshevitch le possède temporairement. Il court prendre son arme et revêt en vitesse un gilet pare-balles, sans oublier son icône de l'Ange Michel (le protecteur des policiers) et revient à temps, car les anciens collègues ne parviennent point à forcer la porte, puisque l'âme du détective les empêche. L'un d'eux brise alors une fenêtre avec une matraque. Les trois autres pointent en vitesse leurs armes sur Carl Neely, qui lève rapidement la sienne sur celui qui a brisé la fenêtre. Il leur dit (Miloshevitch parle) : – Messieurs, dégagez tout de suite les lieux ou j'appelle la police pour intrusion !

L'un d'eux lui réplique : – Carl, tu sais très bien pourquoi tu ne peux pas rester en vie. Tu en sais trop !

– À propos de quoi ?

– Pourquoi reviens-tu dans une ville maudite ? Tu n'aurais pas dû en sortir ! Ne reviens jamais sur tes pas !

Et les quatre collègues tirent en direction de Carl, qui parvient à leur échapper (les balles n'ont pas transpercé le gilet pare-balles) et tire par terre entre les jambes de ses anciens collègues, les faisant un peu reculer. Son âme regagne son corps. Il remarque que ses collègues sont accompagnés de ses ancêtres paternels et maternels. Il comprend que les mauvais esprits n'apprécient pas ses recherches. Il a le vertige, mais il se ressaisit par la présence de Daniel Miloshevitch. Les policiers, tirent à nouveau, sauf que cette fois, leurs armes refusent de faire sortir la balle. Étonnés, les anciens collègues appuient plusieurs fois sur la gâchette, sans succès. Carl Neely en profite pour les désarmer rapidement et les maîtriser, en leur attachant les mains avec une corde à linge (en l'absence de menottes). Puis, il appelle la police. Ses actuels collègues, intrigués, arrivent et constatant l'acte de vandalisme, amènent dans la station de police les quatre anciens collègues du détective.


Nul besoin d'insister sur l'étonnement de Marianne lorsqu'elle revient du travail. Carl lui explique brièvement la situation (en omettant bien sûr son enquête et la présence des esprits errants). Il appelle en vitesse un service de réparation de vitre. Une fois la fenêtre réparée, le détective sourit à sa femme et l'invite au souper.


La nuit n'est pas tranquille pour Carl Neely. Ses ancêtres le poursuivent sans pitié, aider de Marianne et de ses collègues. Ils sont furieux. Il leur échappe à grand-peine en leur jetant à la tête un vieux gros livre qu'il tient entre ses mains.

Il se réveille brusquement.



Le lendemain (18 décembre 2008), le détective profite de l'après-midi, alors que sa femme est au travail, pour poursuivre son enquête sur sa famille. En cherchant patiemment dans les différents sites d'archives, il fait des découvertes assez surprenantes. Il apprend que son arrière-grand-père paternel, Elvin McNeilly, possédait un château ancien qui est, disait une rumeur locale, hantée ; sa grand-mère paternelle, Sarah Benam, provenait d'une famille de sorcières ; son grand-père maternel, Milan Bogdanović, était un riche paysan yougoslave qui exploitait d'autres gens du village, voire même qu'il les tuait après un ou deux ans à son service, afin de voler leurs bijoux en or pour ensuite les revendre à Belgrade ; sa grand-mère maternelle, elle. était issue d'une ancienne famille aristocratique déchue sous l'Empire austro-hongrois. Ses arrières-grands-parents maternels étaient des individus très influents en politique de leur vivant.

Le soir, il rêve certaines épisodes de ces informations, comme si Carl Neely était à leur place, ce qui confirme ses doutes, mais aussi de découvrir le manque de scrupules que ses ancêtres avaient envers leurs proches. Nul besoin de dire qu'il est terrorisé le lendemain matin par leurs mauvaises odeurs, car ils sont venus à lui, furieux qu'il ait découvert « leurs petits secrets de famille ».


Le lendemain, au cours de la journée, le détective s'occupe de la cuisine, sous prétexte de ne pas surcharger sa femme. Marianne s'en plaint, mais n'ose pas trop insister, car elle évite de le mettre en colère. Il sent l'odeur de ses ancêtres maternels et paternels, d'où sa prudence. La nuit est terrible pour Carl Neely, puisqu'il est menacé de périr sous une arme à feu ; dans son rêve, il est atteint à l'épaule droite, lui causant une douleur terrible qu'il ressent même une fois réveillé.



Deux jours plus tard (le 21 décembre 2008), le détective comprend pourquoi il a été choisi pour être le bouc émissaire de sa famille, à la suite d'une conversation, alors que Marianne est au travail, avec Daniel Miloshevitch et avec sa ex-femme, qui parlent mentalement avec lui, lui donnant l'impression de penser. Il est un bonne âme, comparée aux autres membres de sa famille, qui sont des esprits souterrains ; et la lumière et la noirceur sont des contraires, voilà pourquoi il attire tant les vampires spirituels de sa famille, qui veulent utiliser son énergie et sa lumière pour eux, puisque les leurs, ils les ont vendu au Prince des ténèbres. De plus, il comprend pourquoi son père s'était opposé à son premier mariage, alors qu'il était âgé de 27 ans : Sara Blumenfeld est la femme de sa vie et elle et lui se sont déjà connus comme mari et femme dans plusieurs réincarnations antérieures. Dans la plupart de leur réincarnations, le couple eu des enfants, dans d'autres non, en raison de l'impossibilité d'échapper à cette malédiction familiale. Mais cette fois, il doit rompre ce cycle infernal s'il ne veut pas en payer de sa vie, et, pour cela, il doit se faire confiance à lui-même. Carl Neely comprend tout le danger de la situation. Il remercie, ému, les deux âmes de l'avoir informé à ce sujet. Sara Blumenfeld et Daniel Miloshevitch disparaissent.

Le soir, Carl Neely reçoit la visite de ses ancêtres (avec lesquels est Marianne), mais heureusement, Sara et Daniel Miloshevitch sont avec lui. Ils leur échappent en leur lançant un gros livre vert à la tête. Sara dit à Carl : « Plus tôt tu te débarrasseras de Marianne, mieux ça serait pour toi. » Et le détective se réveille. À ses côtés, Marianne dort, mais il sent la présence de Sara à sa droite. Il ne peut pas s'empêcher de penser à quel point il est seul sans sa première épouse, ce qui lui ravive les souvenirs indélébiles de sa mort. Il s'efforce de garder son sang-froid pour ne pas verser une seule larme.




Entre le 22 décembre 2008 et le 3 janvier 2009, Carl Neely, guidé par Sara Blumenfeld, Caitlin Mahoney et Daniel Miloshevitch (avec l'aide, lorsque nécessaire, de Jim, de Mélinda et d'Élie James, sous prétexte d'une consultation psychiatrique), poursuit son enquête sur sa femme et sa belle-fille, en plus de se demander comment mettre fin à cette malédiction familiale. Pour ce faire, il demeure à l'écoute de son instinct et de ses rêves. Inutile de préciser que sa famille vient lui faire des visites nocturnes (en rêve), le menaçant s'il ne veut pas les rejoindre, eux et leur dieu Wōden, de mourir. De telles visites ne laissent pas un peu de repos au pauvre détective. Ses grands-parents et arrières-grands-parents lui aspirent son énergie et tentent de le convaincre en la fatalité de cette malédiction. Il est particulièrement fatigué entre le 26 décembre et le 3 janvier, voire même qu'il était affaibli et gravement malade, sans oublier qu'il mangeait peu étant donné l'odeur cadavérique et excrémentielle de ses ancêtres qui entoure Marianne. Cet état inquiète beaucoup Élie James, Jim Clancy et Mélinda Gordon. Carl Neely rassure ses amis et leur explique la situation : il sait que le numéro de dossier que sa belle-fille lui a communiqué au cours de la possession temporaire lors de son rétablissement concerne le père de Caitlin, tandis qu'un autre concerne la concerne elle-même. Le détective demande alors à Jim s'il pourrait lui fournir une copie de ces documents. L'ambulancier se rend aux archives de la ville de Grandview après son quart de travail. Il trouve facilement les documents, malgré l'opposition d'Elvin McNeilly (Neely), d'Elizabeth Neely, d'Adrian Neely, de Sarah Neely, de Milan Bogdanović, de Mila Bogdanović, d'Ante Bogdanović et d'Ana Bogdanović, car il les fait fuir par des jurons, en plus d'être seconder par son ange gardien et par Daniel Miloshevitch. Une fois les documents imprimés, Jim Clancy remet à leur place les documents et apporte les copies à son ami policier. Ce dernier le remercie et profite du temps lorsque Marianne est au travail pour les lire. Ainsi, la lecture s'étend sur plusieurs jours, car Carl cache les documents dans un tiroir sous clé. Il découvre que Marianne fut mariée à Thomas Mahoney, un agent de police de Longview. Ce premier mari est mort d'un suicide avec sa propre arme à feu, sauf que l'autopsie révèle une intoxication alimentaire avec du poison du protoplasma. Le soir, un rêve lui confirme le meurtre du premier mari. Et Carl comprend que Marianne compte faire de même avec lui, car ses ancêtres sont furieux et lui inspirent de telles pensées, qui ne lui sont pas d'ailleurs étrangères.


Le 29 décembre, la copie des documents d'archives de Belgrade concernant son grand-père maternel, Milan Bogdanović, est arrivée au bureau du détective. Il la récupère en après-midi, alors que Marianne est au travail. Carl lit avidement les documents : il apprend ainsi que son grand-père maternel, non seulement qu'il s'enrichissait en vendant les bijoux en or des paysans qui travaillaient pour son compte, mais qu'il a hérité de son père un grand terrain sur lequel il a fait construire un grande maison, pour y loger tous ses cinq enfants. Plus tard, c'est l'un des oncles maternels (l'aîné) qui y habite, avec sa femme et ses enfants.

Le soir, le détective s'occupe du repas. Au cours de son sommeil, il est instruit par son inconscient du moyen pour mettre fin à la malédiction familiale : il doit simplement se débarrasser des photographies de sa famille.


Le lendemain, alors que Marianne est partie à son lieu de travail, Carl retrouve dans un tiroir dans le salon les photographies de sa famille, les déchire et jette certaines dans les toilettes, d'autres dans la poubelle.

Le soir est très mouvementé, comme les nuits suivantes : les membres de sa famille le poursuivant sans relâche, le fatiguant de plus en plus. Carl voit son état se détériorer, ce qui inquiète Marianne. Il la rassure et prépare sa tisane et ses repas, lui refusant l'accès à la cuisine.



Le 3 janvier 2009, Carl Neely, au cours d'une promenade avec sa femme, voit au loin son père, un vieil policier de 74 ans. Il le reconnaît (sa silhouette n'a pas changer depuis la dernière visite du fils au père) malgré qu'il a rompu toute communication avec lui depuis qu'il s'est marié à Sara Blumenfeld. Carl traîne un peu sa femme afin de la dépêcher avant qu'il ne le voit. Sauf qu'elle ne comprend pas pourquoi, et comme elle refuse d'obéir à son mari, le père reconnaît son fils. Les deux hommes se regardent fixement. Le détective comprend qu'il obéit à Adrian Neely et à Friedrich Neumann, qui se tiennent à ses côtés ; il reconnaît les âmes errantes à leur odeur désagréable. Karl salue son fils, qui lui rend froidement une formule de salutation.

Karl : – Ainsi, tu es remarié ! Puis-je savoir qui est ma bru ?

Marianne : – Marianne Bazra de mon nom de jeune fille.

– Enchanté de faire votre connaissance !

Carl intervient : – Voilà, père, et tu sais tout sur ma vie. Content d'avoir mes dernières nouvelles ?

– Bien sûr, mon fils, surtout que nous ne savons rien de toi depuis des années...

– Depuis mon premier mariage en 1989, il y a... vingt ans.

– Et bien ! Je suis content que tu ne sois pas resté seul. Avez-vous des enfants ?

– Malheureusement, non.

Les deux hommes se saluent froidement. Puis chacun continue sa promenade, mais père et fils se retournent pour s'épier mutuellement. Marianne essaye de traîner son mari pour qu'il regarde devant lui, mais c'est lui qui l'entraîne de force (temporairement possédé par Daniel Miloshevitch) vers une intersection et tourne sur la rue perpendiculaire, ce qui lui fait éviter la balle fatale, car son père sort rapidement son revolver et tire vers sa direction alors que Carl est dos à lui. Remarquant qu'il a raté son coup, il prend les jambes à son cou. Comme il n'y a pas beaucoup de gens à cette heure-là, personne, parmi les vivants, n'a remarqué la balle perdue.

Le soir est agité pour Carl Neely : tous ses ancêtres, ses parents, sa sœur, le mari de celle-ci et Marianne le traquent sans relâche, en plus de lui aspirer son énergie. Son père parvient même à le griffer au visage, l'étourdissant encore plus. Par ailleurs, il en garde une trace à son réveil. Épuisé, le détective les supplie de le laisser en paix, mais ses poursuivants lui répliquent à l'unisson : « Il n'en est pas question ! Ça t'apprendras à divulguer au monde entier nos petits secrets de famille ! » Ils n'hésitent pas à le malmener pour le reste de la nuit, ce qui le fatigue.



Le lendemain, le 4 janvier 2009, réveillé par Marianne, le détective ressent un terrible mal de tête qui l'oblige à rester allongé. Sa femme, inquiète, lui apporte deux comprimés de Tylenol. Il se repose en avant-midi et la rejoint au midi. Sauf que Marianne, en préparant le repas, n'a pas oublié de saupoudrer la portion de Carl de médicaments. Malheureusement, il en mange une partie, trop fatigué pour prêter attention à la mauvaise odeur d'Adrian Neely et de Sarah Neely. Lorsqu'il y prêta attention, il arrêta de manger le repas, dégoûté. Il pense : « Félicitations ! Tu vas crevé comme un rat ! Après tout, suis-je une vermine ? » Et il s'attendait au pire. Le reste de la journée se déroule sans incident, à l'exception d'un léger malaise dans l'estomac en après-midi. Sauf que le soir est fatal pour le détective : arrêt cardiaque et expérience de mort imminente (son âme ne voulait pas rester dans son corps, qui est devenu trop douloureux en raison des effets des médicaments). L'âme de Carl regarde son corps, puis Marianne; elle ne peut pas s'empêcher de la maudire. Elle se tourne ensuite vers la fenêtre de la chambre, légère comme une plume. Le détective voit Sara Blumenfeld et leurs trois enfants qui lui sourient. Il se dépêche de les rejoindre, mais Daniel Miloshevitch s'interpose entre le détective et sa première épouse ; il lui ordonne sévèrement de revenir immédiatement dans son corps, car il a encore des choses à régler. Carl, déçu, regagne son corps. Une fois réveillé, il remarque que Marianne dort tranquillement de son côté. Il remarque l'odeur désagréable de ses ancêtres ; il les maudit, mais ils s'approchent dangereusement de lui, lui causant un malaise passager et une suffocation. Marianne, réveillée par le bruit (le détective toussait très fort et s'agitait en raison des spasmes qui le pliaient carrément en deux, faisant bouger les draps), appelle les ambulanciers. Heureusement, Jim Clancy arrive avec un autre collègue. Les mauvais esprits prennent la fuite par une pensée positive de l'ami ambulancier de Carl. Ce dernier, une fois revenu à lui, remercie les ambulanciers de leur rapide intervention, mais il les supplie de l'amener à l'hôpital, car il se sent mal. Une fois rendu à l'hôpital Mercy, le détective est pris en charge par des médecins. Heureusement pour lui, Daniel Miloshevitch possède l'un des docteurs afin de détecter rapidement les poisons des médicaments ingérés au souper. Il lui administre en conséquence des contre-poisons. Carl Neely passe le reste de la nuit à l'hôpital. Il dort tranquillement, car Miloshevitch, Sara Blumenfeld et Caitlin Mahoney veillent sur lui.


Le lendemain matin, les docteurs ont jugé préférable de le garder toute la journée, afin de lui laisser le temps de se rétablir. Ils avisent sa femme. Marianne, une fois qu'elle a entendu le message téléphonique de la secrétaire de l'hôpital, accourt le visiter en après-midi comme elle ne travaille pas. Elle le salue et lui demande s'il va bien. Carl Neely, irrité (car il sent l'odeur de ses grands-parents paternels et maternels qui l'accompagnent), la foudroie du regard et commence à l'injurier. L'un des docteur lui ordonne de se calmer, mais le détective lui réplique qu'il ne souhaite pas avoir de visite. L'infirmière fait signe à Marianne de sortir de la chambre, pour que le patient ne s'agite pas trop, sinon, il ne pourrait pas se rétablir. Le détective, ayant entendu comment l'infirmière parle de lui à sa femme, l'injure à son tour et se couvre des draps du lit pour se reposer. Marianne revient dans leur maison, inquiète de son changement d'humeur.

Carl Neely revient chez lui que le soir, car il s'est assez reposé et a laissé suffisamment de temps à son organisme de se débarrasser des effets des derniers médicaments que sa femme lui avait donné dans son dîner de la veille. Une fois la porte d'entrée fermée, il salue froidement sa femme, assisse sur le canapé au salon, en train de regarder une série qui passe à la télévision. Il saisit la télécommande, éteint la télévision lui dit avec colère : – Femme sans scrupules ! Tu oses jouer l'innocente alors que tu voulais se débarrasser de moi comme tu l'a fait avec ton premier mari !

Marianne, calmement : – Calmes-toi et arrêtes d'insinuer des histoires de meurtres. Je suis restée veuve de mon premier mari qui s'est suicidé, ce qui est une triste épisode. Je ferais attention à toi, surtout que je ne sais pas où est ma fille, ma pauvre Caitlin ! Et je ne voudrais pas te perdre !

Elle éclate en sanglots. Carl la regarde de travers. Il sait pourtant qu'elle joue la comédie. Il marche à reculons jusqu'à son bureau et ferme la porte. Caitlin Mahoney se manifeste à lui. Il sourit faiblement et sa colère tomba. L'âme du détective sort de son corps ; celle de sa belle-fille le possède temporairement, faisant en sorte qu'il met son gilet pare-balles sous son chandail et qu'il griffonne des noms sur une feuille de papier. Une fois revenu dans son corps, l'âme de Carl Neely comprend que les noms inscris sont ceux des collègues qui sont responsables de la mort de sa belle-fille. Parmi eux, son supérieur immédiat. Il pense : « Je dois être très prudent pour comprendre l'implication de mon supérieur et de mes trois collègues dans le meurtre de ma belle-fille. »

Le détective, ayant compris que sa femme a placé une dose fatale dans sa portion, refuse de manger. Elle tente de le persuader, mais en vain. La nuit n'est pas tranquille pour lui, car il a compris toute l'histoire de sa belle-fille. Sa propre mère voulait se débarrasser d'elle, car elle lui rappelle trop son premier mari, en plus de vouloir mieux gagner sa confiance à lui, Carl Neely (ou plutôt, le blesser). Marianne donna à Caitlin un mélange de médicaments dissimulé dans sa nourriture, tandis que les policiers ont tiré sur elle dans le cul-de-sac et ont allongé le corps de manière à paraître être morte de froid. Le supérieur, qui s'est occupé du dossier, inscrit les informations relatives à la jeune fille en précisant le froid pour cause de décès. Ainsi, le corps est abandonné entre des déchets dans un cul-de-sac. Lorsque le détective se réveille, il est fâché contre sa femme de lui avoir caché ce meurtre. Et encore plus de jouer l'innocente, alors qu'elle sait parfaitement où se trouve le corps de Caitlin.


Le 6 janvier 2009, Carl Neely écrit à son supérieur immédiat qu'il reviendra demain de son congé de maladie. Celui-ci accueille la nouvelle avec joie. Mais le détective demeure méfiant envers lui, car il comprend dans un rêve que Marianne lui est infidèle avec son supérieur, ce que lui confirment Daniel Miloshevitch et Sara Blumenfeld. À son réveil, le détective ne veut aucunement embrasser sa vipère. Il est même très rude envers elle et s'assure de faire lui-même ses repas.


Le 7 janvier 2009, le détective en uniforme se rend à à son bureau pour saluer ses collègues et son supérieur. En passant à son bureau, il en sort après une demi-heure, sous prétexte de trouver des feuilles relatives à une enquête et se rend à l'hôpital Mercy, afin de porter au laboratoire les substances qu'il a trouvé au début du mois de décembre. Les résultats du laboratoire lui parviennent cinq heures plus tard. Ils révèlent que les médicaments cachés parmi les épices sont des poisons paralysateurs en poudre, à savoir l'atropine, la conicine et la curare, mais aussi le poison du protoplasma (qui paralyse le cerveau et les nerfs). Ceux dans l'armoire à pharmacie dans les toilettes sont des poisons musculaires, en particulier le sulfo-cyanure de potassium et la digitaline. Ainsi se trouvent confirmer tous ses soupçons : il a marié en secondes noces une vipère sans scrupules. Il craint le pire dans les journées à venir.

Lorsqu'il revient à son bureau, la voiture est envahie par la puanteur de ses ancêtres. Il dit : « Vrag vas odneo ! (Que le Diable vous emporte !) Allez-vous en au Diable ! » Comme l'odeur persiste, Carl Neely ajoute : « Je comprends ! Vous voulez à tout prix me faire périr, maintenant que j'ai tout compris ! » Il perd le contrôle du volant ; son grand-père maternel en prend le contrôle. Le véhicule prend une route divergente, faisant en sorte qu'il a failli heurter un véhicule à contre-sens. Mais il ne peut éviter de heurter un camion. Heureusement, Daniel Miloshevitch se manifeste, permettant à Carl Neely de sortir en vitesse de la voiture, qui est complètement écrasée sous l'effet du choc avec le camion, bien que ce dernier freine à temps. Une fois sauf, le détective appelle immédiatement des collègues pour leur expliquer la situation (en omettant, bien sûr, les interventions des esprits errants). Il se rend avec eux, en embarquant dans le véhicule de l'un d'eux, à la station de police. Chemin faisant, il rencontre ses parents qui sortent de la station. Étonnés, ils saluent Carl d'un air faux, il rend froidement leurs salutations, car ils sont possédés par leurs parents respectifs.

Karl s'exclame : – Fiston, je t'en prie, ne sois pas si rude avec tes vieux parents. Qu'est-ce qui se passe ? Tu sembles contrarié.

Carl répond : – Ce n'est rien de grave.

Sa mère, Zora dit doucement : – Fiston, j'espère que le travail ne te fatigue pas trop. Il faut faire attention pour ne pas se surmener. Nemoj se ubiti na poslu ! [Ne te tue pas au travail!]

Carl : – Ne brini ! [Ne t'inquiète pas!] Je ferais attention ; mère, ne t'inquiète pas pour moi. Mais que faites-vous ici ?

Karl : – Affaires professionnelles entre policiers.

– Pourtant, père, il me semble que tu es à la retraite depuis neuf ans.

– Il n'y a pas d'âge pour continuer son travail.

Père et fils s'affrontent du regard et le fils regagne son bureau.

À peine assis sur sa chaise, la porte s'ouvre. Le détective la fixe. Il dit : – Qui est là ?

– John Wellington, votre chef.

Le chef policier entre. Carl Neely lui désigne une chaise en face de lui.

John s'assied sur la chaise. Carl remarque la présence de Daniel Miloshevitch à ses côtés, alors que du côté de son supérieur, une mauvaise odeur le suit. Le détective prend la parole : – Quelle est la raison de votre visite ?

– J'ai entendu que vous venez d'avoir un accident sur la route et que votre véhicule est écrasé sous un camion. Êtes-vous sûr de n'avoir rien consommer avant de venir au travail ?

– Oui, vous saviez bien que je suis sobre.

John Wellington regarde le détective pendant quelques secondes puis dit : – Êtes-vous sûr d'être en état de revenir travailler ? On dirait que vous avez vieilli de quelques années en deux mois. De 40 ans, vous semblez en avoir 47.

– Ça va, Monsieur, je vous assure que je vais bien.

– D'accord. Merci de votre réponse.

– Puis-je vous poser une question ?

– Bien sûr.

– Pourquoi mes parents sont venus dans la station de police, alors que mon père a pris sa retraite il y a neuf ans ?

– Pour parler du métier... En fait, pour discuter de tactique de lutte contre les vols et les intrusions.

Les deux hommes se saluent respectueusement et John Wellington sort du bureau.

Une fois la porte fermée, Carl Neely est surpris par les propos de Miloshevitch, qui communique télépathiquement avec lui : – Il ment mal ! Ils parlaient de vous.

– Vous les avez entendu ?

– Oui, puisque je peux être où je le veux et personne ne me vois.... À l'exception des individus qui voient les esprits.

– Je comprends. Mais quel était leur sujet de discussion ?

– Vos ancêtres les ont influencé. Pas besoin de vous dire pourquoi. Et comme eux non plus, ils n'apprécient votre honnêteté, ils veulent vous faire périr par n'importe quel moyen. Soyez très prudent !

Miloshevitch disparaît après quelques minutes. Carl Neely s'efforce de ne pas trop s'inquiéter, mais il ne peut pas s'empêcher de craindre son retour chez lui. Il demeure calme et chasse de telles pensées noires de son esprit. Il passe le reste de son quart de travail à son bureau. Le détective se décide à coucher sur papier les résultats de son enquête sur Caitlin Mahoney, malgré qu'il soit conscient du danger auquel il s'expose. Il a même substitué sa version du rapport d'enquête à celle de son supérieur. Il revient chez lui, tranquille. Marianne l'attend. Elle a fait le souper, mais ses ancêtres, au moins, ne l'ont pas influencé. Carl Neely est rassuré. « De ce fait, si elle cherche à l'empoisonner, c'est à mettre sur son caractère de vipère », pense-t-il.


Le soir, le détective rêve qu'il est en chute libre dans un gouffre. En levant la tête, il voit Marianne lui sourire ironiquement. Il lui crie : « Pourquoi ? » Il n'entend pour réponse qu'un méchant rire. Il se réveille, perplexe, confus et triste. Il entend la voix de son inconscient qui le presse de déchiffrer ce rêve, sinon, il ne mérite pas de vivre. Carl soupire, mais il prend la chose au sérieux.


Le lendemain, le détective réfléchit sur le sens du rêve est conclu qu'il doit mettre un terme à son mariage, s'il ne veut pas être encore plus perdu. Il décide néanmoins d'avoir une rencontre avec Élie James. Le psychiatre accepte de le rencontrer en après-midi, vers 13h00. Le policier lui raconte sans aucun détour son rêve de la veille, l'avertissement de son inconscient et son interprétation. Élie écoute avec patience, puis, après quelques minutes de réflexion, lui propose l'interprétation suivante : il doit rompre avec sa femme pour ne pas courir à sa perte, pour ne pas se noyer dans la superficialité de l'événement passager. Il doit plutôt à penser à sauver son âme, car la femme influence son mari ; pour éviter une contamination de sa méchanceté, il doit s'éloigner d'une telle épouse. Au moment où le professeur James termine son explication, Daniel Miloshevitch se manifeste. Il dit : « Bien dit ! C'est de ce danger que nous voulons vous mettre en garde depuis un certain temps, sauf qu'il fallait que vous comprenez par vous-même (personne ne pouvez vous aider). Et quittez au plus vite ce métier ! »

Carl Neely fait un signe à Élie qu'il a compris le message. Celui-ci étonné : – Vous commencez à entendre les esprits ?

– Non, je ne les entends pas comme si un esprit me parle, mais je les entends comme s'ils me communiquent sous la forme d'une pensée.

Le professeur hoche de la tête. Puis, le détective remercie le psychiatre et sort de son cabinet, content. Au moins, il sait ce qu'il doit faire : donner une sépulture à sa belle-fille, divorcer de sa seconde épouse, faire une réorientation de carrière et peut-être quitter Grandview. Il déambule dans les rues et repère le cul-de-sac où se trouve encore le corps de Caitlin Mahoney. Il dégage les deux poubelles qui le cache. Il est assez bien conservé par le froid. En le regardant attentivement, il remarque les trous que les balles ont laissé. Malgré tout son sang-froid (en tant que policier, il est confronté à toutes sortes de situations), il ne peut pas s'empêcher de trembler et de verser une larme. Le détective dépose doucement le corps sur le trottoir. À ce moment, il entend des pas derrière lui. Il se retourne et voit son supérieur, John Wellington. Les deux hommes s'affrontent du regard. John dit : – Ainsi, vous osez mettre le nez dans les enquêtes des autres ?

– Non.

– Alors pourquoi mener une enquête sur une enquête ? C'est la preuve d'un manque de confiance absolue envers ses semblables.

– Nous ne sommes pas collègues.

– Je suis votre supérieur, c'est ça. Dites-le !

– Pourquoi êtes-vous venu ici ?

– Je vous pose la même question.

Silence. John Wellington sort en vitesse son arme à feu ; Carl Neely fait de même. Les deux hommes se regardent comme des fauves, le revolver pointé sur l'autre, prêts à appuyer sur la gâchette.

Daniel Miloshevitch et Caitlin Mahoney se manifestent à la droite du détective, ce qui l'encourage.

Le chef policier dit : – Vous pensez vraiment que je ne remarquerais pas la substitution des documents ? D'ailleurs, qui vous a donné le droit d'enquêter sur votre belle-fille ?

Carl répond calmement : – Moi-même.

– De quel droit vous vous le permettez ?

– Pour la justice et pour que ma belle-fille quitte ce monde en paix.

Silence. La tension est perceptible dans l'air.

John, sortant son émetteur-récepteur portatif, dit : – Venez immédiatement !

Carl lui dit : – Avec qui parlez-vous ?

– Vos collègues. Mais ne faites pas un geste avant leur arrivée.

Daniel Miloshevitch communique télépathiquement avec le détective : « Ils complotent contre vous. Et Marianne viendra bientôt, car il l'appellera dans cinq minutes. »

Carl Neely comprend tout : son supérieur et ses collègues mêlés dans le meurtre de Caitlin Mahoney veulent soit l'accuser d'en être le meurtrier, soit le tuer. Il attend calmement. Les trois complices du meurtre sont arrivés. Cinq minutes après leur arrivée, John sort son cellulaire est appelle Marianne. Carl Neely est encadré par les trois policiers et son supérieur, chacun tenant devant eux leur arme. Sa femme arrive à ce moment-là. Elle dit : – Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer qu'est-ce qui se passe ?

Carl répond : – Je viens de retrouver le corps de ta fille.

John réplique : – Il ment ! J'ai déjà mener une enquête sur ce sujet.

Marianne, dont le regard se promène de John et Carl, dit : – Mais, pourquoi personne ne m'a avisé ?

Carl, irrité : – Effrontée ! Tu as tué ta propre fille et tu me demande ce qui se passe ?

John, sévèrement : – Carl, calmez-vous ! On dirais que vos hospitalisations font que vous êtes à fleur de peau. Sinon, je peux vous recommander de vous faire soigner en psychiatrie.

Carl réplique : – Il n'en est pas question ! Allez-y vous-même !

Marianne s'approche de John Wellington, l'enlace tendrement et lui murmure à l'oreille droite : – Et si on terminait enfin cette histoire une fois pour toutes ?

Il répond affirmativement. Daniel Miloshevitch transmet à Carl par la pensée leur plan : soit le faire interner, soit porter une fausse accusation contre lui, soit le tuer. Ceci enrage encore plus le détective. Il attend. Marianne lâche John et sort de son manteau un couteau de cuisine qu'elle lance sur son second mari, qui l'évite de justesse. L'arme pointée devant lui et en se servant d'un couvercle de l'une des poubelles comme un bouclier, il tire par terre entre les pieds de son supérieur, qui recule un peu, mais les collègues répliquent rapidement ; leurs balles ont troué le couvercle. Le détective en saisit rapidement un autre. Il tire en vitesse, faisant un peu reculer ses collègues. Daniel Miloshevitch et Caitlin Mahoney ont empêché aux méchants policiers de faire usage de leur arme. La gâchette refuse d'obéir à la pression de leur index. Après avoir essayer plusieurs fois, ils laissent tomber leurs armes sur le sol et prennent leur matraque. À chaque coup, Carl Neely se protège avec deux couvercles des poubelles. Il fait rouler vers leur direction les trois poubelles ; ainsi, le chemin est dégagé, lui permettant de filer en vitesse dans les rues, suivit de près par son supérieur, sa femme et ses collègues. Daniel Miloshevitch, le possédant temporairement, fait en sorte qu'il accélère tellement qu'il ne sent plus ses jambes, mais au moins, il parvient à échapper à ses poursuivants. De là, il fait un long détour à la marche pour se rendre à l'hôpital Mercy, où il se cache dans une chambre. Heureusement pour lui, le seul qui entra est son ami Jim Clancy, avertit par Daniel Miloshevitch de sa présence. Une fois entré dans la chambre, Jim salue Carl, content de le voir. Le policier lui explique la situation dans laquelle il se trouve. L'ambulancier le rassure, en disant qu'il est tout à fait possible de divorcer de Marianne et de quitter Grandwiev pour sa sécurité.

Carl réplique : – Mais n'oublies pas que je suis recherché dans une autre ville et que le monde est petit...

– Ne t'inquiètes pas ! Il faut changer de métier. Fais-lui, puis nous reprendrons contact une fois en sécurité. Ceci ne te fait pas perdre mon amitié, je l'assure.

– Merci beaucoup.

Le détective se lève du lit, mais Jim lui fait signe de ne pas bouger et revient quelques minutes avec des vêtements d'infirmier avec un masque de chirurgien. Ainsi déguisé, Carl circule dans l'hôpital sans être repéré par ses collègues et son supérieur. Ceux-ci arrivent à l'hôpital le soir, poussés par Adrian Neely. Ils affirment rechercher un criminel, ce qui met les membres du personnel en alerte, surtout quand John Wellington leur montre une photographie de Carl Neely. Les policiers quittent l'hôpital après avoir fait une tournée.


Le lendemain, le détective reprend son uniforme et quitte l'hôpital pour se rendre à son bureau, où des collègues (qui ne sont point impliqués dans le meurtre de Caitlin), intrigués, lui demandent pourquoi leur supérieur s'oppose à lui et pourquoi cherche-t-il à le faire interner. Il leur répond évasivement et les supplie de ne pas révéler sa présence ; ils promettent de garder le silence. Dans son bureau, Carl rédige une lettre de démission et une lettre de divorce. Il sort discrètement du bureau, en civil. Il avertit l'un des complices de déposer sa lettre de démission au bureau de leur supérieur. L'un lui obéit immédiatement. Le détective le remercie et sort en vitesse de la station de police. Il se dirige vers sa maison, où sa femme l'attend. Ils se disputent pendant un certain temps et Carl lui montre la lettre de divorce ; Marianne, furieuse, court dans la cuisine. Il la suit et la maîtrise avec qu'elle ne parvienne à saisir un couteau. Lui tenant les mains derrière le dos, le détective murmure : – Sérieusement, Marianne, je te propose le divorce ; j'ai compris toute ton histoire. Et je te dis : bravo ! Tu peux gagner tous les oscars avec un tel talent de comédienne, vipère ! Tu le sais que la mort de ta belle-fille m'a affecté. Tu as atteint ton but, mais je ne te fais pas confiance. Je réclame à l'instant le divorce. Aie le courage d'assumer un tel événement ; c'est moins pénible qu'un veuvage. Si tu te débarrasses de moi comme tu l'as fait avec ton premier mari, tu le regretteras !

– Mais, Carl, qu'est-ce qui t'arrive ? Serais-tu en train de délirer ?

– Ne t'inquiète pas pour moi, je vais très bien.

– Mais tu ne peux pas me forcer au divorce. Pour quelle raison ? Ne serais-tu pas le monstre qui a tué ma pauvre Caitlin ?

Le détective, vexé, la gifle. Il s'excuse aussitôt.

Marianne dit : – C'est trop ! Je porte plainte pour violence conjugale et je demande le divorce !

– Donc, divorçons dès demain, et tu quittes ma maison, c'est compris ?

Tremblante, Marianne hoche de la tête.


Le lendemain (le 10 janvier 2009), le couple divorce officiellement ; un notaire contacté par Carl Neely accepte leur requête. Ainsi, en après-midi, Marianne, ses bagages à la main, informe John Wellington de la nouvelle. Elle le trouve à son bureau. Lorsqu'il apprend la nouvelle, il lui fait signe de s'asseoir sur ses genoux. Une fois assisse, il lui murmure : « Il ne manque plus qu'à le tuer comme un chien. » Elle hoche de la tête.


Pendant ce temps, Carl Neely, une fois sorti de chez le notaire, vend sa maison et quitte Grandview. En route (il se promène à pied) vers la ville voisine, Caitlin Mahoney se manifeste à lui.

Il sourit et pense : « Caitlin, je suis désolé de ne point t'offrir de sépulture convenable. J'espère que tu n'es pas fâchée ? »

Elle lui répond télépathiquement : – Je ne suis pas fâchée. Saches que tu peux toujours maintenant récupérer mon corps et l'enterrer dans un endroit calme à l'extérieur de la ville. Vas-y, car il n'y a aucun de tes anciens collègues.

– Merci Caitlin.

Puis le détective accomplit la dernière volonté de sa belle-fille, les larmes aux yeux, en lui souhaitant plus de chance pur sa prochaine vie. L'âme errante, contente, dépose un baiser sur sa joue droite, comme une fille à son père. Elle lui communique télépathiquement qu'elle va dans la Lumière, où son père l'attend. Carl, ému, la salue. Très satisfait de lui, il continue sa route. Rendu dans la ville suivante, Sara Blumenfeld se manifeste à lui, lui arrachant un doux sourire au coin des lèvres. Elle lui dit par la pensée : « Carl, tu as bien prouvé ta valeur avec ta belle-fille. Tu peux te remarier à une bonne femme. Tu as bien mérité un peu de repos après autant de malheurs. Et moi, sachant que tu vas bien, je vais rejoindre bientôt la Lumière. »

Il la remercie pour son aide, ému. Avant de partir définitivement, elle embrasse tendrement son mari sur les lèvres. Il poursuit son chemin, errant dans la ville voisine, jusqu'à ce qu'il arrive dans un hôtel à bas prix. Carl Neely décide d'y rester pour une semaine.


Trois jours depuis qu'il s'est temporairement installé dans cette ville (le 13 janvier 2009), Daniel Miloshevitch se manifeste à lui. Il lui communique télépathiquement que Marianne n'est plus parmi les vivants, car John Wellington l'a tué, puisqu'il pensait qu'elle l'a aidé à se sauver de Grandview. Cependant, son âme hante son ancien supérieur, le rendant fou, faisant en sorte qu'il est allé lui-même en psychiatrie. Carl se surprend lui-même à être indifférent devant la nouvelle. Il pense : « Ils sont simplement pris dans leurs propres pièges. » Miloshevitch approuve ses pensées. Le détective, ému, le remercie de son aide. Miloshevitch part dans la Lumière, serein, en bénissant au préalable Carl Neely. Ce dernier, deux jours plus tard, a décidé sa réorientation de carrière : il serait plongeur dans un restaurant de la ville.

Il cherche par conséquent un emploi. Ayant postulé à plusieurs offres, Carl Neely attend une réponse. Entre-temps, il décide de s'installer dans un petit appartement peu coûteux en banlieue.


Trois semaines plus tard, il passe en entrevue le 3 février 2009 et est embauché la journée même. Content, l'ancien détective salue avec enthousiasme ses nouveaux collègues, qui l'accueillent avec joie. Le jour même de son embauche, il rencontre une femme vers la quarantaine qu'il trouve tout à fait charmante. Remarquant qu'elle n'est pas mariée, il se fait gentil avec elle. Il lui fait la cour ainsi pendant deux mois, discutant avec elle. Il apprend ainsi qu'elle se prénomme Maria et qu'elle a déjà deux fils d'un premier mariage. Comme ils se plaisent mutuellement, ils se lancent dans une aventure plus romantique puis se marient le 4 juin 2009 à la mairie de la ville.



Le lendemain de son second mariage, Carl Neely appelle Jim et Mélinda, pour les informer de son changement de métier et de son nouveau mariage. Jim, content pour son ami, lui apprend la nouvelle de la grossesse de sa femme, qui accouchera dans un mois et une semaine. Carl Neely félicite le jeune couple.



Avec le temps, Carl Neely a appris à vivre avec son don, celui de sentir les esprits et de pouvoir être un médium pour les bons esprits ; ces possessions temporaires aide sa femme qui, ainsi, évite certaines situations dangereuses. De même pour certains collègues et pour lui-même. Évidemment, il ne révèle son don qu'à Maria, ce qu'elle accepte avec joie.

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