Le détective Carl Neely

Chapitre 3 : Trois ans plus tard

Chapitre final

18964 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 18/02/2023 21:31

Avril 2012, ville voisine de Grandview.


Carl Neely se promène main dans la main avec sa femme et sa fille, Lada, âgée de deux ans (elle est née le 5 avril 2010). Elle a déjà deux enfants de son premier mariage (François, 15 ans, et Mathieu, 13 ans), qui sont avec elle, sauf la fin de semaine (ils la passent chez leur père, qui habite quelques rues plus loin). Dans tous les cas, l'ancien détective les apprécient comme s'ils étaient ses fils. De loin, il remarque son père, un vieil homme mince de 77 ans, qui déambule dans les rues. Carl pense « Peut-être qu'il me cherche. Mais qu'est-ce qu'il peut bien faire ici ? »

Il murmure à Maria que son père est là et qu'il ne souhaite pas le rencontrer. Ils l'évitent en tournant sur une rue perpendiculaire. Ainsi, le père ne les remarque pas. Carl dit à sa femme de l'attendre, car il ne perd pas ses habitudes de détective. Il le suit dans une rue parallèle, intrigué par la présence de son père. Il sent l'odeur d'un bon esprit qui lui communique l'information suivante : Karl est poussé par son père, car il veut lui faire du mal. L'ancien détective remercie l'esprit et continue à épier son père. Ce dernier continue à déambuler, comme s'il cherchait quelqu'un. Karl Neely murmure à lui-même : « Où se cache-t-il ? Il ne semble pas être ici. À moins qu'ils l'ont attrapé ? » Ses yeux brillent d'une lueur mauvaise ; il se promène ainsi sans but en passant toutes les rues, mais sans trouver son fils, qui le suit dans les rues parallèles pour un certain temps puis revient vers sa femme. Il lui fait signe de revenir dans leur appartement.


En après-midi, Carl Neely se rend au restaurant dans lequel il travaille (Belle Vue) depuis trois ans comme plongeur. Il apprécie son nouveau métier, qui est plus sécuritaire que son ancien. Lorsqu'il revient le soir, ses deux beaux-fils et sa femme dormaient depuis un certain temps. Fatigué, il s'allonge dans le lit à ses côtés, l'enlaçant tendrement. Il s'endort ainsi.


Au cours de la nuit, Carl Neely reçoit en rêve la visite de ses parents, Karl et Zora, qui veulent l'entraîner chez eux. Il les suit, mais rebrousse chemin lorsqu'il remarque qu'Adrian Neely, Sarah Neely, Friedrich Neumann, Milan Bogdanović et Mila Bogdanović sont à leurs côtés. Mais ils le poursuivent. À eux se joignent ses anciens collègues policiers de Grandview. Leur ayant échapper à grand-peine, son âme revient dans son corps, épuisée. Carl se réveille. Il sent une présence à ses côtés ; un bon esprit qui veut m'avertir, pense-t-il. L'entité lui confirme mentalement l'information en ajoutant qu'il doit être prudent, car il y a une chasse à l'homme dans laquelle tous ses anciens collègues y participent. De ce fait, il doit éviter des appels téléphoniques avec Jim et Mélinda, puisque leur ligne est surveillée par la police. Carl Neely remercie l'esprit et essaie de dormir, mais en vain. Pour se rassurer, il serre la main gauche de Maria et fixe le plafond de leur chambre. Comme le sommeil ne vient pas, il se lève doucement et, à pas de loup, se rend au salon, où il écrit sur une feuille de papier en lettres moulées en anglais et en serbe : « POUVEZ-VOUS ME LAISSER EN PAIX. DEPUIS TROIS ANS, JE NE SUIS PAS POLICIER ET J'AI QUITTÉ VOTRE VILLE. JE NE VOUS DÉRANGE PAS, POUVEZ-VOUS ALORS NE PAS ME DÉRANGER ? » Carl prend ce papier et retourne dans sa chambre. Il le dépose sur son chevet et s'allonge de nouveau dans le lit. Il s'endort après quelques minutes.




À ce moment-là, à Grandview.


Jim et Mélinda dorment dans leur lit ; les enfants, eux, dans leur chambre respective. Aiden se réveille en pleurant. Mélinda accourt aussitôt à son lit, lui caresse la tête d'un geste maternel.

Elle lui demande : – Qu'est-ce qui se passe ? Quel mauvais rêve as-tu eu ?

– Danger ! Aide !

– Qui ?

Comme elle n'obtient pas de réponse, elle le berce doucement dans ses bras en le rassurant. Mélinda rassure aussi Marie-Anne, qui s'est réveillé par les pleurs de son frère, et qui commence elle aussi à pleurer. Les enfants, rassurés, s'endorment à nouveau, en enlaçant chacun sa peluche préférée. Mélinda, elle, revient auprès de Jim, qui s'est aussi réveillé, et lui rapporte les propos de leur fils.

Il commente : – Peut-être est-il question de Carl Neely ? Le rêve que je viens d'avoir me le suggère. Cependant, il est impossible de communiquer directement avec lui ; tu sais très bien que notre ligne téléphonique est surveillée par la police et que tout Grandview et la ville où il habitait auparavant le recherchent. Mais il est possible de communiquer d'une autre manière, j'en suis sûr.

Jim embrasse sa femme et ils s'endorment à nouveau, enlacés.





Le lendemain matin, Carl Neely raconte à sa femme son rêve. Elle lui raconte le sien, qui est semblable, lui recommande prudence et l'embrasse tendrement ; il lui rend son bisou. Le couple se console mutuellement. Comme les garçons sont aussi réveillés, les quatre prennent leur café matinal. François et Mathieu saluent leur mère et leur beau-père et partent pour l'école, puisqu'ils sont des étudiants au collège de leur ville (équivalent du lycée français). Carl, lorsqu'ils ferment la porte de l'appartement, dit à Maria : – Je devrais trouver un moyen pour que mes anciens collègues ne me retrouvent pas. Tu sais très bien que je ne peux pas passer inaperçu. Et le danger est autant plus sérieux que mon propre père collabore avec eux. Le problème est, où, ce bâtard peut me retrouver, car en tant que policier, il peut avoir accès à des informations que les clients du restaurant n'ont pas accès.

– Je comprends, Carl, ton inquiétude. Et, je penses, en effet, que tu dois être prudent. À moins que tu penses déménager?

– Non, il n'en est pas question ! Je me suis habitué à notre quartier, et je n'ai pas l'envie.

– Dans ce cas, il ne te restes qu'une option : un jour ou l'autre, te confronter à ton père une fois pour toutes. Pour cela, que les bons esprits et que Dieu t'aident !

– Tu as raison. Heureusement, j'ai gardé dans un tiroir sous clé mes armes et mon gilet pare-balles. Peut-être que la seule solution consiste en un duel ?

– Peut-être. Mais attendons un signe qui nous confirmera la meilleure solution.

Carl hoche de la tête et enlace tendrement sa femme.


En après-midi, il se rend à son lieu de travail. Ses collègues le saluent. Il les salue en retour. Tout à coup, il sent un esprit à sa droite. Carl Neely pense : « Quelle information voulez-vous me communiquer ? »

L'esprit lui répond mentalement, lui donnant l'impression de penser : « Votre père sert d'espion à vos anciens collègues. Il a une influence considérable, qui s'explique par l'effet qu'exerce sur lui Friedrich Neumann. Donc, faites attention, car ce méchant esprit vous a repéré et compte bien diriger peu à peu votre père vers vous. Vous avez encore peu de temps. Évitez de l'avoir derrière vous ! »

Carl le remercie mentalement.

Le soir, il revient chez lui. Il rêve qu'il se trouve suspendu entre ciel et terre, comme cloué à un morceau de bois. Son père se tient à ses côtés et le menace de le tuer s'il refuse de se rendre. Il ajoute par ailleurs que, tôt ou tard, il va devoir se rendre, car il est épié de tous les côtés. L'ancien détective lui tient tête et parvient à se libérant de son emprise. Carl se réveille. A ses côtés, Maria dort paisiblement.



Le lendemain matin, il raconte à sa femme son rêve. Elle l'écoute attentivement et lui recommande de faire attention devant qui il parle, car il y a en effet plus d'espions pour ses ennemis (ses anciens collègues) que ce qu'il peut l'imaginer. Carl Neely est perplexe, mais il comprend le sérieux de la situation. Il embrasse tendrement sa femme. Lorsqu'il se rend à son lieu de travail, il voit son père déambuler dans une rue perpendiculaire. Étonné, il le suit de loin. Il remarque un bon esprit à l'odeur agréable qui l'avertit de faire attention, car il est suivit par trois mauvais esprits. Carl le remercie et continue son chemin jusqu'à son lieu de travail. Lorsqu'il a une pause, il s'assied sur une chaise qu'il place un peu en retrait de l'entrée du restaurant où il travaille. Il remarque son père qui passe à ce moment sur la rue où se trouve le restaurant. Carl se déplace doucement vers la terrasse du restaurant, sans oublier de mettre des lunettes fumées afin de ne pas se faire reconnaître. Ainsi, son vieux père ne le remarque point. Carl revient à son travail. Le soir, il note sur des poteaux une affiche avec sa photo, sur laquelle il est inscrit « Homme dangereux recherché par la police de Grandview ! 1000 dollars si vous le livrez à la police ! » Estomaqué, l'ancien détective prend les jambes à son cou. Une fois chez lui, il se rend à pas de loup. afin de ne pas réveiller ni sa femme ni ses beaux-fils ni sa fille, dans son bureau. Il griffonne sur une feuille de papier vierge « Pouvez-vous me laisser en paix ? Je ne vous ai pas trahi, même si que vous êtes plus coupables que moi. Allez-vous en où est votre place ! » Il marmonne ensuite : « Vous saviez bien que je n'ai parler à personne de vos petits secrets. Je les connais, mais pas divulgués. Donc, laissez-moi tranquille ou vous le regretterez ! » Puis il s'installe dans son lit aux côtés de sa femme, qu'il enlace et il s'endort ainsi. Au cours de son sommeil, il reçoit la visite de ses anciens collègues policiers et de son ancien supérieur, John Wellington. Ils le poursuivent sans relâche, en plus de le menacer avec leurs armes. À eux se joignent ses parents, sa sœur et le mari de celle-ci. Il court, jusqu'à ce qu'il comprend qu'il peut leur échapper. Son âme revient dans son corps, sauf que Carl n'est que plus fatigué. Il entend dans sa tête son inconscient lui presser de régler définitivement son passé de policier. Il pense : « Mon âme, ne t'inquiètes pas ! Je réglerais bien mon passé une fois pour toutes. Je tournerai la page, promis ! » Content de lui-même, il sombre dans un sommeil profond.




À ce moment, à Grandview.

Jim revient tard le soir chez lui. Tout au long de son quart de travail, il ressent un malaise qu'il ne peut pas expliquer. En questionnant son ange gardien, qui se manifeste à ses côtés, l'ambulancier comprend que son ami Carl est en danger. S'il parvient à communiquer avec lui dans le monde des Esprits, tout ira mieux pour l'ancien policier.




Ville voisine de Grandview.

Le lendemain matin, réveillé par Maria, Carl lui raconte son rêve et les événements de la veille. Elle lui recommande d'attendre le feu vert de son inconscient pour régler une fois pour toutes son passé de policier. Autrement, il peut être en danger. Il faut simplement être vigilant et patient. Content de sa réponse, il l'embrasse tendrement.


Rendu à son lieu de travail, l'un de ses collègues lui demande : – Carl, as-tu remarqué les affiches ? On te recherche ! Mais, pourquoi es-tu recherché par la police de Grandview ?

– Pour rien.

– Tu sais bien que la police de notre ville pourrait collaborer avec celle de Grandview ?

– Rien ne m'étonne.

– Pourquoi ? Tu vivais à Grandview ?

– Oui. Cette histoire ne vous concerne pas. Je vous recommande de ne pas vous inquiétez pour moi.

Il met ses gants et commence à laver un grand chaudron. Carl remarque que deux collègues le regardent avec méfiance. Un bon esprit lui communique l'information qu'ils veulent le livrer à la police, mais comme ils ne le peuvent pas, ils doivent attendre que leur supérieur collabore avec les agents de la force de l'ordre. L'ancien détective fait mine de rien. Lorsqu'il termine son quart de travail, son supérieur immédiat se pointe dans l'embrasure de porte de la cuisine.

Il dit : – Je voudrais parler à Monsieur Carl Neely.

L'interpellé s'avance au-devant lui et les deux hommes se rendent au bureau du supérieur. Une fois la porte fermée, le supérieur désigne à Carl Neely une chaise en face de lui. Il dit : – Monsieur Neely, savez-vous pourquoi êtes-vous recherché par la police de Grandview ?

– Je suis recherché parce que faussement accusé de crime sur ma ex-belle-fille.

– Pourtant, j'ai entendu des rumeurs affirmant que vous avez fuit Grandview pour échapper à la police précisément parce que vous avez tué une jeune fille puis la mère de la jeune fille.

– C'est faux ! J'étais policier et je ne faisais que mon travail, à savoir mener une enquête sur la disparition de ma ex-belle-fille (que Dieu ait son âme). Quand à mon ex-épouse, elle meurt de la main de mon ancien supérieur, John Wellington.

– Pourtant, je me suis renseigné directement auprès des deux chefs policiers, Messieurs John Wellington et Wiliam Schultz, mais aussi d'un vieux policier anonyme. Tous les trois hommes m'ont confirmé que vous étiez l'auteur de ces deux crimes.

– Ne me dites pas que vous croyez en ses mensonges ?

– Carl Neely, ne cherchez pas à me convaincre le contraire. Vous saviez que trois témoignages valent plus qu'un. Et comprenez que je ne peux pas garder un homme si dangereux. Je suis désolé si cela vous cause des ennuis, mais je ne veux pas que la police de notre ville fasse irruption dans le restaurant et le fouille de fond en comble pour vous chercher. Je préfère dans ce cas que vous vous livrez directement à la police, ce qui évitera une grande agitation.

– Je comprends très bien votre raisonnement, sauf que vous ne pouvez pas me livrer, moi, un innocent, comme le pire des criminels. Je peux vous dire que même dans des situations dangereuses, lorsque je travaillais comme policier, j'avais plus de tact.

Le supérieur fixe l'ancien détective avec méfiance, hésitant à croire en son honnêteté. Carl Neely le regarde calmement. Un silence pesant plane entre les deux hommes. Carl détecte deux odeurs : l'une, agréable, qui se trouve à sa droite, l'autre, mauvaise, qui se trouve à la gauche de son supérieur. Il pense : « Le moment est décisif ! » L'âme de Carl Neely sort de son corps ; ce dernier est possédé par l'esprit qui se trouve à droite. Il dit : « Je vous remercie de votre conseil, mais je ne veux pas aller maintenant dans la station de police, qui est dangereuse, surtout si le vieil policier est là ! » Après ses paroles, l'esprit sort du corps et l'âme de Carl revient dans son corps.

Le supérieur, perplexe, commente : « Vous semblez bien connaître les policiers, preuve que vous avez souvent affaire à eux. »

– Je ne vous ai pas caché dans mon CV que j'étais policier avant que vous m'embauchiez.

Après une courte pause, au cours de laquelle le supérieur est possédé temporairement par le mauvais esprit qui se trouve à sa gauche. Il dit : – C'est vrai, mais pour moi, vous êtes toujours suspect. On dirait que quelque chose ne tourne pas rond dans votre histoire.

– D'accord. Désolé d'avoir oublié un détail important.

– Lequel ?

Silence.

Pendant quelques minutes, au cours desquelles le bon esprit et Carl Neely se concentrent pour chasser le mauvais esprit, qui s'agite, faisant en sorte que le supérieur se lève brusquement de sa chaise, irrité. Il crie : « Si vous persistez dans votre silence, j'appelle immédiatement la police ! » Il se déplace jusqu'au téléphone, mû par le mauvais esprit, auquel s'en joint un autre, Romano. Pour le pauvre Carl Neely, leur puanteur devient insupportable, mais il se ressaisit et, au moment où son supérieur compose le numéro d'urgence, dit calmement : – Depuis mes hospitalisations, l'une pour une blessure par balle lors d'une intervention pour sauver un ambulancier, l'autre après un arrêt cardiaque à la suite d'une tentative d'empoisonnement de la part de ma seconde épouse, j'ai une expérience olfactive des esprits et je peux communiquer mentalement avec eux.

Le supérieur, suspendant son geste, remet le téléphone à sa place et lui dit d'un ton irrité : – Là, franchement, c'est trop ! Disparaissez de ma vue et ne dites pas un mot de plus !

Carl Neely saisit sa pensée, à savoir qu'il le prend pour un fou. Il soupire et se retire discrètement du bureau. À peine il ferma la porte, il entend son supérieur lui dire : « Ne pensez pas vous sauver ! J'ai appelé la police ! »

L'ancien détective entr'ouvre la porte et dit : « C'est faux ! » Il referme la porte et court au plus vite qu'il pouvait pour rentrer chez lui. Il dort tranquillement, malgré qu'il soit conscient du danger dans lequel il se trouve.





Au moment de l'interrogatoire de l'ancien policier par son supérieur, à Grandview.

La petite famille se promène dans le parc de la ville. Tout à coup, elle se sens observée de toutes parts, autant parmi les vivants que les âmes errantes. Cette impression persiste tout au long de leur promenade, ce que Jim, Mélinda, Aiden et Marie-Anne trouvent désagréable, sauf qu'ils ne laissent rien paraître, à l'exception des enfants qui pleurent beaucoup. Les parents les rassurent du mieux qu'ils peuvent. Calmés, les enfants acceptent de marcher en tenant par la main l'un de leur parents (Marie-Anne, celle de sa mère, Aiden de son père).




Ville voisine de Grandview.

Le lendemain, Carl Neely comprend que son supérieur immédiat l'a dénoncé. Une heure après que tous les membres de la maisonnée se sont réveillés, des coups forts se font entendre à la porte de leur appartement. L'ancien détective regarde par le judas. Il voit trois policiers d'âge mûr qui attendent que leur porte soit ouverte. Carl fait signe à Maria, François et Mathieu de ne pas ouvrir la porte ; seul lui doit régler son cas avec les policiers. Lorsqu'ils se sont éloignés dans le salon, en accompagnant Lada dans sa chambre, Carl Neely, entendant à nouveau les coups de poings des policiers sur la porte, l'entr'ouvre et

dit : – Messieurs, qui êtes-vous et qui cherchez-vous ?

Les policiers s'entr'observent et l'un d'eux lui répond calmement : – Puisque vous semblez habile à poser des questions, nous vous répondrons. Nous sommes trois simples policiers qui recherchent Monsieur Carl Neely.

– Je vous demande de décliner votre identité puis je vous dirais où se trouve Monsieur Neely.

Le premier policier : – Je suis Samuel Salomonovitch Petrovitch.

Le second : – Je m'appelle Bertrand Lavanille.

Le dernier : – David Schpigel.

L'ancien détective : – Je suis Carl Neely.

Samuel Salomonovitch Petrovitch : – Monsieur Neely, pouvons-nous entré, afin que l'immeuble au complet ne soit pas témoin de notre présence ?

Carl Neely : – Bien sûr, entrez, messieurs.

Après ces paroles, il ouvre la porte et laisse entrer les trois policiers dans son appartement, en précisant de déposer leurs armes sur la table du salon. Maria et ses fils se rendent alors à la cuisine, qui est une pièce voisine, afin de pouvoir écouter la conversation. Les quatre hommes sont assis sur les canapés, Neely en face des trois autres. Ceux-ci ont déposé comme voulu leurs armes à feu, menottes et matraques sur la table ; chacun n'a qu'un calepin et un stylo.

Après quelques minutes, David Schigel dit : – Monsieur Carl Neely, nous avons reçu l'ordre de la part de notre supérieur de vous amener à la station de police pour une interrogatoire.

Carl Neely : – Qui est votre supérieur ? Et pour quelle raison voulez-vous m'amener à la station ?

Bertrand Lavanille répond : – Notre supérieur est Monsieur Harald Young. C'est lui qui nous a donné cette mission, en précisant que nous devons être armés, car vous êtes un ancien détective potentiellement dangereux. Pourtant, notre rencontre prouve tout le contraire.

Carl Neely : – Je répète : pourquoi voulez-vous m'amener à la station de police ? Vous saviez que depuis trois ans j'habite cette ville, où je travaille comme plongeur dans le restaurant français de mon quartier, à savoir Belle Vue. Vous saviez bien que je n'ai aucun dossier.

Samuel Salomonovitch Petrovitch : – En raison de votre passé de détective à Grandview... Il semblerait, selon les informations dont notre supérieur dispose du chef policier de Grandview, Wiliam Schultz, et de l'ancien chef policier, John Wellington, que vous avez tué votre belle-fille, Caitlin Mahoney, ainsi que sa mère, Marianne Bazra de son nom de jeune fille. Et toute la police de la ville voisine vous recherche.

Carl Neely réplique, irrité : – Pourtant, les deux chefs policiers savent que c'est une fausse accusation qu'ils ont eux-mêmes fabriqué de toute pièce pour m'éliminer !

David Schpigel, calmement : – S'il vous plaît, calmez-vous. Nous vous rapportons seulement ce que nous savons. Déjà, à mon avis, votre irritation envers ses souvenirs témoigne de votre culpabilité. Le tout doublé d'une mythomanie.

Bertrand Lavanille réplique : – David, tu as tort ! Ceci signifie peut-être que Monsieur Neely n'apprécie pas ses anciens supérieur et collègues.

Samuel Salomonovitch Petrovitch : – S'il vous plaît ! Reprenons où nous étions dans notre interrogatoire préliminaire... Monsieur Neely, aviez-vous des preuves qui vous innocenteraient ?

Carl Neely, temporairement possédé par un bon esprit qui se trouve à sa droite, répond : – Oui. Demandez à John Wellington où il a rangé mon compte-rendu de l'enquête sur ma belle-fille, car il a sans doute remis sa version de l'enquête, puisqu'il est complice du crime.

Samuel Salomonovitch Petrovitch, étonné : – Sérieux ?

Carl Neely, encore possédé : – Oui. Demandez à John Wellington de décrire dans quel état il a trouvé ma belle-fille.

Le bon esprit sort de corps de l'ancien détective.

Bertrand Lavanille intervient : – J'ai tout noté. Mais dans tous les cas, venez quand même avec nous à la station de police.

David Schpigel ajoute : – Et nous devons vous mettre les menottes, selon la procédure.

Carl Neely commente : – Je préciserais qu'elles sont superflues. Je vous suis de ce pas à la station.

Samuel Salomonovitch Petrovitch : – David, Monsieur Neely a raison. Allons maintenant à la station !

Les quatre hommes se lèvent de leur place. Carl rassure sa femme (car les beaux-fils surveillent Lada qui joue dans sa chambre) et suit les policiers, qui ont récupéré leurs armes.

L'ancien détective comprend que David Schpigel est accompagné d'un mauvais esprit, reconnaissable à son odeur putride qui lui cause une nausée, mais ne laisse rien paraître. Heureusement, Samuel Salomonovitch Petrovitch conduit la voiture. David Schpigel est co-conducteur, tandis que Bertrand Lavanille est sur l'un des sièges arrières, à la droite de Carl Neely. Ils se rendent à la station, où Harald Young les attend.

Étonné de voir Neely sans menottes, il s'écria : – Quelle négligence de votre part ! De promener un homme dangereux d'une manière libre !

Samuel Salomonovitch Petrovitch réplique : – Monsieur Young, cet homme n'est pas du tout dangereux. Au contraire, Monsieur Neely ne clame que son innocence et dit que ce sont des fausses accusations. Pourquoi le garder plus longtemps ?

Harald Young : – Ce n'est parce que vous avez parvenu à parler avec lui qu'il n'est pas susceptible de récidiver.

David Schpigel approuve d'un geste affirmatif. Carl Neely tourne le regard vers Bertrand Lavanille, qui ne réagit pas. Samuel Salomonovitch Petrovitch est consterné ; Neely est hors de lui. Il ne sait pas ce qui l'irrite le plus : passer un temps à la station avec des menottes à la mains ; ou les mauvaises odeurs qui accompagnent David Schpigel et Harald Young. Il prend de grandes inspirations pour se calmer et commande mentalement aux mauvais esprits de ne pas le déranger. Ces esprits font en sorte que les deux policiers s'agitent encore plus et l'entraînent de force dans une salle pour procéder à l'interrogatoire, sans oublier de lui mettre les menottes, malgré l'opposition de Neely, qui n'hésite pas à les griffer aux poignets lorsqu'ils s'approchent de lui. Bernard, lui, est sorti discrètement de la pièce. Samuel, qui est encore dans la pièce, maîtrise son collègue et l'entraîne loin de l'ancien détective. Ce dernier dû seulement lutter contre le chef policier, qui appelle des renforts pour lui mettre des menottes. Ainsi, Carl Neely, encadré de trois policiers, suit Harald Young jusqu'à la salle d'interrogatoire. Une fois assis sur une chaise face à face, le chef policier fait signe aux autres de se tenir dans la pièce, de manière à avoir le suspect à l'œil.

Harald Young, après quelques minutes de silence, dit : – Monsieur Carl Neely, vous êtes accusé de deux crimes, alors que vous étiez en fonction, en tant que policier. Ces crimes ont été perpétrés sur votre ex-belle-fille, Caitlin Mahoney, et de votre ex-épouse, Marianne Bazra de son nom de jeune fille. Reconnaissez-vous être l'auteur de ces crimes ?

Carl Neely répond calmement : – Non, je n'ai tué ni ma ex-belle-fille ni ma ex-épouse.

– Pourtant, vous saviez dans quel état se trouve votre belle-fille, selon les témoignages de chef policier de Grandview, Wiliam Schultz, et de l'ancien chef policier, John Wellington.

– Si je le sais, c'est parce que j'ai mené une enquête, car je ne l'ai pas vu à la maison depuis plusieurs mois. Cette absence m'a mis la puce à l'oreille. Et ensuite, les indices qui ont confirmé l'empoisonnement et le meurtre, puis finalement, la tentative d'empoisonnement de ma ex-épouse, m'occasionnant un arrêt cardiaque, duquel je survis à peine. Pour moi, le cas est clair : vous me parlez d'une fausse accusation de la part de mon ancien supérieur, Monsieur John Wellington. Comment pouvez-vous le croire, alors qu'il était lui-même impliqué dans ces crimes dont vous parlez ?

– Monsieur Neely, je vous demanderais de cesser tout de suite de projeter vos états sur Monsieur Wellington. Pouvez-vous me donnez plus de détails sur le mobile de ces crimes ?

– Je ne le sais pas, sauf celui de me discréditer.

– Merci, Monsieur, mais vous avez tout dit. Apparemment, vous semblez souffrir d'un délire de persécution. Je vous recommanderais peut-être de consulter un psychiatre qui pourrait statuer sur votre état mental, afin de savoir si vous pouvez poursuivre notre interrogatoire.

– Monsieur, vous devez savoir que je me passerais d'un tel service, car j'ai déjà rencontré un psychiatre à Grandview, alors que je doutais de mes capacités.

– Au contraire !

En s'adressant aux trois policiers, Harald Young dit : « Amenez-le chez le professeur Serber ! »

Et ceux-ci saisissent sans ménagement Carl Neely et sortent de la pièce. Il suffoque en raison de l'odeur des mauvais esprits qui l'entourent. Carl crie à pleins poumons : « S'il vous plaît ! Au moins, ayez la bonté d'informer ma femme. »

L'un des policiers le gifle et dit : « Bien sûr que nous l'informerons, afin qu'elle sache avec quel fou elle vivait ! »

Carl marmonne entre ses dents une malédiction. Rendus chez le psychiatre en question (ou plutôt, l'ancien détective traîné par les policiers), les trois policiers le déposent sans ménagement sur une chaise, lui retirent les menottes lorsque le psychiatre vient le prendre en charge, L'un des policiers explique la situation au professeur Serber. Ce dernier est un vieil homme sec aux lunettes rondes, vêtu sobrement d'une chemise blanche et d'un habit noir. L'ancien détective remarque une alliance sur sa main gauche, mais aussi une bague en or avec un chaton rouge sur lequel est gravé une figure sur l'annulaire de la main droite. Le professeur Serber dit : « Monsieur Neely, enchanté de faire votre connaissance ! Entrez dans mon bureau. »

Une fois assis sur une chaise que le professeur lui désigne de la main gauche. Carl Neely remarque aussitôt un mélange d'odeurs désagréables ; il prie en son for intérieur que Dieu le protège. Peu après, il se dédouble ; son âme est sortie de son corps, laissant place à un bon esprit qui se trouve à sa droite.

Le psychiatre se présente : Georg Serber, professeur spécialisé en psychologie comportementale et en psychiatrie depuis 50 ans. Il enchaîne ensuite : – Monsieur Carl Neely, vous êtes un ancien policier. Vous êtes accusé de meurtres. Mais moi, ce qui m'intéresse, c'est de savoir si vous êtes mentalement affecté ou non.

Georg Serber débute alors une série de tests ; heureusement, étant possédé temporairement par le bon esprit, Carl Neely déjoue les pièges du psychiatre. Ce dernier, exaspéré, compose un numéro : l'ancien détective, dont l'âme est revenue dans son corps, mais communique avec le bon esprit, comprend que le psychiatre appelle son propre père, parce qu'il ne veut pas le lâcher tant qu'il ne se débarrasse pas de lui, soit en le réduisant à rien avec l'aide de Serber, soit en le tuant. Carl Neely se lève de son siège et dit : « Monsieur Serber, puisque vous semblez parler à quelqu'un au téléphone, je vous quitte. »

Le psychiatre lui répond d'un signe de tête négatif, et lorsque Neely se retourne pour sortir de son bureau, il appuie sur un bouton. Peu de temps après, le pauvre homme est renversé par quatre agents de sécurité armés jusqu'aux dents. Ils le maîtrisent puis l'attachent à la chaise sur laquelle il était auparavant assis.

Le psychiatre, au téléphone dit : « Notre nouveau client est là, mais il refuse de reconnaître sa culpabilité... Par ailleurs, il semble très intéressant, mais je vous confirmerez plus tard... Oui, bien, sûr, c'est la prochaine étape... Je vous avertis dès que c'est fait. » Puis il raccroche le téléphone et dit aux agents de sécurité de l'amener dans la salle voisine.

Les agents de sécurité entraînent Carl Neely dans cette salle, dans laquelle se trouve un divan et une chaise. Ils l'attachent sur le divan, tandis que Georg Serber s'assied sur la chaise.

Le psychiatre fait signe aux agents de sécurité de sortir ; ils s'éclipsent aussitôt.

Se tournant vers l'ancien policier, il dit : – Monsieur Neely, pourquoi vous affirmez que votre supérieur vous aurait faussement accusé de meurtres ?

Après quelques minutes de réflexion, l'ancien policier répond : – Parce qu'il ne m'apprécie pas.

– Pourquoi ?

– Je l'ignore.

– Êtes-vous sûr de ne pas trouver une raison ?

– Je n'y pense pas, c'est tout.

Carl Neely comprend que le professeur Serber est frustré de sa réponse évasive, mais il ne se laisse pas faire. Le psychiatre se lève de la chaise et se dirige vers un petit bureau qui se trouve dans un coin de la pièce, Il sort une pendule, un verre et des comprimés.

L'ancien détective comprend qu'il est accompagné de mauvais esprits, dont l'odeur lui cause une nausée et un mal de tête terribles. Il espère que ce malaise passera vite. Vains espoirs ; il augmente lorsque Serber débute sa séance d'hypnose. Il remarque que ces maux passagers cessent lorsque son âme sort de son corps; il est alors possédé par un bon esprit. Il sait simplement qu'il n'est pas présent corps et âme dans la pièce. À ce moment, le psychiatre le regarde attentivement et prend des notes. Malheureusement, Carl Neely ne garde consciemment aucun souvenir de son échange avec le psychiatre au cours de l'hypnose, ce qui le frustre et l'inquiète, sauf qu'il ne laisse rien paraître sur son visage.

Après cette séance d'hypnose, les mauvais esprits sont encore dans la pièce, ce qui déstabilise et irrite l'ancien détective.

Le psychiatre, calmement, lui pose des questions, auxquelles il répond évasivement. Pour clore la séance de psychothérapie, le professeur Serber s'approche de lui et lui recommande de prendre des calmants et de poursuivre leur conversation demain. Il lui fait avaler de force des comprimés de toutes sortes, profitant de l'absence d'opposition de Carl Neely. Sauf qu'il ne prévoit point qu'il ne les avale, mais les recrache immédiatement, ce qui l'enrage. Les mauvais esprits s'approchent dangereusement de l'ancien détective, qui tente de se concentrer pour les faire fuir. S'abandonnant à sa bonne fortune, Carl Neely attend que les mauvais esprits et le psychiatre laissent son corps en paix ; il commence à étouffer sous leur influence. Son âme est temporairement sortie de son corps. Elle les supplie de le laisser tranquille, mais elle ne se laisse pas effrayer par les mauvais esprits : au contraire, elle se concentre pour les mettre en fuite, étant tout à coup illuminée par que sais-je quel génie. Les mauvais esprits déguerpissent et l'âme de l'ancien détective revient rapidement dans son corps. Il lève sa tête pour mordre les doigts du psychiatre, qui sursaute. Très en colère, il revient au bureau et sort une grosse seringue remplie de substances somnifères et d'autres drogues, qu'il plante dans l'épaule droite de Carl Neely, qui cesse de s'agiter, vaincu par l'effet des produits de la seringue. Il sombre dans un cauchemar. Il est dans un couloir sans lumière, poursuivit par le professeur Georg Serber, des ombres, ses parents et ses ancêtres paternels et maternels. Il court, sauf que Maria, ses fils et Lada l'aident, faisant en sorte qu'il parvient à leur échapper.



Grandview.

À ce moment-là, la famille Clancy reçoit la visite du bon esprit qui a possédé Carl Neely au cours de la séance d'hypnose. Jim et Mélinda comprennent le réel danger dans lequel l'ancien policier se trouve. Ils prient que les bons esprits viennent l'aider afin de trouver une façon de se sauver sans grands dommages.




Ville voisine de Grandview.

Le lendemain, à peine réveillé, un bon esprit communique à Carl Neely l'information que sa femme et ses parents viendront lui rendre visite au cours de la journée. Le premier qui arrive sera capital pour sa survie. Il se réveille attaché à un lit d'hôpital. Étonné, il regarde autour de lui. Il est seul dans une chambre. L'ancien détective pense : « C'est fini ! Je n'aurais peut-être pas dû quitter Grandview, puisqu'ils me rattrapent. » Il soupire.

Aux environs de midi, une jeune infirmière entre dans sa chambre.

Carl Neely l'apostrophe : – Mademoiselle, saviez-vous où suis-je ?

– Dans l'Hôpital psychiatrique universitaire de la ville.

– Qui m'a amené ? Et quand ?

– Ce sont les associés du Professeur Georg Serber qui vous ont amené, alors que vous dormiez, hier soir.

– Mais rassurez-moi : est-il possible de sortir de cet endroit ?

– Je ne peux pas vous répondre... Mais voici votre repas.

Et l'infirmière dépose devant Carl Neely un plateau sur lequel se trouve une soupe aux légumes, un morceau de pain et une cuillère. Elle libère les bras du patient des terribles liens. Il la remercie et elle se retire discrètement dans un coin de la chambre. Il vide lentement son assiette, car, à vrai dire, Carl Neely n'a pas faim. Une heure plus tard, l'infirmière ramasse le plateau et s'approche de l'ancien détective pour attacher à nouveau ses bras au lit.

Lorsqu'elle s'approche de lui, il dit : – Pourquoi me lier les bras ? Vous saviez que je n'ai rien fais de mal !

L'infirmière répond calmement : – Comme vous avez un diagnostic de délire de persécution avec psychose et agressivité, je suis obligée de vous immobiliser.

– Pourquoi pas alors une camisole de force ?

– C'est du passé !

Après une courte pause, elle dit : « Monsieur, voici votre dose de médicaments. »

– Lesquels ?

– Que sais-je ? Je ne suis pas responsable de la posologie, mais le docteur... Serber.

Irrité, le détective dépêche de se délier les jambes et saute à l'extérieur du lit. L'infirmière, elle, se dépêche d'appuyer sur son émetteur-récepteur radio mobile, sauf que l'ancien policier ne perd pas son habitude et la maîtrise. Il lui dit à voix basse : « Mademoiselle, vous m'aidez à sortir d'ici. Sinon je vous jette par la fenêtre, c'est compris ? »

Pour ajouter sur la menace, il la dirige vers la fenêtre ; la chambre se trouve au cinquième étage.

Tremblante, l'infirmière hoche de la tête. Elle fait signe à Carl Neely de ne pas bouger ; elle l'aide à mettre les cordes de manière à paraître l'attacher les bras et les jambes. L'infirmière sort de la chambre, qu'elle verrouille. À peine sortie, un bon esprit lui communique l'information mentalement, lui donnant l'impression de penser, que l'infirmière est une vipère qui le trahira au docteur Serber. S'il veut se sauver, il doit s'évader par la fenêtre et descendre doucement sur le sol, en faisant attention de ne pas être vu des caméras postées aux angles du bâtiment. L'ancien détective comprend qu'il n'a pas une seconde à perdre. Il ouvre grand la fenêtre et se glisse à l'extérieur, puis se déplace lentement en s'accrochant et en marchant doucement sur les avant-corps de la façade de l'hôpital psychiatrique. Lorsque l'esprit l'avertit qu'il s'approche de l'une des caméras, il se laisse prudemment glisser pour descendre de plus en plus vers le sol. Carl Neely parvient ainsi à se rendre au sol sur une face latéral du bâtiment. Il prend soin de rester dans l'ombre, afin de ne pas attirer l'attention des agents de sécurité et des psychiatres, qui se trouvent devant l'hôpital psychiatrique. À ce moment-là, son âme sort de son corps, qui se trouve alors possédé par l'esprit qui l'a aidé à s'évader. Il attend derrière un buisson près de l'hôpital psychiatrique afin de maîtriser et assommer un docteur qui semble avoir le même âge que lui, qui passe proche de lui, afin de substituer ses vêtements aux siens. Il laisse le docteur près du buisson et il se promène ainsi déguisé tranquillement, en faisant exprès de changer sa démarche afin d'être certain de ne pas être reconnu. Il se rend chez lui.


Nul besoin de dire l'étonnement de l'infirmière et des docteurs lorsqu'ils constatent la disparition de Carl Neely. Ils déduisent qu'il s'est blessé ou tué par défenestration. « Dans tous les cas », commente l'un des docteurs, « soit il est mort, soit il a les os cassés, ce qui est un bon débarras. Si nous vérifions quand même où est son corps, simplement pour confirmer ? » En communiquant avec les docteurs et avec les agents de sécurité qui se trouvent à l'extérieur, ils affirment n'avoir rien vu. Seul un agent de sécurité à vu le patient derrière un buisson (en fait, le docteur déguisé). Il le ramasse et l'amène dans sa chambre. Le docteur, revenu de son choc, proteste contre le mauvais traitement que l'homme costaud lui fait. L'infirmière, reconnaissant qu'il ne s'agit pas du patient, ordonne tout de suite à l'agent de sécurité de le lâcher. Elle dit : « Messieurs, le patient s'est clairement enfui ! Avertissons immédiatement le professeur Serber ! » Le psychiatre avertis aussitôt la police et Karl Neely.



Grandview.

Les enfants de Jim et Mélinda jouent avec leurs peluches. Ils cessent lorsque le détective parvient à s'enfuir de l'hôpital psychiatrique. Ils décident de jouer à cache-cache. Aiden se cache et Marie-Anne le cherche. Elle fait exprès de ne pas le trouver, car un esprit lumineux lui dit de faire ainsi. Intrigué, Jim, qui a entendu les propos de l'esprit, en demande la raison. La réponse : Pour pas que ses ennemis le retrouvent.

Étonnés, Jim et Mélinda réfléchissent à l'explication de l'esprit. L'ambulancier conclut qu'il est question de Carl Neely. Ils ne leur restent qu'à prier pour qu'il soit sain et sauf.



Ville voisine de Grandview. Appartement de la famille Neely.

Maria, étant seule à la maison avec sa fille, qui joue tranquillement avec ses jouets. Elle s'inquiète pour son mari. Ses deux fils sont partis au collège de la ville et ne reviendront que pour le souper. N'ayant reçu que l'appel de l'Hôpital psychiatrique en avant-midi, elle craint le pire. Vers 15h, lorsqu'elle entend quelqu'un frapper discrètement à la porte de leur appartement, Maria comprend que son mari est de retour. Lada se dirige vers la porte, mais sa mère la ramène à ses jeux. Rassurée, Maria lui ouvre la porte. Mais voyant son déguisement, elle se ravise.

Elle demande : – Bonjour, Monsieur. Qui êtes-vous et qui cherchez-vous ?

L'inconnu, pour toute réponse, sort ses mains des poches de la blouse de docteur. Elle reconnaît son mari à son alliance. Contente, Maria le laisse entrer. Une fois la porte fermée, Carl Neely l'entraîne doucement dans le salon, où il ôte la blouse de docteur, la chemise et le pantalon. Sa fille le rejoint une fois qu'il a repris des vêtements que sa femme court chercher dans son armoire dans leur chambre. Il lui dit qu'il est parvenu à s'enfuir, mais que forcément tout l'hôpital, voire même la ville le recherche. Lorsque Lada saute de joie autour de son père, qui lui caresse la tête en signe d'affection, elle lui demande s'il veut se joindre avec elle. Comme il refuse en riant, elle fait semblant de se fâcher et quitte le salon pour regagner sa chambre. Carl s'excuse aussitôt de l'inquiétude qu'il a occasionné à Maria. Pour toute réponse, sa femme l'embrasse sur les lèvres. Content, il lui rend son baiser. Carl Neely dit : – Sérieusement, qu'est-ce que je peux faire, maintenant que toute notre ville et Grandview, mais aussi la ville où j'habitais avant (Longview) me recherchent ? Il me semble que tu as raison et que la seule option est un déménagement. Mais, es-tu sûr de vouloir déménager ?

– Oui ! Tu sais très bien que je te suivrais peu importe où tu vas, en particulier si c'est mieux ainsi pour nous.

Tout à coup, l'âme de Carl Neely sort de son corps, laissant la place à un bon esprit.

Ainsi possédé, il dit (même Maria perçoit le changement de ton) : – Et pour notre fille... Il faut vraiment faire attention pour qu'il ne lui arrive rien de mal. Je crains qu'ils ne veulent s'en prendre à notre Lada. Que Dieu la protège !

Une fois que son âme réintègre son corps, la conversation se poursuit : – D'ailleurs, je n'apprécie pas le fait d'être sans emploi. Cependant, j'essaierais de régler définitivement mon passé de policier, qui, je dois te l'avouer, commence sérieusement à me fatiguer.

Maria l'enlace tendrement pour le consoler. Il lui sourit faiblement. À son regard, elle comprend que son époux n'a qu'une idée : affronter les policiers de la ville, son père et ses anciens collègues et supérieur. Comme il fait un geste pour se libérer de son étreinte, elle se colle encore plus à lui. Étonné, il n'ose s'opposer à sa femme. Cette dernière lui demande doucement s'il veut l'aider à préparer le souper. Il accepte avec joie.


Le soir lorsque les fils du premier mariage de Maria reviennent de leur cours, ils saluent leur mère et leur beau-père, qui essaie de conserver un sourire forcé sur le visage afin de ne rien laisser paraître. L'aîné, François, étonné, dit : – Saviez-vous que Carl est recherché par toute la ville ? Les policiers et les psychiatres sont bien décidés à vous remettre de force dans l'hôpital psychiatrique. Mon frère et moi avons vu des affiches sur les autobus et sur des poteaux d'électricité lorsque nous sommes revenus de notre cours.

Maria tourne le regard vers son mari, qui devient pâle comme linge. Il bredouille : – Je suis désolé de vous causer autant de troubles. Les garçons, si vous le voulez, bien que je vous apprécie comme si vous étiez mes fils, je ne suis que votre beau-père... Vous n'êtes pas dans ce cas... Obligés de rester avec votre mère. En allant chez votre père, l'atmosphère sera mieux pour vos études, non ?

Maria réplique : – Quel père ! C'est parce qu'il m'a trompé avec une plus jeune femme que nous avons divorcé ! Et toi, tu enverrais mes fils chez un père qui est loin d'être exemplaire ?

Carl Neely : – J'ai compris ! C'est seulement j'ai oublié ce détail. Désolé ! Je retire mes paroles. Faites comme si je n'est rien dit !

Maria ajoute, en voyant que Lada commence à pleurer lorsque son père hausse la voix : – S'il vous plaît, nous pouvons parler de ça plus tard ? Lada, zlato moje [mon or], ne pleures pas. Prenons notre repas. Et que Dieu nous bénisse.


Tous les membres de la famille mangent lentement le repas.

Seul Carl ne mange pas beaucoup. Il se retire dans son bureau, perdu dans ses pensées. Maria demande à ses fils s'ils veulent bien faire la vaisselle et s'ils veulent envoyer Lada dans sa chambre pour y jouer ; ils acceptent avec joie, comprenant qu'elle veut parler avec leur beau-père. Elle frappe doucement à la porte du bureau. Carl lui ouvre la porte : elle entre et il referme la porte. Vu son regard féroce, la femme comprend qu'il s'est armé. Elle lui touche le bras droit pour l'inciter à la patience ; il l'enlace tendrement et lui murmure : « Je dois agir ! » Il s'assied à son bureau et sort du tiroir une petite icône portative de Sveti Mihovil (l'ange Michel), le protecteur de la police. Carl explique à Maria que c'est le seul souvenir qu'il garde de son ancien métier. Il est très attaché à cette icône qu'il avait acheté au marché principal de Belgrade en 1994, alors cinq ans de mariage avec Sara Blumenfeld, sa première épouse, et père de trois enfants. C'était par ailleurs un ancien policier qui lui l'a remis, pour le protéger dans son travail. « D'ailleurs », ajoute Carl Neely, « je remarque que lorsque j'amène sous mon gilet pare-balle l'icône de notre protecteur, je me sens mieux. Parfois, en cas de situations difficiles, je me surprends moi-même avec quelle ferveur il m'arrive de prier ! » Après une courte pause, il enchaîne : « Et maintenant, plus que jamais, j'ai besoin de la protection de Mihovil ! S'il te plaît, Maria, veux-tu me laisser seul dans la pièce ? » Elle opine du chef et se retire discrètement du bureau. Une fois la porte fermée, Carl place l'icône de l'ange Michel face à lui et le prie de l'aider à trouver la meilleure solution à sa situation. Il prie tellement qu'il s'endort, s'affalant sur son bureau, face à l'icône. Maria entre doucement dans son bureau après une heure, car elle passe son temps avec leur fille puis lui chante une comptine pour l'endormir. Elle sourit quand elle voit son mari dormir tranquillement. Elle sort aussitôt pour ne pas le réveiller et dit à voix basse à ses fils de ne pas faire trop de bruit, afin de ne pas déranger leur beau-père. D'ailleurs, le reste de la maisonnée dort une heure et demi plus tard.


Au cours de ce sommeil, Carl Neely voit en rêve la solution à sa situation. Il remercie, à son réveil, le Ciel de ne pas l'avoir abandonné.



Le lendemain matin, jamais autant dispos, l'ancien détective embrasse sa femme et lui raconte son rêve, content comme un enfant. Elle aussi se réjouit. La solution consiste à un duel avec son propre père puis un déménagement définitif dans un autre pays.


En après-midi, quelqu'un frappe doucement à la porte de l'appartement. Carl regarde par le judas : il reconnaît Samuel Salomonovitch Petrovitch en civil. L'ancien détective en avertit aussitôt sa femme, dit à sa fille de rester dans sa chambre et il file se cacher dans son bureau. Maria entr'ouvre un peu la porte et lui demande : – Monsieur, qui êtes-vous et qui cherchez-vous ?

– Je suis Samuel Salomonovitch Petrovitch, policier de métier. Et je voudrais parler à Madame Maria Neely au sujet de votre mari.

– Entrez, alors.

Le policier entre et salue respectueusement la femme et les deux fils, qui sont dans la cuisine en train de faire leurs devoirs. Maria lui propose de discuter au salon.

Une fois assis, Samuel Salomonovitch Petrovitch dit calmement : – Madame Neely, je vous dit, pour commencer, que je prends un grand risque en venant chez vous, mais j'assume tout le risque, Je ne crains rien ; ce qui m'importe, c'est la justice. Et j'ai réalisé, depuis ma dernière visite chez vous, que votre mari est honnête. Je sais (et vous aussi sans doute) qu'il est recherché et que mon supérieur veut le placer de force dans l'Hôpital psychiatrique, d'où il s'est échappé. Je sais aussi que vous êtes sur écoute ; la police est contre votre mari. La plupart de mes collègues se sont vendus pour des primes. Au Diable l'argent ! Mais, ne vous inquiétez pas, j'ai trouvé les point faibles de caméras, qui sont postées un peu partout dans votre appartement... Comme mon frère se connaît un peu en informatique, il les a brouillées, les rendant défectueuses. C'est pourquoi je suis venu.

– Merci. Et remerciez votre frère.

– Il n'y a de quoi. Et bien, si jamais je savais où se trouve votre mari...

Et Carl Neely sort de son bureau, à l'étonnement de Samuel Salomonvitch Petrovitch.

Ce dernier enchaîne aussitôt : – Monsieur Neely, tous mes respects pour avoir réussi à s'évader de l'Hôpital psychiatrique ! Et bien, je vous recommande, pour votre sécurité, de rester chez vous, en attendant que la situation se calme. Car mon supérieur a ordonné de faire le quadrillage et la fouille de la ville pendant deux mois, à partir de demain, afin qu'il vous soit impossible de leur échapper. Cependant, je suis sûr que vous pouvez vous cacher chez moi lorsqu'ils fouilleront votre appartement.

Carl Neely intervient : – Mais s'ils fouillent la vôtre ?

– La fouille est déjà faite.

– Vous n'oubliez pas qu'ils peuvent forcer les portes n'importe quand, même sans votre consentement et sans les clés ?

– Je n'est pas pensé à cette possibilité... Mais j'imagine que vous pouvez dans ce cas vous cachez à l'extérieur de la ville en se faisant passer pour un mendiant ?

Pensif, Carl Neely sent une odeur agréable et l'esprit qui se trouve à sa droite communique mentalement avec lui : « Morate slušati ovaj čovek tako da spasite živu glavu. On vam daje taj savjet jer vaš prijatelj djeluje na njega. [Vous devez écouter cet homme afin de sauver votre tête. Il vous donne ce conseil en raison de l'influence que votre ami a sur lui] » L'ancien détective comprend qu'il s'agit de Jim Clancy. Il remercie celui-ci et l'esprit.

Après cela, il s'exclame : – C'est une bonne idée ! Merci beaucoup !

Les deux hommes se donnent une accolade amicale et le policier sort discrètement en saluant respectueusement le couple.


Une fois leur invité sorti, Maria embrasse tendrement son mari. Il l'enlace et la berce doucement pour la rassurer ; il saisit qu'elle a peur de le perdre et qu'elle ne sait pas si c'est la dernière fois qu'elle le voit. Il comprend qu'elle craint de rester veuve. Et c'est surtout pour leur fille qu'elle s'inquiète, car elle ne reverrait peut-être plus son père. Carl Neely rassure sa femme et sa fille, afin que cette dernière ne commence pas à pleurer. C'est seulement après le souper qu'il décide de quitter l'appartement, sans oublier un dernier échange avec sa femme, sa fille et ses beaux-fils. Ils prient pour lui que tout se passe bien. Carl Neely lui-même prie avec ferveur devant sa petite icône portative et fait le signe de la croix avec les trois doigts de sa main droite. Il place l'icône de Saint Michel sous son gilet pare-balles, par-dessus lequel il revêt un vieil habit beige avec une grande capuche, qu'il fait exprès de salir. Sans oublier qu'il ôte ses lunettes de lecture pour les ranger dans leur boîte qu'il cache dans une grande poche interne de l'habit. Dans une autre poche, l'ancien détective place son revolver. De plus, il se griffe le visage, afin d'être méconnaissable. Il ajoute une vieille bague en or avec un chaton représentant l'aigle bicéphale serbe sur sa main droite, bague qu'il a acheté en 1994, sauf qu'il ne l'a jamais porté, car elle lui rappelle douloureusement la mort de sa première femme et de leurs enfants. Mais cette fois, avec la distance temporelle, puisqu'il a surmonté sa douleur, il en décide autrement : elle lui permettra de ne point être reconnu par les policiers qui passeront près de lui. De plus, il amène quelques tranches de pain et des fruits secs dans un petit sac qu'il amènera avec lui. Carl Neely bénit sa femme, sa fille et ses beaux-fils. Inutile de dire que la fillette regarde son père avec des yeux étonnés. Maria la rassure. Et l'ancien détective-plongeur sort discrètement de l'appartement. Il déambule dans le noir, guidé par la seule lumière des lampadaires. Il se rend ainsi sur un banc dans un parc, sur lequel il s'endort. Son sommeil est profond, sans nulle visite indésirable.



Le lendemain, Carl Neely, réveillé par les rayons du soleil, se lève doucement du banc sur lequel il était allongé et regarde attentivement autour de lui. Il fait semblant de ne pas savoir où il se trouve. Il remarque en effet des groupes de quatre policiers se promener dans la ville. L'un d'un, s'arrêtant devant lui, lui demande de décliner son identité et de lui dire s'il n'aurait pas vu Carl Neely, un ancien détective dangereux devenu plongeur dans le restaurant français Belle Vue. Le policier montre au pseudo-mendiant une photographie de l'homme recherché. Carl Neely joue l'étonné, forçant le policier à répéter sa question. Après s'être éclaircit la voix, il répond, avec un fort accent serbe : « Excusez-moi, mon cher monsieur, mais je ne connais pas ce Monsieur Neely que vous recherchez. Je suis un pauvre émigré serbe, Bogdan Popović, qui a perdu son emploi depuis trois semaines. En attendant d'en trouver un nouveau, je suis réduis à mendier de ville en ville. » Le policier, ému, lui donne un billet de cinq dollars, le salue et continue son quadrillage avec ses autres collègues. Notre ancien détective, lui, déambule dans les rues de la ville. Il se promène ainsi toute la journée. Lorsqu'il arrive devant un restaurant (Délices européennes), il remarque un papier accroché à la porte sur lequel il est écrit : « Personnel recherché : Cuisinier, plongeur et serveur à temps partiel ! » Carl Neely entre et se présente avec sa fausse identité, pour savoir s'il peut être embauché. Son interlocuteur le regarde, méfiant. Il le renvoie sans plus d'explications. Carl Neely poursuit donc sa promenade dans la ville, ce qui lui permet de constater avec zèle les policiers font le quadrillage et la fouille. Il comprend alors pourquoi seule la pseudo-identité de Bogdan Popović lui permet de circuler incognito. Ses maigres repas se composent des provisions qu'il a amené; lorsqu'elles sont épuisées, il cherche dans les poubelles des restaurants des restants de plats. Du reste, il s'impose une sorte de jeûne, car il n'a même pas si faim, étant donné l'odeur putride de mauvais esprits qui accompagnent les policiers qu'il a rencontré sur sa route. Le soir, il est sorti de la ville ; il décide de dormir sous un arbre à quelques mètres de l'entrée.

La nuit est agitée pour Carl Neely, car son inconscient lui fait comprendre qu'il doit régler au plus vite son passé de policier, s'il ne veut pas avoir d'autres ennuis.



À Grandview, la famille Clancy a une journée tranquille. Jim travaille en après-midi à l'hôpital Mercy, Mélinda regarde les enfants jouer dans le salon. Un esprit lumineux les rassure au sujet de Carl Neely.




À l'extérieur de la ville voisine de Grandview.

Le lendemain matin, l'ancien détective prie Mihovil et continue sa route. « Au moins », pense-t-il, « je suis loin des policiers. » Il se repose, après un certain temps, au pied d'un arbre. Il sent une odeur familière... Celle de son ami ambulancier Jim Clancy. Neely, dérouté, pense : « Jim, rassures-moi, il ne t'est rien arrivé de grave ? » Jim lui répond mentalement : « Je vais bien. Je suis encore, Dieu merci, parmi les vivants. C'est plutôt moi qui s'inquiète pour toi. Puisque je suis venu à toi, me voilà rassuré. Mais je viens, à vrai dire pour te dire que tu dois absolument faire attention au vieil policier, car il est dans les parages. Il ne doit surtout pas te surprendre ! »

Neely commente : « Il s'agit de mon père ? »

La réponse : « Oui ! »

Neely : « Peux-tu alors m'expliquer comment nous pouvons communiquer de cette manière, alors que je sais que cela n'a lieu qu'avec les âmes errantes ? »

La réponse : « Je te l'expliquerais ce soir. »

Et l'âme de Clancy revient dans son propre corps.

Neely, lui, poursuit sa route. Il déambule lentement aux environs de la ville. Il rencontre d'autres mendiants, qui le regardent avec méfiance. L'un d'eux, visiblement mal intentionné, car entouré de mauvais esprits, dont leur odeur étourdit notre ancien détective-plongeur. Le mendiant, armé d'un couteau, cherche à le frapper dans le dos, mais Carl se retourne et réussit à le désarmer. Il remarque par là qu'il n'a pas perdu son habitude des techniques policières, ce qui le rassure. Étonné, le méchant mendiant le laisse en paix, sans lui poser une seule question. Le reste de la journée se passe sans incident. Le soir, Carl Neely reçoit la visite de son ami ambulancier en rêve. Celui-ci lui explique certains faits du Monde des Esprits.


Le lendemain, réveillé au lever du soleil, il se promène lentement dans la prochaine ville (qui n'est pas Grandview), où le seul incident est une bagarre avec deux autres mendiants ivres possédés par des mauvais esprits. Bien qu'il parvient à les maîtriser, il est un peu blessé. Heureusement, rien de grave. Des policiers sont intervenus, mettant fin à la bagarre. Carl Neely les remercie et les demande s'il est possible de trouver un emploi. L'un d'eux lui répond affirmativement. Au cours de la journée, il jeûne, comme les autres jours, car il réalise que cet état lui permet de mieux comprendre certaines choses du Monde des Esprits. Cette soudaine illumination l'étonne. Mais il se plie à cette exigence de son inconscient.

Le soir, comme les autres soirs subséquents, le même rêve. Son père, secondé de Friedrich Neumann, le provoque et veut le tuer. Il cherche à leur échapper, ce qu'il y parvient in extremis. Carl Neely se réveille encore plus fatigué que lorsqu'il s'est endormi. Il déambule dans les rues, en traînant les pieds. Il pense : « Que Dieu protège Maria, Lada, François et Mathieu ! J'espère qu'il ne leur arrivera aucun mal ! » Il ne peut que prier ardemment Mihovil. Il prie pour lui et sa famille, car il craint que sa femme, sa fille et ses beaux-fils soient victimes de brutalité policière. Du coin de l'œil, Carl Neely remarque un passant qui se rapproche de lui ; Carl Neely le laisse passer devant lui. Il comprend que Adrian Neely le seconde, puisqu'il reconnaît l'odeur de son prétendu grand-père. Notre ancien détective-plongeur ne peut pas s'empêcher de jurer contre le mauvais esprit. Le passant, agité, le frappe au visage et déguerpit en vitesse. Carl Neely tombe sur l'effet du choc. Son nez saigne et est douloureux ; il a des ecchymoses autour des yeux. Heureusement pour lui, un autre passant, qui a vu la scène de loin, appelle immédiatement les ambulanciers, qui accourent pour l'amener à l'hôpital. Une fois rendu à l'hôpital, il est pris en charge par une équipe de médecins. Ils concluent, après examen, le diagnostic suivant : fracture de l'os du nez. De la glace est rapidement appliquée. Après cinq jours, ils replacent l'os du nez.



Grandview.

Au moment de la bagarre, le jeu des enfants de Jim et Mélinda change; il prend une tournure un peu violente, ce qui étonne les parents.



Ville voisine de Grandview.

Durant les mois d'avril et de mai, le quadrillage policier sème la terreur parmi les habitants. Personne ne pouvait dire où se trouve Carl Neely. David Schpigel vient lui-même fouiller l'appartement de l'ancien détective. Il aurait même oser frapper Maria, mais François l'en empêcha. Le policier, avide, accepte une fouille hebdomadaire de l'appartement. Pas besoin de dire que Lada pleurait à sa vue. Sa mère tente de la calmer, en vain. Schpigel, possédé par un sombre esprit, lève sa matraque pour frapper la fillette, sauf que Mathieu arrive au-devant lui et lui retient solidement son bras. Maria entraîne Lada loin des policiers, qui sont en bagarre avec ses deux fils. Ces derniers sont assommés par les policiers qui sont parvenus à les maîtriser. La fillette arrêtait de pleurer lorsque le policier et ses collègues sortaient de leur appartement. Elle réclamait son père. Maria la rassure du mieux qu'elle peut, en lui parlait de son père. Une fois les policiers sortis, elle appelle les ambulanciers en leur expliquant ce qui est arrivé. François et Mathieu sont amenés à l'hôpital, d'où ils en sortent à la fin du mois de juin.




Ville voisine de Grandview, où se trouve Carl Neely.

Six semaines plus tard, Carl Neely sort de l'hôpital. Il continue à déambuler dans les rues, toujours à jeun, et il parvient à trouver un emploi de plongeur à temps partiel dans un restaurant. Il décide alors d'ouvrir un compte bancaire sous le nom de Bogdan Popović. Il travaille ainsi pendant trois mois, car il perd son emploi en raison d'une faillite du restaurant. Le pseudo Bogdan Popović continue sa recherche d'emploi. De plus, avec le même rêve qui se répète avec des variations près à toutes les nuits qui l'épuisent, il ne peut que prier ardemment Mihovil. Il comprend qu'il rencontrera un jour ou l'autre son père : il demeure sur ses gardes.



Carl Neely rencontre son père le 16 août (la saint-Roch) en après-midi, alors qu'il déambule dans les rues d'une ville, en civil. La rue est déserte en raison de la chaleur. Heureusement, il le remarque en premier. Il comprend que son père ne le reconnaît pas (malgré qu'il ôte la capuche de son vêtement beige), mais qu'Adrian Neely, Sarah Neely, Friedrich Neumann l'ont repéré et qu'ils le guident vers lui pour le tuer. (Son père a toujours son arme avec lui). Carl Neely fait attention pour ne pas se trouver dans un cul-de-sac. Heureusement, il croise son père alors qu'il est en sens contraire, faisant en sorte que leurs regards se croisent. Carl Neely fait comme si il n'a pas remarqué la présence olfactive des mauvais esprits ; il prie Mihovil de déjouer leur plan sordide. Le vieil policier, possédé par Adrian Neely, dit : – Monsieur, si vous quémandez de l'argent, je peux seulement vous conseiller de trouver un emploi ! Moi, je refuse de donner à des gueux de votre espèce ! Je ne comprends pas comment la ville peut vous tolérer !

Il parvient presque à frapper l'ancien policier-plongeur, qui s'écarte à temps pour éviter le coup.

Carl Neely lui réplique, avec son fort accent serbe : – Monsieur, ne vous inquiétez pas, je ne pense nullement vivre sur le dos des autres. Je me promène à la recherche d'un emploi d'une ville à l'autre, car j'ai une femme et un enfant en bas âge à ma charge, mais j'ai perdu mon emploi. S'il vous plaît, ne me faites pas de mal, puisque je vous ai rien fait. Sinon, vous allez le regretter !

Karl, énervé (par l'agitation de l'esprit), lui réplique une insulte. Adrian sort de son corps ; Friedrich Neumann prend la relève. Il dit alors : – Kennen wir uns ? Sie können uns nichts tun ! [Nous nous connaissons ? Vous nous pouvez rien !]

L'esprit sort de son corps ; l'âme de Karl revient dans son corps.

Le pseudo Bogdan Popović réplique : – Moi, je ne vous connais pas !

– Moi non plus, mais vous m'agacer ! Si vous faites comme tout le monde, vous ne serez dans la situation dans laquelle vous êtes.

– Je vous agace ? Pouvez-vous me laisser passer et que nous nous rencontrons plus jamais ?

– Non, pas avant...

Karl Neely, possédé par Friedrich Neumann, sort son revolver et tire sur le pseudo Bogdan Popović, qui s'écarte à temps pour ne pas revoir la balle dans la poitrine. Il sort discrètement son revolver qu'il tient sous son ample vêtement. Karl tire à nouveau, l'atteignant au bras gauche. Ignorant la douleur, il prie rapidement l'Ange Michel et tire sur le vieil policier, l'atteignant au bras droit, faisant en sorte qu'il lâche son arme sous l'effet de la douleur. Le pseudo Bogdan Popović marche vers Karl Neely, qui le frappe d'un coup de poing dans le ventre. Il se dépêche de s'emparer de l'arme du vieil policier et de jeter les deux armes au loin. Une bagarre éclate entre les deux; chacun frappe l'autre. Au bout d'un certain temps, Carl Neely se lève ; il se penche au-dessus de son père. Ce dernier ne bouge plus en raison de la douleur, inconscient, mais encore vivant. Ceci est aussitôt confirmé par la présence olfactive de son âme. Notre ancien policier-plongeur, pris de pitié, bien qu'il sait qu'il se trouve au point déterminant pour sa propre survie, ne sait pas quoi faire. Il fait le signe de la croix (autant que ses membres perclus de douleur lui permettent) et attend une inspiration, qui ne tarde pas à venir. Il comprend que son ange gardien ne l'a pas abandonné. Il maîtrise le vieil policier, dont l'âme est revenue dans le corps. Mais n'oublions pas la présence d'Adrian Neely, de Sarah Neely et de Friedrich Neumann à ses côtés. Les esprits essaient d'agir sur le vieil policier, en vain. Le pseudo-mendiant fixe Karl Neely. Ce dernier comprend qu'il a affaire à un homme particulier. Perplexe, il dit d'une voix faible, presqu'en murmurant : « S'il vous plaît, terminons notre affrontement ! »

– Non, pas maintenant ! Je préfère appeler l'ambulance étant donné nos blessures.

Ainsi, le pseudo-mendiant traîne doucement Karl Neely jusqu'à une cabine téléphonique. Tout en l'ayant à l'œil, il compose le numéro des urgences et leur explique brièvement la situation.

Le vieil policier rugit de colère et de douleur, et tente de s'esquiver, mais le pseudo-mendiant le retient au sol avec ses bras et lui murmure d'un ton sévère : – Monsieur, ne pensez pas vous sauver ! Surtout ne pensez pas que je porte la main sur vous. C'est l'un des commandements qui dit de ne pas tuer son prochain. Mais vous n'échapperiez pas à la justice dans l'au-delà. Et cette remarque est valide pour tous les mortels.

Tout à coup possédé par un bon esprit qui se manifeste à Carl Neely, il dit : – Monsieur, votre fin est proche, mais ne cherchez pas à abréger votre vie. Ce serait une action contre la Volonté du Très-Haut.

– Non ! Ça ne peut pas être vrai ! Ne me laissez pas crever comme un chien !

Pour toute réponse, le pseudo Bogdan Popović soupire. Les ambulanciers arrivent et placent de façon sécuritaire chacun des deux hommes sur une civière. Ils se rendent rapidement à l'hôpital, où ils sont immédiatement pris en charge par les médecins et les chirurgiens. Les policiers aussi accourent sur les lieux de la bagarre et ramassent les armes qui traînaient. Lorsque le père et le fils gisent inconscients sur leur table d'opération respective, leurs âmes sont sorties de leur corps et elles comprennent toute la situation. Elles s'affrontent du regard. Comme le père cherche à posséder un docteur afin de révéler la pseudo-identité de son fils, mais ce dernier l'en empêcha. Les deux âmes font e tour de l'hôpital, chacune dans son sens; le père en sens anti-horaire; le fils en sens horaire. Lorsqu'elles se rencontrent, l'âme du père s'éloigne de son fils. Elle lui dit télépathiquement : – On verra bien qui demeurera parmi les vivants !

Carl Neely réplique : – Peu importe qu'est-ce qui t'arrives, tu pleureras comme j'ai pleuré longtemps la mort de ma Sara et de nos enfants. Tu le regretteras de vouloir ainsi s'acharner sur moi. Je te prie, pour sauver ton âme, de ne pas empirer ton cas.

– Tu crois sérieusement me faire peur avec cette histoire d'un jugement dans l'au-delà ? »

– C'est un constat. Tu peux t'améliorer après cette sortie hors-corps. Ou bien abandonner définitivement le monde des vivants.

– Tu n'as quand même pas oublier la malédiction familiale qui pèse sur toi comme une épée de Damoclès ?

– Vas-t-en au Diable, toi et ta malédiction ! Juste pour ça, tu peux vivre longtemps dans la souffrance !

– Mais reviens un peu à TA situation ! Tu es traqué de toutes parts. Maintenant que je sais comment tu te caches, je peux te révéler aux policiers.

– Dans ce cas, que tu perds le don de la parole ! Que tu demeures muet jusqu'à la fin de tes jours !

– D'accord, fiston. Mais tu n'oublies pas que je peux montrer en rêve à ta petite fille chérie mon scénario idéal...

– Il n'en est pas question !

Et chacune des âme regagne son propre corps. Karl Neely, au cours de son rétablissement, reçoit la visite d'Adrian Neely, de Sarah Neely et de Friedrich Neumann. Ces mauvais esprits le font peur, le rendant à moitié fou. Ils sont furieux car il n'a pas réussi à tuer Carl. Le vieil policier ne peut pas supporter les horribles visions avec lesquelles les esprits lui font peur, il met fin à ses jours dans le monde ici-bas par défenestration après une semaine.

Le fils, prend du temps à se rétablir ; il lui fallu trois semaines pour se remettre. Une fois que les docteurs lui ont permis de quitter l'hôpital (le 7 septembre), il continue son errance, l'âme en paix.


Cependant, Karl Neely, devenu un esprit errant, flâne un peu sur terre, venant de temps en temps, lorsqu'il le peut, rendre visite en rêve à son fils et à sa petite-fille, leur présentant son scénario idéal de la fin de Carl Neely, ou parfois en leur présentant sa propre fin, comme s'ils étaient à sa place. Dans tous les cas, de telles nuits sont des cauchemars pour Carl et pour Lada. Il se réveille en sueur et maudit son père. Lada, elle, se réveille en pleurant; sa mère accourt la bercer et la consoler. La fillette s'endort peu après.



Grandview.

Au cours du combat entre le père et le fils, la famille Clancy ressent une tension dans l'air, ce qui rend Jim nerveux. Son ange gardien l'informe que le moment décisif se joue pour Carl Neely, sauf que personne ne doit l'aider. Ceci n'empêche pas à Jim et Mélinda de prier pour leur ami.



Ville voisine de Grandview.

Lada Neely, au moment du combat décisif entre son père et son grand-père, arrête de jouer. Elle semble attendre que quelque chose arrive. Sa mère lui demande ce qu'elle attend; Lada répond : « Papa ! Papa ! » Elle ne joue pas avec ses peluches pendant les cinq prochains jours, qui étaient critiques pour Carl Neely. Après, elle reprend joyeusement ses jeux enfantins.




Carl Neely continue d'errer. Maintenant qu'il comprend qu'il peut faire fuir les mauvais esprits, il est plus tranquille. Il s'est habitué à peu manger (la plupart du temps, il jeûnait) et à se laver dans l'eau des rivières ou des fontaines qu'il rencontrait sur son chemin. Il priait à chaque matin et soir. Une fois, en regardant attentivement son reflet dans l'eau d'un fontaine, Carl Neely s'étonne lui-même de son aspect physique. Âgé de 43 ans, il semble en avoir 53 : son visage est très mince, creusé de nombreuses rides, sans oublier des sombres cernes sous ses yeux fatigués. Il a l'impression de n'avoir qu'une peau sur les os. Ses cheveux sont plus gris que bruns. De plus, il trouve pénible les changements drastiques du temps météorologique (à l'approche d'une pluie et des journées où le ciel est couvert de nuages), car les coutures des différentes opérations (au ventre et au bras gauche) lui causent une douleur insupportable, l'obligeant parfois à s'allonger sur un banc.

Il trouve un emploi temporaire en octobre comme balayeur de rues dans une ville. Bien que mal payé, il est néanmoins content de ce maigre salaire. Carl Neely-Bogdan Popović garde cet emploi pendant six mois, jusqu'en avril 2013. Après, il continue son errance, car il n'apprécie pas les policiers qui rôdent autour lui ; il comprend par là que son défunt père possède certains qui sont mal intentionnés. Ainsi, un jeune policier l'insulte et le frappe avec sa matraque ; Carl Neely-Bogdan Popović réplique avec son balai. Le policier, enragé, le frappe à nouveau, l'assommant. Il lui donne un coup de pied bien solide dans le ventre puis s'éloigne de lui. Le pseudo-mendiant ne repris conscience qu'après trois heures. Il se lève lentement, car tous ses membres sont perclus de douleur sous l'effet des coups. Étonné de la foule qui s'est attroupée autour de lui, Carl Neely-Bogdan Popović dit, toujours avec son fort accent serbe : « S'il vous plaît ! Est-ce que quelqu'un aurait la gentillesse d'appeler les ambulanciers ? ». La majorité de la foule s'éloigne ; seul un homme d'âge mûr le prend en pitié et appelle l'ambulance. Une fois rendu à l'hôpital, les docteurs agissent rapidement ; autour de l'un se trouve Karl Neely, qui voulait le diriger afin de faire périr le patient, sauf que le pseudo Bogdan Popović ne le laisse pas faire ; l'esprit déguerpit après une série de jurons et de malédictions. Il se rétablit des coups, qui, heureusement, ne lui furent pas fatals. À la fin du mois, Carl Neely-Bogdan Popović est sorti de l'hôpital.

Toutes les nuits sont tranquilles depuis que son père ne lui rend plus visite. Il peut afin se reposer.


Au mois de mai, Carl Neely-Bogdan Popović ose enfin s'approcher de Grandview. Il se traîne à peine, car son corps lui est douloureux, vu son état (il conserve quand même des séquelles de ces nombreuses bagarres-attentats) et son âge, ce qui le rend absolument méconnaissable. Il fait fréquemment des pauses. En entrant dans la ville, il remarque l'achalandage des rues. Il sourit faiblement et continue à déambuler dans les rues. Ceci lui rappelle tristement sa ex-belle-fille, Caitlin Mahoney. Tout à coup, en sens contraire, Carl Neely-Bogdan Popović voit un vieil policier qui lui semble familier... « Est-ce John Wellington ? », pense-t-il. Il reconnu à peine son ancien supérieur tellement ce dernier a changé. John Wellington regarde autour de lui, et voyant notre ancien détective-plongeur, dit : « Monsieur, pouvez-vous me dire où se trouve la station de police ? »

Carl Neely-Bogdan Popović, repérant olfactivement des mauvais esprits autour de son interlocuteur, répond : – Je ne le sais pas.

– Ça remonte à loin la dernière fois que j'y étais !

– Je viens d'arriver dans votre ville et vous pensez que je connais mieux votre ville que vous ? Quelle logique !

– D'accord. Mais merci quand même !

Soudain, mû par l'un des mauvais esprits, Wellington écume et se jette sur l'ancien policier-plongeur, temporairement possédé par un bon esprit, qui se retourne à temps puis recule de quelques pas. L'ancien chef policier tombe alors par terre ; Carl Neely-Bogdan Popović en profite pour le maîtriser. Il l'amène ainsi dans les rues. Wellington reconnaît le trajet qu'il avait suivi lorsqu'il a amené le corps de Caitlin Mahoney, le supplie de ne pas continuer la route. Rien n'y fait. Et il est déposé par terre entre deux poubelles dans le même cul-de-sac. L'esprit, par la bouche de Carl Neely-Bogdan Popović dit : « Monsieur, soyez content que vous ne pouvez pas terminer d'une manière aussi horrible que la jeune fille que vous avez amené ici. Mais que la culpabilité vous ronge jusqu'à la fin de vos jours de votre misérable vie ! » L'esprit sort et l'âme de l'ancien policier revient dans son corps. Il part lentement à reculons, autant que ces membres affaiblis lui permettaient, laissant son ancien supérieur dans le cul-de-sac. Celui-ci crie : « S'il vous plait ! Je ne vous ai rien fait ! »

Carl Neely : – Beaucoup de mal, Monsieur Wellington !

Et il s'éloigne de l'ancien chef policier, qui ne supporte pas une telle déchéance, se lève et marche péniblement jusqu'au pseudo-mendiant et dit : – Qui êtes-vous pour connaître des techniques policières et pour connaître mon nom ?

Avec un sourire énigmatique, Carl Neely répond : – Vous le saurez un jour.

Et les deux hommes se quittent sur ces mots.

Trois jours plus tard, comme chacun d'eux déambule dans les rues de Grandview, Carl Neely et John Wellington se rencontrent à nouveau dans une rue dont la circulation est moins achalandée. Surpris, les deux hommes se regardent avec méfiance. Carl Neely comprend que son ancien supérieur est guidé par son propre père et par Adrian Neely. Il redouble alors de prudence et prie l'ange Michel. Face à face, ils se fixent intensément. Silence. L'ancien détective-plongeur pense : « Peut-être que ce bâtard de père lui à révéler mon identité en rêve ! Que faire ? » Il ressent la présence d'un bon esprit à ses côtés ; il est rassuré. Hommes et esprits errants se regardent. La tension monte, mais personne ne veut poser le premier geste. John Wellington, après s'être éclaircit la voix, dit : – Monsieur, je suis surpris de vous revoir !

– Moi aussi, Monsieur !

Les deux hommes se dévisagent longement.

John Wellington prend la parole : – Monsieur, pourriez-vous vous présenter ? Je ne vous connais pas, alors que vous semblez me connaître.

– Je m'appelle Bogdan Popović. Vous êtes John Wellington, n'est-ce pas ?

– C'est exact.

Silence. L'ancien chef policier, poussé par Karl Neely, sort un revolver d'une poche interne de sa veste et le pointe sur son interlocuteur, prêt à appuyer sur la gâchette. Carl Neely recule lentement. Il prie en son for intérieur l'ange Michel de le protéger. Toujours en pointant l'arme, John Wellington dit : – Expliquez-moi par quelles circonstances vous savez mon nom ?

Carl Neely, au lieu de répondre, fonce sur lui, le renversant sur le coup, ce qui lui permet de le désarmer et de le maîtriser. Son ancien supérieur se trouve allongé sur le dos au sol, l'ancien détective-plongeur agenouillé près de lui de manière à lui immobiliser les jambes avec son poids, alors qu'il tient les bras entre les siens. Ainsi, les deux hommes étants assez proches, faisant en sorte qu'ils parlent presque à voix basse.

John, étonné : – Ne seriez-vous pas par hasard un policier déguisé en mendiant ? C'est une manière, je le sais, d'attraper des criminels, sauf que je ne suis pas l'un d'eux !

Carl Neely, en continuant à prendre un fort accent serbe, répond : – Votre déduction est bonne. Mais, Monsieur Wellington, vous êtes un criminel, c'est pourquoi vous avez été interné en psychiatrie pendant... quatre ans et un peu moins de cinq mois.

– Qui vous a communiqué ces informations ?

– Des contacts personnels.

Des sueurs froides coulent sur les tempes de l'ancien chef de police. Il est pris de panique. Mais il se ressaisit et

dit : – Monsieur Popović, dans quelle ville aviez-vous travaillé ? Je ne vous connais pas en tant que policier de Grandview !

– Ceci ne vous concerne pas. Mais pouvez-vous me dire où avez-vous déposé les papiers du détective Carl Neely concernant son enquête sur sa ex-belle-fille, Caitlin Mahoney ?

John Wellington devient blanc comme linge. Temporairement possédé par Karl Neely, il dit, mais sans savoir ce qu'il

dit : – Vous vous moquez de moi !

– Non, pas du tout. La question est sérieuse.

Silence. L'ancien chef policier, furieux, comme l'est l'esprit errant qui le possède, essaie de frapper Carl Neely-Bogdan Popović, qui le gifle pour le calmer. Il le mord au poignet gauche, ce qui l'oblige à lâcher sa prise. Et une bagarre éclate. Les deux hommes se sont bien roulés dans la poussière, chacun essayant d'avoir le dessus sur l'autre. Au bout de certain temps, ils se lèvent du sol et se regardent fixement. Tous les deux sont fatigués et ont les membres douloureux en raison des coups reçus. Silence pesant. Carl Neely-Bogdan Popović lui crache au visage ; John Wellington, encore possédé par le père de l'ancien détective, fait de même. De plus, il le frappe à la tête, mais Carl Neely-Bogdan Popović lui réplique avec un coup de pied au bas ventre avant de se laisser choir au sol ; son âme est sortie de son corps, en raison de l'insupportable douleur. Elle regarde le ciel ; mais elle sait qu'elle doit revenir dans ce monde, car elle ne doit pas abandonner Maria et Lada. L'âme de l'ancien détective-plongeur regagne aussitôt son corps. Il demeure étendu, bien qu'ayant repris conscience. Carl Neely-Bogdan Popović remarque que son ancien supérieur gît sur le trottoir, assommé, mais au moins son âme à réintégrer son corps. Les trois esprits errants se regardent. Adrian Neely se retire, aspiré par le souterrain ; seul Karl Neely ne veut en démordre de son idée à ébranler son fils. Le bon esprit communique télépathiquement à Carl Neely de se lever ; Karl Neely se dépêche d'agir sur John Wellington. Les deux hommes se lèvent aussitôt. Ils s'affrontent du regard, comme deux fauves affamés. John Wellington dit d'un ton rude : – Monsieur Popović, pouvez-vous me dire comment vous connaissez Carl Neely, qui était un policier recherché par toute la ville ? Saviez-vous où se trouve-t-il ? Est-il vivant ?

Carl Neely-Bogdan Popović, avec quelques minutes de silence, dit : – Je répondrais à votre question qu'à la condition que vous répondez à la mienne.

L'ancien chef policier soupire. Il répond : – Que sais-je ? Vous pensez sérieusement que quatre ans plus tard je sais où se trouvent des dossiers de pseudo-enquête ?

Carl Neely-Bogdan Popović lui coupe la parole : – Mais Monsieur Wellington, vous le saviez très bien, puisque vous êtes le seul à avoir remarquer la substitution des papiers. Je vous demanderais de me répondre.

– Quelle est votre question, déjà ?

– Où avez-vous déposé les papiers du détective Carl Neely concernant son enquête sur sa ex-belle-fille, Caitlin Mahoney?

– Euh... Je les ai déposé...dans un tiroir d'un meuble...

– Lequel ? Précisez !

– Mais pourquoi vouloir savoir ce détail ? Vous ne pensez quand même pas mettre la main sur ces papiers sans valeur ? De quel droit vous vous intéressez à ce pseudo-rapport ?

– Je m'y intéresse pour rétablir l'équilibre du cosmos.

– Là, c'est de la moquerie !

– Pourtant, c'est sérieux. C'est par respect pour Monsieur Carl Neely.

– Depuis quand, Monsieur Bogdan Popović, vous le prenez en sympathie ?

– Depuis toujours. Mais répondez à ma question puis je répondra aux vôtres.

– D'accord... Et bien !

John Wellington soupire. Après une pause, il dit : – J'ai déposé les papiers de Carl Neely dans le tiroir d'un meuble dans mon salon. Content de la réponse ?

– Oui. Mais pour être certain de la vérité de l'information, je vous demanderez de me les apporter. Et je vous suis.

Karl Neely essaie d'agir sur John Wellington, afin de lui donner l'idée de tuer le mendiant une fois chez lui ; le bon esprit avertit aussitôt Carl Neely. Les deux hommes et les deux esprits se rendent jusqu'à la maison de John Wellington, où sa femme leur ouvre la porte, étonnée de recevoir un visiteur. John lui explique qu'il doit régler un cas et la rassure : il lui fait un signe. Le bon esprit informe télépathiquement à Carl Neely que ce signe veut dire « prendre un couteau bien aiguisé. » Carl Neely, pour toute réponse, prie Mihovil. Il s'efforce de garder son sang-froid. John Wellington conduit son hôte au salon. Sa femme, après avoir passer dans la cuisine pour prendre un couteau, les rejoint. Elle se tient dans l'ouverture du passage vers le salon, attendant un signe de son mari. John sort d'un tiroir plusieurs feuilles qu'il dépose sur la petite table du salon. Carl Neely-Bogdan Popović comprend immédiatement le leurre. Il dit d'un ton sévère : – S'il vous plaît, je vous demanderais que vous ne vous moquiez pas de moi.

– Monsieur, votre insistance est franchement bizarre. Répondez-moi ! Pourquoi vous vous intéressez au cas de Neely ? Faites attention à ce que vous dites, car on dit bien que la curiosité à tuer le chat !

Pour ajouter sur la menace, il sort d'un tiroir voisin une arme à feu qu'il pointe sur son invité. Il fait signe à sa femme, qui sort le couteau de cuisine de sous sa robe. Carl Neely-Bogdan Popović ne perd pas son sang-froid, malgré qu'il comprend tout le sérieux de la menace à peine voilée. Il saisit la main droite qui tient l'arme, et le force à la lâcher. Malgré que John Wellington, surpris, appuie sur la gâchette, la balle heurte le gilet pare-balles. La femme de l'ancien chef policier s'avance vers Carl Neely-Bogdan Popović, mais ce dernier parvient à l'éviter en la frappant d'un coup de pied au bas-ventre, la faisant reculer puis choir sur le canapé. John tire une autre fois, mais rate de peu, faisant en sorte que la balle se perd sur le plancher. La femme revient à l'attaque, mais le mystérieux hôte parvient, avec le peu de forces qui lui reste, à la maîtriser et à prendre le couteau. Il déchire une partie de sa capuche pour lui lier les mains et les pieds. John, furieux, tire et atteint Carl Neely-Bogdan Popović au pied gauche. Celui-ci sursaute, mais termine d'attacher les mains et les jambes de la femme. Il se retourne vers l'ancien chef policier. Les deux hommes se regardent face à face. Chacun attend que l'autre pose le premier geste. Un silence lourd fait place. La femme dit : « Allez ! Terminez votre duel ! » Les deux anciens policiers se jettent mutuellement un regard féroce. Silence. John tire, mais rate de peu Carl Neely, qui se déplace vers sa droite. Carl réplique et file vers lui, couteau à la main, le blessant au poignet gauche, puis se jette sur le canapé. John, étonné, prend dans son autre main son arme à feu et se tourne vers le canapé et tire vers sa direction, le blessant au ventre, au même endroit où il reçu la balle de la part de Hunter Clayton le 7 novembre 2008... Il est immobilisé par la douleur, mais il prie ardemment Mihovil de le secourir. John se penche au-dessus de lui, en pressant l'arme sur sa tempe gauche. Il lui murmure : – Monsieur Bogdan Popović, vous me dites enfin pourquoi vous vous intéressez à Carl Neely, un ancien policier criminel recherché. Si vous saviez où il est, ce serait un plaisir pour moi de le dénoncer !

Silence. Notre ancien détective-plongeur est perplexe : « Que vais-je répondre ? Comment agir ? », pense-t-il. Il se dédouble et le bon esprit le possède temporairement. Il dit : – Je connais Monsieur Carl Neely.

– Précisez !

– Je le connais comme si je l'ai fait. Que dire de plus ?

– Où se trouve-t-il ?

– Dans une ville.

– Laquelle ?

– Une ville voisine de Grandview.

– Saviez-vous s'il est encore policier ?

– Je l'ignore.

– Mais pourquoi voulez-vous les papiers de ses pseudo-enquêtes ?

– Pour rétablir l'injustice de sa situation.

Et Carl Neely-Bogdan Popović se roule sur lui-même sur le canapé pour échapper à l'arme. Puis il se lève, John se lève aussi. Ils se regardent intensément. John, l'arme pontée sur le pseudo Bogdan Popović dit : – Monsieur, plusieurs détails dans votre histoire ne fonctionne pas...

– Dans la vôtre non plus. Alors, nous mentons tous les deux.

Furieux, John Wellington tire, mais la balle se fiche sur le gilet pare-balles, trouant le minable vêtement.

John Wellington, exaspéré, se dépêche de sortir d'un autre tiroir d'un meuble voisin des feuilles de papiers, cette fois, le rapport de Carl Neely. Il les dépose sur la table. Silence lourd. Chacune des esprits errants agit sur l'un des vivants. Les vivants réféchissent au prochain geste à poser, sachant qu'il serait déterminant pour la suite des choses. Carl Neely s'empare rapidement des papiers, après y avoir jeter un coup d'oeil rapide; il s'agit de son rapport, impossible de le tromper. John Wellington lui demande : – Monsieur Bogdan Popović, je voudrais savoir les raisons de votre intérêt pour Carl Neely.

– Moi aussi, je vous pose la même question.

– Je veux le retrouver, car il est recherché, pour le mettre où est sa place.

– Moi, pour lui remettre ses papiers. Je vous laisserais seulement une photocopie.

– Monsieur Popović, de quel droit vous vous le permettez ?

– J'ai déjà réponde à cette question. Je propose que nous n'achevons pas le duel. Il serait préférable de nous reposer puis de ce parler comme il se doit. Vous acceptez alors de se revoir dans une semaine ?

– Comme si j'ai le choix ? J'accepte votre proposition.

Et les deux hommes vont à l'hôpital pour faire soigner leurs blessures.


Une semaine plus tard, Carl Neely et John Wellington se rencontrent à nouveau, cette fois, au marché de Grandview. John lui fait un signe ; Carl Neely-Bogdan Popović le suit. Une fois rendu chez l'ancien chef policier, temporairement possédé par Karl Neely, Les deux hommes se rendent dans la cuisine, où la femme de John Wellington leur sert un thé et des biscuits au beurre. Une fois assis, un bon esprit se manifeste olfactivement à l'ancien policier, le rassurant. Il lui communique télépathiquement l'information suivante : « Vous pouvez révélez votre vraie identité ; il ne vous peut rien ! »

Après avoir bu une gorgée de thé, John dit à son invité : « Maintenant que vous avez en votre possession la pseudo-enquête de Carl Neely, un ancien policier criminel de la ville, pouvez-vous me dire pourquoi vous vous intéressez à son cas ? Et saviez-vous où il se trouve ? Est-il encore parmi les vivants ? »

Le pseudo Bogdan Popović répond : – Je vous pose la même question.

– Je m'intéresse à lui parce que je dois le livrer à la police s'il est vivant, point c'est tout !

– Mais vous n'êtes plus en fonction...

– Ça ne change pas aux faits ! Il faut absolument jeter ce criminel dangereux, et fou de surcroît, en prison !

– Calmez-vous, Monsieur Wellington !

– D'ailleurs, Monsieur Bogdan Popović, comment me connaissez-vous ?

– Je détiens cette information de Carl Neely lui-même.

– Il me semble que vous oubliez l'essentiel de votre histoire. Répondez, ou je vous arrête pour complicité avec le plus grand criminel de la ville !

Et John Wellington se lève de sa chaise et pointe un revolver vers la direction de son invité, qui ne sourcille point. Il s'efforce de garder tout son sang-froid malgré que la puanteur de Karl Neely, de Friedrich Neumann et d'Adrian Neely lui agace les narines. Il ne reste qu'au pseudo-mendiant de prier Mihovil. Après quelques minutes de silence, Carl Neely répond, avec son fort accent serbe : – Il est vrai, mon cher Monsieur, que je suis un ancien policier ; il y a quatre ans que je n'exerce plus ce métier. Je me suis reconvertis en plongeur, mais j'ai encore une fois perdu mon emploi en raison de mauvaises langues comme la vôtre.

– Mais pourtant, Carl Neely est porté disparu depuis quatre ans... Expliquez-moi comment vous l'avez rencontré et pourquoi vous vous intéressez à son cas ?

Le pseudo Bogdan Popović, en abandonnant son fort accent serbe, répond : – Je suis celui que vous recherchez, Carl Neely ! Et oui, je me suis rencontré avec moi-même, car je me connais mieux. Et je suis réduis à la mendicité par votre faute.

John rugit : – Quoi ? Vous êtes vraiment très malin, Carl !

Et, de rage, il tire dans sa direction ; l'ancien détective-plongeur l'évite en se cachant sous la table. De là, il renverse John Wellington et parvient à le maîtriser. La femme s'élance sur Carl Neely, un couteau à la main. Il évite le coup fatal, mais est blessé à l'épaule gauche. Il la frappe sans ménagement d'un coup de pied au ventre, la forçant à reculer. John lui mord ses poignets décharnés, faisant en sorte qu'il lâche prise. Carl en se relevant, dit, tout à coup inspiré par le bon esprit qui se trouve à ses côtés : – Monsieur John Wellington, faites attention à votre prochain geste !

– Mais de quoi vous parlez ? Il faut immédiatement appeler la police et on verra bien qui rira le dernier !

Et John se jette sur lui ; sa femme se dirige vers le téléphone, sauf que Neely lui fait un croc-en-jambe, la faisant trébucher près du canapé, ce qui lui est un coup fatal. Une bagarre s'ensuit entre les deux hommes, qui n'ont pas remarqué que la femme a rendu l'âme. Son âme essaie d'aider son mari, sauf qu'elle déguerpit à la vue du bon esprit qui aide Carl Neely. Ce dernier parvient à avoir le dessus sur son ancien supérieur ; le tenant par le collet, il lui dit, d'une voix haletante : – Monsieur Wellington, je vous supplie de vous sortir l'idée de me mettre en prison, surtout quand vous avez vous-même monté le coup. Si vous dites aux policiers que Carl Neely se cache sous le pseudonyme de Bogdan Popović, ils vous croiront fou...

– N'essayez pas de me menacer avec la psychiatrie !

– Si ça vous rassure, moi aussi j'ai été chez un psychiatre. Et je peux vous dire que c'est une expérience angoissante ! Mais, de grâce, pour sauver votre âme, ne me livrez pas à la police, alors que vous saviez que je suis innocent. Si vous le faites, que ce soit à votre honte !

Et il lâche son supérieur ; les deux hommes se lèvent. Carl Neely remarque l'odeur de son défunt père ; il le maudit en pensée. Mais l'esprit errant possède temporairement son ancien supérieur et dit, avec un air de défi : – Pourtant, n'oubliez pas que la police de trois villes sont à vos trousses !

– Je n'ai oublié ce fait, mais je n'ai pas peur des policiers !

Et l'esprit errant sort du corps de John Wellington et, à peine sorti, il est aspiré par le souterrain.

John Wellington, se tournant vers sa femme, dit : – Ma chérie, qu'est-ce que tu attends pour appeler la police ?

Carl Neely, tristement : – Elle n'est plus de ce monde. Je m'en excuse.

– Monstre !

John Wellington sort une autre arme qu'il trouve dans un tiroir d'un meuble et tire sur Carl Neely, le blessant à nouveau à l'épaule gauche. Chancelant sous la douleur, il recule. Son ancien supérieur se dirige à reculons jusqu'au téléphone, en pointant l'arme vers lui. Il compose le numéro d'urgence et leur explique brièvement la situation, à savoir une attaque et des blessés. Les policiers et les ambulanciers arrivent cinq minutes plus tard. Les policiers s'emparent de l'arme de John Wellington. Les deux hommes sont amenés à l'hôpital Mercy, où ils sont soignés de leurs blessures. Au cours de la période de rétablissement, John Wellington révèle la ruse de Carl Neely ; ce dernier continue à se présenter sous le pseudonyme de Bogdan Popović. Lorsque les docteurs questionnent Carl Neely à ce sujet, il demeure silencieux. Ils recommandent alors à John de se faire soigner en psychiatrie. Il jette un regard furieux à ceux-ci et les supplie de le laisser tranquille.


Les deux hommes sortent de l'hôpital après trois semaines. Au début du mois de juin, ils cheminent chacun de son côté ; John Wellington fait courir la rumeur que Carl Neely est un criminel très dangereux qui se présente sous le pseudonyme de Bogdan Popović (il en avertit Wiliam Schultz, qui dépêcha aussitôt les policiers de l'attraper) ; Carl Neely, lui, file au cabinet d'Élie James. Ce dernier, le prenant pour un mendiant, lui propose un forfait à moitié prix. Il lui chuchote : « Monsieur le Professeur Élie James, Carl Neely est de retour ! » puis il court aussi vite que ces membres décharnés le permettent. Il s'arrête dans un parc, où il voit passer la famille Clancy. Il salue Jim et Mélinda. Les enfants manifestent leur joie en allant s'amuser dans le module du parc ; tout en ayant à l'œil leurs enfants, les parents écoutent les propos de Carl Neely, malgré qu'il fasse exprès de parler avec un fort accent serbe en raison des autres passants. Ils comprennent néanmoins qu'il est venu à eux. Ils le saluent respectueusement et lui transmettent leurs meilleurs vœux à lui et à sa famille. Il les bénit. Et Carl Neely-Bogdan Popović quitte le parc, car les policiers commencent à s'agiter. D'ailleurs, l'un d'eux l'intercepte dans la rue. Comme il continue son jeu de rôle, le policier le prend en pitié et le laisse tranquille, en s'excusant de l'avoir dérangé. À la fin de la journée, Carl Neely est à l'extérieur de Grandview et dort à la belle étoile sur son misérable vêtement (ou plutôt des loques), couché à même le sol.

John Wellington, possédé par Karl Neely, décide de retrouver l'ancien détective-plongeur, sauf qu'il n'y parvient pas. Il revient chez lui, furieux. Trois jours plus tard, il se suicide d'une balle sur les tempes avec l'une de ses armes à feu.

Carl Neely, lui, marche vers la ville voisine. Un jour, il ressent encore la présence de son père. Ce dernier lui communique télépathiquement, avec un air arrogant : – Cette fois, tu ne m'échapperras pas !

Carl lui réplique : – C'est ce qu'on verra !

Il se trouve près d'un petit ruisseau. Tout à coup, Karl Neely, Adrian Neely et Friedrich Neumann le pousse ; entraîné par la force que les âmes errantes exercent sur son dos, notre ancien détective-plongeur glisse sur une pierre mouillée et tombe dans le ruisseau. Sa tête heurte violemment une pierre ; le coup est presque fatal. Blessé, il gît inconscient, la face dans l'eau. Son âme est sortie de son corps. Elle flotte au-dessus du corps et le regarde. En une fraction de seconde, elle se trouve dans son appartement ; Lada se réjouit de sa présence. Finalement, l'âme de Carl Neely, en revenant à son corps, voit celle de son défunt père. Avec un sourire ironique aux lèvres, il lui dit : « Fiston, tu serais mieux de quitter définitivement ce monde avec autant de sorties hors de ton corps, il est de plus en plus dangereux d'y revenir, car tu peux ainsi lui occasionné des dommages irrémédiables. »

L'âme de Carl Neely ne répond pas. Elle maudit son père et regagne aussitôt son corps ; elle ne veut pas abandonner Maria et Lada. D'ailleurs, elle comprend que son père le dissuade, car elle aura une intuition plus aiguisée, ce qui le dérangera, lui et ses semblables parmi les vivants.

Carl Neely reprend lentement conscience. Malgré que sa vue soit troublée par la sang qui coule de sa blessure, il s'extirpe du ruisseau. Il se traîne ainsi jusqu'à Grandview, où il crie un appel à l'aide avant de s'écrouler à même le sol, épuisé. Heureusement pour lui, Jim Clancy, qui conduit le véhicule d'ambulance avec Tim Flaherty, avec un blessé à bord, entend son appel et réagit rapidement ; les deux ambulanciers le déposent aussitôt sur une civière et ramènent rapidement les deux blessés à l'hôpital Mercy. Les deux blessés sont soignés par des docteurs. Le diagnostic est : commotion cérébrale. Après deux semaines de repos, ils vérifient son état : heureusement, il s'en sort assez bien. Il est fonctionnel, à l'exception d'une fatigue après un effort prolongé.


Une semaine plus tard, Carl Neely-Bogdan Popović sort de l'hôpital. Il s'achemine vers la ville où habite Maria, Lada, François et Mathieu. Il prie à tous les matins que Dieu et l'Ange Michel les protègent. D'ailleurs, il persiste dans son jeûne. Un jour, alors il se traîne lentement, car il conserve néanmoins une douleur lancinante en raison des nombreuses bagarres qu'il avait connu, il rencontre un passant. À sa vue, Carl Neely comprend intuitivement qu'il agit sous l'influence de son défunt père (ce qui se confirme par sa présence olfactive). Le passant l'insulte et veut le frapper, sauf que notre ancien détective-plongeur évite à temps le coup de poing dans la face. Carl Neely-Bogdan Popović lui réplique de se calmer et de ne pas mal agir envers un pauvre type comme lui. En un mot, qu'il ne cherche pas conflit puisqu'il ne veut point entrer en conflit. Sur ses paroles, il poursuit sa route, mais le passant, agité comme l'est l'esprit errant, le frappe dans le dos, le faisant trébucher. Carl Neely, furieux, se retourne et dit d'un ton sévère : – Monsieur, ne cherchez pas le conflit ; sinon vous le regretterez !

– Il n'est pas convenable qu'un gueux me menace !

Le passant crache sur lui et continue sa route. Carl Neely maudit l'esprit errant et poursuit sa route vers la ville voisine de Grandview. Il continue à sa traîner, en faisant beaucoup de pauses lorsque ses membres fatigués l'exigeaient. Carl Neely prie, comme toujours, le patron des policiers, le matin et le soir, en plus de jeûner, ce qu'il observait strictement. Il poursuit sa route sans incident. La nuit, il comprend dans ses rêves où il doit déménager, sa famille et lui. Content, Carl Neely est motivé à poursuivre sa route. Ces rêves répétés l'encouragent en quelque sorte.



Ce n'est qu'au début du mois de juillet 2013 que Carl Neely déambule dans la ville et se dirige lentement vers l'appartement où vit sa femme, ses beaux-fils (François, 16 ans, Mathieu, 14) et sa fille (qui a 3 ans). Il remarque que les poteaux d'électricité sont déshabillés de leurs affiches. Ce fait le rassure : au moins, il n'est plus recherché. Chemin faisant, il rencontre David Schpigel en civil. L'ancien détective-policier le reconnaît à sa silhouette. Comme il se rapproche de lui, David sort une pancarte sur laquelle il a écrit « Bonjour ! » Carl Neely comprend alors qu'il est devenu muet. Il le salue en retour et continue sa route. Quelques rues plus loin, il voit Bertrand Lavanille. Il fait une tournée, en policier. Il s'approche de Carl Neely, le prenant pour un pauvre mendiant, et dit : « Monsieur, si vous cherchez un emploi, pas de problème ! Il faut mieux être utile pour la société plutôt que d'être itinérant. » Le pseudo-mendiant le salue. En passant près d'un parc, Carl Neely aperçoit Samuel Salomonovitch Petrovitch assis sur un banc avec sa femme qu'il enlace tendrement. Le couple regarde leur fils et leur fille jouer dans le module à jeux. Cette vue lui arrache un doux sourire dans le coin des lèvres. Il bénit la famille et continue sa route. Il passe la nuit sur un banc.

En arrivant sur la rue où se trouve son appartement, le 7 juillet en après-midi, il rencontre, à sa surprise, Harald Young en civil ; le chef policier le regarde avec méfiance et peur et prend les jambes à son cou. Carl Neely sent la présence d'un bon esprit à sa droite ; celui-ci lui communique télépathiquement que Harald Young ne lui peut rien faire : il a perdu son emploi et est proche du divorce. En voulant lui faire des problèmes, il se les a attiré. Étonné, Carl Neely remercie l'esprit de l'avoir informé de la situation. L'esprit, avant de partir, dit : « En ce qui concerne Georg Serber et l'infirmière de l'hôpital psychiatrique, ces deux-là ont connu une fin tragique, sauf qu'il ne faut pas les plaindre ; ils ont eu ce qu'ils ont mérité. » Et l'esprit disparaît. Carl Neely frappe timidement à la porte de l'appartement. Maria regarde par le judas. Elle regarde attentivement l'intrus avant d'entr'ouvrir la porte. Reconnaissant l'habit de son mari avant de partir (bien qu'il soit un labeau, d'où son doute quand à l'identité du visiteur), elle lui demande : – Qui êtes-vous et qui cherchez-vous ?

Lui, avec son fort accent serbe, répond : – Je suis Bogdan Popović, un ancien policier et ancien plongeur qui a perdu ces deux emplois. Je cherche Madame Maria Neely, pour lui apporter des nouvelles concernant son mari, Monsieur Carl Neely.

Le sourire aux lèvres (elle pense que c'est peut-être son époux qui est de retour), elle lui ouvre la porte et l'invite au salon. Une fois rendus, Maria désigne une place à son invité et lui demande s'il veut un verre d'eau. Il répond d'un signe de tête affirmatif. Elle revient rapidement avec deux verres remplis d'eau. Maria remarque tout de suite la bague avec le chaton de l'aigle bicéphale serbe. Elle regarde alors furtivement l'annulaire de la main gauche et reconnaît son alliance. Elle pense : « Mon Carl, es-ce toi ? Dieu soit loué ! »

Elle lui demande timidement : – Quelles nouvelles avez-vous à me dire ? Est-ce que mon mari est encore vivant ?

– Votre mari est, Dieu merci, vivant. Ma chère Maria, ne me reconnais-tu pas ?

Elle soupire, puis dit : – Pour me convaincre que tu es vraiment mon mari, je te poses une question : comment a été notre première rencontre ?

Et Carl Neely, abandonnant son fort accent serbe, répond dans le moindre détail leur première rencontre. Une fois reconnu par sa femme, cette dernière s'assied à la droite de son mari et l'embrasse tendrement. Il lui rend son bisou. Carl Neely file dans leur chambre puis dans la salle de bain, où il se douche et change de vêtements plus convenables. Ensuite, il se repose et s'allonge sur le canapé. Nul besoin d'insister sur l'étonnement de Maria quant à son changement physique. Carl lui raconte en résumé son odyssée. Bien sûr, Lada joue innocemment avec ses peluches dans sa chambre, dont la porte est ouverte : ainsi, ses parents jettent un coup d'œil discret à ses jeux.

Lorsque François et Mathieu sont revenus de leurs cours au collège, Maria leur communique la bonne nouvelle. Inutile de dire leur joie. Lada aussi saute au cou de son père ; cette joie enfantine le fait pleurer de joie.

Lorsque Lada dort, Carl résume à Maria, François et Mathieu ses mésaventures. François et Maria lui racontent ensuite ce qui est arrivé entre-temps dans leur ville au cours de son absence : la fouille et la brutalité policière dont ils ont été témoins, leur solitude et isolement. Au moins, il n'est plus recherché depuis le début du mois de juillet, car les policiers font courir la rumeur de sa mort ; par ailleurs, le policier qui les a brutalisé (David Schpigel) est devenu tout à coup muet il y a deux mois, tandis que le professeur Georg Serber est mort le 6 juin, écorché vif par trois patients; de même pour plusieurs docteurs et infirmières de l'hôpital psychiatrique. Ensuite, Carl Neely leur explique aussi son projet de déménagement. Selon ses derniers rêves en date, l'ancien détective-plongeur comprend qu'il doit déménager au Canada, car de grands malheurs attend cette ville, tout comme Grandview.

« D'ailleurs », ajoute-t-il, « je ne peux pas poursuivre mon jeu de rôle indéfiniment. Je ne veux pas que mes collègues se moquent de moi et font courir toutes sortes de rumeurs sur mon compte. » Sa femme et les deux jeunes hommes opinent du chef.

Le soir, le couple dort dans leur lit ; enfin une nuit tranquille aux côtés de Maria.


Le lendemain matin, Carl Neely cherche sur l'ordinateur de bureau sur un site de maisons à vendre au Canada. Après plusieurs heures de recherches, guidé par un bon esprit, il trouve une maison unifamiliale à Edmonton. En poursuivant ses recherches au cours de la semaine, il y trouve aussi de nombreuses offres d'emploi de plongeur et d'aide cuisinier. Content des résultats, il annonce sa décision, après avoir consulter Maria, à François, à Mathieu et à Lada : à la mi-septembre, ils déménageront à Edmonton. Entre-temps, il doit régler les papiers d'immigration et essayer de convaincre Jim Clancy et Mélinda, mais aussi Élie James, de quitter Grandview. Ses amis, contents d'avoir des nouvelles de lui, l'écoutent avec attention. Il lui répondent qu'ils quitteront la ville dès que possible. Le psychiatre, lui, déménage en Alberta avec sa femme (Sophia) et son fils (Daniel, alors âgé d'un an) en août 2013. Jim et Mélinda décident de déménager que plusieurs années plus tard, en novembre 2027. Ils partent avec leurs enfants, bien qu'ils soient des jeunes adultes. La famille déménage dans une banlieue de Montview. Entre-temps, ils règlent le cas de Richard Payne, de Jean Lefrançois et d'autres esprits errants.


Carl Neely et sa famille, une fois rendus à Edmonton, il cherche un emploi ; il est presque aussitôt embauché comme aide cuisinier dans un restaurant du quartier.

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