De feu et de braise (Diluc x Varesa)
Je n'arrivais pas à dormir.
Varesa était là, juste à quelques centimètres de moi, son épaule effleurant parfois la mienne. Sa respiration était légèrement agitée, presque saccadée, comme si elle était en train de rêver. Ses doigts bougeaient par moments, effleurant mon bras, ma hanche, parfois mon flanc. De simples contacts, involontaires. Mais chacun d’eux envoyait une décharge dans tout mon corps. Mon souffle se bloquait, mes muscles se tendaient. J’étais piégé dans une prison de chaleur et de désir, le regard perdu dans l’obscurité de la tente, incapable de trouver le sommeil.
Puis elle s’est agitée davantage. Un murmure. Un frémissement. Un souffle plus long. Mon cœur a raté un battement. Elle venait de glisser sa jambe contre la mienne. Et j’aurais pu jurer qu’elle avait gémi, très faiblement. Je suis resté figé, retenant ma propre respiration, espérant que ce n’était qu’un hasard. Mais alors qu’elle remuait encore, j’ai senti sa main glisser un instant sur mon ventre avant qu’elle ne se retourne brusquement.
Elle rêvait. Et je pouvais deviner, rien qu’à son expression tendue, à la manière dont ses lèvres remuaient légèrement, ce genre de rêve qu’elle faisait. Mon nom a failli franchir les siennes. Mon cœur s’est emballé, battant avec une violence sourde dans ma poitrine. Ce n’était plus seulement de l’attirance, c’était une tension brutale, primale, qui me rendait incapable de penser correctement. Et pourtant, je ne bougeais pas. Je ne pouvais pas. La peur de rompre l’instant. La peur de comprendre ce que je ressentais réellement.
Je me suis redressé légèrement, incapable de lutter contre cette tension qui me consumait. Chaque fibre de mon être vibrait d’un désir contenu, douloureux. J’avais envie de la prendre dans mes bras, de l’embrasser, de sentir encore une fois cette chaleur contre moi. Mais je n’étais pas un homme qui cédait facilement à ses instincts. Je me battais contre eux. Même si, cette nuit-là, la bataille était presque perdue.
Puis elle s’est levée brusquement et a quitté la tente. Je n’ai pas bougé. Mais mes sens étaient en alerte.
Quelques instants plus tard, j’ai entendu une voix. Kaeya. Douce. Contrôlée. Un peu trop. J’ai tendu l’oreille.
"Tu tiens à lui."
J’ai reconnu ce ton, familier et pourtant chargé d’une tension nouvelle. Ce n’était pas une simple remarque — c’était un test, une provocation voilée. Il y avait une note acide, presque imperceptible, dans sa voix. Une pointe de jalousie, subtile mais bien réelle. Et elle me heurta de plein fouet.
Il avait compris. Perçu ce qui changeait entre Varesa et moi. Ou plutôt, ce qui était en train de naître, lentement, profondément. Et au lieu d’en parler, il choisissait de piquer, de glisser ses doutes entre les lignes, d’influencer l’histoire avant même qu’elle s’écrive. Pourquoi ?
Je l’avais toujours vu comme un frère. Mais à cet instant, j’ai senti la distance. Une brèche dans cette confiance vieille de tant d’années. Était-ce de l’inquiétude ? Une volonté de me protéger ? Ou bien... un conflit intérieur qu’il n’osait pas nommer ?
Je me suis senti pris en étau. Entre les battements précipités de mon cœur, l’écho des mots de Kaeya et le silence lourd de la nuit, j’ai compris que rien ne serait plus simple désormais. Que mes sentiments pour Varesa, encore incertains, se retrouvaient déjà scrutés, jugés. Et que Kaeya, malgré son sourire constant, dissimulait quelque chose que je n’étais pas encore prêt à affronter.
Lorsque Varesa est revenue, elle croyait que je dormais. Elle s’est glissée contre moi avec une lenteur fuyante, presque honteuse. J’ai gardé les yeux fermés. Le temps de maîtriser mon souffle. Le temps d’apaiser les tremblements dans mes mains. Mais aussi pour me convaincre de ne pas la toucher. Pas encore. Pas tant que je n’étais pas sûr. Pas tant que je n’avais pas lu dans ses yeux ce feu-là, celui que je sentais brûler en moi depuis des heures.
Puis, lentement, j’ai tourné la tête vers elle.
Sa joue était tout près. Elle sentait la chaleur, l’air frais, et quelque chose de plus doux encore. Une odeur de fruit. Peut-être ses cheveux. Peut-être sa peau. Je ne savais pas. Mais elle était là. Réelle. Fragile. Et si près.
Je ne pouvais plus attendre.
Je me suis rapproché. Lentement. En silence. Ma main s’est glissée dans le bas de son dos. Elle a tressailli, mais n’a pas reculé. Mon autre main a trouvé sa nuque, douce et tendue. Elle a levé les yeux vers moi, écarquillés de surprise, d’incompréhension. Et de désir. Mon souffle se mêla au sien. Je la sentais hésiter, mais elle ne fuyait pas. Elle restait là, à portée, vulnérable, ouverte, belle à m’en faire perdre la tête.
Je me suis penché. Mes lèvres se sont arrêtées à quelques millimètres des siennes. Mon cœur battait la chamade, ma poitrine se soulevait à chaque respiration contenue. Je sentais la chaleur de son corps contre le mien, ses courbes douces, la tension dans ses muscles à peine relâchés sous mes mains.
Et dans un souffle, j’ai murmuré :
— Varesa... Tu es sûre que c’est ce que tu veux ?
Elle hocha à peine la tête. Ce fut suffisant.
Je l’ai embrassée.
Et le monde s’est arrêté.
Son souffle s’est suspendu, son corps s’est figé sous mes mains, puis a fondu contre moi comme si elle avait attendu cet instant toute sa vie. Mes doigts se sont ancrés dans sa nuque tandis que mes lèvres prenaient le temps d’apprendre les siennes. Doucement, lentement, guidant chaque frisson, chaque soupir. Elle tremblait légèrement. Pas de peur. De découverte. D’émotion pure.
Je l’ai sentie répondre à mon baiser avec une maladresse charmante, hésitante, précieuse. Alors je l’ai guidée, l’ai rassurée sans un mot, par la chaleur de mes gestes, la tendresse de ma bouche, la pression de mes mains qui restaient là, juste assez fermes pour dire "je suis là", sans jamais brusquer.
Ma main libre a glissé sur sa hanche, découvrant le chemin de ses formes que je connaissais si peu, mais que j’avais tant de fois imaginées. Je sentais son cœur battre contre ma poitrine. Une cadence identique à la mienne. Fiévreuse. Synchronisée. Elle était belle. Elle était là. Et tout ce que j’avais tenté d’ignorer me rattrapait.
Elle tremblait légèrement, pas de peur, mais d’émotion. J’effleurai sa joue, ses tempes, et mes lèvres descendirent dans son cou. Elle soupira doucement, un son à peine audible, mais qui résonna en moi comme un appel.
Je la sentis frissonner sous mes caresses. Son souffle devint plus rapide, son corps plus réactif. Chaque mouvement, chaque frémissement éveillait en moi un désir profond, ancien, contenu depuis trop longtemps. Mais je voulais plus que ça. Je voulais qu’elle sache qu’elle comptait. Qu’elle était désirée, aimée peut-être, même si le mot me faisait peur.
Alors je restai là, à la serrer contre moi, à faire danser mes lèvres contre les siennes, à lui montrer sans un mot qu’elle pouvait tout découvrir à son rythme, qu’elle n’avait pas à avoir peur.
Je n’ai rien précipité. Je l’ai laissée respirer, hésiter, avancer à son rythme. Mais lorsqu’elle a tendu le cou, offerte, curieuse, timide... j’ai compris qu’elle me disait "oui".
Et quand nos regards se croisèrent dans la pénombre, il n’y eut plus de doutes. Ni pour elle. Ni pour moi.
C’était le début d’autre chose. Quelque chose d’inéluctable.
Je la regardai, haletant contre ses lèvres, incapable de reculer désormais. Mes mains, comme animées par une volonté plus profonde que la mienne, glissèrent le long de son flanc, lentes, rassurantes. Je pris soin de lui laisser chaque instant pour reculer, chaque souffle pour dire non.
Mais elle ne bougea pas. Elle me fixait, les joues rouges, les yeux brillants d’émotions confuses. Du désir, oui. Mais aussi quelque chose d’autre… De l’innocence, peut-être. De l’inconnu. C’est à ce moment-là que je compris : c’était la première fois. Elle ne savait pas. Elle ressentait, elle voulait, mais elle ne connaissait pas encore le chemin.
Alors j’adoucis tout. Ma voix, mes gestes. Je me fis guide.
— Tu me dis si je vais trop vite… à tout moment, d’accord ? dis-je, bas, contre son front.
Elle hocha à peine la tête, ses doigts serrés sur mon poignet. Puis, d’une voix incertaine, presque enfantine dans sa franchise :
— Est-ce que je suis censée... faire quelque chose ? Parce que je ne sais pas. J’ai l’impression d’être une mangue tombée trop tôt de l’arbre.
Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire, attendri. Elle était adorable. Vraie. Fragile et comique à la fois. Et cela ne faisait que m’attendrir davantage.
— Tu es parfaite, soufflai-je. Tu n’as rien à faire d’autre que d’être toi.
Elle rougit, glissa ses mains maladroites sur mon torse, l’une d’elles atterrissant sans grande précision sur mon épaule puis... mon oreille.
— Oh. Pardon. Je... Je visais ton bras.
Je ris doucement, mon front contre le sien.
— Je t’assure que c’était très efficace.
Je l’embrassai de nouveau, plus lentement cette fois, et mes mains remontèrent jusqu’au lien de sa tenue. Chaque geste était une caresse. Alors, tout doucement mes doigts effleurèrent les siens pour l’aider à retirer ses propres vêtements, elle rougit de la racine des cheveux à la pointe des cornes. J’ai défait les attaches de son haut, mes gestes précis, mes yeux plongés dans les siens. Je lui ai laissé le temps, chaque seconde, chaque geste, accompagné d’un regard, d’une caresse, d’un souffle. Elle frémissait sous mes doigts, et j’apprenais à connaître cette peau, ce corps, ces courbes généreuses qu’elle semblait à peine accepter elle-même, mais que je trouvais infiniment belles.
— Ne me regarde pas comme ça... Je ne suis pas sûre d’être très... spectaculaire.
Ses bras glissèrent hors du tissu, tremblants, mais elle resta face à moi. Je retirai mon propre haut, avec la même lenteur. Je voulais qu’elle voie, qu’elle comprenne que je ne me cachais pas. Qu’elle sente que je l’acceptais dans toute son entièreté, et qu’elle n’avait pas à avoir peur. Qu’elle sache qu’il n’y avait rien à craindre. Nos peaux se frôlèrent pour la première fois, une chaleur fulgurante se déversant en moi. Mes mains vinrent encadrer son visage, puis je l’attirai contre moi.
— Tu es très belle Varesa, murmurai-je, sans trop réfléchir. Même si ce mot ne suffisait pas.
Elle souffla, embarrassée, mais son rire tremblait d’excitation. Ses maladresses rendaient la scène encore plus touchante. Plus précieuse.
Je la guidai pour s’allonger contre les couvertures, mon corps la surplombant, mais sans la presser. Une de mes mains glissa dans ses cheveux, l’autre dans le creux de ses reins, la maintenant contre moi sans l’écraser. J’embrassai sa gorge, ses épaules, chaque parcelle que je découvrais avec une lente révérence.
Et lorsqu’elle tendit les bras vers moi, Elle essaya de défaire un bouton de mon pantalon mais tira du mauvais côté, m’arrachant un frisson involontaire.
— C’est... euh... compliqué, ces vêtements de nobles, souffla-t-elle avec une moue boudeuse
Je souris contre sa tempe.
— On découvre ensemble, d’accord ?
Je la regardai, nue sous moi, les yeux mi-clos, tremblante. Son corps avait ses rondeurs, ses douceurs, ses lignes qui m’envoûtaient totalement. Elle n’avait rien à voir avec mes anciennes amantes, toutes trop parfaites, trop conscientes de l’effet qu’elles produisaient. Varesa, elle, était vraie. Incandescente. Sublime sans le savoir. Et c’était cela qui m’embrasait.
— Détends-toi, soufflai-je contre sa joue.
Je descendis lentement, laissant mes lèvres tracer un sillage brûlant sur sa peau frissonnante. À mesure que j’atteignais sa poitrine, je sentis son souffle se couper, ses mains se crisper un instant contre mes épaules. Elle gémit doucement, un son étouffé, surpris, presque effrayé par l’intensité de ce qu’elle découvrait. Son corps vibrait sous mes baisers, réactif, offert et troublé tout à la fois. Je pouvais sentir la tension qui parcourait ses muscles, la chaleur diffuse qui émanait de chaque parcelle de sa peau. Elle ne comprenait pas encore tout ce qu’elle ressentait — mais elle se laissait porter, guidée. Mes mains restaient là, à l’encadrer, la maintenant avec une douceur ferme, comme une ancre pour ne pas qu’elle se perde dans cette mer inconnue d’émotions nouvelles.
Je remontai lentement, savourant chaque seconde, chaque frôlement de peau, chaque soupir retenu. Nos corps se retrouvèrent, peau contre peau, chaleur contre chaleur, dans une harmonie nouvelle, vibrante. Son ventre contre le mien, ses mains agrippant timidement mes épaules, ses yeux brillants levés vers les miens. Elle se cambra à peine, incertaine, tendue mais prête, cherchant dans mon regard la moindre hésitation, le moindre doute. Il n’y en avait pas. Seulement de l’attention. Une dévotion patiente.
Je la regardai avec une douceur absolue, l'une de mes mains venant effleurer sa joue, l’autre glissant lentement sur sa hanche pour l’envelopper avec soin. Mon front contre le sien, je murmurai d’une voix rauque, tout en retenue :
— Je vais y aller doucement… Tu es prête ?
Elle ne répondit pas tout de suite. Ses lèvres remuèrent, puis se refermèrent. Son souffle s’accéléra. Je sentis ses doigts se crisper légèrement sur ma nuque. Elle hocha finalement la tête, dans un souffle à peine audible. Une vibration fragile, mais résolue.
— Oui…
Alors je fis ce que mon corps réclamait depuis des jours, mais avec tout l’amour et le respect que je pouvais contenir.
Chaque mouvement était lent, mesuré, attentif. Je guettais chaque frémissement, chaque soupir, chaque hésitation dans ses yeux ou le long de sa peau tendue. Elle s’agrippait à moi parfois avec maladresse, ne sachant trop où poser ses mains — une fois dans mes cheveux, une autre fois presque dans mon oreille — et cela me tirait des sourires silencieux. Elle rougissait à chaque nouveau frisson qu’elle ne comprenait pas encore totalement, et dans ses yeux brillait un mélange de désir, d’inquiétude et de curiosité intense. Il y avait quelque chose de bouleversant dans son trouble, dans cette sincérité gauche, touchante, presque enfantine. J’aurais pu l’embrasser cent fois rien que pour la rassurer, pour apaiser ce feu doux qui la consumait de l’intérieur.
Je guidais doucement ses mouvements, glissant mes mains là où elle semblait perdue, la rassurant d’un regard ou d’un baiser tendre sur l’épaule, la tempe, le front. À un moment, elle tenta un geste audacieux, maladroit, qui me fit tressaillir — ses doigts s’attardant au mauvais endroit, trop vite, trop curieux — et je dus poser ma main sur la sienne pour lui montrer, sans un mot, comment ralentir, comment écouter. Elle s'arrêta net, se raidit et murmura une excuse confuse, un petit « oh, pardon » qui me serra le cœur d’émotion. Son regard fuyait le mien, ses joues rouges, ses lèvres entrouvertes, comme si elle avait peur de m’avoir blessé, ou pire, déçu.
J’eus un sourire doux et apaisant, puis l’embrassai longuement, lentement, avec cette profondeur qu’elle seule éveillait en moi. Une tendresse immense m’envahit. Ses maladresses, loin de briser la magie de l’instant, la rendaient plus précieuse encore. Elle était touchante, désarmante dans son innocence. Et c’était justement cela, cette candeur mêlée à un désir sincère, qui éveillait en moi un trouble encore plus profond. C’était mignon, oui. Mais c’était aussi terriblement excitant. Chaque hésitation de sa part était comme une étincelle de plus dans ce brasier que je peinais à contenir.
Et puis il y avait son corps, ses formes pleines et douces, si différentes de celles de mes amantes d’antan — toujours fines, sculptées, sûres d’elles. Rien n’aurait dû me troubler autant, et pourtant, c’était justement ce contraste, cette vérité, cette chair vivante offerte avec pudeur, qui me consumait. Ses rondeurs sous mes mains étaient un terrain inconnu, un monde nouveau, et plus je les découvrais, plus j’étais pris d’un désir profond, presque viscéral. Elle ne savait pas à quel point cette maladresse, ce manque de confiance, la rendait belle. Irrésistible. J’aurais voulu lui dire que tout en elle me bouleversait, me chavirait. Que je ne voulais rien d’autre que la voir sourire, soupirer, s’épanouir entre mes bras. Et plus elle hésitait, plus j’avais envie de la guider, de la rassurer… et de la désirer, encore.
Peu à peu, je la sentis s’abandonner, accepter cette marée douce qui montait en elle sans défense. Mais je percevais encore ses hésitations, ses gestes parfois gauches — ses doigts qui glissaient là où elle n'était pas sûre, sa bouche qui s'arrêtait à mi-chemin comme si elle se demandait ce qu'elle devait faire. Parfois elle me fixait avec un mélange de panique tendre et de désir pur, comme si elle n'était pas certaine d’avoir le droit de ressentir autant. Elle eut même un petit rire nerveux en réalisant qu’elle s'était emmêlée dans notre couverture, tentant de se redresser alors que je la retenais d’un bras calme et rassurant. Ce rire-là, tremblant et gêné, me désarma, autant qu’il me fit sourire. Elle s’excusa, les joues rouges, et je la vis baisser les yeux, confuse — une fragilité si touchante qu’elle me serra le cœur.
Et pourtant, dans tout cela, elle était sublime. Car elle vivait. Elle apprenait. Elle se donnait sans filtre, avec toute l’intensité d’une âme qui découvre le monde par la peau. Et chaque maladresse, chaque doute, chaque soupir qui s’échappait d’elle me paraissait plus vrai, plus brûlant que tous les gestes sûrs de mes amantes passées. Elles étaient confiantes, précises, sculptées dans une sensualité presque théâtrale. Mais Varesa… elle était chaos et candeur. Ses formes rondes, ses gestes hésitants, sa manière d’explorer en s’excusant… tout cela m’émouvait profondément. Rien n’était feint. Rien n’était calculé. Elle n’avait ni artifice ni stratégie. Elle donnait, simplement, ce qu’elle comprenait à peine — et c’était infiniment plus beau, plus puissant que tout ce que j’avais connu auparavant.
Je me laissai emporter avec elle, dans cette danse lente, profonde, intime, en retenant mes propres élans, en contenant mes propres désirs pour mieux la guider. Mon souffle se mêlait au sien, mon regard scrutait le moindre de ses frissons, captant chaque tremblement, chaque hésitation qui trahissait son trouble. Ses gestes restaient gauches, tendres, ses doigts s’égaraient parfois, et cela m’émouvait autant que cela m’embrasait. Il y avait tant de douceur dans ses maladresses, tant de vérité dans la façon dont elle osait me découvrir.
Je la sentais s’ouvrir peu à peu, me laisser entrer dans ce monde encore inconnu pour elle, et cette confiance m’ébranlait plus profondément que je n’aurais cru. À chaque fois que ses mouvements hésitaient, à chaque souffle qu’elle retenait, je ralentissais pour la rassurer, l’envelopper d’une chaleur patiente. Et dans ces instants-là, je découvrais aussi quelque chose de nouveau en moi : une forme de tendresse brûlante, mêlée à un désir si intense qu’il en devenait presque douloureux.
Chaque seconde me liait davantage à elle, comme si ce moment-là redessinait ma vie entière. Il n’y avait plus de passé, plus d’avant. Juste cette découverte, ce lien nu, fragile et puissant, qui naissait entre nous dans la chaleur de la nuit — un lien où même les maladresses devenaient poésie, et où son trouble m’apparaissait comme la chose la plus belle que j’aie jamais vue.
Lorsqu’elle gémit doucement, enfouie dans mes bras, son corps vibrant contre le mien, une onde brûlante me traversa, irrépressible, presque douloureuse tant elle était forte. C’était comme si tout ce que j’avais contenu jusqu’alors se relâchait d’un seul coup, dans une poussée fluide, douce, marquée par un feu ancien et par cette tendresse nouvelle que je ne comprenais pas encore tout à fait. Mon souffle se suspendit, ma gorge se serra, mes mains se refermèrent doucement sur elle comme pour mieux ancrer ce moment dans le réel. Ce n’était pas l’explosion brutale que j’avais connue autrefois, non. C’était un relâchement profond, intime, silencieux, presque sacré.
Mais je ne voulais pas qu’elle reste là, immobile, dans l’ombre de l’expérience, figée entre trouble et doute. Alors, avec une lenteur infinie, je recommençai. Mes gestes furent encore plus doux, encore plus précis. Je glissai mes lèvres le long de sa clavicule, murmurant des mots bas, des mots simples, pour la rassurer. Mes doigts effleuraient sa peau comme on effleure une page encore vierge. Elle était si belle, offerte, hésitante. Je voulais que ce moment soit à elle. Qu’elle découvre à son tour cette extase que je venais d’éprouver, mais d’une manière qui lui soit propre, unique, libre. Alors je me fis patient. Guide silencieux. Présence attentive.
J’embrassai sa poitrine, son ventre, son cou, tandis que ma main glissait avec une attention nouvelle pour éveiller en elle cette onde que je voulais lui offrir. J’attendais, patient, attentif à chaque frisson, chaque soupir, chaque crispation douce de son bassin. Elle semblait hésiter, surprise par les sensations nouvelles qui affluaient, comme si elle se demandait si ce qu’elle ressentait était normal, permis. Elle agrippait parfois mes bras comme un naufragé s’accroche à un rivage, et ses regards, écarquillés d’émerveillement, trahissaient une tempête intérieure dont elle ignorait encore les codes.
Mais c’est précisément ce désarroi qui me bouleversait. Il rendait chaque réaction d’elle plus précieuse, chaque frisson plus sincère. Je murmurais des mots d’encouragement à son oreille, la guidant à chaque étape, la rassurant d’un baiser sur le front quand elle semblait trop troublée. Elle balbutiait parfois un mot, un petit rire nerveux, une question chuchotée, que je cueillais avec tendresse, comme on recueille les confidences d’un cœur qui s’ouvre pour la première fois.
Et puis, petit à petit, ses gestes changèrent. Toujours hésitants, mais plus confiants. Ses soupirs devinrent plus profonds, plus libres. Je sentais ses jambes se tendre, son bassin se cambrer, ses mains courir sur ma peau sans chercher à comprendre, seulement à sentir. Elle m’offrait tout, sans défense, et c’était un honneur de la guider dans cette traversée.
C’était plus qu’un acte.
C’était une communion.
Une fusion d’âmes.
Et lorsqu’elle s’abandonna totalement dans mes bras, le visage niché contre mon cou, je la gardai contre moi, la berçant presque, enveloppé dans le silence vibrant de la nuit, conscient d’avoir partagé quelque chose de rare, d’irréversible, et infiniment beau. Et j’eus la certitude que plus rien, désormais, ne serait comme avant.