De feu et de braise (Diluc x Varesa)

Chapitre 16 : Diluc

1400 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a 24 jours

Le sable crissait sous nos pas, soulevé en tourbillons par les bourrasques chaudes du désert. Après avoir laissé Toyac derrière nous, Kaeya, Varesa et moi avions marché pendant des heures, puis plané au-dessus de quelques canyons arides avant de retomber sur une vaste étendue rocailleuse. Il n’y avait rien à perte de vue si ce n’est quelques arbres tordus par le vent, des rochers érodés, et la ligne tremblante de l’horizon. Pas une seule habitation. Pas un feu de camp abandonné. Rien.


Nous allions devoir bivouaquer.


Kaeya s’était arrêté sur une dune, les bras croisés, un petit sourire satisfait sur les lèvres. Il déplia tranquillement sa sacoche et en tira une minuscule tente pliée avec une fierté non dissimulée.


— Une seule tente ? ai-je soufflé, méfiant.

— Légèreté et efficacité, mon cher frère. Je croyais que tu aimais les solutions pratiques.


J’ai retenu un soupir, dissimulant tant bien que mal l’agacement mêlé à une tension électrique qui ne voulait pas me quitter. L’idée de passer une nuit entière si proche de Varesa, allongé juste à côté d’elle, était un supplice doux-amer. Mon esprit raisonnable criait à la prudence, à la maîtrise, à la distance. Mais mon corps, lui, vibrait déjà à l’idée de ce contact prolongé, de cette chaleur partagée sous une tente étroite. Il n’y avait pas à discuter. Le destin — ou Kaeya — avait tranché pour nous.


Le soleil baissait déjà. Nous avons installé le camp. Varesa et moi avons rassemblé quelques branches sèches à l’abri d’une paroi rocheuse, pendant que Kaeya tentait en vain d’allumer un feu avec son œil divin Cryo — une tentative assez prévisible, mais étrangement satisfaisante à regarder. Après quelques sarcasmes de sa part, c’est moi qui ai pris le relais, concentrant une fine étincelle de pyro sur l’amadou. Les flammes jaillirent aussitôt, crépitant dans l’air sec.


Je gardais un œil sur elle. Varesa transpirait à grosses gouttes, mais elle souriait, visiblement contente d’être utile. Ses joues rougies par la chaleur, une mèche collée à sa tempe, et son pas sautillant la rendaient presque... étourdissante.


Je me suis forcé à fixer le feu. Pas elle. Surtout pas.


Le repas fut sommaire : quelques fruits secs, de la viande séchée, des galettes à peine réhydratées dans une gourde d’eau tiède. Mais cela n’empêcha pas Varesa de se jeter dessus avec l’enthousiasme d’un voyageur affamé, engloutissant trois galettes en moins de deux minutes, dévorant les fruits par poignées, et se régalant de la viande avec un sourire satisfait aux lèvres. Je la regardais du coin de l’œil, mi-amusé, mi-médusé. Kaeya, lui, la fixait comme s’il découvrait une créature fantastique en train d’exécuter un rituel mystérieux.


— Elle a un estomac de Koholasaure, souffla-t-il, mi-fasciné, mi-désabusé.

— Et un appétit sans fond, ai-je ajouté à mi-voix, esquissant un sourire.


Mais le feu réchauffait l’air, la lumière dansait sur la peau de Varesa, et Kaeya s’était lancé dans des histoires rocambolesques sur des dragons des sables écailleux qui préféraient les ragoûts aux voyageurs. Varesa riait, la bouche pleine, essuyant parfois ses doigts sur le bas de sa robe de voyage sans la moindre gêne. Et moi... j’écoutais à peine. Mon esprit était ailleurs. Ou plutôt, juste à côté de moi.


Elle s’était installée à ma droite, si proche que nos épaules se frôlaient à chaque mouvement. Et chaque frôlement était un déclencheur. Ma peau s’échauffait au moindre contact, ma respiration se déréglait, mon cœur cognait dans ma poitrine. Elle ne disait rien. Ne faisait rien de particulier. Mais à chaque fois qu’elle riait, elle semblait, volontairement ou non, maintenir un léger contact avec moi — un effleurement du bras, une pression fugace du genou, un frisson de tissu contre ma peau. Tout en elle m'appelait. Ses courbes généreuses, que je n’aurais sans doute pas remarquées auparavant, exerçaient une attraction hypnotique. Elles étaient loin des canons de beauté habituels auxquels j’aurais pu succomber, et pourtant... il n’y avait rien de plus désirable à cet instant. Ce n’était pas un simple attrait physique. C’était un magnétisme brut, profond, qui se jouait de mes certitudes.


Et Kaeya, lui, observait.


Je le connaissais assez pour sentir qu’il avait compris. Il ne disait rien de frontal, bien sûr. Juste quelques allusions lâchées là et là :


— Dis-moi, Varesa, c’est une stratégie de charme naturelle ou tu l’as apprise au verger ?


Ou encore :


— Diluc, t’es drôlement silencieux ce soir. T’as de la fièvre ? Ou c’est elle qui te fait cet effet ?


Il souriait, bien sûr. Mais ses yeux étaient plus froids que d’ordinaire. Plus sombres.


Je ne pouvais ignorer sa jalousie larvée. Il n’avait jamais aimé me voir me rapprocher de quelqu’un. Il jouait la carte du grand frère désinvolte, mais je percevais l’ombre d’un agacement à chaque fois que Varesa riait un peu trop près de moi. Et moi, chaque éclat de rire d’elle, chaque geste esquissé, chaque battement de cils était une brûlure de plus sur une peau déjà à vif.


La nuit tomba complètement. Le silence du désert était épais, brisé seulement par le crépitement du feu et les bruissements du vent.


Nous nous sommes glissés dans la tente. Une seule couverture. Trois couchages serrés. Kaeya s’est installé sur un côté, moi au centre, et Varesa sur l’autre bord, à côté de moi. Son bras frôlait le mien, sa hanche effleurait la mienne, et chaque contact, aussi ténu soit-il, envoyait une décharge chaude sous ma peau. Je sentais la tension de son corps, la façon dont elle respirait un peu plus vite, ou dont ses orteils venaient chercher les miens par inadvertance. À chaque rire, elle laissait son épaule effleurer la mienne un peu plus longtemps que nécessaire. Et moi, pris en étau entre elle et Kaeya, je serrais les dents. Car je savais déjà que dormir allait être impossible ce soir.


Je la sentais contre moi. Sa chaleur. Sa respiration. Ses cheveux dégageaient une odeur sucrée, fruitée, qui m'obsédait. Elle ne bougeait pas, mais je la sentais en tension. Tout comme moi. Mon bras effleurait le sien, nos hanches se touchaient presque. Et je luttais contre moi-même pour ne pas me tourner vers elle. Pour ne pas céder à l’envie de la serrer contre moi. De sentir ses formes contre mon torse, de goûter sa peau... Mon corps entier était tendu, chaque nerf vibrant sous l'effort de retenue. Mon souffle se calait sur le sien, plus lentement, plus profondément, pour ne pas trahir le tumulte en moi.


Chaque fois qu’elle bougeait légèrement, sa cuisse glissait un peu plus près, un frémissement inconscient qui m’électrisait. Elle riait doucement à une remarque de Kaeya, et dans ce rire-là, je sentais son bras effleurer le mien avec une intention presque imperceptible. Comme si elle testait. Comme si elle cherchait, elle aussi, ce point d’équilibre fragile entre le contact et la retenue.


Kaeya soupira longuement.


— J’espère que personne ne ronfle, sinon je dors dehors.


Il plaisantait. Mais je savais que ce n’était pas seulement ça. Il savait très bien ce qu’il interposait entre nous. Lui, le rempart, le témoin. Il avait toujours été doué pour détourner l’attention, pour empêcher ce qui aurait pu naître.


Mais pas cette fois.


Je fermai les yeux. Le souffle de Varesa dans mon cou, le frôlement de son genou contre le mien, le martèlement muet de mon désir... Je ne pouvais pas l’ignorer.


Demain, nous reprendrons la route. Demain, nous serons plus proches encore de Mondstadt. De Donna. De cette réalité que je ne pouvais plus fuir.


Mais ce soir...


Ce soir, je ne pensais qu'à elle.


Et à ce baiser inachevé qui brûlait encore contre mes lèvres.

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