De feu et de braise (Diluc x Varesa)

Chapitre 14 : Diluc

1294 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a 24 jours

Le bruit des vagues aurait pu me calmer. Le sel, le vent, la chaleur de la fin de journée. Tout était réuni pour apaiser. Mais rien. Rien ne parvenait à dissiper cette frustration qui me tenait le ventre depuis l’interruption.


Son regard, ses lèvres si proches, sa voix tremblante mais volontaire... Je la revois encore me demander si je pouvais lui montrer. Montrer ce que ressent un baiser. J’avais retenu mon souffle. J’étais prêt à l’embrasser, avec lenteur, avec dévotion. À lui offrir la promesse d’une tendresse qu’elle n’avait probablement jamais connue.


Et puis cette voix.


Chasca.


Nous avions été rappelés, et la bulle avait éclaté. Mon corps tout entier s'était tendu, comme piégé dans un filet de regrets et de désirs inassouvis. Je l'avais regardée dans les yeux une dernière fois avant de me lever, incapable de dire un mot.


Chaque geste que j’avais retenu, chaque mot que je n’avais pas dit, me brûlait désormais les doigts. Je sentais encore sa chaleur, cette proximité suspendue, ce parfum à peine fruité accroché à ses cheveux. Mon souffle était devenu trop lourd, et mon esprit n’arrivait pas à se détacher de la sensation de sa peau sous ma paume. Mon bas-ventre contracté, mes muscles raides d’envie contenue, témoignaient du feu qui m’embrasait sans répit. C'était plus que de l'attirance. C'était un besoin brut, presque douloureux, contenu à grande peine sous mon masque de retenue.


Lorsque nous avions rejoint les autres, je n'avais qu'une idée en tête : retrouver notre moment. Mais il était trop tard. Et le destin, comme souvent, n’avait pas dit son dernier mot.


Je vis Kaeya avant d’entendre sa voix.


Un battement de plus dans ma poitrine. Un frère de cœur, un camarade d’armes, un souvenir d’une vie trop lointaine.


Et pourtant, à cet instant, son apparition me donna l’impression d’une ombre jetée sur la plage.


Pas lui. Pas maintenant.


Il a ce don, Kaeya. Pour apparaître quand je m’y attends le moins. Et pour réussir, presque sans le vouloir, à faire s'écrouler tout ce que j’essaie de construire. Il n’est pas malveillant. Mais il est toujours là au mauvais moment. Un rappel constant de ce que je perds quand j’essaie de gagner un peu de bonheur.


Je l’accueillis avec une neutralité que seuls les années d’entraînement et de distance peuvent offrir. Mon ton fut calme. Mon regard, fixe. Mais à l’intérieur, je brûlais. Non de colère. Mais de ce sentiment oppressant de déjà-vu : chaque fois que j’ouvre une brèche, il est là.


Et puis il prononça ce nom.


Donna.


Mon estomac se contracta. Une boule familière de culpabilité, mêlée de tristesse. Donna, c’était... une histoire ancienne. Nous n’étions plus rien. Mais elle avait compté. Et savoir qu’elle était blessée me heurta. Pas par amour. Mais par loyauté. Par respect. Elle ne méritait pas ça.


Je serrai les mâchoires. Je ne voulais pas que Varesa le voie. Mais elle me regardait. Et je sentais son regard. Comme une brûlure douce, inquiète. Est-ce que j’avais changé d’expression ? Était-ce visible que mon passé me revenait comme une gifle ?


Kaeya, lui, ne manqua pas de remarquer. Ses yeux glissèrent de moi à Varesa. Trop lentement. Comme s’il prenait note. Comme s’il enregistrait la moindre tension. Il ne dit rien, mais je le connaissais trop bien. Il analysait. Il cherchait à comprendre. Et peut-être à saboter. Une vieille habitude, inconsciemment ancrée. Kaeya avait ce don d’être là où il ne fallait pas, quand il ne fallait pas.


Et en cet instant, il était tout simplement de trop.


Je n'avais aucune envie de me lancer dans un débat. Mais l'urgence dictait une décision.


Deux options :


·       Retourner à Mondstadt. Aider Donna. Reprendre la gestion de l’Ordre. Et risquer de tout perdre avec Varesa.

·       Continuer notre mission ici. Fédérer les tribus. Organiser la résistance contre l’Abîme. Et ignorer l’appel du passé.


Je regardai Varesa. Elle évitait mon regard, les joues rouges, les bras serrés contre elle. Une petite ombre dans ses yeux. De la gêne, peut-être. Ou une blessure que je venais de rouvrir. Cette simple vision me brisa un peu plus. Comment pouvais-je envisager de l’abandonner maintenant ?


Et pourtant, je ne pouvais pas non plus ignorer Donna. J’étais loyal. Je ne pouvais pas faire comme si elle n’avait jamais compté.


Alors je fis ce que j’ai toujours fait : je pris sur moi.


— On retourne à Mondstadt, dis-je enfin, ma voix plus grave que je ne l’aurais voulu.


Kaeya sembla surpris, un instant. Pas par la décision — mais par l’émotion qu’il lut sur mon visage, peut-être.


— Tu ne continues pas ta tournée des tribus ?

— Non. Mais je veux qu’elle continue.


Je me tournai vers Varesa.


— J’ai besoin que tu viennes avec moi.


Elle releva les yeux, surprise. Puis inquiète. Je poursuivis, plus bas, pour que seul elle entende :


— Je ne veux pas te laisser ici. Et je ne veux pas qu’on laisse... ce qu’il s’est passé entre nous, sans suite.


Ses lèvres tremblèrent légèrement. Elle acquiesça, d’un hochement de tête rapide, silencieux. J’enfonçai mes ongles dans ma paume pour ne pas l’embrasser là, maintenant. Pour ne pas céder à cette impulsion brutale, irrépressible, de la prendre contre moi et de retrouver cette proximité.


 Mon regard glissa sur sa nuque, sur la courbe marquée de ses hanches, et un frisson me traversa. Elle n’était pas de celles qui cherchent à plaire. Et pourtant, il y avait dans sa silhouette cette douceur désarmante, ces rondeurs qu’elle dissimulait presque malgré elle, et que je trouvais terriblement attirantes. Ce n’était pas mon style, pas ce à quoi je m’étais habitué.


Et pourtant, je ne parvenais pas à détacher les yeux. Son corps me hantait, me chauffait le sang à chaque mouvement, à chaque regard échangé. Mon souffle devint plus court, mes pensées plus confuses. Je devais me contenir. La tension était presque insupportable. J’avais envie d’elle. D’une manière qui dépassait tout ce que j’avais connu. Et ce n’était pas juste physique. C’était elle. Son rire, sa voix, sa manière de parler…


Kaeya nous regardait toujours. Je le sentais. Son silence était pesant. Trop attentif. Trop chargé

.

Il savait. Il avait compris. Et il n’approuvait pas. C’était dans la tension de ses épaules, dans le froncement à peine visible de ses sourcils. Il n’allait rien dire. Mais il serait un frein. Il l’a toujours été.


Je me retournai, résolu. J’avais choisi. Varesa venait avec moi. Et si je devais affronter les regards, les jalousies, les doutes... qu’il en soit ainsi.

Je m’approchai d’elle à nouveau, effleurai sa main dans un geste discret, et murmurait :


— On ne sera pas interrompus cette fois.



Je laissai mes doigts glisser contre les siens, juste assez pour sentir la chaleur de sa peau, cette promesse suspendue entre nous. Mon cœur battait trop fort. Mon souffle se faisait court. Et pour la première fois depuis longtemps, j’espérais — avec une intensité qui me prenait à la gorge, me brûlait les reins, et me rendait presque fou de désir contenu.

Laisser un commentaire ?