Je te sauverai encore et encore, comme tu l'as fait pour moi [Sokeefe]
Chapitre 3 : Ceux qui errent ne sont pas perdus
874 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour il y a 10 mois
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Point De Vue Keefe:
J'observais, avec une lassitude mêlée de tristesse, ces habits verts émeraudes. Je connaissais bien ces vêtements, pour les avoir portés lors du premier enterrement de Foster et Monsieur Forckle-bis.
Maintenant, j'allais assister à sa vraie plantation. Ce ne pourrait pas être une mascarade organisée par les Invisibles, je l'avais vue mourir sous mes yeux à cause d'un coup qui aurait dû m'atteindre, moi.
Je plantai mes ongles dans mes paumes jusqu'à ce que le sang coule le long de mon bras, aussi rouge qu'était le sien, pour m'empêcher de ressasser ces pensées qui risquaient de me briser à tout moment si je n'y prenais pas garde.
Cela ne me dérangerait pas tant que ça, en fin de compte, je ne vivais que pour elle. Seulement, elle aurait été horrifiée de m'entendre penser ça, donc je m'habillai avec l'envie de pleurer toutes les larmes de mon corps, toutefois sans le pouvoir, et rejoignis mon père dans le hall.
Ses traits tirés, pour la première fois de sa vie, me sondaient avec épuisement et peine.
- Tu es prêt?
Il soupira devant mon absence de réponse et déclara mollement:
- Bon, allons-y
Et nous sautâmes.
Nous atterrîmes devant le Bois des Errants et, en levant la tête, je vis la célèbre citation de cet endroit, qui ne m'avait pourtant pas autant affligé les fois passées.
Tout avait changé à... son envol.
Havenfield ne me semblait plus aussi accueillant - à vrai dire je n'y étais pas retourné, mais la tristesse au manoir des Ruewen était au centre de toutes les discussions -.
Foxfire, la seule fois où mon père m'avait forcé à y retourner, était décoré de multiples photos de Sophie, et je ne l'avais pas supporté.
Seule ma chambre semblait résister à l'épreuve et j'y passais toutes mes journées à ne rien faire.
Ni dessiner, ni dormir. Juste penser.
J'étais encore reparti.
Mon père me serra l'épaule - il était devenu plus affectueux depuis...ça...ou peut-être était-ce moi qui ne me dérobait plus, trop las pour le faire -, et son geste me sortit de mes pensées.
Je regardai de nouveau cette devise si fausse:
"Ce qui errent ne sont pas perdus"
Alors, où était passée ma Sophie si elle ne s'était pas perdue ? Et à quoi bon errer, si c'était pour ne jamais retrouver ses amis, sa famille ?
Mon géniteur me poussa légèrement de nouveau et je franchis l'arche.
La plantation avait lieu au milieu du Bois des Errants, près de son premier arbre. On disait que c'était un endroit magnifique pour se reposer éternellement. Pourtant, je ne trouvais rien d'enchanteur à cet endroit oppressant, sans le moindre signe de vie.
J'arrivais enfin près de l'arbre aux feuilles jaune pâle et restais stupéfait en voyant le climat émotionnel qui règnait.
"Triste" était le seul mot pour qualifier l'ambiance de l'enterrement. Bien sûr, ce n'était jamais très amusant, mais jamais aussi...écrasant.
D'habitude les elfes ne comprenaient pas. Ils pouvaient être compatissants, mais jamais malheureux ou tristes. Mais là, des centaines d'elfes, de gobelins, d'ogres, de trolls, de nains encerclaient l'aménagement prévu, à côté de l'Errant de Dex et de son premier Errant à elle, pour planter sa vraie graine.
Toutes les espèces étaient réunies pour une seule elfe, qui n'était même pas Conseillère. Et aucun incident n'avait encore éclaté. Du jamais vu.
J'aperçu Fitz et ses yeux étincelants de colère, qui me regardaient - ou plutôt me foudroyaient du regard -. A côté se trouvait Biana, qui portait une robe bouffante verte, une ceinture d'émeraude et du gloss pailleté.
Comme avant.
Mais là ses lèvres ne s'étiraient pas en un sourire princier, et ses yeux ne brillaient plus.
Elle était...vide de la vie.
Alden me regarda, compatissant, puis se détourna pour suivre la plantation.
Je me concentrai à mon tour sur le cauchemar qui s'étendait sous mes yeux.
Edaline, dans sa longue robe couleur sapin, s'avança pour déposer délicatement la graine, où le cheveu blond de sa fille adoptive était enroulé.
Sa tâche terminée, elle se dépêcha de retourner avec Grady pour lui serrer la main, jusqu'à la blanchir.
Quand Sandor commença à jeter une poignée de terre pour recouvrir le cheveu, je revis sa propriétaire.
Ses magnifiques yeux noisettes, ses cheveux dorés mi-long, son style simple mais personnel, ses joues rouges, ses balbutiements - adressés malheureusement à Fitz pour la plupart -, son grand sourire...
Sa personnalité merveilleuse.
Moi, qui pensais avoir écoulé toutes mes larmes, elles me brouillaient désormais la vue, me brûlaient les yeux et le cœur.
Ce dernier se fissura et un courant d'air glacial le traversa.
Je ne les voyais plus.
Plus de Fitz en colère, plus de père fatigué, plus d'elfes tristes.
Que du vide.
Et je revins en arrière.