Survivre à Gantz
Chapitre 13 : Se battre jusqu'au bout !
4612 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 25/03/2021 21:40
Avant Propos : Je tiens tout d'abord à présenter mes excuses pour ma très longue absence et l'interruption de la publication de chapitres. J'ai une politique simple, je n'écris pas si je ne le sens pas, que ce soit au niveau motivation ou inspiration, de peur de donner un rendu plus qu'incorrect. Entre temps, j'ai aussi eu pas mal de difficultés financières qui m'ont pas mal occupées. J'ai aussi accordé du temps pour travailler un concours de la fonction publique que j'ai passé il y a peu. Aujourd'hui, de nouveau avec un emploi et les révisions de côté, je peux de nouveau me repencher sur l'écriture avec une motivation renouvellée et surtout, plus de temps. En espérant ne pas trop avoir faché celles et ceux qui me lisaient jusque là, et que cette continuité vous plaise. Avec toute mon amitié, et mes remerciements pour un nombre de lectures auquel je ne m'attendais pas, je vous souhaite une bonne lecture. Ralph Oseram.
Je pouvais entendre John débattre avec les nouveaux, mais je n'y prêtais guère attention, concentré sur mes propres problèmes. D'autant plus que c'était la même rengaine que d'habitude, des sceptiques incapable de comprendre la situation dans laquelle ils se trouvaient. Je ne leur en voulais pas, j'avais eu le même genre de réactions, tenant plus à simplement rentrer chez moi qu'à affronter les épreuves de cette étrange pièce. Quoiqu'en y réfléchissant bien, je me souvins avoir très rapidement prêté une oreille attentive à Roman et Lucie à l'époque. Je m'étais senti perdu, bien entendu, mais ce n'était pas comme si j'avais totalement réfuté leurs propos. Mais ceux là semblaient particulièrement têtus. Ils étaient trois hommes, d'âges et d'aspects différents. Le plus jeune semblait être un ado, son regard m’insupportai aussitôt, on aurait dit qu'il méprisait John. L'un était plus discret et portait un simple pyjama, il était d'âge moyen, et enfin le dernier était presque un grand père et c'était le plus véhément envers John. Tant et si bien que lui, d'ordinaire si calme, finit par hausser le ton. Pendant tout ce temps j'étais resté dans mon coin, luttant pour ne pas me cogner la tête contre un mur. Pas d'aspirine dans le coin bien entendu, et je me sentais encore à moitié bourré. Cette mission allait être une véritable partie de plaisir.
Lucie revint dans la pièce accompagnée par l'inconnue. Mon acolyte me jeta un regard avec un faible sourire tandis que la jeune femme s'approchait de moi. Elle se tint un instant debout devant moi, couverte des épaules à mi cuisse par le manteau. Maintenant que j'avais les idées plus claires que durant la soirée, je remarquais qu'elle avait de très jolies jambes, une peau assez blanche, et qu'elle était même plus jolie que je ne le croyais. Elle n'était pas très grande, bien qu'assis au sol je jugeait sa taille autour du mètre 60, 65 à tout casser. Elle avait un petit visage rond, portant encore des marques enfantines, mais ses yeux profondément gris étaient ceux d'une adulte. Elle n'était en revanche pas aussi rousse que je l'aurais cru, oscillant plutôt entre un brun étrange et un roux foncé. Quel dommage d'avoir été aussi saoul au moment de nos affaires, autrement je me serais senti assez chanceux de pouvoir le faire avec une aussi belle fille.
- Merci, dit-elle enfin.
Elle avait une petite voix fine et agréable, douce comme du miel. A bien y regarder, il n'y avait rien que je n'aimais pas chez elle. Mais son remerciement me pris de cours, car je ne comprenais pas du tout où elle voulait en venir.
- De rien mais...pourquoi au juste ?
- Je me souviens, quand je me suis réveillée, comment je suis morte.
- Oui...désolé...je n'ai rien pu faire.
Ma réplique était sincère, sur le coup, quelques instants auparavant, lorsqu'elle et moi étions encore allongés sur le matelas de la mezzanine de Mousk, je voulais l'aider, la sauver si possible. Elle me fit un sourire et s'assit à côté de moi. Je la regardais de profil, la trouvant de plus en plus jolie. Elle avait un profil ravissant, tant et si bien que je sentis mes joues se chauffer.
- Je sais, tu n'es pas médecin...c'est juste que quand je me suis sentie partir, j'étais tout de même un peu heureuse.
- Heureuse ? Comment ça ? Ça a dut être terrible...
Je me souvenais de ma propre mort, j'avais éprouvé de la peur, de l'angoisse, une profonde solitude et de la lassitude...mais certainement pas de la joie. Elle ferma doucement les yeux, secouant doucement la tête avant de continuer.
- Ça l'était, mais la dernière chose que j'ai vu c'est ton visage...
La conversation était un peu trop lourde à mon goût, je ne savais pas quoi dire. Je répondis par l'humour, façon pour moi de me sortir de là.
- Je pense qu'il y a mieux comme dernière image que le visage d'un gars encore détraqué par l'alcool.
Elle me sourit doucement, apparemment amusée. Mais elle précisa ensuite son propos.
- J'étais heureuse de voir que quelqu'un cherche à m'aider...tu avais un visage particulier, je pouvais voir que tu te faisais vraiment du soucis pour moi. Quelque part, je me suis senti soulagée avant de partir...mais je n'aurais jamais imaginé que la suite serait comme ça.
Je comprenais où elle voulait en venir. Il devait effectivement avoir quelque chose de rassurant lorsque l'on voyait un visage à l'air amical lors de ses derniers instants. Je n'avais pas eu droit à ça. Mais sa dernière réplique me plongea dans une profonde mélancolie à son égard. Personne ne devrait à avoir à se retrouver dans cette pièce.
- Lucie c'est ça, m'a expliqué ce qu'il se passait...je n'ai pas tout compris...nous ne sommes pas morts et, nous allons devoir nous battre ?
- Elle t'a expliqué l'essentiel. Et tu dois absolument nous croire. Je suis mort tout comme toi au mois de janvier et j'ai atterri ici sans rien comprendre...et ce soir c'est la quatrième fois que je me retrouve ici.
Elle se ferma d'un seul coup, comme si elle s'était mise à penser à tout ceci. Son visage n'était plus le même, bien plus sérieux, plus réfléchi, elle faisait vraiment adulte.
- Il va donc falloir que je me batte pour survivre, c'est ça ? Contre des espèces de monstres ?
- C'est bien ça, affirmais-je aussitôt comme si c'était la plus naturelle des choses, enfin...tu crois à tout ceci ?
Elle me regarda alors avec un air très surprise.
- Je ne peux pas nier l'évidence, les paysage par la fenêtre, c'est bien notre ville, et je sais que tu es réel parce que...et bien...tu sais pourquoi. Je ne sais pas du tout à quoi m'attendre, mais j'ai conscience que le mieux que j'ai à faire est de suivre vos conseils.
Je la regardais avec une certaine admiration. Je pensais alors que c'était bien la première fois que quelqu'un arrivant dans cette pièce pour la première fois nous croyait aussi rapidement. John avait été sceptique jusqu'au bout et son groupe d'alors nous avait suivi uniquement parce que Déborah me connaissait. Nous avions réussi à préparer tout le monde lors de la dernière mission, mais les businessmen avaient été des épines dans le pied. Peut-être qu'elle nous suivrait sans problèmes, encore fallait-il maintenant qu'elle survive aux épreuves qui allait venir.
- Je m'appelle Alessio...je crois bien que l'on ne s'était même pas présentés.
Elle me regarda, de nouveau avec un visage plus enfantin, elle semblait amusée, son sourire s'étira merveilleusement.
- Je m'appelle Mélanie.
« I'd rather be a sparrow than a snail
Yes I would, if I could, I surely would
Away, I'd rather sail away
Like a swan that's here and gone
A man gets tied up to the ground
He gives the world its saddest sound
Its saddest sound »
Tout le monde regarda alors la boule, et la panique s'installa chez les trois autres nouveaux. John les avait pourtant prévenus qu'une musique allait bientôt être jouée par Gantz. Mais Mélanie ne bougea pas, elle avait plus l'air surprise qu'autre chose. Elle se tourna vers moi l'air étrange, une sorte de lumière brilla dans ses yeux alors qu'elle se mit à sourire.
- Pour un appareil extraterrestre, il a plutôt de bon goût en matière de musique, je n'aurais pas cru entendre Simon & Garfunkel.
- Tu l'as reconnu tout de suite, t'es balèze, il m'a fallu un moment.
Je me levais alors, lui tendant la main pour l'aider à faire de même. Qu'est-ce qui me prenait, je l'aidais à se lever, j'allais l'approcher de la sphère et j'avais déjà dans l'idée de bien lui expliquer la système de cibles et de points. Et puis quoi ensuite, j'allais la protéger, me battre pour elle, pour John et Lucie, alors que je n'avais pas de combinaison ? Aussi saugrenue que soit mon attitude, je repoussais mes doutes et mes inquiétudes avant de lui dire bien plus sérieusement.
- C'est le signal, la mission va bientôt commencer...
Je m'approchais de la sphère, regardant non sans une certaine inquiétude le visage de notre nouvelle cible. Les trois autres nouveaux n'y jetèrent même pas un regard. Ils avaient peur, ça se voyait dans leur attitude, dans leurs yeux, mais ils ne croyaient toujours pas à tout ceci. Mélanie en revanche semblait prendre tout ceci très au sérieux. Elle scruta avec moi la sphère, et fut aussitôt suivie par John et Lucie. Puis enfin, le portrait s'afficha...et je sursautais presque. Le monstre obèse avait une allure grotesque, les petits joueurs d'instruments faisaient un peu pitié, et le dernier en date avait tout l'air d'un écolier, avant de se transformer en scorpion géant. Mais celui ci avait vraiment l'air d'une menace, à tel point que je jetais un regard inquiet à John et Lucie...pour voir qu'ils partageaient le même sentiment. Si l'on ne se basait qu'à l'apparence, ce monstre semblait bien plus dangereux que les autres. Son visage était fin et ovale, sa bouche large, démesurée, barrant presque son visage en deux. Ses yeux étaient jaunes, à l'iris très fine semblable à celle d'un serpent. Sa peau avait une étrange couleur grise, et semblait plus tenir de l'écaille que de l'épiderme humain. On aurait dit un lézard, purement et simplement. Je jetais un coup d’œil aux informations le décrivant. Il n'avait pas de phrase favorite, mais il aimait apparemment la chaleur et les œufs. Pour finir, il était apparemment très rapide et solitaire.
- On dirait bel et bien un monstre, commenta Mélanie avec un peu de peur dans la voix.
- C'en est un, précisais-je aussitôt, et si jamais tu le vois, il ne faut surtout pas hésiter à l'attaquer.
Gantz s'ouvrit alors brutalement, arrachant un petit cri de stupeur à Mélanie, mais aussi aux trois autres. Causes perdues, une fois leur surprise passée, ils n'accordèrent aucun regard au râtelier d'armes où aux valises contenant les combinaisons. J'expliquais rapidement à Mélanie en lui tendant la valise à son nom qu'elle devait enfiler la combinaison à l'intérieur, parlant brièvement des caractéristiques de celle ci. A mon grand soulagement, elle sembla me croire et partie dans le couloir, sa valise sous la main. C'est à ce moment là que Lucie et John s'approchèrent de moi, apparemment soucieux.
- Ça va aller, demanda simplement John.
- Comment ça, dis-je tout en réfléchissant aux armes que j'allais prendre.
- Tu n'as pas ta combinaison, précisa-t-il, et cette fille...tu sembles être aux petits soins.
- Et quel mal y'a t'il à ça ?
Je le regardais avec une certaine incompréhension.
- Ne va pas mettre ta vie en danger pour une fille que tu viens à peine de rencontrer, lança Lucie assez brutalement.
- Mais non...je n'ai pas de combinaisons, je pense que je vais déjà être bien assez occupé comme ça à rester en vie, je ne vais pas en plus m'amuser à courir à droite à gauche pour sauver tout le monde.
- Tu ne l'as pourtant pas lâché depuis tout à l'heure, renchérit John.
- Justement, je lui donne toutes les cartes en main pour qu'elle puisse survivre à cette soirée sans que j'ai à me faire du soucis. Ne vous en faîtes pas ! Et puis c'est ce que l'on essaie de faire à chaque fois, si je n'avais pas écouté les conseils de Lucie et Roman la première fois, je n'aurais pas fait long feu. Elle au moins, elle nous écoute, si elle survit, tant mieux, elle viendra renforcer notre équipe, et si elle meurt...
Je marquais là une très courte pause, trop courte pour être vraiment porteuse de quoi que ce soit, mais aussi bien trop longue pour mes deux amis qui commençaient à bien me connaître. Au fond, je ne voulais pas qu'elle meurt. L'amour au premier regard, loin de là...mais merde on avait quand même partagé quelque chose non ?
- Si elle meurt, je ferais rapidement mon œil, comme vous le dîtes, je ne la connais que depuis quelques heures !
Je finissais un peu plus brutalement, leur faisant comprendre par le son de ma voix qu'ils commençaient à m'emmerder. Je devais vite m'armer, et réfléchir à comment j'allais survivre à cette nuit. M'occuper d'une fille que je venais juste de recontrer, et puis quoi encore ? J'avais été bourré tout du long et je ne me sentais pas encore très frais. Si je voulais survivre j'allais devoir me concentrer à fond sur ma propre petite personne...pas le temps de m'occuper des nouveaux ce soir. Je priais tout de même que John et Lucie s'en sortent au mieux...car ce soir je n'allais pas leur être d'une grande aide.
Tandis que j'attachais un holster à ma cuisse où je glissais un X Gun, je fut heureux d'avoir au moins enfiler le bas de mes vêtements avant d'être téléporté. Se battre sans combinaison était déjà difficile, se battre torse nu ce n'était pas la joie, mais se battre nu c'était vraiment trop con. J'attrapais un fusil et l'enfilais en bandoulière dans mon dos...j'étais paré...jusqu'à ce que je me souvienne d'une chose. Je passais derrière Gantz, ouvrant la porte dans laquelle la serveuse s'était changée la dernière fois. C'était là qu'elle avait trouvé le katana, et j'en voulais un. Si il y en avait plusieurs je comptais même en donner à Lucie et John. Ce n'était peut-être qu'une épée, mais elle avait été plus efficace sur le scorpion que les autres armes. C'était peut-être la meilleure pièce de notre arsenal, il fallait en profiter. J'ouvris la porte, allumais la lumière et laissait échapper un :
- Putain ! John, Lucie, venez voir ça !
Ils accoururent, et écarquillèrent les yeux en voyant cette nouvelle pièce. Elle était au moins aussi grande que la salle ou siégeait Gantz mais tout ses murs étaient bardés de multiples étagères entièrement vides à l'exception d'une. Un râtelier se trouvait juste à côté de l'entrée, couvert de katana et des ceintures allant avec. Mais surtout, au centre, se trouvait un étrange appareil. Il avait une forme ronde, un large siège pouvant accueillir deux personnes, un guidon...
- Qu'est-ce que c'est que ça, demanda John entre la surprise et l'intérêt soudain, on dirait une sorte de moto.
- Je n'avais jamais vu cette pièce, dit Lucie, dire qu'elle se trouvait juste là...je ne sais pas si c'est une moto, mais ça semble pouvoir se conduire.
- Tu veux dire que depuis tout ce temps tu n'as jamais vu personne essayé d'ouvrir cette porte, demandais-je.
- Il faut croire que non, tu sais comment Gantz fonctionne, on apprend de ceux qui étaient là avant. Je suppose que les premiers arrivants dans cette pièce ont constaté que la plupart des portes étaient fermées et ils n'ont jamais essayé d'ouvrir celle ci...c'est vrai que quand on y pense, c'est plutôt bête.
C'était effectivement à la fois surprenant et stupide. Je gageais que d'anciens Gantzeurs avaient eus connaissance de cette porte et de ses secrets, mais qu'avec le temps et la possible succession de nouveaux, ce savoir s'était perdu. Ce qui laissait supposer une autre question, depuis quand ce cirque pouvait-il bien durer. Je ne m'intéressais pas vraiment à la moto, me ruant sur le râtelier d'armes. J'attrapais trois katanas, en gardant un pour moi et distribuant les deux autres à mes acolytes. Lucie quitta ensuite la pièce, mais John grimpa sur le véhicule, tâtant un peu l'engin.
- Les poignets fonctionnent comme une moto en tout les cas, à mon avis on doit pouvoir conduire ce truc assez facilement...ça pourrait être pratique contre un ennemi supposément rapide.
- Peut-être, dis-je en terminant de m'équiper, moi je me demande surtout pourquoi il y a autant d'étagères vides.
- L'une des demandes pour les 100 points n'est-elle pas de demander une nouvelle arme, commenta John tout en continuant d'examiner la moto, elles vont peut-être dans cette pièce.
- Peut-être, ce n'est pas comme si la boule pouvait contenir beaucoup de trucs.
Je regardais alors les murs, perplexe. Il y avait de la place pour stocker des tonnes d'équipements. Y'avait-il déjà eu des joueurs assez fous pour demander une nouvelle arme ? Et surtout combien y'en avait-il ? Cette pièce était énorme, démesurée par rapport au reste du petit appartement, on croirait presque que l'on se trouvait dans une autre résidence. John poussa alors un cri de surprise, me tirant de mes réflexions. Alors qu'il était toujours sur la moto, il commença à disparaître. Juste avant d'être complètement téléporté il me jeta un regard amusé.
- Je crois que je ne m'y habituerais jamais !
Il disparut et j'allais pour retourner dans la pièce principale pour voir où en était le transfert des autres. Puis, sous mes yeux, la moto commença elle aussi à être transférée. Je ne compris pas pourquoi, mais je supposais qu'elle était comme le reste de l'équipement ici, à la seconde où on le prenait sur soi, ou dans le cas de cette moto lorsque l'on grimpait dessus, le tout était transféré en même temps que nous. Qu'allait-on bien pouvoir faire de cet engin ? Enfin, comme l'avait dit John, question vitesse, un véhicule pouvait être un sacré avantage. Lorsque la moto fut entièrement téléportée, je retournais dans la pièce principale. Je vis que les trois sceptiques avaient déjà disparus et que Lucie s'effaçait, tranche par tranche. Seule restait Mélanie, un Y Gun à la main. Elle rougissait, se tortillant dans sa combinaison, visiblement gênée par son apparence. Mes souvenirs d'elle nue n'était pas très frais, mais cette tenue ne laissait décidément pas grand chose à l'imagination. Elle était super bien foutue.
- Je n'ai pas l'impression de porter grand chose, cette tenue est très légère...et très...comment dire...
- Elle ne laisse pas beaucoup de place à l'imagination, commentai-je sans le vouloir.
Elle me regarda, doublement gênée, avant d'esquisser un petit sourire.
- C'est ça.
Je lui répondis par un autre sourire tandis que les rayons vinrent la frapper afin d'entamer son transfert. Une lueur de panique brilla dans ses yeux un instant, mais elle se gifla les joues avant de prendre une grande inspiration.
- Ça commence, dit-elle, on se revoit très bientôt.
- Oui ! Reste près de John et Lucie en attendant que j'arrive.
Elle disparut lentement, me lançant un dernier sourire avant de complètement disparaître. Je me retrouvais alors seul, patientant avant d'être envoyé à mon tour sur le lieu de la mission. J'avais un katana et un X Gun à la ceinture ainsi qu'un fusil en bandoulière. J'allais affronter cette mission sans combinaison, torse nu à la façon des guerriers barbares d'autrefois. Autant aller à la guerre nu comme un ver dans ces cas là, mais je n'avais pas le choix. Cependant, la panique était passée, je me sentais étrangement apaisé, presque serein. Mon esprit se perdait moins en interrogations, en questions et en doutes. Il y avait toujours de la peur mais elle était bénéfique, elle devait me servir à survivre. Le transfert commença finalement, je pris une grande inspiration, fermant les yeux lorsque les rayons passèrent sur mon visage. Je rouvrais les yeux, me trouvant au milieu d'une sorte de hangar immense. John et Lucie se trouvaient là, Mélanie auprès d'eux. Les trois autres n'étaient en revanche plus là, ils avaient certainement décampé. A quelques mètres de nous, John avait garé son étrange moto...je doutais de plus en plus que nous en ayons l'utilité.
- Ils sont où les trois imbéciles, demandais-je aussitôt.
- J'ai essayé de les retenir, répondit John, mais ils n'ont rien voulu entendre, même lorsque je leur ai parlé de la bombe dans leur tête.
- Une bombe dans la tête, demanda aussitôt Mélanie un peu paniquée.
Lucie prit le temps de lui expliquer ce point, mentionnant aussi qu'il fallait garder le secret de lieu...ou en subir les conséquences. Je ne me posais pas plus de questions sur les trois autres inconnus, si ils mourraient, ils mourraient. John, Lucie et moi même avions déjà une mission à accomplir, pas le temps de s'occuper de poids morts. John qui regardait déjà son radar eut alors une expression inquiète.
- Je vois trois points, et ils sont ici, dans ce hangar, fit-il à voix basse.
Je dégainais aussitôt mon fusil, préférant garder le pistolet et le sabre pour le combat rapproché. Le hangar était très grand, il devait faire dans les deux cent mètres de long. Il n'avait que deux portes, toutes deux en fer et coulissantes. La plus éloignée était entrouverte, les trois autres devaient être partis par là. L'autre se trouvaient derrière nous et était solidement fermée par une chaîne et un cadenas. L'édifice était soutenu par un agencement de charpente métallique et de mur en brique. Le toit semblait être simplement fait en tôle avec quelques tuiles en plexiglas afin de faire entrer un peu de lumière. Ça et là je vis quelques ouvertures au plafond, des larges velux. L'obscurité était profonde, la nuit était déjà bien avancée mais le soleil n'était pas encore prêt de se lever. La seule luminosité dans la pièce nous venait de la lune et des éclairages se trouvant à l'extérieur. Nous ne pouvions voir bien loin devant nous mais le hangar semblait rempli de grandes caisses, de bidons, et de vieux véhicules de chantiers. N'ayant aucune vision de l'extérieur, je n'avais pas la moindre idée de où nous nous trouvions dans la ville. Lors de la dernière mission Gantz nous avait bien envoyé à l'extérieur, en pleine forêt. Peut-être étions nous dans un chantier à la périphérie, ou alors sur l'un des nombreux hangars du port fluvial. Mais la question n'était pas là.
Car tandis que nous nous tenions en cercle dans l'obscurité, des bruits se firent entendre, des petits claquements, comme des griffes frappant le sol au rythme des pas d'une bête. Mélanie trembla et se recula vers le centre de notre petite formation. Je n'avais peut-être pas de combinaison, mais je ne pouvais pas l'envoyer en première ligne. J'étais un vétéran et je pouvais me défendre un minimum. J'allais devoir compter sur John et Lucie pour gérer un maximum de la situation tandis que je resterais en deuxième ligne.
- Préparez vous, ils peuvent arriver de n'importe où...Mélanie, si jamais tu vois ne serait-ce que l'ombre d'une de ces saloperies, tire dessus, lança Lucie.
- Alessio, reste en retrait tant que possible, continua John.
- Ne t'en fais pas, ce n'est pas comme si j'avais eu l'intention de me les faire au corps à corps !
Et alors que nous étions prêt à en découdre, comme pour répondre à notre préparation, des sifflements se firent entendre autour de nous, comme ceux des reptiles, de gros reptiles. On entendit du grabuge, du mouvement et des craquements sinistres. Puis un son étrange, comme des objets sifflant dans l'air. Dans un bruit sourd, trois objets frappèrent le sol autour de nous...les têtes des trois autres. Les yeux révulsés, la langue pendante, leurs têtes avaient été arrachées grossièrement. Je regardais les visages, pensant tout d'abord que sans combinaison je ne pouvais espérer m'en sortir mieux que ceux là. Puis, étrangement, j'affichais un sourire ! Ces bestioles avaient le sens du spectacle, cherchant à nous effrayer avant d'engager le combat. Mais malheureusement pour eux, j'avais déjà vu bien trop de carnage et de destruction pour être effrayé par ce genre de choses. D'un coup d’œil, je vis que Lucie et John semblaient eux aussi à peine surpris. En réalité, dès que les trois autres s'en étaient allés, on s'étaient tous attendus à ce qu'ils meurent d'une manière ou d'une autre. En revanche, et à ma grande surprise, même Mélanie garda son calme, elle ne cria pas, n'eut pas de mouvement de panique. Elle semblait avoir rapidement capté la dangerosité de notre situation. Elle déglutit lourdement mais resta concentrée. Parfait, elle avait fait son baptême de la violence de ces épreuves, et elle le gérait bien mieux que moi à l'époque.
Je ne pouvais faire mauvaise figure. Même sans combinaison, même encore groggy de ma soirée de débauche, même en sachant mes chances d'en sortir vivant, je ne pouvais pas me laisser aller. Soixante points, encore 40 et je pouvais ramener quelqu'un à la vie, Roman ou Déborah ! Avec un peu de chance cette mission pouvait peut-être nous permettre de gagner pas mal de points. Lucie n'avait besoin que de 81 points pour ramener Roman. Je n'avais pour ma part besoin que de 40 points ! Après ce soir nous pouvions ramener nos précieux camarades en vie. Et ensuite, nous n'aurions qu'à nous battre tous ensemble pour partir ! Peut-être même que je pourrais aider Mélanie à s'en sortir ! Combinaison ou pas, j'allais devoir me battre jusqu'au bout.