Le Boucher
Aussi étrange et curieux que les mots peuvent le décrire, Mors Westford fut invité au bal de la reine. Chataya lui confectionna une tenue plus présentable que son armure en cuire durci, un pourpoint noir et argenté serti d’une cape noire toute neuve. Il portait toujours son épée en acier Valyrien sur le coté, sans oublier son poignard. Le vieux chevalier fut accueillit avec tout les honneurs dû a son ancien rang, comme si la maison Westford n’avait jamais disparu. Ce qui le troublait encore, c’est que les choses n’ont pas vraiment changé, depuis son époque. Les demoiselles de basse noblesse faisaient toujours les yeux doux aux damoiseaux issus des grandes maisons célèbres. Mors regarda les alentours et aperçu un buffet, sans hésiter il décida de prendre une assiette et de déguster les fruits de mer. Pas qu’il avait envie de manger, mais pour éviter de rester au centre de l’ouragan comme un benêt.
Le crabe avait un gout amer, mais Mors remplit un verre de vin et décida d’abandonner son assiette et de déguster son breuvage tranquillement dans un coin mais son plan tomba à l’eau.
- Ser Mors !
Il aperçut un beau jeune homme habillé d’un pourpoint bleu magnifique. Mors le dévisagea un moment et reconnut Ser Loras Tyrell. Ce dernier lui sourit bizarrement.
- C’est un honneur de faire votre connaissance.
- Tout l’honneur est pour moi. Réplique Mors avec gravité.
- C’est donc vrai ? Demande Loras d’un air faussement naïf. On autorise un membre de la garde de nuit à garder son épée ?
- Une tradition veille de plusieurs millénaires, réplique Mors en le regardant dans les yeux.
Loras Tyrell était accompagné de ses partisans, et ces derniers pouffaient de rire chaque fois qu’il parlait, et Mors devina qu’il allait être leur sujet de moquerie. Le vieux chevalier tournoya son verre et but une gorgée.
- Quel sorte de monstres vous tuez au-delà du mur ? Demande Loras d’une voix faussement amicale, mais a part bien sur ces sauvageons.
- Les seuls monstres que je tue marchent sur deux pieds, mon garçon. De plus les sauvageons comme tu les appelles sont des bêtes assoiffés de sang, et ils envahissent le mur pendant que vous êtes là a festoyer.
- Mon dieu, s’exclama Loras, je ferais bien de porter une épée moi aussi, sinon les sauvageons vont venir me trucider.
A la surprise de Loras, Mors éclata de rire puis jeta un regard à Loras, qui serrait ses lèvres
- Fiston, je te conseille de ne pas trop la ramener avec moi, il fut un temps où je t’aurais éventré depuis belle lurette. Mais j’étais jeune et impétueux. Et aujourd’hui, je ne tire aucun plaisir à tuer les marmots. Mais je demeure toujours teigneux, même à mon âge.
Loras abandonna son sourire et répondit d’une voix revêche.
- Tu ne me fais pas peur, vieil homme, et je ne pense pas…
Brusquement, Mors lui balança un revers de la main en plein visage. Loras fut projeté à terre en gémissant, son nez était cassé et il pissait le sang.
- Tu ne penses pas, oui. Réplique Mors en le regardant froidement.
Loras allait répliquer mais ses amis l’en empêchèrent. Le vieux chevalier se retira en jurant a voix basse, au lieu de tuer ses ennemis l’arme a la main, le voila qu’il rossait un imbécile au sang bleu qui ne fait rien d’autre que provoquer ses ainés, il se rappelait les jours anciens, jamais un noble chevalier n’aurait osé provoquer un chevalier plus âgé, les convenances se perdaient de plus en plus, a croire que le monde s’est figé en proie a des imbéciles heureux comme cette mouche a merde de Tywin, ou ce lèche cul de Littelfinger. Grand bien leur fasse. Pourquoi il a était invité au mariage de Joffrey ? Et Surtout qui ?
C’est alors que Mors en entrant dans la grande salle du banquet, vit le roi Joffrey debout sur la table entrain de détruire un grand livre avec une épée en acier Valyrien, le mioche était plus amusé qu’un petit démon, Tywin et la reine Cersei le regardaient avec gravité, et Mors devina a la mine de Tyrion que le livre était son cadeau a lui pour le roi, et ce dernier l’a remercier en le hachant menu avec son premier cadeau qui est une épée en acier Valyrien. « Pleureuse de Veuve » qu’elle s’appelait, le roi mioche regarda son oncle plus amusé que jamais.
- Vous et lady Sansa me devez un présent plus présentable, Oncle Lutin. Celui-ci est tout en miettes.
Mors poussa un soupir, c’est donc ça le roi des sept couronnes ? Un morveux incapable de fermer sa grande gueule ? Un petit chiot qui mérite toutes les corrections inventé par l’homme ? C’est donc pour ça que la garde de nuit crevait dans le froid ? Si jamais ce petit roi débarquait au mur avec une armée, sa présence encouragerait définitivement l’ennemi à envahir tout Westeros.
- Que le guerrier nous préserve. Murmure Mors a voix basse.
- Le vieux chevalier qui part en guerre, tombe par terre, tombe par terre !
Mors soupira se tourna lentement vers le jeune homme qui arriva a sa portée.
- Jaime ! Fit Mors en inclinant légèrement la tête.
- Vous êtes ici depuis longtemps, réplique Jaime en se plaçant a ses cotés.
- Depuis peu.
Il regarda sa main tranchée.
- Qui t’a fait cela ? Demande Mors froidement.
Jaime sourit et refusa d’avouer à Mors qu’il était heureux de la revoir après toutes ces années. Le chevalier bourru n’avait pas du tout changé, mis à part ses cheveux gris et ses yeux bleus glacés.
- Aucune importance.
- Quel était le livre que ton frère a offert au roi ?
- L’histoire des règnes de Daeron le Jeune Dragon, de Baelor le Bienheureux, d’Aegon l’Indigne et de Daeron le Bon par le Grand Mestre Kaeth
- Ah oui, je l’ai lu ! Dit Mors ironique. J’ai toujours pensé que la vie de Baelor était la plus pathétique de tous, se faire mourir de faim à force de jeûne. Son oncle l’a empoisonné pour s’adjuger le trône et ne fit rien, une fois dessus.
Jaime secoua la tête.
- Vous pensez que Viserys avait raison de tuer Baelor ?
- De même que tu avais raison en tuant ce fils de pute d’Aerys.
- Ah ? Dit Jaime surpris, voila Mors Westford, champion de la morale chevaleresque qui approuve le régicide ? Que vous est-il arrivé au mur ?
- Les choses changent mon garçon, a une époque je t’aurais traité de Régicide avec toute la haine que pouvait me souffler mes poumons, mais j’ai appris des choses en côtoyant des hommes comme le mestre Aemon, ou le lord commandant Mormont, nous sommes ce que nous sommes mon garçon, et moi je dis que tu as bien fait de trucider le fou, c’était un monstre, sans sa folie, dieu sait ou le royaume en serait aujourd’hui. Mais qu’importe… un jour un mestre écrira cette histoire, pries seulement les sept qu’un roi le lise avant de le réduire en miette avec une épée.
Les deux hommes se turent quand une voix effrayée se fit entendre par l’assistance.
- A l’aide. Il s’étouffe !
Jaime aussi rapide s’élança vers le roi Joffrey qui tomba par terre en suffoquant et se griffant la gorge, Jaime repoussa la reine Margeary mais Cersei l’en empêcha en serrant son fils comme une lionne serrant son petit, elle cria quand Joffrey ouvrit les yeux et regarda son oncle Tyrion qui l’observait bouche bée. Mors vit le mioche désigner le nain et Cersei leva lentement les yeux vers Tyrion et Mors sut ce qui allait se passer.
- Tu as tué mon fils !