Le Cobra de Lancehélion
Chapitre 5 : Les festivités
4156 mots, Catégorie: G
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Cela faisait à présent quelques jours que la jeune dornienne était au Donjon Rouge. Elle avait eut le plaisir de rencontrer sa Majesté le Roi Joffrey et la Reine Mère Cersei Lannister. Les rumeurs sur sa beauté la précédaient. La lionne avait une splendide crinière blonde qui descendait en cascade dans son dos, des yeux d'émeraude et, comme tous les lions, avait des griffes acérés. Cersei était une femme de pouvoir que Dyanna devait à tout prix éviter d'offenser. Alors qu'elle pensait que la Reine régente était la pire de tous, la Martell fut bien surprise en découvrant toute la méchanceté et le cynisme de son fils ; le jeune lionceau, Joffrey. C'était un véritable despote avec ses sujets. Pas étonnant que tout le peuple veut sa mort. Il était clairement la personne à ne pas offenser de toute la cour. « Je ne veux pas à avoir à ramener une tête sans corps à ton père », avait confié le Prince Oberyn à sa nièce avant de la laisser mener ses affaires au Donjon Rouge. Croyez moi oncle, j'ai bien l'intention de rentrer à Lancehélion avec la tête sur les épaules. Le dornien avait ses propres desseins au Donjon et avait une entière confiance en sa nièce pour ne pas se mettre dans le pétrin.
Aujourd'hui, Oberyn et Dyanna étaient conviés aux festivités en vue du mariage. À cette occasion, le Roi recevait des présents de noces de tous les invités. Des Martell, Joffrey recevrait une dague dorienne à la lame empoisonnée ; une idée de l'oncle et sa nièce. Doran avait choisi un vieux recueil écrit par un mestre mort depuis longtemps à la reluire usée par milles années de lecture intensive, Le Prince était son titre ou comme Dyanna aimait l'appeler Le guide pour être un roi crédule à la soumise de son peuple.
― Père, un livre ?! La goutte vous aurez-t-elle rendue dénué de raison ? Que pensez-vous que Joffrey fera de votre livre ? s'était acclamé la jeune femme en apprenant la nouvelle.
Ce à quoi le Prince Doran avait répondu :
― Tout bon roi qui se respecte doit avoir une fine connaissance sur la manière de diriger un royaume avec justice et bonté. Je suis sûr que le roi Joffrey fait parti de ces rois qui s’intéressent à cela.
Joffrey ?! Celui même qui a tranché la tête du Lord de Winterfell, le père de sa promise, l'ami d'enfance de son sois-disant père ? Laissez-moi rire..
― Sans vouloir t'offenser mon frère, ta fille a raison. Je pense qu'un livre n'est pas le meilleur des présents pour un roi tel que le jeune lion, avait soufflé le Prince Oberyn qui se tenait près de son frère.
― Offrez lui votre livre père, et je peux vous assurez que le roi se ferait un plaisir de le réduire en cendre pour alimenter la cheminé de ses appartements !
Le Prince Doran, dont la fatigue commençait à se faire sentir voulut en finir au plus vite avec cette conversation.
― Bien. Et que proposez-vous donc ? avait-il accordé.
Dyanna regarda son oncle et les deux se sourirent. Ils avaient eu la même idée.
Une dague : une dague empoisonnée. Espérons que ce cadeau ne se retournera pas contre nous... La jeune femme appréhendait déjà la réaction du roi. Joffrey était un enfant pourri gâté qui n'hésiterait pas à lui faire savoir que son présent l'a déplu d'une manière les plus violentes. Parée comme une dornienne mais coiffée à la mode de la cour, elle ressemblait à l'une de ses nombreuses nobles qui essayaient de faire bonne impression devant la famille royale. Elle était seule de sa famille à se présenter aux festivités, car comme toujours, le Prince Oberyn avait mieux à faire. Aussi, il confia la charge de donner le présent au Roi à sa nièce. « Il faut que tu prennes des responsabilités en tant que sœur de la future Princesse de Lancehélion, » confia Oberyn à Dyanna pour excuser son absence. Bien sûr... Dites plutôt que votre ravissante amante de cœur se languit déjà de votre absence. Dyanna sourit faussement au Prince et ravala sa colère. Il allait encore une fois la laisser seule entourée de parfaits inconnus et qui plus est, alliés des Lannister. Dois-je vous remercier à nouveau mon oncle ?
La jeune dornienne ruminait dans son coin jouant avec la dague qui pendait à sa taille. Elle avançait seule dans les jardins royaux, la tête baissée et se dirigea silencieusement vers le lieux des festivités. Bon, rappelle-toi Dyanna, tu expliques bien que tu es retenue ailleurs et que tu es venue seulement déposer le présent pour sa Majesté.
― Princesse Dyana ! s'exclama une voix inconnue mais à la résonance aiguë.
Cette dernière fit sursauter la dornienne, qui se retourna aussitôt en posant une main sur sa ceinture, prête à dégainer à tout instant. Elle oublia qu'elle avait dû laisser son épée dans ses appartements. « Pas d'armes ici, » avait dit Lord Tyrion. Heureusement pour elle, et surtout pour l'inconnu, ce n'était pas un ennemi. Enfin, semblait-il.
― Lord Varys, je ne m'attendais pas à vous trouver ici, répondit Dyanna en retirant la main de sa taille et fixant le gros homme qui se tenait face à elle.
― Et où voulez-vous que je sois madame ? demanda-t-il avec ce ton mystérieux qui le caractérisait.
La jeune femme haussa les épaules ne sachant quoi répondre. À la place, elle le questionna sur un ton léger :
― Faites vous souvent peur ainsi aux autres nobles de la cour Lord Varys ?
Le gros homme esquissa un rapide sourire pour se donner un air aimable et répondit à la dornienne :
― On m'a qualifié de beaucoup de chose madame, et je crains que effrayant est un adjectif que j'ai souvent entendu. Bien sûr, je ne saurais vous répondre si effrayant qualifie mon apparence ou mon histoire.
Dyanna s'interrogea alors sur les propos du gros homme que l'on nommait Lord Varys et surnommait l'Araignée. Lord, il ne l'était que par le nom. Ce gros homme au crâne chauve et qui cachait ses mains dans ses longues manches d'une mystérieuse manière n'était pas de noble naissance et son histoire, personne ne la connaissait. Très peu en vérité. L'Araignée était son surnom car ce gros homme au crâne chauve avait des espions dans presque tout le royaume et même au-delà des mers qui lui rendaient compte de toutes les nouvelles possibles et inimaginables sur tous les habitants du royaume; du roi aux petites gens. La jeune femme se rappela des paroles de son oncle à son sujet : « Méfie-toi de ce Lord Varys. Si tu pensais que rien n'était pire qu'un Lannister, c'est que tu n'as pas encore croiser la route de Littlefinger et Lord Varys. L'un et l'autre n'agit que pour eux même et changent de camp comme je change de partenaire ! Bien que je crois que l'Araignée est plus fidèle que ce Baelish... Méfie-toi de ce que tu diras en sa présence tout de même. Il a beau ne plus avoir de poil sur le crâne et de queue entre les jambes, il n'est nullement sourd. Par ailleurs, ne sois pas étonné s'il connaît déjà énormément de chose à ton sujet, ses espions sont présents dans tout le royaume. Ses oiseaux comme il aime les appeler... Joue avec lui si tu es assez maline pour ça, mais je te le déconseille fortement. »
― Puis-je marcher à vos côtés madame ? demanda Lord Varys en s'avançant déjà vers la dornienne, devinant déjà la réponse.
Dyanna se devait de refuser mais, aimant les défis, acquiesça sagement de la tête et attendit que le Lord Varys se trouve à ses côtés pour continuer sa marche.
― Vous vous rendez aux festivités je présume ? fit l'homme d'une voix claire et audible.
― En effet. Mais... je ne resterai pas. Je suis retenue ailleurs, répondit-elle en regardant droit devant elle.
― Je ne suis pas sûr que notre bon roi Joffrey ne voudra que vous quittiez les festivités plus tôt. Il verrait sûrement la chose comme un affront, décréta l'homme chauve.
Un affront ? L'idée ne déplaisait pas entièrement à la dornienne.
― Votre venue à Port-Réal n'est pas que politique je présume, souffla l'homme avec un air mystérieux.
Dyanna le questionna du regard. Il continua :
― Des oiseaux chantent sur une possible vengeance des Martell à l'encontre des Lannister pour le meurtre de la Princesse Elia, votre tante.
Il fit une pause et continua :
― Vous désirez la vengeance et, pour l'obtenir, vous êtes prête à tout, y compris tuer le roi...
Dyanna voulu répliquer mais Lord Varys enchaîna aussitôt :
― Si je puis vous donner un conseil, Princesse Dyanna, évitez de vous frotter de trop près aux lions. Ils sont tout aussi rusés que les serpents. N'oubliez pas leur devise, Entend moi rugir. Oui, princesse, je connais aussi la vôtre Insoumis, Invaincus, Intacts. Mais dans ce combat que vous menez avec votre oncle, ce n'est pas les devises qui comptent ; mais le pouvoir. Et sans vouloir vous vexer, les Lannister ont une plus grande influence que les Martell.
Il marqua une pause et continua sur un ton plus amical :
― Je vous connais Princesse Dyanna ; plus que vous ne le pensez. Les oiseaux gazouillent beaucoup à votre sujet. Dernière fille du Prince Doran, protégée de son frère le Prince Oberyn, guerrière avertit comme ses cousines ; en somme, une parfaite Martell. Mais on raconte aussi que vos relations entre vos frères et sœur, ainsi qu'avec votre père, sont complexes. Vous lui reprochez de ne pas vous donner des responsabilités à votre rang et de ne soucier que de vos frères et sœurs.
Dyanna parvint à articuler :
― Je..je ne...
― N'ayez crainte Princesse, je ne vous veux aucun mal. Je respecte votre famille et son idée de justice. J'ai eu vent d'étranges nouvelles au-delà du détroit, des prêtresses de feu. Elles vous voit dans leur flamme. Vous êtes avec des dragons, dans une ville avec trois pyramides.
Devant le visage perdu de la dornienne, Lord Varys résuma la situation :
― Vous êtes promis à un grand destin Princesse Dyanna, alors évitez de mourir pour une vengeance qui n'aura jamais lieu...
La jeune femme s'arrêta alors et regarda en fronçant les sourcils l'homme chauve. Il était un dangereux mystère. La jeune dornienne tentait de résoudre ses énigmatique paroles. Comment pouvait-il être au courant de son rêve ? Comment pouvait-il savoir pour la ville aux trois pyramides ? Alors qu'elle tentait de trouver une réponse rationnelle à tout cela, elle fut interrompue par des pas qui approchaient.
― Lord Varys ! Cessez d'effrayer cette jeune femme avec vos paroles au sens caché ! s'exclama une voix familière.
Dyanna tourna la tête et vit le Nain et son écuyer. Il salua la princesse qui lui rendit poliment les salutations et demanda au chauve :
― Vous vous joignez au petit déjeuner du roi avec la Princesse Dyanna ? Je suis sûre qu'elle fera une charmante compagne.
― Les étrangers ne sont pas bienvenus à un tel événement, répondit-il courtoisement.
La jeune femme regarda attentivement la réaction du nain. Ils étaient tous les deux des étrangers à leur manière. Elle, était une Martell, étrangère par ses origines et par son nom. Lui était un étranger au sein même de sa famille ; le rejeté, le lionceau qu'on abandonne au sein de la nature en espérant que la mort abrégera ses souffrances.
― Pouvons-nous parler en privé monseigneur ? demanda Varys en lançant d'étranges regards vers la jeune femme et l'écuyer.
Le Nain questionna le chauve du regard, souffla et déclara à la Martell :
― Nous irons ensemble aux festivités, si vous le voulez. Je ne serais pas long. Je vous prie de m'attendre. Mon écuyer Podrick vous tiendra compagnie en attendant mon retour.
Sur ces mots, le Nain et le Lord chauve bifurquèrent vers la droite et laissèrent les deux jeunes gens seuls. Dyanna n'était déjà pas ravie d'aller aux festivités, mais savoir qu'elle devrait se retrouver avec le Lord Nain la faisait détester son oncle et son amante de cœur encore plus. Elle les regardèrent s'éloigner et se demanda en silence la raison de ses messes basses. De quoi peuvent-ils parler ?
― Je suis Ser Podrick Payne. Écuyer du seigneur Tyrion Lannister, se présenta le jeune homme en saluant la jeune Martell.
― Vous n'êtes pas encore Ser... Ser, rectifia-t-elle avec cet air aimable qui la caractérisait si bien.
Le jeune homme fut déstabilisé par la pointe d'agressivité de Dyanna. Il se racla la gorge et essaya de se reprendre en main. Il regarda autour de lui, vérifia que personne ne pouvait les entendre, et lui murmura :
― On raconte que le jour de votre arrivé vous êtes allée au bordel de Littlefinger et que vous auriez reçu des putains...
Dyanna rit :
― Que crois-tu que les Hommes font dans un bordel ?! Ils baisent bien sûr !
La jeune Martell n'avait aucune retenue quant à son vocabulaire que beaucoup considérait comme vulgaire pour une femme de son rang. Appelons un chat un chat...
Le jeune homme sentit le rouge lui montait aux joues.
― Oui... eh... eh bien, on dit que les putains ont refusé d'accepter votre argent.
― Les nouvelles vont vites à la Capitale... marmonna la jeune dornienne. Je suppose que voudriez connaître mon secret...
― Eh bien... ma dame... je... oui ma dame. Me voilà bien honteux de vous demander cela... je sais que je ne devrais pas, bégaya Podrick en se grattant nerveusement la nuque.
Dyanna afficha un sourire malicieux. En voilà bien un qui ne manque pas d'air...
― Soit. Je t'apprendrai alors... répondit-elle vaguement sans vraiment le penser.
C'était son petit secret à elle.
Le gros homme chauve partit d'un pas assuré et le lord Tyrion revint à ce moment même. Il vit son écuyer sourire mais ne lui posa aucune raison sur l'origine de sa joie si soudaine.
Le trio se dirigea vers le lieux des festivités, en silence, bien que Dyanna s'interrogea sur Lady Sansa ; sa femme. Pourquoi n'était-elle donc pas avec lui ? La dornienne était curieuse et brûlait d'envie de lui poser la question. Mais, en présence de l'écuyer du Nain, elle préféra se taire. Ils arrivèrent rapidement, et le jeune Podrick repartit une fois le Lord Tyrion et la Princesse Martell installés parmi les autres invités.
Les festivités avaient lieu dans une partie du jardin royal. On avait installé une longue table qui surplombait les autres sur laquelle siégeaient la famille royale : la Reine Mère, le Roi et sa femme, la seigneur Main, le petit prince Tommen, le beau-frère et le beau-père du Roi, le Nain et sa femme Lady Sansa ainsi que le Mestre de la cour. Une belle brochette de Lannister... Les autres invités, des maisonnées alliées, ou amis de la famille royale, étaient assis à des tables adjacentes à celle de la famille royale. Seule Martell, la jeune Dyanna se retrouva assise avec sa maisonnée, avec qui elle s'amusait à critiquer à tout vent les invités présent et sa Majesté en personne. Mais dans toutes ces critiques, il y avait aussi une description plutôt ravissante sur la femme du Roi, la jeune et belle rose Margaery Tyrell. Dyanna la dévorait du regard. Elle n'avait que faire des présents offerts, elle écoutait vaguement les discours des invités offrant leur cadeau ;même quand l'invité était le père de la jeune mariée, Mace Tyrell :
― En l'honneur de la maison Tyrell et du Bief, j'ai l'honneur de vous offrir ce calice. Puissiez vous et ma fille Margaery vous y abreuver et vivre longtemps, déclara-t-il.
Joffrey, d'humeur aimable semblait-il, répondit avec un sourire presque terrifiant :
― Magnifique coupe, monseigneur. Puis-je vous appeler père ?
Mace, agréablement surpris par la nouvelle s'exclama :
― J'en serai honoré votre Grâce !
Il repartit ensuite s’asseoir et le repas continua.
C'était bientôt au tour de la Martell d'offrir à son Éminence son cadeau de mariage. Alors que Dyanna but une gorgée de vin pour se donner du courage, elle remarqua des messes basses autour de la table de la famille royale. Elle vit la lionne parlait avec son père et observait avec une grande attention une domestique qui servait un verre au seigneur Nain. Ce dernier par ailleurs, semblait gêné en sa présence. Quel secret cache-t-il ?
Dyanna se leva et se dirigea vers la longue table. Elle allait devoir affronter tous ces Lannister à la fois. Elle salua chacun des membres à la table avec son plus gracieux sourire qu'elle réserva à la Reine Margaery. Une si belle rose... et encore plus de près.
― Votre Majesté. Je vous prie d'accepter cette modeste dague en signe d'amitié entre la famille royale, les Lannister et les Martell. Puisse cette amitié survivre aux multiples obstacles de la guerre. Et que le mariage entre mon frère Trystan et votre sœur la gracieuse Myrcella puisse être le premier pas vers une amitié grandissante, déclara Dyanna en essayant de ne pas se trahir elle-même.
Jamais il n'y aurait d'amitié entre les deux familles. Elle le savait, Cersei et Tywin le savaient aussi.
Joffrey tint la dague par son pommeau et l'examina de près en silence. Il voulut faire glisser sa doigt contre la lame mais Dyanna l'en empêcha à contre-cœur :
― Évitez de vous couper votre Grâce. La lame est tranchante et imbibée d'un puissant poison qui tue sa victime en quelques minutes. Provenant du serpent le plus dangereux du désert de Dorne, son venin paralyse d'abord sa victime puis lui donne des hallucinations. Il s'attaque ensuite au cœur et ce dernier s'arrête subitement, entraînant la mort. Je ne connais aucun remède à ce poison.
Elle aurait aimé le laissé faire et qu'il se coupe la main avec la lame. Elle aurait payé cher pour voir la mort du roi.
― Aucun remède vous dites ? répéta Joffrey qui était dur à convaincre. Mestre ?
Il se tourna vers le vieil homme en bout de table.
Le vieil homme se racla la gorge et comme sortit d'un sommeil, sa voix était raillée :
― Oui... oui messire il n'existe aucun remède au venin de la vipère de la mort !
Le Roi sembla satisfait mais comme toujours, il en désirait plus.
― J'aimerais voir les effets du poison par moi même...
Il se leva à la surprise générale et porta sa voix :
― Un volontaire peut-être ? Vos familles seront récompensés de votre courage...
Un silence pesant envahissait les lieux.
― Allons messires ! Personne ? Bien, je devrais désigner alors...
Dyanna fronça les sourcils devant les caprices et toute la cruauté du roi. Son père avait raison, un livre aurait été plus convenable et moins dangereux.
― Messire, croyez moi il n'y a aucun remède au poison et ses effets sont destructeurs sur sa victime, dit la Martell pour convaincre le Roi de stopper ses agissements.
La Reine Mère ainsi que la Reine tentèrent également de convaincre Joffrey. Mais finalement, ce fut le vieux lion qui eut le dernier mot :
― Le Roi n'essayera rien aujourd’hui ! Merci à vous Princesse Dyanna pour ce présent, et remerciez également votre oncle ainsi que votre père resté à Lancehélion. Les Martell et les Lannister seront à présent alliés pour le bonheur de Myrcella. Puisse votre frère la rendre heureuse.
Dyanna salua le vieux lion par politesse et se retira en silence. Elle reprit sa place et observa la suite des festivités.
C'était à présent au nain d'offrir son présent. Il se leva, se plaça devant le roi tandis que son écuyer apporta un immense livre. Tiens donc, on dirait que mon père et le Nain on eut la même idée. Je sens que sa Majesté capricieuse risque de ne pas apprécier.
― Un livre ? s'exclama surpris Joffrey.
― La vie de quatre rois, l'histoire des règnes de Daeron le Jeune Dragon, Baelor le Bienheureux, Aegon l'Indigne et Daeron le Bon. Un livre que tous les rois devraient lire, expliqua le Nain.
J'ai l'impression d'entendre mon père....
Le roi ne répondit pas et le silence s'installa à la table royale. Le nain salua son neveu et était prêt à partir quand le roi se décida à répondre :
― La guerre étant gagnée, nous devons consacrer du temps à la sagesse. Merci mon oncle.
Tout le monde resta surpris par les soudaines sages paroles du Roi. Le nain, tout aussi surpris que les autres rejoignit sa place, et les cadeaux de mariage continuèrent leur défilé. Un membre de la garde royale s'avança vers la table royale, présentant une longue épée en main. Le vieux lion se leva au même moment et déclara :
― L'une des deux épées d'acier valyrien de la capitale votre Grâce. Fraîchement forgée en votre honneur.
Joffrey regardait son grand-père avec admiration, un sourire presque effrayant au coin des lèvres. Il se leva d'un bond et se hâta d'essayer l'épée. Il l'a sortit de son fourreau sous des exclamations des invités. L'épée était, en effet, fort belle et la lame scintillait. Il l'a fit virevolter sans aucune précaution. Entaille-toi avec l'épée Joffrey...
― Faites attention mon roi, commença le Mestre. Rien n'est plus tranchant que l'acier valyrien.
Le roi, toujours aussi suspicieux comme il l'avait été avec la dague des Martell, et Dyanna pariait avec ses bannerets que le jeune roi capricieux voudrait essayer son nouveau jouet sur la chair humaine. Mais c'est sous les yeux ébahis des invités et de la famille royale que Joffrey déchiqueta en mille morceau le livre offert par son oncle Tyrion. Dyanna resta bouche bée par ce qui venait de se passer. Ce n'était nullement une chose à faire. Entaille-toi avec l'épée, entaille-toi avec l'épée, entaille-toi avec l'épée...
― Toute grande épée doit porter un nom ! s'exclama le roi en se tournant vers les invités comme s'il se tournait vers son public.
Sauf qu'à l'inverse d'un comédien, le roi ne jouait nullement la comédie.
― Comment dois-je l'appeler ?
Un concours du meilleur nom se lança parmi les nobles présents. On criait « Fléau », « Ténébreuse », « Colère », ou bien encore « Pleur de veuve », qui retint particulièrement l'attention du roi. Un nom cruel pour un roi cruel.
― Quand je m'en servirai, je m'imaginerai en train de trancher la tête de Ned Stark, affirma Joffrey avec un air joyeux.
Moi c'est ta tête que j'imagine trancher avec Venin tous les soirs avant de m'endormir... Dyanna observa la réaction de la pauvre fille du Lord, Lady Sansa qui, encore une jeune louve, se trouvait dans la tanière des lions. La Martell compatissait pour la jeune femme. Elle devait supporter les paroles indécentes de Joffrey et son oncle en mari.
Le roi regagna sa place en silence, comme si de rien n'était, et les festivités reprirent de plus bel. Dyanna ne cessait d'observer la pauvre créature qu'était la jeune louve. Elle semblait si innocente et cela l'intriguait. Comment pouvait-elle survivre à la cour ? La jeune femme pensa alors à aller lui parler, la questionner mais le faire ici serait dangereux ; surtout avec les lions.
À la place, Dyanna termina son repas sans dire un mot. Elle fixait chacun des membres de la famille royale et leur fit une promesse à chacun. Celle de la vengeance et de la justice pour sa famille. Au vieux lion, elle lui promit une mort rapide mais honteuse, à la lionne, un chagrin tel qu'elle ne pourrait s'en remettre, au lionceau, une agonie dès plus douloureuse. À Margaery Tyrell, elle lui promit une nuit de sexe inoubliable, et à Sansa Stark, la liberté. Ainsi, elle continua ses promesses, excepté pour le Lord Tyrion. Elle ne savait encore quel sort elle allait lui réserver. Et pour cause, il était encore mystère complet pour Dyanna. De quel côté es-tu le Nain ?