Game of Thrones : Fire and Ice.

Chapitre 22 : Le nain le plus détesté au monde. (Tyrion Lannister)

6237 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 24/01/2019 10:55

CHAPITRE NUMERO DIX-HUIT : TYRION LANNISTER.



Par les Dieux la vision qui venait de s’offrir à lui avait quelque chose de si réconfortant qu’il en eut ri s’il n’avait eu le visage et la barbe figés par les températures glaciales. Face à lui et à moins de deux cent mètres de distance, se dressait le château de Winterfell dont les basses murailles disparaissaient sous les monceaux de neige et ce aux rares endroits que les occupants des lieux n’usitaient que bien peu voire pas du tout.

Qu’importait dans le fond ce qui en était puisque la vue du fief des Stark représentait pour lui une promesse. Celle de bons feux de cheminées qui lui réchaufferaient les doigts rendus gourds par le froid de l’Hiver qui n’en était qu’à ses prémices.

Tyrion pouvait le percevoir, ceux qui l’avaient accompagné depuis Blancport ressentaient les mêmes sentiments que lui. Il faut dire que le voyage pour parvenir jusqu’ici n’avait pas été des plus simples et nombreux étaient ceux qui n’avaient pas survécu bien que la très grande majorité d’entre eux fut des soldats Immaculés. Ceux-ci n’étaient pas habitués à faire face aux terribles affres de ces conditions climatiques qu’ils n’avaient jamais vu avant leur arrivée à Westeros.

Ceux qui avaient survécu, et ils étaient plus qu’assez pour combattre les morts, ne présentaient pourtant pas une meilleure mine. Ver Gris lui-même ne faisait pas exception bien que tout du long du trajet et ce depuis la jonction du groupe de Tyrion avec l’immense armée d’eunuques, le commandant de ceux-ci était demeuré totalement impassible et ayant très peu ouvert la bouche.

Tyrion le savait pertinemment, cette attitude n’était qu’une façade visant à dissimuler le chagrin qu’il éprouvait suite à la perte de la femme qu’il avait aimé. Tyrion y vit là l’écho de son propre passé mais s’abstint de trop y penser. Pour lui aussi le décès de Missandei avait fait quelque chose. Cette jeune femme si douce et proche amie de Daenerys qui lui arrivait de conseiller parfois.

Apprendre à sa reine le trépas de sa compagne devait lui revenir, il l’avait décrété uniquement auprès de Jorah et de Ver-Gris qui la connaissaient. Nul ne s’y était opposé et il se demanda pourquoi il avait choisi d’accomplir cette difficile tâche.



« Encore en train de rêvasser le nain ? »



Le Limier se tenait sur sa droite. Tout du long du voyage jusqu’à Winterfell, Sandor Clegane s’était montré taciturne, n’hésitant pas à envoyer des piques à qui voulaient bien les entendre. C’était étrange, à croire que le Limier éprouvait de la nervosité à l’idée de gagner leur destination. Qui donc pouvait-il redouter de croiser ? Tyrion était trop las pour réfléchir sur la question et préféra se remettre à marcher.



Le camp des Dothrakis fut traversé sans qu’il n’y prête la moindre attention. Les cavaliers étaient arrivés bien avant eux et s’étaient installés sur une longue zone à en juger par les tentes en peau qui parsemaient le terrain aux abords de Winterfell. Les Immaculés occuperaient probablement un autre flanc de la plaine, à moins qu’ils ne se placent sur les collines avoisinantes.

Tout en foulant le sol enneigé, Tyrion laissa divaguer ses pensées vers Sansa. Il avait ouïe dire que celle-ci avait bien changé depuis la dernière fois où il l’avait vu. Cela s’était déroulé lors du mariage de son neveu qui était mort empoisonné. Un meurtre qu’on lui avait attribué ainsi qu’à la jeune Stark. Tyrion se savait innocent et n’avait jamais cru aux accusations portées à l’encontre de Sansa.

Cette dernière avait dirigé Winterfell après le départ de son frère et Tyrion pouvait aisément croire que l’exercice ne lui avait pas fait peur. Il avait deviné le potentiel de la jeune femme quant à gouverner un jour. Si Jon renonçait à son titre il se pouvait qu’il s’éclipse également en faveur de sa sœur qui était une Stark à part entière.



« Mais toi Jon tu as du sang de Targaryen et de Stark, pas vrai ? »



Cette réflexion il la garda pour lui. Inutile de s’en ouvrir aux autres puisqu’elle reposait uniquement sur des suppositions. Si Jon pouvait monter un dragon c’est que l’un de ses parents devaient forcément être un Targaryen. Le père étant déjà connu de tout Westeros, à savoir Eddard Stark qui ne s’en était d’ailleurs jamais caché, l’unique possibilité demeurait du côté de la mère.

C’était si évident que Tyrion soupira devant cette remarque. L’épuisement l’empêchait de demeurer pleinement lucide. Dans tous les cas, Jon n’avait jamais connu le nom de la femme qui l’avait mis au monde. Si Tyrion devait l’identifier il parierait sur Rhaella Targaryen, la propre mère de Daenerys.

Il se pouvait que Ned ai eu une relation avec Rhaella peu de temps auparavant. La question demeurait de quand ceci s’était-il produit. Jon était plus vieux que Daenerys, d’au moins quelques mois. Mathématiquement parlant Rhaella aurait très bien pu accoucher de lui, dans le plus grand secret, et peu après tomber enceinte de celle qui était désormais nommée la reine des dragons.

Malgré tout Ned Stark était un homme d’honneur et le roi Aerys avait fait exécuté son frère et son père. Tyrion le voyait donc mal entretenir une relation avec une Targaryen sauf si cette dernière était plus ancienne encore et dont Jon aurait résulté de cet amour interdit.

Si cette ascendance se vérifiait, elle avait le mérite d’expliquer que Jon ait pu approcher les dragons et monter l’un d’entre eux. Toutefois il restait un bâtard et Tyrion en éprouvait une forme de soulagement puisqu’ainsi il ne pouvait exister de rivalité entre Jon et Daenerys quant à qui pouvait revenir le Trône de Fer.

Cependant, Tyrion avait bonne idée quant aux sentiments que ces deux jeunes gens éprouvaient l’un envers l’autre. Après tout n’avait-il pas vu son ami gagner la chambre de Daenerys alors que tous voguaient en direction de Blancport ? Tyrion s’interrogea sur comment tous deux réagiraient s’ils venaient à découvrir leur lien de parenté et ce au travers de leur mère respective.

Le mieux serait qu’il préserve ses conclusions pour lui. Car après tous les Nordiens détestaient les Targaryen, il serait donc inutile d’envenimer les choses en informant Jon de ses origines. La nature foncièrement honnête de ce dernier l’inciterait à révéler à tous qui étaient ses parents et vu la guerre contre les morts qui requérait une entente solide entre les Nordiens et les pro-Targaryen le silence restait la meilleure chose à faire.



********************



Lorsque les portes de Winterfell s’ouvrirent devant lui, Jorah, Davos, le Limier et Ver-Gris, Tyrion put remarquer que le comité venu les accueillir était des plus restreint. Jon était présent ainsi que Daenerys. Lady Sansa complétait le tableau. C’était tout. Pas le moindre seigneur du Nord avait daigné être présent. Était-ce là le signe que tous refusaient la décision de leur roi de plier le genou devant Daenerys ? Si c’était cela alors les choses ne risquaient pas d’aller en s’arrangeant. Après tout les Lannister étaient tout autant haïs que les Targaryen.

Jon et Daenerys s’avancèrent droit vers eux. Cette dernière cherchait quelqu’un du regard et Tyrion su que l’heure fatidique avait sonné.



« Je regrette d’être porteur de mauvaises nouvelles votre grâce. Les Immaculés ont été attaqués par le Roi de la Nuit et un dragon que je soupçonne être Viserion. Nombreux sont ceux qui ont péri durant l’assaut. C’est notamment le cas de Missandei, conclu-t-il après un temps de silence. »



Le choc sur le visage de Daenerys lui transperça le cœur encore plus qu’au moment où cette dernière et Jon s’étaient retrouvés ensembles sur la galère. Il eut temps souhaité réconforter cette femme qu’il avait choisi de conseiller dans la guerre qu’elle menait contre les Lannister.



« Missandei, répéta Daenerys. Non, c’est impossible. Je refuse à croire que ce soit vrai. »



Elle se tourna vers le commandant de ses armées, espérant que l’intéressé nierait tout en bloc et que la jeune femme qu’il avait aimé surgirait en pleine forme.



« Ma personne a failli à protéger Missandei de Naath, s’excusa Ver Gris qui ne pouvait soutenir le regard de sa majesté.

-Je sais que c’est là une perte cruelle votre grâce, commença Tyrion en vue d’attirer son attention. Toutefois cette attaque ne peut laisser supposer qu’une chose. Notre ennemi est parvenu à franchir le Mur et il y a tout lieu de croire que ses armées en ont fait tout autant.

-Nous le savons, dit Jon. Les morts investissent peu à peu le Nord tout entier pour étendre ses forces avant de pouvoir frapper Winterfell. »



Jon et Daenerys se tournèrent de concert en direction de Ver Gris. Ils escomptaient de ce dernier davantage d’explications sur le déroulement des événements. Tyrion s’en désintéressa un instant et s’écarta du groupe pour s’approcher de Sansa. Par les Dieux que cette dernière était devenue grande. Grande et belle à vrai dire. Nombreux seraient les seigneurs à lui faire la cour pour obtenir ses faveurs. Qui plus est en tant que Stark elle représentait un bon partie pour quiconque souhaiterait établir des noces.

Ce fut là qu’il se souvint que tous deux étaient mariés. Certes cette union il la considérait comme caduque bien qu’elle n’eut pas été répudiée officiellement. C’était son père qui avait intrigué pour que se fasse « alliance » entre les deux grandes maisons. Après tout en tant que dernière Stark, tout du moins officiellement à cette époque, Sansa était l’héritière de Winterfell. L’épouser suffisait à posséder ce lieu ainsi que l’ensemble du Nord.

Tyrion savait également que Sansa avait été unie, là aussi contre sa volonté il en était certain, à Ramsay Bolton. Celui-ci n’était plus et bien qu’elle devait porter le nom de Lannister ou de Bolton, selon le sacrément qui prévalait, Tyrion doutait qu’elle apprécie qu’on lui rappelle le sombre souvenir de ses épousailles.



« Je suis heureux de vous retrouver Lady Stark, lui assura-t-il tout en effectuant une légère révérence.

-Moi de même lord Tyrion, affirma-t-elle en retour. »



Était-ce réellement le cas ? Tyrion n’aurait pu se montrer aussi affirmatif devant le visage impassible de la jeune femme. Elle cachait ses pensées bien mieux qu’à l’époque où elle était retenue prisonnière à Port-Réal. Ses expressions faciales la trahissaient souvent bien qu’elle en jouait parfois pour survivre en se faisant passer pour une petite chose fragile.



« Je suis fort aise de savoir qu’après tout ce que vous avez traversé vous soyez devenue cette femme forte. »



Ce dernier se contenta d’afficher un léger sourire. Ce dernier avait des consonances bien plus honnête que les rictus de façade qu’elle arborait alors pour ne pas froisser Cersei ou Joffrey qui l’a maltraité.



« Je suppose que vous ne serez pas contre un repas chaud messire, fit-elle. Je vais vous conduire jusqu’à vos appartements. »



Tyrion opina du chef. Il n’avait rien contre de la pitance qui lui remplirait l’estomac. Quelque chose de lourd pour qu’il puisse se sentir si repu qu’il parvienne à trouver le sommeil et oublier les cauchemars qu’il avait au sujet du Roi de la Nuit qui chevauchait son dragon mort. Toutefois, et avant qu’aucun d’eux n’ait pu effectuer le moindre mouvement, la silhouette de Clegane parut se matérialiser à leurs côtés.



« Il semblerait que le petit oiseau a bien grandi depuis la dernière fois, fit-il d’une voix bourrue. »



Tyrion lui jeta un coup d’œil, s’étonnant de constater que Sandor paraissait presque intimidé malgré le fait qu’il s’échinait à montrer un air dédaigneux. Serait-ce possible que cette grande brute au langage fleuri éprouve quoi que ce soit en ce qui concernait Sansa ? Une idée qui pouvait paraître grotesque mais qui pouvait expliquer sa nervosité croissante à mesure qu’ils approchaient tous de Winterfell. Quoiqu’il puisse en être et si l’intéressée en avait conscience, elle se garda bien de le montrer.



« Je vous remercie de votre sollicitude ser, déclara l’intéressée en toisant le Limier sans sourciller. Je ne cache pas mon étonnement de vous savoir toujours en vie. J’avais entendu dire que vous n’étiez plus de ce monde.

-C’est pas encore le cas petit oiseau. Il me reste une montagne a renversé. »



Tous savaient de quoi il en retournait. Il était de notoriété publique qu’il existait une puissante rancœur entre les frères Clegane.



« J’ai entendu dire que votre sœur était là aussi, poursuivit Sandor. J’aurai cru qu’elle serait venu accueillir un vieil ami.

-Arya est occupée à autre chose, se contenta de justifier Sansa. »



Pour sa part Tyrion s’étonnait que Sandor s’intéresse à la plus jeune des filles de Ned Stark.



« Vous paraissez bien la connaître Sandor.

-Va te faire foutre le nain. »



Tyrion s’étonna de cette réaction. Nonobstant le Limier ne s’attarda pas et s’en fut vers le château après que Sansa l’eut autorisé d’un hochement de la tête.



« Je suis ravi de savoir que votre sœur est toujours des nôtres, fit Tyrion. J’avais ouïe dire qu’elle n’était plus depuis… . »



Il ne termina pas sa phrase de crainte de raviver de mauvais souvenirs chez la jeune femme. Pourtant ce fut celle-ci qui se chargea de compléter ses propos.



« Depuis le moment où mon père fut trahi et emprisonné pour un crime qu’il n’avait pas commit. Si vous tenez à le savoir il s’avère qu’elle a assisté à son exécution.

-Par les Dieux, ce n’était qu’une enfant, qui aurait pu l’inciter à voir cette scène.

-Personne. Toutefois la condamnation étant publique il ne lui a pas été difficile d’en prendre connaissance. Quoiqu’il en soit je vous sommerai de faire attention à vos propos en sa présence, les Lannister ne sont pas en sécurité pour leurs forfaits.

-Je tâcherai donc de me montrer sous mon meilleur jour.

-Je l’ai mis en garde, poursuivit Sansa. Elle sait que vous avez eu une attitude protectrice envers ma personne.

-Un bon point pour moi à ce que je peux voir. Je serai toutefois ravi d’entendre le récit des péripéties qu’elle a pu vivre pendant tout ce temps.

-A votre place je n’y compterai pas trop. Arya n’est plus tout à fait la même et est assez taiseuse sur les expériences qu’elle a vécu. »



Soit Tyrion ne s’en formalisa pas. Il aurait bien d’autres sujets de conversations. L’un d’eux concernait le mariage qui les liait et ce devant les Nouveaux Dieux. Toutefois le moment n’était probablement pas opportun pour entamer ce type de discussion, aussi Tyrion décida-t-il de se focaliser sur un autre sujet.



« Pour ma part je m’attendais à trouver Lady Brienne à vos côtés, confia-t-il. Elle nous a quitté bien tôt au cours de notre voyage et escomptait atteindre Winterfell au plus vite. Lui serait-il arrivé d’effectuer quelques mauvaises rencontres en chemin ?

-Lady Brienne est ici, dévoila Sansa. Pour l’heure elle est employée à autre chose que ma protection. »



Elle n’en révéla pas davantage. Un groupe d’hommes et de femmes s’approcha alors et elle leur formula des ordres quant à des dispositions à prendre pour héberger leurs invités de marque. Des regards suspicieux furent adressés à Tyrion qui ne s’en formalisa pas ouvertement.

Lors de sa dernière venue ici il avait senti de la défiance émaner de tout ce qui le croisait. Plus tard, et en chemin pour regagner la capitale du royaume, Tyrion avait été arrêté par Lady Catelyn, comprenant enfin la raison de cette antipathie. Le Nord étant connu pour sa mémoire, il doutait que quiconque eut oublié le prétendu rôle qu’il avait joué dans la tentative d’assassinat du jeune garçon prénommé Brandon.



« Je crains que votre présence ne soit pas la bienvenue en ces murs, avoua Sansa qui avait également remarqué l’animosité de ses sujets. Beaucoup de griefs sont reprochés à votre famille.

-Je peux le comprendre, assura-t-il. Je sais que nombreuses sont les familles a avoir perdu plusieurs membres au cours de la guerre qui secoua le continent tout entier.

-Un conflit qui n’a éclaté qu’en raison des intrigues fomentées par Petyr Belish. Sans lui et ses mots empoisonnés jamais de tels troubles ne se seraient produits.

-J’ai ouïe dire que Littlefinger se tenait à présent au sein même de ce bâtiment. Je l’imagine assez bien continuer à intriguer auprès des seigneurs pour les monter contre notre reine ainsi que moi-même.

-Il l’eut probablement fait, concéda Sansa. Toutefois Petyr n’est plus. »



C’était là une nouvelle fort agréable à entendre, pensa Tyrion qui s’était toujours défié de cet homme et de ses sourires en coin. Belish mort, le royaume ne s’en porterait que mieux. Quoiqu’il en était il avait hâte d’en savoir davantage sur les circonstances du trépas de Littlefinger.



« Voilà une excellente chose, concéda-t-il. Il n’empêche que je me demande comment vous pouvez savoir qu’il est à l’origine de la guerre qui opposa ma famille à la vôtre. Après tout une inimitié régnait déjà entre les Lannister et les Stark, j’en veux pour preuve la tension qu’il y avait entre votre père et mon frère Jaime.

-Et Baelish s’en est servi pour parvenir à ses fins. Il aurait probablement réussit à semer la discorde entre ma sœur et moi si je ne l’avais connu aussi bien. Quant à mon frère Bran il m’a permit de connaître l’ensemble des manigances de Littlefinger.

-Je me souviens de Brandon. Un garçon courageux qui refusait de se laisser abattre. Peut-être pourrai-je lui toucher un mot ou deux.

-Alors autant que vous le sachiez, Bran n’est plus ce qu’il fut autrefois. »



Et bien cela devait promettait d’être intéressant. Il s’apprêtait à s’enquérir de ce que Sansa pouvait attendre par là lorsque Jon et Daenerys reparurent. Jorah et Davos les accompagnaient tandis que Ver Gris devait être retourné auprès de ses hommes pour superviser l’installation du campement qui promettait d’être immense vu depuis les remparts de Winterfell. Suite à quoi tous se dirigèrent vers l’entrée principale et pénétrèrent à l’intérieur des murs du château où régnait une chaleur plus que bienvenue.



********************



Les appartements de Sansa étaient chauds du fait du feu de cheminée qui brûlait allègrement dans l’âtre. Tyrion s’en était approché sitôt présent dans la pièce et ses mains tendues absorbaient la chaleur.



« Ainsi donc Littlefinger savait qu’il suffisait que Jon Arryn meurt pour mettre le feu aux poudres entre nos deux familles ? »



Sansa venait de lui narrer tous les méfaits de Baelish, toutes ses manigances, ses complots, ses alliances au gré de ses plans. Et tout ça pourquoi ? Lui permettre d’éliminer ceux qui pouvaient l’empêcher d’atteindre son objectif ultime, le Trône de Fer. L’idiot se croyait-il assez malin pour que toutes ses machinations aboutissent à faire de lui le roi de Westeros.

Certes il avait en un sens réussit à faire en sorte que la guerre mette un terme à l’existence de plusieurs grandes et anciennes maisons. Les Tyrell et Baratheon en étaient l’exemple le plus criant.

Et les éléments apportaient par Sansa lui permettait d’avoir enfin les réponses sur qui étaient les personnes à l’origine de la mort de Joffrey.



« Olenna a bien caché son jeu tout ce temps car je dois le reconnaître je n’ai pas soupçonné son implication. Toutefois au vue de ce que je viens d’entendre tout ceci paraît d’une telle évidence. Joffrey était imprévisible, comment les Tyrell auraient pu escompter jouer un rôle dans la gouvernance de Westeros avec cet imbécile qui n’en faisait qu’à sa tête. Je présume que le but était que Margaery épouse Tommen. De part sa candeur celui-ci était bien plus manipulable.

-C’est en tout cas les arguments que votre frère a rapporté à votre sœur, déclara Bran. »



Tyrion pivota pour faire face au jeune homme. Ainsi donc Cersei savait la vérité. Pourtant lorsqu’il était allé la trouver à Port-Réal après que Jon Snow eu failli faire capoter la mise en place d’une entente entre les différentes familles, Cersei s’était bien gardée de lui faire part des aveux d’Olenna et n’avait eu de cesse de le tenir pour responsable de la mort de l’ensemble de ses enfants. Sa sœur était vraiment la reine des garces, il fallait lui reconnaître ce mérite.



« Et en quoi le fait que Margaery se marie à Tommen aurait pu servir les intérêts de Baelish ?

-Je ne suis pas vraiment sûr, concéda Bran. Il semblerait que ses plans initiaux furent mis à mal part dès le moment où Cersei se tourna vers les Moineaux. Cet ordre religieux l’emprisonna et elle se vengea de sorte qu’elle élimina bon nombre de ses adversaires, notamment les Tyrell. »



Tyrion connaissait l’histoire. L’explosion du Septuaire de Baelor était un événement qui n’était pas restait anodin. Il s’étonnait même de la folie de Cersei qui aurait très bien pu conduire à l’anéantissement totale de la capitale. Tyrion qui avait usé du feu grégeois lors de la bataille de la Néra frissonna d’effroi en imaginant que Cersei avait sans doute piégé toute la cité et si Daenerys se décidait d’approcher ses troupes Tyrion se doutait que sa sœur préférait rayer Port-Réal de la carte plutôt que d’avoir à abdiquer devant son ennemie jurée.

Préférant ne pas formuler à voix haute les préoccupations qui étaient siennes, Tyrion toisa Sansa.



« Littlefinger a toujours agi avec prudence. Ses paroles que vous m’avez rapporté le prouve assez bien. Comment irions-nous nous méfier d’un homme qui ne posséderait aucun mobile, qui ne pourrait tirer nul avantage apparent ? Il était malin. Et pourtant vous êtes parvenu à le déjouer et ce à sa surprise.

-Baelish avait des sentiments pour moi, confia Sansa. Je présume que ses sentiments pour moi l’ont en quelque sorte aveuglé et il s’est fait prendre à son propre jeu sur la manipulation d’autrui. Il croyait que je redoutais qu’Arya ne tente quoi que ce soit pour me nuire afin de devenir la lady de Winterfell. Si Littlefinger avait connu ma sœur comme je le fais, il aurait su que jamais Arya n’aurait intrigué pour me remplacer tant être de la haute société ne correspond pas à sa personnalité.

-Et je suis fort aise que Baelish se soit fourvoyé. J’aurai redouté que ses intrigues nuisent à l’entente entre Daenerys et les Nordiens.

-Les seigneurs ne l’ont pas accepté pour autant. Ils se souviennent des actions de son père.

-Et qui les blâmeraient de se rappeler l’affront fait aux Stark, rétorqua Tyrion. Je conçois que je pourrai également me défier que la fille ressemble au père. Toutefois, et au vue de ce que je sais sur notre souveraine, je puis affirmer qu’elle est différente.

-Elle n’hésite pourtant pas à user de ses dragons pour brûler ses ennemis, fit Sansa.

-Ce qu’elle a fait aux Tarly était une regrettable erreur que j’aurai amplement préféré éviter, déclara Tyrion. Toutefois il ne faut pas la juger d’après cela et … .

-Les différentes familles de Meereen ont pu goûter à la justice de Daenerys, lui répliqua la jeune femme. Il est évident qu’elle n’hésiterait pas à le reproduire ici même si tant est que certains de nos bannerets refusent de ployer le genou.

-Elle n’en fera rien, je peux m’en porter garant.

-Pourtant vous redoutez vous-même de ne pouvoir la refréner, n’est-ce pas ? »



Cette interrogation, qui n’en était pas vraiment une, émanait de Brandon Stark. En se focalisant sur l’intéressé, Tyrion comprit qu’il n’avait nul besoin d’apporter une réponse, le garçon la connaissait déjà.



« Votre pouvoir m’étonne grandement. Je n’aurai jamais cru qu’une telle chose put être possible. »



Juste avant d’évoquer le cas Littlefinger, Brandon Stark avait tenu à lui faire part de ce qu’il était devenu, la Corneille à Trois Yeux ce qui impliquait de pouvoir connaître et voir tout ce qu’il s’était passé avant, ce qui avait lieu maintenant et ce qui pourrait être. Le jeune homme affirmait aussi qu’il n’était plus Bran et préférait qu’on le nomme d’après sa nouvelle identité. Tyrion hésitait à suivre cette démarche bien qu’il l’appelait mentalement l’Ubiquitaire omniscient.



« Vous m’avez apporté les preuves de vos visions. Je n’aurai sans doute pas porter le moindre crédit à vos dires sans cela. Toutefois pourquoi les gâcher pour connaître les intentions de Daenerys. Vous pourriez faire bien plus comme étudier les faiblesses de notre véritable ennemi, ne croyez-vous pas ?

-Je le fais, répondit Brandon. Toutefois il m’est difficile de parvenir à quoi que ce soit. Cette époque sombre qui m’intéresse était emplie de la magie néfaste du Roi de la Nuit. Je crains que le Roi de la Nuit d’aujourd’hui connaisse mes intentions et m’empêche d’obtenir les réponses.

-Vous voulez dire qu’il est lui aussi la Corneille ?

-Je crois que la magie qui l’a conçu lui a fourni des pouvoirs similaires aux miens. Malgré tout je me concentre sur l’homme qui triompha de lui autrefois, l’incitant à partir.

-Bran pense que Jon pourrait être la « réincarnation » de ce héros, s’empressa d’intervenir Sansa.

-Jon ? Pourquoi le serait-il, s’en étonna Tyrion en les fixant tour à tour. »



Au vue du regard que tous deux s’adressèrent, il était évident qu’ils en avaient une assez bonne idée. Cependant ils ne paraissaient pas lui faire confiance au point de s’en ouvrir. Qu’importe, il se fit la promesse d’avoir un tête à tête avec le jeune Stark et d’après ce que celui-ci consentirait le dire il en déduirait des réponses. Il sourit mentalement à cette idée, aimant la perspective de percer un secret qu’on tenait à lui taire.

Derrière lui la porte s’ouvrit et une femme leur apprit que « Sire Jon », escomptait leur présence à tous. Le mestre l’accompagnait et poussa le fauteuil de Bran.



« Un instant Sansa, s’empressa de dire Tyrion. Il y a une chose dont j’aimerai m’entretenir avec vous. »



Étonnée la jeune femme opina du chef et consentit à attendre un peu.



« La dernière fois que nous nous sommes vus vous et moi, débuta-t-il assez maladroitement.

-Nous étions mari et femme, termina Sansa tout en acquiesçant. Oui je me souviens très bien de cela. Que voulez-vous donc savoir, lord Tyrion ?

-Ce mariage était un arrangement fomenté par mon père afin d’obtenir la suzeraineté du Nord par votre intermédiaire. »



Sansa ne prononça aucune parole, attendant la suite et sachant déjà tout cela. Elle était une jeune fille intelligente, comment ne l’aurait-elle pas compris ?



« Seulement vous et moi ne nous sommes jamais aimés, poursuivit-il dans ce qui était une évidence pour tous. Peut-être serait-il temps pour nous de mettre un terme à cette farce ridicule.

-Je pense qu’effectivement il serait judicieux de rompre nos épousailles, lui confirma Sansa. Nous n’aurons qu’à agir de la sorte une fois que la guerre sera entièrement terminée. »



Tyrion opina du chef. Le fait d’avoir prit cette décision l’incita à penser à son premier mariage et il se surprit de ressentir de la tristesse rien qu’à de se demander ce qu’était devenue sa première femme Tysha. Le sort subit par cette dernière n’avait pas été des plus enviables et Tyrion éprouva une fois de plus de la culpabilité en revisionnant le calvaire de cette dernière.



« Nous ferions mieux de rejoindre votre frère à présent, se contenta-t-il de déclarer en guise d’assentiment aux propos de Sansa. »



Après quoi tous deux quittèrent la pièce.



********************



« Mort à ce traître de Lannister, beuglèrent les seigneurs d’une même voix. Faisons-le payer pour les tromperies ourdies par les siens. »



Tyrion toisa les bannerets des Stark. Il s’était attendu à une telle vindicative personnelle dès que Jon eut commencé son discours. Ver Gris lui avait rapporté le déplacement des troupes Lannister qui convergeaient droit sur Port-Réal. Aucune n’avait emprunté la voie du Nord. Une conclusion s’imposait, Cersei ne tenait pas à leur apporter la moindre aide dans le conflit contre le Roi de la Nuit. Bien au contraire elle se repliée sur elle-même escomptant sur le fait que ses ennemis s’entre-tuent entre eux.



« Ma sœur est une garce, je l’ai toujours dit, déclara Tyrion. Et j’ai toujours su qu’il fallait nous défier de cette dernière quand bien même j’espérais, sottement de toute évidence, que pour une fois elle réaliserait que nous n’avions nul avenir à escompter si nous décidions de poursuivre dans la voie des dissensions entre les différentes maisons.

-Si la reine des dragons est de notre côté alors qu’elle envoie ceux-ci réduire en cendres ces chiens de Lannister, s’écria Glover. »



Ses yeux se posèrent sur Tyrion qui y lut là des promesses de meurtres. Il se demanda alors si oui ou non ce lord irait jusqu’à défier frontalement la protection que Jon avait émise pour les proches de Daenerys.



« Je connais vos ressentiments à l’égard des miens, débuta Tyrion. Vous avez souffert de la guerre qui a résulté entre le Nord et les Lannister. Je ne puis réparer les torts de ma famille, seulement vous présentez mes excuses en mon nom propre.

-Vous êtes un Lannister. Vos paroles ne sont que félonies et nous ne pouvons nous fier à vous, poursuivit Glover. Vous nous trahirez pour votre sœur dès que l’occasion s’en présentera.

-A ceci près que contrairement à cette chère Cersei je suis ici à vos côtés et que je compte bien le demeurer pour servir au mieux notre reine à tous.

-Que ce soit Daenerys ou Cersei, aucune n’est ma souveraine, affirma le seigneur. Nous avons choisi Jon Snow pour nous gouverner. Et si lui refuse ce pouvoir il existe d’autres Stark pour occuper Winterfell.

-Je ne le nie pas et comme on le dit si bien, il y aura toujours un Stark à Winterfell, pas vrai ?

-Il suffit nabot, je n’ai point le désir de t’entendre prononcer de nouveaux mensonges. Après tout qu’attendre de quelqu’un qui n’a pas hésité à tuer son propre père.

-Tywin est pourtant un homme que tout le Nord redoutait si ma mémoire ne me fait pas défaut, rétorqua-t-il avec sécheresse. Alors c’est vrai j’ai assassiné mon père. Et au lieu de me remercier de ce geste vous préférez me maudire pour l’avoir fait. Voilà bien de l’hypocrisie nordienne ou je ne m’y connais pas. »



Le brouhaha qui s’en suivit fit trembler les murs. Jon leva les mains pour calmer l’assemblée.



« Les paroles de Tyrion n’auraient pas dû être, je le reconnais. Toutefois il est mon ami et je lui fais pleinement confiance. Cersei nous a peut-être trahi mais dans l’immédiat la menace des morts doit demeurer notre principale préoccupation. Si nous nous divisons une fois de plus nous ne pourrons espérer en venir à bout.

-Comment pouvez-vous croire en ces gens ? Les Targaryen ont tué votre oncle et votre grand-père. Les Lannister ont exécuté votre père et organiser les Noces Pourpres où votre frère et Lady Catelyn ont été trahis pour exécuter.

-Mon frère a confiance en Daenerys et Tyrion. Je place moi-même ma foi en eux.

-Vous êtes l’épouse du nabot si je me souviens bien.

-Et je suis avant tout Sansa de la maison Stark, famille à laquelle les Glover ont juré allégeance si je ne m’abuse. Je vous donne donc l’ordre d’obéir à mes directives et de vous fier à mon jugement. Tout seigneur se défiant de Daenerys et de Tyrion se défiera de moi par la même occasion. »



Le regard froid qu’elle adressa à ses bannerets calma les plus récalcitrants. Oui Sansa n’était plus la petite fille qu’il avait connu à Port-Réal. Elle était une femme affirmée et d’après la scène à laquelle il assistait il su instantanément que tous se plieraient à ses revendications. Tyrion l’imagina dans un avenir proche et pour lui il était évident que le caractère affirmait de Sansa pourrait lui permettre d’être une bonne dirigeante.



« Si tel est votre désir, s’inclina Glover. »



Cependant les yeux de ce dernier en disait assez long quant à la teneur de ses ressentiments et ceux-ci n’iraient pas en s’estompant. Tyrion ne s’en offusqua pas. Il haïssait sa propre sœur et pouvait comprendre que nul ne puisse un jour l’aimer.

Sauf Jaime. Jaime qui avait toujours était amoureux de Cersei. Tyrion l’avait apprit bien assez tôt et bien que les deux l’ignoraient probablement, il avait tout fait pour que leur père ne l’apprenne pas, quitte à devoir se compromettre auprès de Tywin pour qu’il ne tombe sur les deux amants incestueux.

Tyrion se chagrina de savoir que Jaime avait décidé de ne pas suivre la promesse faite par Cersei de concourir aux côtés des Nordiens et de Daenerys dans la guerre contre les morts. La trahison de Cersei n’était pas un véritable étonnement, elle ne pensait qu’à elle et idiote qu’elle était elle ne pouvait concevoir que son attitude provoquerait sa perte. Après tout sa sœur n’aurait jamais les forces nécessaires pour survivre aux forces de Daenerys. Encore moins de celles du Roi de la Nuit, dans le cas où il triompherait des vivants au Nord de Westeros.

Mais Jaime. Ah il devait bien être naïf pour avoir imaginé un instant que son aîné honorerait son serment. Jaime qui s’affirmait un homme d’honneur bien que beaucoup en doutait du fait de ses actions. En refusant cette alliance, il prêtait foi aux propos de ses détracteurs.



« Jaime j’avais confiance en toi, pensa-t-il sombrement. Pourquoi fallait-il que tu sois aussi aveugle pour ne pas comprendre que Cersei te conduira à ta propre perte ? »



Avec un soupir il en vint presque à comprendre pourquoi tout le monde méprisait autant les Lannister. Il ne restait plus que lui, pour qu’à l’issue de cette guerre, la grandeur de sa famille puisse être restaurée.



« Et cela si seulement je parviens à avoir la confiance des Nordiens. »



Chose qui était bien loin d’être gagnée.



(Possible changement car j'ai eu du mal avec ce chapitre donc dites-le moi par message si il y a des choses qui dérangent :) )

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