Mutatio

Chapitre 5

5732 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 22:02

Malgré sa situation et l’inconfort qu’elle en ressentait toujours, Fang soupira de bonheur quand elle et ses amis virent enfin au loin, les portes de leur petit village côtier. Il leur avait fallu une semaine pour rentrer, et cette dernière avait été longue et fatigante. 

 

Les Zirnitras s’étaient montrés tenaces. A cette saison, il était difficile pour eux de trouver de la nourriture pour leurs progénitures. Ils avaient besoin de s’attaquer à des proies faibles ou petites et en plein été, les bestioles de ce genre se cachaient dans des endroits sombres. L’être humain était fragile et aux yeux des Zirnitras, ils étaient appétissants et facile à dépecer pour en rapporter quelques morceaux.

 

Fang, Vanille, Hope et Snow avaient dû redoubler de vigilance pour rejoindre les Steppes sans se retrouver de nouveau face à ces monstrueux volatiles. Finalement, ils avaient réussi à trouver un groupe de Chocobos qui paressaient tranquillement au bord d’un étang. Leurs montures leur avait permis de réduire le temps de leur voyage d’au moins deux jours, et ce n’était pas négligeable. A présent, Ils étaient tous pressés de regagner leur foyer respectif. 

 

Tous, sauf Fang qui sentait poindre dans le creux de son ventre la morsure sournoise de l’angoisse. Ça faisait maintenant presque une heure qu’elle était silencieuse, se demandant ce qu’elle allait bien pouvoir faire une fois devant Lightning. Elle avait honte de se retrouver face à son amante dans son état, et en même temps, elle n’avait qu’une hâte, pouvoir enfin la serrer de nouveau dans ses bras et profiter d’elle.

 

Cependant, elle n’avait pas changé d’avis. Il était hors de question de lui révéler quoique ce soit. Elle avait déjà eu du mal à en parler à Hope et accessoirement à Snow, et d’après elle, trois personnes dans la confidence, c’était bien suffisant. La gêne qu’elle avait éprouvée avait été telle qu’elle en avait eu la nausée. Après ça, Fang avait eu l’impression de sentir les coups d’œil insistant de ses amis sur elle, qui la Jugeait comme une bête de foire.

 

Probablement que ce n’était pas le cas et qu’aucun d’eux n’avaient eu de pensées malintentionnées envers elle, mais Fang serait incapable de gérer ce sentiment devant son amante. Elle avait été formelle, personne ne parlait de ça avec Lightning. Hope et Snow avaient légèrement regimbé avant d’accepter sous son insistance. Quant au jeune homme, il lui avait promis de mettre toutes ses compétences en œuvre pour la sortir de ce pétrin. Fang avait alors retrouvé un peu d’espoir et elle s’était montrée plus détendue, toutefois, plus le village se rapprochait, plus elle sentait le malaise lui tordre les entrailles.

 

Chacun se balançait côte à côte au rythme de leur Chocobo, avançant lentement sur le chemin qui conduisait aux portes de Neo-Bodhum. Fang inspira profondément par la bouche puis se tourna vers Vanille.

 

  • Je devrais peut-être venir habiter chez toi pendant quelque temps, suggéra-t-elle, l’incertitude faisant briller ses yeux.

 

L’incrédulité peignit les traits de la petite rouquine tandis que Snow et Hope haussaient les sourcils de surprise.

 

  • Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée, finit par répondre Vanille.

 

Fang arrêta l’avancée de sa monture, les sourcils froncés.

 

  • Je ne vais pas pouvoir me cacher indéfiniment de Light à la maison. Elle va finir par se poser des questions.
  • C’est pour ça que nous t’avons conseillé de lui en parler, émit Hope.
  • J’ai déjà dit qu’il en était hors de question !
  • Light se posera encore plus de questions si tu viens vivre chez moi. Ce n’est pas nécessaire d’en arriver là, fit Vanille.
  • Cette histoire va mal tourner si tu t’entêtes à ne rien dire, Fang, ajouta Snow.
  • Vous ne comprenez rien ! râla la brune.

 

Elle se remit en route, plus déterminée et butée que jamais.

 

  • Fang ! Tu devrais nous écouter, s’exclama Vanille derrière elle.

 

Mais la plus âgée des pulsiennes ne fit même pas mine de se retourner, ignorant une fois de plus les conseils et la désapprobation de ses amis. Elle se débrouillerait toute seule.

 

Vanille, Hope et Snow la suivirent dans un soupir collectif. Hope sentit une pression naître sur ses épaules. Il espérait trouver rapidement une solution au problème de Fang, et que toute cette histoire rentre dans l’ordre sans faire de casse. Ils se remirent à la hauteur de Fang, les portes du village se précisant en face d’eux.

 

Les gardes qui étaient de surveillance cet après-midi-là, les remarquèrent de loin. Après trois semaines d’absences, c’était rassurant de les voir enfin rentrer à la maison. Un sourire étira les lèvres des sentinelles quand ils virent leur accoutrement. Juchés sur le dos de leur chocobo, débraillés, les cheveux en bataille et couvert de terre, ça n’avait pas dû être un retour de tout repos. Mais tout ça était effacé par la joie qui était lisible sur leur visage alors qu’ils pénétraient enfin les portes du village.

 

Leur arrivée fit du bruit et très vite un attroupement les entoura, alertant ceux qui n’avaient pas encore remarqué leur présence. Fang, Vanille, Hope et Snow mettaient enfin le pied-à-terre après des heures à avoir chevauché leurs énormes montures. Pendant une minute, ils sentirent leurs jambes s’engourdirent et le résultat de trois semaines de cavalcade dans les terres de Gran Pulse. Ils étaient soulagés, mais épuisés, n’aspirant qu’à une bonne douche et un bon lit, pourtant, les jours à venir n’allaient probablement pas être reposants.

 

  • Snow ! s’exclama une voix féminine, douce et enjouée.

 

Le cœur du grand blond rata un battement tandis qu’un boulet de canon lui sautait au cou. Il savait, avant même de poser ses yeux sur la personne, que c’était sa tendre Serah. Il referma ses bras autour de la frêle silhouette de la cadette des Farron, sentant le bien-être le gagner.

 

  • Tu m’as tellement manqué, fit Serah, se dégageant enfin de l’étreinte de son fiancé.
  • Ça veut dire que nous, on ne t’a pas manqué ? s’écria Vanille en s’approchant de sa meilleure amie.
  • Bien sûr que si !

 

Les deux jeunes femmes se serrèrent fortement sous l’amusement des autres. Elles allaient en avoir du temps à rattraper.

 

Fang les observa, un pincement comprimant sa poitrine qu’elle décida d’ignorer tandis qu’elle voyait son amante arriver à son tour, accompagnée de Lebreau et de Sazh. Il fallait qu’elle paraisse naturelle, normale, sinon Lightning verrait tout de suite que quelque chose n’allait pas, mais ça lui sembla plus difficile que prévu quand ses yeux accrochèrent enfin les prunelles océan de la femme qu’elle aimait.

 

Son ventre se noua, pourtant, Fang esquissa un sourire en coin, une kyrielle d’émotion se déversant en elle. L’euphorie de revoir sa compagne après trois semaines, l’envie dévastatrice de la serrer dans ses bras et de l’embrasser avant de respirer pleinement son odeur. Cependant, son état actuel la cloua sur place, terrorisée à l’idée que la blonde voit et sente cette différence sur son corps qu’elle connaissait intimement.

 

Mais elle rejeta momentanément tout ça quand elle vit Lightning faire un pas dans sa direction. Fang ne pouvait pas rester distante, ce n’était pas dans sa nature et elle avait besoin de sentir son amante contre elle. La pulsienne occulta les gens autour et mangea la distance qui la séparait de Lightning. Elle encadra le visage fin entre ses mains, puis glissa ses doigts dans les mèches roses, capturant les lèvres de sa compagne sans lui laisser le temps de se rendre compte de quoi que ce soit.

 

D’ordinaire, Lightning évitait les grosses marques d’affection en public. L’ancienne soldate acceptait les choses légères, comme une caresse sur une joue, une main sur la cuisse ou dans la nuque, mais ça n’allait pas plus loin. Ce n’était pas un souci de honte, elle était seulement pudique et elle aimait garder ses preuves d’amour à l’abri des murs de sa maison. Fang le savait parfaitement et cela ne la dérangeait pas, elle-même adorait ce petit côté mystérieux, alors elle pensait sérieusement se faire repousser à la seconde ou leurs lèvres se rencontrèrent.

 

Toutefois, et sa plus grande surprise, Lightning ne se déroba pas. La blonde étouffa seulement un son de surprise, ne réagissant d’abord pas, puis elle se rapprocha, ses mains s’emparant de la taille de Fang. Celle-ci fut ragaillardie par ce geste et elle pressa amoureusement l’arrière de la tête de son amante, approfondissant leur baiser. Leurs lèvres s’épousèrent tendrement et une douce chaleur enveloppa leur ventre. Après tout ce temps, ça faisait du bien de retrouver les bras rassurants de l’autre.

 

Elles se séparèrent légèrement quelques instants plus tard sans se lâcher des yeux, profitant encore un peu de leurs retrouvailles. Lightning finit pourtant par froncer faiblement les sourcils, affichant une mine faussement mécontente.

 

  • Tu mériterais que je te cogne pour avoir fait ça, dit-elle doucement, la voix légèrement rauque.
  • Tu aurais pu me repousser, Sunshine, répondit Fang, un sourire taquin au coin des lèvres.

 

Lightning ne répondit pas, émettant seulement un borborygme avant de se reculer lentement.

 

  • Eh bien, les filles ! Quel spectacle, siffla Sazh qui, juste avant, était en train de souhaiter le bon retour à Vanille.
  • Vous avez volé la vedette à tout le monde, rit Hope.
  • Tu m’étonnes, après trois semaines ! renchéris Snow.  

 

Les joues de Lightning s’enflammèrent brutalement et elle détourna la tête, bataillant pour garder un air impassible. Fang s’esclaffa, remarquant la gêne dans le maintien raide du corps de son amante. La blonde reporta aussitôt son attention sur elle, la fusillant des yeux. Une lueur brillait dans ces derniers, semblant lui hurler que tout ça était de sa faute, mais elle ne s’écarta pas pour autant de son étreinte.

 

La pulsienne rit encore un peu, resserrant sa prise autour de la hanche de sa compagne. Fang tenait toujours Lightning par la taille contre elle, appréciant la sensation de son corps souple et ferme contre le sien. La blonde dégageait une agréable senteur qui avait manqué à Fang et dont elle s’imprégna avec plaisir, quand soudain, son ventre se contracta. La situation dans laquelle elle se trouvait lui ressautant au visage, l’effroi et la honte lui nouant la gorge.

 

La brune inspira discrètement, essayant de déglutir alors que la nausée s’emparait d’elle. Fang n’arrivait pas à arracher ses yeux de la contemplation de Lightning et son corps décida de se rappeler sournoisement à elle tandis qu’une désagréable sensation se faisait sentir au niveau de son entre-jambe.

 

Elle était horrible, pensa Fang. Certes, c’était une réaction normale, mais pour un homme. Elle-même n’aurait jamais dû avoir à vivre ça. La pulsienne éprouva une profonde horreur à serrer contre elle son amante avec cette chose entre les cuisses. Aussi exagéré que cela pouvait paraître, elle avait le sentiment de trahir la femme qu’elle aimait et ça lui était aussi inconcevable qu’insupportable.

 

Elle finit par lâcher la taille de Lightning et s’écarta d’elle de quelques pas. Leurs yeux se croisèrent et Fang se fit la réflexion qu’elle avait dû être un peu brutale, car le visage de sa compagne se peignit d’un air interrogateur. Fang détourna la tête, préférant ignorer pour l’instant les diverses questions que cela fit naître dans l’esprit de l’aînée des Farron. Par chance, elle fut sauvée par Lebreau qui s’exclama de façon enjouée :

 

  • Ça vous dit de venir boire un verre pour fêter ce retour ?

 

Une vive explosion d’approbation se fit entendre et Fang ne perdit pas de temps à suivre le groupe. Tout le monde se dirigeait vers le bar de la petite brune et Fang déglutit, essayant désespérément d’atténuer l’oppression qu’elle avait dans la poitrine. Le cœur au bord des lèvres, elle laissa Lightning derrière elle sans se retourner malgré les yeux qu’elle sentait percer son dos.

 

Il valait mieux qu’elle s’éloigne pour l’instant, néanmoins, une petite voix dans sa tête lui rappela qu’elle n’allait pas pouvoir jouer à ce jeu très longtemps. Elles vivaient ensemble, avaient toutes les deux des petites habitudes, des manies, qui faisaient partie de leur vie de couple.

 

Les mises en garde de ses amis lui sautèrent presque au visage et elle se rendit compte qu’ils avaient raison. Lightning allait très vite s’apercevoir de quelque chose, d’autant plus qu’elle venait de commettre sa première erreur. D’ordinaire, jamais Fang ne se serait éloignée de son amante si soudainement. Jamais elle n’aurait fui son contact et sa présence, et à l’abri des murs de leur maison, quelle raison elle donnerait pour éviter les rapprochements ?

 

Après cinq ans de vie commune, il n’y avait plus de timidité et elles étaient devenues tactiles. Dans l’intimité, Lightning rechercherait inévitablement son contact. Fang se maudit d’être tombée dans un tel traquenard qui allait ruiner sa vie. Enfoirés de fal’cies, insulta-t-elle silencieusement, alors qu’elle passait les portes du bar de Lebreau, gagnant quelques heures, tout au plus, avant que son calvaire ne commence.

 

oOo

 

Une semaine venait de s’écouler depuis le retour de Fang et plus les jours passaient, plus Lightning se rendait compte que quelque chose clochait. Une multitude de questions se succédaient dans sa tête, accompagnée de doute et d’inquiétude.

 

Elle était allongée dans son lit, Et son problème résidait dans le fait qu’elle se sentait toujours aussi vide malgré le retour de son amante. Le comportement de Fang avait brutalement changé. La brune faisait en sorte de venir se coucher une fois qu’elle la pensait endormie, et elle se levait avant qu’elle ne se réveille. Fang évitait de rester trop longtemps dans la même pièce qu’elle et elle fuyait son contact aussi bien physique que visuel.

 

Depuis le baiser qu’elles avaient échangé à son retour, il n’y avait plus eu aucun rapprochement entre elles. Fang avait été jusqu’à lui refuser une simple étreinte alors que Lightning n’avait fait que de passer ses bras autour de sa taille et de poser sa tête sur son épaule. Habituellement, la pulsienne ne l’aurait jamais repoussée, au contraire. Fang était plus du genre à l’attraper et à la serrer contre elle à n’importe quel moment, et aussi longtemps que possible.

 

Lightning avait plusieurs fois failli demander des explications. Elle n’était pas du genre à attendre patiemment que les choses s’arrangent, mais elle avait voulu laisser une chance à son amante qu’elle vienne d’elle-même lui parler de son problème. Ce n’était pas comme si elles ne discutaient jamais. Leur relation était plus fusionnelle qu’elles ne le laissaient paraître et elles avaient découvert qu’il leur était extrêmement facile de parler de tout. Elles s’étaient promis une chose, de ne jamais se mentir. Peu importe la vérité, que celle-ci fasse mal ou non, elle s’était juré de se la dire.

 

Les yeux ouverts et dans le vague sur la seconde place vide de son lit, Lightning fit glisser sa main sur les draps froids. Elle entendit l’eau de la douche coulait et son cœur se serra douloureusement. Fang était là, dans la pièce à côté, pourtant, Lightning se sentait plus seule encore que quand la brune était absente. Ce n’était pas normal. C’était un signe qu’il y avait un problème dans leur couple et elle ne savait pas quoi.

 

Fugacement, la blonde se demanda si elle avait fait quelque chose de mal sans s’en être rendu compte. Mais elle oublia très vite cette idée. Tout aller encore très bien juste avant que Fang ne parte, et son amante n’était pas du genre à jouer la comédie. Donc, c’est qu’il s’était passé quelque chose pendant son voyage. Lightning n’imaginait pas avoir été trompée. Les seules personnes avec qui Fang était partie étaient Snow, Hope et Vanille.

 

Elle avait entièrement confiance en eux. Snow était dévoué corps et âme à sa petite sœur et si cet idiot commettait un impair, Lightning se ferait un plaisir de lui arracher son service trois pièces. Hope ne s’intéressait pas vraiment aux filles, d’ailleurs, elle le soupçonnait plutôt d’avoir un penchant pour Noel, mais en dehors de ça, Fang avait toujours fait un peu peur au jeune homme et la pulsienne le considérait encore comme un gamin. Il ne restait que Vanille.

 

Les deux jeunes femmes avaient toujours été très proches et Lightning s’était déjà demandé, à l’époque, s’il y avait plus entre elles. Mais elle s’était vite aperçue que leur relation était purement fraternelle. Elles avaient grandi ensemble, avait dû veillait l’une sur l’autre dans un temps où survivre était un combat de chaque instant. Lightning ne pouvait pas imaginer ces deux-là ensembles et elle était certaine que ce n’était pas le cas. Alors quoi ?

 

Elle se redressa sur un bras dans son lit, se mordant un coin de la lèvre tandis que son cerveau fonctionnait à plein régime. Ses yeux s’égarèrent  vers la porte de la chambre, le bruit de l’eau provenant de la salle de bain lui parvenant toujours. Sans réfléchir, Lightning sortit du lit, frissonnant légèrement sous la fraîcheur de la pièce sur la peau nue de ses jambes.

 

Elle se dirigea vers le couloir, puis pénétra la salle-de-bain presque sans aucune hésitation. Elle se plaça devant le lavabo, attrapant dans ses mains brosse à dents et dentifrice pour s’occuper, se donner une certaine contenance, mais surtout, pour faire croire à Fang, qui n’avait toujours pas remarqué sa présence, qu’elle était là pour une bonne raison.

 

Lightning n’avait pas encore mis le gel sur sa brosse que l’eau de la douche se coupa. Le rideau s’ouvrit un peu avant que Fang n’émette un bruit de surprise, le refermant brutalement devant elle. La blonde avait à peine eu le temps de voir le visage de son amante que cette dernière s’était déjà recachait. Elle fronça les sourcils, mécontente et vexé. Lightning ouvrit la bouche pour exprimer sa contrariété, mais fut devancée par Fang.

 

  • Qu’est-ce que tu fais là ?

 

De son avis, le ton était un peu trop sec. Tellement à l’opposé de celui que Fang utilisait d’habitude pour s’adresser à elle. Sa réaction était tout aussi anormale que sa façon de lui parler. Ce n’était pas la première fois qu’elles se retrouvaient toutes les deux dans la salle-de-bain. Elles avaient dépassé ce stade depuis longtemps, cependant, la brune refusait à présent catégoriquement que Lightning la voie nue.

 

La blonde se tourna vers la silhouette de Fang dont elle distinguait seulement l’ombre à travers.

 

  • Je voulais me laver les dents, déclara-t-elle, jetant un rapide coup d’œil à ce qu’elle tenait toujours dans ses mains.
  • D’habitude, tu te brosses les dents quand tu vas prendre ta douche, râla Fang.

 

Lightning fronça fermement les sourcils, pinçant les lèvres. Là, c’était trop.

 

  • Et je n’ai pas le droit de changer mes habitudes ? Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez toi en ce moment, Fang ?

 

Un silence pesant les enveloppa et Lightning espéra que Fang le mette à profit pour trouver le courage de lui parler. Mais son cœur rata un battement et sa poitrine se serra à la réponse de son amante.

 

  • Sort de la salle-de-bain.

 

Le ton était à présent bas, neutre, distant. Lightning se sentie blessée et rejetée. Qu’est-ce qui se passait pour que la brune réagisse ainsi ? L’ancienne militaire fixait le rideau de douche, enfermant ses sentiments à double tour au fond d’elle.

 

  • Tu sais que tu peux me parler si tu en as besoin. Je peux t’aider.
  • Va-t’en… S’il te plaît.

 

Cette réponse coupa presque le souffle à Lightning. Jamais encore Fang s’était montrée aussi renfermée avec elle. A quoi servait-elle si elle ne pouvait même pas soutenir la femme qu’elle aimait quand elle en avait besoin ?

 

  • Je pensais que tu avais confiance en moi, articula-t-elle lentement, la voix rauque.

 

Elle avait du mal à cacher la douleur que lui procura ce nouveau rejet. Une chose était sûre, elle ne pourrait pas supporter ça longtemps. Lightning reposa ce qu’elle tenait dans ses mains avant de quitter précipitamment la salle-de-bain.

 

Elle retourna dans sa chambre, enfilant rapidement un pantalon sous son long tee-shirt ainsi qu’une veste. Lightning traversait le salon quand elle entendit des pas se précipiter vers elle.

 

  • Sunshine, attends ! s’exclama Fang, la retenant par un poignet.

 

Lightning se retourna vers son amante. Cette dernière était couverte d’un peignoir des épaules jusqu’aux genoux. Elle serrait presque convulsivement les pans de son vêtement autour d’elle, comme si elle avait peur de se montrer nue. Mais c’était stupide. La brune n’avait jamais eu honte de se dévoiler intimement face à elle, au contraire. Fang était été très fière de sa féminité et elle avait toujours su en jouer, surtout avec elle.

 

La blonde essaya vainement de remettre sur son visage son masque d’impassibilité, mais c’était tellement difficile alors qu’elle avait le sentiment d’être trahie. Avec Fang, Lightning ne pouvait pas faire comme si ça ne l’atteignait pas. Elle était incapable de lui faire croire que ses réactions ne la blessaient pas et que ce n’était pas grave. Elle voulait que son amante réagisse et comprenne qu’elles avaient besoin de régler ce problème avant qu’il ne s’aggrave au point de les détruire.

 

  • Je suis désolée, souffla Fang, ses doigts enserrant toujours agréablement son poignet.
  • Je ne veux pas que tu sois désolée, Fang, répliqua Lightning. Je veux que tu me dises ce qui ne va pas depuis que tu es rentrée.

 

La main quitta son bras et la blonde éprouva un sentiment de manque. C’était le premier franc contact qu’il y avait entre elles après une semaine. Léger, rapide et déjà disparu. Elle eut presque envie de reprendre cette main dans la sienne, mais Lightning resta clouée sur ses pieds sans bouger. Elle ne céderait pas.

 

Fang secoua la tête, pinçant les lèvres.

 

  • Tout va bien, je t’assure, grommela-t-elle.

 

Lightning haussa les sourcils avant de s’esclaffer sèchement.

 

  • Tu te moques de moi !

 

Elle recula d’un pas, sentant la colère se joindre à la douleur.

 

  • Sunshine, souffla Fang, faisant mine de vouloir se rapprocher.
  • Arrête !

 

Lightning lui jeta une œillade furibonde.

 

  • Tu as le culot de me mentir !
  • Je…
  • Ça fait une semaine que tu me repousses sans me donner d’explication, et tu as le toupet de me dire qu’il n’y a rien !
  • Ce n’est pas ce que tu crois.
  • Il y a quelqu’un d’autre ? demanda Lightning, la poitrine serrée à l’idée d’une réponse positive.
  • Bien sûr que non ! s’indigna aussitôt Fang.

 

Un poids s’ôta des épaules de la blonde. Bien, au moins, elle était rassurée sur ce point. Même si elle avait effectivement éloigné cette idée, elle n’avait pu empêcher le doute de s’insinuer un peu.

 

  • Alors parle-moi, reprit-elle. On s’est promis de toujours être franche l’une envers l’autre et de se soutenir quoiqu’il arrive. Je n’accepterais pas que ma présence se résume seulement au rôle de potiche.
  • Light…
  • Je ne suis pas là uniquement pour combler les vides de ta vie et réchauffer ton lit. Quoique, même ça, tu me le refuses aussi.
  • Tu sais très bien que tu représentes bien plus pour moi que cette image que tu te donnes.
  • Alors parle-moi, répéta Lightning. Que je puisse t’aider.

 

L’hésitation fut parfaitement lisible dans les émeraude de Fang, pourtant, cette dernière secoua la tête de refus ou de dénis, Lightning ne saurait le dire. Il était clair qu’elle ne voulait pas en parler et la blonde ne pouvait pas l’y forcer. Ça déchira quelque chose en elle et elle se sentit en colère envers son amante, mais aussi envers elle-même pour son impuissance à soutenir la brune.

 

Lightning fit mine de se détourner pour partir, mais la voix de la pulsienne l’interpela.

 

  • Qu’est-ce que tu fais ?
  • De toute évidence, tu ne veux pas de moi ici, alors je sors, répondit Lightning, essayant de paraître aussi distante que possible.
  • Où est-ce que tu vas ?
  • Je ne sais pas. Seulement faire un tour, je pense.
  • Tu rentres après ?

 

Lightning leva ses yeux jusque dans ceux de Fang. Incertitude, peur, détresse. Il lui était facile de lire dans les prunelles de son amante, mais elle ne supporterait pas de la voir s’entêter.

 

  • Tu sembles avoir besoin d’un peu d’espace. Je pensais aller passer la nuit chez Serah. Je viendrais récupérer un sac dans la soirée.
  • Attends ! Tu n’es pas obl…
  • Si, je suis obligée, Fang. Je ne suis pas d’une nature patiente et je refuse que cette situation s’aggrave à cause de ton entêtement et de ma colère. Je ne supporterais pas de souffrir sans connaître la raison de tes réactions à mon encontre.

 

Lightning gagna la porte d’entrée et enfila ses chaussures, Fang l’observant dans l’encadrement de la porte du salon. Elle posa ses yeux sur la brune. Celle-ci semblait souffrir autant qu’elle, hésitant toujours entre s’élancer dans ses bras et lui révéler le fond du problème et reculer jusqu’à se cacher derrière les murs.

 

Quand elle referma la porte derrière elle, la blonde se sentit mal. Les battements de son cœur étaient douloureux, sa gorge et son estomac étaient noués et elle sentait poindre un mal de tête. Au début, Lightning avait eu dans l’idée d’aller marcher un peu. Prendre l’air ne pourrait que lui faire du bien, maintenant, elle n’avait plus envie de rien. Alors qu’elle se mettait en route sur le chemin qui la mènerait au village, elle bifurqua vers la seule maison où elle espérait trouver du réconfort.  

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