Une connexion à part
Chapitre 27 : Retrouvailles en clair-obscur
1067 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour il y a environ 1 mois
Il me porta jusqu’à l’appartement sans dire un mot.
Dehors, la nuit semblait retenir son souffle. Pas un souffle de vent. Pas un bruit. Comme si le monde s’était figé le temps de ce retour. Dans ses bras, j’étais là, mais ailleurs. L’esprit en miettes, le cœur encore battant de l’adrénaline, du soulagement, de l’incompréhension.
Officiellement, la mission était un échec. Hollander leur avait échappé. Les copies pullulaient. Le chaos persistait.
Mais pour lui — pour moi surtout — c’était une victoire.
Il m’avait retrouvée.
Mon corps était intact. Aucun bleu. Pas de sang. Juste cette fatigue écrasante, cette lassitude qui rongeait l’intérieur comme une rouille lente. Et pourtant, il avait insisté pour me porter. Peut-être avait-il besoin de sentir que j’étais bien réelle. Que je respirais. Que j’étais sauve.
Il me déposa doucement sur le canapé, comme s’il avait peur de me briser. Avec une tendresse rare, presque sacrée. Il s’agenouilla, étendit mes jambes sur les coussins, puis me recouvrit d’un plaid moelleux, comme pour me protéger de tout ce qui restait à venir.
Je n’avais pas froid.
Mais lui avait besoin de s’assurer que j’avais chaud. Il voulait simplement prendre soin de moi.
Il disparut brièvement, puis revint avec une tasse fumante entre les mains. L’odeur sucrée du chocolat chaud me sauta au visage. Mon préféré. Il la posa devant moi, sans rien dire.
— « Merci, Sephiroth… » murmurai-je, la voix à peine audible.
Il hocha la tête, un sourire discret au coin des lèvres. Un de ceux qu’il n’offrait qu’en de très rares occasions.
Il fouilla dans la poche intérieure de son manteau et en sortit mon téléphone.
— « Je me doutais que tu essaierais de t’impliquer… à ta façon. »
Son ton était calme, presque amusé. Mais je baissai les yeux, rongée par la honte.
— « Je n’aurais jamais cru que Genesis… me kidnapperait. »
Un silence lourd s’installa.
Je scrutai son visage, cherchant une faille, une réaction claire. Mais ses traits étaient figés. Seule sa mâchoire trahissait la tension. Contractée. Crispée.
Il revint s’asseoir à mes côtés. Lentement, il souleva mes chevilles pour les poser sur ses cuisses. Un geste intime. Réconfortant.
Le contact me réchauffa aussitôt.
— « Il ne t’a rien fait ? Pas physiquement… ni psychologiquement ? »
Sa voix était grave, inquiète. Mais maîtrisée.
Je pris une inspiration lente, luttant contre la boule qui montait dans ma gorge.
— « Je… je crois que je ne sais même plus quoi penser. Je ne sais pas si je dois lui en vouloir… ou le plaindre. »
Ses sourcils se froncèrent, surpris. Il attendait la suite, silencieux.
Je baissai les yeux, comme si en parler risquait de faire revenir Genesis d’entre les ombres.
— « Il parlait tout le temps de Loveless… Il disait que j’étais son destin. Que j’étais la clé… Que je comprendrais bientôt. Et… »
Je m’arrêtai une seconde.
— « Il a essayé de m’embrasser. »
Sephiroth se figea. D’un coup.
Comme une statue de marbre brisée par un coup de tonnerre.
Ses doigts se refermèrent sur le plaid, si fort que ses jointures devinrent blanches. Un silence tranchant s’abattit entre nous.
Je me précipitai de reprendre, paniquée par sa réaction.
— « Je l’ai repoussé ! Il n’était pas lui-même. Ce qu’Hollander lui a fait… C’est de la manipulation. De l’empoisonnement mental et corporel. Il lui fait toute sorte de traitements étranges. Il m'a même fait une prise de sang pour trouver un remède à la dégénérescence. Il le tient en laisse et rien ne semble l'arrêter. Ils sont tous aveuglés par leur délires»
Il détourna légèrement le regard, les muscles de sa mâchoire toujours tendus comme des arcs devant ces révélations.
— « Peu importe. Il a dépassé les limites. Il t’a mise en danger. Hollander aurait pu faire bien pire et puis...Il a voulu… »
Il s’interrompit, incapable de prononcer le mot. Sa voix tremblait d’une rage froide, contenue. Mortelle.
— « Même Angeal… Il me déçoit profondément. »
Je hochai lentement la tête.
— « Ils sont tous les deux en train de… de se perdre. La dégénérescence, les cellules, le rejet… C’est comme si tout ce qu’on leur avait donné les dévorait de l’intérieur. »
— « Ce ne sont pas des excuses. »
Sa réplique claqua comme un fouet.
Je me figeai. Puis baissai les yeux.
— « Je sais. »
Mon ton était doux. Triste. Résigné.
Il soupira. Longuement. Puis, doucement, posa sa main sur mon genou.
— « Je suis désolé… Ce n’est pas contre toi. C’est juste que… je me sens trahi. Par eux. Mes frères d’armes. Mes meilleurs amis...Et ils… t’ont arrachée à moi. »
Ses mots, bruts, vibrèrent jusqu’à mes os.
Et pourtant, je compris.
— « Tu ne m’as pas perdue. Je suis là. »
Il leva les yeux vers moi, son regard assombri par le poids de tout ce qu’il n’avait pas dit.
— « Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » soufflai-je. « Je ne me sens même plus en sécurité ici. »
Il sembla réfléchir. Un long moment.
Puis, calmement :
— « Je trouverai une solution. »
Chaque syllabe tombait comme une promesse.
Et puis, plus doucement encore :
— « Si ça continue comme ça… Peut-être que je quitterai la Shinra. »
Je clignai des yeux. Le souffle coupé.
C’était lui, Sephiroth. Le guerrier invincible. L’arme de la compagnie. Le mythe vivant.
Penser qu’il puisse tout laisser derrière lui…
Et pourtant, cette idée n’avait rien d’absurde dans sa bouche. Elle sonnait juste. Profondément humaine.
Je souris faiblement.
— « Alors je partirai avec toi. Quoi qu’il arrive. On s’en sortira. Ensemble. »
Il ne répondit pas.
Mais dans son regard, quelque chose s’adoucit. Quelque chose de fragile. De vrai.
Et pour la première fois depuis longtemps, je sentis cette paix rare, discrète, me traverser.
Comme si, malgré les ombres autour… plus rien, désormais, ne pourrait vraiment nous séparer.