Une connexion à part

Chapitre 28 : Avant la tempête

683 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a 18 jours


Le moment était venu.

Sephiroth n’avait pas eu le choix : une nouvelle mission, une nouvelle épreuve.

Et cette fois, le nom seul suffisait à faire naître une ombre au fond du cœur.


Nibelheim.


Un nom presque murmuré. Un nom qui sonnait comme un avertissement.


Il s’était préparé en silence, ses gestes précis mais lourds de pensées. Son regard se perdait par moments, fixe sur un point invisible, là où je ne pouvais le suivre. Je savais qu’il se demandait ce qui l’attendait là-bas. Ce qu’il devrait affronter. Et surtout… ce qu’il risquait d’y perdre encore.


Il partirait avec Zack, fidèle entre les fidèles, et deux miliciens sans histoire.

Genesis, lui, demeurait introuvable. Une menace flottante, insaisissable.

Et Angeal…


Angeal était mort.


La nouvelle avait claqué comme un coup de tonnerre. Sephiroth l’avait encaissée sans un mot. Son visage était resté de marbre, mais ses yeux… ses yeux avaient brillé d’un éclat éteint, celui d’une douleur trop profonde pour être pleurée.


Ces hommes, il les avait aimés. Comme des frères.

Et malgré la trahison, malgré le sang, je crois qu’une part de lui aurait voulu leur pardonner.

Pour ce qu’ils avaient été. Pour ce qu’ils avaient partagé.


Depuis, il s’était appuyé sur moi plus qu’il ne l’aurait avoué.

Parfois, quand il rentrait, exténué, je sentais son besoin de silence, de chaleur simple, sans discours. Il s’asseyait au sol, posait sa tête sur mes genoux. Je passais doucement mes doigts dans ses cheveux, et ses soupirs s’alourdissaient, porteurs de tout ce qu’il gardait enfermé en lui.


Il portait tout. Trop.

Et moi… moi, je faisais de mon mieux pour être ce refuge. Je ne posais pas de questions. Je n’exigeais pas de confidences. Je restais là, simplement.


La veille de son départ, il avait insisté pour me présenter quelqu’un.

Un homme en qui, disait-il, il pouvait encore croire.


Tseng.


Un Turk, droit comme un sabre, aux yeux d’une noirceur calme et pleine de secrets.

Il s’inclina devant moi avec une politesse parfaite, sans froideur mais sans chaleur feinte non plus.


— « C’est la seule personne en qui j’ai confiance ici. » déclara Sephiroth, sa voix rauque trahissant une fatigue immense. « Il veillera sur toi pendant mon absence. »


Je croisai le regard de Tseng. Sérieux. Maîtrisé. Rien à voir avec la fièvre destructrice de Genesis. Rien à voir avec les tourments qui dévoraient ces SOLDAT brisés.


Je hochai la tête.

Je n’avais jamais rencontré cet homme, mais je crus Sephiroth sur parole.

Tseng n’avait pas été façonné par les cellules de monstres. Il n’avait pas été corrompu par ces expériences qui avaient ruiné tant d’âmes.

Il savait se battre. Il savait protéger.


Serait-ce suffisant si Genesis reparaissait ?

Je n’en savais rien.

Mais je refusais d’alourdir encore les épaules de Sephiroth avec mes doutes.


Alors j’acceptai.


Le lendemain matin, la lumière grise de l’aube baignait l’appartement d’un éclat presque irréel.

Il boucla son manteau d’un geste lent, vérifia Masamune comme on vérifie un talisman.

Son regard glissa vers moi. Long, profond.


Je sentis son hésitation. Comme s’il voulait me dire tant de choses, mais qu’aucun mot n’était assez fort, assez sûr.


Il franchit le seuil, se retourna une dernière fois.


— « Prends soin de toi. »


Sa voix était grave, basse, presque un souffle.

Un adieu temporaire qui avait le goût d’une peur muette.


Je lui souris doucement.

Je ne voulais pas qu’il voie mes larmes. Je voulais qu’il garde l’image d’un visage serein, confiant.


Et quand il disparut dans le couloir, je restai là, seule, les mains jointes contre ma poitrine.


Dans le silence qu’il laissait derrière lui, je fis un vœu :


Qu’il me revienne entier. Qu’il me revienne lui.

Laisser un commentaire ?