Une connexion à part

Les jours s’étiraient dans une lente agonie.

Parfois trop rapides, avalés par la frénésie des rapports et des missions.

Parfois trop lents, pesants comme du plomb fondu, étouffants dans le silence de l’absence.

Angeal. Genesis. Disparus.

Et elle avec eux.

Le vide qu’ils laissaient n’avait pas de forme, mais il rongeait tout. Sephiroth passait ses journées enfermé dans son bureau, la lumière bleue des écrans reflétée dans ses yeux cernés. Des piles de dossiers, des rapports classés, des hypothèses disséquées, des noms griffonnés — Genesis, Angeal, Hollander. Encore et encore. Jusqu’à l’épuisement.

Il haïssait cette impuissance. Ce sentiment de ne servir à rien alors que tout autour de lui s’effondrait. Il était un soldat, pas un bureaucrate. Et pourtant, aucune lame ne pouvait couper le brouillard de ces mystères.

Puis, comme un murmure porté par le vent, une rumeur s’insinua.

Genesis… aperçu à Banora.

Fausse piste ? Tentative de diversion ?

Sephiroth flairait le piège. Il refusa d’y aller.

Mais il envoya Zack.

Et Zack revint, le visage grave, les mots pesés. Un échange bref. Une silhouette perdue dans les ombres. Genesis n’avait rien dit d’elle. Mais il avait laissé échapper une phrase.

— « Elle est la clé de ma guérison. »

Rien d’autre.

Mais c’était suffisant pour que Sephiroth sente la tempête monter sous sa peau.

Il raccrocha, le regard dur, les mâchoires contractées. Il ne comprenait pas encore ce que Genesis projetait, mais il savait, au plus profond de lui, qu’elle était en danger. Chaque jour écoulé la rapprochait de l’irréparable.

Quand Lazard lui transmit enfin un ordre de mission lié aux traîtres, il n’attendit même pas la fin de la phrase. Cette fois, il irait. Lui-même.

Et Zack viendrait avec lui.

Il entendit l’ordre, mais ne l’écouta pas : éliminer les traîtres.

Non. Il avait un autre objectif.

La retrouver.

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Le jour où Zack accéda au rang de Première Classe aurait dû être une fête. Un soulagement. Une victoire.

Mais les alarmes de la tour Shinra tranchèrent l’air comme une lame.

Intrusion.

Copies. Chaos.

Le début de la fin.

Sephiroth fendait les lignes comme une tempête vivante, Masamune traçant des sillons d’acier et de feu dans la mêlée. Aux côtés de Zack, il avançait, méthodique, impitoyable. À l’entrée de la tour, ils se séparèrent. Trop de terrain à couvrir. Trop peu de temps.

Puis l’alerte tomba : des copies repérées au réacteur 8.

Il y fonça. Son cœur battait trop vite. Son instinct lui criait qu’elle était proche.

Arrivé sur place, il reconnut les empreintes, les résidus d’énergie… Oui. C’était la bonne piste.

— « Zack. Réacteur 8. Rejoins-moi. Angeal et Genesis y ont été vu.»

— «C'est mission destruction hein?» S'inquiéta Zack, le nouveau 1ere classe ne voulait pas tuer Angeal. Il restait son ami et il était certain que son mentor avait eu de bonnes raison de suivre Genesis. Mais Sephiroth le rassura à ce sujet. Il n'était pas question de tuer Angeal. Quant à Genesis rien était moins sûr. Sephiroth avait la rage contre lui.

Zack arriva rapidement, haletant. Mais à peine eurent-ils le temps d’échanger que d’autres ombres surgirent — cette fois, des copies d’Angeal.

Zack recula, les yeux écarquillés.

— « Angeal aussi… ? »

Sephiroth ne répondit pas. Il n’en avait pas besoin. Le silence parlait pour lui.

Ils descendirent dans les profondeurs du réacteur. L’air y était plus lourd, saturé d’une odeur métallique et âcre. Des cuves, des documents, des instruments de laboratoire abandonnés. Chaque recoin respirait l’horreur.

Zack détourna les yeux, écœuré. Sephiroth, lui, fouilla les lieux avec froideur.

Des rapports. Des données sur le Projet G.

Sur la dégénérescence.

Sur la transformation d’êtres humains… en monstres.

Il sentit son estomac se nouer.

Ces expériences n’avaient rien d’humain. C’était l’œuvre de savants fous, de bourreaux en blouse blanche.

Et puis une silhouette descendit lentement depuis une passerelle.

Hollander.

Zack bondit, prêt à frapper.

— « Sephiroth ?! » balbutia Hollander, blême. «je suis le seul capable de sauver Genesis» se defendit le scientifique pensant que la venue de Sephiroth était exclusivement tournée vers son ami.

Mais Sephiroth le coupa, la voix glaciale :

— « Où est-elle ? »

Pas de cris. Pas de menace.

Juste une promesse mortelle dans le timbre.

Hollander ouvrit la bouche — mais il n’eut pas le temps de répondre.

Une brèche s’ouvrit dans le plafond.

Une silhouette descendit lentement, portée par une grande aile noire.

Genesis.

Et dans ses bras, elle.

Son visage était pâle, les yeux agrandis par la peur. Elle se débattait, en vain.

— « Le héros est de retour… » lança Genesis, moqueur.

— « Lâche-la, Genesis. Ce n’est pas son combat. »

Genesis ricana doucement, la tenant encore contre lui.

— « Au contraire. Elle est le combat. Le don de la Déesse. »

Il dégaina sa rapière, la pointant vers Sephiroth, un sourire presque mystique sur les lèvres.

— « Tu perds la tête. »

Mais Genesis se mit à réciter du Loveless, exalté. Une lueur folle dans les yeux. Des vers sur la chute, la renaissance, le cadeau de la déesse. Le rouquin estimait que tout ce qu'il avait vécu dans cette réalité était deja écrit au travers des lignes de ce bouquin. Même si certains détails devaient en être changé, il voulait que le futur de cette histoire suive les lignes telles qu'elles étaient écrit. Et ce, quand bien même il ne connaissait pas le dernier acte de cette histoire.

— « Ce n’est qu’une histoire banale, Genesis. Un mythe. »

— « Non. C’est une prophétie. Et elle en est l’aboutissement. »

Profitant de la tension, Hollander tenta de fuir. Zack partit à sa poursuite, laissant Sephiroth et Genesis face à face.

Genesis recula, jeta un regard à la jeune femme…

Et la projeta violemment sur le sol.

Elle roula sur le côté, son corps heurtant la paroi avec un gémissement.

Sephiroth se jeta en avant, Masamune jaillissant dans une lumière glacée.

— « Tu ne partiras pas. Pas cette fois. »

Genesis dégaina à son tour.

Le choc des lames fit vibrer l’air.

Le combat fut bref, mais féroce. Une chorégraphie mortelle, menée par deux épéistes d’exception. Genesis frappait avec passion et fureur. Sephiroth, lui, était une lame vive, tranchante, chirurgicale.

Puis un coup trouva sa cible.

Genesis chancela, un filet de sang coulant à sa tempe. Il hurla de rage et tenta, dans un ultime geste, de la saisir à nouveau.

Mais Sephiroth s’interposa.

D’un revers, il l’écarta.

Genesis recula, vaincu mais vivant… et s’enfonça dans l’ombre d’un passage dissimulé.

Sephiroth ne le poursuivit pas.

Il se précipita vers elle.

Elle tremblait, le visage blême, recroquevillée sur elle-même.

Il s’agenouilla lentement, la prenant dans ses bras avec une douceur inattendue.

— « C’est fini. » souffla-t-il la berçant contre lui pour l'apaiser.

Mais même en la serrant contre lui, même en la sentant respirer…

Il savait que ce n’était qu’un sursis.

Parce que ce n’était pas la fin. Pas tant que Genesis serait en vie. Mais il était heureux de la savoir vivante. Il espérait simplement qu'il ne lui était rien arrivé durant ces longues semaines aux côtés des deux ex 1eres classe et surtout Hollander.