Une connexion à part
Dès que la porte se referma derrière Sephiroth, un frisson glacial remonta le long de ma colonne vertébrale.
Je restai un instant immobile, figée par une inquiétude sourde, puis bondis presque vers mon téléphone. Mes doigts tremblaient alors que je l’ouvrais. Je commençai à marcher nerveusement dans l’appartement, le souffle court, le cœur battant à mes tempes. Un fauve enfermé dans une cage trop étroite.
Genesis ne répondrait jamais à un affront. Il fallait feindre l’ignorance, cacher la peur, ruser comme un serpent.
« Coucou Genesis, j’aurais voulu te voir mais ça fait plusieurs jours que je n’ai pas eu de nouvelles… Je suis inquiète. »
Je restai un long moment à fixer l’écran, le pouce suspendu au-dessus de la touche "envoyer". Une part de moi hurlait que c’était trop risqué. L’autre savait que je n’avais plus que ça : des mots, fragiles et dérisoires, face à un chaos qui me dépassait.
J’envoyai le message.
Et j’attendis.
Les minutes s’étirèrent, lentes, douloureuses. Puis les heures. Toujours rien. Aucun signe. Aucun retour.
Je finis par m’écrouler sur le canapé, le souffle vidé de toute énergie. J’étais impuissante. Je n’étais pas une SOLDAT. Je n’avais ni leur force, ni leur statut, ni leurs armes. Tout ce que je possédais, c’était mon intuition… et elle me hurlait que tout basculait.
Mais comment agir… si je ne savais même pas où il était ?
Je me laissai aller contre les coussins, le regard perdu dans le vide, quand trois coups secs, précis, résonnèrent soudain contre la porte.
Je sursautai, le cœur bondissant dans ma poitrine.
Ce n’était pas normal.
Je jetai un œil à l’horloge murale. Sephiroth ne pouvait pas déjà être rentré. Et il n’aurait jamais frappé. Pas lui.
La peur me saisit les tripes. Lentement, je m’approchai de la porte, chaque pas résonnant dans un silence devenu pesant. Mes doigts effleurèrent la poignée.
Je l’ouvris doucement.
Et l’air me manqua.
— « Genesis… »
Il se tenait là, figé dans l’encadrement, un sourire étrange accroché aux lèvres. Mais ce n’était pas son visage qui m’arracha ce souffle court. D'un coup de pied dans la porte il l'ouvrit avec fracas.
Je decouvris avec stupeur son aile.
Immense, d’un noir abyssal, surgie de son dos, comme un corbeau gigantesque dressé pour l’apocalypse.
Je reculai aussitôt, trébuchant, perdant l’équilibre. Mon corps heurta violemment le sol.
— « Je ne savais pas que je te faisais tomber à ce point, ma chère… »
Sa voix, habituellement envoûtante, n’était plus qu’un murmure venimeux. Un poison doux-amer qui glissait entre les mots.
Je me redressai, vacillante, tentant de dissimuler mon effroi sous une façade tremblante de normalité.
— « Je… j’étais inquiète. Tu n’as pas répondu à mon message. »
— « Inquiète ? Pour moi ? Quelle délicate attention… Et ton précieux Sephiroth, alors ? »
Le venin était là, dans chaque syllabe. Plus qu’une jalousie. Une blessure profonde, ancienne, en train de se rouvrir.
Je balayai la pièce du regard, désespérément à la recherche de mon téléphone. Il était là, sur l’accoudoir du canapé, à quelques pas. Mais Genesis s’interposa lentement entre moi et lui, chaque pas résonnant comme une menace.
— « Où étais-tu passé ? Tu… tu m’évites ? » tentai-je, ma voix plus fragile que je ne l’aurais voulu. Feignant la peur et l'angoisse du moment. Tout ce qui arrivait, je ne l'avais envisagé dans aucun scénario possible.
Il tendit une main vers moi, caressa ma joue du bout des doigts. Une caresse faussement tendre, froide comme du marbre.
— « T’éviter ? Non. Je viens te libérer de ta solitude… et te récupérer. »
Son sourire me glaça. Il s’approcha encore, m’enfermant entre lui et le canapé. Je n’avais plus d’échappatoire.
— « Tu es une pièce maîtresse, vois-tu. Un élément-clé de ma guérison. »
Guérison ? Ce mot résonnait étrangement, comme s’il faisait référence à un mal plus vaste, plus ancien. Je tendis la main vers mon téléphone…
Un souffle violent balaya la pièce.
Je tournai brusquement la tête.
Quelqu’un venait de passer par la fenêtre grande ouverte.
— « Angeal ?! »
Il se tenait là, silhouette massive, le regard dur comme la pierre. Une aile blanche s’épanouissait dans son dos, éclatante, presque irréelle dans la pénombre.
— « Mais… tu étais avec Zack…en mission. Et Sephiroth ...? »
Je n’eus pas le temps de finir. Il fondit sur moi et me saisit fermement par la taille.
— « Il est temps pour toi de prendre ton envol, petite. »
— « Non ! Attendez — ! »
Ma protestation fut engloutie par le vent lorsque nous franchîmes la fenêtre. Le vide s’ouvrit sous mes pieds. Genesis s’élança à notre suite, son aile noire tranchant la nuit comme une lame.
Et tout ce que je connaissais disparut dans un souffle.
Je quittai le sol, le foyer, la sécurité.
Emportée vers l’inconnu.
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Sur le terrain…
Sephiroth atterrit au cœur du champ de bataille. Le sol était un carnage. Des corps épars, tous en uniforme SOLDAT, jonchaient la terre. Zack, haletant, couvert de sueur et de sang, se redressa en le voyant arriver.
— «Sé... Sephiroth » s'exclama avec t'il avec surprise. Plus que heureux de croiser le héro pour la première fois.
Il tourna son attention vers le cadavre à ses pieds.
Le visage… celui de Genesis.
— « Genesis… ? » souffla-t-il, incrédule.
Puis un frisson le parcourut en apercevant un deuxième corps, à quelques mètres. Identique.
— « Des copies, » murmura Sephiroth, en s’agenouillant près d’un cadavre. « Des clones. »
Son regard se releva lentement, dur comme le givre.
— « Où est Angeal ? »
Zack, désorienté, secoua la tête.
Le silence qui suivit était plus lourd que le sang versé.
Sephiroth se redressa, son visage fermé, tendu.
— « Alors lui aussi… il nous a trahis»
Zack protesta, il n'était pas de cet avis. Jamais Angeal ne ferai une chose pareille . Mais le doute était permis.
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Cette nuit-là…
Sephiroth revint plus tôt que prévu, frustré, l’esprit saturé de questions sans réponse. La mission s’était révélée vaine. Aucun indice tangible. Rien que le chaos. Et deux noms liés à une trahison qui lui échappait encore : Genesis. Angeal.
Mais lorsqu’il atteignit son étage, son cœur s’arrêta un instant.
La porte de l’appartement était grande ouverte.
Il se précipita à l’intérieur.
Le salon était sans dessus dessous. Des coussins renversés. Une chaise tombée. Le silence, sinistre.
Et sur le sol, son téléphone.
Il le ramassa, les mains crispées. L’écran allumé affichait un message jamais lu.
> « Coucou Genesis, j’aurais voulu te voir… Je suis inquiète. »
Et en une fraction de seconde, tout fit sens.
Genesis était venu. Il l’avait prise.
Et Sephiroth sentit une colère sourde s’enflammer dans ses veines.
Il ne le laisserait pas s’en tirer.
Il ne le laisserait pas lui faire du mal.
Jamais.