Une connexion à part
La chambre baignait dans une pénombre douce, bercée par les reflets bleutés des lumières de Midgar filtrant à travers les stores. Dans ce cocon suspendu hors du temps, un silence presque sacré régnait. Pas un bruit, si ce n’est le souffle lent et régulier de la ville endormie, en arrière-plan.
Allongé sur le dos, Sephiroth ne bougeait pas. Son regard restait figé sur le plafond, les yeux grands ouverts, comme s’il craignait que le moindre mouvement rompe la magie de l’instant. Il cherchait encore à comprendre comment… pourquoi… il se retrouvait là.
Ici.
Avec elle.
En paix.
Tout semblait irréel. Et pourtant, il sentait chaque détail : la texture du drap contre sa peau, le rythme calme de sa respiration, la chaleur tranquille qui émanait du corps à côté du sien.
Un petit bruit finit par briser le silence.
Un léger ronflement, doux et apaisant.
Il tourna lentement la tête.
Elle dormait profondément, une main posée sur l’oreiller, son visage détendu, vulnérable. Une mèche de cheveux s’était échappée, caressant le creux de sa joue.
Et là, sans qu’il puisse le retenir, un sourire effleura ses lèvres. Il n’était pas large, ni éclatant. Juste discret, intime, presque timide. Un rire silencieux, à peine un souffle, vint le rejoindre.
“Incroyable…” pensa-t-il.
Lui, l’arme ultime de la Shinra, le monstre façonné par des mains froides et déshumanisantes, se retrouvait là… à sourire devant un petit ronflement.
“Elle est là. Avec moi. Sans peur.”
Il la regarda avec une attention nouvelle, absorbant la quiétude qui émanait d’elle.
Comment pouvait-elle être aussi calme, après tout ce qu’elle avait traversé ? Après cette trahison terrible, cette douleur infligée par sa propre mère ?
Il sentit un pincement dans sa poitrine.
Mais au lieu de la noirceur habituelle, une idée, ténue mais bouleversante, germa dans son esprit.
“Peut-être que… c’est grâce à moi.”
Son cœur, habitué aux batailles et à la discipline, se contracta. Non de peur, mais d’une émotion qu’il ne maîtrisait pas.
Et si… il était plus que ce qu’on avait fait de lui ?
Et si, pour elle, il représentait quelque chose de bon ?
Un souffle lui échappa.
Ce n’était pas de l’orgueil. C’était plus profond. Une lumière nouvelle, discrète, qui venait éclairer les recoins sombres de son existence.
Pour la première fois, il ne se sentait pas seulement utile.
Il se sentait humain.
Son regard revint vers elle. Lentement, il se tourna sur le côté, approchant, presque avec retenue. Chaque geste était mesuré, comme s’il s’aventurait sur un territoire sacré.
Il tendit la main, frôla délicatement ses cheveux, puis la courbe de son épaule. Elle était tiède, et douce.
Il glissa un bras autour d’elle, l’enlaçant avec précaution, comme on protègerait quelque chose de précieux. Son corps vint se coller au sien, son front effleurant la nuque de la jeune femme.
Elle ne se réveilla pas.
Elle soupira simplement, dans un murmure serein, se blottissant inconsciemment contre lui.
Et il ferma les yeux.
Plus rien d’autre ne comptait.
Ni la Shinra, ni les responsabilités, ni les cauchemars qui le hantaient chaque nuit.
Il y avait juste ça :
Cette chaleur contre lui.
Ce silence qui, pour une fois, ne hurlait pas de vide.
Un silence… plein de sens.
Et dans cette étreinte simple, Sephiroth s’endormit.
Un sommeil paisible, sans chaînes.
Un rêve sans guerre.
Un début, peut-être, d’une autre vie.