Une connexion à part
Chapitre 17 : Retrouver l'équilibre
976 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour il y a environ 1 mois
Quelques jours s’étaient écoulés.
Assez pour que je reprenne doucement mes repères. Assez aussi pour que ma mère ose revenir.
Elle avait tenté de s’excuser. Une excuse déguisée, emmaillotée dans de beaux mots médicaux. Selon elle, mon comportement envers les miliciens aurait pu représenter un danger… pour moi-même. Comme si j’étais une menace. Comme si j’étais folle.
"Je ne voulais que t’aider, tu dois me croire…"
Elle s’approcha, les bras tendus, tentant un geste affectueux.
Mais ce fut la goutte de trop.
Sephiroth, debout à mes côtés, serra les poings si fort que ses gants en cuir crisserent. D’un geste ferme, sans hésitation, il repoussa ma mère. Elle tomba au sol avec un petit cri de surprise, plus choquée qu’effrayée.
Il me prit immédiatement par la main et m’éloigna sans un mot, me ramenant dans la chambre, les mâchoires encore serrées par la tension.
"Je suis désolé," finit-il par dire, abasourdi par ce qu’il venait de voir, ou par ce qu'il venait de faire. .
Je posai ma main sur son bras, le regard apaisé.
"Tu n’as pas à l’être. Je m’attendais à tout, sauf à des excuses sincères de sa part."
Je ne ressentais ni colère ni tristesse. Juste un vide. Un détachement étrange. J’avais toujours eu cette capacité à rebondir, à passer à autre chose avec une étrange rapidité. Ce qui s'avérait plutôt utile dans la vie.
Et là… je n’étais plus seule.
Je me sentais soutenue. Entourée. Peut-être, dans une certaine mesure, à ma place.
Lorsque Sephiroth partait en mission, Genesis ou Angeal prenaient le relais.
Avec Genesis, j’avais presque été forcée d’apprendre Loveless... Surtout à force de l’entendre me réciter des passages à longueur de journée.
"Tu sais, chaque vers a un sens caché," disait-il en me lançant un regard profond.
"Ou peut-être que tu l’interprètes juste à ta sauce," lui avais-je répondu en riant.
Il avait haussé un sourcil, faussement offensé, mais le sourire en coin avait trahi sa satisfaction.
Avec Angeal, c’était plus terre à terre. Il me racontait sa vie à Banora, ses souvenirs d’enfance, la fierté qu’il avait pour son village, sa bustersword. Il me parlait aussi de leurs débuts, à lui, Genesis et Sephiroth. Des anecdotes souvent drôles, parfois touchantes.
Un soir, alors que nous étions tous réunis dans la chambre de Sephiroth, Angeal aborda enfin le sujet que tout le monde évitait jusque-là :
"Tu sais, concernant ce qu’il s’est passé..." dit-il en posant sa tasse de thé. "On devrait faire remonter ça au Président."
"Il n’écoutera pas," trancha Sephiroth, adossé contre le mur. "Le Président ne sert que ses intérêts. Le reste n’a aucune importance à ces yeux."
"Et Lazard, alors ?" tenta Genesis.
Sephiroth soupira longuement.
"Il est compétent, mais il n’a pas assez de pouvoir. Ce serait comme souffler dans le vent."
Un silence pesa un instant. Puis Angeal demanda, amer :
"Alors quoi ? Ça va rester impuni ?"
Sephiroth baissa les yeux, le regard durci par l’habitude. Il se souvenait de cette époque où lors de sa mission à Radhore il avait été accueillit comme un héro alors qu'il avait participé à la même mission que Matt, Lucia et Glenn...qui eux avaient été punis pour leur comportement. La Shinra choisissait ces héros...
"Malheureusement... ce ne serait pas la première fois." Il soupira profondément.
Je me levai doucement, prenant la parole pour la première fois de la conversation.
"Ce n’est rien."
Trois mots. Mais porteurs d’une résilience silencieuse.
"Hojo a été blessé ce jour-là. Ma mère semble... regretter. Leur laboratoire a été mis sens dessus dessous. C’est peu, mais je suis en vie. Et c’est tout ce qui compte."
Genesis secoua la tête avec un sourire incrédule.
"Tu es bien trop indulgente. Mais bon... on ne peut que saluer ta sagesse. Même si Hojo ne paiera jamais réellement pour ça."
Il s’étira en se levant.
"Il se fait tard. Bonne nuit, la compagnie."
Angeal le suivit bientôt, laissant la chambre à nouveau paisible.
Sephiroth alla se changer dans la salle de bain attenante. Lorsqu’il revint en tenue de nuit, il s’installa automatiquement sur la chaise de bureau. Une habitude devenue presque un rituel depuis mon arrivée dans sa vie.
Je le regardai, hésitante.
"Tu sais..." commençai-je avec prudence, "on se connaît. Et je te fais confiance."
Il me regarda, intrigué.
"Je suis sûre qu’on peut tenir à deux sur ce lit. Tu ne vas pas passer ta vie sur cette chaise inconfortable. Surtout si la situation dure."
Je crus le voir rougir, très légèrement. Sa surprise était palpable.
"Allez, Sephiroth... Tu vas pas faire le garde de nuit indéfiniment."
Je tapotai la place à côté de moi avec un petit sourire encourageant.
Il resta silencieux un instant. Puis, d’un souffle résolu, il se leva et me rejoignit, s’installant prudemment sur le dos, les bras posés sur son ventre, le regard fixé au plafond.
Je me tournai vers le mur, lui laissant un espace pour s’éloigner si besoin. Je respectais ses limites. Mais je voulais aussi lui montrer que je n’avais pas peur. Ni de lui, ni de ce lien qui se tissait entre nous.
Le silence s’installa, confortable. Puis je murmurai :
"Bonne nuit, Sephiroth."
Il répondit dans un souffle, presque surpris par sa propre voix apaisée :
"Bonne nuit à toi aussi."
La lumière s’éteignit. Et pour la première fois depuis longtemps, je m’endormis en paix.