Une connexion à part
C’était comme sortir la tête de l’eau après une longue immersion.
Ma respiration s’accéléra soudainement, de grandes bouffées d’air agitées comme si mes poumons tentaient de rattraper un manque inconscient. Mon cœur, affolé, battait à tout rompre contre ma poitrine. Dans un réflexe de panique, je me redressai brusquement, les yeux encore flous.
Je mis quelques secondes à distinguer mon environnement.
Sephiroth était là.
Tout près. Sa voix, d’abord brouillée comme un écho lointain, devint peu à peu plus distincte. Je sentais ses mains sur moi. L’une reposait doucement sur ma joue, le pouce traçant un cercle apaisant. L’autre m’appuyait légèrement l’épaule, comme pour m’empêcher de céder à la panique.
"Tout va bien..."
Je perçus ces mots plus clairement, leur chaleur se frayant un chemin jusqu’à moi. Mon regard se promena autour de la pièce : la chambre, puis Genesis et Angeal en retrait.
Mon cœur ralentit, peu à peu. Ma respiration retrouva un rythme plus normal.
Je posai une main sur ma poitrine, fermai les yeux pour m’ancrer. Sentir que j’étais là. En vie.
Mais une pensée s’imposa à mon esprit. Ma mère.
Ma voix en fut tremblante :
"Ma mère..."
"Je sais..." murmura Sephiroth, d’une douceur presque irréelle. "On t’a sortie de là. Tu es en sécurité maintenant."
Genesis hocha lentement la tête depuis son siège.
"Tu ne retourneras jamais là-bas," déclara soudainement Sephiroth, sa voix ferme, sans appel.
Je le regardai, sans vraiment de surprise. Il avait raison. Comment aurais-je pu envisager un retour dans ce lieu ? Cette trahison m’avait arraché ce que je croyais être ma bulle. Mon refuge. Ma maison.
Et pire encore... ma famille.
Un frisson me parcourut.
"Je... je n’ai nulle part où aller..."
La panique pointa dans ma gorge alors que je prenais la mesure de tout ce que j’avais perdu.
"Mes amis sont hors de Midgar, et ils ont leur vie... je ne peux pas les déranger... je..."
Angeal échangea un regard silencieux avec Sephiroth, comme s’il attendait qu’il pose les mots qu’il semblait déjà avoir en tête.
"Je vais trouver une solution," dit finalement Sephiroth, sa voix posée. "Mais en attendant, tu restes ici. Tu viendras dans ma chambre. Si je pars en mission, Angeal ou Genesis veilleront sur toi. Et je te promets que je trouverai un endroit plus stable, plus vivable... le plus vite possible. D’accord ?"
Je n’avais pas vraiment le choix. Et étrangement, son ton, aussi protecteur qu’engagé, parvint à calmer un peu mon inquiétude. Je hochai la tête timidement.
Comment avais-je pu en arriver là ?
Il y a encore peu, ma vie semblait ordinaire. Et voilà que tout avait basculé... simplement en venant ici à Midgar.
Je tremblai faiblement. Mon corps, en dépit de mon esprit qui voulait reprendre le dessus, montrait les traces d’un combat bien plus éprouvant que ce que j’aurais pu imaginer.
"Je vais aller te chercher des vêtements et tout ce qu’il faut pour que tu te sentes chez toi," ajouta Sephiroth avec une douceur qui me surprenait encore.
Il échangea un regard rapide avec ses compagnons.
"On s’occupe d’elle jusqu’à ton retour. Ne t’inquiète pas," assura Genesis.
Une fois Sephiroth parti, je pris un moment pour respirer à nouveau, pour comprendre ce qui s’était passé. Je me tournai vers les deux hommes, à la recherche de réponses.
"Comment ma mère a-t-elle pu faire une chose aussi... sordide ?" soufflai-je en me prenant la tête entre les mains.
Angeal vint s’asseoir près de moi, sa main chaude frottant lentement mon dos.
"Hojo est un manipulateur. Ta mère... elle a dû se laisser embarquer dans son délire scientifique."
Je sentais ses mots chercher à me réconforter, mais une part de moi refusait de les entendre.
"Elle est tout sauf normale..." confessai-je, la voix triste. "Ce n’est pas surprenant venant d’elle... Mais là, ça dépasse tout."
Je laissai filtrer à demi-mots la complexité de mon passé. Comme une lueur sombre sur les épreuves que j’avais déjà traversées avec elle. Genesis et Angeal n’insistèrent pas. Ils me respectèrent. M’écoutèrent. Me soutinrent en silence.
Puis, un peu plus tard, Sephiroth revint. Il s’encadra dans la porte, et me tendit la main.
"Tu viens ? Tes affaires sont dans ma chambre."
Je la saisis, doucement. Son contact me réchauffa un peu. En baissant les yeux, je vis les traces laissées par les aiguilles sur mes bras, ainsi que ma tenue d’hôpital qui pendait sur moi comme un reste d’humiliation.
Arrivés dans sa chambre, un frisson d’émotion m’envahit. Tout était ordonné, prêt à m’accueillir.
Et sur le bureau… mes crayons. Mes feuilles.
"Je n’allais quand même pas oublier l’essentiel," dit-il avec un demi-sourire. "Ce qui te fait plaisir."
Un geste simple. Mais si fort.
Je vis aussi, accrochées au mur, les photos que j’avais prises avec mes amies à la ferme Chocobo. Il les avait replacées exactement comme dans ma chambre d’origine.
Je restai figée un instant, le cœur plein.
Il avait tout compris.
Alors, un seul mot franchit mes lèvres, porté par une sincérité nue :
"Merci."