Une connexion à part
Chapitre 19 : Matin calme, coeur troublé
1003 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 09/05/2025 10:40
L’aube se glissait doucement entre les rideaux entrouverts, projetant sur les draps des traînées de lumière pâle. L’air était encore tiède, emprisonné dans la chambre close, bercé par le silence doux d’un matin qui hésite à commencer.
Je m’éveillai lentement, bercée par cette torpeur délicieuse entre le rêve et la réalité. Mes paupières étaient lourdes, mon corps détendu, et pourtant… quelque chose me sembla différent.
Contre mon dos, je sentais une chaleur familière. Un souffle calme dans le creux de ma nuque. Un bras, fort mais tendre, posé avec précaution autour de ma taille.
Sephiroth.
Un frisson me parcourut. Mais pas de peur. Plutôt cette émotion étrange, profonde, douce, presque bouleversante.
Il n'avait pas décidé de quitter le lit pour se remettre sur sa chaise de bureau. Non...il était là. Et il dormait encore.
Un sourire s’esquissa, discret, sincère, peut-être même un peu incrédule. Je n’osais pas bouger, de peur de briser ce fragile équilibre.
Alors je restai immobile, respirant au même rythme que lui, m’imprégnant de ce contact inattendu. Il n’y avait rien de passionné, rien d’ardent — seulement ce calme intime, cette tendresse muette qui disait tout sans un mot.
Après de longues minutes, je me retournai doucement, comme si j’approchais quelque chose de sacré. Mon cœur battait un peu plus vite à mesure que je découvrais son visage, encore assoupi, si rarement exposé à la vulnérabilité.
Ses paupières frémirent. Puis, lentement, il ouvrit les yeux. Nos regards se croisèrent.
Un court instant de surprise passa dans le sien… avant que ses traits ne s’adoucissent. Un sourire timide, presque maladroit, effleura ses lèvres. J'aurai crû qu'il se serait redressé rapidement et qu'il se serait excusé comme un enfant pris sur le fait. Mais il resta à sa place ce qui me fit encore plus sourire de bonheur.
— « Alors ? Tu n’as pas mieux dormi ? » soufflai-je dans un murmure léger, comme pour ne pas rompre la magie du moment. Mon ton se voulait légèrement taquin. Je voulais qu'il admette que cette situation n'était pas si dramatique et horrible à vivre.
Il détourna les yeux un bref instant… et, à ma grande surprise, je crus voir une nuance rosée colorer ses joues.
Il hésita. Puis revint vers moi avec cette intensité tranquille qui lui était propre.
— « Oui… » répondit-il simplement, presque comme une confession. « Tu avais raison. Ce n’était pas si terrible. »
Sa main se leva, doucement, incertaine. Puis elle trouva ma joue, effleurant ma peau avec une tendresse que je n’aurais jamais cru possible venant de lui.
Je ne m’écartai pas.
Je fermai les yeux, un instant, savourant ce geste rare, précieux.
— « Ce n’était sûrement pas la pire mission que tu aies eue à accomplir, non ? » plaisantai-je, un sourire complice aux lèvres.
Il rit légèrement, presque surpris lui-même par la spontanéité du son.
— « Clairement pas. »
Nos sourires s’estompèrent dans un silence nouveau, chargé de quelque chose de plus fort, de plus vibrant. Nos visages s’étaient rapprochés sans que je m’en rende compte. Je pouvais sentir son souffle effleurer ma peau, sentir le battement de mon propre cœur s’accélérer.
Une partie de moi voulait parler. Rompre la tension. Mais l’autre… voulait simplement rester là.
Son pouce glissa lentement sur ma joue. Une caresse hésitante, mais sincère.
Et puis…
Bip bip bip !
Le réveil éclata dans la pièce, strident, brutal. La magie s’évanouit comme un rêve interrompu.
Sephiroth se redressa d’un bond et l’éteignit d’un geste rapide. Il me tourna le dos, inspirant profondément, comme pour reprendre contenance.
— « Bon… je vais me doucher et m’habiller. Ensuite, on prendra un petit-déjeuner rapide. » dit-il d’une voix maîtrisée, presque trop neutre.
— « D’accord… j’irai après toi. »
Il hocha la tête sans croiser mon regard et s’éclipsa dans la salle de bain.
La porte se referma. Et moi, je restai figée, le cœur encore battant, la gorge nouée d’émotions floues. Je posai une main sur ma poitrine, comme pour calmer le tumulte.
« Qu’est-ce qu’il se passe entre nous… ? »
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Une trentaine de minutes plus tard, nous étions tous deux vêtus, frais, propres, assis dans le mess des SOLDATs à déguster un petit-déjeuner sans éclat.
Les gestes étaient simples, les mots rares. Mais quelque chose avait changé. Dans les regards. Dans les silences.
Il me raccompagna jusqu’à la chambre, toujours aussi droit, aussi contrôlé. Mais son regard, lui, trahissait une douceur nouvelle.
— « Je suis en patrouille aujourd’hui. Je devrais être de retour vers quinze heures. »
Je hochai la tête, un peu déçue de ne pas passer plus de temps avec lui, mais je n’en dis rien.
— « Je vais demander à Genesis de venir te tenir compagnie. »
Mon expression se figea aussitôt.
— « Loveless, hein ? » soupirai-je d’un ton las.
Il éclata de rire, sincère, amusé. Ce rire rare qui me faisait toujours un peu fondre.
— « Courage. Essaie de ne pas t’endormir au milieu du deuxième acte. »
Il m’adressa un clin d’œil complice, puis posa une main sur mon épaule, une dernière chaleur avant de s’éloigner.
Et quand il revint avec Genesis — livre à la main, l’air déjà inspiré — je compris que la journée jusqu'à son retour serait… longue.
Je croisai une dernière fois le regard de Sephiroth dans le couloir. Il me lança un air moqueur, éclata d’un rire discret en voyant mon expression désespérée… puis disparut.
Je soupirai, m’affalant dans les coussins.
—
« Tu me le paieras… » murmurai-je pour moi-même, un sourire au coin des lèvres malgré tout.