Une connexion à part
Le vent glacé fouettait le visage de Sephiroth alors qu’il atteignait Midgar en un temps record. Son souffle était court, sa poitrine se soulevait rapidement, mais ce n’était pas l’effort qui le mettait dans cet état.
C’était l’angoisse.
Une angoisse viscérale, rampante, qui lui broyait les entrailles comme une main invisible et implacable.
Il connaissait cette sensation.
Celle qui précède le désastre.
Il avait eu la chance d'être en mission aux abords de Kalm et avait pu rejoindre Midgar en un peu plus d'une heure de course.
Sans hésiter, il s’enfonça dans le dédale sombre des ruelles, évitant les grandes artères où patrouillaient les miliciens. Il connaissait leurs itinéraires, les angles morts des caméras de surveillance, les passages dérobés. Chaque pas résonnait dans le silence oppressant de la ville, mais il ne ralentit pas. Il devait tout faire pour ne pas se faire repérer. Il voulait juste se rassurer, savoir si elle allait bien. Peut être se faisait il du soucis pour rien. Peut-être avait elle un problème avec son portable.
Il devait arriver chez elle au plus vite.
Quand enfin il atteignit la maison, tout semblait calme.
Trop calme. Il faisait beau et il l'a connaissait. Elle aimait passer du temps sur la petite terrasse à dessiner en pleine air. De plus, un autre detail attira son attention, le véhicule familiale n'était pas là. C'était dans ces moments là qu'elle en profitait le plus pour sortir. Quand sa mère n'était pas là pour lui poser des questions.
Sans attendre plus longtemps, son poing s’écrasa contre la porte avec une force et une urgence à peine contenues.
Aucune réponse.
Sephiroth sentit son cœur cogner brutalement contre sa cage thoracique. Son regard fouilla les fenêtres, cherchant le moindre mouvement à l'intérieur. Il contourna la maison et s’arrêta net en apercevant une ombre glisser derrière la vitre de la cuisine.
La porte d'entrée s’ouvrit brusquement.
Samuel se tenait là, les yeux écarquillés, il se frotta les yeux visiblement sorti d'une sieste en pleine fin d'après-midi.
— Mon général ?!
Surpris, le jeune homme se raidit et adopta un garde-à-vous approximatif avant de réaliser le ridicule de son geste. Il n'était pas en service. Il tenta de se redresser avec plus de naturel, mais son malaise était évident.
Sephiroth ne perdit pas une seconde.
— Où est ta sœur ?
La question tomba, tranchante comme une lame. Son ton montrait son impatience à connaître la réponse.
Samuel cligna des yeux, cherchant ses mots.
— Je…
— Où. Est. Ta. Sœur ?!
Le ton s’était fait plus dur, glacial. L’air sembla s’alourdir autour d’eux.
Samuel avala difficilement sa salive.
— Je crois que… que j’ai vu ma mère l’emmener en voiture…
Sephiroth sentit son sang se glacer.
Un silence assourdissant s’installa en lui, le vide avant la tempête.
— Elle l’a emmenée où ? Quand ça ?! Sa voix était plus rauque, chargée d’une tension menaçante.
Samuel hésita. Il tremblait légèrement sur le paillasson. Sa respiration se saccadait.
— où ?...J’en sais rien, je…il était...un peu plus de 16h...
Mais Sephiroth savait déjà.
Son cœur se contracta sous une rage sourde. Il fronça les sourcils devant l'évidence.
Hojo.
Il fit aussitôt volte-face. Il devait se rendre à la tour Shinra. Maintenant. Peu lui importait d'être vu. Peu lui importait qu'il ai quitté sa mission et les conséquences. Il voulait pas qu'on lui fasse du mal.
Mais alors qu’il s’apprêtait à partir, Samuel lâcha d’une voix tremblante réalisant un détail avec du recul:
— Elle… elle n’avait pas l’air dans son état normal.
Sephiroth s’arrêta net.
Un frisson violent lui parcourut l’échine.
Ses doigts se crispèrent. Une chaleur brûlante, incontrôlable, déferla en lui, consumant ce qu’il restait de patience. Il se tourna lentement vers Samuel, son regard incandescent de colère.
— Et tu n’as rien fait ?
Sa voix n’était qu’un murmure, mais elle vibrait d’une menace à peine contenue.
Samuel ouvrit la bouche, incapable de répondre.
— Tu n’as même pas essayé de comprendre ce qu'il se passait ?!
L’air devint plus lourd. Sephiroth le voyait hésiter, chercher une justification.
— Tu es un milicien, Samuel ! siffla-t-il. C’est ton rôle de veiller à la sécurité des citoyens ta sœur y compris !
Ses poings se serrèrent si fort que ses jointures blanchirent.
Deux fois. Par deux fois, Samuel avait échoué.
Il avait laissé sa propre sœur en danger.
— Mais je… elle était avec ma mère… elle ne risquait rien, balbutia-t-il faiblement.
Rien ?
Sephiroth explosa.
En une fraction de seconde, il attrapa violemment Samuel par le col et le tira à lui. Le jeune homme pâlit lorsque ses pieds décollèrent du sol sans que sephiroth ne montre le moindre signe d'efforts.
— Ta mère… Sa voix était plus rauque, plus sombre. Ta mère travaille avec l’homme le plus tordu et malveillant qui soit.
Il le relâcha brusquement. Samuel trébucha en retombant sur le sol et manqua de tomber. Il recula d’un pas, la peur ancrée dans son regard. Il pesa les mots de sephiroth avec horreur et déglutit difficilement. Il se sentit faible et inutile. Il aurait voulu aider Sephiroth mais son courage s'effaça malgré son job de milicien.
Sephiroth n’avait plus de temps à perdre.
D’un geste rapide, il sortit son téléphone et composa un numéro.
Après une tonalité, la voix grave et familière de son ami résonna à l’autre bout du fil.
— Sephiroth ? Tu es déjà à Midgar ?
Son ami était était étonné qu'il ai été aussi rapide.
Sephiroth inspira profondément.
— Angeal… Ne me couvre pas à ton retour. J’assumerai mes actes.
Sephiroth était redevenu plus calme au téléphone, tentant de canaliser ses nerfs. Un court silence s'installa durant lequel Angeal tenta de comprendre à travers les mots.
Puis, Angeal demanda plus d'informations, une inquiétude palpable dans le timbre de sa voix :
— Qu’est-ce qui se passe ?
Sephiroth accéléra le pas, la tour Shinra en ligne de mire, délaissant Samuel sur le pas de sa porte d'entrée encore sous le choc.
— Je ne sais pas encore… murmura-t-il. Mais rien de bon.
— Sephiroth ? Insista Angeal.
Il ne répondit pas tout de suite.
— Je dois monter à l’étage scientifique.
Un bruit de froissement à l’autre bout du fil.
— Quoi ?! Tout seul ? Sephiroth, tu n’es pas sérieux !
Sephiroth resta silencieux.
— Je vais venir, déclara Angeal d’une voix résolue. Tant pis pour la mission.
Sephiroth ferma les yeux un instant. Au fond de lui il se doutait de la réaction de son compagnon d'arme, peut-être qu'il espérait une telle réponse...
— Angeal… Tu sais bien que Hojo ne me fera rien.
Un silence pesant s’étira entre eux.
Angeal le savait.
Mais cela ne signifiait pas qu’il approuvait. Peu importe ce qu'il se passait, Sephiroth était son ami et il se devait de le soutenir.
Sa voix finit par reprendre, plus grave, plus ferme :
— Je vais arriver. Je te rejoindrai. Et j’informe Genesis aussi. Il n’est pas en mission il saura t'épauler avant mon arrivé.
Sephiroth ouvrit la bouche pour protester, mais l’appel se coupa.
Un soupir long s’échappa de ses lèvres.
Il leva les yeux.
Devant lui, la tour Shinra se dressait, froide, implacable.
Sephiroth n’allait pas négocier.
Il n’allait pas supplier.
Il ignorait encore ce qui l’attendait là-haut…
Mais une chose était sûre.
Il ne laisserait rien passer.