Une connexion à part

Chapitre 3 : Deux êtres solitaires

1190 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a 3 mois

Le silence qui s'était installé entre nous semblait aussi épais que l'air lourd de la salle. Je me tenais toujours là, hésitante, incapable de savoir si je devais m'éclipser ou rester dans cet espace où je me sentais, pour une fois, un peu plus en sécurité. Peut-être que cette rencontre était tout simplement un accident, un croisement fortuit de destins solitaires qui se cherchaient sans vraiment le savoir.


Finalement, après un instant de réflexion, je pris une inspiration, essayant de calmer le flot d’incertitude qui me traversait.


— "Si cela ne vous dérange pas… Est-ce que je peux rester ici ?" Je baissai un peu les yeux, plus par timidité que par gêne. "Je comprends si vous préférez être seul. Je peux trouver un autre endroit."


Je ne savais pas pourquoi j'avais proposé de partir, mais j'avais eu l'impression qu'il avait besoin de cet espace autant que moi. J'avais déjà perturbé un peu trop de choses en me glissant ici. Peut-être qu’il préférait la solitude, comme moi.


Mais à ma surprise, il tourna légèrement son regard vers moi, et un léger mouvement de sa tête signala qu'il n'avait aucune objection.


— "Non." Sa voix, toujours calme et mesurée, brisa doucement le silence. "Restez. Ce n'est pas un problème."


Je soupirai en relâchant la tension que je ne savais même pas avoir. C'était une réponse simple, mais cela me permettait de respirer un peu plus profondément, d'abandonner ce masque d’angoisse que j'avais porté toute la soirée. J'avais trouvé un petit refuge, dans un coin de la tour, loin des yeux curieux et des faux sourires. Pour la première fois depuis que je suis arrivée à Midgar, je me sentais un peu moins seule.


Sans réfléchir davantage, je m'assis dans l'un des fauteuils en cuir. Le confort du siège contre mes épaules fatiguées m’offrit une sensation de soulagement presque instantanée. J'étendis mes jambes et fermai les yeux un instant, me permettant de relâcher une partie de la pression qui m'écrasait depuis des heures. Je n’avais jamais réalisé à quel point la soirée m’avait éreintée. Chaque conversation, chaque regard, chaque mot semblait peser sur moi comme une lourde armure. Mais ici, dans cette pièce vide et calme, je pouvais enfin respirer.


Il me fallut quelques instants pour reprendre mes esprits, mais une pensée s'échappa sans que je ne la contrôle, une pensée que j’avais du mal à garder pour moi.


— "Je… je ne me sens pas à ma place ici." La phrase était partie toute seule, comme si mes lèvres avaient enfin libéré une vérité que je ne pouvais plus contenir.


Je rougis immédiatement après avoir prononcé ces mots, réalisant qu’ils sortaient plus facilement que prévu. Je m'attendais à ce qu'il me regarde avec une étrange incompréhension ou pire, qu'il se détourne de moi. Mais au lieu de cela, il se redressa légèrement, comme si mes mots avaient éveillé quelque chose en lui.


Il s'approcha un peu, mais sans forcer la proximité, et posa ses yeux sur moi. Il semblait avoir entendu cette confession, et pour une raison que je ne comprenais pas, il ne laissait pas cette vérité entre nous comme un poids.


— "Parfois, il est difficile de se sentir à sa place." Sa voix avait pris un ton presque personnel, comme si ce n’était pas une simple observation, mais une compréhension. Il se tourna légèrement pour regarder les lumières de la ville qui brillaient à travers la fenêtre, avant de continuer. "On nous place tous dans des cases. On nous dit où nous devons être, mais souvent, on se perd en chemin. Même ceux qui semblent avoir trouvé leur place ici peuvent se sentir... égarés."


Je le regardai, surprise par ses paroles. Moi qui pensais qu’il n’aurait jamais exprimé un sentiment aussi humain, aussi... vulnérable. Le grand Sephiroth, celui dont tout le monde parlait avec crainte et respect, semblait aussi avoir ses propres doutes et ses propres blessures.


— "Alors… vous aussi ?" Je ne pouvais m'empêcher de poser la question, mon esprit curieux de découvrir la vérité derrière son masque impassible. "Vous aussi vous vous sentez… à l'écart ici ?"


Il tourna lentement son regard vers moi, et cette fois, il y eut un léger sourire presque imperceptible qui effleura ses lèvres, comme une brise qui effleure la surface d’un lac tranquille.


— "Je suppose que c’est la condition de ceux qui sont toujours en mouvement." Ses yeux se durcirent un instant, mais il y avait aussi une lueur de compréhension, une lueur qui semblait un peu plus douce que d'habitude. "J'ai toujours eu cette impression. De ne jamais être là où je devrais être."


Ses mots m’étonnèrent. Sephiroth, celui qui était considéré comme un héros, un modèle pour la Shinra, parlait de lui comme s’il était lui aussi un étranger dans son propre monde. C’était une révélation. Tout ce que je croyais savoir sur lui, tout ce que j’avais entendu à propos de sa gloire et de sa réputation, semblait se dissoudre dans cet instant d’échange presque intime.


Nous nous trouvions là, dans cette pièce vide, à parler de ce que nous ressentions au plus profond de nous. Lui, un homme dont le nom résonnait dans chaque recoin de Midgar, et moi, une simple inconnue sans emploi, trop consciente de ma propre insignifiance. Et pourtant, nos mots se mélangeaient dans un écho silencieux, un écho que nous n'aurions jamais imaginé partager.


— "Peut-être qu’on n’a pas tous besoin d’être là où on nous attend." Je lançai ces mots sans vraiment savoir pourquoi. Peut-être pour essayer de me rassurer moi-même, ou peut-être parce que, dans cet instant, il semblait que Sephiroth me comprenait. "Peut-être que ce qui compte, c’est d’être fidèle à soi-même, peu importe où on se trouve."


Sephiroth resta silencieux quelques instants, et je crus qu’il allait répondre, mais il se contenta de regarder les lumières de la ville encore une fois, son regard devenu lointain. Finalement, il hocha légèrement la tête, comme s’il approuvait, mais sans en dire davantage. Il n’avait pas besoin de répondre. Parfois, le silence entre deux personnes suffit pour tout dire.


Dans cette grande salle vide, à l'écart du monde, il n’y avait plus de titres ni de rôles imposés. Il n’y avait plus que deux êtres, l’un cherchant sa place, l’autre se perdant dans les siennes. Nous nous comprenions mieux que nous n'aurions pu l’imaginer. Et pour un instant, j’eus l’impression que, malgré tout, il y avait peut-être une place po

ur nous deux dans ce vaste monde de Midgar.


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