Une connexion à part
Les mots de Sephiroth me tournaient encore dans la tête, résonnant comme une étrange mélodie. J'avais peine à saisir le sens exact de ce qu'il avait dit, et une partie de moi se demandait s'il avait simplement voulu être courtois ou s'il y avait autre chose derrière son attitude détachée. L’expression qu’il portait m’était familière d’une manière que je ne pouvais expliquer. Lui aussi semblait se retrouver ici, seul, perdu dans cette soirée, malgré toute l’aura de pouvoir et de mystère qui l'entourait.
Je soufflai profondément, réalisant que j'étais loin d'être la seule à détester cet endroit. Tout autour de moi, les invités étaient absorbés dans leurs petites conversations superficielles, leurs sourires figés. Et, au milieu de cette foule, il y avait lui, Sephiroth, qui n'était ni plus ni moins à l'aise que moi, malgré son statut. C'était peut-être ce qui me troublait le plus : cette idée qu'on était, tous les deux, prisonniers de ce monde, incapables de nous échapper.
Alors que je laissais mes pensées vagabonder, je vis plusieurs collègues de Samuel s’approcher de moi. Leurs regards polis mais curieux me firent frémir. Je savais qu’ils viendraient me parler, chercher à savoir qui j’étais, d’où je venais, ce que je faisais dans la vie, comme s’ils avaient un intérêt quelconque à m’inclure dans leur petite sphère sociale. Je n’avais pas envie de m’engager dans ces échanges inutiles. Je n’étais pas comme eux. Je n'étais personne ici.
Je pris donc la décision de m’éclipser. Je me levai de ma place discrètement, cherchant à éviter leur approche, et me glissai entre les groupes de personnes, comme une ombre parmi la lumière. Je m’éloignai de la salle principale, empruntant un corridor plus calme. L'ascenseur ne se trouvait qu’à quelques pas de là. Il menait aux étages supérieurs, et bien que les visiteurs n’avaient accès qu’aux cinq premiers, cela me suffisait amplement pour trouver un endroit à l'écart, un coin où je pourrais me réfugier et respirer.
Je pressai le bouton d'appel et attendis, jetant un coup d'œil derrière moi pour m'assurer qu'aucun groupe d'invités ne m'avait suivie. Le bruit du mécanisme qui arrivait se mêla à celui des conversations lointaines. Quand les portes de l'ascenseur s’ouvrirent, je m’y glissai avec un soupir de soulagement, appuyant sur le bouton du troisième étage. Ce serait suffisant pour être loin des festivités. Ce serait suffisant pour me retrouver seule.
L’ascenseur monta, les chiffres défilant lentement, mais ce fut au moment où il s’arrêta que je fus confrontée à une nouvelle surprise. Les portes s'ouvrirent sur un large hall. La salle de repos des étages supérieurs. Une salle vide, calme, avec de grands fauteuils en cuir et des tables basses, comme un havre de paix au cœur de cette tour glacée.
C'est là que je l'aperçu à nouveau. Sephiroth. Il était appuyé contre un mur, les bras croisés, l'air pensif. Il ne semblait pas m'avoir remarquée immédiatement, mais je savais que je m'étais retrouvée dans son espace personnel cette fois-ci. Le hasard avait voulu que nous nous croisions à nouveau, dans un endroit aussi tranquille et isolé que ce hall vide.
Je m’arrêtai net, surprise de le trouver là, comme si le destin avait décidé de jouer avec nous. Ses yeux se levèrent lentement, et lorsqu’il m’aperçut, son regard fut aussi impassible que tout à l’heure. Je ne savais pas si je devais repartir en silence ou tenter de m'excuser pour mon intrusion dans cet espace.
— "Je ne pensais pas vous retrouver ici." Il parla le premier, d’un ton neutre, sans cette froideur distante qu’il portait en public, mais avec une certaine curiosité dans sa voix.
Je n’avais pas l’intention de revenir sur ma présence ou de discuter de mon inexplicable besoin d’évasion. Je cherchai à m’excuser, mais mes mots se bloquèrent dans ma gorge. Il y avait quelque chose de presque étrange dans la tranquillité de la scène. Nous étions là, tous les deux, dans une grande salle vide, au milieu d’une tour où tout semblait en mouvement, et pourtant, il n’y avait que silence et calme autour de nous.
— "Je… je voulais simplement un peu de calme." Ma voix se fit plus faible, comme si l’air dans cette salle était plus dense, plus lourd. "Cet endroit est… étouffant."
Je n'avais pas l'intention d'aller plus loin. Après tout, il n'était pas censé être ici non plus. Nous n'étions ni l'un ni l'autre dans notre élément, et je le voyais bien. Même si sa posture restait imposante, il ne semblait pas plus à l'aise que moi dans cet environnement.
Un léger sourire effleura ses lèvres, comme si mes mots avaient eu un effet inattendu. Une réaction aussi humaine, presque… amusée.
— "Je vois." Il se redressa légèrement, comme pour se libérer de sa position contre le mur. "Il y a des endroits où même l'aura de la Shinra semble peser."
J’eus un léger sourire en retour, ne sachant pas si je devais réellement répondre à cela ou simplement laisser la conversation se dissiper. Nous nous retrouvions dans une situation absurde. Lui, Sephiroth, un soldat d’élite, et moi, une simple jeune femme sans emploi, tous deux échappant à la superficialité de la fête. Mais pourquoi semblait-il encore intéressé par ma présence ? Pourquoi était-ce moi qu’il avait choisi de croiser dans cette vaste salle de repos vide ?
Avant que je n’aie le temps de réagir, il s’éloigna lentement vers une fenêtre, observant les lumières de Midgar s’étendre en dessous de lui, les bras derrière son dos, toujours aussi calme. Ce n’était pas un mouvement de fuite, mais plutôt un geste presque… apaisant. Était-ce la première fois qu’il se permettait une pause dans cet univers qui semblait si exigeant ?
Je restai là, immobile, observant la silhouette de l'homme qui, jusqu’à ce moment, semblait être aussi inatteignable que les étoiles elles-mêmes. Et pourtant, à cet instant précis, dans cette grande salle vide,il me paraissait presque humain.