Une connexion à part

Chapitre 1 : Le poids de la ville

1235 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a 4 mois

L'arrivée à Midgar fut un choc. Ma famille, autrefois si modeste, avait débarqué dans la capitale de la Shinra avec un mélange de fierté et d’appréhension. Mon frère, Samuel, avait trouvé un poste de milicien dans les rangs de la Shinra, un honneur que nous n'aurions jamais imaginé dans notre petit village. Ma mère, quant à elle, avait été recrutée comme scientifique, une opportunité qu'elle avait longtemps espérée. Ils avaient tous les deux un but ici, une place à occuper. Moi, j’étais simplement là, sans véritable direction, me sentant étrangère dans cette ville bruyante et impersonnelle.


La Shinra, comme chaque année, organisait une grande fête pour accueillir les nouveaux venus et leurs familles. C’était une tradition, un moyen pour la société d’apprendre à connaître les employés et de tisser des liens. Pour ma part, j'avais l'impression que ce genre de soirées n'était qu'un luxe inutile, une perte de temps. Les personnes présentes étaient soit des figures de pouvoir, soit des employés respectés, et je me sentais comme une intruse dans cette foule d'individus triés sur le volet. Tout ici m'était étranger : l'élégance des vêtements, les discussions mondaines, les sourires forcés.


Nous avions été invités à la Tour Shinra, un édifice imposant qui dominait la ville comme un titan de verre et d'acier. Dehors, la pollution de Midgar assombrissait le ciel, mais à l’intérieur de ce lieu, tout semblait être sous contrôle, comme si le monde entier fonctionnait à la perfection. Ma mère rayonnait, sa robe soignée étincelant sous les lumières, tandis que Samuel échangeait des mots avec d’autres miliciens. Ils étaient à l’aise, parmi des gens qu’ils connaissaient déjà. Mais moi, je n'avais pas ce luxe. Je n'avais aucune place dans ce monde.


Après avoir été poussée par ma mère à échanger quelques mots avec des collègues de Samuel, je me suis sentie de plus en plus perdue. J’avais bien répondu à leurs questions avec des sourires polis, mais mes réponses paraissaient vides et automatiques. Je n'étais personne ici, pas une scientifique, pas une employée de la Shinra, juste une spectatrice muette.


Je cherchais désespérément un moyen de m’éclipser. Les discussions autour de moi me paraissaient futiles, presque ridicules. J'avais l’impression d’être dans un autre monde, un monde où je n'avais pas de place. Alors, je me suis dirigée vers un coin plus discret de la salle, à l’écart des groupes bruyants. Le mur froid de la salle me paraissait rassurant, presque accueillant. C'était mon refuge, un endroit où je pouvais disparaître, où je n'aurais pas à me forcer à sourire et à faire semblant d’appartenir à cet univers.


Je me glissai dans l'ombre d’une colonne, repliée sur moi-même, espérant passer inaperçue. Je n’étais qu’une ombre parmi les invités, et c’était exactement ce que je voulais. Les gens autour de moi semblaient absorbés dans leurs discussions. Aucun regard curieux ne se posait sur moi, et c’était tout ce dont j'avais besoin à cet instant.


C'est alors qu'il est apparu.


Je n'avais pas vu son arrivée, mais tout à coup, il était là, imposant et calme, au centre de la pièce. Sephiroth. Légende vivante de la Shinra, une figure mythique dont les exploits étaient racontés à travers tout le pays. Sa simple présence changeait l’atmosphère de la salle. Les gens se reculaient légèrement, s’écartant pour lui laisser de l'espace, comme si sa réputation avait déjà traversé les murs de la Tour. Il portait son uniforme militaire, impeccable, et ses cheveux argentés flottaient autour de lui comme une aura glacée. Il n’avait pas besoin de parler, pas besoin de gestes exagérés pour captiver l’attention. Il suffisait de sa présence.


Je détournai rapidement les yeux, espérant qu’il ne me remarquerait pas. Je n’étais qu’une jeune fille perdue dans un coin, après tout. Pourquoi aurait-il porté attention à moi ? Mais à mesure qu'il s’approchait de ma direction, un frisson d’inquiétude me saisit. Pourquoi, moi, de toutes les personnes ici, attiserais-je son intérêt ?


Ce fut un léger mouvement de sa part qui me fit lever les yeux. Il s'était arrêté juste devant moi, comme s'il avait senti la présence d'un inconnu dans son espace. Son regard perça l'obscurité dans laquelle je m’étais réfugiée, et il sembla étudier chaque détail de mon comportement. Je n'étais pas sûre de ce qu'il attendait, mais je savais que je n’avais plus le choix. Il m’avait remarquée.


— Vous semblez... en retrait. Sa voix était calme, presque glaciale, mais pourtant, il y avait une certaine douceur dans la manière dont il prononça les mots. Ce n'était pas une question agressive, mais plutôt une simple observation, presque... curieuse ?


Je me crispai, surprise et gênée, incapable de répondre immédiatement. Mes yeux cherchaient désespérément une échappatoire, mais il était là, si proche. Le silence entre nous était lourd, chaque seconde étirée par la tension que j'éprouvais. J’essayai de sourire, mais il devait être évident que ce n'était qu'un sourire forcé.


— "Je… je préfère rester en dehors de tout ça." Mon regard se figea sur un détail de sa tenue, comme si je pouvais éviter son regard en m’intéressant à son uniforme. "Ce n’est pas vraiment mon genre, ces... soirées."


Je n'étais même pas certaine de ce que j'avais dit. C’était une vérité, mais peut-être pas la plus polie à exprimer dans un contexte comme celui-ci. Pourtant, Sephiroth ne sembla pas se formaliser. Il se contenta de me regarder en silence, et l'expression sur son visage restait impénétrable.


— "C’est compréhensible." Il hocha légèrement la tête, comme s’il évaluait ma réponse, tout en restant aussi distant que la légende qu’il incarnait. "La plupart de ces événements ne sont que des distractions. Mais, parfois, même l’indifférence peut avoir son utilité."


Ses mots me laissèrent perplexe. Était-ce une tentative de me rassurer, ou une forme de mépris, que seuls ceux qui se trouvaient dans une position de pouvoir pouvaient se permettre d'exprimer si librement ? Je ne savais pas, et cela me perturbait encore plus.


Avant que je n'aie le temps de répondre, il tourna son regard ailleurs, balayant la salle avec une tranquillité glaciale. Et avant que je ne puisse réagir, il s’éloigna, sa silhouette se perdant à nouveau dans la foule de la réception.


Je restai là, figée, le cœur battant, me demandant pourquoi un homme comme lui avait daigné me parler. Un frisson d'incompréhension m'envahit. Comment avais-je attiré son attention ? Pourquoi lui, en particulier ? Je n’étais qu’une jeune femme sans emploi, invisible parmi tant d'autres. Et pourtant, Sephiroth, avec son regard si perçant, avait perçu quelque chose en moi. Une curiosité, peut-être. Ou quelque chose de bien plus mystérieux encore.


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