La vie est une épreuve, la mienne est un combat

Chapitre 2 : Chapitre 1 : Un nouvel élève

3554 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 06/03/2016 11:32

Chapitre 1 : Un nouvel élève

 

Ma narration commença donc ici, au fond de cette salle de classe à neuf heures du matin. J'étais, comme d'habitude, seule, sans personne à mes côtés. A ma gauche la fenêtre et à ma droite une place vide ; la seule. Le prof entra, accompagné de ce qui me semblait être un nouvel élève. Celui-ci entra dans la salle d'un pas montrant une assurance sans pareille. Celui-là, il va devenir le chouchou de tout le monde. D'un coup, toute la classe se retourna pour me lancer un regard méprisant, comme si ils avaient entendu mes pensées. Le prof et le nouveau me regardaient aussi. Je tournai la tête pour détailler du regard ce nouvel élève, et voilà que lui plongea ses yeux dans les miens puis se mit à rire comme si de rien n'était. Il m'énerve déjà ! La première phrase à traverser mon esprit.

 

« Votre attention s'il vous plaît, comme vous l'avez certainement tous deviné, nous avons un nouvel élève, je vous demande donc de l’accueillir comme il se doit, compris ? Bien, présente toi à la classe.

Salut tout le monde, moi c'est Ethan, dix-sept ans, dit-il, le sourire aux lèvres.

Bien, autre chose ?

Non, pas vraiment.

Très bien. Si tu n'as rien à dire d'autre va t'asseoir au fond de la classe, à côté de Alie s'il te plaît. »

 

La place à mes côtés étant la seule à être libre, il se dirigea vers moi, toujours avec le même sourire collé sur le visage ; ce genre de personnes m'énerve, c'est le genre de personnes qui te poignardent dans le dos si c'est nécessaire pour eux. Je ne connais que trop bien ces gens là, depuis la mort de mes parents, beaucoup ont défilé devant moi. Je le regardai s'asseoir puis détournai la tête pour regarder la fenêtre, mais au même moment celui-ci prononça mon nom. Je le regardai donc à nouveau.

 

« Salut, tu dois être Alie

Ouais c'est moi.

Ethan, ravi de te connaître !

Tu veux un conseil, ne me parle pas : ça porterait atteinte à ton image.

Pourquoi tu dis ça ? Tout ce que je voudrais, c'est faire ta connaissance.

Oui et bien c'est une mauvaise idée ! »

 

Cette phrase prononcée, la sonnerie retentit, il fut donc temps pour moi de quitter cette salle de classe au plus vite. Seulement, le nouveau en avait décidé autrement. Il commence à m’agacer celui-là.

 

« Attends, on peut au moins discuter, non !?

Non désolée, d'une part pour toi, faudrait pas que tu sois délaissé par les autres élèves étant nouveau et d'autre part parce que je suis déjà le souffre douleur de tout le monde et si tu me parles, ça risque de mal se passer pour toi comme pour moi. Donc tu ne me parles pas, je ne te parle pas, et tout va bien, d'accord ? Maintenant, fous moi la paix, merci !

Quoi !? Mais tu es sérieuse, tu sers de souffre douleur à tout le monde et tu dis rien... dit-il, choqué.

Oui puis de tout façon le dire ne servirait à rien ; ils n'arrêteront pas pour autant, mais sois gentil occupe toi de tes affaires.

Non Alie, attends... »

 

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que j'étais déjà sortie et me dirigeais vers le seul endroit où j'étais tranquille : le toit. Je montai donc les escaliers qui menaient au toit : j'allais enfin pouvoir respirer, les profs de maths et français étant absents, j'avais devant moi trois heures de détente. Ne mangeant pas à la cantine, je pouvais rester sur le toit jusqu'à la reprise des cours. La tranquillité que me procurait cet endroit n'était pas comparable, le toit du lycée était comme une bulle, ma bulle, celle qui me protégeait de toute les agressions extérieures que je pouvais subir.

 

La seule pensée qui traversait mon esprit quand j'étais seule ici c'était la mort de mes parents, cet événement me revenait en mémoire comme si ça c'était passé la veille. Ils sont mort le jour de mon quinzième anniversaire, nous devions avoir une réunion de famille le soir, mais ma mère m'avait autorisée à aller voir mes amies et à passer la journée avec elles. Ce fut donc dans les environs de dix-huit heures que mes parents étaient venus me chercher pour passer la soirée en famille. Mais alors que nous passions au dessus d'un pont, un taré nous rentra dedans. Les inspecteurs, au fil de l'enquête, on apprit que le mec était ivre. Pendant ce temps, mes parents, eux, se trouvaient sur la table d'opération, salle dont ils ressortirent comme deux nouveaux cadavres pour la morgue de l'hôpital.

 

Enfin, voilà le début de ma chute interminable. Et j'étais là, couchée sur le toit de ce lycée avec mon Ipod et de la musique dans les oreilles. Pour me détendre, rien de mieux que du Rock et du Métal ; ces musiques me remettent souvent les idées en place quand j'en ai le plus besoin, ou pour faire passer ma colère après avoir servi de souffre douleur et passer à autre chose. Ça me fit penser qu'ils ne m'avaient encore rien fait pour le moment ; de toute façon ça arriverait sûrement en cours ou à la sortie du lycée, comme d'habitude...

 

L'habitude, qu'est-ce c'est ? Une scène du quotidien qui se répète sans cesse, sans début ni fin apparente. Certains ont des habitudes que l'on pourrait appeler correctes : ils font du sport, voient leurs amis. D'autres ont des habitudes que je nommerais minables, dans le sens où faire souffrir quelqu'un, c'est se sentir mal dans sa peau, mais le faire ressentir à d'autres gens plus vulnérable que soi-même. Tout comme moi je sers de souffre douleur à ces gens qui se sentent mal dans leur peau.

 

Cette petite réflexion intérieure prit une heure de mon temps libre. Je regardai l'heure ; celle-ci montrait onze heures : il me restait donc encore deux heures de liberté, deux heures de tranquillité. Je fermai les yeux et me concentrai sur la musique qui passait. À la fin de celle-ci, j'ouvrai de nouveau les yeux et je constatai qu'une personne me regardait. Une fois réhabituée à la lumière, mes pupilles finirent par deviner les contours du visage au-dessus du mien. Ce visage, vous l'aurez certainement deviné, c'était celui de Ethan.

 

« Qu'est ce que tu me veux ? Et quelle heure il est ?

Je t'ai cherchée partout mais je t'ai pas trouvée, et j'ai donc pensé au toit du lycée ; ingénieuse idée, non ? Il est midi précise !

Tu n'as pas répondu à l'autre question.

Je voulais te parler on n'a pas fini notre discussion tout à l'heure.

Si, elle était terminée ; et je n’appellerais pas ça une discussion puisque tu étais le seul à vouloir parler.

Pourquoi es-tu aussi agressive avec les gens qui t'abordent ?

Je pensais m'être faite comprendre, tout à l'heure. Je ne veux parler à personne et être seule. La solitude est la seule chose qui ne me trahit pas et qui me permet de réfléchir, alors maintenant, fais moi plaisir et vas-t'en.

Je ne partirai pas tant que je n'aurai pas de réponse à mes questions !

Et moi je n'y répondrai pas ! »

 

Je le fixai avec un regard noir que je ne me connaissais pas, tandis que lui me regardait en souriant, comme si nous nous connaissions depuis longtemps et que nous étions amis. L'amitié : un terme que je n'entends plus depuis deux ans, un terme que les gens ont banni à mes côtés. Ami : ce mot qui prend tellement peu de place dans mon esprit, qui reste quasi inexistant dans mon vocabulaire car peu utilisé dans ma vie actuelle. Un mot de plus, un mot de moins : l'homme en compte une infinité comme ça ; une infinité de mots connus et non utilisés. Une majorité souvent non compris qui nous pousse vers notre extinction prochaine, mais pourtant si lointaine. Dans quel sens va le monde ? C'est une bonne question, restée malheureusement sans réponse depuis des milliards d'années. Dans quel sens évoluerait ma rencontre avec Ethan ? Seul l'avenir me le dirait ; espérons que celle-ci aille dans le bon sens, comme l'espérance de pouvoir rester seule à nouveau.

 

Nous étions donc sur le toit du lycée, où Ethan m'avait rejoint il y avait de ça quelques minutes. J'étais couchée, tandis que lui prit place à mes côtés. Nos regards se croisèrent puis je tournai la tête et fermai les yeux, toujours en écoutant la musique. Il me semblait m'être endormie car mon dernier souvenir de ce moment fut le son dans mes oreilles. Environ une demi-heure plus tard, je sentis que l'on me caressait la joue et mes écouteurs me furent retirés puis une douce voix parvint à mon oreille gauche.

 

« Debout princesse, les cours vont pas tarder à reprendre et j'ai faim.

C'est avec une petite voix que je lui répondis : J'ai pas envie d'y aller et puis que fais-tu encore là ?

Je suis resté car j'en avais envie, et puis manger avant les cours c'est important alors lève tes fesses et joins-toi à moi !

Et pourquoi je me joindrais à toi, on n'est pas amis je te signale ! Répliquai-je, légèrement énervée.

Wow, ne t'énerve pas, c'est toi qui ne veux pas l'être, moi je veux apprendre à te connaître, savoir qui tu es et pourquoi pas te protéger de ce gens qui profitent de ton mal-être. Je veux être ton ami et être présent pour toi, personne ne supporte vraiment la solitude.

Eh bien, ne t'en déplaise, moi oui ! La solitude est la seule chose qui ne m'a pas trahie : ça fait deux ans déjà que je suis seule alors ce n'est pas toi qui va briser mon quotidien si bien établi ! »

 

Ces paroles sorties de ma bouche, je pris mon sac et sortis mon ''repas'' si je puis l'appeler ainsi, un sandwich et une canette de coca. Mes collations sorties, je m’empressai de les manger soudain mon regard se porta sur Ethan. D'après mon observation il était lui aussi externe puisque il avait à manger dans son sac. Notre repas terminé, je finis par prendre mes affaires et partir en le laissant à son tour seul sur le toit. Je commençai à descendre les escaliers quand j'entendis une voix m'appeler.

 

« Alie attends moi ! »

 

Ce mec ne comprendrait donc jamais. Il prit place à mes côtés pour la troisième fois de la journée et nous descendîmes les escaliers à pas lents, je finis par m'arrêter et me tourner vers lui.

 

« Il serait préférable que tu ailles seul en classe.

Pourquoi ?

Parce que si les autres me vois avec ''le nouveau'' je vais avoir de sérieux ennuis, je suis déjà détestée de tout le monde, alors si on pouvait éviter d'aggraver mon cas se serait cool !

D'accord mais ...

Génial merci, je pars devant ! »

 

Cette mini entrevue achevée je m'empressai de retourner seule en classe à ma place quand une des mes tortionnaires se mit en travers de ma route, et déposa un regard noir sur moi qui voulait sûrement dire que je n'allais pas tarder à souffrir.

 

« Dis moi Alie comment tu vas aujourd'hui ?

Mal, comme d'habitude à partir du moment où je te vois, pourquoi cette question ?

Oh juste comme ça par hasard ! Dit-elle ravie de ma réponse.

Bien sûr et tu pense que je vais y croire.

Bien, dans ce cas, tu nous attends devant ton casier à la fin des cours pour notre petit rendez-vous. À tout à l'heure, fini-t-elle par dire avant de partir s'asseoir »

 

Elle semblait heureuse ce jour là, c'était mauvais signe ; les cours se finissaient à quinze heure, encore deux heures de cours avant mon supplice. Je regardai vers l'entrée et vis Ethan. A tout les coups il a attendu. Il avança et vint s'asseoir à la seule place non occupée de la classe, à ma droite. Il tenta de me parler mais je tournai la tête et regardai à l'opposé. Je me demande ce qu'ils vont me faire aujourd'hui : me frapper, m'humilier, bof peu importe je le supporterai comme toujours !

 

« Alie… Alie, dit-il en chuchotant.

Lâche-moi Ethan ! »

 

    Cette phrase mit fin à toutes contestations de sa part. Le pauvre, je lui crie dessus alors qu'il n'a rien fait, il veut juste apprendre à me connaître mais c'est bien la pire idée qu'il ait eue. Le cours reprit donc pour notre grand malheur ; la prof entra dans la classe et commençait à faire l'appel quand je reçus deux morceaux de papier. J'ouvrai ceci discrètement : le premier était signé Ethan, qui me demandait des explications et le deuxième était fait d'une écriture que je n’oublierait pas de si tôt, la calligraphie de cette fille, ma tortionnaire attitrée !

     

    ~ À la sortie des cours sois à ton casier, nous devons parler ~

     

    L'après midi passa plus vite que prévu, d'habitude l'heure de physique et de s.v.t ne passaient pas aussi vite que ça. À croire que même le temps m'en voulait et qu'il n'attendait qu'une chose... mon supplice. Ethan ne tenta plus de me parler et d'envoyer d'autres messages par papier, il resta silencieux comme si... il sentait que quelque chose allait arriver. C'est donc au bout de deux heures que la sonnerie retentit, signifiant la fin des cours. Je pris mon sac par terre à ma gauche, je rangeai mes affaires, je regardai autour de moi. Elle n'attendait qu'une chose, que je sorte de la salle. C'est donc de manière complètement désintéressée que je sortis de la classe et me dirigeai vers mon casier, seulement ils en avaient décidé autrement. Le petit copain de cette garce se mit en travers de mon chemin et refusa de me laisser passer. Ce petit sourire en coin qui ornait ses lèvres, je ne rêvais que d'une chose... lui effacer. Je le regardai droit dans les yeux et lui rigola sans gêne. Tous les élèves n'ayant pas fini les cours se trouvaient déjà dans les salles. Il ne restait donc plus qu'eux et moi. Une fois de plus je tentai de forcer le passage mais il me repoussa brutalement contre les casiers, me regardant tomber à terre.

     

    « Ben alors Teller t'as perdu ta voix !

    Je ne vois pas l'intérêt de parler à un abruti comme toi ! Nuance.

    Dis moi Alie, qu'est ce qu'on t'a fait hier, je ne me souviens plus très bien...

    Tu sais quoi Hale, si en plus d'être conne tu es amnésique, la vie t'as pas gâtée. »

     

    Soudain une douleur aiguë m’assaillit la joue gauche, et ma lèvre. Je me souvenais m'être cogné la tête puis tomber à terre. C'est un visage plutôt familier qui passa dans mon champ de vision, une voix familière qui me parla et une chaleur intense qui m'aida à me relever. Après quelques minutes je sortis de ma léthargie, ma tête me faisait mal ainsi que mon ventre.

     

    « Alie, ça va aller ?

    J'ai mal à la tête...

    Pas vraiment étonnant après ce que ces ordures t'ont fait. Pourquoi tu te laisses faire ? Tout ça ne rime à rien !

    Exactement... tout ça ne rime à rien, me défendre n'arrangera pas les choses, ils reviendront sans la moindre pitié. Laisse moi tranquille ! Tu ne vois donc pas qu'en restant avec moi tu vas t'attirer des problèmes ? »

     

    Sans plus de parole je pris mon sac et me dirigeai vers la sortie, je n'attendis pas Ethan, ça n'aurait servi à rien. Je voulais être seule. Je prenais le bus d'habitude pour rentrer mais ce jour là, je préférai marcher, histoire de me calmer. Je mis mes écouteurs, démarra la musique et marchai comme si ce monde était le mien. J'étais seule et je le savais ; la vie ne me fait pas de cadeaux. Moi, la vie me montre toute la cruauté dont elle peut faire preuve, et ma désignée pour être sa victime. Cette journée ensoleillée se changea vite en un ciel gris et une forte humidité : la pluie n'allait pas tarder à tomber. Je mis ma capuche mais je continuai à marcher : courir ne sert à rien, car de toute façon on ne peut pas lui échapper. Et puis je n'étais pas vraiment pressée de rentrer chez moi, puisque mon oncle m'attendait... Je me demande quel sera son excuse pour me frapper cette fois-ci ! On verra bien.

     

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