L'Elue

Chapitre 6 : 6- Réflexion.

Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a environ 14 ans

 

Caroline et moi arrivons au village. Il n'y a plus personne à l’extérieur et l'ambiance commence à être pesante. J'ai l'impression qu'il se trame quelque chose mais je ne sais pas quoi. Mais bon, ce n'est qu'une intuition après tout. Les maisons sont faites d'argiles et les toits sont en pailles. Les fenêtres sont couvertes d'un drap. Caroline m'emmène dans une maison isolée des autres et visiblement un peu plus spacieuse. Je n'ai pas le temps d'observer l’intérieur que celle-ci me pousse dans un salle de bains. Il y a une grande baignoire ou de l'eau chaude viens d'être versée visiblement. Il y a aussi deux petits lavabos avec des miroirs au dessus et une armoire en bois dorée. Caroline la désigne du doigt et m'explique:

"- Dans cette armoire, il y a des robes qui sont à ta taille étant donné que ce sont les miennes et que nous sommes de la même taille. Nous t'avons préparé un bain. il y a aussi des brosses dans l'armoire. Donc fait toi plaisir et détends toi."

Je ne réponds rien, trop fascinée par cette salle de bains. Au sol, il y a du carrelage bleu turquoise mêlé à du carrelage bleu océan. Ils sont vraiment doués. Réussir à poser du carrelage sur du sable... Les murs, eux, sont de couleur or et le plafond est en forme de spirale. Il n'y a pas de fenêtre dans cette pièce mais elle est très lumineuse malgré tout. Voyant que je suis passionnée par l'architecture de cette pièce, Caroline se contente d'ajouter:

"- Et s'il te plaît, n'écoute pas Danny. Tu DOIS rester. On a besoin de toi, les Dieux ne t'ont pas élue pour rien, non?"

Cette phrase me coupe de ma fascination de la pièce pour me plonger dans une intense réflexion. Je m'apprête à lui demander ce qu'elle veut dire par là mais celle-ci ne m'en laisse pas le temps. Elle pose le doigt sur mes lèvres et me dit:

"- Ne pose aucune question. Je ne saurais pas y répondre car seule toi en a les réponses. Maintenant, prends un bain, détends toi et ne pense plus à rien."

Elle me laisse donc dans la salle de bains et s'en va. Ne plus penser à rien. Pfft, plus facile à dire qu'à faire... Je me dirige vers la baignoire et je suis agréablement surprise de la température de l'eau. Je vais le savourer. Rien que d'y penser, je lève les bras pour m'étirer de tout mon long. Je retire la pseudo-robe que je porte sur moi et me glisse dans l'eau. A son contact, mon corps se détends instinctivement. Cependant, malgré que mon corps soit détendu, ce n'est pas mon cas.

Cela fait à peine quelques heures que je me suis réveillée et j'ai l'impression que ma vie, celle dont je suis censée me rappeler, n'est pas si facile que ça. En réalité, là pour le coup, ce sont les paroles de Caroline qui tournent dans ma tête. Je ne comprends pas. Pourquoi dit elle que les Dieux m'ont élue. si elle veut dire par là qui m'ont choisie pour l'enfer, alors la, j'approuve totalement. Parce que ce que je vis depuis mon réveil, c'est un véritable enfer. Tout d'abord, je me réveille dans un désert seule sans souvenir, affamée, déshydratée et souffrante. Après ça, des inconnus m'ont aidée. Dans la tente, je me suis découvert une attirance pour ce Liam. ensuite, je me suis disputée avec un imbécile et enfin, j'apprends que les Dieux m'ont élue. Pourquoi? Comment? Voila les questions qui trottent dans ma tête.

Je plonge ma tête sous l'eau dans l'espoir d'avoir peut être un peu plus de souvenirs. Car quand je suis tombée dans la rivière, des souvenirs me sont revenus en tête. Peut être que si je recommence, ça va de nouveau marcher... Bien sûr, la seule chose que ça réussit à me faire, c'est m'étouffer. C'est pour quoi, le souffle coupé, je remonte à la surface. Même si ça ne m'a pas beaucoup aidée pour ce qui est des souvenirs, je suis maintenant un peu plus posée. Bon qu'est ce qu'il y avait d'autres. A oui, ces images floues.

Bon ce qui est du palais, je pense m'être fait une conclusion plus qu'acceptable. Je m'y rendrais quand je serais sûre d'y arriver vivante et entière. Bon. Il y avait aussi les enfants. Ce sont peut être mes enfants. C'est assez probable car j'ai l'impression qu'ils me ressemblent. Ou alors, c'est tout aussi probable que ce soit mon frère et ma sœur. Mouais, bon on va laisser les enfants de côté pour le moment.

Je sors du bain et attrape une serviette qui se trouve à côté afin de me diriger vers le miroir. Je prends la brosse et commence à peigner mes longs cheveux roux tout en me regardant. Il y a aussi ce mec aux cheveux corbeau et ses yeux noirs. Qui est il? Mon frère, mon petit copain, celui qui m'a infligé toutes ces blessures? Je m'arrête brusquement. Pourquoi est-ce que je pense au pire? Quoi que.. Bon, on ne peut pas dire franchement qu'il soit très chaleureux dans mes souvenirs. Jusqu'à me blesser?

Je pose la brosse sur le bord du lavabo et me dirige vers l'armoire. Quand je l'ouvre, je suis étonnée de voir autant de robes. Pourtant, mon choix se porte sur la plus simple robe: une verte avec un très léger décolleté et qui laisse les épaules dénudées, sans être vulgaire. Cette couleur fait ressortir la couleur flamboyante de mes cheveux ainsi que ma peau hâlé. Je me regarde une nouvelle fois dans le miroir. Je n'ai plus rien à voir avec ce que j'étais à mon arrivée. J'écoute autour de moi. Il n'y a apparemment personne dans la maison. J'ouvre la porte et refais le chemin inverse en direction de l'entrée. Je ne prends même pas le temps d’observer le style de la maison. J'ai besoin de prendre l'air. J'ai un mauvais pressentiment qui me contracte l'estomac.

Une fois dehors, je regarde autour de moi. Personne. Et j'ai toujours cette impression d'étouffer dans cette ambiance pesante. Je décide donc de m’éloigner du village afin de respirer un peu d'air frais. Le soleil commence à se coucher. Je marche le long de la rivière et sors enfin du village. Cette sensation pesante commence à disparaître mais ce mauvais pressentiment persiste. Je laisse vagabonder mon esprit et savoure cette chaleur douce qui m'envahis. De temps à autre, je ferme les yeux, j'essaye de me détendre.

Je marche, pieds nus dans le sable tiède jusqu’à arriver à un palmier isolé. Je regarde derrière moi: cela doit faire un bon moment que je marche car le village n'est plus un petit point au loin. Je m'assois et m'adosse au palmier. Je ferme les yeux, lassée. Lassée de tous ces mystères autour de moi-même. J'en ai marre. Je veux juste me rappeler, c'est pas la mer à boire non plus!

Sans m'en rendre compte sur le coup, je viens de frapper avec violence le palmier. Et là, je me mets à pleurer. Pleurer de fatigue, pleurer de colère. Je n'en peux plus. C'est pourquoi j'entoure mes jambes de mes bras et pose ma tête sur mes genoux car la seule chose que je veux faire en cet instant, c'est pleurer.

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