L'Elue

Chapitre 7 : 7- Danny.

Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a environ 14 ans

 

La nuit est tombée sans que je m'en rendes compte. En fait, je n'ai pas levé une seule fois la tête, sauf pour peut être essuyer les larmes qui coulaient sur mes joues comme l'eau coule d'une fontaine. Partagée entre rires et pleurs, je me demande si quelqu'un sur cette planète est à ma recherche. Peut être qu'on m'a oubliée. Ça serait assez comique comme situation. Je serais obligée de rester ici avec des gens que je ne connais même pas.

Tout à coup, je sens une présence à mes côtés. C'est une sensation assez bizarre. C'est comme si je vois quelqu'un ici sans même le regarder. Ça doit être la fatigue qui me monte à la tête. C'est comme ce mauvais pressentiment. Quelle tarée je suis! Je me fie à mon instinct. C'est peut être ce fichu instinct qui m'a ramenée ici.

Mais malgré tout, j'essaye de me calmer afin de peut être entendre des bruits suspects qui confirmerait une présence. Je ne peux m'empêcher de rire sinistrement. Qui est-ce qui peut bien avoir ici, avec moi? Un habitant? Impossible, je ne suis rien pour eux, je ne vois pas pourquoi ils viendraient me voir. Quelqu'un que je connaissais avant? Doublement impossible, sinon, il m'aurait adressé la parole.

Le doute persistant cependant, je me décide à lever tout doucement la tête. Mes yeux étant encore plein de larmes, je n’aperçois qu'une silhouette. Pendant que je ferme mes yeux pour faire couler ces larmes afin d'y voir plus clair, une partie de moi ne peux s'empêcher de triompher. Comme quoi j'ai un bon instinct et que je ne suis pas folle.

Mais quand j'ouvre les yeux, là, c'est le choc. Je m'attendais à tout sauf à lui. Malgré la nuit, je peux voir un regard bleu profond qui m'observe avec tristesse et curiosité. Il est apparemment aussi surpris que moi. Pourquoi, ne me le demandez pas. J'aurais pu ne pas le reconnaître si je n'avais pas vu ses cheveux blonds. Et oui, c'est bel et bien l'abruti de tout à l'heure. Malgré que je ne l'aime pas du tout, je dois bien reconnaître qu'il est très beau, car la nuit fait ressortir son teint pâle avec les reflets de la lune. Je le vois me dévisager avec discrétion (du moins tout dépend de la définition que l'on se fait du mot "discrétion" ). Il faut dire que je suis un peu plus présentable que lors de notre première rencontre.

Je l'observe longuement avec méfiance. Si il est venu pour qu'on se dispute, eh bien il allait être servi. Parce que je suis de très mauvaise humeur. Il continue de me regarder comme si c'est la première fois qu'il me voit. Je détourne donc la tête. Je refuse de lui parler, encore moi le regarder. Je l'entends soupirer. Il va peut être enfin me laisser et partir, ce que tout être intelligent ferait.

Mais ce gars est un abruti et il me le confirme en s'asseyant à côté de moi. On se touche presque, c'est pourquoi je m'éloigne un petit peu pour mettre de distance. On reste plantés là, sous la pleine lune, attendant respectivement que l'autre prenne la parole. Malheureusement pour lui, je me suis redécouvert une autre facette de moi: je suis très têtue. Et là, j'ai décidée de ne pas parler. Donc, je ne parlerais pas. Je jette un petit coup d'œil sur le blond. Il regarde le paysage et ne semble vraiment pas pressé. Je sens que je suis pas prête d'aller me coucher...

J'étouffe un bâillement et essuie les quelques larmes qui coulent encore sur mes joues. Hors de question que je pleure devant lui. J'ai un minimum d'honneur pour moi même. Je me mets donc moi aussi à regarder le paysage. Je dois admettre que je me trouve dans un cadre somptueux. Le village au loin n'est plus qu'un petit point. C'est sûrement le feu qui fait cet effet là. La rivière limpide est à présent remplie de petits poissons multicolores. Ils sont si libres, comme je les envie... Grâce à la lune qui est pleine, on a l'impression que leurs écailles brillent. C'est tout simplement magnifiques. Si seulement j'aurais pu être un poisson, ma vie serait sûrement plus simple. Je pousse un soupir.

"- Tu sais, je suis vraiment désolé pour tout à l'heure, commence l'inconnu."

Il marque une pause, "feignant d'être sérieux". Je le regarde avec une telle méfiance que je ne remarque même pas qu'il m'a tutoyée. Il est en train de me reparler de ce matin. Et je sens que ça va m'énerver. Surtout si il me ressort sont petit sourire, là, je crois que je le massacre à tout jamais. Alors, il vaut mieux pour sa vie que ce ne soit pas le cas. Il reprends:

"- Je ne pensais pas que ça te mettrais en colère."

Il marque une nouvelle pause. Cette fois, je me décide de le croire car il a réellement l'air sincère. Et voilà que les remords commencent à m'envahir. Pourtant, il n'y pas de quoi, c'est lui qui m'a cherchée. Mais bon, c'est vrai que j'ai peut être, je dis bien peut être, réagis trop impulsivement. En plus, c'est vrai qu'avec un peu de recul, cette situation était marrante. Pour un spectateur du moins. Je le regarde. J'ai vraiment abusé tout à l'heure. Et voilà que les larmes commencent à remonter. Je cligne donc des yeux pour les faire disparaître. OK j'ai abusé tout à l'heure mais je ne veux tout de même pas à me remettre à pleurer. Il continue:

"- Si j'avais su, je ne me serais pas comporté comme ça avec toi. De tout façon, quoi que je fasse, je..."

Cette fois il s'arrête et me regarde. Je viens de nouveau d'éclater en sanglots. Il est si dur avec lui même. C'est vrai quoi! En réalité il n'est pas méchant. Il est juste moqueur. Et moi, je n'ai pas su l'accepter après tout ce que ses compagnons ont fait pour moi. Je suis vraiment qu'une égoïste. Je me sens ridicule, pitoyable. Et franchement, s'il éclate de nouveau de rire, je ne lui en voudrais pas, même si je me mordrais pour ne pas le massacrer. Parce qu'entre nous, si je voyais une pommée de la vie pleurer pour un rien (ce qui est là franchement le cas), et bien je le ferais. Après tout, on ne se connait même pas, je ne vois pas pourquoi il se gênerait. C'est pourquoi je commence à me préparer au self-contrôle pour le moment fatidique: celui ou son rire retentit dans mes oreilles.

Mais il fait rien de tout ça. Au lieu de ça, et ce, à ma grande surprise, il pose ses mains chaudes et fermes sur mes épaules nues et gelées afin de me serrer dans ses bras. Par réflexe, j’essaie tout d'abord de me débattre mais je renonce bien vite car il me serre trop fort. Et là, je ne sais pas pourquoi, mais je me mise à pleurer encore plus fort. J'ai honte, vraiment. Mais je n'y peux rien, c'est plus fort que moi. Ma tête sur sa poitrine, je pouvais entendre battre son cœur battre aussi vite que le mien. Car à partir du moment ou il m'a prise dans ses bras, j'ai cessée de le détester. Ou du moins, en partie.

Mais dans ses bras, je ressens un sentiment étrange. A la fois, je me sens rassurée, protégée. Mais d'autre part, je me sens mal. J'ai envie de partir. Sauf que notre étreinte me réchauffe car je ne pensais pas mais le soir dans le désert, il caille! Son corps musclé (faut bien se l'avouer) tiens le mien qui est gelé. Je tremble. Pas seulement de froid, aussi parce que je suis intimidée. Il me serre un peu plus contre lui. Je ne sais pas pourquoi mais ça m'a calmée. Je me sens bien.

Je me suis à présent calmée. Seules nos respirations se font entendre. Je sors la tête que j'avais enfouie sous sa poitrine afin de pouvoir plonger mes yeux dans les siens. Lui aussi relève la tête. J'aurais pu me noyer dans ses yeux bleus. Nos visages se frôlent. Mon cœur me fait mal tellement il bat fort. Je sens son souffle chaud me caresser le visage. Et il est si beau. Je ferme les yeux quand je vois son visage se rapprocher du mien. Je veux que cet instant soit gravé à jamais dans ma mémoire. Je pourrais rester toute ma vie ainsi. Tandis que je suis dans ma rêverie, je l'entends me dire:

"- Tu veux un mouchoir?"

Brusquement, je reprends mes esprits et me libère de ses bras. Je me rends brusquement compte de ce que je suis en train de faire. Je me relève et essuie ma robe. Je le regarde. Nous sommes visiblement tous les deux gênés par cette situation. Pendant un instant, j'ai crue qu'il allait m'embrasser. C'est pourquoi je me fait une nouvelle promesse. Plus jamais je me retrouverais dans cette situation, plus jamais. Par conséquence donc, je mets une certaine distance entre nous et me détourne en direction de la rivière. Qu'est ce qui m'a pris? Pourquoi j'ai fait ça? Si il ne m'avait pas proposer ce mouchoir, je l'aurais sûrement embrassé. Dans mon fort intérieur, je remercie Neysa de devoir ma dignité à un mouchoir. Je prends de l'eau et me la jette sur le visage. La fraîcheur m'aide à retrouver mes esprits. C'est pourquoi je lui demande:

"- Pourquoi tu es là?"

Je me tourne et le regarde dans l'attente d'une réponse. Il semble encore assommé par ce qu'il vient de se passer et regarde ailleurs. Quelque part, ça me rassure: il y a vraiment eu une alchimie. Mais d'autre part, je dois veiller à ce que ça ne se reproduise plus jamais. Il me regarde, puis me dit d'une voix dénuée d'émotions:

"- Parce que tout le monde se demandait ou tu étais passée.

- Comment ça tout le monde?

- En clair, tous les habitants sont à ta recherche.

- Pourquoi ça?

- Parce que tu est l'une des nôtres désormais."

Je le regarde, stupéfaite. Ils me considèrent comme l'une des leurs. Des sentiments contradictoires commençaient à m'envahir. Je suis heureuse d'être acceptée parmi eux. Mais je suis triste de devoir les quitter un jour. Car même si je suis acceptée, je veux retrouver mon ancienne vie. Malgré qu'elle soit pleine d'obstacles, je veux la retrouver.

Mais mon horrible pressentiment réapparu. Quelqu'un me veux du mal, c'est une certitude. Il y a quelque chose de pas clair et je sens que je vais y être confrontée. Bon je sais, je ne devrais pas écouter mon intuition. Mais c'est plus fort que moi. Une voix dans ma tête me dit que je suis en danger. Et bizarrement, je fais confiance à cette voix. Elle m'est familière et je sais que je pourrais toujours compter sur elle. Je sais qu'elle dit vrai et que si je reste ici, quelque chose de grave va se produire. Il faut que je parte. Et vite. Je m'apprête à partir quand mon regard se pose sur le bel inconnu. Certes, nous avons eus quelques différends. Mais je ne peux pas le laisser là. Comment lui expliquer qu'il faut qu'on parte sans qu'il me prenne pour une folle? Je suis en train d'y réfléchir quand c'est celui-ci qui me la donne:

"- Je pense que l'on devrait rentrer. Sinon, ils vont s'inquiéter."

Il s'est levé et regarde mes mains qui se sont mises à trembler sans que je m'en rendes compte. Il s’avance vers moi pour prendre mes mains dans les siennes. mais je ne lui en laisse pas le temps et prends la direction du village tout en veillant à laisser une grande distance entre nous. On marche dans un lourd silence. Au bout d'un moment, je me décide à jeter un coup d'œil en sa direction. Son regard est devenu sombre et terriblement dangereux. Je commence à me sentir mal à l'aise en sa présence quand il me demande soudainement:

"- Au fait comment tu t'appelles?

- Aliyah.

- OK, moi, c'est Danny."

Puis silence jusqu'à notre arrivée au village.

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