L'ombre qui nous lie

Chapitre 10 : Elle !

891 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a 27 jours

             ----Point de vue de Tsumeo----


Cela faisait trois heures...

Trois longues heures que je n'avais pas décroché les yeux du téléphone fixe, posé sur la petite table basse du salon.

La maison semblait plus silencieuse,moin chaleureuse que d'habitude...


— Hé ! Ça va faire trois heures qu’elle est partie, et t’as toujours pas lâché le téléphone des yeux. Si tu continue comme ça tu vas finir par fusionner avec ce téléphone et crois-moi c'est pas un look pour toi lança Shun en s’affalant sur le canapé, une canette à la main.


Je restai silencieux un instant avant de répondre, sans le regarder :


— Je sais... mais elle pourrait appeler à n’importe quel moment. Il faut que je sois prêt.


Il souffla bruyamment, l’air exaspéré.


—Oui mais elle est avec Miyuki, c'est vrai que cette fille est super bizarre et un peu effrayante mais j'parie qu'elle prendra soin d'elle alors arrête avec tes airs de papa poule.


J'fronça un peu les sourcils.


—Oui mais...


— Oui mais rien du tout le mieux serait de te changer les idées. Et si on allait voir Sakura au resto ? Il commence à se faire tard, elle doit pas être trop occupée à cette heure-ci.


— J’en ai pas envie. Vas-y tout seul.


—Mais si vient, en plus t'as besoin de bouffer un truc qui soit pas du café avarié.


Il se leva d’un bond, haussa un sourcil et me tira par le bras.


— Aller on y va. Airi à dit de prendre soin de toi. Tu veux vraiment qu'elle rentre et te trouve là comme une momie ?


Je soupira, puis me laissa finalement tiré, mon téléphone glissant dans ma poche.


Le restaurant de Sakura se trouvait dans une rue tranquille, éclairée par les lampadaires orangés. La façade en bois sombre dégageait une atmosphère chaleureuse, et l’odeur de bouillon et de riz flottait jusqu’à l’extérieur. Quelques lanternes japonaises éclairaient la vitrine, et à l’intérieur, le comptoir brillait sous une lumière douce.


À peine avions-nous franchi la porte qu’un cri retentit :


— Tontooooon Shuuuun !


Un petit garçon de six ans courut dans les bras de Shun, un grand sourire aux lèvres. Il portait un t-shirt trop grand et des chaussettes dépareillées.


— Comment ça va, p’tit bonhomme ? dit Shun en le soulevant dans ses bras.


Je les observai un instant, le cœur un peu plus léger. Même dans cette atmosphère joyeuse, une partie de mon esprit restait accrochée à ce téléphone posé à la maison. J’espérais seulement qu’Airi allait bien.

Shun l'attrapa à bout de bras et le fit tournoyer avant de le poser sur ses épaules. Shinki brandit un dessin informe sous le nez de Shun :


—Regarde tonton ! J'ai dessiné maman en super héroïne. Elle a même un couteau à sushi pour combattre les méchants.


—Whaou elle est trop stylée.


Pendant que Shun et Shinki riaient aux éclats, une voix familière résonna depuis l'arrière de la pièce.


—Ah vous êtes là, j'ne m'attendais pas à ce que vous passiez, dit Sakura en essuyant ses mains dans un torchon.


Elle s’avança vers nous, un tablier beige noué autour de la taille, quelques mèches échappées de son chignon encadrant son visage fatigué, mais doux. Ses yeux pétillèrent un instant en croisant mon regard.


— Tsumeo ? Ça faisait un moment que t’étais pas passé, je me demandais si Shun allait finir par te traîner ici de force, plaisanta-t-elle.


— C’est exactement ce qu’il a fait, répondis-je en haussant légèrement les épaules.


— Héhé, il a bien fait. T’as mauvaise mine, tu devrais penser un peu à toi de temps en temps, dit-elle en posant brièvement une main sur mon bras.

Je resta silencieux.


— Bon, installez-vous où vous voulez, je vous sers quelque chose de chaud, proposa-t-elle en retournant derrière le comptoir. Shinki, tu viens m’aider à mettre la table ?


— Ouuiii ! s’écria le petit garçon avant de courir la rejoindre.


Je m’installai en silence à une table près de la vitre, regardant distraitement les passants défiler dans la rue, la lumière tamisée du restaurant apaisant un peu l’angoisse qui pesait encore sur ma poitrine.


Shun s’installa en face de moi, les bras croisés derrière la tête.


— Aller arrêt de faire cette tête, tu devrais profiter de la soirée, me lança Shun.


Je hochai la tête, mais mon regard glissa un instant sur mon téléphone, silencieux dans ma poche.


Je ne sais pas vraiment combien de temps s'était écroulée, peut-être quelques heures. Le restaurant était vide il n'y avait plus que nous. Shinki dormait paisiblement dans un coin du restaurant. Sakura était retourné au comptoir terminer ce qu'elle avait à faire tant dis que Shun regardais juste le plafond. Moi j'avais pas vraiment bougé.

La clochette de l'entrée tinta soudain, brisant le calme ambiant.

Deux femmes entrèrent et à peine Sakura avait croisé le regard de l'une d'elle que son expression changea.


—Elle !

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