L'ombre qui nous lie
J'étais là seule assise sur le sol, les genoux serrés contre ma poitrine, mes bras enroulés autour de mes jambes comme si ce geste pouvait m’empêcher de m’effondrer. Mais rien ne pouvait m’empêcher de tomber ici. Rien ne pouvait me sauver.
La pièce était étroite, étouffante. Les murs d'une couleur blanche , trop blanche. Ils semblaient avalaler toute couleur, toute vie. L’odeur âcre du désinfectant et de la moisissure me brûle les narines. Il n’y a pas de fenêtre. Juste cette lumière blafarde, suspendue au plafond, qui clignote par intermittence, plongeant la pièce dans des instants d’obscurité totale. Chaque fois, mon cœur s’arrête.
Le grincement de la porte me transperce.
Je ne lève pas les yeux. Je n’ai pas besoin de voir pour savoir qui entre. Je reconnais les pas. Lents. Méthodiques. Comme ceux d’un prédateur qui sait que sa proie ne peut pas s’échapper.
— Airi…
La voix est froide, presque mécanique. Elle résonne dans la pièce, amplifiée par le silence oppressant.
— Tu sais pourquoi tu es ici, n’est-ce pas ?
Je serre mes bras plus fort, comme si je pouvais me fondre dans moi-même, disparaître. Mais je ne peux pas. Je suis coincée ici, avec cette voix, avec ces mots.
— Tout ça… c’est de ta faute.
Je ferme les yeux, mais les larmes coulent malgré moi. Je veux me boucher les oreilles, mais mes mains refusent de bouger. Je suis paralysée, prisonnière de cette voix qui me hante.
— Si seulement tu avais été normale… Si seulement tu n’avais pas été un monstre…
Le silence qui suit est pire que les mots. Il pèse sur moi, m’écrase, me rappelle que je ne suis rien. Que je ne serai jamais rien.
Puis une main se pose sur mon épaule. Je sursaute, mon corps entier se raidit sous le choc. La peur m’envahit, viscérale, primitive. Je veux crier, mais aucun son ne sort. Je veux courir, mais mes jambes refusent de bouger.
— Mais ne t’en fais pas, murmure la voix, presque doucement maintenant. On va arranger ça. On va te guérir.
Je veux hurler. Je veux me battre. Mais je reste là, figée, incapable de faire quoi que ce soit. Et soudain, tout disparaît.
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Je me réveille en sursaut, le souffle coupé, mon corps tremblant sous l’effet du cauchemar. L’obscurité de ma chambre est oppressante, mais au moins, je ne suis plus là-bas. Je ne suis plus dans cette pièce. Je ne suis plus cette enfant impuissante.
Ma gorge est serrée, et ma respiration est saccadée, comme si j’avais couru pendant des heures. Mes mains agrippent les draps, les doigts crispés, comme si ma vie en dépendait. La sueur coule sur mon front, et je me sens sale, souillée, comme si le cauchemar avait laissé une marque indélébile sur ma peau.
Ce n’était qu’un rêve.
Mais alors, pourquoi est-ce que je sens encore cette main sur mon épaule ? Pourquoi est-ce que j’entends encore cette voix, ces mots, résonner dans ma tête ?
Je m'attrape brusquement la tête les mains encore tremblantes. Pourquoi... Pourquoi est-ce si difficile d'oublier...? Mes yeux se posent sur l’étagère près de la porte, où un cadre photo est posé. C’est une photo de mes parents et de moi, prise il y a des années. Nous sourions tous les trois. C'était avant...quand tout était encore simple...
Mes doigts effleurèrent le cadre avant de le prendre délicatement. Les larmes coulent silencieusement sur mes joues, et je serre doucement le cadre contre ma poitrine, comme si je pouvais retrouver un peu de cette époque, un peu de cette chaleur.
— Pourquoi… ? murmurai-je, la voix brisée. Pourquoi est-ce que tout a dû changer ?
Mais il n’y a pas de réponse. Juste le silence de la chambre, et le poids de mes souvenirs.
----Point de vue de Miyuki----
Elle n’était pas venue en cours. Airi.
D’habitude, elle se fond dans le décor. Mais aujourd’hui, il y avait comme un vide dans l’air. Subtil, mais perceptible.
Je m’en étais rendu compte immédiatement.
Alors je m’étais souvenue. Un jour, elle m’avait dit l’endroit où elle habitait, un peu maladroitement, comme si ce n’était pas important.
Mais moi, j’écoute. Toujours.
Je décidais donc d’y aller. Sans prévenir. L’impulsion était là, et j’avais appris à ne pas trop la remettre en question.
Je me tiens maintenant devant la maison. Discrète, plutôt jolie, bien entretenue. Une atmosphère rassurante… en apparence.
Je frappe à la porte. Une fois. Deux fois. Trois.
Rien.
Mais j’entends des voix à l’intérieur. Des voix d’hommes.
Je baisse légèrement les yeux.
La porte est entrouverte.
Un courant d’air léger soulève un pan de ma jupe.
Je pousse doucement. Elle s’ouvre sans résistance.
Je m’avance. Silencieuse. Les sons deviennent plus clairs.
— …elle ne fait que des cauchemars, et cela m’inquiète beaucoup…
La voix était grave, un peu fatiguée. Un homme aux cheveux noirs.
Je les aperçois enfin. Deux hommes, de dos. En pleine discussion.
— Peut-être qu’elle a juste besoin de... s’aérer un peu l’esprit ? proposa l’autre voix, un peu plus légère, presque joyeuse.
— Bonjour.
PAF !
L’homme aux cheveux clairs sursauta violemment. Il fit un bond spectaculaire en l’air, se cachant derrière l'homme aux cheveux noirs pour se protéger.
— WAAH ! MAIS D’OÙ TU SORS TOI ?!?
Je reste parfaitement impassible.
— La porte était ouverte. Et je suis entrée.
L’autre homme, plus calme, se retourne aussi, visiblement plus posé.
Je m’incline légèrement.
— Excusez-moi de vous déranger. J’ai frappé à la porte, mais personne n’a répondu. Je suis une… amie d’Airi. Est-ce qu’elle est là ?
L’homme aux cheveux noirs acquiesce avec douceur.
— Oui, elle est dans sa chambre. En haut, deuxième porte à gauche.
— Merci.
Je monte les escaliers dans un silence presque cérémoniel.
J’arriva devant la porte puis frappa doucement.
— Airi ?
Pas de réponse.
J’ouvre lentement.
Elle était là. Assise sur son lit le regard fixé vers la fenêtre, un cadre dans les mains.
Elle se retourna, surprise.
— Miyuki ? Qu’est-ce que tu fais là ?
Je m’approche. Mon regard se pose brièvement sur le cadre. Une femme, une petite fille avec un grand sourire qu'un l'homme portait sur ses épaules.
Je m'approcha et m'assis doucement près d'elle.
— Ce sont tes parents ?
Elle hocha la tête.
— Oui… Ils étaient très gentils. C'est vrai que physiquement je ne les ressemble pas vraiment...
Elle me fit ensuite un sourire.
_Mais tu sais ce qu'a dit mon père à ma naissance...? Que je ressemblais à une déesse avec mon apparence. C'est drôle non tu trouve pas...?
Sa voix tremblais légèrement.
Je la fixa un instant. Elle avait beau sourire, la tristesse se lisais sur son visage mais je ne préfèrais pas poussé.
— Tu sais, ça fait plusieurs jours maintenant que tu n'as pas donné signe de vie au lycée. C'est pour ça que je suis venue.
Elle agita les mains devant son visage.
—Je suis vraiment désolée miyuki je ne voulais pas t'inquiéter. Je vais bien ne t'en fais pas...
Je ferma les yeux un instant puis me leva.
— Je sais que c'est faux. C'est pour ça que je viens t’enlever.
— H-Hein ?!
Ses yeux s’écarquillent.
— Tu viens… quoi ?
— Les vacances d’été approchent. Je veux que tu viennes avec moi à la résidence secondaire de ma famille. Elle est près de la mer. C’est calme. Et il y a des esprits positives.
— E-esprit… ?
— Oui. Et du melon frais aussi.
Elle semble totalement perdue.
— C’est beaucoup trop… je veux dire… je ne sais pas si je peux…
Je ne dis rien. Je fais simplement demi-tour et redescends dans le salon.
Je fais à peine deux pas que :
— HAAAAA ! ELLE EST ENCORE APPARUE COMME UN FANTÔME !!!
Il recule, trébuche, manque de tomber sur la table basse.
Je le regarde.
— …Vous êtes vraiment bizarres.
Il se relève immédiatement l'air vexé.
— J'te ferais dire que c'est pas moi qui me balade comme un fantôme dans la maison des gens !
Tsumeo nous observe, un peu amusé.
Je m’avance vers lui, droite, solennelle.
— Monsieur… Vous êtes Mr Tsumeo, le tuteur d'Airi n’est-ce pas ? Elle m'a parlé de vous
Il acquiesce.
— Est-ce que vous me permettez… d’enlever Airi ?
Un silence.
Shun se fige, les yeux ronds.
— Tu… tu viens de demander ça comme si t’étais un kidnappeur officiel !
Je l’ignore.
Tsumeo m’observa longuement, puis sourit doucement.
— Vous êtes... particulière. Mais… je vous fais confiance. Si Airi est d’accord, alors oui. Je vous la confie.
— Merci.
C’est à ce moment qu’Airi arrive, timidement.
Je me tourne vers elle.
— Tu n’as plus à t’inquiéter. Tu peux venir.
Elle ouvre la bouche, la referme, la rouvre.
— Euh…
— La mer t’attend, Airi.
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Nda : cc j'espère que l'histoire vous plaît ^^. Bon c'est juste une petite note pour ne pas que vous vous perdiez, j'ai adapter l'histoire à l'univers japonais du coup le calendrier scolaire japonais qui est différent du calendrier scolaire français en fait partie.
Calendrier scolaire japonais:
Rentrée scolaire : début avril
1er trimestre : avril à fin juillet
Vacances d’été : fin juillet à fin août
2e trimestre : septembre à fin décembre
Vacances d’hiver : fin décembre à début janvier
3e trimestre : janvier à fin mars
Vacances de printemps : fin mars à début avril
Voilà c'est tout j'espère que tout est clair maintenant si vous avez des questions ou des avis à donné n'hésitez surtout pas à commenter ^^