L'ombre qui nous lie
Chapitre 7 : Elle n'est pas comme les autres
1871 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour il y a 3 mois
Cela faisait quelques jours maintenant que je ne prenais plus le bus pour rentrer chez moi le soir. J’étais tellement contente de m’être fait une amie et de pouvoir marcher avec Kigura tous les soirs. C’était une routine douce, et même si on ne parlait pas beaucoup, la compagnie de Kigura était réconfortante. J’étais heureuse de ne plus être seule.
Ce matin, je suis arrivée en classe, un peu en avance comme d’habitude, mais je fus surprise de voir Kikyo assise à ma place, juste à côté de Kigura. C’est étrange. Je me dirigea vers eux.
Kikyo me vit et se leva.
— Oh bonjour Airi ça va ? Tu sais quoi ? Kigura m'as aidé avec des exercices de maths que j'avais du mal à comprendre. Mais maintenant ça va j'comprend tout et c'est grâce à lui, je suis vraiment très heureuse.
J'étais encore plus surprise par ce qu’elle venait de dire. Kigura l’avait aidée à faire des exercices ? Lui qui était habituellement si… distant, solitaire même. C’était assez perturbant. Je n’aurais jamais cru qu’il accepterait d'aider quelqu’un comme ça surtout kikyo.
Le professeur arriva, et Kikyo alla s’asseoir à sa place. Je me suis installée à la mienne, encore un peu dans mes pensées. Je ne pouvais pas m’empêcher de me demander pourquoi Kigura avait fait ça. Pourquoi avait-il accepté d’aider Kikyo ? Il m’avait toujours paru tellement indifférent aux autres, toujours réservé. Cela ne collait pas avec l’idée que je me faisais de lui.
Il a dû deviner que je pensais à tout ça, car il me lança , un peu sèchement :
—Ne te fais pas d’idées. Je l’ai aidée juste pour qu’elle me fiche la paix.
J’ai juste hoché la tête, légèrement gênée, puis j’ai murmuré,
—Ah...euh, d’accord, bien sûr...
Je n’avais pas vraiment envie de discuter plus. Je me suis donc concentrée sur le cours, même si une petite voix dans ma tête ne cessait de se demander ce qui se cachait derrière ce geste de sa part.
Le soir arriva et comme depuis plusieurs jours maintenant, je rentrais avec Kigura. Nous faisions toujours le même chemin, ensemble, ce qui me plaisait bien. C’était devenu une routine agréable. Mais ce soir nous rentrons plus tardivement que d'habitude. Le professeur avait retenu toute la classe après les cours pour s’assurer que tout le monde avait compris la leçon. Et moi, j'avais tout saisi du premier coup. j'étais particulièrement fière de moi.
—Kigura, tu as vu ? J'ai tout compris !" Je n’avais pas pu m’empêcher de lui dire, un large sourire sur les lèvres.
Il m’avait à peine adressé un regard, comme d’habitude. C’était typiquement Kigura, mais je savais qu'il n’était pas méchant. Il avait l’air plus distant qu’il ne l'était vraiment, du moins je l’espérais.
—Oui, c’est bien pour toi," répondit-il d’un ton qui ne laissait paraître aucune émotion.
Je riais intérieurement. C'était étrange, mais j'avais pris l’habitude de ce genre de réponse. Et c'était plutôt agréable de ne pas être jugée pour mes petites réussites, comme je l'avais toujours été ailleurs.
Alors que nous continuons à marcher sur le chemin habituel, je sentis un léger malaise dans l'air. La brise était froide et l'ombre des immeubles semblait plus imposante. Un peu plus loin, dans une ruelle à droite, un groupe d'hommes était posté là, discutant entre eux à voix basse. Je n’y avais pas prêté attention au début, mais quand nous sommes passés près d’eux, je n’ai pas pu m'empêcher de sentir un frisson m’envahir. Un mauvais pressentiment.
Je n’avais pas le temps de réagir qu’un des hommes s'était dirigé vers moi. Je recula de quelques pas apeuré.
----Point de vue de Kigura----
Je sentais que quelque chose n’allait pas. Ce n’était pas difficile à deviner avec l’atmosphère tendue de la ruelle. J’avais vu ces types traîner dans le coin plus tôt, et leur regard insistait sur nous. Ça n'augurai rien de bon.
—Tiens, voilà des petits jeunes qui trainent trop près de chez nous," dit l’un des types, un rictus moqueur sur les lèvres.
Je me suis instantanément mis entre Airi et eux, la poussant un peu en arrière pour qu’elle reste en sécurité derrière moi. Elle s'est figée, comme si elle avait déjà compris ce qui allait se passer.
Je n'avais aucune intention de me battre, mais ces types-là ne semblaient pas vouloir partir sans nous provoquer.
—Vous avez un problème ?" J’ai parlé d'une voix calme, mais qui ne laissait aucune place au doute.
—Ah, c'est quoi ça ? T’as l’air tout fier avec ta petite copine on veut juste s'amuser nous tu sais," ricana un autre homme, en jetant un coup d’œil à Airi.
Je n’avais pas l'intention de répondre à leurs provocations. Le mieux était de m'en débarrasser rapidement. D’un geste rapide, je fis reculer Airi encore un peu plus loin. Mais c'était trop tard. Quelques uns d’entre eux se sont précipités vers moi.
Ils étaient plus nombreux que je ne l'avais imaginé. D'un geste rapide, je fis reculer Airi derrière moi et me préparai à les affronter. Une partie d'eux s'étaient déjà rapprochés, me forçant à m'éloigner d'elle pour la protéger, la poussant à se retrouver hors de portée de leurs attaques.
"Ne t'inquiète pas, reste là," murmurai-je à Airi, en lui lançant un regard rapide. "Je m'en occupe."
Je les avais repoussés aussi violemment que possible, mais leur nombre rendait la tâche un peu difficile. Après quelques échanges violents, je réussi à les mettre à terre, je me sentais épuisé, mais j'avais surtout l'esprit occupé par Airi. Je me précipita vers elle.
Mais lorsque je suis revenu, la scène qui m’attendait me fit instantanément m'arrêter. Airi était là, au milieu de la ruelle, ses mains tenant sa tête, ses yeux écarquillés de terreur. Elle n'avait pas bougé, comme pétrifiée, et son corps était figé dans une posture de panique. Autour d'elle, les hommes étaient étendus, leurs corps baignant dans une marre de sang. Le silence pesait lourdement, et la scène semblait irréelle.
Je fronça les sourcils. Je n'avais pas vu Airi intervenir, mais comment expliquer cela autrement ? Comment expliquer les corps étendus au sol alors qu'elle se tenait là, paralysée, terrifiée ? La panique que j'avais perçue chez elle semblait être plus que juste la peur des agresseurs. Airi, au fond, était peut-être… capable de bien plus que ce que je pensais.
Je m’approchai lentement. Mais à peine avais-je posé un pied vers elle qu’elle sursauta, comme si elle venait de se rendre compte que je me tenais là. Elle me regarda un instant, les yeux emplis de confusion et de frayeur.
—Je… Je dois rentrer chez moi," balbutia-t-elle, le souffle court, comme si elle était dans un état de choc. Elle s'éloigna rapidement, fuyant la scène et ne me laissant même pas le temps de lui poser une question.
—Airi... !" Mais elle avait déjà disparu dans la ruelle, courant aussi vite que ses jambes pouvaient la porter, sans se retourner.
Je me retrouvai là, figé, les yeux toujours fixés sur la direction où elle s'était enfuie. Qu’est-ce qui venait de se passer ? Et pourquoi était-elle partie ainsi, comme si elle avait vu quelque chose de plus que ce que j’avais vu ? Je n'avais aucune réponse, mais une certitude m'envahit : Elle n'était pas comme les autres.
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Cela faisait plusieurs jours qu’Airi n'était pas revenue au lycée, et je n’arrêtais pas de me poser des questions. Où était-elle ? Pourquoi avait-elle disparu aussi soudainement ? Ce n'était pas dans mes habitudes de pensé autant à une personne et cela m'agacais.
Perdu dans mes pensées, je marchais dans les couloirs du lycée quand je passai devant la salle des professeurs. La porte était entrouverte, et j'entendis des voix. D’abord, je ne comptais pas m’arrêter, mais un nom retint mon attention.
Airi.
Je ralentis instinctivement, puis jetai un regard à l’intérieur.
Un homme se tenait là, discutant avec notre professeur principal, Mme Misaki Nakamura. Il semblait fatigué, le regard légèrement inquiet. Je ne l’avais jamais vu auparavant.
— Ça faisait longtemps, Tsumeo. J’avoue que je ne pensais pas te voir débarquer ici en pleine journée." dit-elle en croisant les bras.
Tsumeo ?
Ce nom... Je l'avais déjà entendu quelque part.
L’homme esquissa un léger sourire, mais son air préoccupé restait évident.
— J’aurais préféré que ce soit dans d’autres circonstances, répondit-il. Je suis venu te parler d’Airi.
Mme Nakamura haussa un sourcil, son expression devenant plus sérieuse.
— Je m’en doutais. Elle n’est pas venue en cours depuis plusieurs jours… Je comptais contacter un tuteur ou un proche, mais j’imagine que c’est toi.
Il hocha lentement la tête.
— Oui. Elle vit chez moi.
Je fronça les sourcils. Airi vivait chez lui ? Qui était cet homme pour elle ?
Mme Nakamura sembla hésiter un instant, puis elle soupira et s’appuya contre son bureau.
— J’espère que ce n’est rien de grave…
Tsumeo détourna légèrement le regard.
— Pas exactement. Elle a vécu des choses assez difficiles, et je crains que cela la perturbe encore…
Sa voix avait baissé d’un ton, comme s’il pesait chacun de ses mots.
Mme Nakamura l’observa un moment avant de plisser les yeux.
— Qu'est-ce que tu me caches, Tsumeo ?
Un silence. L’espace d’un instant, j’eus l’impression que l’atmosphère elle-même s’était alourdie.
Un silence. L’espace d’un instant, j’eus l’impression que l’atmosphère elle-même s’était alourdie.
Tsumeo finit par soupirer, passant une main dans ses cheveux d’un air las.
— Je ne peux pas vraiment en parler.
Il marqua une pause, puis reprit, son regard redevenant sérieux.
— Mais s’il te plaît, quand elle reviendra, pourrais-tu garder un œil sur elle ?
Mme Nakamura soutint son regard un instant, puis lâcha un soupir résigné.
— ... D'accord.
Je restai figé derrière la porte, le cœur battant plus vite que je ne l’aurais cru.
Airi vivait chez cet homme. Il était inquiet pour elle. Mais surtout… Il cachait quelque chose.
Un mauvais pressentiment s’empara de moi.
Je me détournai lentement de la porte et m’éloignai, le regard perdu dans le vide.
Qui es-tu vraiment Airi ?...