L'ombre qui nous lie

Chapitre 6 : Je suis prête à essayer

4882 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a 3 mois

----Point de vue d'Airi----


J'étais assise à la cantine, seule. Les mains posées sur la table, mes doigts jouaient avec ma cuillère. Mon regard errai, suivant les allées et venues des élèves autour de moi, mais mon esprit était ailleurs, occupé à repenser à ce qui c'était passé la veille. Je me demande si je n’ai pas précipité les choses avec Miyuki. Je ne l'ai pas vu ce matin dans le bus. Si ça se trouve elle en a tellement marre de moi qu'elle ne veut plus me revoir. Ça me rend vraiment très triste, moi qui rêvais tant d'être son amie...


---


----Point de vue de Miyuki----


J'entra dans la cantine. Il y reignai un vacarme pas possible. Je déteste ce genre d'endroit il y a toujours trop de monde. Je balaya la salle du regard puis la trouva. Elle était assise seule à une table à l'écart. Je devrais partir. Faire demi-tour et prétendre ne pas l’avoir vue. C’est ce que j’aurais fait d’habitude. Mais aujourd’hui… quelque chose me retient.


     ------------------------Flash-back----------------------


J'essuya mes larmes, me leva puis la regarda.


—Laisse-tomber cette idée nous ne pourrons jamais être amie. Nous sommes beaucoup trop différentes.


—C'est vrai mais une voix au fond de moi me dit d'essayer. Cette voix me crie d'être avec toi. Je ne te connais pas c'est vrai mais ce n'est pas grave tu sais j'apprendrai.


Je fronça les sourcils.


—Non mais tu le fais exprès ou quoi !? Tu n'as pas entendu ce que ces filles ont dit pourquoi continues-tu malgré tout d'essayer hein !?


Elle baissa les yeux un moment puis les relèva. Son regard avait changé. Il était maintenant incertain.


—À vrai dire je ne sais pas... Je n'ai jamais eu d'amie, je ne sais pas ce que ça fait d'en avoir une. J'aimerai qu'on soit amies peut importe ce que les gens disent. Je n'ai pas le droit de te juger. Même si cela te semble étrange et à moi aussi... C'est ce que mon cœur veut...

—Dans ce cas cherche-toi une amie ailleurs, j'ne suis pas celle qu'il te faut arrêt d'insister.


Je dis quelques pas m'apprêtant à partir quand elle m'attrapa le bras. Je me retourna surprise.


—S'il te plaît miyuki, j'ne veux pas que tu reste seule...

—Si c'est de la pitié alors...

—Non ce n'est pas de la pitié ! Si je fais tout ça c'est parce que je sais ce que ça fait...


Je fronça légèrement les sourcils tant dis qu'elle me lâcha le bras.


—...Ce que ça fait de se sentir seule, poursuivit-elle. D’avoir l’impression que peu importe ce qu’on fait, les autres nous verront toujours d’une certaine façon… et qu’on ne pourra jamais vraiment s’intégrer.


Je ne répondis rien, mais elle continua, sa voix douce et apaisante.


— Je ne vais pas te dire que ça ne fait pas mal. Parce que ça fait mal. Horriblement mal. Mais… tu sais quoi ? Je crois que ce serait encore plus douloureux si on arrêtait d’essayer.


Je serrai inconsciemment mes poings.


— Parfois, on se convainc qu’on n’a besoin de personne. Que c’est plus simple d’être seule. Parce que comme ça, on évite les déceptions, les trahisons… les blessures.


Son regard se fit plus tendre.


— Mais en réalité… être seule, c’est aussi une douleur. Juste une douleur différente.


Je sentis ma gorge se serrer.


Pourquoi est-ce que ses mots m’atteignaient autant ?


— Ce que je veux te dire, Miyuki… c’est que tu n’as pas besoin de traverser tout ça toute seule.


Je détournai la tête.


— Et si je veux être seule ?


Airi sourit doucement.


— Alors je respecterai ton choix. Mais sache juste… que si un jour tu changes d’avis, je serai toujours là.


Je la regardai, cherchant une trace de mensonge dans ses yeux.


Mais je n’y trouvai que cette chaleur sincère, ce genre de douceur que je n’avais jamais connue.


Et, sans comprendre pourquoi… pour la première fois depuis longtemps, je n’avais plus envie de fuir, je voulais essayer...


--------------Retour au présent – Cantine----------------


Je me dirigea vers elle et m'arrêta devant sa table.


—Tu es bien silencieuse aujourd'hui...


----Point de vue d'Airi----


Je leva la tête et fut surprise voir miyuki.

La voir Miyuki s’asseoir en face de moi me réchauffe le cœur. C’est peut-être un détail insignifiant pour elle, mais pour moi, c’est une preuve qu’elle m’accorde une place, aussi infime soit-elle, dans son monde.


— Ça te dirait qu’on aille se balader un peu ? propose-t-elle soudainement en jouant distraitement avec son plateau.


Je cligne des yeux, légèrement surprise.


— Oh ! Euh, oui, bien sûr !


Je me lève presque précipitamment, heureuse qu’elle veuille passer du temps avec moi. On quitte la cantine ensemble, et je ressens quelques regards curieux sur nous. Les gens doivent être surpris de voir Miyuki avec quelqu’un.


Mais je m’en fiche.


On traverse la cour du lycée, l’air frais caressant mon visage. L’endroit est agréable, bordé de cerisiers dont les branches frémissent sous le vent léger. Il y a quelques groupes d’élèves assis ici et là, profitant de leur pause.


— Au fait, commence Miyuki après un moment de silence, je voulais te prévenir… Mon père m’a interdit de prendre le bus pour rentrer le soir, il trouve que c'est dangereux.


Je tourne la tête vers elle, un peu déçue.


— Oh… ça veut dire qu’on ne pourra plus rentrer ensemble ?


Elle hoche la tête, l’air désolé.


— Oui.


Je baisse les yeux, me mordillant la lèvre. J’aimais bien nos trajets ensemble, même si on ne parlait pas beaucoup. Juste sa présence me suffisait.


— Ce n’est pas grave,finis-je par dire en essayant de sourire.


Miyuki me regarde un instant avant de me tapoter doucement l’épaule.


— On trouvera d’autres moments.


Ses mots me réconfortent un peu, alors je hoche la tête avec un sourire sincère.


Mais soudain, un bruit sourd nous fait sursauter.


Un cri retentit, suivi d’un bruit de chute.


Je tourne la tête et mon cœur se serre en voyant une scène chaotique près des escaliers extérieurs du bâtiment principal. Un élève est au sol, blessé, et les autres autour de lui semblent paniqués.


Mais ce n’est pas ça qui me fige sur place.


C’est lui.


Kigura.


Il est là, immobile au milieu de la scène, son regard fixé sur le garçon à terre.


Mon cœur se serre en voyant son expression. C’est à peine perceptible, mais je devine une tension dans ses traits, comme s’il savait que c’était de sa faute.


Je ressens un frisson.


Ce n’est pas la première fois que je vois des choses étranges autour de lui…


— Miyuki… tu crois que…


Je me tourne vers elle, mais elle reste silencieuse, le regard braqué sur Kigura.


Ses yeux se plissent légèrement, une lueur indéchiffrable dans son regard.


— Miyuki ça va ?


Elle sursaute légèrement et détourne les yeux.


— Ce n’est rien.


J'ai l'impression qu'elle ment.


Mais avant que je puisse insister, un surveillant accourt vers l’élève blessé, interrompant mes pensées.


Je reporte mon attention sur Kigura, qui, après une seconde d’hésitation, tourne les talons et disparaît parmi les élèves.


Sans réfléchir, je fais un pas dans sa direction.


— Airi ?


Miyuki attrape doucement mon poignet, m’arrêtant dans mon élan.


— Je… je veux juste voir si tout va bien.


—La pause est terminée, retournons en classe.


Je baissa la tête. Elle me lâcha le bras.


---D'accord...


....

Après l’incident dans la cour, la journée passa à une vitesse surprenante. Les cours s’enchaînent, et bien que je sois encore troublée par ce qu’il s’est passé avec Kigura, je me concentre du mieux que je peux.


Miyuki ne semblait pas vouloir parler davantage de sa réaction en le voyant, alors j'ai décidé de ne pas insister.


Puis, la sonnerie retentit, marquant la fin des cours.


Je range mes affaires et quitte la salle en baillant discrètement.


Les couloirs du lycée sont moins bondés à cette heure-ci. Beaucoup d’élèves sont déjà partis, mais quelques groupes traînent encore, discutant entre eux ou rangeant leurs casiers.


Je me sens légère.


Aujourd’hui, j’ai vraiment eu l’impression d’avoir trouvé une amie.


Ce n’est peut-être pas grand-chose, mais pour moi, ça représente beaucoup.


Un sourire flotte sur mes lèvres alors que je marche en direction de la sortie.


Jusqu’à ce que—


— Hey, mais c’est pas la petite nouvelle ?


Je me fige.


Une sensation glaciale remonte le long de mon échine.


Je me retourne lentement.


Deux garçons se tiennent là, légèrement plus âgés que moi. Je les ai déjà vus traîner dans les couloirs, mais je ne connais pas leurs noms.


Leurs regards me mettent immédiatement mal à l’aise.


— T’es toute seule ? demande l’un d’eux avec un sourire qui ne me dit rien de bon.


— C’est dangereux, une fille seule à cette heure-ci, ajoute l’autre avec un air faussement concerné.


Je sens mon souffle s’accélérer.


Ce n’est rien.


Ils ne vont rien faire.


… N’est-ce pas ?


Sans répondre, je fais un pas en arrière.


Puis un autre.


L’un des garçons esquisse un sourire.


— Tu vas quelque part ?


Mon cœur bondit dans ma poitrine.


Je tourne les talons et me mets à courir.


— Hé !


J’entends leurs voix derrière moi, mais je n’ose pas me retourner.


Tout ce que je veux, c’est m’éloigner.


Je tourne dans un couloir, puis un autre, les battements de mon cœur résonnant dans mes oreilles.


Jusqu’à ce que—


BAM !


Je heurte quelqu’un de plein fouet.


L’impact me coupe le souffle, et avant que je ne comprenne ce qui se passe, je tombe au sol.


Je lève les yeux, paniquée.


Et mon regard croise celui de Kigura.



---


Point de vue de Kigura


Toute la journée, j’ai tenté d’ignorer les regards curieux et les murmures sur ce qui s’est passé ce matin.


Ce n’est pas la première fois qu’un accident se produit autour de moi.


Ce ne sera pas la dernière.


Je devrais être habitué.


Mais ce matin, c’était différent.


Parce qu’elle était là.

Airi.

J'ai bien vu tout les regards qu'elle me lançait pendant les cours


Je ne comprends pas pourquoi elle s’accroche autant à moi.


Elle devrait faire comme tout le monde.


Prendre peur.


S’éloigner.


Mais non.


Elle continue d’essayer de me parler, comme si…


Comme si elle n’avait pas encore compris.


J’expire lentement, m’appuyant contre le mur d’un couloir désert.


Je repense aux événements de la matinée.


J'ai encore laissé libre cours à mes sentiments et voilà le résultat.


À chaque fois, quelqu’un finit blessé.


Je ferme les yeux un instant, tentant de faire le vide.


Puis soudain—


BAM !


Quelque chose — non, quelqu’un — me percute de plein fouet.


Je rouvre les yeux.


Et la vois.


----Point de vue d'Airi----


Mon cœur s'arrête un instant. Je suis littéralement tombé sur lui.

Nos visages sont à quelques centimètres l'un de l'autre, et dans le silence du couloir, je n'entend plus que les battements affolé de mon cœur.


Ses yeux.


Un instant je me perd dans ses prunelles sombres, dans cet abîme insondable qu'il semble dissimuler derrière son masque d'indifférence. Il a des yeux si intense et...pourtant si...triste...


— Tu comptes rester là longtemps ?


Sa voix grave et calme me ramène brutalement à la réalité.

Je me redresse en vitesse, les joues brûlantes. Il se relève aussi nonchalant gardant son masque impassible. Comme si la situation ne le dérangeait pas le moin du monde.


—D-Désolée !


Mais mes jambes tremblent encore, et je manque de trébucher.


Kigura attrape mon poignet avant que je ne tombe à nouveau.


Je lève les yeux vers lui.

Mais à peine ai-je retrouvé mon équilibre que des bruits de pas me font sursauter.

Les deux garçons de tout à l'heure viennent d'apparaître au bout du couloir.

Mon estomac se noue.

L'un d'eux ouvre la bouche pour dire quelque chose mais à ce moment là, Kigura tourne lentement la tête vers eux.

Un simple regard.

Froid.

Percutant.

Et pourtant suffisant...


Les deux garçons s'immobilisent l'espace d'un instant avant d'échanger un regard et de s'éloigner sans un mot.

J'ouvris grand les yeux surprise.

Ils sont partis...juste comme ça ?

Je me retourne vers Kigura troublée.

Lui en revanche ne semble pas y prêter plus d'attention et lâche mon poignet.


—Fais attention à où tu met les pieds.


Sa voix est distante presque...lasse.

Je cligne des yeux plusieurs fois encore sous le choc de ce qui vient de se passer.


—Merci...


Il ne répond rien et commence à s'éloigner.

Hesitante, je fais quelques pas lui. Je ne sais pas pourquoi mais je ressens le besoin de marcher avec lui.

Alors prenant mon courage à deux mains, je brise le silence qui s'était installé.


—Tu...tu rentres chez toi ?


Il mit un instant avant de répondre.


—...Ouais.


J'hésite un instant puis décide de tenter ma chance.


—On peut faire un bout de chemin ensemble ?


Il ne dit rien mais ne m'arrête pas non plus. Alors je continue à marcher à ses côtés tentant tant bien que mal d'engager la conversation.


Il reste majoritairement silencieux, ----Point de vue d'Airi----


J'étais assise à la cantine, seule. Les mains posées sur la table, mes doigts jouaient avec ma cuillère. Mon regard errai, suivant les allées et venues des élèves autour de moi, mais mon esprit était ailleurs, occupé à repenser à ce qui c'était passé la veille. Je me demande si je n’ai pas précipité les choses avec Miyuki. Je ne l'ai pas vu ce matin dans le bus. Si ça se trouve elle en a tellement marre de moi qu'elle ne veut plus me revoir. Ça me rend vraiment très triste, moi qui rêvais tant d'être son amie...


---


----Point de vue de Miyuki----


J'entra dans la cantine. Il y reignai un vacarme pas possible. Je déteste ce genre d'endroit il y a toujours trop de monde. Je balaya la salle du regard puis la trouva. Elle était assise seule à une table à l'écart. Je devrais partir. Faire demi-tour et prétendre ne pas l’avoir vue. C’est ce que j’aurais fait d’habitude. Mais aujourd’hui… quelque chose me retient.


     ------------------------Flash-back----------------------


J'essuya mes larmes, me leva puis la regarda.


—Laisse-tomber cette idée nous ne pourrons jamais être amie. Nous sommes beaucoup trop différentes.


—C'est vrai mais une voix au fond de moi me dit d'essayer. Cette voix me crie d'être avec toi. Je ne te connais pas c'est vrai mais ce n'est pas grave tu sais j'apprendrai.


Je fronça les sourcils.


—Non mais tu le fais exprès ou quoi !? Tu n'as pas entendu ce que ces filles ont dit pourquoi continues-tu malgré tout d'essayer hein !?


Elle baissa les yeux un moment puis les relèva. Son regard avait changé. Il était maintenant incertain.


—À vrai dire je ne sais pas... Je n'ai jamais eu d'amie, je ne sais pas ce que ça fait d'en avoir une. J'aimerai qu'on soit amies peut importe ce que les gens disent. Je n'ai pas le droit de te juger. Même si cela te semble étrange et à moi aussi... C'est ce que mon cœur veut...

—Dans ce cas cherche-toi une amie ailleurs, j'ne suis pas celle qu'il te faut arrêt d'insister.


Je dis quelques pas m'apprêtant à partir quand elle m'attrapa le bras. Je me retourna surprise.


—S'il te plaît miyuki, j'ne veux pas que tu reste seule...

—Si c'est de la pitié alors...

—Non ce n'est pas de la pitié ! Si je fais tout ça c'est parce que je sais ce que ça fait...


Je fronça légèrement les sourcils tant dis qu'elle me lâcha le bras.


—...Ce que ça fait de se sentir seule, poursuivit-elle. D’avoir l’impression que peu importe ce qu’on fait, les autres nous verront toujours d’une certaine façon… et qu’on ne pourra jamais vraiment s’intégrer.


Je ne répondis rien, mais elle continua, sa voix douce et apaisante.


— Je ne vais pas te dire que ça ne fait pas mal. Parce que ça fait mal. Horriblement mal. Mais… tu sais quoi ? Je crois que ce serait encore plus douloureux si on arrêtait d’essayer.


Je serrai inconsciemment mes poings.


— Parfois, on se convainc qu’on n’a besoin de personne. Que c’est plus simple d’être seule. Parce que comme ça, on évite les déceptions, les trahisons… les blessures.


Son regard se fit plus tendre.


— Mais en réalité… être seule, c’est aussi une douleur. Juste une douleur différente.


Je sentis ma gorge se serrer.


Pourquoi est-ce que ses mots m’atteignaient autant ?


— Ce que je veux te dire, Miyuki… c’est que tu n’as pas besoin de traverser tout ça toute seule.


Je détournai la tête.


— Et si je veux être seule ?


Airi sourit doucement.


— Alors je respecterai ton choix. Mais sache juste… que si un jour tu changes d’avis, je serai toujours là.


Je la regardai, cherchant une trace de mensonge dans ses yeux.


Mais je n’y trouvai que cette chaleur sincère, ce genre de douceur que je n’avais jamais connue.


Et, sans comprendre pourquoi… pour la première fois depuis longtemps, je n’avais plus envie de fuir, je voulais essayer...


--------------Retour au présent – Cantine----------------


Je me dirigea vers elle et m'arrêta devant sa table.


—Tu es bien silencieuse aujourd'hui...


----Point de vue d'Airi----


Je leva la tête et fut surprise voir miyuki.

La voir Miyuki s’asseoir en face de moi me réchauffe le cœur. C’est peut-être un détail insignifiant pour elle, mais pour moi, c’est une preuve qu’elle m’accorde une place, aussi infime soit-elle, dans son monde.


— Ça te dirait qu’on aille se balader un peu ? propose-t-elle soudainement en jouant distraitement avec son plateau.


Je cligne des yeux, légèrement surprise.


— Oh ! Euh, oui, bien sûr !


Je me lève presque précipitamment, heureuse qu’elle veuille passer du temps avec moi. On quitte la cantine ensemble, et je ressens quelques regards curieux sur nous. Les gens doivent être surpris de voir Miyuki avec quelqu’un.


Mais je m’en fiche.


On traverse la cour du lycée, l’air frais caressant mon visage. L’endroit est agréable, bordé de cerisiers dont les branches frémissent sous le vent léger. Il y a quelques groupes d’élèves assis ici et là, profitant de leur pause.


— Au fait, commence Miyuki après un moment de silence, je voulais te prévenir… Mon père m’a interdit de prendre le bus pour rentrer le soir, il trouve que c'est dangereux.


Je tourne la tête vers elle, un peu déçue.


— Oh… ça veut dire qu’on ne pourra plus rentrer ensemble ?


Elle hoche la tête, l’air désolé.


— Oui.


Je baisse les yeux, me mordillant la lèvre. J’aimais bien nos trajets ensemble, même si on ne parlait pas beaucoup. Juste sa présence me suffisait.


— Ce n’est pas grave,finis-je par dire en essayant de sourire.


Miyuki me regarde un instant avant de me tapoter doucement l’épaule.


— On trouvera d’autres moments.


Ses mots me réconfortent un peu, alors je hoche la tête avec un sourire sincère.


Mais soudain, un bruit sourd nous fait sursauter.


Un cri retentit, suivi d’un bruit de chute.


Je tourne la tête et mon cœur se serre en voyant une scène chaotique près des escaliers extérieurs du bâtiment principal. Un élève est au sol, blessé, et les autres autour de lui semblent paniqués.


Mais ce n’est pas ça qui me fige sur place.


C’est lui.


Kigura.


Il est là, immobile au milieu de la scène, son regard fixé sur le garçon à terre.


Mon cœur se serre en voyant son expression. C’est à peine perceptible, mais je devine une tension dans ses traits, comme s’il savait que c’était de sa faute.


Je ressens un frisson.


Ce n’est pas la première fois que je vois des choses étranges autour de lui…


— Miyuki… tu crois que…


Je me tourne vers elle, mais elle reste silencieuse, le regard braqué sur Kigura.


Ses yeux se plissent légèrement, une lueur indéchiffrable dans son regard.


— Miyuki ça va ?


Elle sursaute légèrement et détourne les yeux.


— Ce n’est rien.


J'ai l'impression qu'elle ment.


Mais avant que je puisse insister, un surveillant accourt vers l’élève blessé, interrompant mes pensées.


Je reporte mon attention sur Kigura, qui, après une seconde d’hésitation, tourne les talons et disparaît parmi les élèves.


Sans réfléchir, je fais un pas dans sa direction.


— Airi ?


Miyuki attrape doucement mon poignet, m’arrêtant dans mon élan.


— Je… je veux juste voir si tout va bien.


—La pause est terminée, retournons en classe.


Je baissa la tête. Elle me lâcha le bras.


---D'accord...


....

Après l’incident dans la cour, la journée passa à une vitesse surprenante. Les cours s’enchaînent, et bien que je sois encore troublée par ce qu’il s’est passé avec Kigura, je me concentre du mieux que je peux.


Miyuki ne semblait pas vouloir parler davantage de sa réaction en le voyant, alors j'ai décidé de ne pas insister.


Puis, la sonnerie retentit, marquant la fin des cours.


Je range mes affaires et quitte la salle en baillant discrètement.


Les couloirs du lycée sont moins bondés à cette heure-ci. Beaucoup d’élèves sont déjà partis, mais quelques groupes traînent encore, discutant entre eux ou rangeant leurs casiers.


Je me sens légère.


Aujourd’hui, j’ai vraiment eu l’impression d’avoir trouvé une amie.


Ce n’est peut-être pas grand-chose, mais pour moi, ça représente beaucoup.


Un sourire flotte sur mes lèvres alors que je marche en direction de la sortie.


Jusqu’à ce que—


— Hey, mais c’est pas la petite nouvelle ?


Je me fige.


Une sensation glaciale remonte le long de mon échine.


Je me retourne lentement.


Deux garçons se tiennent là, légèrement plus âgés que moi. Je les ai déjà vus traîner dans les couloirs, mais je ne connais pas leurs noms.


Leurs regards me mettent immédiatement mal à l’aise.


— T’es toute seule ? demande l’un d’eux avec un sourire qui ne me dit rien de bon.


— C’est dangereux, une fille seule à cette heure-ci, ajoute l’autre avec un air faussement concerné.


Je sens mon souffle s’accélérer.


Ce n’est rien.


Ils ne vont rien faire.


… N’est-ce pas ?


Sans répondre, je fais un pas en arrière.


Puis un autre.


L’un des garçons esquisse un sourire.


— Tu vas quelque part ?


Mon cœur bondit dans ma poitrine.


Je tourne les talons et me mets à courir.


— Hé !


J’entends leurs voix derrière moi, mais je n’ose pas me retourner.


Tout ce que je veux, c’est m’éloigner.


Je tourne dans un couloir, puis un autre, les battements de mon cœur résonnant dans mes oreilles.


Jusqu’à ce que—


BAM !


Je heurte quelqu’un de plein fouet.


L’impact me coupe le souffle, et avant que je ne comprenne ce qui se passe, je tombe au sol.


Je lève les yeux, paniquée.


Et mon regard croise celui de Kigura.



---


Point de vue de Kigura


Toute la journée, j’ai tenté d’ignorer les regards curieux et les murmures sur ce qui s’est passé ce matin.


Ce n’est pas la première fois qu’un accident se produit autour de moi.


Ce ne sera pas la dernière.


Je devrais être habitué.


Mais ce matin, c’était différent.


Parce qu’elle était là.

Airi.

J'ai bien vu tout les regards qu'elle me lançait pendant les cours


Je ne comprends pas pourquoi elle s’accroche autant à moi.


Elle devrait faire comme tout le monde.


Prendre peur.


S’éloigner.


Mais non.


Elle continue d’essayer de me parler, comme si…


Comme si elle n’avait pas encore compris.


J’expire lentement, m’appuyant contre le mur d’un couloir désert.


Je repense aux événements de la matinée.


J'ai encore laissé libre cours à mes sentiments et voilà le résultat.


À chaque fois, quelqu’un finit blessé.


Je ferme les yeux un instant, tentant de faire le vide.


Puis soudain—


BAM !


Quelque chose — non, quelqu’un — me percute de plein fouet.


Je rouvre les yeux.


Et la vois.


----Point de vue d'Airi----


Mon cœur s'arrête un instant. Je suis littéralement tombé sur lui.

Nos visages sont à quelques centimètres l'un de l'autre, et dans le silence du couloir, je n'entend plus que les battements affolé de mon cœur.


Ses yeux.


Un instant je me perd dans ses prunelles sombres, dans cet abîme insondable qu'il semble dissimuler derrière son masque d'indifférence. Il a des yeux si intense et...pourtant si...triste...


— Tu comptes rester là longtemps ?


Sa voix grave et calme me ramène brutalement à la réalité.

Je me redresse en vitesse, les joues brûlantes. Il se relève aussi nonchalant gardant son masque impassible. Comme si la situation ne le dérangeait pas le moin du monde.


—D-Désolée !


Mais mes jambes tremblent encore, et je manque de trébucher.


Kigura attrape mon poignet avant que je ne tombe à nouveau.


Je lève les yeux vers lui.

Mais à peine ai-je retrouvé mon équilibre que des bruits de pas me font sursauter.

Les deux garçons de tout à l'heure viennent d'apparaître au bout du couloir.

Mon estomac se noue.

L'un d'eux ouvre la bouche pour dire quelque chose mais à ce moment là, Kigura tourne lentement la tête vers eux.

Un simple regard.

Froid.

Percutant.

Et pourtant suffisant...


Les deux garçons s'immobilisent l'espace d'un instant avant d'échanger un regard et de s'éloigner sans un mot.

J'ouvris grand les yeux surprise.

Ils sont partis...juste comme ça ?

Je me retourne vers Kigura troublée.

Lui en revanche ne semble pas y prêter plus d'attention et lâche mon poignet.


—Fais attention à où tu met les pieds.


Sa voix est distante presque...lasse.

Je cligne des yeux plusieurs fois encore sous le choc de ce qui vient de se passer.


—Merci...


Il ne répond rien et commence à s'éloigner.

Hesitante, je fais quelques pas lui. Je ne sais pas pourquoi mais je ressens le besoin de marcher avec lui.

Alors prenant mon courage à deux mains, je brise le silence qui s'était installé.


—Tu...tu rentres chez toi ?


Il mit un instant avant de répondre.


—...Ouais.


J'hésite un instant puis décide de tenter ma chance.


—On peut faire un bout de chemin ensemble ?


Il ne dit rien mais ne m'arrête pas non plus. Alors je continue à marcher à ses côtés tentant tant bien que mal d'engager la conversation.


Il reste majoritairement silencieux, répondant à mes tentatives par des réponses brèves.


Mais peu importe.


Je suis contente d’être là.


Même si je ne comprends pas encore tout ce qui l’entoure, même si je sens que quelque chose de bien plus profond le ronge, je suis prête à essayer.


À essayer de le comprendre.


À essayer de m’approcher de lui.


Même si ce n’est qu’un pas à la fois... répondant à mes tentatives par des réponses brèves.


Mais peu importe.


Je suis contente d’être là.


Même si je ne comprends pas encore tout ce qui l’entoure, même si je sens que quelque chose de bien plus profond le ronge, je suis prête à essayer.


À essayer de le comprendre.


À essayer de m’approcher de lui.


Même si ce n’est qu’un pas à la fois...

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