La prophétie du roi déchu: L'enfant sombre
Chapitre 22: Des ennemis de race
Warda se réveilla lorsqu'il fut aspergé par un seau d’eau glaciale. Un gardiens lui hurla dessus en Etalen:
_ Réveilles toi le monstre, notre roi veut te parler.
L’elfe noir ne répondit pas, il était trop affamé et fatigué pour répondre. Depuis une semaine il n’avait que mangé du pain rassie et but de l’eau dégoûtante. Il était tombé malade à force de respirer l’air putride. Il avait été obligé de déféquer et uriner dans le fond de sa cellule obscure. Ses nuits ont été souvent perturbées par les rats qui le mordaient fréquemment. Il toussa à s’en déchirer les poumons et tenta de se relever. Les gardes l’immobilisèrent et lui mirent des chaînes. Un d’entre eux regarda le fond de la cellule et dit:
_ Quel dégoûtant, tu as déféqué dans ta propre cellule ! Tu n’es vraiment qu’une bête !
_ N’abaisse pas les animaux à son niveau, fit le second. Même les plus répugnants ont plus d’hygiène que cette chose !
Ils le traînèrent à travers les obscurs couloirs. Warda ne savait plus où il était. Tout n’était que des formes abstraites qui défilaient devant ses yeux. Ils entrèrent dans une nouvelle pièce sombre. Là ils l’enchaînèrent à deux anneaux et l’aspergèrent avec une eau glaciale.
_Il ne faut pas que ton odeur opportune notre majesté ! Hurla l’un d’eux.
Ils le détachèrent et l’emmenèrent une nouvelle fois à travers les couloirs. Warda sentait ses entrailles le brûler, il failli vomir à plusieurs reprises. Il fut traîné jusqu’à une pièce éclairée par plusieurs braseros. La lumière aveugla un instant l’elfe noir plongé trop longtemps dans l’obscurité totale. Il voulut mettre une de ses mains pour se cacher le visage, mais il était enchaîné dans le dos, il ne pouvait que fermer les yeux.
_ Findël iz !* Dit une forme sombre au centre de toute cette agressive lumière.
Les deux gardes le lâchèrent et Warda tomba à genoux en cherchant toujours à se cacher de la lumière ardente. Il ne pouvait qu’à peine discerner la silhouette d’un homme qui se tenait face à lui.
_ Qui êtes-vous à la fin ? Demanda l’elfe noir.
L’individu ne répondit pas. Il se contenta de le regarder de haut, sûrement le considérait-il comme une bête. Warda laissa sa tête retomber sur ses genoux. Il se sentait de plus en plus mal, il allait vomir inévitablement. Il sentait un liquide acide lui remonter le long du tube digestif pour arriver à la gorge. Là, il gerba en laissant par terre une flaque blanche s’étaler sur le sol. Un garde frappa dans son flanc le renversant violemment.
_ Tu oses...
_ Fïn essar ! Dit la silhouette. Esran détralid, sederé sen argriäl !
_ Venial sur Suan.
Les deux gardes disparurent laissant seuls dans la pièce Warda et l’étrange homme. L’elfe noir se releva douloureusement et regarda son sauveur.
_ Que me voulez-vous ? Demanda-t-il.
_ C’est moi qui pose les questions, répondit l'ombre. Qui êtes-vous ?
Le guerrier sombre détourna ses yeux ne pouvant supporter indéfiniment la lumière. Il avait beaucoup de fièvre, son crâne était devenu une cage de douleur. Il avait du mal à se remettre ses idées en place, mais il parvint à répondre.
_Je suis Warda, un elfe noir.
_ Je suis étonné de vous voir parler une langue humaine, Warda. Connaissez-vous votre langue maternelle ?
_ Ma langue maternelle ? Quelle langue maternelle ?
La silhouette semblait méditer sur les paroles du prisonnier. Il marcha jusqu’à un fauteuil confortable et se pencha légèrement en avant.
_ Ainsi vous ne connaissez pas l’ancienne langue, celle de votre race.
_Je ne comprend pas, répondit sincèrement Warda. J’ai soif, j’aimerais de l’eau.
_ Répondez d’abord à mes questions. J’ai de nombreuses zones d’ombres à votre sujet, et je veux éclaircir ces ténèbres. Beaucoup d’elfes noirs sont des animaux ignorant les subtilités de la paroles, et les rares qui savent encore parler utilisent exclusivement l’ancien langage. En général, plus ils sont intelligents, plus ils se révèlent dangereux car conscients de leurs actes. Mais il semblerait que vous soyez un cas exceptionnel. Où avez-vous appris l’Etalen ?
La gorge de Warda l’irritait de plus en plus, et son estomac encore barbouillé l’empêchait de réfléchir. Il tenta de s’éclaircir la voix mais c’était perdu d’avance, il était trop faible.
_ Mes parents... Dit-il. Mon père et ma mère étaient Etalens.
_ Vous aviez été adopté par des humains ? S’écria l’homme dans son fauteuil. Voilà quelque chose d’insensé. Jamais je n'ai ouïe d’une histoire aussi folle. Les Etalens sont réputés pour être des fanatiques qui traquent et tuent tous ceux de votre espèce. J’aimerai en savoir plus. Racontez-moi tout, je veux savoir quelle vie fut la votre.
Alors Warda se mit à tout raconter, depuis son adoption jusqu’aux événements les plus récents. Il ne manqua pas de parler des croisés et des chamanes. Il lui conta ses joies et ses malheurs, sa vie à l’état sauvage, son voyage à travers toute l’Étale, son périple sur les monts de Léondia, de sa rencontre avec Merci le fauve blanc, de l’assassin aux longs couteaux, et il conclut avec son combat contre le guerrier au sabre noir et du sauvetage de la jeune femme. Pendant que l’elfe noir contait son existence très agitée, l’individu semblait méditer sur cet étrange récit.
_ Voilà, et depuis je pourri dans cette cellule. Qui êtes-vous à la fin ?
Les yeux rouges de Warda réussirent à s’habituer enfin à la lumière et reconnurent le noble qui avait ordonné son exécution. Ainsi c’était lui depuis le début. Il sentit une profonde pulsion de vengeance se dégager de son cœur, il aurait voulu briser ces chaînes et tuer le responsable de son malheur. L’expression d’hébétement continu laissa place à une ardente rage meurtrière. Il força sur ses liens d’acier, mais il ne parvint qu’à se faire souffrir davantage.
_Je suis Taläsna, le roi des elfes sylvestre. Et saviez-vous que celle que vous avez sauvé était ma sœur ?
La colère s’effaça et laissa place à une nouvelle émotion, l’étonnement. Il regarda crédule son interlocuteur et balbutiait comme un enfant de très bas âge. Le roi elfe se leva et posa une de ses mains sur l’épaule de l’elfe noir.
_Je devrais vous remercier plutôt que de vous enfermer ici, parce que vous aviez sauvé ce qui m’était le plus précieux au monde.
_ Alors pourquoi ?
Le seigneur elfique se détourna et se mit face à une flamme. Elle semblait danser au milieu des braises, si légère, si belle, mais si brûlante.
_ Nous sommes des ennemis de race, dit-il. Depuis la nuit des temps vous nous tuez, et nous nous défendons. Votre espèce ne vit que dans le but de massacrer, car ainsi est votre instinct. Vous appartenez à l’obscurité, c’est votre nature. Mon devoir est de protéger mon peuple contre le mal, et vous êtes le mal. Vous aviez peut-être sauvé ma sœur, mais ça ne repentira jamais les péchés de votre race. Vous deviez payer pour les crimes de vos frères, et pour vos propres crimes. Car vous même avez tué des hommes, n’est-ce pas ?
Warda se sentit trahi. Il avait sauvé la sœur du roi des elfes et voilà comment il le remerciait, en le jetant dans un trou infesté de rats et d’excréments. De nouveau la colère l'envahit. Il voudrait se libérer de ses chaînes et lui cracher sa haine au visage. Il avait dû tuer ces hommes pour sa propre survie, mais s' il avait pu éviter il aurait fait. Malheureusement pour lui, le roi sylvain ne voyait pas les choses de la même façon. Alors que les deux gardes revinrent avec des bocaux d’herbes, le seigneur des bois s’apprêta à partir. Il tourna une dernière fois la tête et dit:
_ N’oubliez jamais, nos races sont ennemies, et rien ne peut changer une guerre qui a duré depuis dix milles ans. Nous nous haïrons mutuellement encore pour l’éternité parce que vous êtes ce que vous êtes: des démons.
Sur ces paroles, Taläsna quitta la pièce et disparut dans les ténèbres. Les gardes firent mâcher de l’herbe médicinale à Warda puis le ramenèrent de nouveau vers son cachot. Lorsque l’elfe noir retrouva sa sombre cellule, il se mit à hurler sa peine. Ainsi était le destin, cruel et injuste. Pourquoi était-il né ainsi ? Avec une peau noir, des yeux rouges et une chevelure blanche comme la mort. Il maudit celui qui lui donna la vie, car ce fut la pire erreur qui pouvait être commise. Il attrapa un rat et le fracassa contre le mur. Ses viscères éclatés formaient un papillon macabre sur la façade. Voilà ce qu’il était, un démon. Rien ne pouvait changer une guerre qui avait duré depuis dix mille ans, et elle durera encore et encore jusqu’à ce que le monde cesse d’être monde.
Taläsna rentra dans son palais bouleversé parce qu’il venait de voir. Cet elfe noir avait vécu une existence tout à fait hors du commun, ne serait-ce que par son adoption auprès d’humains. Cette histoire à peine croyable sortait de la bouche d’un elfe noir. Il avait presque pitié de lui, mais quelque chose lui faisait peur en cet être. Comme si... Deux grandes ailes noires flottaient autour de lui. La peur s’exaltait de ce corps pour dévorer l’âme de tous ceux qui le voyaient. Son aura était d’une nature ténébreuse, il n’y avait aucun doute. Mais son regard était si innocent, il avait vécu de rudes épreuves et il n’aspirait qu’à vivre en paix. Pourtant, même si il le voulait, Taläsna ne pouvait pas le libérer, c’était un elfe noir, un ennemi mortel. Il marcha jusqu’à sa chambre et croisa dans les couloirs Lindilla. « Sans l’aide de cet elfe noir, je ne la croiserais pas ici en ce moment même, pensa le roi elfe. Elle est tout ce qui me reste. ». Les yeux dorées de sa sœur plongea dans les siens et elle demanda:
_ Où est-il ?
_ Qui ? Demanda le frère aîné.
_Celui qui m’a sauvé.
Le cœur du roi sylvain cessa de battre un bref instant. Il tenta de garder son calme et dit simplement:
_ Loin d’ici.
Lindilla prit un air sceptique, puis s’approcha lentement de son frère. Ses yeux étincelants le fixaient intensément, comme pour fouiller son âme. Il sentit la présence de sa sœur qui pénétrait son esprit, mais il la repoussa.
_ Pourquoi me caches-tu des choses Taläsna ? S’écria-t-elle. Je veux savoir !
_Je suis navré Lindilla, mais vaut mieux des fois ignorer des choses. Oublie-le, il n'en valait pas la peine.
Il sentit les doigts frêles se refermer en poigne de fer autour de son bras. Il voyait dans ses yeux la détermination de connaître la vérité. Il s’apprêtait à lui demander de le lâcher quand Lindilla l’interrompit.
_Je veux savoir où est il passé ! Ce n’est pas grand chose, mon roi est en mesure de me le dire sans crainte !
Taläsna détourna son regard et se libéra le bras. Il regarda depuis son balcon la cité sylvestre. Tous étaient occupés à se préparer pour l'hiver, car dans ces régions, l’été dure longtemps mais l'hiver arrive brutalement. Bientôt la forêt luxuriante laisserait place à un royaume de neige. Puis ses yeux voyagèrent au loin, vers les fameuses prisons à l’ouest de la ville.
_ Il est dans nos cachots.
_ Comment as-tu osé ? Fit la jeune elfe. Il m’a sauvé au péril de sa vie et toi tu l’enfermes dans nos cachots pour le remercier !
_ Il a de bonnes raisons de résider là-bas. Sa nature est mauvaise...
_ Il a accompli une noble action !
_C’est un elfe noir ! Hurla furieusement Taläsna.
Soudains le silence régna dans la salle. Les deux individus se regardaient mutuellement dans les yeux. Le grand roi sentait la détresse de sa sœur, des perles d’argent coulaient de sur ses joues roses.
_Mon roi, soyez clément envers lui. Il m’a sauvé la vie, même si son sang est celui d’un démon. Il n’a pas hésité à affronter l’un des siens pour me ramener ici. Croyez-vous sincèrement qu’un être maléfique serait capable de sauver une vie contre son propre intérêt ?
Le seigneur elfe se dirigea vers la porte, saisit la poignée et dit d’une voix froide cette phrase.
_J’aurais pu lui trancher la tête sur le champ.
Sur ces dernières paroles, il s’en va laissant sa sœur seule dans sa chambre, qui ne comprenait pas toute cette cruauté.
Dans une petite ferme très loin de la forêt elfique, de l’autre côté du mont sans pitié de Léondia, dans le royaume d’Étale, un humble paysan ramassait ses navets avec ses trois enfants. Alors qu’il pensait avoir mérité un bon souper, lorsqu’il se releva il vit d’immenses légions d’or et de rouges marcher vers un pic blanc qui se dressait dans le lointain. Un chevalier blanc se détacha de la vague humaine escorté par trois chevalier portant l’étendard du Phénix. Le fermier se tint le dos lorsqu’il se redressa, il commençait à se faire vieux, car le mois prochain il fêtait son trente-huitième anniversaire. Il se cacha les yeux du soleil aveuglant en cette journée et se demanda dans sa petite tête de cultivateur qu’est-ce qu’un paladin de l’Ordre allait lui demander.
_ Bien le bonjour messire paladin, dit-il avec ses dents restantes. Qu’est-ce que je peux faire pour vous ?
_Nous nous apprêtons à partir en croisade, répondit le chevalier blanc. Nous aimerions nous ravitailler.
Les yeux noirs du paladin se rivèrent sur les navets qui étaient entassés dans les paniers.
_ Vos légumes sont-ils frais ?
_Je viens juste de les cueillir messire. Ce soir on va s’en mettre plein la panse.
Le chevalier blanc donna des consignes à ses trois subordonnées qui partirent. Lorsqu’ils revinrent, ils étaient accompagnés par des caravaniers. Le paysan ne comprenait pas ce qui se passait quant le chevalier blanc lui dit:
_ Nous réquisitionnons toutes vos victuailles. Nous vous remercions de coopérer.
Les soldats se mirent à voler les récoltes qui lui avaient demandé des mois de travail acharné. Tous les navets qu’il venait de ramasser furent pris et placés sur les chariots. Ensuite les hommes de l’Ordre commencèrent à s’emparer de tout ce qui était comestible dans la grange, dans la cave, dans le grenier, dans la maison, dans toute la maison. Animaux, légumes, fruits, fromages, pains, toutes les victuailles de la famille fermière furent volatilisées. Après que toute la nourriture acquise si difficilement par les paysans rejoignit les rangs des croisés, le vieil homme regarda hébété ses provisions partirent vers d’autres horizons. Ses yeux abasourdie se tournèrent vers le paladin et dit:
_ Serais-je payé au moins ?
_ Dieu vous en sera reconnaissant.
Sur ces mots, le chevalier de l’Ordre de la Pierre rejoignit l’immense armée qui continuait sa longue route vers les montagnes.
_ Délicieux ! S’écria Tilbar en croquant un navet à pleine dent. C’était une excellente idée de prendre quelques provisions.
_ Vous verrez cher ami, ils seront encore meilleur une fois cuisinés. Mais nous avons pillé les uniques ressources d’un innocent, je me demande comment il passera l’hiver.
_ Oublie le Galro, ce n’était qu’un gueux. Et la guerre c’est la guerre, faut bien nourrir nos hommes.
Alors que les croisés marchaient en cadence, devant se dressait le Septième Sapharël et deux paladins phénix dont Datral. L’étendard du Phénix poussait un peu partout au milieu des rangs, tel des fleurs en éclosion. Le sol tremblait sous leurs innombrables pas. Le vent soufflait sur la plaine en apportant sur son passage l’odeur du pin et du noisetier. Les oiseaux devinrent un nuage noir vivant qui piaillait et criait sans interruption. Il se dirigea vers l’Ouest pour trouver des pays plus chauds. La migration commençait. Serait-ce parce que l'hiver approche, où veulent-ils fuir la guerre qui s’apprêtait à éclater ? Ils continuèrent leur route jusqu’à arriver à l’orée d’un bois. La forêt qui encerclait la montagne. Sapharël quitta les rangs et se mit à hurler pour que tout le monde l’entende.
_ Ici nos routes se séparent compagnons ! Que tous les hommes sous les ordres du paladin Galro, Fradel et du paladin phénix Datral prennent la route qui mène jusqu’à la montagne, les autres devront suivre les instructions de leurs paladins. Nous aurons pour objectif de garder la frontière en cas de contre-attaque. Que ceux qui partent pour la montagne et ceux qui gardent la frontière se séparent, exécution !
Ce qui ne formait qu’un devint deux colonnes bien distinctes, dont la deuxième brandissait fièrement l’étendard du lion aux épées, d’autre montraient le drapeau du loup hurlant à la lune, et le plus imposant fut celui du paladin phénix Datral qui montrait une flamme dorée sur un fond rouge. Les flammes de la damnation. Le paladin à l’écusson de la flamme du phénix prit la tête et ordonna la marche. Les généraux, commandants, et autre hauts gradés guidèrent les autres soldats à travers les forêts encombrantes pour de tels amas humains. Il leur faudrait certainement toute une journée pour atteindre la montagne. Et certainement bien plus de temps pour atteindre le col. « Alors, se demanda le paladin, combien de temps peut durer cette croisade ? ».
Alors que la montagne de glace et de neige allait devenir le théâtre d’une guerre encore insoupçonnée par tous les autres peuples, dans les forêts elfiques, une jeune femme portant une robe blanche et une capuche sur la tête avançait vers une énorme souche aussi large qu’une maison humaine. Elle était escortée par six gardes portant les écussons de la garde royale. Les deux militaires aux côtés de la porte entrecroisèrent leur hallebarde pour barrer le passage.
_ Personne n’est autorisé à entrer, fit l’un d’eux. Ordre du roi.
_Je vous ordonne de me laisser le passage, dit la femme.
_ Qui êtes vous pour...
Elle leva son capuchon et dévoila son visage. C’était Lindilla, et ses deux yeux d’or fixaient intensément ceux des gardes.
_ Vous avez entendu ? S’écria un garde royal. Alors cédez le passage.
_ Bien Dame Lindilla.
La jeune elfe pénétra dans les sinistres donjons ainsi que son escorte. Là, elle vit les pires atrocités, des cellules si répugnantes et nauséabondes qu’elle fut tentée de renoncer à plusieurs reprises. Mais elle devait le trouver, elle avait besoin de le revoir. Elle entendait les plaintes des prisonniers qui demandaient un peu de pitié aux geôliers sourds. Elle traversa tous les sous-sols avant d’enfin se retrouver devant la dernière porte du dernier niveau. Un de ses gardes s’approcha doucement vers elle et lui murmura:
_ Êtes-vous certaines de vouloir faire ça ? Votre frère ne risque pas d’apprécier notre présence ici. Et encore moins ce que nous nous apprêtions à faire ici...
_ Nous ne rendons que justice, est-ce un crime Daëlas ? Il m’a sauvé la vie, je lui doit être redevable.
_ Mais Dame Lindilla, c’est un démon. Vous voulez prendre de tels risques pour une créature ténébreuse ?
_ Peu m’importe sa nature, répondit-elle d’une voix déterminée. Ce sont ses actes qui comptent à mes yeux. Alors que tous les chevaliers qui m’escortaient sont morts face à cet elfe noir, lui a osé brandir son épée contre celui qui voulait me tuer. Il a osé brandir son épée contre un elfe de son espèce. Sans lui, je ne serais plus parmi les vivants.
Daëlas ne tenta plus de dissuader sa maîtresse, car avant tout il était son serviteur. Il se dirigea vers un geôlier et lui demanda d’ouvrir la cellule.
_Si sire Taläsna l’apprenait, il me ferait couper la tête.
_Si vous refusez de m’obéir sur le champ c’est moi qui vous ferait couper la tête ! Répondit violemment la princesse.
_Bien...
L’elfe prit les clés qui étaient à sa ceinture et déverrouilla la porte blindée. La princesse ne put retenir un hoquet en voyant le sinistre spectacle. Dans les ténèbres, blotti au fond de la cage, une masse noir tremblait. Une tête sortit d’entre les genoux, sa chevelure si blanche dans les souvenirs de la jeune femme était recouverte de crasse. Ses deux grands yeux rouges affolés zigzaguaient d’individu en individu. Sa peau était marquée par d’innombrables morsures, et certaines blessures saignaient encore. Une odeur pimentée irrespirable jaillit de la pièce, elle ne put s’empêcher de tenter de s’en protéger en se mettant une main devant le nez et la bouche. Voilà à quoi était réduit son sauveur. Elle éprouvait de la pitié pour cet être misérable traîné plus bas que terre. Comment son frère pouvait-il se montrer si cruel ? Est-ce cela être roi ? Faire flamboyer sa sagesse au monde et devenir le pire des monstres à ses ennemis cachés ? Le dégoût se mêlait à l’envie de se faire pardonner pour tout ce qu’il avait subi. Elle voulut s’approcher, mais il se plaqua d’avantage contre le mur, sûrement parce qu’il la craignait. Elle fit encore un pas, puis la créature de la nuit chercha refuge dans un coin en rampant comme les rats qui fuyaient sur son passage.
_Je ne sais rien ! S’écria-t-il en Etalen. Laissez-moi !
Elle a été effarée de ce qu’elle voyait. Ce qui était censé la faire trembler d’effroi la fuyait comme la mort. Elle s’approcha lentement du prisonnier qui se tassait au fur et à mesure qu’elle avançait. Il puait, la crasse était devenue comme une seconde peau qui recouvrait la précédente. Et ses toux interminables parlaient d’elles même, il devait être malade depuis longtemps sans le moindre traitement. Elle était repoussée par sa répugnance, mais pourtant, son cœur lui ordonnait d’aller de l’avant. Des tatouages représentant des glyphes étranges zigzaguaient sur tout son corps tel un rosier épineux. Ses cottes apparaissaient sur son torse, et de longues estafilades cicatrisée depuis longtemps longeaient son dos. Elle tendit une main vers lui, et plus sa main était proche, plus il sanglotait et tremblait. Et finalement, elle l’effleura du bout des doigts, y mit sa main sur la joue et le caressa longuement, comme pour le consoler. Le contact de sa peau était désagréable et froide, mais quelque chose d’autre à l’intérieur de cet être la réchauffait. Serait-ce son âme ? La créature tremblait encore pendant un moment, mais à son tour, il saisit la main pour profiter plus longuement de la douceur. Il n’avait pas éprouvé ce sentiment depuis une éternité. Il croyait quelques instants qu’il tenait contre lui sa mère, Hélène. Des larmes coulèrent de ses yeux rouges, perlaient sur ses joues avant de couler de son menton. Un si pur sentiment de bonheur s’empara de son âme, il aurait souhaité que ce bref moment dure des journées entières. Et lorsqu’il la regarda, deux yeux d’or en amande le fixaient. Pour la première fois depuis vingt ans, il avait l’impression d’être heureux. Est-ce qu’elle n’était qu’une hallucination ? Il devait être fou pour voir une si belle femme à ses côtés dans cette prison d’ombres et de cauchemars. Elle ne pouvait qu’être le fruit de sa démence, il n’avait aucune autre explication.
_ Suis-je ensorcelé ? Demanda-t-il.
_Si vous êtes victime d’un sortilège, alors nous le sommes tous deux.
Dans ces ténèbres, elle étincelait de lumière à ses yeux. Elle se retourna vers les gardes et ordonna à ce qu’ils soient seuls.
_ Votre altesse, ce n’est point raisonnable. Vous serez vulnérable !
_ Alors j’accepte d’être vulnérable face à lui.
Les gardes royaux se regardèrent mutuellement puis finalement ils fermèrent la porte. Lorsqu’ils se retrouvèrent ensembles dans l’obscurité totale, elle tendit une main vers le sol et récita:
_ Faër zalmatel drazienn !*
La pierre se déforma pour former une colonne minuscule, puis une petite flamme apparut éclairant à peine la pièce. Mais c’était suffisant, ils pouvaient se voir eux, c’était le principal.
_ Pourquoi vous êtes ici ? Demanda l’elfe noir.
_Je viens faire ce que j’aurais dû faire depuis le début. Je voudrais juste vous dire merci.
L’elfe noir sentit son cœur heurter brutalement sa poitrine. Jamais quelqu’un l’avait remercié. Tous ses souvenirs le ramenaient à des combats sanguinaires, à des luttes pour la survie, à des tas de morts. Tous les hommes ou femmes qu’il avait croisé le fuyaient ou tentaient de le tuer, exceptées les chamanes. Il sentait une chaleur inexplicable s’emparer de son corps et de son âme, lui qui n’avait jamais su ce qu’on ressent lorsque quelqu’un lui était redevable. C’était la femme qu’il avait arraché des griffes de Galaran. Il se souvenait dorénavant parfaitement d’elle. Il se regarda les mains puis le visage de la jeune elfe.
_Je ne vous effraie pas ? Je suis un monstre, une créature ténébreuse, et malgré ma nature, vous ne fuyez pas ?
_Non, murmura-t-elle en le caressant, je n’ai point peur de vous. Vous n’êtes peut-être qu’un démon, mais vous aviez sauvé ma vie. Un tel acte de bravoure ne peut être ignoré.
_Mais... Nous sommes des ennemis de race.
Elle sentit de la colère monter dans son cœur, elle l’attrapa par le bout du menton, l'obligeant à la regarder de face.
_ Est-ce mon frère qui vous a mit cette idée en tête ?
_Votre frère ?
_Le roi Taläsna.
L’elfe noir revit le noble apparaître dans ses souvenirs. Il avait parlé d’une sœur, serait-ce elle ? Ainsi elle était de sang noble, c’était peut être pour cette raison que Galaran avait tenté de la tuer. La jeune femme se releva et jura dans sa langue maternelle.
_ Il n’avait pas le droit, lui dit-elle. Il doit accepter l’évidence, vous m’avez sauvé la vie, et il doit vous remercier comme il se doit, ennemi ou pas.
_Les choses ne sont pas aussi simples, déclara l’elfe noir. Je ne suis qu’un monstre, j’ai tué beaucoup de monde, et ma race est impure.
_ C’est vous qui ne comprenez pas, s’écria-t-elle. Nous sommes les derniers survivants de notre lignée.
_ Comm...
Elle l’interrompit par un profond silence. Elle s’essuya une perle d’argent qui coulait de ses yeux. Elle se retourna vers l’elfe noir et commença à conter son récit.
_ Alors que je n’avais que trois ans, mes parents me confièrent à mon frère avant de partir pour défendre la Guiogne d’une attaque des Inferniens. Mon père fut tué par un spectre et ma mère massacrée par les orques noirs. Depuis, mon frère s’est chargé de mon éducation et régna sur les elfes sylvestres. Il est tout ce qui me reste et je suis tout ce qui lui reste.
L’elfe noir fut abasourdi par l’histoire qu’il venait d’entendre. Il avait l’impression d’avoir déjà vécu... Cette vie. Aussi étrange que cela puisse paraître, il avait l’impression que tous deux avaient vécu une seule et même vie. Mais il ne restait pas moins une différence qui les séparait, elle avait toujours un frère. Lui n’avait plus rien. Dans son malheur, elle avait une chance incroyable. Il l’enviait presque d’avoir toujours un être à aimer. Il se leva difficilement en s’appuyant contre le mur recouvert d’urine de rat et de moisissure et s’approcha d’elle.
_ Je suis navré, je sais ce que c’est de tout perdre. Moi-même j’ai perdu mes parents il y a vingt ans. Et moi-même je n’ai pas la chance d’avoir un frère pour me consoler. Aimez autant que vous le pourrez, c’est tout ce qui compte.
_ Comment aimer un être qui se montre si cruel envers vous ? Il vous doit justice.
_ Aimez le, c’est tout ce qui compte.
_ Et vous ?
L’elfe noir détourna son regard et se laissa glisser le long d’un mur. Ses yeux rouges fixaient la petite flamme et ce qui semblait être un sourire se dessina au bord de ses lèvres.
_Je savais que ça finirait comme ça dès l’instant où je vous ai rencontré.
_ Et vous m’aviez quand même sauvé au péril de votre vie. Pourquoi ?
_ Durant toutes ces années, j’ai dû tuer pour survivre. Pour une fois j’ai eu l’occasion d’inverser les choses. Et croyez le ou non, pour une fois j’ai eu l’impression de ne pas n’être qu’un démon. Si j’ai accepté de me faire enfermer ici, c’est parce que vous en êtes la raison. J’ai eu le choix de changer le cours des choses, et même entre ces murs, je me sens libéré de mes chaînes. Ne vous sentez point coupable de mon état, c’est le prix à payer pour sauver une vie.
Lindilla se plaça les mains sur le cœur et de nouvelles perles argentées coulèrent sur ses joues roses. Elle se pencha vers lui et dit d’une voix remplie de tendresse.
_ Comment vous nommez vous ?
_Warda, répondit l’elfe noir.
Puis ses lèvres effleurèrent les siennes. Les deux âmes s’attiraient mutuellement, des liens invisibles les tiraient l’un à l’autre, la douceur mêlée à un tourbillon de passion naissaient dans les deux cœurs, ils avaient tous deux l’impression de flotter sur un nuage. Les ténèbres laissaient place à la lumière imaginaire des deux êtres. Les secondes étaient aussi lentes que des heures entières. Ce ne fut qu’un bref baisé, mais tous deux crurent qu’il fut long et langoureux.
_ Merci Warda, murmura-t-elle encore sous l’effet de l’émotion.
Elle se leva et commença à partir vers la porte. Warda se leva à son tour et demanda avant qu’elle ne frappe pour appeler les gardes:
_ Quelle est votre nom ?
_ Lindilla, répondit-elle tout en frappant légèrement sur l’acier.
Les soldats lui ouvrirent et elle disparu de son champ de vision. La porte blindée se referma de nouveau en l’enfermant de nouveau dans un royaume de ténèbres. La bougie magique s’éteignit et la profondeur de l’ombre reprit son règne. Il resta silencieusement appuyé contre la porte, il pouvait presque sentir sa peau incroyablement douce sur la sienne. Il se répétait à lui-même « Lindilla » pendant un long moment. Quel nom magnifique, Lindilla.
Lorsque Lindilla rentra au palais, elle se dirigea vers sa chambre quand soudain une voix très familière retentit dans son dos.
_ Où étais-tu passée Lindilla ?
Lorsqu’elle se retourna, elle vit son frère aîné les bras entrecroisés. Son visage avait l’air si calme, mais ses yeux trahissaient une immense colère bouillonnante. Elle se détourna du regard et répondit:
_ Je suis allée faire un tour en ville, voilà tout.
Le roi elfe s’approcha d’elle, puis se mit à la sentir. Le dégoût se lisait dans son regard, dans chacune de ses inspirations. Il la renifla de ses cheveux jusqu’à sa gorge. Puis ses deux yeux d’or se rivèrent sur ceux de sa sœur.
_ D’où te vient cette odeur nauséabonde ?
Il l’attrapa au poignée et leva son bras brutalement. Sur la manche de sa robe blanche une tâche brune avait décidé d’en faire son office.
_ Tu es répugnante ! Jamais je n’ai vu de princesse aussi sale !
_ Lâche moi Taläsna, tu me fais mal.
La voix de la jeune femme était froide, et cette absence d’émotion dans ces paroles révélaient un torrent de colère. Le roi lâcha le bras svelte de princesse qui voulut partir.
_ Que fais-tu Lindilla ?
_Je vais me laver, je suis tombée dans la boue et je ne tiens pas à rester « répugnante ».
Elle voulut partir mais la main de son frère la rattrapa de nouveau. Elle se retourna et gifla le roi sylvain. Le seigneur ne lâcha pas prise pour autant. Il se contenta de regarder Lindilla droit dans les yeux.
_ Je ne crois pas aux princesses qui tombent dans la boue, alors où as tu eux cette crasse ?
Ils se regardèrent longuement dans les yeux, la tension était si dense entre eux que la foudre semblait jaillir de ces deux êtres. La jeune elfe retira son bras d’un coup sec de l’emprise de son frère et dit:
_Je suis une femme qui respecte le code de l’honneur, et tu devrais en faire autant.
_Je ne te suis pas chère sœur.
_Si ! Tu sais parfaitement de quoi je parle !
Taläsna ne put retenir un frisson qui parcourut toute sa colonne vertébrale. Il détourna ses yeux de sa sœur et la contourna, et lorsqu’il passa jusqu’à côté d’elle , il lui glissa à l’oreille:
_Je n’ai aucun compte à rendre avec un monstre, mais j’ai tout de fois été clément à son égard. Je l’ai épargné, rappel toi en.
_ Il n’est pas un monstre.
Le seigneur grimaça en entendant ces paroles. Il partit vers ses quartiers privés. Lorsque les pas de son frère disparurent au fur et à mesure qu’il traversait les couloirs, Lindilla sentit les larmes perler sur ses joues. Elle courut jusqu’à sa chambre où elle éclata en sanglots. Où était donc passé le frère si doux et si gentil qu’elle avait connu ? Pendant ce temps, alors que le monde entier ne s’y attendait point, de terribles armées marchaient vers la montagne et étaient sur le point de déclencher une guerre inattendue. Des milliers d’hommes en armure d’or et en tunique rouge avançaient tel des fourmis s’apprêtant à attaquer une autre fourmilière. Tous étaient fous, ils n’étaient que de simples pantins manipulés par un sage encore plus fou qu’eux. Loin du monde des mortels, seul sur son île déchu, il observait à travers sa Dêalvizial* ces milliers de militaires marchaient vers leur mort prédestinée. Au milieu des rangs d’or, un chevalier en armure blanche tentait de calmer sa monture. C’était un jeune homme, avec des cheveux bruns et des yeux de couleur noir. Par dessus son oeil gauche il avait une légère estafilade. Il était accompagné d’un petit homme robuste à la peau légèrement grise, et tous deux semblaient très bien s’entendre. Malheureusement pour eux, ils ignoraient tout de l’enfer qui s’apprêtait à les frapper. Il décida de quitter cette terre pour se concentrer sur un tout autre horizon. Son regard voyagea vers le sud lointain, où un immense continent régnait sur les mers. Toute la végétation était morte depuis longtemps, la terre était devenu si sombre qu’on aurait put la confondre avec un immense trou noir. Des créatures innombrables rampaient de part et d’autre du continent pour acheminer des minerais vers une immense fissure qui défigurait le continent. Une gigantesque plaie assez profonde pour faire saigner du magma qui illuminait les profondeurs abyssales. À l’intérieur vivaient des centaines de milliers de créatures diaboliques qui utilisaient le feu des entrailles du monde pour forger des armes difformes prêtes à couper la chair. Des bêtes hideuses gigantesques marchaient au milieu des ouvriers remontant les innombrables escaliers qui ramenaient vers la surface. Des chariots remplis d’armures et d’épées tranchantes ne cessaient de voyager d’un côté à l’autre de cette immense plaie. Ils respiraient cet air immonde sans avoir la nausée, ces monstres ne craignaient pas la morsure de la chaleur magmatique qui aurait tué n’importe quel autre vivant. La seule chose qui dépassait du sol sur ce continent était une tour noir où régnaient cinq chevaliers portant de grands vêtements noirs déchirées. Chacun d’eux portait un masque différent. L’un représentait un visage d’homme avec une larme à chaque oeil; le second était celui une plaque de fer portant des fentes verticales sur chaque côté et une auréole de serpents qui le mordaient; le troisième était orné d’une couronne d’épines, de deux cornes de taureau et son visage cauchemardesque faisait penser à celui d’un démon qui rugissait; le quatrième faisait penser à une tête de loup avec un croissant de lune sur le front. Le dernier de ces chevaliers portait en guise de masque de simples plaques de fers posées les unes sur les autres et deux fentes en guise d’yeux. Tous les cinq avaient le regard dirigé vers le nord. Au pied de cette immense tour maléfique des millions de créatures furieuses brandissant des armes hurlaient à la victoire. Donc il disait vrai, tout était en marche, le Dieu Noir avait l’intention d’en finir une bonne fois pour toute avec le continent du nord. Dans son château abandonné sur son île solitaire, un homme portant un casque à l’effigie d’une bête ayant deux grands crocs et deux longues cornes partant vers l’arrière observait le désastre à venir à travers une boule de cristal lumineuse. Il se leva et la Dêalvizial cessa de briller. Il était temps de partir, son fils courait un grand danger. Il se saisit d’une gigantesque épée ayant en guise de garde un crâne de mort ayant quatre cornes, deux perpendiculaires et deux autres qui suivaient la lame; et crachant un serpent enroulé sur lui-même qui tenait entre ses crochets une sphère de cristal. Il rangea son épée en bandoulière dans son dos, car bientôt, très bientôt, il en allait avoir besoin.
Findël iz !* : laissez le ici.
Faër zalmatel drazienn !*: Pierre transforme toi en bougie !
Dêalvizial: Vision lointaine (ce talisman est un objet ancien permettant de voir sur de longues distances, plus le mage qui le manipule est puissant et expérimenté, plus il aura la capacité de voir loin. Warda utilisait le même principe avec l‘aide de l‘oeil de Jaron.)