La prophétie du roi déchu: L'enfant sombre

Chapitre 18 : Une prophétie est née

1099 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 25 jours



Les elfes noires reçurent comme châtiment de leur roi une malédiction que nul ne pouvait y échapper. Plus cruel que la mort, ils devinrent à leur tour des machines à tuer. Ils massacraient sans discernement leurs anciens amis, leurs frères, leurs sœurs, leurs parents, leurs enfants, leurs femmes, leurs maris, tout ce qui contenait du sang. Traumatisés par les soifs de meurtres répétitifs, la plupart devinrent fous et redevinrent des animaux. Les autres prirent des bateaux pour fuir la terre maudite, mais leurs anciens frères les accueillirent avec des flèches ou des lames. Malgré le massacre, une minorité survécut et se dispersa aux quatre horizons de Natal pour mener une vie misérable. Et Fëalian, déesse des elfes, décida de punir le roi sombre en plongeant son royaume dans l’obscurité, fit mourir les végétations si verdoyantes autrefois, et les dernières créatures qui y subsistaient disparurent en ne laissant derrière eux que des squelettes blancs. Raldir contemplait avec effroi son royaume disparaître petit à petit. La cité entière était vide, et là où autrefois les foires marchandes vantaient leurs produits, d’étranges monstres y résidaient et dévoraient tout ce qui était à portée de gueule. Les seuls habitants du château était le roi lui-même, sa femme et quelques serviteurs fidèles à leur maître. Maudits eux-mêmes ils devaient prendre de nombreuses précautions, mais ils parvinrent à vivre dans le château malgré les dangers. Ils vécurent ainsi cloîtrés dans la citadelle durant de nombreuses années, de nombreuses décennies, puis pendant un siècle, plusieurs siècles, plusieurs millénaires. Le temps s’écoulait si lentement et pour le roi, il lui avait semblé être prisonnier de son propre château depuis une éternité. Le monde changeait dehors, mais les sombres nuages plongeaient son royaume dans la cécité. Tout changeait sur Natal, sauf ces îles qui restaient figées, comme si elles étaient mortes. Les monstruosités rôdaient toujours entre les ruelles en ruines, à la recherche de nourriture. Raldir décida de les appeler les Rôdeurs, car jamais ils ne cessaient d’arpenter la ville dans le but de se nourrir. À l’intérieur de leur prison immortelle, ils avaient perdu toute notion du temps, oubliant petit à petit qui ils étaient avant cet enfer. Le roi commençait à sentir le remord lui dévorer le cœur, alors il décida de réparer ses erreurs. Pendant deux siècles entiers, il chercha le moyen de défaire sa race de la malédiction, mais toutes ses tentatives ne furent qu’une succession d’échecs. Exorcismes, révocations, invocations, annulation de la magie, nécromancie, art de l’obscure, tous ses immenses savoirs dans le domaine de la magie ne le menaient nul part. Il s’entraîna, apprit de nouvelles techniques, acquit une maîtrise suprême des arcanes et de l’essence de la magilith même, dans son sombre repaire il était devenu le plus grand mage de tous les temps. Mais malgré ses efforts pour devenir plus puissant il ne parvint jamais à se défaire de la malédiction. Même les Raldors ne pouvaient rien face à cela. Il n’existait plus qu’une seule solution pour que son peuple soit libéré du sortilège, Raldir devait mourir. Il monta jusqu’à la plus haute tour, celle des Archimages, et voulut se suicider. Mais lorsqu’il vit le vide, son sang bouillonnait dans les veines et une rage incommensurable jaillissait. Lui-même étant maudit, il ne pouvait accéder à la mort. Il tenta une nouvelle fois, mais encore ce fut un échec. Il navigua de nouveau de déception en déception. Il voulait mourir pour se repentir de ses péchés, mais la malédiction le rattrapait toujours et au lieu d‘en finir avec sa vie, il risquait à chaque tentative d‘en finir avec la vie de ses derniers compagnons. Afin de ne jamais oublier leur passé, le roi décida de graver tous les événements de sa longue vie sur les murs de la salle des Archimages. Et lorsque le roi finit de relater tous ses souvenirs, il vit avec horreur qu’il était à l’origine du désastre, que s' il n’avait pas créé les elfes noirs, rien de tout cela ne se serait produit. Mais c’était bien trop tard, et la seule chose qu’il était en mesure de faire, c’était de pleurer sur son sort. C‘en était fini du grand roi Raldir, il n’était plus que l’Ombre. 


Alors que tout espoir était perdu, la reine entra. Elle était si belle, sa robe blanche brillait au milieu des ténèbres. Soudains, Raldir eut l’illumination. Une lumière née de l’ombre, voilà la solution. Seule la lumière peut chasser l’obscurité, seule la Lumière pouvait tuer l’Ombre. Si il ne pouvait accéder de son propre gré à la mort, alors son fils l’y mènera. Le soir même, le roi et la reine s’aimèrent pour avoir un enfant. Alors que par miracle le ventre de la femme grossissait, Raldir et ses serviteurs étaient dans les forges et se mirent à donner naissance une nouvelle arme, un sabre aussi noir que les ténèbres des abysses, une lame si impeccablement tranchante que même l’air était fendue sur son passage. Grâce aux nouveaux pouvoirs de Raldir, il l’enchanta et donna naissance à une nouvelle Dyaladuil, une arme capable d’atteindre une vitesse inégalée, et découpait si vite sur son passage que le vent semblait danser avant que tout tombe en morceaux. C’était Zan Yuili, le vent dansant. Lorsque cette épée fut achevée, Raldir écrit une prophétie qui restera à jamais gravé dans sa mémoire: « De l’Ombre naîtra la lumière, des ténèbres naîtra la clarté, de la cage naîtra la clé, du désespoir naîtra l’espoir, du démon naîtra le glaive qui le pourfendra et libérera l’ancien peuple. ». L’enfant Lumière naquit, et pour la première fois depuis longtemps, les Îles mortes furent éclairées, des éclairs sortis du ciel ténébreux illuminaient le royaume déchu. Une légende était née, et lorsque Raldir porta l’enfant dans ses bras, il le nomma Galaran.



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