La prophétie du roi déchu: L'enfant sombre

Chapitre 6 : La chute de l'ancien monde

1687 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 20/09/2024 07:13

Chapitre 6: La chute de l’ancien monde



Trois ans s’écoulèrent après la dernière bataille. L’ancien conseil des treize conseillers de Raldir était divisé. Seulement cinq d’entre eux décidèrent de se faire transformer par leur Roi, alors que les huit autres refusèrent toute métamorphose. Donc le Grand Conseil de treize se scinda pour être le Conseil des huit et le Conseil des cinq. Raldir remarqua rapidement que certains de ses sujets exposés à la transformation tombaient malade, qu’ils étaient emportés par un taux très élevé de magilith dans leur sang. Mais étrangement, leurs enfants semblaient être immunisés à la maladie, comme adaptés de naissance à cette production anormale de magilith. Les différents seigneurs du royaume se voyaient réduire leur fief au profit du fief royal. Les règles étaient de plus en plus dures, tout comme le rationnement de nourriture pour le peuple, des impôts plus sévères, un abus de pouvoir considérable.


Certaines des familles voyaient partir leurs enfants à l’armée de plus en plus jeunes, pour être transformés par leur roi. Quand aux hommes, tout comme les nains, furent réduis à l'esclavage. Les dirigeants avaient pour projet d’ouvrir de grands axes commerciaux entre les différentes terres, et de faire de grands travaux de construction, tel que le château de Cristal, une immense ville dont les parois étaient sculptées dans un diamant pur. Puis Raldir commença à commettre des actes contraire au principe elfique, il s’offrit de grandes terres pour faire paître de grands élevages. 


Or, dans la tradition elfe il était interdit d’élever un animal dans le but de le tuer ensuite, jugeant que c’était déloyal envers la nature qui les entourait et que chacun devait avoir sa chance. Mais cela importait peu au roi Raldir, il avait décidé que son peuple devait accepter le changement. Mais à cause d’un mouvement révolutionnaire de la part des philosophes, il décida de censurer certains ouvrages  et de faire brûler les plus gênants. Il ordonna un grand nombre d’autodafés et de destruction d’anciens temples. Et le désaccord des hommes noirs avec la politique du roi elfe provoqua les éclairs de sa colère, puis il eut une campagne d’extermination. Les derniers survivants de cette espèce furent envoyés en travaux forcés, jusqu’à ce que la fatigue devint telle qu’ils finirent par disparaître eux aussi. La cruauté soudaine de leur roi fit réfléchir le Conseil des huit, puis ils décidèrent ensemble qu’il était temps pour Raldir d’abandonner son poste et laisser les peuples se reconstruire. Mais quand le roi eut vent de ces nouvelles, il ordonna l’exécution de l’un d’entre eux. Pour montrer l’exemple et le pouvoir absolu de Raldir sur son peuple et pour faire peur au Conseil, Filändil fut traîné sur le bûcher où il fut brûlé vivant. Mais les sept membres restants ne reculèrent pas, et s’allièrent aux seigneurs pour former une grande armée. 


Ainsi débuta l’une des guerres les plus marquantes de ce monde. Les elfes se mirent à se révolter et demandèrent l’exil de Raldir et de tous ses sujets. Les premiers affrontements eurent finalement lieu dans le royaume de Finalor, la première guerre fratricide débuta ainsi. Raldir fit réunir le Conseil des cinq et leur demanda quelles étaient selon eux les meilleures options. Jinaor proposa d’améliorer l’armement et les techniques de forge, quand à Liarrani il songeait à mener plus d’expérience dans le domaine de la science des arcanes. Alënar était pour que l’on améliore le rituel de transformation des armées, Kilira n’était pas de cet avis et imaginait mettre au point de nouvelle tactique de combat. Quand à Ilmradir, il pensait que des démonstrations de force pourraient ramener leurs confrères à leur côté. Mais tous étaient d’accord sur un point, la guerre était inévitable. Si jamais ils venaient à accepter l’exil de Raldir et de son armée, ils n’auraient plus nulle part où aller. C’est alors que Raldir eut une idée, une idée si étrange et insensée que ses subordonnées ne comprirent pas de quoi il parlait. Il se murmurait qu’il était temps, qu’il fallait y retourner, que leur véritable espoir se trouverait là-bas, sur les Terres volantes. 


Une ancienne légende racontait qu’au milieu de l’océan, il y avait des terres suspendus à plusieurs kilomètres au-dessus de la surface de l’eau. Nul ne savait pourquoi elles étaient là, ni ce qu’elles faisaient, ni d’où elles venaient,ni où elles se trouvaient, ni ce qu’elles abritaient, ni pourquoi elles étaient en lévitation. Mais elles étaient là, c’est tout ce que les anciens savaient. Ces étranges îles volantes étaient recensées dans de nombreuses légendes de toutes les civilisations, mais elles étaient pour tous un mystère aussi vieux que le monde. Que voulait faire leur roi à propos de ces continents aériens, dont tout le monde ne savait ce que c’était ? Aurait t-il percé un secret vieux de plusieurs civilisations antiques ? Il demanda à ses cinq serviteurs de résister de leur mieux pendant son absence, il allait partir en voyage. 


Alors, c’est qu’ils firent de leur mieux. Le Conseil des cinq affronta pendant deux ans sans relâche le Conseil des sept. Le flot du sang et des tripes coula de nouveau, dans les forêts, dans les plaines, dans les montagnes, dans les campagnes, dans les forts, dans les villes, dans les maisons... Les forces de l’armée de Raldir étaient puissantes et les elfes noirs étaient particulièrement efficaces dans l’art de tuer. Mais la maladie réduisait leurs rangs, si les lames ne les emportaient pas, un mal étrange se chargeait de les offrir à la mort. 


Et les cinq conseillers en ressentirent eux aussi les effets néfastes de la métamorphose. Pour combler les trous dans leurs forces, ils importaient un maximum de soldats dans leur légion, incitaient fortement les elfes noirs à se reproduire, et capturaient leurs ennemis pour les transformer. Mais cette magie obscure avait toujours ce revers de fortune, en échange d’une puissance incommensurable, leur vie était réduite à quelques années dans le meilleur des cas. Bien qu’ils furent soignés par les meilleurs médecins du royaume, les cinq souverains ressentaient toujours plus la magilith brûlante coulait dans leurs veines. Ils étaient affaiblis au point de plus pouvoir bouger de leurs propres membres. Ils venaient de se rendre compte que Raldir les avait tous condamnés à une mort atroce. Les légions étaient de moins en moins nombreuses, malgré les traitements, et leurs ennemis prenaient toujours un peu plus l’avantage. Et pourtant, les enfants d’elfes noirs arrivaient à survivre à la maladie, le mal ne semblait pas les atteindre. Un arcaniste découvrit qu’ils étaient plus évolués que leurs aînés et qu’ils étaient aptes à acquérir cette puissance sans ressentir les effets secondaires. Alors que les affrontements penchaient en faveur du Conseil des sept, Raldir revint auprès de son royaume. Pendant son voyage, il avait emporté à ses côtés son meilleur forgeron qui donna vie à Zuanduil, l’épée du Roi. Elle était munie d’une lame gigantesque, aussi grande que son possesseur, et sa garde était de la forme d’un crâne d’or, dont deux cornes partaient horizontalement et deux autres suivaient le tranchant de la lame. Il crachait un serpent dorée qui était enroulé sur lui même, dont la gueule tenait entre ses crochets une boule de cristal. Mais surtout, un symbole était inscrit sur la base de la lame, dont il avait pour signification: dévorer. Il déclara qu’il tenait entre ses mains l’arme absolue qui allait mettre un terme à la guerre. Alors que les révolutionnaires elfes marchaient dans le royaume de Raldir, un grondement venant du ciel déchira les nuages, les ténèbres absorbait toutes lumières, et des éclairs blancs zigzaguaient entre les horizons. L’orchestre chaotique était digne de l’apocalypse, car des ténèbres du ciel et de la noirceur du désespoir, de gigantesque créatures de pierres noires aux craquelures laissant échapper des gerbes de flammes blanches fendirent les cieux obscurs avant de déchiqueter toute forme de vie. Des ailes de flammes pâles ornaient leurs dos et des crocs de cristal broyaient les soldats du Conseil des sept, et leur souffle à la lumière aveuglante réduisait les légions en poussière. Les lames elfiques se brisaient contre leur peau de pierre et aucune magie ne les affectaient. Ils étaient l’incarnation même de la mort, invincible et nul n’en échappait. Hurlant, brûlant et destructeur, ces monstres étaient pires que des démons, et le cauchemar ne semblait que commencer. Raldir appela le Conseil des sept pour faire signer l’armistice, mais quand les sept elfes lui refusèrent tout acte de paix malgré le tournant de la guerre, Raldir hurla au peuple révolutionnaire:

_ Cette terre m’appartient ! Je suis le roi de ce royaume, et nul ne me prendra ma place ! Ce n’est pas moi qui m’exilerai, ce sera à vous de partir de mes terres ! Je vous bannis tous hors de mon royaume !

Sur ces mots, il leva sa lame et ses légions de serviteurs monstrueux sortirent des cieux et enracinèrent leurs griffes dans la terre avant de la déchirer. Bientôt, une mer gigantesque séparait les deux morceaux du continent, emportant le royaume du roi déchu au loin de Natal. Ainsi, naquit les Îles mortes.

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